C'est une histoire de 30 ans qui va se terminer demain soir. Celle de Patrice Canayer et du Montpellier handball.
Patrice Canayer va coacher pour la derniere fois son équipe face à Toulouse au FDI stadium.
Patrice Canayer va coacher pour la derniere fois son équipe face à Toulouse au FDI stadium.
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00:00 On est sur France 3 Occitanie, j'y m'oins un an avant le match MHB Toulouse
00:04 et notre spécialiste And nous a rejoint dans ce studio.
00:07 Bonjour Pascale Victorie.
00:08 Bonjour à tous, bonjour à toutes.
00:10 Et Patrice Canailler, notre invité, entraîneur du MHB, il est avec nous ce matin.
00:14 Oui, ça me fait plaisir de recevoir et je dis merci à Guillaume Rouland qui m'a cédé sa place
00:18 pour pouvoir faire peut-être ma dernière interview de Patrice Canailler
00:21 en tout cas comme entraîneur du Montpellier Handball.
00:24 On l'a dit, c'est la DR, c'est le clap de fin demain soir à Bougnoles.
00:28 Non, pardon, au FDI Stadium, je vais me faire fâcher.
00:31 Ce sera 20h45 ce match contre Toulouse et puis surtout, cet hommage qui vous sera réservé.
00:36 On ne va pas rentrer encore dans des chiffres,
00:39 on va simplement dire que vous êtes l'homme de tous les titres de Montpellier.
00:42 42 titres emportés à Montpellier.
00:45 Extérieurement, vous êtes quelqu'un qui gérez plutôt bien vos émotions.
00:49 Comment vous vous abordez, comment vous êtes préparé pour cette soirée de demain ?
00:53 Bonjour d'abord, j'ai bien peur que ce soit difficile.
00:56 J'ai bien peur que ce soit difficile.
00:58 Moi, dans mon métier, j'ai appris à travailler en essayant de maîtriser le plus possible les émotions,
01:04 justement pour être le plus efficace possible professionnellement.
01:07 Mais j'ai bien peur que cette semaine-là, qui est en train de se terminer,
01:11 en particulier vendredi, ce soit peut-être pour moi, à ce niveau-là, un match difficile.
01:17 Mais on va essayer de faire avec.
01:20 Ce qui est important, c'est que le match, en tant que tel,
01:22 n'a pas eu une incidence sur le résultat final du championnat.
01:26 Donc, ce sera peut-être un peu plus facile de ce point de vue.
01:28 Vous allez parler aux joueurs avant l'entrée sur le terrain.
01:33 On sait qu'il y a toujours un briefing avant.
01:35 Là, il va peut-être être un petit peu particulier.
01:36 Vous aimez tous la voix.
01:38 Oui, forcément, on parle aux joueurs.
01:40 Il y a des liens particuliers.
01:42 Puis, c'est un moment particulier pour nous,
01:44 parce qu'avec cette équipe, ça fait maintenant 3-4 ans qu'on travaille ensemble au quotidien.
01:49 Donc, forcément, il y aura des mots, mais je ne sais pas si ce sera avant, si ce sera après.
01:54 Il faut vivre ce moment.
01:57 Il faut essayer d'en profiter.
01:58 En tout cas, moi, je pars de cette idée-là,
02:00 de profiter de ces derniers instants, comme je le fais depuis le début de la semaine.
02:04 La dernière conférence de presse qu'on a eue hier,
02:07 les derniers entraînements de tout à l'heure,
02:09 ce sont des moments très particuliers.
02:11 Il ne faut pas trop les prévoir dans la tête.
02:14 Il faut les vivre avec les émotions qui sortent au moment où elles sortent.
02:17 - Cette fois-ci, vous allez accepter de perdre un petit peu le contrôle émotionnellement ?
02:21 - Je ne sais pas.
02:24 Vous savez, le principe des émotions, c'est qu'on essaye de les maîtriser,
02:28 mais on ne les contrôle jamais.
02:30 La maîtrise des émotions, c'est ce qui est le plus important dans le sport de haut niveau.
02:34 C'est-à-dire, les moments les plus importants se jouent à peu près sur ça.
02:38 On essaye de le contenir, on essaye de le maîtriser le plus possible,
02:43 mais on n'y arrive jamais totalement.
02:45 Ce qui est intéressant dans ce domaine-là,
02:48 c'est qu'on ne le sait qu'une fois que ça arrive.
02:50 On peut se dire "oui, on va maîtriser", mais des fois on ne maîtrise pas.
02:53 Mais ce n'est pas important.
02:55 Même si les émotions ne sont pas maîtrisées,
02:58 à ce moment-là, ça n'a aucune incidence.
03:00 C'est peut-être même bien, c'est peut-être même comme ça qu'il faut que ce soit.
03:02 - 30 ans de carrière, on l'a dit, 42 titres.
03:05 Cette carrière qui est saluée par tous.
03:07 Est-ce que vous, vous en êtes fier de votre carrière à Montpellier ?
03:11 - Ça serait mentir de dire que je ne suis pas fier du travail qui a été réalisé.
03:15 D'abord, c'est un travail collectif.
03:17 Moi, je suis un manager.
03:19 C'est-à-dire que le propre d'un manager, c'est d'entraîner avec lui des tas de personnes.
03:24 Ça a été mon quotidien de mes missions à Montpellier-Hanbal.
03:27 Donc effectivement, on est fier du travail qu'on a réalisé.
03:31 Mais vous vous arrêtez systématiquement sur les titres.
03:34 J'ai eu l'occasion de le dire.
03:35 Il n'y a pas que les titres.
03:36 Ce qui était important, c'est qu'il faut se souvenir que le MHB,
03:38 c'est un club de quartier qui est né dans le quartier du Pré-Darènes
03:42 et qui est devenu deux fois leader et champion d'Europe.
03:47 C'est devenu une institution aujourd'hui.
03:49 Ça, c'était notre projet.
03:51 Il n'est pas devenu une institution que parce qu'il y a eu des titres.
03:53 Il est devenu une institution parce qu'il a porté un certain nombre de valeurs,
03:57 parce que c'est un club qui est complètement impliqué dans la vie sociale, sociétale de Montpellier.
04:03 C'était ça, notre objectif.
04:05 Donc oui, on est fier d'avoir, pendant 30 ans...
04:07 Vous êtes fier aussi ?
04:09 Oui, bien sûr, je me mets.
04:11 Mais franchement, ça serait prétentieux de penser, je le répète,
04:14 manager, c'est entraîner les autres avec soi.
04:16 Et ce n'est pas faire tout seul.
04:18 Et donc ça, je suis fier de ça.
04:20 C'est d'avoir essayé et permis de fédérer autour de ce projet un grand nombre de personnes,
04:26 que ce soit des partenaires privés, des partenaires politiques,
04:28 et aussi le public, et le grand public, parce que c'est ça l'essentiel.
04:31 Alors, à part Giroux avec Auxerre,
04:33 je n'ai pas trouvé d'entraîneur avec une telle longévité, fidélité à un seul club.
04:37 Pourquoi vous êtes resté 30 ans ?
04:39 Pour deux raisons essentielles.
04:41 La première, c'est qu'on m'a fait confiance.
04:42 Je fais un métier, vous savez, où c'est assez rare d'avoir tout le temps la confiance de ses dirigeants.
04:46 Donc il faut savourer chaque instant.
04:49 Et il y a des gens qui m'ont fait confiance, les dirigeants, les présidents de clubs.
04:53 Le président d'El Jarry m'avait proposé de continuer.
04:56 Donc c'est un choix qui était mon choix.
04:58 Et ce n'était pas forcément le choix du club d'arrêter l'air canaillé, je dirais.
05:02 Et puis après, la deuxième chose, c'est qu'on m'a confié des responsabilités managériales de l'ensemble.
05:06 Si je n'avais été qu'entraîneur, je ne saurais jamais rester 30 ans.
05:09 Mais j'ai eu le sentiment d'avoir un projet beaucoup plus global à piloter, à porter, à manager.
05:16 Et c'est ça qui m'a incité à rester.
05:18 Vous avez parlé hier, dans la conférence de presse, de la fin d'une histoire.
05:22 Enfin, d'une histoire, pas là c'est la fin de l'histoire, mais d'une histoire d'amour.
05:26 Oui, il y a un lien, effectivement.
05:28 Je ne suis ni moi à l'origine et j'ai été adopté complètement à Montpellier.
05:32 Montpellier est devenu ma deuxième ville.
05:35 J'ai deux villes, je dirais, et ce que je n'arrive pas, mon cœur ne se séparera pas entre Montpellier et Entre-Nimes.
05:41 C'est pour ça que je me suis engagé avec la région et que je suis fier d'être de cette région.
05:45 Mais oui, je pense qu'on peut parler d'une histoire d'amour.
05:47 Pourquoi je parlais d'une histoire d'amour ?
05:49 Parce que ce qui est important, in fine, ce ne sont pas les titres.
05:53 Ce qui est important, c'est les émotions qu'on a pu partager.
05:55 Et je pense qu'à ce titre-là, on a été particulièrement servi des émotions de plaisir, de bonheur,
06:00 des fois de tristesse, des fois de colère.
06:02 On a partagé beaucoup d'émotions avec le public et je pense que c'est ce qui nous relie.
06:07 Alors, vous venez de dire que ce ne sont pas forcément les titres les plus importants.
06:10 N'empêche, s'il y en avait un à retenir de votre carrière, de ces 30 ans à Montpellier,
06:15 quel est le titre le plus important ? Est-ce que c'est la Coupe d'Europe ?
06:18 C'est vraiment très difficile de dire un.
06:22 Je vais vous en donner quatre très rapidement.
06:24 Deuxièmement, il y a le premier titre de champion de France à Montpellier.
06:27 C'est l'éclosion du club de Montpellier comme un club étant capable de gagner.
06:31 Et ça, c'est majeur par rapport à la suite de l'histoire.
06:34 Les deux ligues des champions, forcément.
06:36 Et puis, une saveur particulière aussi pour la Coupe de France que l'on gagne à Paris, à Bercy,
06:41 juste après l'affaire des Paris, au moment où le club est quasiment à terre
06:44 et on arrive à se relever et à gagner cette Coupe de France,
06:47 qui est pour moi très symbolique de la résilience de ce club de Montpellier.
06:51 Vous allez arriver à vous sevrer du handball après 30 ans,
06:54 après avoir vécu 24 heures sur 24 pour le handball.
06:58 Ça ne va pas vous manquer ?
06:59 Non, le handball ne me manquera pas.
07:01 Ce n'est pas difficile de me sevrer.
07:03 Le handball, c'est mon activité, mais ce qui me plaît, moi, c'est la compétition.
07:08 C'est-à-dire, pour être de la compétition ailleurs, ça me plairait.
07:11 Moi, ce qui me plaît, c'est de manager des individus,
07:13 de manager des équipes dans le contexte de la compétition.
07:16 C'est ça, mon moteur.
07:17 Le handball, j'aime ça.
07:18 Je ne vais pas vous dire que je n'aime pas ça, mais objectivement,
07:21 quand je ne serai plus entraîneur, je n'irai pas voir 40 matchs de handball dans la saison.
07:24 Ça, j'en suis sûr.
07:25 Mais vous allez quand même venir de temps en temps à Montpellier, au F10 Stadium ?
07:28 Mais bien sûr.
07:29 Mon cœur est éternellement rattaché à ce club.
07:34 Je vais prendre de la distance, c'est important,
07:36 parce que j'ai tenu beaucoup de place dans ce club,
07:38 et il faut laisser la place maintenant.
07:40 Il ne faut pas que ce ne soit que des mots, il faut aussi que physiquement, ce soit ça.
07:44 Mais je ne serai jamais très, très loin.
07:45 Et demain, que va faire Patrice Canailler ?
07:48 La politique, vous avez déjà un poste de conseiller régional.
07:52 Vous avez envie de vous investir encore plus ?
07:55 Alors, la politique, je l'ai déjà dit, la présidente Carole Delgame
07:59 a fait une grande confiance en me confiant des missions importantes pour la région Occitanie.
08:04 Et oui, je vais m'investir encore plus dans le cadre de ces missions.
08:08 Et pas forcément dans le sport ?
08:09 Ah non, je lui avais dit au début,
08:11 j'aimerais faire autre chose que de m'investir dans le sport.
08:15 Non, je suis délégué à l'attractivité et au rayonnement de l'Occitanie.
08:18 Il y a de la compétition ?
08:20 Oui, bien sûr, il y a du boulot.
08:22 Il y a notamment un travail qui me plaît beaucoup,
08:24 c'est comment, avec 6 millions de personnes, on crée une équipe régionale.
08:26 Parce que c'est ça l'enjeu,
08:28 il y a l'attractivité au niveau national et international,
08:30 mais déjà, réunir les 6 millions d'habitants qui représentent l'Occitanie
08:35 et faire en sorte qu'on ait un projet régional sur lequel tout le monde adhère.
08:39 Donc c'est un peu comme construire une équipe quelque part.
08:41 Et un jour, Patrice Canaillé, maire, député, sénateur ?
08:45 Le maire, Mickaël Delafosse, fait très très bien son travail aujourd'hui.
08:49 Je suis moi de tout cœur et je le soutiens avec la région.
08:53 On le soutient.
08:54 Je parle pour les années à venir.
08:55 Non, mais je n'ai pas de plan de carrière.
08:58 Moi aujourd'hui, je suis en train de politique avec beaucoup d'humilité.
09:01 Et je suis un équipier.
09:03 Je suis un équipier et j'ai été pendant longtemps manager,
09:07 qui dirigeait et qui manageait.
09:10 Un équipier qui aime bien diriger ?
09:11 Oui, mais je ne suis pas non plus rentré pour faire tapisserie.
09:15 C'est-à-dire que je suis très investi et je compte m'investir encore plus
09:20 parce que c'est ma région et que j'ai envie d'apporter et de rendre.
09:23 Et après, j'ai aussi d'autres occupations.
09:25 Je ne fais pas que de la politique non plus.
09:27 J'interviens beaucoup dans le monde de l'entreprise,
09:30 sur de l'accompagnement, sur des conférences
09:32 et sur de l'accompagnement dans le cadre du management de manière plus globale.
09:36 Merci Patrice Canaillé.
09:38 Merci, donc effectivement Patrice.
09:40 Merci Maître Canaillé, moi je dirais.
09:42 Parce que si effectivement, ce sont les joueurs qui nous enthousiasment
09:45 lorsqu'ils sont sur le terrain.
09:47 Moi j'ai beaucoup appris sur l'handball à votre contact.
09:50 Donc je vous dis merci Maître Canaillé.
09:52 Merci, merci à vous.
09:54 On ne va pas trop vous manquer, Pascal Victorie.
09:56 Parce que ça fait quelques années que vous la voyez.
09:58 Hier, on a eu l'occasion, pendant la conférence de presse,
10:01 j'ai eu l'occasion de remercier la presse.
10:03 Parce que la presse est un élément très très important dans le sport.
10:05 Parce que c'est le lien entre nous et le public.
10:08 Moi j'ai toujours perçu la presse comme ça.
10:10 Et ce lien il est important.
10:11 J'ai dit hier et je le répète aujourd'hui que nous on écrit l'histoire.
10:14 Mais l'histoire pour qu'elle soit belle, il faut la raconter.
10:16 Et pour la raconter, c'est le travail des journalistes.
10:18 Et si l'histoire est belle, c'est qu'elle a été aussi bien racontée.
10:21 Ben voilà. Merci en tout cas pour ces années.
10:23 Merci pour l'MHB.
10:25 Et rendez-vous donc demain soir au FDI Stadium, 20h45,
10:28 pour ce dernier match et cette soirée hommage à Patrice Canaillé.
10:32 Je crois qu'on a encore quelques places à faire gagner aux auditeurs de France Bleu Hérault.
10:36 Tout à fait. Il suffit de la raconter.
10:38 Rassurez tout le monde. C'est un hommage.
10:40 Voilà. Parce que des fois les hommages c'est quand les gens décèdent.
10:43 Je suis plein de santé. C'est un hommage professionnel.
10:46 Que ce soit bien au clair.
10:47 Merci d'être venu ce matin.
10:48 Et vous pouvez réécouter cette interview en allant sur notre site internet francebleu.fr.
10:53 Merci Pascal Victorin d'être venu ce soir.
10:55 Rendez-vous ce soir 100% MHB.
10:57 Cette fois-ci on va faire parler d'autres personnes qui vont parler de Patrice Canaillé.
11:01 On retrait donc à partir de 18h30 sur France Bleu Hérault.
11:05 Merci Pascal. Dans un instant, la petite histoire du jour de Léopoldine Dufour en Valais à la Roméria.