• il y a 7 mois

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Transcription
00:00 Et puis on l'a entendu tout à l'heure, la sécheresse est toujours très préoccupante
00:05 chez les producteurs d'abricots dans les Pyrénées-Orientales, notamment dans la vallée de la Glie.
00:09 Ils réclament la venue en urgence du ministre de l'Agriculture.
00:13 Et face au changement climatique dans la vallée de la Glie, certains se lancent carrément dans d'autres cultures.
00:18 C'est le cas de l'invité de l'Eco DC ce matin, Simon Colboc.
00:20 Bonjour Thomas Montaisse.
00:21 Bonjour.
00:22 Merci d'être là en studio avec nous.
00:23 Vous êtes installé à Espirade-la-Glie et votre spécialité, votre truc à vous, vous, c'est l'aloe vera.
00:28 Vous en faites surtout du gel, aussi du jus, vous allez nous raconter.
00:32 Mais d'abord, il faut que vous nous expliquiez comment vous, petit fils de vigneron,
00:35 vous vous êtes lancé dans l'aloe vera. D'où est venue l'idée ?
00:39 Alors, c'est assez rigolo, moi je me pose encore la question.
00:42 C'est assez mystérieux, en fait je pense que c'est en 2017, j'étais fan de pêche.
00:48 Je pêchais beaucoup dans la Glie, la rivière qui passe...
00:50 Quand il y avait encore de l'eau ?
00:51 Voilà, exactement.
00:52 Et 2017, c'est la première année où la Glie est devenue toute sèche.
00:58 Et à partir de là, j'ai réalisé qu'il y avait vraiment un gros problème de climat chez nous.
01:03 Et je voyais beaucoup d'aloe vera sur les ronds-points et je voyais que ça ne se faisait pas.
01:06 Donc je me suis dit, pourquoi pas essayer ? Voilà, ça a été la base du projet.
01:09 Le déclic, il est là.
01:10 Vous êtes renseigné avec cet aloe vera qui, effectivement, continuait à pousser sur nos ronds-points
01:15 alors que tous les arbres commençaient à piquer du nez, c'est ça ?
01:18 Exactement, et puis c'était vraiment de la curiosité en réalité.
01:21 C'est comme ça que j'ai commencé.
01:22 Et est-ce qu'à un moment donné, vous vous êtes dit, l'aloe vera et pas l'abricot et pas la vigne,
01:26 parce que ces cultures qui sont emblématiques, qui sont historiques chez nous,
01:29 elles n'ont pas d'avenir.
01:31 Est-ce qu'à un moment donné, c'est rentré en réflexion, en considération ?
01:33 À l'heure actuelle, oui, clairement.
01:36 Mais en 2017, pas du tout.
01:38 Je crois que je ne savais même pas qu'on faisait de l'abricot et de la vigne dans les vignes orientales.
01:43 Petit fils de vigneron, vous étiez au courant quand même.
01:46 Oui, j'étais au courant qu'il y avait de la vigne.
01:48 Et donc, Thomas Montez, vous cultivez l'aloe vera, mais ce n'est pas tout.
01:51 Vous la transformez aussi en gel.
01:54 Vous êtes d'ailleurs venu avec votre gel que vous produisez.
01:57 C'est à Vingros, dans un atelier, que vous faites ça vous directement.
02:00 Un gel qui a des vertus apaisantes, cicatrisantes, l'aloe vera.
02:04 Vous en produisez quelle quantité de gel chaque année ?
02:07 Alors, sur l'année 2023, on a produit 4 tonnes de gel.
02:12 C'est beaucoup ou pas 4 tonnes ? Je ne me rends pas compte.
02:14 Oui, ça commence à être pas mal.
02:17 Après, on n'a pas vendu 4 tonnes, on a produit 4 tonnes.
02:20 On a utilisé vraiment beaucoup de matières dans la recherche et développement.
02:24 Mais après, c'est une plante qui produit beaucoup, en fait, l'aloe vera.
02:29 Si on irrigue, c'est un peu le défaut de la plante aussi.
02:32 Elle a quand même besoin d'eau ?
02:33 Alors, elle n'a pas vraiment besoin d'eau pour survivre et pour produire.
02:36 Mais si on veut produire plus, si on donne de l'eau, elle produit plus.
02:39 Donc, en réalité, on peut faire beaucoup de production sur très peu de surface.
02:45 Ça veut dire que vous, vous irriguez quand même l'aloe vera.
02:47 Il y a du goutte à goutte quand même ? Où est-ce que vous arrivez à vous en passer ?
02:50 On n'a pas de goutte à goutte sur les parcelles.
02:52 On essaie de privilégier un maximum le paillage et des techniques culturelles
02:57 qui permettent de ne pas perdre d'eau.
02:59 Et grâce à ça, on n'utilise pas de goutte à goutte.
03:03 Alors, pour produire 4 tonnes de gel, il faut combien de pieds ?
03:07 Quelle surface vous avez ?
03:09 On a 14 arres en production. Enfin, maintenant, beaucoup plus.
03:13 14 arres, ça fait combien ?
03:14 C'est un quart d'hectare. Un peu moins d'un quart d'hectare.
03:21 Un arre, c'est un quart d'hectare ?
03:23 Non, non. C'est 15 arres, c'est un quart d'hectare.
03:27 D'accord, ok. Donc, vous avez effectivement un demi-terrain de foot,
03:31 si on veut schématiser en termes de surface, c'est à peu près ça ?
03:34 Oui, c'est à peu près ça.
03:35 Et donc, on arrive à faire 4 tonnes. Donc, effectivement, on arrive à en produire beaucoup de gel.
03:38 C'est ça, exactement.
03:39 D'accord. Alors, ce qui est intéressant aussi, c'est que vous avez obtenu des agréments sanitaires,
03:42 évidemment, pour commercialiser ce gel.
03:44 Et vous travaillez notamment avec un service d'oncologie à Perpignan.
03:47 Racontez-nous.
03:48 Oui, alors, l'anecdote est assez rigolote.
03:51 Moi, j'ai commencé à commercialiser les produits en 2022
03:55 sur le site naturel des Gorges-du-Goulé-Rousse, dans le coin.
03:58 Et j'ai vendu une dizaine de tubes, jusqu'à ce que je reçois un message
04:03 d'un monsieur des Fraudes, qui me disait que je ne pouvais pas vendre ça comme ça, effectivement.
04:08 Oui, que tu ne te le vendrais pas.
04:09 Oui, voilà, exactement. Donc, je me suis lancé à la sauve de tout ce qui est réglementaire.
04:13 J'ai été très bien accompagné par la NSM.
04:15 Et une fois que j'ai sorti les premiers produits, il s'est passé sur les médias,
04:20 et j'ai été contacté par le service d'oncologie.
04:22 Il y a un monsieur qui m'avait acheté un tube, en fait, il y a longtemps,
04:25 sur ce fameux site des Goulé-Rousse.
04:27 D'accord. Et c'est pour quel traitement, quel type de cancer, dans le service d'oncologie ?
04:32 Alors, ce n'est pas pour les cancers. C'est pour les post-traitements,
04:35 c'est-à-dire des personnes qui font des rayons, par exemple, qui vont être brûlés.
04:38 Ça va permettre de les apaiser.
04:40 D'accord, effectivement, parce qu'on l'a dit, il y a des vertus cicatrisantes.
04:43 Alors, vous avez donc votre exploitation, mais aussi vous cultivez l'aloe vera chez des vignerons, c'est ça aussi ?
04:49 Il y a un partenariat qui s'est mis en place à Espira ?
04:51 Voilà, alors, depuis les deux ans, là où vraiment il y a un gros problème de précipitation dans le département,
04:57 on essaie de trouver des solutions complémentaires pour la viticulture et pour les abricots.
05:03 Et on propose de planter des petits îlots d'aloe vera pour apporter des productions complémentaires.
05:08 Donc, on ne peut pas sauver la viticulture, on ne peut pas sauver l'arboriculture, mais on peut apporter...
05:13 Ces vignerons, ils ont arraché de la vigne pour vous laisser de la place pour l'aloe vera, ou est-ce que c'est en plus ?
05:18 Alors, ça dépend des domaines. On a des domaines qui nous mettent à disposition des petits carrés de terre,
05:22 et on va leur faire des produits en marque blanche pour leur caveau, par exemple.
05:25 Et il y a d'autres personnes, carrément, qui sont obligées d'arracher parce que la vigne ne produit plus.
05:30 Et à ce moment-là, on vient planter des aloes.
05:34 Ce que vous êtes en train de nous dire aussi, c'est que les vignerons sont en train aussi, évidemment,
05:37 de s'adapter à la sécheresse, à ce réchauffement climatique, à ce manque d'eau,
05:40 et qui commence à se diversifier. On parlait des pistachiers, mais l'aloe vera aussi commence à envahir de nombreuses exploitations.
05:48 C'est ce que vous êtes en train de nous dire.
05:50 Oui, de plus en plus. Après, je ne suis pas un expert en climat, je ne sais pas trop comment encore ça va se passer pendant les prochaines années.
05:56 Mais effectivement, je vois de plus en plus qu'il faut chercher des alternatives face à cette sécheresse.
06:03 Et votre nouveauté aussi cette année, en plus du gel, ce sont les jus.
06:07 Vous êtes venus avec deux bouteilles en plus en studio.
06:10 Jus d'aloe vera bio, fraise hibiscus, et l'autre, il est bio camomille.
06:15 Quelqu'un veut goûter dans le studio ?
06:17 - Oui, mais... - Suzanne est volontaire.
06:19 Je vous passe la bouteille, Suzanne.
06:21 - A la bouteille, directement ? - J'ai pas de gobelet sous la main, là.
06:24 Je l'ouvre pour vous.
06:26 Ça vient d'où cette idée de plaisir ?
06:28 - Allez, on y va. - C'est mes clients qui, au fur et à mesure, me demandaient régulièrement du jus d'aloe.
06:34 - Et je me suis dit, on va essayer de le faire. - Et ça, c'est une première en France ?
06:37 - C'est une première en France, oui. - C'est fou, personne n'y avait pensé ?
06:40 Je crois que même la transformation, on est les premiers en France. Ça n'a jamais été fait auparavant.
06:44 - Alors ? - C'est très bon.
06:46 - C'est pour les gens qui n'aiment pas les boissons sucrées, c'est nickel. - Exactement.
06:50 Parce qu'il n'y a pas du tout de sucre, c'est légèrement parfumé fraise, c'est ça ?
06:54 - Et ouais, comme de l'eau... - Un petit déj, ça passe bien, donc.
06:57 - Ah oui, carrément. Comme de l'eau à la fraise, en fait.
07:00 - Merci beaucoup, Thomas Montez. Bonne continuation à vous. Vous avez quel âge ?
07:04 - J'ai 26 ans. - 26 ans, jeune chef d'entreprise, donc.
07:07 Jeune qui s'est installé à Espirade-la-Glie, spécialiste dans l'aloe vera.
07:13 Votre gel, il est déjà commercialisé, le jus d'aloe vera.
07:17 Merci Thomas Montez d'être venu jusqu'à notre studio, France Lure aussi.
07:21 - Bonne journée à vous. - Merci beaucoup.

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