INVITE : Dominique BARON

  • il y a 5 mois
Dominique BARON

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00:00 - Lady Lae à 8h19, avec vous nous accueillons notre invité ce matin, c'est Dominique Barron de l'ADMD,
00:05 l'association loiretaine pour le droit à mourir dans la dignité. - Oui bonjour Dominique Barron,
00:10 c'est un texte de loi très important qui nous concerne tous, qui arrive en débat à partir de cet après-midi
00:15 à l'Assemblée nationale, le texte de loi sur la fin de vie. Il nous pose à tous des questions et on le sait,
00:22 les divergences dépassent les clivages politiques.
00:25 Vous allez suivre de près évidemment les débats qui débutent aujourd'hui. - Bien sûr, bien sûr, je suis
00:32 motivé pour obtenir cette loi donc évidemment je vais suivre les débats. - Vous en attendez quoi ?
00:38 - J'attends qu'on obtienne une vraie loi de liberté qui permette à chacun de choisir sa fin de vie
00:44 quand il est atteint d'une maladie incurable. Donc à partir du moment où il connaît le diagnostic, il doit pouvoir
00:49 demander à ce qu'on l'aide au moment où il en aura besoin.
00:54 - Concernant les débats à proprement parler,
00:56 ça va durer une quinzaine de jours dans l'hémicycle du Palais Bourbon,
01:02 vous êtes optimiste sur la tenue de ces débats ?
01:07 - Pour l'instant en commission spéciale les débats se sont déroulés de façon
01:12 très calme, les gens s'écoutaient donc j'espère que ça continuera quand ce sera devant l'Assemblée avec tous les députés.
01:21 On sait qu'il y a une majorité de députés qui sont favorables à une évolution de la loi, il y en a quelques uns qui sont totalement opposés,
01:28 espérons que les débats pourront être sereins jusqu'au bout pendant ces quinze jours. - Le texte a été modifié en commission, on l'évoquait ce matin,
01:37 et puis Emmanuel Macron qui avait
01:39 présenté son projet à la mi-mars,
01:43 c'était aussi près d'un an après une grande convention citoyenne sur le sujet, il faut s'en souvenir. - Oui tout à fait,
01:50 une commission qui avait voté là aussi une majorité très importante pour une évolution de la loi.
01:57 - Alors il y a des termes qui ont été un peu modifiés quand même, le président évoquait un pronostic vital engagé à court ou moyen terme,
02:04 les députés l'ont modifié par une affection grave et incurable en phase terminale ou avancée, ça change quoi pour vous ?
02:13 - Ce que l'on ne veut pas c'est qu'il y ait un terme
02:17 d'annoncée, parce que déjà le terme moyen terme,
02:20 on ne sait pas ce que c'est, même les médecins n'arrivent pas à le définir, est-ce que c'est six mois, est-ce que c'est sept mois,
02:25 huit mois, un an, on ne sait pas, déjà c'est très compliqué, et
02:29 nous on estime que c'est au patient de dire quand il ne peut plus supporter
02:34 les atteintes de sa maladie, et ça même un soignant, même un médecin ne peut pas dire à partir de quand
02:42 les souffrances deviennent insupportables, c'est le patient qui peut le définir ça, et lui seul.
02:47 - Dominique Barron, on va rappeler votre association, l'ADMD, association qui existe depuis...
02:51 - 44 ans, depuis 1980. - Et vous militez pour obtenir
02:55 l'euthanasie, le suicide assisté. - Le suicide assisté, on milite depuis le début, d'ailleurs le premier objectif c'était ça, c'était d'obtenir
03:03 la légalisation de l'euthanasie, du suicide assisté. - Parce que vous dites si la maladie est fatale et qu'il n'y a aucune chance, que la douleur devient
03:10 insupportable, chacun doit pouvoir décider de son... - Tout à fait.
03:15 - C'est ça, c'est votre discours. - Tout à fait, et ça n'engage que la personne
03:19 qui demande, c'est-à-dire si des gens ne souhaitent pas à ce qu'on intervienne, ou qui souhaitent avoir tous les traitements possibles et imaginables
03:27 jusqu'au bout, même s'il va y avoir des
03:31 conséquences qui peuvent être désagréables, ils doivent avoir la possibilité d'obtenir cette...
03:37 on doit pouvoir respecter leur choix. - Parce qu'aujourd'hui on parle trop souvent à la place du malade. - Tout à fait,
03:44 donc là le patient, et c'est extrêmement important qu'on tienne compte de son avis, et justement dans le projet de loi actuel,
03:51 une des grandes absences, enfin, ce sont les directives anticipées. Les directives anticipées ne sont pas,
03:58 ne servent actuellement à rien en fait, puisque le patient doit pouvoir s'exprimer une première fois pour demander
04:04 à ce qu'on l'aide à mourir, et une deuxième fois pour dire si on lui a accordé, pour dire s'il est encore d'accord.
04:10 Alors que nous on pense que
04:13 toutes les maladies ne permettent pas ceci. Il y a des maladies qui
04:17 font que la personne ne peut plus s'exprimer,
04:21 et dans ce cas là il ne se passera rien pour elle. Alors la seule possibilité c'est de prévoir avant une maladie
04:28 que l'on peut être malade et qu'on va mourir, tout le monde va mourir un jour de toute façon, donc il faudrait que tout le monde puisse
04:33 accepter d'y réfléchir pour pouvoir dire ce qu'il souhaite pour lui,
04:38 au cas où il ne pourrait plus s'exprimer. - Vous dites aussi, il faut arrêter de nous raconter que nous, Association ADMD,
04:44 on veut faire mourir les gens, il faut arrêter de dire ça. - Pas du tout. - Ça vous choque ? - Bien sûr,
04:48 ça n'est pas du tout l'objectif. Justement nous on milite pour une loi pour que chacun puisse choisir.
04:53 Donc il y en a qui vont choisir l'euthanasie, d'autres le suicide assisté, puis d'autres qui ne veulent pas qu'on les aide,
04:58 pour des raisons religieuses, philosophiques, peu importe, ils ont le droit, c'est ce qui leur permet de vivre. Et justement
05:04 d'avoir cette certitude qu'on va respecter
05:07 notre volonté, c'est ce qui permet d'entrer dans la maladie avec beaucoup plus de sérénité.
05:12 Imaginons qu'un jour on nous apprenne que l'on a la maladie d'Alzheimer,
05:15 on sait qu'on va finir par un moment où on ne pourra plus s'exprimer, plus rien du tout. Mais si on sait que
05:21 à partir du moment où on a fixé l'état de dépendance que l'on ne veut pas dépasser,
05:24 on sait tous qu'il va y avoir un moment où ça va devenir de plus en plus compliqué,
05:28 il n'empêche qu'on rentre dans la maladie de façon beaucoup plus sérène parce qu'on sait qu'on sera aidé.
05:33 - Même chose pour les souffrances. - Même chose pour les souffrances dites-vous. Merci beaucoup déjà, c'est terminé.
05:40 Dominique Barron de votre discours ce matin, ADMD 45, Association départementale pour le droit à mourir dans la dignité. On rappelle
05:48 ce texte de loi qui est examiné par les députés jusqu'au 11 juin. Il partira ensuite en examen au Sénat.
05:55 Un long marathon législatif, ça va durer plus d'un an et une loi qui n'est pas attendue avant la fin de l'année
06:02 2025 au mieux. Merci à vous, bonne journée. - Merci à vous. - Merci 8h25.