Un jeune militaire soupçonné du meurtre d'un soldat tchadien au Tchad s'est suicidé à la prison de Fresnes - Ses parents et son conjoint portent plainte pour homicide involontaire

  • il y a 4 mois
Un jeune militaire soupçonné du meurtre d'un soldat tchadien en septembre au Tchad s'est suicidé à la prison de Fresnes, révèlent l'AFP et Le Parisien. Pierre-Olivier K., âgé de 33 ans, avait été mis en examen le 26 avril pour homicide volontaire, a confirmé le parquet de Paris. Lui assurait avoir agi en légitime défense. Le jeune homme avait d'abord été placé sous contrôle judiciaire, avant d'être envoyé en détention provisoire à la prison de Fresnes le 14 mai, en banlieue parisienne. Il y a été retrouvé pendu le 18 mai, d'après des sources proches du dossier, confirmées par le parquet.
Des investigations sont en cours, dirigées par le parquet de Créteil selon lequel «les constatations, le courrier laissé par l'intéressé à ses proches et les résultats de l'autopsie confirment le suicide». Ses parents et son conjoint veulent toutefois qu'une autre enquête soit ouverte, déplorant le choix des magistrats d'incarcérer leur proche.

«Le motif principal pour lequel la détention a été demandée (par les magistrats, NDLR) était pour le protéger contre lui-même d'un suicide et pourtant, c'est cette incarcération qui l'a tué», s'est indigné auprès de l'AFP leur avocat, Me Patrick Ramaël. Jeudi, ils ont porté plainte contre X, pour homicide involontaire et pour mise en danger de la vie d'autrui.

L'affaire débute le 5 septembre 2023, au Tchad. Un soldat tchadien, venu sur l'antenne militaire de l'emprise Faya Largeau, a le doigt infecté et «vient pour une consultation médicale», selon le parquet de Paris. Le soldat sera retrouvé mortellement blessé atteint de «plusieurs balles».

D'après le récit de l'infirmier livré à ses proches, le soldat l'a agressé à plusieurs reprises avec un scalpel. Et Pierre-Olivier K. se serait défendu en braquant son arme sur lui et en «faisant des sommations». Mais le soldat aurait persisté, en le menaçant avec une «paire de ciseaux», raconte Me Ramaël. Un autre militaire, «venu à la rescousse», a aussi tiré, poursuit l'avocat de la famille.

En parallèle, un juge d'instruction enquête aussi depuis Paris, sous la direction de la section des affaires pénales militaires du parquet. La version de l'infirmier sera alors «remise en question» par «les témoignages des primo-intervenants et les expertises», selon le parquet.

Le Tchadien «a manifestement été victime de tirs mortels dans le dos et alors qu'il se dirigeait vers la sortie», explique le ministère public, qui estime que les blessures au scalpel constatées sur l'infirmier ont «pu être auto-infligées».

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Transcript
00:00 A l'intérieur, tout était cassé.
00:01 Il y avait vraiment cette odeur de soufre, d'explosion de feu.
00:04 J'ai ouvert les yeux.
00:06 En fait, j'ai vu un énorme cratère dans la route.
00:08 Bonjour, je suis l'adjudant Pierre Olivier.
00:10 Je suis infirmier du service de santé des armées.
00:12 Lors de l'opération Barkhane au Mali,
00:14 mon véhicule a sauté sur une mine.
00:16 Et pour Néo, je vais vous raconter mon histoire.
00:18 Évidemment, quand on part sur l'opération Barkhane,
00:24 on sait qu'on ne va pas en vacances au bord de la mer.
00:27 Clairement, on sait qu'on sera au milieu du désert,
00:30 qu'on est dans un environnement assez hostile.
00:32 Donc nous, en tant qu'infirmiers, en tant que soignants,
00:34 on assure des permanences au sein du camp
00:37 pour soigner la médecine courante, on va dire.
00:40 Et on fait également du soutien médical
00:42 au plus proche des combattants sur le terrain lors d'opérations.
00:46 Est venue la mission du mandat, qui est une mission de trois semaines,
00:53 où on doit aller ravitailler une base avancée dans le nord du Mali.
00:57 On sait que cette mission est une mission dangereuse.
00:59 On sait que les djihadistes nous attendent,
01:01 ils savent notre trajet, même si nous, on met en place
01:03 et il y a des protocoles de sécurité pour éviter de tomber dans leur piège.
01:08 Et là, notre commandant de l'unité nous dit avant le départ,
01:09 parce qu'on a des briefings tout le temps,
01:11 bon, ben là, ils savent qu'on est sur la base avancée,
01:14 ils savent très bien qu'on va redescendre.
01:15 Donc ils nous attendent de pied ferme.
01:17 Et moi, je ne vais pas mentir, je sais qu'au fond de moi,
01:20 en tant qu'infirmier, je me dis, ça ne peut pas m'arriver.
01:21 Il ne faut pas que nous, il nous arrive quelque chose,
01:23 parce que derrière, il faut qu'on puisse sauver et soigner nos collègues.
01:27 Et trois jours avant d'arriver sur notre but final,
01:29 à midi 48, mon véhicule saute sur une mine artisanale.
01:35 Vous faites un vol plané dans votre véhicule à l'arrière
01:39 et vous ne savez pas ce qui vous arrive dessus.
01:41 Je pense mourir, clairement.
01:43 C'est vraiment ce sentiment de mort imminente.
01:45 Moi, j'ai eu des images, j'ai vu ma famille,
01:47 enfin, c'est vraiment très particulier.
01:50 Et là, on n'a qu'une envie, c'est de fuir en fait cet enfer.
01:52 Vous êtes victime d'un blast en France,
01:54 vous avez un accident, vous ne bougez plus,
01:55 vous attendez les pompiers et c'est fini.
01:56 Là, vous, vous devez continuer la mission.
01:58 Je sors du véhicule, mais je me laisse tomber du véhicule
02:01 puisque à l'intérieur, tout était cassé.
02:03 Il y avait vraiment cette odeur de soufre, d'explosion de feu.
02:06 Et j'ai ouvert les yeux.
02:08 En fait, j'ai vu un énorme cratère dans la route
02:10 de 2 mètres de diamètre sur 1,50 m de profondeur.
02:13 Donc là, on se dit, il y avait quelque chose qui était enterré.
02:15 Je me suis tout de suite inquiété pour les trois personnels qui étaient avec moi.
02:18 Mon chef de bord, lui, il est complètement bloqué dans son habitacle.
02:21 Il hurle, enfin, il a très, très mal au niveau du dos.
02:24 Et à ce moment-là, ma priorité, c'est lui et les deux autres.
02:26 Les deux autres, je vois que ça va à peu près.
02:28 Il faut qu'ils sortent et il faut que je puisse
02:30 lui faire un bilan complet, un examen médical pour savoir ce qu'il en est.
02:33 J'ai extrêmement mal au dos également et j'ai des douleurs partout.
02:36 On arrive du coup sur ce point de rassemblement des blessés.
02:39 Et là, ma médecin vient à mon niveau et me dit,
02:42 "Qu'est-ce que tu as ? Qu'est-ce que tu as ?"
02:43 Et c'est à ce moment-là, en fait, que je lui ai dit,
02:45 "J'ai fait ce que j'ai pu, maintenant, je vous passe la main."
02:47 Et là, je crois que j'ai perdu connaissance, clairement.
02:49 La décision est prise assez rapidement que je dois rentrer en France
02:54 au vu de mes blessures.
02:55 Voilà, vous ne dormez pas, vous êtes en hypervigilance,
03:01 vous êtes en stress aigu parce que vous venez d'être confronté
03:03 à votre propre mort, en fait.
03:05 Et il faut se reconnecter à la vie, d'après ce que me disait la médecin.
03:08 Il faut arriver à se dire, "Non, vous n'êtes pas mort,
03:11 vous êtes vivant et il faut essayer d'aller de l'avant."
03:14 J'ai énormément de considérations, en fait, pour les soldats.
03:16 Je viens d'une famille très patriote, très attachée aux valeurs de la France.
03:21 Et du coup, maintenant, je fais partie des leurs, en fait, je suis dans leur rang.
03:24 Et ça, c'est une grande fierté, en fait, de pouvoir appartenir à l'armée française.
03:28 Et cette mission m'aura changé plusieurs choses en moi,
03:31 mais le noyau dur est toujours là.
03:35 Ah ben moi, j'ai qu'une envie de repartir, ça, c'est certain.
03:36 Moi, je ne changerai pas de métier pour rien au monde, clairement.
03:40 [Générique]

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