• il y a 7 mois

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Transcription
00:00 Bonjour, on va parler avec vous de vos différentes revendications.
00:04 Mais d'abord j'aimerais vous faire entendre une auditrice de France Bleu à Belfort.
00:09 Elle a une question très précise à vous poser.
00:12 Bonjour, je m'appelle Séugui, j'aimerais juste savoir si cette pénurie va durer longtemps.
00:18 Ça manque de plus en plus.
00:20 En général les insulines, ou même des médicaments génériques, des fois on ne trouve pas aussi.
00:26 Je vais à toutes les pharmacies, des fois je ne trouve pas.
00:28 Avant ce n'était pas ça.
00:29 Aujourd'hui ça fait peur.
00:31 J'aimerais savoir si ça va durer longtemps.
00:33 Rodolphe Pourtier, qu'est-ce que vous répondez à Séugui ?
00:35 Alors comme elle a de nombreux patients, ils sont très inquiets de ne pas trouver leurs médicaments chez vous.
00:41 Alors malheureusement je n'ai pas de bonnes nouvelles.
00:43 Je n'ai pas de bonnes nouvelles parce que l'État baisse le prix des médicaments pour leur remboursement.
00:52 Les prix sont imposés par l'assurance maladie.
00:56 Et donc on se retrouve dans une situation où la consommation mondiale de ces traitements augmente.
01:03 On a un pays dans le monde qui ne paye pas autant que les autres, c'est la France.
01:08 Et donc nous voilà contraints d'attendre que des surstocks ou des mises à disposition soient là pour nous et pour nos patients.
01:16 Donc malheureusement, alors heureusement on est en France.
01:20 Et en France on a quand même pas mal d'autres traitements qui peuvent remplacer les autres et les uns.
01:25 Mais bon, ce n'est pas une situation agréable pour les patients.
01:28 Alors face à cette pénurie de médicaments, une piste est à l'étude, à savoir la vente sur Internet ou dans certaines grandes surfaces.
01:36 Qu'est-ce que vous en pensez ?
01:40 Là, alors ce ne sont pas pour ces médicaments-là que la piste est ouverte.
01:43 C'est ce dont Séugui a parlé.
01:46 La piste est ouverte pour des médicaments pour lesquels en règle générale, une famille française de 4 personnes dépense 100 euros par an.
01:54 Ce n'est pas l'accès aux médicaments sans ordonnance et en vente libre qui est dans la balance.
02:00 C'est une guerre dépassée ça.
02:03 Les pays européens qui sont passés à ce genre de service ont bien vu que ça ne faisait pas baisser les prix du moins en vente physique.
02:13 Et sur les ventes Internet, on perd énormément de conseils et de vérifications de l'adaptation de ce que le patient se faisait commider sur ce dont il a besoin.
02:23 Et la vérification par un professeur de santé au comptoir des pharmacies pour vérifier que c'est bien ça qu'il lui faut et que ça va bien avec les autres traitements qu'il a éventuellement déjà en place.
02:35 Donc on n'est pas inquiets là-dessus.
02:37 Ce serait tellement un retour en arrière sur une qualité de service de santé publique qu'on ne comprendrait encore moins.
02:44 Il y a aussi le problème qu'il n'y a quasiment plus de fabricants de médicaments en France.
02:48 On en importe beaucoup d'étrangers.
02:50 Exact.
02:51 On est complètement liés à cette bonne volonté des autres à nous livrer nos médicaments.
02:58 C'est pour ça qu'on est dans la rue aujourd'hui.
03:01 C'est parce qu'on voit très bien, bien sûr le coût de la santé est réel, mais on voit très bien à quel point aujourd'hui la France est dépendante d'autres pour des décisions souveraines.
03:15 Et ça c'est grave.
03:17 Il est 7h49 ici matin sur France Bleu, Belfort Montréal.
03:21 Est-ce que vous comprenez la grève des pharmaciens ? Est-ce que vous subissez le manque de médicaments ?
03:25 Dites-le franchement en étant vos témoignages de maintenant.
03:27 0384 22 82 82.
03:29 Et avec nous ce matin Rodolphe Poitier, pharmacien et vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.
03:35 Autre émotif d'inquiétude pour vous, c'est l'avenir carrément de la profession.
03:39 Une profession qui n'attire plus les étudiants en filière médecine.
03:42 Parce que d'ailleurs ce que nous disait ce matin Carole Mermet, pharmacienne et tupe, est votre collègue au sein de la Fédération syndicale.
03:49 On met des allants, mais on n'a aucune candidature.
03:52 Moi je forme énormément de préparateurs, je suis maître de stage.
03:57 Si ces pharmaciens ne font pas officine, dans 5-6 ans ou dans 10 ans, nos pharmacies ne pourront même pas être vendues.
04:04 Pour essayer de maintenir ce maillage territorial.
04:07 On va vers une population qui est vieillissante. Ces patients vont faire comment pour trouver leurs médicaments ?
04:12 Ils auront peut-être 40-50 km à faire.
04:15 Rodolphe Poitier, est-ce que l'avenir des pharmacies de proximité est carrément menacé ici ?
04:20 Oui, oui, des petites pharmacies de proximité dans la ruralité où déjà le cabinet médical a fermé.
04:30 C'est encore un point d'accès de santé à proximité des gens avec le cabinet infirmier et puis le kiné.
04:36 On est inquiet pour cela.
04:39 La pression économique de ces prix qui baissent fait que ces petites pharmacies ne sont pas très équipées.
04:47 Ni en ressources humaines, ni en locaux pour accueillir toutes les nouvelles missions qu'on voudrait amener à la population.
04:53 D'autre part, on a 1200 étudiantes moins cette année, en deuxième année de pharma, par rapport aux années précédentes.
05:01 Alors qu'on était déjà en pénurie, donc je sais vous dire que dans quatre ans, quand ils sortiront, ça va être l'horreur.
05:06 On a vraiment besoin d'une grosse réforme des études parce qu'on attendait de la première année d'études communes en santé
05:13 que ça dynamise un petit peu l'accessibilité à des professions de santé.
05:18 On se rend compte que pour la filière pharma, en tout cas, on a un effet frénateur.
05:23 On a quelque chose qui est vraiment contre-productif.
05:26 Il va falloir qu'on travaille beaucoup ça aussi avec les représentants de la formation.
05:30 - Renold Fourtier, sur notre page Facebook, il y a beaucoup de gens qui vous soutiennent, qui comprennent votre mouvement.
05:35 Mais il y a aussi d'autres qui sont plus critiques. C'est le cas de Pauline, par exemple.
05:39 Elle estime, je cite, que les pharmaciens sont devenus des commerçants qui ne pensent que à leur chiffre d'affaires
05:44 et qui ont gagné beaucoup d'argent avec les tests Covid et autres vaccins. Qu'est-ce que vous lui répondez ?
05:50 - Alors, il y a trois choses là-dedans. Donc, des pharmaciens qui sont des commerçants.
05:56 Alors oui, on est des commerçants. Des commerçants bien particuliers.
06:00 C'est-à-dire que nous, on achète des médicaments et on les revend. C'est pour ça qu'on est commerçant.
06:04 Avec un prix d'achat fixé et un prix de vente fixé pour 80% de notre activité.
06:10 Donc, vous doutez bien que tout d'un coup, l'effet commerçant, il est un petit peu moins flashy, dans l'esprit de n'importe quel autre commerçant de dire ça.
06:19 - Mais les tests Covid ?
06:21 - D'autre part, pour les tests Covid, la profession a, et a fièrement contribué à la sécurisation de la mise en confinement,
06:36 à la sécurisation de la moindre transmission du virus pendant cette période pénible.
06:42 Et elle a été justement payée d'un travail supplémentaire qu'elle faisait.
06:45 Et donc c'est bien la preuve que l'État sait payer quelque chose quand il y en a vraiment besoin.
06:51 Et puis ça c'est fini, on ne l'a plus.
06:53 Donc oui, il y a eu à payer les pharmaciens pour faire un travail exceptionnel, supplémentaire, pendant cette période-là.
07:01 Et ils étaient encore ouverts.
07:03 Et ils mettaient aussi leur santé et la santé de leur personnel dans la balance de cette prise en charge.
07:09 - Eh bien merci beaucoup.
07:10 - D'autre part, oui.
07:11 - En amour ?
07:13 - Oui, simplement, n'hésitez pas à parler avec votre pharmacien de tout ça, pour que les choses s'apaisent,
07:21 et pour qu'on voit un petit peu qui sert à quoi et à quel juste prix.
07:25 - Merci beaucoup, Radolph Poitier. Je rappelle que vous êtes pharmacien à Besançon et vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.
07:31 Et vous participez tout à l'heure à la manifestation régionale qui aura lieu à partir de 10h30 à Besançon.

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