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Court métrageTranscription
00:00 Karl Lagerfeld était ça pour moi.
00:02 Très tôt, j'avais cette image de Torero, Matador.
00:07 Macho, mais féminin à la fois.
00:10 Ça m'a aidé toujours avant les prises,
00:14 de penser comme moitié espagnol.
00:17 Qu'est-ce qui fout l'alteton ?
00:22 Quand t'as pas de talent, tu viens pomper celui des autres.
00:25 Bonjour M. Lagerfeld.
00:26 Karl.
00:27 M. Lagerfeld.
00:28 Avez-vous un style, M. Lagerfeld ?
00:32 Moi, je m'en fous, je vous écarte.
00:36 Je pense que vous êtes un génie
00:39 et que vous allez devenir le plus grand couturier du monde.
00:41 Retourner au début et de découvrir
00:44 qui était Karl Lagerfeld avant d'être fameux,
00:47 ça c'était très fascinant.
00:50 Parce qu'il est déjà si courageux,
00:52 il avait tellement faim de réussir à Paris.
00:56 Comme jeune Allemand, homosexuel,
00:59 c'était pas facile d'être aimé,
01:02 d'être respecté dans l'épicentre de la mode qui est Paris.
01:06 J'ai décidé de montrer un Lagerfeld
01:10 vulnérable, fragile, jeune,
01:13 avec insécurité, avec tout ça, romantique aussi,
01:18 pour plus tard essayer de construire l'armure
01:24 qu'il a construite avec ce personnage
01:26 et de devenir plus distant.
01:29 Il était tellement créatif dans beaucoup de sens.
01:32 Quand j'habitais à Saint-Germain-des-Prés,
01:37 je voulais avoir un appartement là,
01:39 parce que je savais que le quartier était très important pour lui
01:41 à ce moment-là, dans les années 70.
01:44 Chaque jour, je me demandais
01:45 « qu'est-ce que Karl Lagerfeld ferait aujourd'hui ? »
01:47 C'était toujours intéressant
01:49 de voir le monde et Paris
01:53 avec les yeux de Karl.
01:55 Si je te nomme directeur artistique,
01:57 tu entres en compétition avec Yves Saint-Laurent,
01:59 tu donnes tout ce que tu as.
02:01 Jacques, on ne présente pas le fameux Pierre Berger
02:03 qui demandait de faire son gant de velours.
02:05 C'est faux.
02:06 Dans la série, c'est vraiment moi qui dessine tout,
02:11 parce que j'ai toujours aimé dessiner
02:13 quand j'étais petit.
02:15 Mais je suis un gaucher,
02:17 et Karl Lagerfeld ne l'était pas.
02:19 Et j'ai décidé
02:20 « non, je ne veux pas faire ça avec la main droite,
02:24 je veux me sentir comme Karl,
02:25 confortable. »
02:26 Et j'ai dit « c'est exactement ça,
02:29 il faut avoir la liberté
02:31 de créer son propre personnage,
02:34 de ne pas prétendre que ce qu'on voit,
02:36 c'est Karl Lagerfeld,
02:37 parce que pour ça,
02:38 il faut voir des documentaires.
02:41 Mais c'est une interprétation d'un acteur,
02:42 et dans ce cas, c'est moi.
02:44 Et alors, oui.
02:46 [Musique]
02:53 Ça, c'est un procès qui m'excite,
02:56 de trouver sa propre version,
03:00 interprétation,
03:02 aussi les chemins délicats et intimes
03:07 dans la vie privée de Karl Lagerfeld,
03:10 où il y avait beaucoup de questions,
03:11 parce que dans les livres, il y a beaucoup de contradictions.
03:14 Aussi parce qu'il racontait
03:15 différentes versions de sa vie tout le temps.
03:18 « Bon travail.
03:19 Le gilet.
03:20 Je vous l'apporte. »
03:21 [Musique]
03:24 « Tu aurais pu prendre une douche.
03:25 Tu pues le sexe. »
03:26 [Musique]
03:28 « T'es jaloux ? »
03:28 « Non. »
03:29 « Non ? »
03:30 C'était fondamental.
03:31 Si on fait une série sur un créateur de mode,
03:34 il faut avoir le mieux,
03:36 les meilleurs costumes.
03:38 Les talons, par exemple,
03:39 c'était très important pour moi,
03:40 de commencer à marcher d'une manière différente.
03:44 Très tôt, j'avais cette image de Torero,
03:48 Matador.
03:50 Macho, mais féminin à la fois.
03:53 Ça m'a aidé toujours avant les prises,
03:57 de penser comme moitié espagnol.
03:59 [Musique]
04:09 Ça, c'est génial,
04:11 d'avoir la possibilité de porter des choses comme ça,
04:15 d'entrer dans un monde si extravagant et exotique.
04:21 D'être dans les années 70 à Paris,
04:24 dans cette bulle de la folie du monde, de la mode.
04:29 Il fallait avoir du courage,
04:31 parce que je me sentais terrible.
04:34 Parce qu'on tournait dans le centre de Paris,
04:36 il fallait marcher d'un lieu à l'autre,
04:40 par le centre de Paris, avec les gens normaux.
04:43 Je me rappelle qu'il y avait aussi des figurants super cools,
04:47 très beaux, et ils me voyaient avec des potes.
04:52 Je pensais, "ça c'est trop".
04:54 Il y avait des costumes qui étaient de plus en plus serrés,
04:59 alors on sentait ce corset.
05:01 Le fait qu'il commençait à manger de plus en plus,
05:05 avec la vanité qu'il avait,
05:07 il voulait être plus parfait.
05:09 En essayant de cacher les "michellines",
05:13 comme on dit en Espagne, le ventre,
05:17 et tout ça, les talons, pour être plus haut.
05:19 Il montait sur son âge,
05:22 et ça aussi je trouvais très touchant,
05:25 parce qu'il était un petit imposteur.
05:27 Et moi aussi, j'étais un petit peu comme ça quand j'étais plus jeune.
05:33 Quand la vie réelle était trop ennuyante,
05:40 j'ai essayé de la peindre avec des couleurs plus exotiques.
05:44 Oui, je voulais le faire avec la main gauche.
06:00 Je suis sûr qu'en Allemagne,
06:03 il va y avoir des gens qui disent,
06:05 "Non, non, non, le calvaire, il faut que l'on fasse avec la main droite,
06:08 pas avec la main gauche.
06:10 Qu'est-ce que vous faites ?
06:11 Sous-titrage ST' 501
06:13 [Musique]