Le 5 mai 1992, une tragédie s'est produite au stade de Furiani à Bastia, en Corse, lors de la demi-finale de la Coupe de France opposant le Sporting Club de Bastia à l'Olympique de Marseille. Quelques minutes avant le coup d'envoi, une tribune provisoire s'est effondrée, faisant chuter des centaines de spectateurs d'une hauteur d'environ 15 mètres. Cet effondrement a causé la mort de 18 personnes et fait plus de 2.300 blessés, certains grièvement. Les images montrent des scènes d'horreur avec des corps ensanglantés et des spectateurs affolés fuyant le chaos. La catastrophe a été attribuée à des défauts de construction de la tribune temporaire en béton, qui n'a pas résisté à la pression de la foule. Cet événement tragique restera à jamais gravé dans l'histoire du football français et a conduit à un renforcement des normes de sécurité dans les stades.
Devoir de mémoire
Chaque année, une cérémonie d'hommage est organisée à Furiani pour commémorer les victimes et leur rendre hommage. Cette catastrophe rappelle l'importance primordiale de la sécurité lors des événements sportifs de masse.
Devoir de mémoire
Chaque année, une cérémonie d'hommage est organisée à Furiani pour commémorer les victimes et leur rendre hommage. Cette catastrophe rappelle l'importance primordiale de la sécurité lors des événements sportifs de masse.
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00:00C'est la dernière fois qu'on se retrouve à Téléfoot, trois semaines déjà. Cela fait trois semaines depuis ce funeste 5 mai,
00:09depuis que ce craquement sinistre a provoqué le deuil dans notre football.
00:13Trois semaines après le daram, Pascal Praud et Michel Giuliani ont voulu se rendre en Corse à Bastia,
00:20non pas pour faire une nouvelle enquête, mais pour se rendre compte de leurs yeux, témoigner et surtout donner la parole aux victimes.
00:31Il est tombé. Lorsqu'un Corse dit cela aujourd'hui, il n'est pas nécessaire de préciser quand et où.
00:37Il est tombé, ça signifie que le 5 mai dernier, il était à Furiani.
00:413 000 personnes sont tombées ce 5 mai. L'anniversaire est maudit en Corse.
00:46Un certain 5 mai 1821, Napoléon Ier est mort à Sainte-Hélène.
00:503 000 personnes sont tombées, 15 sont mortes, 1523 sont blessés, 249 sont encore aujourd'hui dans les hôpitaux de Bastia, de Nice, de Marseille ou de Paris.
01:02Dans ce seul hôpital de Bastia, 600 hommes et femmes ont passé la nuit du 5 au 6 mai dernier.
01:07Parmi elles, des cas dramatiques. Dadou Jacob Dikoudzié a 28 ans.
01:12Elle était descendue de son village de Kalenzana vers minuit le 5 mai.
01:17Elle est arrivée ici paralysée, la moelle épinière comprimée.
01:24À quoi on pense ?
01:26Moi d'abord, je pensais à mes amis parce que je me demandais ce qu'ils avaient, mon frère, tous mes amis.
01:34Puis une fois que je les ai aperçus parce qu'il y en a qui ne pouvaient pas me voir, je ne pouvais pas trop crier parce que j'avais trop mal.
01:40Et une fois que je les ai vus qui s'étaient bien, qui s'étaient debout, ça m'a déjà soulagée déjà.
01:45La première chose qui m'a soulagée, c'était ça.
01:47Puis après, on attend. On a plutôt envie que tout s'arrête.
01:53Surtout quand je bougeais beaucoup et je voulais plus, je veux dire, si je devais être paralysée, je préférais mourir.
02:00Pour moi, ce n'était pas possible de rester comme ça.
02:03C'était dur parce qu'il y a eu beaucoup de blessés.
02:05Je veux dire, ils ne s'étaient pas équipés. Il n'y avait qu'une coque.
02:08Moi, je n'étais pas dans aucune coque. On ne me tenait pas.
02:11Donc mon corps allait de tous les côtés déjà.
02:13Pour moi, c'était déterminé. Je veux dire, je n'avais pas de soins ni rien. Je souffrais.
02:20Je veux dire, pour moi, c'était fini là.
02:23J'étais juste sur une planche de stade encore.
02:26Je n'étais pas dans un brancard là.
02:28Ils m'ont opéré. Ils m'ont sauvée.
02:30Là, j'ai remercié beaucoup.
02:32Parce que vraiment, c'est bien.
02:35J'étais en réanimation.
02:38Et tous les jours, ils venaient me dire que je pouvais remarcher.
02:41Parce que je manquais d'assurance. J'avais peur de ne plus pouvoir marcher.
02:52Le drame de Furiani n'a pas épargné la presse, mais il s'est acharné sur Radio France Corse.
02:57Ici, deux de nos confrères sont morts.
03:00Tous les deux avaient la trentaine.
03:02Tous les deux étaient mariés.
03:04Tous les deux avaient deux jeunes enfants.
03:06Aujourd'hui, les familles de Pierre Gudicelli et de Michel Vivarelli parlent sans haine,
03:11mais avec dignité et fermeté.
03:14Elles réclament une instruction rapide, des responsabilités clairement définies
03:18et un jugement implacable au nom de la mémoire d'un frère ou d'un mari.
03:24Je me sens absolument sans haine et sans rancune.
03:28Ce que je souhaite, pour qu'il n'y ait ni haine ni rancune de qui que ce soit,
03:33c'est que les responsables aient la dignité d'assumer ce qui est arrivé
03:39et non pas cherchent des échappatoires.
03:42Sinon, la haine et la rancune grandiront.
03:45Peut-être pas de ma part, mais je sais que chez certains, ça arrivera.
03:48Je tiens à vous dire que la douleur qui me frappe, qui frappe mes enfants et les proches,
03:56est terrible à vivre.
03:59Ensuite, je ne veux pas parler de vengeance.
04:03Pour la mémoire de Pierrot, mon mari, de Michel et de toutes les autres victimes,
04:08et pour l'avenir carrément de toute la jeunesse corse, je veux que justice soit faite.
04:13Et pour cela, je veux que les responsabilités du tout petit au plus grand soient clairement établies
04:21et que tous les responsables, quels qu'ils soient, aient des sanctions.
04:25Mais des sanctions dures.
04:27Que ça ne soit pas un mois de sursis, deux mois, non.
04:30Qu'ils aient des sanctions dures.
04:32Pour l'instant, j'ai confiance en cette justice.
04:35Je veux que justice soit faite.
04:38Par contre, si cette confiance carrément est...
04:42Comment vous dire ça ?
04:46Si la justice, disons, nous leurre,
04:49alors à partir de là, je trouverais que c'était une insulte pour moi et pour toutes les victimes de Fouriagne.
04:56Dans la montagne, à une trentaine de kilomètres de Bastia, voici le village de Canary.
05:01Ce soir du 5 mai, ils sont partis à 50.
05:04A peu près un quart du village s'est retrouvé dans la tribune est.
05:0838 sont tombés.
05:10Depuis, la boucherie est fermée et Antoine le boucher cloué sur un lit.
05:14Pareil pour la libraire.
05:16Dominique Pellegrini, la propriétaire, est revenue mais sur son lit.
05:19Elle ne le quittera pas durant les trois prochains mois.
05:22Avec elle, il y avait sa nièce.
05:24Émilie a 11 ans. Elle n'a pas une égratignure.
05:27J'ai eu très peur.
05:29Parce que j'ai entendu quelqu'un dire on tombe.
05:32Et puis après, je me souviens plus de rien.
05:34Alors, qu'est-ce qui s'est passé?
05:36Comment tu t'es reçu sur le sol?
05:39J'ai eu très peur.
05:41Il paraît que j'étais un peu plus haut que des gens qui étaient en dessous de moi.
05:45Mais il me semblait que j'étais par terre.
05:48Je n'ai pas compris.
05:50Mais tu t'es reçu sur tes jambes?
05:53Non, je suis resté dans mon fauteuil.
05:55Je suis resté sur mon fauteuil.
05:58Au village, Émilie est une miraculée, mais il y en a d'autres.
06:01Eux non plus n'ont pas changé leurs habitudes.
06:04Ils sont tombés, mais ils n'ont rien.
06:10Franchement, la tribune, elle est tombée comme ça.
06:137 ans en arrière, tous sont morts.
06:15On avait les gosses, les petites de 10 ans devant nous.
06:18On avait peur.
06:20Ce n'était pas beau à voir, les gens qui pleuraient.
06:23Les copains allongés qui criaient.
06:26On ne pouvait plus bouger.
06:28On croyait qu'il y avait la colonne cassée.
06:30Les secours sont vite arrivés.
06:33Mais vous, vous êtes indemne.
06:35Nous, on a eu la chance de passer à travers.
06:38Nous, on est tombés assis sur le fauteuil.
06:41Et vous n'avez rien?
06:43Non.
06:45La gare de Furiani face au vieux stade Armand Césarie.
06:48De chaque côté du stade, il y a la voie ferrée et la lagune.
06:52Rien n'a bougé depuis bientôt 3 semaines.
06:55Avec l'interdiction de déblayer la tribune, le juge continue avec minutie l'instruction.
07:05Depuis 15 ans, le stade de Furiani n'avait pas changé.
07:08Seule nouveauté dérisoire, ces fauteuils oranges venus d'un cinéma.
07:12Et qui ont servi cette saison de loge.
07:15Le soir du drame, Charles Orlanducci était là, sur la pelouse.
07:18Sa femme, ses enfants se sont placés dans la tribune Est.
07:21Il les a retrouvés sains et saufs dans la nuit à l'hôpital.
07:24Aujourd'hui, ils l'accusent.
07:27Grâce au football, j'ai tourné un peu partout dans le monde.
07:32Mais moi, il me semble que Bastia, c'est la misère.
07:36D'après ce que j'ai vu, même dans, par exemple, l'île de la Réunion.
07:39L'île de la Réunion est une île française qui fait la moitié de la superficie de la Corse.
07:44Qui a deux stades à Saint-Denis et Saint-Pierre, je crois.
07:47Deux stades pratiquement neufs.
07:49Mais comment ils ont fait ces stades?
07:52Comment ils ont fait ces stades? Je me pose la question.
07:54Et pourquoi, ici, rien n'a été encore fait?
07:57La faute à qui c'est là, maintenant, qu'il faudrait chercher.
08:00Puisqu'on a accusé beaucoup de monde.
08:02On accuse le président, on accuse le maire de Fourier.
08:05Maintenant, je pense qu'il faut chercher, de la part du gouvernement.
08:09Je ne sais pas, puisqu'ils accusent.
08:11Maintenant, il faut chercher les solutions.
08:13On sait qu'il faut installer Bastia. Comment? Qui doit le faire?
08:16Je voudrais le savoir.
08:18René Exbraia, l'entraîneur du sporting, a lu cette semaine que le club allait continuer.
08:22Mais avec quel argent?
08:24Pourtant, tout le monde veut y croire, malgré la catastrophe.
08:27Malgré les morts. Malgré les 200 fauteuils roulants que la rumeur promet à la ville.
08:34Je veux de nouveau voir un match de football. Et Bastia, j'espère.
08:37Parce que je n'aimerais pas que le club...
08:41Enfin, qu'il n'y ait plus de club.
08:43J'aimerais que le club continue à vivre.
08:46C'était notre joie, dans toute la Corse.
08:49On attendait Bastia, Bastia.
08:51Et si c'est Bastia, c'est Bastia.
08:53Ça ne changera pas pour nous.
09:07Nous pensons à tous ceux qui sont sur leur lit d'hôpital et qui souffrent.