Le projet de loi sur la fin de vie arrive à l'Assemblée Nationale... après avoir été déjà âprement discuté en commission et quelque peu modifié. Le texte doit légaliser l'aide à mourir, dans certaines conditions. Des conditions qui ont évolué en commission. Plus question par exemple de "pronostic vital engagé à court ou moyen terme". On parle désormais de "phase avancée ou terminale". Est-ce satisfaisant ? Écoutez Laurence Cristol, députée Renaissance de l'Hérault, mais aussi médecin oncogériatre à Montpellier.
Regardez L'invité de RTL Midi avec Eric Brunet et Céline Landreau du 27 mai 2024
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00:00 Céline Landreau, Eric Brunet, RTL Midi.
00:04 Et voilà le projet de loi sur la fin de vie arrive cet après-midi à l'Assemblée Nationale,
00:09 après avoir été déjà âprement discutée en commission et quelque peu modifiée Céline.
00:14 Un texte qui doit légaliser l'aide à mourir dans certaines conditions,
00:17 des conditions vous le disiez qui ont évolué en commission.
00:20 Plus question par exemple de pronostics vitels engagés à court ou moyen terme,
00:24 on parle désormais de phases avancées ou terminales d'une maladie incurable.
00:29 Bonjour Laurence Christol.
00:31 Bonjour.
00:32 Vous êtes députée Renaissance de l'Hérault mais aussi médecin oncogériatre à Montpellier.
00:37 Vous êtes satisfaite du texte qui arrive devant les députés aujourd'hui ?
00:41 Certains sujets ont été modifiés, notamment ces points cruciaux dont vous avez parlé.
00:47 Non, je ne suis pas satisfaite du tout des évolutions de ce texte.
00:51 Il va y avoir beaucoup de débats sémantiques qui sont loin d'être des détails, loin d'être anecdotiques.
00:57 Quand vous dites "cette modification ne me satisfait pas",
01:00 en quoi c'est un problème d'avoir enlevé cette notion de délai ?
01:04 En fait, durant les auditions qui ont précédé l'examen en commission spéciale,
01:09 le sujet de la terminologie court et moyen terme a été débattu à de très nombreuses reprises.
01:14 C'était la raison pour laquelle d'ailleurs la ministre Catherine Beaudrin a demandé
01:18 à la Haute Autorité de Santé de se prononcer.
01:21 Le Conseil d'État avait prononcé un terme moyen terme jusqu'à à peu près 12 mois.
01:27 Donc on sait que c'est effectivement un terme qui peut éventuellement poser problème,
01:32 mais le terme "avancée" ou "terminale" est encore plus insécurisant
01:36 et pose encore plus de flou sur le pronostic de ces patients.
01:41 De plus, le pronostic "vital engagé" a été ôté également de cette formulation.
01:46 Moi je ne suis pas du tout expert et je vous avoue que j'ai suivi ces débats d'assez loin,
01:51 Madame la députée, est-ce que vous pourriez un petit peu me réexpliquer l'enjeu ?
01:56 Effectivement, plus question de la notion de pronostic vital engagé à court ou moyen terme, c'est ça ?
02:03 On parle maintenant de phase avancée ou terminale, vous avez expliqué les choses,
02:07 mais je voudrais que vous me les réexpliquiez plus simplement si vous êtes d'accord.
02:13 Tout à fait. En fait, ce texte cherche à permettre à soulager des patients
02:20 qui présentent un pronostic vital, une maladie grave et incurable,
02:25 qui mettent en jeu leur espérance de vie, qui ne peuvent pas être traités,
02:29 avec des souffrances insupportables.
02:31 Les critères d'accès à cette aide à mourir sont d'ombre de 5.
02:36 Le plus important c'est effectivement de déterminer quelles sont les personnes,
02:40 les malades qui peuvent y accéder. Le fait de pouvoir déterminer un terme est très important.
02:48 Moi, vous savez, je consulte en oncologie toutes les semaines et je vois des patients arriver
02:53 avec des pronostics de phase avancée, mais qui ont tout aussi bien,
02:57 grâce à l'avancée des thérapeutiques, d'immunothérapie ou des thérapeutiques ciblées,
03:01 de très nombreuses années à vivre devant elles.
03:03 Donc le terme de pronostic est très important à évoquer et à évaluer.
03:09 C'est vrai que court et moyen terme ont fait débat durant l'examen en condition spéciale,
03:15 mais ça a été remplacé par un terme encore plus flou, encore plus imprécis
03:20 et qui insécurise à la fois les malades et à la fois les soignants.
03:24 Mais si c'est leur volonté ?
03:27 La volonté du texte est vraiment de pouvoir ouvrir un droit à des personnes
03:34 qui aujourd'hui sont toujours en souffrance intolérable.
03:37 Il est très important d'avoir des critères stricts, car c'est grâce à une loi
03:41 avec des critères stricts...
03:43 Laurence, on vous avait perdu, excuse-nous, il y a eu une petite coupure.
03:50 Vous dites qu'il faut que les termes soient stricts pour sécuriser le malade,
03:55 d'où l'importance pour vous d'avoir cette notion de délai et de pronostic vital engagé.
04:02 Par ailleurs, vous avez porté un amendement pour que la décision médicale soit collégiale,
04:06 qu'elle ne repose pas sur un seul praticien.
04:09 En quoi est-ce si important ?
04:11 C'est pour décharger un petit peu le médecin du poids de cette responsabilité-là ?
04:16 Déjà aujourd'hui,
04:20 pour qu'on y continue dans le cadre de la loi Clasen et Nettie,
04:25 ou que ce soit dans le cadre de maladies oncologiques,
04:28 il y a déjà une procédure collégiale.
04:30 Ne pas l'introduire dans ces nouveaux droits ne nous semble pas cohérent.
04:34 La procédure collégiale permet de rassurer tout le monde,
04:38 que ce soit le soignant, que ce soit le malade,
04:41 et ça nous semblait très important de pouvoir l'introduire dans ce projet de loi.
04:48 Très bien, merci beaucoup.
04:50 Madame la députée, on comprend mieux les enjeux de ces échanges
04:56 qui vont avoir lieu à partir de cet après-midi à l'Assemblée nationale
04:58 et qui vont durer, Céline, une bonne quinzaine de jours, c'est ça ?
05:02 Oui, au moins quinze jours.
05:04 Merci beaucoup, Laurence Christol, députée Renaissance de Lérault.
05:07 On le rappelle.
05:09 J'imagine que c'est un sujet que vous allez aborder avec les auditeurs, Eric ?
05:12 Oui, bien sûr, nous allons en parler au 3210,
05:14 avec cette question qui est extrêmement simple.
05:17 Est-ce qu'il faut autoriser les gens à en finir quand ils l'ont décidé ?
05:21 Et vous avez vu que c'est vraiment ce texte de loi qui est en train d'être discuté.
05:26 C'est de la dentelle, parce que chaque mot a son importance
05:30 et il faut le comprendre car nous touchons à un sujet très sensible
05:34 qui est la fin de vie, qui est la mort.
05:36 On marque une pause, dans un instant on part dans la meuse
05:39 avec le loup qui menace les élevages.
05:42 A tout de suite.
05:43 Votre avis compte.
05:44 Venez l'exprimer sur RTL au 3210.