Le 28 mai, était organisée une journée de sensibilisation par les Sentinelles vertes.
Comment prendre en compte le vivant dans l'entreprise pour préserver la biodiversité de notre monde ?
Revivez la table ronde animée par Emmanuelle Pirat (journaliste) avec :
- Frantz GAULT , sociologue, auteur de « La nature au travail »
et co-fondateur de Ultralaborans ;
- Sylvain BREUZARD, auteur de la « Permaentreprise » et fondateur de Norsys ;
- Marine CALMET, avocate et présidente de l’ONG Wild Legal
- Jérôme MORIN, secrétaire général de la F3C
- Marylise LÉON, secrétaire générale de la CFDT
Comment prendre en compte le vivant dans l'entreprise pour préserver la biodiversité de notre monde ?
Revivez la table ronde animée par Emmanuelle Pirat (journaliste) avec :
- Frantz GAULT , sociologue, auteur de « La nature au travail »
et co-fondateur de Ultralaborans ;
- Sylvain BREUZARD, auteur de la « Permaentreprise » et fondateur de Norsys ;
- Marine CALMET, avocate et présidente de l’ONG Wild Legal
- Jérôme MORIN, secrétaire général de la F3C
- Marylise LÉON, secrétaire générale de la CFDT
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00:00:00 Le 22 mai, la semaine dernière, c'était la journée internationale de la biodiversité.
00:00:06 Samedi dernier, la journée contre l'agrochimie et pour un autre modèle agricole. Et toute
00:00:12 cette année est l'année des des l'année des des océans. Merci. Avec en juin 2025,
00:00:24 le sommet des océans à Nice. Il était cohérent de s'inscrire sur ce sujet de la biodiversité
00:00:31 et surtout faire le lien avec notre action syndicale dans les entreprises et les administrations.
00:00:35 C'est un des sujets de la transition écologique juste que la F3C et son réseau des Sentinelles
00:00:43 Vertes souhaitent traiter concrètement à son échelle. Alors que dit la communauté
00:00:49 scientifique sur les impacts de l'activité humaine sur le monde du vivant qui englobe
00:00:54 toutes les espèces vivantes et leurs écosystèmes, comme pour une autre menace grandissante,
00:01:02 le réchauffement climatique, la forte érosion de la biodiversité et la dégradation de
00:01:05 ce qui rend possible la vie sont très largement suivis et documentés. Et donc, nous avons
00:01:13 prévu une présentation d'à peu près 50 slides de diapos sur le GIEC et l'IPBES.
00:01:21 Et donc, je m'attends à ce que vous preniez des notes parce que ça va être très dense.
00:01:29 Alors, désolé, Pascal, mais on a changé le programme. Finalement, ce n'est pas ça
00:01:38 qu'on va faire. Pas de présentation détaillée de tous ces indicateurs sidérants qui font
00:01:46 que cette sixième extinction du monde vivant en cours signifierait l'atteinte d'un point
00:01:50 de non-retour. Le vivant, c'est aussi un sujet éthique et moral, un sujet qui est
00:01:56 peu visible dans les entreprises, dans nos économies et dans nos modes de vie et qui
00:02:01 est parfois éclipsé par la décarbonation de nos secteurs d'activité. Or, vous le
00:02:09 savez sûrement, le réchauffement climatique, ce n'est pas la cause de la disparition
00:02:14 de la biodiversité. Là, aujourd'hui, on ne va pas parler non plus de notre modèle
00:02:20 économique qui a toujours exploité sans limite les ressources de la nature. On ne s'interrogera
00:02:27 pas non plus sur notre rapport de domination sur l'ensemble des êtres vivants et des
00:02:32 écosystèmes. On ne se mettra pas en colère contre un capitalisme de plus en plus cynique.
00:02:39 On ne parlera ni des menaces qui font peur, ni des injustices qui indignent et nous font
00:02:44 se lever, nous font nous lever, pardon. L'action collective et syndicale a d'autres carburants
00:02:50 puissants pour avancer. Alors, tous ensemble, pour parler du vivant, nous allons tenter
00:02:57 de nous reconnecter au vivant et nous allons invoquer ce lien de gratitude qui nous relie
00:03:04 à la vie avec d'autres espèces. Ce lien régénérant avec la nature et mobiliser
00:03:11 notre émotion, notre curiosité et notre capacité d'émerveillement. Prendre soin du vivant,
00:03:18 c'est aussi prendre soin de nous tous et dans notre action syndicale, des salariés
00:03:24 que nous souhaitons défendre. Et au final, est-ce que nous connaissons si bien ce monde
00:03:29 réel autour de nous ? Alors, je passe la parole à Isabelle.
00:03:34 Merci. Alors moi, je vais vous proposer une expérience. Dans un instant, nous allons
00:03:40 ralentir et nous allons partir en balade à travers la prairie, la forêt, jusqu'à
00:03:47 l'océan. Je vais vous inviter à vous installer confortablement, à fermer les yeux. Et durant
00:03:52 cette balade, vous allez entendre des sons. Donc, vous reconnaîtrez un accord de piano
00:03:57 et juste après, un son. Il y aura 10 sons à travers les 10 étapes et vous allez vous
00:04:02 concentrer pour essayer de les reconnaître puisque cette expérience auditive sensorielle
00:04:08 sera suivie d'un petit quiz. Donc, vous allez entendre des sons. Ce sont des sons du vivant.
00:04:15 Certains sont menacés à court terme, d'autres à plus long terme. Vous les connaissez sûrement.
00:04:20 Donc, je vous laisse vous immerger. Et pour faire cela, je vais demander à éteindre
00:04:26 la lumière, à nous mettre dans une ambiance beaucoup plus calme et beaucoup plus douce.
00:04:31 Et oui, les assistants lumières arrivent. Donc, une ambiance plus calme, plus douce,
00:04:43 à ralentir. Je vous invite à relâcher vos épaules, à relâcher la nuque, à fermer
00:04:49 les yeux, à vous détendre. Comme le disait Frédéric, à être dans la gratitude, à
00:04:58 se reconnecter à ce monde que nous connaissons si bien et si peu et à partir en balade tous
00:05:04 ensemble. Je vous laisse avec la promenade.
00:05:08 [Musique] [Bruit de la mer]
00:05:34 [Bruit de la mer] [Bruit de la mer]
00:06:00 [Bruit de la mer] [Bruit de la mer]
00:06:27 [Bruit de la mer] [Bruit de la mer]
00:06:53 [Bruit de la mer] [Bruit de la mer]
00:07:20 [Bruit de la mer] [Bruit de la mer]
00:07:46 [Bruit de la mer] [Bruit de la mer]
00:08:12 [Bruit de la mer] [Bruit de la mer]
00:08:40 [Bruit de la mer] [Bruit de la mer]
00:09:06 [Bruit de la mer] [Bruit de la mer]
00:09:20 Après cette balade, nous allons nous reconnecter un petit peu à la réalité. Nous allons
00:09:23 prendre nos téléphones et derrière nous allons essayer de répondre aux quiz. Ce
00:09:28 qui va se passer c'est que nous allons repasser une bande sonore avec l'ensemble des sons.
00:09:33 Vous aurez la petite introduction au piano et le son qu'il faut deviner. Vous allez avoir
00:09:37 des réponses, plusieurs réponses qui vont être proposées sur le quiz. Il va falloir
00:09:42 trouver les bonnes. La bonne, avec une seule bonne réponse. Est-ce que tout le monde est
00:09:50 connecté ? Ça va être très rapide, vous allez voir. C'est bon derrière ?
00:10:10 [Bruit de la mer] [Bruit de la mer]
00:10:37 [Bruit de la mer] [Bruit de la mer]
00:11:03 [Bruit de la mer] [Bruit de la mer]
00:11:29 [Bruit de la mer] [Bruit de la mer]
00:11:59 [Bruit de la mer] [Bruit de la mer]
00:12:06 [Bruit de la mer] [Bruit de la mer]
00:12:20 [Cri d'un chat] [Rire]
00:12:29 Qui est-ce qui a 1 sur 10 ? Levez la main. 2 sur 10 ? 3 sur 10 ? 4 sur 10 ? 5 sur 10 ? La moyenne ?
00:12:55 10 sur 10 ? 7 sur 10 ? 8 sur 10 ? Bravo ! 9 sur 10 ? 10 sur 10 ? Bravo à toutes et tous.
00:13:21 [Applaudissements]
00:13:30 Merci à tous. Les solutions seront affichées dans la salle tout à l'heure. Et normalement,
00:13:38 Mickaël vous invite à une balade bucolique dans les rues de Paris pour écouter tous
00:13:43 les sons. Merci beaucoup à vous d'avoir expérimenté cet atelier. Merci à l'AF3C, à Jérôme Morin
00:13:55 pour cet espace de liberté et les innovations que sont les Sentinelles Vertes. Ça nous
00:14:01 permet de solliciter les ressources incroyables parmi nos adhérents, d'aller chercher des
00:14:04 partenaires eux aussi incroyables et de faire évoluer nos pratiques syndicales pour faire
00:14:07 face à des enjeux aussi complexes que menaçants. Alors avec cette balade, il nous reste encore
00:14:12 un son à vous faire écouter.
00:14:14 [Silence]
00:14:20 Je vais vous proposer, vous connaissez maintenant le cri du hérisson. Ça faisait partie des...
00:14:27 Il y avait un cri des hérissons. Je vais vous proposer un onzième son qui va vous permettre,
00:14:33 qui vont permettre tout à l'heure aux intervenants de s'installer à la tribune. Alors c'est
00:14:37 un son qui nous vient aussi du monde vivant, mais ça vient aussi des secteurs d'activité
00:14:41 que couvre la F3C pour nous rappeler que l'humanité, ce n'est pas que de la destruction. C'est
00:14:47 aussi du beau, c'est de la joie, c'est de l'émotion. C'est de pouvoir également aller
00:14:53 sur le registre du sensible et nous avons de belles choses à sauver et auxquelles nous
00:14:57 tenons dans cette humanité pour notamment construire un nouveau récit qui soit puissant,
00:15:02 qui puisse embarquer le plus grand nombre. Nous avons besoin d'imaginaire, de désir,
00:15:06 d'émotion et la création et la culture sont là pour ça, qui sont les secteurs d'activité
00:15:11 que recouvre entre autres la F3C. Donc ce onzième son, c'est un morceau de jazz.
00:15:16 Alors laissez-moi faire ce parallèle entre le jazz et l'accent syndical. Une des particularités
00:15:23 du jazz, c'est l'improvisation. C'est la capacité de musiciens avec chacun son instrument
00:15:29 et sa partition, de réussir à jouer ensemble et de créer et de construire une partition
00:15:36 collective qui va s'écrire au fur et à mesure. Pour cela, pour improviser, pour transcender
00:15:42 un groupe, une qualité est essentielle. C'est l'écoute. Un musicien de jazz qui veut improviser
00:15:51 d'abord avant de savoir jouer, il sait écouter. Et comme pour l'accent syndical où on écoute
00:15:56 les salariés, on écoute nos interlocuteurs, tout cela c'est primordial pour comprendre,
00:16:01 pour pouvoir s'adapter, trouver des alliances, trouver une voie de passage et construire
00:16:05 des victoires. Et face aux défis qui sont les nôtres, notamment sur les urgences écologiques,
00:16:10 il va falloir se transcender. Le morceau qui suit dure trois minutes. Un dernier mot sur
00:16:16 ce morceau parce que c'est bien aussi de se raconter des histoires, de raconter des belles
00:16:19 histoires. Ça a plus d'impact. Ce morceau a une petite histoire. Ce titre a été composé
00:16:25 par un contrebassiste de jazz qui est Avishan Cohen. C'est aussi un morceau original d'un
00:16:31 film français de 2017 qui s'appelle "Le sens de la fête". Vous avez dû le voir, peut-être.
00:16:36 Donc d'Eric Toledano et d'Olivier Nakache. Et c'est aussi un des derniers rôles de Jean-Pierre
00:16:45 Bacquerie. Et donc dans ce morceau, on entend ce morceau en fait, je ne veux pas trop spoiler
00:16:52 pour ceux qui ne l'ont pas vu, mais on entend ce morceau quand toute une équipe de salariés
00:16:56 qui va l'épuiser en ses ressources. C'est un groupe de salariés qui sont là pour organiser
00:17:01 un mariage qui est en train de tourner au fiasco. Et on voit cette équipe de salariés
00:17:05 qui finalement va l'épuiser en ses ressources pour sauver la fin de ce mariage et au final
00:17:12 avoir une fête de mariage à la fin qui devient magique et magnifique parce qu'ils ont réussi
00:17:17 justement à improviser cette musique. Et donc c'est important d'avoir aussi le sens
00:17:25 de la fête. Et donc je vous remercie d'avoir contribué et d'avoir apporté votre sens
00:17:29 à vous à cette fête qu'on veut également joyeuse malgré tous les enjeux qu'on n'a
00:17:35 pas décrit d'ailleurs. Nous ce qu'on voulait aller, c'est aller sur le domaine du sensible
00:17:39 qui est aussi un des carburants importants pour l'accent collectif. Alors un grand merci
00:17:45 à tous nos intervenants et à toi Emmanuel, je ne sais pas où tu es, tu es là, d'avoir
00:17:50 accepté de préparer et d'animer cette table ronde sur un sujet qui nous sort un peu d'une
00:17:54 autre zone de confort. Quelques jours après avoir animé et préparé une table ronde
00:17:58 sur l'Europe, ça permet de dire que les élections européennes c'est également des enjeux
00:18:06 importants où va également se jouer aussi l'avenir du vivant entre autres. Et donc
00:18:12 merci de prendre la baguette du chef d'orchestre et de nous faire animer ce concert avec tes
00:18:20 intervenants. Normalement c'est prêt et donc je vais vous mettre cette petite musique
00:18:25 pour qu'on ait un peu de, voilà, cette dimension de joie et d'improvisation.
00:18:33 Merci pour cette introduction très sensible et très, voilà, qui nous amène à un autre
00:18:43 niveau. D'habitude on intellectualise beaucoup les sujets dans l'action collective et là
00:18:49 c'est, ça nous touche ailleurs et donc merci beaucoup. Merci pour cette journée.
00:18:53 Merci à tous. Donc nous allons enchaîner sur cette table ronde. Merci aux intervenants.
00:18:59 Je vous présenterai peut-être au fur et à mesure. Donc pour parler de la biodiversité
00:19:05 en entreprise, d'ailleurs ce sera une très bonne question aux candidats, mais ce sera
00:19:08 pour une prochaine fois, sur leur vision de la biodiversité. Mais on va tout de suite
00:19:15 commencer par Marine Calmet. Donc vous êtes avocate de formation. Vous avez milité en
00:19:23 Guyane française contre le projet minier de la montagne d'or, abandonné en 2019, avant
00:19:29 de créer l'ONG Wild Legal, qui est à la fois une école, un incubateur pour défendre
00:19:36 les droits de la nature. Vous allez nous expliquer tout ça. Et vous avez également préfacé
00:19:40 la réédition du livre de Christopher Stone "Les arbres doivent-ils pouvoir plaider".
00:19:45 Alors pour commencer, parce que je pense que ici on est assez néophyte sur le sujet, pouvez-vous
00:19:54 nous dire ce qui vous a amené en tant qu'avocate, en tant que juriste, à vous intéresser aux
00:19:59 droits de la nature et puis à fonder Wild Legal ?
00:20:03 Merci beaucoup et ravi d'être parmi vous aujourd'hui pour vous parler de ce sujet,
00:20:08 parce qu'effectivement, ce qui m'a frappé le plus dans mon métier d'avocat, c'est
00:20:15 cette incapacité aujourd'hui de notre droit à faire face. Il y a quelques activités
00:20:22 qui m'ont touchée, qui ont des points communs, peut-être que vous les trouverez. Quel est
00:20:27 le point commun entre une mégamine comme Montagne d'or, justement, au fond de l'Amazonie
00:20:32 de France, mais aussi des chalutiers gigantesques qui vident les océans de leurs poissons,
00:20:39 ou les coubrasses intensives dans nos derniers massifs forestiers européens ?
00:20:43 C'est que toutes ces activités, elles sont parfaitement légales pour la plupart. Et
00:20:51 que quand on est avocat et qu'on n'a pas le droit avec soi, ça devient très problématique
00:20:56 de pouvoir agir correctement. Et il se trouve qu'effectivement, en Guyane française et
00:21:01 plus largement en Amérique du Sud, le mouvement des droits de la nature, qui a pour postulat
00:21:06 de base que la nature a des droits propres, a des droits fondamentaux, du fait de son
00:21:10 existence même, est très puissant, est un mouvement qui est en train de révolutionner
00:21:14 complètement la pensée juridique, mais aussi l'exercice de la protection de l'environnement,
00:21:19 pour justement proposer une alternative au modèle anthropocentrique, le modèle actuel
00:21:24 dans lequel l'être humain est placé au sommet de la pyramide du vivant, pour intégrer
00:21:28 ce que j'aime appeler le bioperspectivisme, c'est-à-dire l'idée que notre droit aussi
00:21:32 doit laisser de la place à la perspective des autres êtres vivants qui peuplent cette
00:21:36 planète avec nous. Et donc en théorie, il s'agit effectivement d'élargir les frontières
00:21:42 de notre société, en incluant ceux que notre droit a totalement invisibilisé, les réduisant
00:21:47 à des ressources, des biens, des gisements de services écosystémiques, et qui sont
00:21:52 en fait des êtres vivants à part entière, des écosystèmes qui ont besoin aujourd'hui
00:21:57 qu'on ouvre les yeux, qu'on enlève ces lunettes qui déforment notre vision du monde,
00:22:01 et qu'on se réinstalle nous, humains, dans notre milieu de vie.
00:22:04 Alors vous disiez que c'était une révolution du droit, alors justement, comment se construit
00:22:11 cette nouvelle approche, cette nouvelle législation, est-ce qu'on peut dire comme ça ? Et voilà,
00:22:18 quelles sont les traductions ?
00:22:19 Alors Christopher Stone théorise les droits de la nature en 1972, c'est une année importante,
00:22:26 c'est aussi la même année que le rapport Meadows, ce n'est pas anodin, c'est aussi
00:22:30 la même année que la plaidoirie de Gisèle Halimi sur le droit à l'avortement.
00:22:33 Hasard, je ne sais pas, en tout cas, il se trouve qu'en 1972, il se passe beaucoup de
00:22:38 choses, et Christopher Stone théorise juridiquement, pour la première fois, le fait que d'une
00:22:43 part, juridiquement, il n'y a absolument aucun obstacle à reconnaître la nature comme
00:22:47 un sujet de droit, mais qu'en plus, éthiquement parlant et socialement parlant, il s'agit
00:22:52 vraiment d'un message d'avant-garde pour faire en sorte que notre société transitionne.
00:22:56 Et donc, il dit que non seulement c'est juridiquement faisable, mais que c'est socialement souhaitable.
00:23:01 Et ça, c'est très important.
00:23:03 Et entre 1972 et aujourd'hui, il y a des États comme ça qui ont été pionniers,
00:23:08 et notamment l'Équateur, qui déjà en 2008 a reconnu les droits fondamentaux de la nature
00:23:12 dans sa Constitution, par le biais d'un référendum, donc les citoyens d'Équateur ont été amenés
00:23:17 à voter sur cette proposition qui, dans l'article 71 de la Constitution équatorienne, reconnaît
00:23:22 les droits fondamentaux de la terre-mer, de la Pachamama.
00:23:25 Et cet article constitutionnel a permis, par la suite, à de très nombreuses associations,
00:23:30 à de très nombreux citoyens d'aller devant la justice pour demander que des activités
00:23:34 qui menaçaient leur droit propre, mais aussi les droits de leur milieu de vie, soient tout
00:23:38 simplement abandonnés.
00:23:39 Et à travers l'Amérique du Sud, ce mouvement est très présent, en Colombie, en Bolivie,
00:23:45 en Argentine et ailleurs, au Costa Rica, aux États-Unis, près de 150 initiatives sont
00:23:53 déjà labellisées droits de la nature, il y a une grande mobilisation au Canada sur
00:23:58 le fleuve Saint-Laurent, et c'est un mouvement aujourd'hui qui est présent sur tous les
00:24:01 continents, que ce soit en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Inde et un peu partout ailleurs, et aujourd'hui
00:24:06 il prend en Europe, notamment en Espagne, qui a été le premier territoire à reconnaître
00:24:11 les droits de la nature dans une loi, la loi sur les droits de la Marménor, qui est une
00:24:16 lagune menacée par les activités intensives agricoles, et par le territoire français.
00:24:22 On en entend un petit peu parler en ce moment, je sais pas si vous voyez de quel territoire
00:24:27 je veux parler ? Il y a la Seine, il y a la Garonne, c'est plutôt les fleuves non ? Le
00:24:33 premier territoire en France à avoir reconnu officiellement les droits de la nature, c'est
00:24:36 la Nouvelle-Calédonie, et notamment la province des îles Loayeté, qui a, du fait de son
00:24:41 statut juridique un peu à part, peut écrire son propre code de l'environnement, et on
00:24:45 inscrit dès 2019 la possibilité de reconnaître les droits fondamentaux à la nature, et là,
00:24:51 en 2023, les droits fondamentaux des requins et des tortues dans son code de l'environnement.
00:24:55 Donc on est vraiment sur un territoire d'outre-mer pionnier sur cette question-là, et qui évidemment
00:25:01 est un vrai challenge pour nous aujourd'hui de répliquer et de montrer que c'est souhaitable
00:25:06 aussi à l'échelle de toute la France.
00:25:07 Et alors, quel levier, enfin en quoi ça peut construire, enfin en quoi ça peut aider en
00:25:14 tant que levier d'action et de transformation, en quoi ça peut véritablement changer les
00:25:21 choses ?
00:25:21 Je vais vous prendre un exemple que je trouve très emblématique, c'est la décision Los
00:25:25 Cedros en Équateur. Il s'agissait d'une décision dans laquelle le gouvernement avait
00:25:29 délivré deux permis miniers dans une forêt tropicale humide. Les citoyens étaient totalement
00:25:34 opposés à ce projet minier, et les scientifiques aussi, puisqu'il s'agissait d'un haut lieu
00:25:39 de recherche scientifique par ailleurs. Et ils ont saisi la justice, ils sont allés
00:25:44 devant les tribunaux, et le juge a non seulement annulé ces permis miniers qui étaient en
00:25:49 complète inadéquation avec les droits fondamentaux de la nature, parce que les activités minières
00:25:53 détruisent purement et simplement les milieux naturels dans lesquels ils s'implantent,
00:25:58 mais le juge a aussi ordonné à l'État d'organiser une grande concertation locale pour redéfinir
00:26:03 un plan de développement à l'échelle de ce territoire pour que les activités soient
00:26:08 désormais compatibles avec les droits fondamentaux de la nature. Et ça, c'est un gros travail
00:26:12 qui nous questionne aujourd'hui en tant qu'entreprise, comment on réintègre son milieu naturel,
00:26:16 comment on se fixe des limites, ça va être très fortement discuté, j'en suis sûre,
00:26:21 et comment on fait en sorte qu'il y ait une adéquation entre les impacts de nos activités
00:26:25 et les besoins fondamentaux des milieux naturels dans lesquels on coexiste. Et donc aujourd'hui,
00:26:30 il y a cette vraie remise en question entre la compatibilité d'une part de nos activités
00:26:34 industrielles et les droits fondamentaux humains les plus essentiels, l'accès à l'eau, la
00:26:39 santé évidemment, le droit à un environnement sain, mais du coup, on ne peut pas se passer
00:26:43 de la question du droit à la santé de nos milieux naturels, parce que l'un n'est plus
00:26:48 décorrélé de l'autre, on ne peut plus penser l'un sans l'autre. Et donc c'est vraiment
00:26:52 cet enjeu-là que soulèvent les droits de la nature, c'est comment faisons-nous humains
00:26:56 pour trouver une manière d'être en adéquation, en cohabitation pacifique avec les milieux
00:27:01 de vie dans lesquels nous nous inscrivons tous les jours.
00:27:04 - Alors, ça pose aussi la question de la représentation, parce que vous, vous êtes
00:27:07 avocate, quand vous plaidez, vous plaidez pour un client, mais si votre client, c'est
00:27:13 la Loire ou la Garonne, qu'est-ce qui se passe ? Là, il y a des choses à construire.
00:27:20 - Je vous rassure tout de suite, en fait, ça arrive tous les jours, puisque en tant
00:27:26 qu'avocat, en tant que juriste, très souvent, on défend les intérêts de la nature. Par
00:27:31 exemple, si vous êtes l'avocat d'une réserve naturelle ou d'un parc, vous défendez les
00:27:35 intérêts de la nature, et très souvent, les parcs et les réserves naturelles gagnent,
00:27:39 d'ailleurs, devant les tribunaux. C'était le cas du braconnage dans le parc national
00:27:42 des Calanques. Eh bien oui, l'avocat représentant le parc national des Calanques a gagné et
00:27:46 a obtenu la condamnation des braconniers. Et donc en fait, non, c'est pas si compliqué
00:27:50 que ça. D'une part, parce que c'est tout à fait faisable déjà aujourd'hui, d'autre
00:27:54 part, là où il faut aller plus loin, c'est que la nature n'a aucun droit dans nos mécanismes
00:28:00 actuels. On prévoit des sanctions pour certains comportements, je vous ai parlé du braconnage,
00:28:05 certaines coupes, rases par exemple, sont également illégales, heureusement. Certaines
00:28:09 activités sont proscrites, les pollutions de l'eau, des sols et de l'atmosphère par
00:28:14 exemple. Mais en fait, aujourd'hui, la nature, dans notre modèle juridique, n'a aucun droit.
00:28:18 Et le mouvement des droits de la nature vient apporter une forme de rééquilibrage justement
00:28:22 là-dedans, parce qu'en fait, des gardiennes et des gardiens de la nature, des avocats,
00:28:27 des tuteurs, des représentants, il en faudrait dans toutes nos institutions. Évidemment,
00:28:31 dans les réserves naturelles, dans les parcs, ça paraît évident, parce qu'on parle au
00:28:34 nom d'un espace naturel. Mais en fait, dans nos milieux politiques, il faut des représentants
00:28:38 de la nature. Dans les entreprises, il faut des représentants de la nature, qu'on soit
00:28:42 administrateurs ou syndiqués. Et puis, dans tous les modèles, et notamment nous, dans
00:28:48 les associations, on connaît ça très bien, dans notre objet social, on a la protection
00:28:51 de la nature. C'est notre mission, c'est notre définition même en tant que structure
00:28:56 de défendre la nature. Et donc en fait, il s'agit d'élargir l'horizon de ce qu'on
00:29:01 conçoit comme notre rôle dans la société. Et donc, au sein des Sentinelles Vertes, c'est
00:29:06 bien toute votre mission, c'est comment on fait pour faire émerger cette voix de la
00:29:10 nature dans toutes les institutions, parce que notre droit actuel, malheureusement, a
00:29:14 trop souvent occulté, banalisé les violences sur la nature, qu'on a considérées désormais
00:29:19 comme acceptables. Et la remise en question du système actuel, c'est une remise en question
00:29:23 de cette représentation, qui fait que très souvent, on a délégué notre pouvoir aux
00:29:28 élus. Les citoyens ne s'investissent plus beaucoup dans les démocraties de l'eau,
00:29:32 dans la démocratie locale et dans les entreprises. Comment on fait en sorte de faire émerger,
00:29:37 à travers tous les représentants, la voix de la nature pour éviter que, justement,
00:29:41 demain, on prenne des décisions stratégiques complètement hors sol, qui valorisent finalement
00:29:46 des intérêts court-termistes, et évidemment au détriment d'une pensée de long terme
00:29:51 sur cette génération ou plus, et qui nous permettrait de garantir que nos activités
00:29:56 sont tout simplement compatibles avec les milieux de vie dans lesquels on s'en sert.
00:29:59 Alors, une petite question qui me vient, là, en fait, en ce moment, avec Wild Eagle, est-ce
00:30:05 que vous avez des cas, justement, de défense et de construction de ce droit ? Et puis
00:30:11 sinon, nous avons des représentants ici de l'entreprise, mais justement, quelle application
00:30:17 vous pourriez voir, quelle interpellation vous pouvez faire aux représentants de l'entreprise
00:30:23 et bien sûr des syndicats ? Alors, chaque année, on fait un procès simulé. On utilise,
00:30:29 grâce à des associations qui sont nos partenaires, l'outil de la formation des étudiants en
00:30:34 droit pour incuber, on appelle ça comme ça, un futur procès. Et pour ça, on utilise
00:30:38 les droits de la nature. Et cette année, on travaille sur l'extraction de granulat
00:30:42 dans l'essuieur de la Gironde pour demander à nos étudiants en droit, questionnez-vous,
00:30:46 comment les droits de la nature peuvent trouver un équilibre, peuvent reposer de la question
00:30:50 de la compatibilité entre l'extraction de granulat, qui, au dire des scientifiques,
00:30:54 est en train de menacer à la fois le dérèglement climatique, parce que l'extraction de granulat
00:30:58 sert au BTP, sert à l'artificialisation des sols, et l'extraction de granulat menace
00:31:03 aussi directement l'écosystème de l'esturgeon, qui est une espèce qui, en théorie, est
00:31:07 protégée. Et donc du coup, les droits de la nature servent comme outil concret à nos
00:31:11 avocats, nos petits gardiens de la nature qu'on forme chez nous, à justement réutiliser,
00:31:16 par exemple la décision de Los Cedros, comme je vous disais tout à l'heure, comment est-ce
00:31:19 que Los Cedros pourrait être un exemple pour le droit français. Et donc je vous invite
00:31:24 à participer à visualiser ce procès simulé, ça sera le 15 juin, en direct depuis Bordeaux
00:31:28 et retransmis sur nos réseaux sociaux, où justement on rend accessible la justice et
00:31:33 les droits de la nature demain. Et ça c'est un outil très concret pour mettre aussi aux
00:31:37 entreprises de se dire "Ah, peut-être qu'il y a là quelque chose de l'ordre de la compliance,
00:31:42 demain comment on voit venir ce droit de la nature qui est en train de s'installer partout,
00:31:45 et comment on anticipe que les droits de la nature seront probablement une vérité demain,
00:31:49 une réalité juridique ?" Et pour un bon dirigeant d'entreprise, se mettre à la page, savoir
00:31:54 ce qui va venir, c'est quelque chose de déjà très concret. Et puis par ailleurs, on a
00:31:58 un programme d'expérimentation, on accompagne des sites pilotes partout en France, que ce
00:32:02 soit des collectivités, des parcs, des réserves naturelles, mais aussi des entreprises à
00:32:06 se questionner, et on fait du conseil, on leur élabore des outils juridiques pour permettre
00:32:12 justement à tous ces acteurs dans le territoire qui veulent utiliser les droits de la nature,
00:32:16 concrètement, comment on fait, comment on les met en place, on élabore des stratégies
00:32:20 juridiques avec eux, et on fait en sorte de justement faire avancer ces lignes-là.
00:32:23 Comment vous pouvez interpeller les représentants de l'entreprise avec ces lignes-là ?
00:32:30 Comment vous pouvez interpeller les représentants de l'entreprise avec cette nouvelle façon
00:32:34 de concevoir le droit ?
00:32:35 Comme je disais tout à l'heure, il s'agit à mon sens de permettre la représentation
00:32:40 de la nature dans tous les lieux de discussion et de décision. Et donc évidemment, le rôle
00:32:45 des administrateurs, il est essentiel, comment on fait rentrer la nature dans les conseils
00:32:49 d'administration, de manière à ce que justement les intérêts de la nature puissent s'exprimer
00:32:54 aussi dans la stratégie élaborée par l'entreprise. Mais aujourd'hui, si on est là, c'est aussi
00:32:58 parce qu'on ne peut pas penser les stratégies de protection des milieux naturels uniquement
00:33:02 de manière descendante, où le rôle de l'administrateur serait le seul finalement important dans l'élaboration
00:33:08 d'une stratégie d'entreprise. Non, il est absolument essentiel de prévoir des garde-fous
00:33:12 à tous les niveaux, que ce soit les représentants syndicaux, et grâce au statut protecteur
00:33:16 d'ailleurs des représentants syndicaux, qui est extrêmement intéressant. Et par ailleurs,
00:33:21 avec d'autres acteurs, les inspecteurs du travail, et bien d'autres acteurs encore,
00:33:26 et nous, les associations, nous avons à prendre notre place aussi dans ces modèles pour trouver
00:33:31 une manière justement pour le milieu associatif, pour les organisations de la société civile,
00:33:35 d'être des pionniers aux côtés des entreprises qui s'engagent.
00:33:38 Merci beaucoup. J'imagine qu'il y aura peut-être des questions tout à l'heure de la salle.
00:33:43 Franz Golt, donc vous êtes sociologue. Ce n'est pas très pratique ce micro. Vous êtes
00:33:52 sociologue, diplômé en sociologie des organisations à Sciences Po. Vous avez réalisé un documentaire
00:33:59 qui s'appelle Natura Naturans, interrogeant le concept de nature. Vous avez cofondé Ultralaborans,
00:34:13 une agence qui accompagne les métamorphoses du travail. Et enfin, vous êtes l'auteur
00:34:18 de La Nature au travail, dont le sous-titre est Collaborer autrement avec le vivant, paru
00:34:25 en 2024 aux éditions Quanto. Alors je vais me permettre en quelques mots de résumer
00:34:30 l'ouvrage, qui est à la fois très sous votre contrôle. Vous expliquez que la catastrophe
00:34:37 écologique à laquelle nous sommes confrontés est due au rapport que nous nous entretenons
00:34:45 avec la nature, dont nous nous sommes détachés, que nous envisageons réduite à l'état
00:34:50 de ressources, de marchandises, et avec lequel nous, donc l'homme, avons une relation de
00:34:56 domination et de prédation. Donc vous invitez à une réconciliation, et vous dites qu'il
00:35:02 faut, alors pour cette réconciliation, que vous appelez de vos voeux, vous dites qu'il
00:35:06 faut revoir notre relation avec le vivant non humain. Vous proposez une nouvelle forme
00:35:11 de collaboration, et pour cela vous proposez de revaloriser le statut de la nature autant
00:35:17 en droit qu'en politique, en économie, et bien sûr au travail. Alors, appliqué à
00:35:23 l'entreprise, et c'est là où ça nous intéresse, vous proposez trois pistes. Salarier la nature,
00:35:29 la représenter dans l'entreprise, et donc lui conférer un véritable statut de partie
00:35:34 prenante, au même titre que les actionnaires, lui donner un siège au comité de direction,
00:35:40 s'il vous plaît, et conférer aussi une valeur d'actionnaire à la nature. Vous allez nous
00:35:46 dire un petit peu plus sur ces trois pistes. Alors, pardon, j'ai été un petit peu longue
00:35:50 pour présenter votre voyage, mais ça semblait essentiel avant de vous poser la première
00:35:54 question, n'est-ce pas tout simplement utopique ?
00:35:57 C'est marrant parce qu'il y a trois mois j'étais au MEDEF, vous étiez là aussi,
00:36:07 et la journaliste m'a dit exactement pareil, n'êtes-vous pas un peu utopique, monsieur
00:36:13 Ego ? Mais on n'est pas au MEDEF ici, c'était vous aussi ? Non, non, c'est ça. Je me suis
00:36:21 peut-être trompé d'adresse. Non, non, c'est pas utopique. Alors, déjà préciser que
00:36:28 le livre que j'ai publié a été publié à EPFL, qui est l'un des principaux éditeurs
00:36:34 académiques d'Europe, donc c'est très sérieux. Et puis, pour vous donner des arguments par
00:36:42 les faits, je vais peut-être citer quelques exemples des trois scénarios, si ça vous
00:36:46 va. Et commencer par le plus perturbant en général de se dire est-ce que la nature
00:36:53 ne devrait pas être salariée ? Parce qu'au fond, quand nous, les humains, sommes sortis
00:36:57 de l'état d'esclavage, nous sommes devenus salariés. Il y a eu un petit laps de temps,
00:37:03 je le sais, mais l'idée, c'est qu'on est sorti de l'état de ressources, esclave, et
00:37:08 on est donc devenu une personne qu'on respecte au travail et qui s'appelle salarié. Et donc,
00:37:14 est-ce qu'il ne faut pas imaginer la même chose pour les entités naturelles ? Eh bien,
00:37:19 l'exemple que je souhaite partager, c'est les animaux. Les animaux, au fond, si en France,
00:37:25 on a un code de l'animal qui a été édité par Jean-Pierre Marguénot, tu me corriges
00:37:30 si je me trompe, 1700 pages. On a par ailleurs des tonnes de directives européennes qu'on
00:37:37 appelle de zootechniques qui viennent encadrer le travail des animaux, comme le font en grande
00:37:43 partie les 1700 pages du code de l'animal. Donc, on a une forme de protocole du travail
00:37:49 qui se dessine. On ne peut pas faire n'importe quoi avec un singe dans un cirque. On ne peut
00:37:53 pas faire n'importe quoi avec un chien policier. On ne peut pas faire n'importe quoi même
00:37:57 avec une vache dans l'élevage industriel. Donc, un début de code du travail. Mais
00:38:02 j'aimerais aussi rappeler, et ça me tient à cœur parce que je viens du Nord, donc
00:38:05 je viens des mines qui ont fermé, évidemment, aujourd'hui, mais j'ai quand même vu
00:38:09 un petit peu ce que c'était. Et mes grands-parents me racontaient qu'en fait, dans les années
00:38:15 30 encore, les chevaux qui travaillaient à la mine avaient des congés payés. Ça veut
00:38:21 dire quoi des congés payés pour un cheval ? Ça veut dire qu'il a le droit à un certain
00:38:24 nombre de semaines sans travailler avec tous les soins, le pâturage qui lui sont nécessaires.
00:38:31 Aujourd'hui, on a un certain nombre de chercheurs qui nous disent qu'il faut réinstaurer
00:38:37 des congés payés, une sécurité sociale pour les animaux, un droit à la retraite.
00:38:41 On a même des chercheurs qui très sérieusement posent la question du consentement. Si vous
00:38:51 êtes salarié et pas esclave, c'est parce que vous avez consenti au travail, vous avez
00:38:55 signé un contrat de travail quid du consentement des animaux. Et puis, mais on en reparlera
00:38:59 tout à l'heure, je crois qu'il faudrait peut-être que les syndicats se posent la
00:39:04 question de s'il ne faut pas représenter au fond les animaux, voire même les végétaux
00:39:10 qui travaillent pour l'entreprise. En tout cas, ce n'est pas moi qui le dis, c'est
00:39:13 un intellectuel sérieux qui s'appelle Alistair Cochrane, qui nous vient du Royaume-Uni.
00:39:19 J'étais un peu long sur le premier exemple, le premier scénario, et c'est pour vous
00:39:22 dire que c'est quand même assez sérieux et c'est comme ça qu'évoluent tout doucement
00:39:25 les choses. Mais il y a deux autres scénarios. C'est vous qui maîtrisez le temps, c'est
00:39:30 ça ? Ok. J'aime pas dépasser parce que c'est un manque de respect. Le deuxième scénario,
00:39:41 c'est de se dire bon, très bien, on va salarier les chiens et les poireaux. Pourquoi pas ? Soyons
00:39:46 fous. Mais les enjeux, ce n'est pas juste de respecter les organismes individuels, c'est
00:39:51 aussi de respecter les systèmes, les écosystèmes, le système Terre. Et là, ça va être compliqué
00:39:56 de signer un contrat de travail avec la planète Terre. Et donc, l'autre solution que je préconise,
00:40:01 c'est de se dire ces écosystèmes qui sont un petit peu des créations complexes scientifiques,
00:40:07 on va les représenter, on va représenter ces écosystèmes au sein d'un comité de
00:40:11 direction. Et là, à nouveau, nous avons des exemples. Il y en a plusieurs. On a quelques
00:40:16 en France et en Belgique, mais il y en a le tout premier, c'est Faith in Nature, qui
00:40:21 est une société britannique qui, en 2022, en septembre 2022, a dit je nomme un représentant
00:40:27 de la nature. Pas un salarié, pas un directeur RSE, un tiers, un externe qui va venir représenter
00:40:34 la nature au sein des institutions de direction de l'entreprise. Donc, ça existe. Et ce
00:40:40 directeur représentant la nature a un droit de vote, un droit de veto. Évidemment, c'est
00:40:45 pour les actionnaires, mais un droit de vote, c'est déjà pas mal. Et puis, ce qu'on parle
00:40:49 d'actionnaire, c'est le troisième scénario. Eh bien, oui, la nature commence à devenir
00:40:54 actionnaire. Et pour moi, c'est le scénario le plus ambitieux que j'explore dans le livre
00:40:57 et qui me semble le plus nécessaire parce qu'au fond, aujourd'hui, le pouvoir en entreprise
00:41:01 est bien au niveau des assemblées générales, au niveau de l'actionnariat. Il fut un temps
00:41:06 où c'était différent. Aujourd'hui, le libéralisme oblige. C'est comme ça. Et donc, on a l'exemple
00:41:12 de Patagonia, un patagonien en septembre 2022, qui dit Nature is our only shareholder. La
00:41:18 nature, la planète est notre seul actionnaire. Alors, techniquement, juridiquement, je regarde
00:41:25 si Marine ne me regarde pas avec des gros yeux. Ce n'est pas exactement la nature. C'est une
00:41:29 fondation qui a pris l'actionnariat. Mais si vous voulez, l'intention est là et c'est
00:41:33 un démarrage. Et Marine va me regarder avec encore des plus gros yeux. Mais moi, je pense
00:41:38 qu'il y a un exemple qui va encore plus loin, qui est le fleuve Wanganui. Pourquoi? Parce
00:41:43 que là, on a l'exemple d'un fleuve qui est devenu personne juridique, pas juste sujet
00:41:48 de droit, personne juridique récupérant la propriété. Donc, le fleuve s'appartient
00:41:53 à lui-même de la même façon que vous, monsieur, madame, votre corps vous appartient.
00:41:58 Donc, on est une vraie personne juridique qui a donc la capacité d'acheter des actions,
00:42:03 de devenir actionnaire. Donc, on peut imaginer que le fleuve rachète les petites entreprises
00:42:07 de pêche, rachète des terrains pour élargir son domaine d'influence. Mais surtout, on
00:42:12 a un fleuve qui, théoriquement du moins, a la capacité de devenir lui-même entreprise
00:42:17 et donc de vendre ses services pour son propre compte en banque. C'est à dire vous voulez
00:42:22 naviguer sur le fleuve, vous payez, mais vous ne payez pas à des humains. Vous payez au
00:42:27 fleuve de façon à ce qu'il y ait.
00:42:31 Dans le concret, puisque vous accompagnez avec votre cabinet de conseil, vous accompagnez
00:42:35 des entreprises. Alors lesquelles, comment, quels résultats, pour qu'on voit un petit
00:42:41 peu la traduction dans les pratiques ?
00:42:44 Oui, si vous voulez, il y a différents cas de figures. Il n'y a pas que des entreprises.
00:42:53 Il y a des collectivités aussi qui travaillent à représenter la nature. Je pense par exemple
00:42:59 à la mairie de Bordeaux. La mairie de Bordeaux, il y a un élu qui s'appelle Francis Faitout.
00:43:03 Il est là pour représenter le vivant et je le cite, il intervenait il y a un mois
00:43:08 à la fondation George Orestes, il est là aussi pour salarier les animaux. C'est à
00:43:12 dire pour ce que je vous ai raconté tout à l'heure, c'est à dire congés payés
00:43:16 pour les chiens policiers de la ville, etc. Donc il y a un certain nombre d'exemples.
00:43:21 Mais j'aimerais au fond partager la méthode. En fait, ce qui est important dans toutes
00:43:27 les structures publiques ou privées que j'accompagne, il y a trois grandes étapes,
00:43:32 trois grandes questions et je vais aller très brièvement. Mais la première question, c'est
00:43:36 de quoi on parle exactement ? De quoi on parle exactement ? Parce que moi, j'ai grandi
00:43:40 avec Philippe Descola, que vous connaissez peut-être, je ne sais pas, enfin, l'anthropologue
00:43:45 de la nature, Collège de France. Et Philippe Descola nous dit "la nature, ça n'existe
00:43:51 pas". Désolé pour les droits de la nature, mais la nature, ça n'existe pas parce qu'en
00:43:56 fait, la nature, c'est un concept qui désigne autant le poireau que les étoiles, les trous
00:44:01 noirs, les supernovas, les protozoaires et on intègre là-dedans les humains. Donc tout
00:44:05 est nature. Nature, ça veut dire univers. Donc ce n'est pas de ça dont on parle. Moi,
00:44:10 je ne dis pas qu'il faut représenter l'univers, les trous noirs et les protozoaires au comité
00:44:15 de direction. En fait, il faut se poser la question de qu'est-ce que dans la nature
00:44:20 on veut respecter ? Et ça, pour moi, c'est une question essentielle. C'est une question
00:44:24 essentielle qu'on se pose trop peu parce qu'il y a une forme d'évidence. On se dit
00:44:28 "tiens, c'est les neuf limites planétaires". Je pense que vous êtes familier avec les
00:44:31 neuf limites planétaires. Attention au réchauffement, attention à la biodiversité. En fait, on
00:44:36 ne représente pas la nature avec ça. On représente les générations futures. Parce
00:44:42 que je rappelle à tout le monde que les neuf limites planétaires, le titre complet de
00:44:47 cet article scientifique, c'est "pour garantir un espace de jeu, un espace de développement
00:44:52 sécurisé pour l'humanité". Donc, en fait, quand on parle de limites planétaires, on
00:44:57 parle des générations futures. Moi, ce que je dis, c'est que veut-on dans la nature,
00:45:02 en dehors des générations futures, protéger et représenter ? Est-ce que ce sont les
00:45:07 organismes ? Est-ce que ce sont les écosystèmes ? Est-ce que ce sont les territoires ? Il
00:45:11 y a plein d'entités naturelles différentes. Donc la première question, c'est ça. C'est
00:45:15 qu'est-ce qu'on veut protéger ? De quelle nature on parle ? La deuxième question, c'est
00:45:21 quel représentant ? Alors, chez Faith in Nature, vous vous souvenez, la société britannique,
00:45:28 c'est mon ami Alexandra Pimor, une juriste qui a représenté la nature. Alors moi, je
00:45:34 la taquine parce que je lui dis "mais de quel droit un juriste représente la nature ? Quelle
00:45:39 est la compétence d'un juriste ?". Mais je la taquine, évidemment, parce que quand c'est
00:45:43 un scientifique qui se prête au jeu, comme c'est le cas dans certaines entreprises belges,
00:45:47 je dis "mais de quel droit un scientifique vient représenter la nature ?" En fait, je
00:45:51 taquine un peu tout le monde pour la simple et bonne raison qu'en fait, personne n'a
00:45:55 la parole divine pour représenter la nature. Sans quoi, ça me rappelle un petit peu la
00:46:01 situation qu'on a connue en France il y a quelques siècles. Parce que vous vous souvenez
00:46:05 qu'on avait un roi qui disait "l'État, c'est moi". Je crois que vous voyez de qui je parle.
00:46:11 Et je pense que c'est embêtant d'avoir un représentant de la nature et moi, je milite
00:46:15 plutôt pour avoir une assemblée de représentants de la nature parce que et le scientifique
00:46:21 et le juriste et l'anthropologue et le machin vont chacun apporter une connaissance, une
00:46:26 compréhension de la nature. Comment ? Et les salariés ? Alors, les syndicats ont un rôle
00:46:32 à jouer, mais je crois que... parce que je sais que c'est la troisième question qui
00:46:35 arrive. Désolé, ça a été un peu préparé cette affaire. Et puis la dernière question,
00:46:41 je la passe, mais c'est quel pouvoir ? Parce que c'est bien gentil de nommer un représentant
00:46:47 de la nature au comité de direction. Mais c'est quoi son pouvoir ? Parce que le pouvoir,
00:46:51 comme je le disais tout à l'heure, il est chez les actionnaires.
00:46:53 Donc vous ne serez pas surpris de la troisième question. Donc quel rôle pour les syndicats
00:46:59 ? Et voilà, profitons de la présence de Marie-Lise et aussi de Jérôme. Comment pouvons-nous
00:47:07 nous saisir de ces scénarios ? En quelques mots.
00:47:09 C'est à dire qu'il me reste deux minutes, c'est ça ? J'aimerais préciser que pour
00:47:17 moi, les questions écologiques ne sont pas des sujets techniques. Ce n'est pas de la
00:47:20 supply chain. Ce n'est pas juste de la comptabilité extra financière. Quelqu'un l'a dit en introduction
00:47:25 tout à l'heure. Je remercie cette personne-là, Miquel, je ne sais plus qui c'était, mais
00:47:29 quelqu'un a dit c'est un sujet éthique et moral. Et en effet, se poser la question de
00:47:34 qu'est ce qu'on veut protéger, c'est éthique et moral parce qu'il y a plusieurs natures
00:47:39 à protéger. Mais derrière, ce qu'on protège dans la nature, ça veut dire des sacrifices
00:47:43 pour les humains. Donc c'est compliqué quand on dit stop la mine. Très bien, mais ça
00:47:48 veut dire déminerie en moins pour fabriquer. Donc, quel rôle pour les syndicats ? Quel
00:47:54 rôle pour les syndicats ? En fait, comme ces sujets sont compliqués, il faut discuter.
00:47:58 Il ne faut pas appliquer une grille technique. Il ne faut pas appliquer une grille extra
00:48:02 d'humain. Il faut discuter de ce qu'on veut faire. Et pour moi, c'est essentiel que dans
00:48:06 ce dialogue, il y ait les syndicats, puisqu'aujourd'hui, l'acteur légitime, légalement parlant,
00:48:11 disposant d'un pouvoir, c'est bien les syndicats qui sont en droit de discuter les décisions
00:48:15 de la direction générale. Mais j'irai même plus loin. C'est essentiel parce que si les
00:48:21 syndicats n'ont pas leur mot à dire, nous nous retrouvons dans une petite dictature
00:48:26 éclairée où la direction dirait la nature, c'est moi, ma RSE, c'est comme ça. Voilà
00:48:33 comment je fais. Donc, c'est au syndicat pour moi, pour ces deux raisons, un, dialoguer
00:48:39 et deux, ne pas se retrouver dans une petite dictature éclairée de la RSE qu'il faut
00:48:44 que les syndicats... Alors après, ça pose la question et j'arrête là, promis. Je vois
00:48:48 le regard un petit peu, les sourcils qui froncent. En fait, ça pose la question. Mais vous
00:48:54 vous souvenez, mes questions méthodologiques, de quelle nature on parle, c'est à dire
00:48:59 quelle nature représentent les syndicats ? Est ce que les syndicats représentent les
00:49:03 vaches et les chevaux qui travaillent à la mine ? Est ce que les syndicats représentent
00:49:06 les enjeux écosystémiques ? Sauf que la planète Terre ne vote pas. La planète Terre
00:49:14 ne passe pas aux élections professionnelles pour voter pour la CGT, la CFDT, que sais-je.
00:49:19 Donc comment on fait pour vous trouver une légitimité pour représenter des choses
00:49:24 qui ne votent pas ? En tout cas, il faut se poser la question, quelle nature, quel machin,
00:49:29 etc. pour affiner le rôle des syndicats.
00:49:31 Merci beaucoup. En tout cas, si votre livre s'appelle "La nature au travail", nous mettons
00:49:37 au travail aussi. Sylvain Brezard, vous êtes représentant de l'entreprise ici, mais d'une
00:49:46 entreprise perma-entreprise. Vous avez créé NORCIS, quelques mots de bio, vous avez créé
00:49:54 NORCIS qui est une entreprise du numérique en 94 et dès 2017, vous avez choisi de lui
00:50:00 donner une raison d'être et vous êtes entreprise à mission depuis 2018, si je ne me trompe
00:50:05 pas. Vous avez 750 collaborateurs, vous avez également créé une fondation et un institut
00:50:11 du perma-numérique. Je pense que ça intéressera les gens dans la salle et qui soutient. Donc
00:50:16 cet institut soutient des projets d'intérêt général qui améliorent l'impact environnemental
00:50:20 et social du numérique. Vous avez également été président de Greenpeace France et auteur
00:50:27 donc de ce livre "La perma-entreprise, un modèle viable pour un futur vivable, inspiré
00:50:35 de la permaculture", paru aux éditions Errol. Alors, je pense que la plupart des participants
00:50:41 connaissent la permaculture, mais un peu la façon, voilà, comment on cultive son jardin
00:50:44 par des méthodes respectueuses des écosystèmes. Et alors quand j'ai tapé permaculture sur
00:50:49 Google pour essayer de les voir plus clair, je suis tombé sur le site de Gamme Vert.
00:50:52 Bon, alors, je me suis dit que ce n'était pas tout à fait ça. Du coup, comment on fait
00:50:59 le lien entre la permaculture et l'entreprise et du coup, comment cette méthode ou cette
00:51:06 façon de voir s'applique à l'entreprise ?
00:51:07 Alors, je n'ai pas fait faire un cours sur la permaculture, mais effectivement, quand
00:51:20 j'ai eu cette intuition en me disant finalement, le modèle le plus vertueux dans la production
00:51:25 agricole qui est pour moi la permaculture, est-ce qu'il ne pourrait pas inspirer l'entreprise,
00:51:29 j'ai découvert comme beaucoup que ce n'était pas que savoir planter des petits pois à
00:51:33 côté des tourgettes parce que ça allait mieux comme ça. J'ai découvert un bouquin
00:51:37 de 700 pages du fondateur David Holmgren et je me suis dit, incroyable, c'est un concept
00:51:43 complet extrêmement pensé cette permaculture. Donc, comme il faut toujours se méfier de
00:51:49 ses propres idées parce qu'on pense qu'elles sont les meilleures, pendant quelques mois
00:51:53 j'ai monté un collectif pour dire vérifions que ça puisse être une bonne idée. Et en
00:51:57 fait, dans la permaculture, si je vais très très vite, il y a des principes éthiques,
00:52:01 tu parlais de principes éthiques, il y a des principes éthiques, il y a des principes
00:52:05 de conception, comment faire en fonction du respect de la nature, de l'environnement,
00:52:09 tout ça. Il y a des concepts de régénération, d'agencement d'écosystème, voilà, il y
00:52:15 a tout un tas de choses. Donc, mon travail ça a été de transposer tout cela pour une
00:52:21 entreprise et dans les conditions d'une entreprise. Donc effectivement, la permaculture, entreprise,
00:52:26 je vais vous dire, c'est un concept dans lequel on va commencer par établir un projet d'entreprise
00:52:33 autour de trois principes éthiques que j'ai un peu reformulés, prendre soin des femmes
00:52:37 et des hommes, pas que dans l'entreprise, également à l'extérieur, préserver la
00:52:41 planète. Et puis, quelque chose qui est souvent étonnant, c'est se fixer des limites et redistribuer
00:52:49 équitablement les richesses. Pourquoi celui-là je l'ai reformulé comme ça ? Parce que dans
00:52:53 la permaculture, c'est fixer les limites à la consommation, redistribuer les surplus,
00:52:56 c'est beaucoup moins large parce que pour moi, le problème numéro un du monde, ce
00:53:00 n'est pas la planète, ce n'est pas les êtres humains, c'est la redistribution des richesses.
00:53:03 Et on ne résoudra pas les problèmes de planète tant qu'on ne redistribuera pas différemment
00:53:07 la richesse. Donc, rien que les fondements de la permaculture, ces trois principes éthiques
00:53:12 vont structurer le développement de l'entreprise et son projet, et vous voyez, avec déjà
00:53:17 des engagements relativement forts. Alors après, il y a le comment faire, donc j'ai
00:53:22 transposé là aussi les douze principes de conception de la permaculture et j'y en
00:53:26 ai rajouté parce que ce que je voulais, c'est que ce ne soit pas un modèle RSE, un
00:53:30 énième modèle RSE. Très vite, mon constat, c'est qu'en 20 ans, la RSE n'a pas du
00:53:35 tout amélioré notre monde et je me suis dit, il faut arrêter de se gargariser avec ce
00:53:38 truc-là, il n'y a même plus de nouvelles idées, il faut essayer d'inventer quelque
00:53:41 chose. C'est comme ça que je suis arrivé à l'idée de dire, il faut qu'on parle
00:53:44 d'un modèle de développement d'une entreprise si on veut l'écoute des entreprises et
00:53:47 qu'on arrête de parler de RSE ou beaucoup de patrons ou de patronnes vont dire, de toute
00:53:51 façon ça coûte cher. Donc j'ai réécrit tout ça en y intégrant effectivement des
00:53:56 principes qui touchent aussi bien l'usage des ressources, alors ça m'a fait rire quand
00:54:02 on s'est mis à parler de la sobriété des ressources, c'est quelque chose qui est
00:54:05 abdi dans la perm'entreprise, dans la permaculture, enfin tout cela, voilà, je vais très vite
00:54:09 mais ça existe et puis j'ai rajouté des principes comme comment aligner son offre,
00:54:14 son offre de produits, son offre de services sur les trois principes éthiques, mon offre
00:54:18 moi qui est de la prestation informatique, en quoi je vais la faire évoluer pour qu'elle
00:54:21 prenne encore mieux soin des femmes et des hommes et il y a besoin quand on voit comment
00:54:25 ça déstabilise les nouveaux outils, en quoi je vais pouvoir pratiquer mon métier en préservant
00:54:31 davantage la planète, c'est toujours aller plus loin, voyez, est-ce que je n'ai pas des
00:54:35 limites à me fixer, etc. Donc il y a cela et puis j'ai évidemment repris ces concepts
00:54:42 de régénération des ressources, d'agencement d'écosystèmes, donc dans la perm' c'est
00:54:46 l'agencement des parties prenantes autour de projets et j'ai aussi ajouté, parce que
00:54:52 ce que je vous dis là, ça peut faire un beau projet d'entreprise, ce qui fasse rêver,
00:54:56 mais en aucun cas ça bougera des lignes. Donc j'ai rajouté 24 objectifs d'impact qui sont
00:55:01 incontournables, des objectifs d'impact qui touchent l'humain, qui touchent la planète,
00:55:05 qui touchent les limites à la redistribution et c'est ça qui dérange beaucoup parce qu'effectivement
00:55:09 si je vous dis que le salaire médian est le plus haut c'est un A5, si je vous dis qu'il
00:55:14 faut redistribuer au moins 50% des bénéfices aux salariés, impôts et sociétés civiles,
00:55:21 ça dérange énormément le monde patronal, mais je pense que c'est ça la solution à
00:55:26 ce que je vous dis. Si je vous dis qu'effectivement il faut travailler sur le poids carbone par
00:55:32 million de chiffre d'affaires ou centaines de cas de chiffre d'affaires, le poids carbone
00:55:35 par salarié et évidemment atteindre des taux qui sont indiqués dans le livre, ce
00:55:40 sont des objectifs d'impact qui sont extrêmement engageants et c'est ça qui fait que le modèle,
00:55:45 si on était des milliers à l'appliquer, on bouge les lignes, ça c'est certain.
00:55:49 Et alors justement dans votre entreprise NORSIS, comment ça se traduit par exemple
00:55:53 en termes de gouvernance, en termes de dialogue social ? Vous parliez de la rémunération,
00:55:57 est-ce que vous l'appliquez chez vous quand même ? Alors comment ça se traduit chez
00:56:04 vous, chez NORSIS ? Alors je n'ai jamais su pousser une idée
00:56:08 sans l'appliquer, sachez-le. Et j'expliquais à Marie-Lise quand on s'est vu que le conseil
00:56:14 d'entreprise, le CSE, je le pratique depuis 2005 et j'avais poussé cette idée-là
00:56:19 à l'époque quand je me couvrais d'un mouvement patronal. Donc j'applique.
00:56:23 Comment ça se traduit ? Ben par exemple, je vais vous donner des choses très concrètes.
00:56:31 On a dû créer un conseil d'éthique. Parce qu'on ne peut pas parler d'éthique sans
00:56:36 avoir un organe qui intègre des collabs et des personnalités externes. Et tout collab
00:56:45 peut solliciter le conseil d'éthique en disant "là je ne comprends pas la cohérence".
00:56:49 Donc dedans il y a des personnes qualifiées qui touchent l'environnement pour pouvoir
00:56:58 prendre nature, qui touchent, nous encore une fois on est dans les technologies numériques
00:57:03 donc le big data et tout ce truc là. Et puis il y a des collaborateurs. Et donc voilà,
00:57:09 ce conseil d'éthique a pu statuer, donc Gisèle a mis en place une méthodologie de
00:57:12 travail pour analyser les situations et a pu statuer sur le fait de dire "avec ce client-là
00:57:18 on arrête de travailler". A pu statuer en disant "sachez qu'à Nordsis depuis 7 ans
00:57:26 on ne commande rien sur Amazon". Voilà ça peut toucher des choses très quotidiennes.
00:57:30 Et ce conseil d'éthique a aussi un membre de CSE parce qu'un autre exemple de pratique
00:57:41 c'est que pour moi dans chaque organe, que ce soit un organe de gouvernance, que ce soit
00:57:45 un organe qui va construire quelque chose pour l'entreprise, construire un projet pour
00:57:49 l'entreprise par exemple, ou être dans le comité de mission puisqu'on entreprise
00:57:52 une mission, il y a toujours au moins un membre de CSE. C'est obligatoire, c'est une règle.
00:57:58 Autre exemple de ce qu'on peut essayer de faire...
00:58:04 Sur la gouvernance par exemple, est-ce que du coup vous avez véritablement transformé
00:58:08 votre modèle de gouvernance ?
00:58:10 En fait il est devenu plus démocratique parce que là aussi on est tous en lien ou en prise
00:58:19 avec le monde associatif. Moi je crois sentir le fait qu'il y a une attente qui s'exprime
00:58:31 de plus en plus sur ce besoin démocratique, en tout cas dans le monde associatif c'est
00:58:35 clair. Et donc je crois qu'il n'y a pas de raison qu'il n'y ait pas une attente de ce
00:58:41 type là dans le monde de l'entreprise. Alors ça veut dire quoi essayer de tendre vers
00:58:45 des principes démocratiques dans l'entreprise ? Ça veut dire effectivement qu'il faut faire
00:58:50 évoluer la gouvernance pour que le collectif puisse participer aux décisions clés, pour
00:58:59 que le collectif puisse même voter. On fait débattre et voter un certain nombre de décisions.
00:59:04 Et je vais donner la dernière, c'est un débat extrêmement intéressant parce que ça n'y
00:59:09 allait pas, je me disais ça ne va pas le faire, et c'est que dans tous nos organes il y ait
00:59:13 au moins un ou une jeune de moins de 30 ans. Pour qu'on reste en prise complète avec cette
00:59:19 évolution extrêmement rapide des générations. Voilà, ça c'est débattu et voter. Donc
00:59:26 la gouvernance, et ce que j'appelle démocratie éclairée c'est de dire, vous voyez quand
00:59:30 on fait des votes, sur ce coup là, on s'est dit c'est pas 50 qui nous faut, il nous faut
00:59:34 75%. Il faut que ça soit un ras de marée parce que ça va beaucoup bousculer tous les
00:59:39 organes de gouvernance. Quand on a voté, c'était avant le Covid, d'ailleurs ça nous
00:59:44 a fait rire près, mais le fait de ne plus prendre l'avion si on peut se déplacer en
00:59:47 moins de 6 heures autrement, là on s'est dit 50% ça suffit. Parce que ça touche très
00:59:52 peu de personnes de toute façon. Donc ce que j'appelle démocratie éclairée c'est
00:59:55 ça aussi, c'est de mettre en place des dispositifs pour pouvoir participer aux décisions, mais
01:00:01 pas de manière théorique par rapport à ce qu'on entend de la démocratie. Et plus
01:00:08 le changement risque d'être un virage serré, plus on va être exigeant dans le vote des
01:00:14 oui. Donc on a créé un panel démocratique par exemple, dans une entreprise, c'est bien
01:00:20 de solliciter les collabs, mais si vous écoutez il y en a un sur deux qui va dire mais attends
01:00:24 moi j'ai pas que ça à faire, moi tu sais, je viens d'avoir un enfant, les sollicitations
01:00:30 pour donner une position, tout ça, tout le monde sait ça. Et en tout cas, pour résoudre
01:00:35 ça, moi je me suis dit arrêtons d'embêter ces gens là, ils n'ont pas l'écoute. Donc
01:00:41 si on doit solliciter pour un référendum, pour une réaction sur une idée, on a créé
01:00:46 un panel démocratique, c'est à dire qu'en chaque début d'année on dit aux salariés
01:00:49 est-ce que tu veux faire partie du panel ? Si tu dis non il n'y a aucun regard négatif,
01:00:54 si tu dis oui tu t'engages à répondre à cette sollicitation dans l'année, dans la
01:00:58 semaine où elle sera émise. Et ça, ça fait qu'on a 30% des salariés qui jugent cela
01:01:04 et c'est super parce que c'est d'une efficacité incroyable. Une semaine c'est rien. Donc on
01:01:09 peut être extrêmement créatif sur l'évolution de la gouvernance et d'embarquer finalement
01:01:16 de plus en plus de collectifs.
01:01:17 Alors vous avez créé un réseau, il y a à peu près une centaine d'entreprises participantes,
01:01:23 un réseau de permanent entreprises. Une dizaine témoignent dans votre livre. Alors ce qui
01:01:29 m'avait frappé c'est que beaucoup de boîtes sont des petites structures souvent de conseils,
01:01:34 de formations, de quelques salariés. Alors est-ce que vous pensez que c'est un modèle
01:01:38 du coup la permanent entreprise, est-ce que vous pensez que c'est un modèle généralisable,
01:01:43 adaptable notamment au monde industriel ? Et est-ce que Total pourra un jour être une
01:01:48 permanent entreprise ?
01:01:49 12 ans de résidence de Greenpeace et vous me parlez de Total, non mais là je m'en
01:01:55 fais, là c'est pas possible, vous pouvez pas me faire ça. En fait ce que j'avais à
01:02:03 coeur c'est que ce modèle puisse s'adapter à toute taille d'entreprise. Et pas que les
01:02:15 grosses boîtes. Vous savez quand la RSE est arrivée en 2001 en France, ça s'est un peu
01:02:19 bougé et les grosses boîtes ont fait semblant de faire des choses etc. et s'étaient embarquées.
01:02:23 Et déjà à l'époque j'avais dit au CIGD, écoutez il faut qu'on avance nous pour que
01:02:28 ça puisse faire progresser toutes les entreprises. Parce que les PME et les entreprises de taille
01:02:32 intermédiaire qui sont faibles en France en nombre, ce sont elles qui soutiennent énormément
01:02:37 d'activités et d'innovations. Rien que pour ça, ça vaut le coup. Et donc le modèle
01:02:43 et c'est en cela qu'on l'a resimplifié dans la deuxième version du livre pour qu'il
01:02:49 puisse s'adapter à des entreprises de toute taille, 10, 50, 100, nous c'est 750. Et dans
01:02:57 la liste des entreprises qui y sont, il y a quand même des entreprises qui sont dans
01:03:00 le service électrique, dans l'aménagement des réseaux urbains, qui sont dans des secteurs
01:03:07 non tertiaires si je puis dire. Ça se passe bien. Il faut savoir aussi que des associations
01:03:13 l'ont adapté parce que finalement ce que je propose là c'est assez universel. Vous
01:03:18 pouvez l'appliquer à une entreprise, à une association, à une fondation, les mêmes
01:03:23 à titre personnel. Et donc il y a une association de 250 personnes qui est dans la médiation
01:03:29 sociale qui était en grosse difficulté. Et en fait elle s'est dit moi je vais revoir
01:03:35 mon métier, revoir mon offre de médiation au regard du modèle PERMA. Et en fait ils
01:03:40 ont vraiment difficulté de projet et ils ont pu comme ça reconvaincre à nouveau des
01:03:45 appels à projets et se relancer et devenir une PERMA association. Donc je pense que c'est
01:03:51 vraiment adaptable. Alors après si vous me dites est ce que c'est adaptable à une boîte
01:03:55 dans la fonderie, à Airbus. Oui, simplement il y a des chemins qui vont être très longs.
01:04:02 Il y a des chemins où il y a beaucoup de marches à monter. Mais il n'y a pas de raison.
01:04:07 Et ce qu'on veut c'est ne pas exclure en tant que tel. C'est à dire c'est pour ça
01:04:11 qu'on a revu aussi un peu l'exigence des objectifs d'impact. C'est que OK il faut
01:04:17 qu'il y ait un minimum de faits. Ça c'est sûr. Mais le but moi si on est clivant on
01:04:22 ne va pas faire avancer beaucoup de personnes, beaucoup d'entreprises, beaucoup d'associations.
01:04:26 Si on est moins clivant on va faire engager. Et je suis plutôt dans cette logique là
01:04:32 de faire en sorte que des boîtes s'engagent par conviction et non pas par pur intérêt
01:04:36 soit d'image, soit financier. Mais le et engage le plus rapidement possible les choses.
01:04:43 Mais le clivage ça ne marchera pas. Donc après à votre question très provocatrice,
01:04:51 sachez que il y a des clients, en tout cas Nord6, qui sont blacklistés. C'est clair
01:04:59 dont Total. Mais on l'a touché du doigt puisqu'on a une filiale qui a voulu qu'on
01:05:04 travaille avec elle et d'ailleurs le conseil d'éthique a statué là dessus. Mais moi
01:05:09 je pense que, je vais le dire autrement, ce modèle là vous savez pourquoi il est attractif
01:05:16 par exemple en recrutement ? Terriblement. Parce que les gens sentent très vite que
01:05:21 c'est authentique. On ne peut pas balancer un projet PERMA comme ça dans la com sans
01:05:27 être authentique. Ça se voit tout de suite si c'est du washing. Il suffit de demander
01:05:33 c'est quoi votre écart de salaire ? Et puis vous allez vite le voir. C'est quoi votre
01:05:36 poids CO2 par salarié ? Et vous allez vite le voir si c'est du. Donc je pense que ça
01:05:44 me ferait mal. Ça me ferait mal que des boîtes qui aujourd'hui sont encore à 96% dans les
01:05:49 énergies fossiles et qui continuent d'investir dans l'énergie fossile sans état d'âme
01:05:54 s'approprient la PERMA. Ça me ferait vraiment mal. Alors peut être qu'un jour, la CFDT
01:06:01 sera un PERMA syndicat à travailler. Merci Sylvain. Il y a eu des fuites. Non mais je
01:06:11 finis parce que effectivement, la deuxième édition, on s'est croisé avec Merely juste
01:06:19 avant et je lui ai proposé de faire une poste face qu'elle a gentiment fait. Oui en effet.
01:06:23 Bon je ne lis pas ce que tu as écrit. Mais pour moi, voilà, parce que je me suis remis
01:06:34 en question par rapport à l'intégration du dialogue social dans le modèle. Merci
01:06:37 Michael. Et effectivement, maintenant dans le modèle, il y a deux objectifs d'impact
01:06:41 qui touchent vraiment les acteurs du dialogue social, etc. Je pense que vous êtes au cœur
01:06:48 de tout ça. Vous savez très bien comment le patronat regarde les acteurs du dialogue
01:06:53 social dans l'entreprise de manière générale. Moi, ce que j'essaie d'expliquer, c'est
01:06:58 que bâtir un projet PERMA dans cette philosophie là, avec cette dynamique qui est inévitablement
01:07:04 collective, etc. Ça peut être un excellent moyen de faire évoluer le dialogue social
01:07:09 dans l'entreprise et de faire en sorte que ça ne soit pas vu comme des gens qui embêtent,
01:07:13 mais des gens qui aident à construire. Et c'est ce qui se passe à Norsis. J'ai dit
01:07:18 à Michael, viens dans la boîte, tu me diras si tu ressens. Mais j'en suis convaincu de
01:07:23 ça. Et c'est ce que j'essaie d'insuffler aussi dans le monde patronal, c'est de dire
01:07:27 mais profitez, comme certains me disent, oui, mais tu sais, c'est très méthodologique,
01:07:31 nous, on ne maîtrise pas de la méthode. Il faut aller chercher ailleurs. Je dis non,
01:07:34 non, profite de ce projet là pour apprendre à travailler avec méthodologie et dans une
01:07:40 démarche collaborative. Il y a beaucoup de boîtes qui ne savent pas le faire. Donc,
01:07:44 apprends aussi avec ce projet là à faire évoluer ton dialogue social et donc à les
01:07:49 rendre acteurs. Et tu vas voir la richesse que ça a. Donc moi, j'ai cette croyance là
01:07:52 en tout cas. En tout cas, j'essaie de les aimer. Voilà.
01:07:56 Merci beaucoup. Merci Sylvain. Pareil, je pense que ça suscitera des questions de la
01:08:03 salle tout à l'heure. Marie-Lise, secrétaire générale de la CFDT, je te présente, même
01:08:10 si tout le monde te connaît ici. Donc voilà, ce débat montre à quel point le rôle des
01:08:17 syndicats est attendu, questionné. Donc toi, pour la CFDT, voilà comment tu reçois ces
01:08:25 interpellations ? Qu'est ce que ça t'évoque ? Et puis, quel rôle tu veux impulser ou
01:08:30 qu'on prenne un peu dans cette nouvelle, dans ces nouvelles perspectives ?
01:08:34 Merci beaucoup. Marie-Lise, je suis la secrétaire générale de la Confédération. Je suis
01:08:40 ravie d'être ici. Je pense que vous me connaissez pour la plupart et que vous connaissez pour
01:08:44 la CFDT. Je le précise parce que, notamment pour les invités qui nous font le plaisir
01:08:53 de pouvoir débattre. Moi, je suis ravie parce qu'il y a plein de questions qui ne m'ont
01:08:58 pas été posées et je suis ravie parce que je n'ai pas les réponses. Et ça me permet
01:09:03 de, justement, continuer de déguiser la curiosité d'un syndicat, de pouvoir... Et parce qu'en
01:09:12 fait, les enjeux qui sont face à nous de protection et de reconnaissance de la nature
01:09:18 en tant que telle, ce sont des sujets qui commencent... Ça fait quand même quelques
01:09:25 années qu'il y a des personnes qui sont investies et engagées pour faire avancer
01:09:28 ces éléments-là. Mais on voit bien que c'est un sujet qui est devant nous et sur
01:09:32 lequel il va falloir trouver des réponses collectivement. Si je dis ça, c'est que...
01:09:37 Alors, je ne vais pas vous raconter ma vie, mais moi, j'ai le souvenir d'avoir fait des...
01:09:41 Dans le cadre de mes études, d'avoir découvert les premiers pas du droit de l'environnement.
01:09:46 Ça commence à faire quelques années. Et c'était... J'étais dans une formation de
01:09:52 chimiste et on commençait à avoir une sensibilisation et des cours de droit de l'environnement.
01:09:58 Donc il y avait la loi sur l'eau, le droit des déchets, etc. On sentait que l'activité
01:10:04 humaine avait des limites et que... Alors, c'était présenté comme ça. Ce n'était
01:10:08 pas du tout le droit de la nature. C'était comment on régule l'activité humaine pour
01:10:12 faire en sorte qu'elle puisse être pérenne et que l'homme, étant quand même un animal
01:10:16 un peu particulier, est capable d'aller jusqu'à sa propre extinction ou en tout cas à vouloir
01:10:24 continuer et avoir une intensité d'activité telle qu'il peut remettre en question ses
01:10:28 propres ressources. On voit qu'il y avait eu quelques premières briques d'éléments
01:10:33 de régulation et de ce que les entreprises aujourd'hui appellent des contraintes. Et
01:10:38 donc je trouve, et de façon très humble, je vous dis qu'aujourd'hui, la CFDT, on n'a
01:10:42 jamais eu de débat sur cette question du droit à la nature. C'est quelque chose qui
01:10:48 est probablement touché du doigt, abordé ici et là ponctuellement par des... Et je
01:10:53 pense qu'en fonction des secteurs d'activité dans lesquels les militants peuvent être
01:10:57 engagés, cette question-là, elle se pose avec plus ou moins d'intensité, que c'est
01:11:05 aussi effectivement une question d'éthiquette morale. À vous entendre, je me disais, est-ce
01:11:09 que d'une organisation comme la CFDT peut être considérée comme légitime à représenter
01:11:13 la nature ? Mais là, ça nous amène à d'autres... Et nous sommes reconnus comme une organisation
01:11:19 représentative qui est à même de construire et de défendre l'intérêt général. Alors
01:11:25 du coup, est-ce que la nature, le droit de la nature, les droits de la nature sont intégrés
01:11:31 comme éléments d'intérêt général ? Je ne sais pas si les choses peuvent être posées
01:11:35 comme ça. Ce dont je... Du coup, je n'ai pas de réponse définitive, mais... Et comme
01:11:40 on a un congrès en 2026, je pense que ça sera intéressant qu'on puisse commencer
01:11:44 à poser un certain nombre d'éléments. Donc je ne doute pas que les syndicats de la CFDT
01:11:49 seront pionniers et en tout cas attendront de la Confédération qu'il y ait peut-être
01:11:54 des choses un peu plus précises ou en tout cas qu'on commence à avancer collectivement
01:11:58 dans cette réflexion. Mais il y a une chose dont je suis persuadée, c'est que les représentants
01:12:03 du personnel à eux seuls ne pourront pas représenter les intérêts de la nature.
01:12:09 Et que vu les transformations, ça a été dit, les transformations auxquelles on est
01:12:16 exposé, des transformations qui sont d'ailleurs souhaitables, une expression qui a été utilisée
01:12:23 que j'aime beaucoup, c'est "on est face à une métamorphose et il nous faut être en
01:12:28 capacité de changer de lunettes". Donc il faut qu'on puisse être en capacité aussi
01:12:32 de re-questionner le rôle des uns et des autres. La CFDT, ça fait un moment qu'elle
01:12:37 réfléchit sur ces questions. On a édité un premier livre en 1977 qui s'appelait "Les
01:12:44 dégâts du progrès", c'est-à-dire comment l'évolution du monde du travail, l'épuisement
01:12:48 des ressources naturelles, alors on parlait de ressources à l'époque, comment est-ce
01:12:53 que ça construit du progrès ou pas ? Donc c'était relativement large et on voit bien
01:12:59 qu'avec l'ensemble des évolutions, on parle beaucoup du changement climatique, il y a
01:13:03 eu une fresque sur le numérique aussi tout à l'heure, enfin ce matin, on voit bien que
01:13:08 toutes ces transformations, elles ont un impact sur le quotidien. Sylvain, tu évoquais la
01:13:14 question de l'authenticité, dans le syndicalisme CFDT, on dit "changer le réel", c'est-à-dire
01:13:20 qu'il faut ne pas avoir uniquement des slogans, il faut pouvoir aussi changer concrètement
01:13:26 la vie des gens. Et quand on est embarqué nous sur cette question de la transition écologique
01:13:30 juste qui est un combat qu'on a beaucoup mené, CFDT, dans la délégation de la Confédération
01:13:37 internationale des syndicats qui était engagée dans la COP21 au moment de l'accord de Paris,
01:13:43 la question de la transition juste, elle est apparue à ce moment-là. Et la transition
01:13:47 juste, c'est de dire "oui, les organisations syndicales, en tout cas nous CFDT, parce que
01:13:53 ce n'est pas le cas de l'ensemble des organisations syndicales françaises, nous revendiquons
01:13:57 le droit de pouvoir défendre les intérêts des travailleurs, des citoyens qui sont dans
01:14:06 un écosystème où l'ensemble des parties prenantes et l'ensemble des parties de l'écosystème
01:14:13 dans lequel le travail se déroule, doit pouvoir être... C'est la pile qui bouge. Je ne vais
01:14:22 pas vous démonter le micro, mais je crois qu'on a un problème de pile. C'est l'ensemble
01:14:27 des parties prenantes. Donc on a, et je pense que ça a été évoqué aussi, on ne peut
01:14:32 pas traiter ces questions-là, de la représentation, comment prendre soin du vivant, le représenter
01:14:39 dans l'entreprise, si on ne se pose pas la question démocratique. Et donc, qui a même
01:14:46 de représenter l'environnement, l'activité au travail, l'écosystème, les parties prenantes.
01:14:58 Et je pense qu'aujourd'hui, les entreprises ne seront pas à même de relever les défis
01:15:08 qui sont devant elles, d'intégrer l'ensemble de ces parties prenantes si elles ne sont
01:15:12 pas en capacité, à minima, de revoir la façon dont elles fonctionnent en termes de
01:15:17 démocratie interne, et de re-questionner aussi leur modèle et leur fonctionnement
01:15:24 en termes de gouvernance. Nous on le sent, en tant que syndicalistes, je pense que vous
01:15:29 aussi, c'est une attente croissante de la part des travailleurs et des travailleuses.
01:15:34 On a fait une étude avec la Fondation Jean Jaurès, qui est parue en septembre dernier,
01:15:43 on avait besoin de se mettre du baume au cœur, on a voulu questionner un panel assez large,
01:15:47 il y a eu plus de 8000 répondants, c'est quoi la société idéale ? 75% des répondants
01:15:53 disent que le modèle idéal dans l'entreprise c'est la co-gestion. C'est-à-dire que
01:15:57 la façon dont l'expression, chacun veut avoir son mot à dire et veut pouvoir être
01:16:03 entendu et écouté. Et ça je pense que le modèle de demain de l'entreprise, la modernité,
01:16:08 le progrès, c'est revoir aussi le fonctionnement démocratique des entreprises, et de pouvoir
01:16:13 s'appuyer sur les travailleurs. La spécificité des travailleurs, c'est qu'ils peuvent,
01:16:19 ils sont, je les vois vraiment comme des liens, c'est des liens entre dans l'entreprise
01:16:24 et hors entreprise. Quand on parle de nature, quand on parle d'écosystème, les salariés
01:16:31 sont attachés à leur outil de travail, à leur entreprise, mais ils sont attachés
01:16:35 à leur environnement. La plupart des travailleurs vivent à côté de là où ils travaillent,
01:16:41 j'ai dit quoi ? Ils vivent ? Ils travaillent à côté de là où ils travaillent ? Ils
01:16:48 vivent à proximité de là où ils travaillent, donc ils sont au moins aussi attachés à
01:16:53 ce qui se passe dans l'entreprise qu'en dehors de l'entreprise, et qu'il y ait une harmonie
01:16:58 ou un équilibre le plus respectueux possible des différentes parties prenantes. Dernière
01:17:06 question, je rebondis sur ta dernière partie autour de l'impulsion et en tout cas qu'est-ce
01:17:11 qu'on veut porter à la CFDT. Je l'ai dit récemment dans une interview, un syndicat
01:17:18 qui ne se pose pas la question, qui n'a rien à dire sur les questions climatiques, l'évolution
01:17:23 de la société, la transformation du travail par la transition écologique juste, il est
01:17:29 à côté de la plaque. C'est une attente des travailleurs, c'est un enjeu sociétal,
01:17:35 et nous sommes des acteurs qui pouvons en plus prendre une part importante parce qu'on
01:17:41 a un rôle démocratique, on a aussi un rôle d'efficacité et de pouvoir faire en sorte
01:17:48 que cette transition soit efficace. Je suis toujours abasourdie de voir les difficultés
01:17:55 qu'on a par exemple sur la rénovation thermique des bâtiments. L'une des premières raisons
01:17:59 pour laquelle on n'arrive pas à avancer c'est qu'il n'y a pas les compétences. Les personnes
01:18:03 ne sont pas formées, elles n'ont pas accès à la formation pour pouvoir se former aux
01:18:07 différentes normes, l'utilisation des différents matériaux, les différents types d'isolation,
01:18:11 etc. Et donc le gouvernement au lieu de se dire comment on accélère là, il dit on
01:18:15 va diminuer les normes ou on va limiter les budgets de ma prime rénov. Donc on fait tout
01:18:21 à l'envers. En plus d'être des porteurs de cette transition, je suis moi persuadée
01:18:27 que les travailleurs sont des accélérateurs. Et si on arrive à les embarquer, s'ils trouvent
01:18:31 leur place dans l'entreprise, dans un collectif démocratique, ils seront encore plus moteurs
01:18:37 et ils ne seront pas comme on peut le voir ici ou là dans des entreprises où ça se
01:18:41 passe mal. On parlait des fonderies, le passage du thermique à l'électrique dans l'automobile.
01:18:46 On voit bien qu'il y a des entreprises dans lesquelles ça se passe très mal parce que
01:18:51 les salariés sont au pied du mur face à la fermeture. Alors on leur a dit bon, vous
01:18:55 êtes hyper expert du moteur thermique, mais en fait, on n'a plus besoin de vous. Allez
01:19:03 voir ailleurs. On ne pourra pas embarquer sur des enjeux écologiques si on reste dans
01:19:09 cette dynamique. Alors du coup, je ne sais plus où j'en étais. Oui, alors les autres,
01:19:16 ils font bien ce qu'ils veulent. Moi, ça me pose. Voilà, c'est pas forcément d'idée
01:19:20 pas forcément de critiquer les uns ou les autres. Néanmoins, moi, je pense que c'est
01:19:27 un axe incontournable. Vu l'histoire de la CFDT et l'ensemble des travaux et le fait
01:19:36 qu'on a quand même une spécificité de se dire la question de l'action syndicale, elle
01:19:41 ne s'arrête pas aux portes de l'entreprise. On a un enjeu à pouvoir être présent dans
01:19:47 d'autres dans d'autres sphères qu'uniquement sur les lieux de travail. Il faut qu'on puisse
01:19:52 effectivement continuer de travailler, d'être questionné, de se d'imaginer, de penser
01:19:59 en fait qu'elle doit être ou qu'elle peut être le ou les modèles de l'entreprise de
01:20:06 demain. Je pense que c'est absolument c'est absolument indispensable. Et je le dis alors
01:20:12 pour la boutade, mais pas tant que ça. J'ai un interlocuteur au moment de la nouvelle
01:20:16 logue syndicale d'une autre organisation syndicale au moment de la COP 21 qui, de façon
01:20:22 très tranquille, me disait que n'ayant pas d'adhérent chez les poissons, il n'avait
01:20:26 pas d'avis sur la pêche. Voilà. Moi, j'espère qu'il a évolué et que son organisation
01:20:32 a évolué. Mais voilà, ça fait partie des questions intéressantes aussi sur qui est
01:20:38 en capacité de représenter la nature ou d'autres ou d'autres ou d'autres d'autres
01:20:46 entités. Et c'est extrêmement extrêmement. Je pense que c'est indispensable. Et en tout
01:20:52 cas, ça n'est pas l'alpha et l'oméga de l'action de la CFDT. Mais je suis moi convaincue
01:20:59 que s'il y a en France un syndicat qui a même de porter cette transformation écologique,
01:21:05 c'est la CFDT. Merci beaucoup Marie-Lise. Et Mickaël disait, on est un petit peu hors
01:21:12 de notre zone de confort avec cette question. Mais tu disais en fait, sans opposer les droits
01:21:18 de la nature et les droits des salariés. Il n'y a pas une organisation syndicale n'est
01:21:22 pas une organisation pour les droits des travailleurs, des personnes et puis les frais de côté.
01:21:27 Au contraire, c'est un tout, c'est un ensemble. Merci beaucoup Jérôme. Jérôme
01:21:32 Dorin, secrétaire général de la F3C. Alors c'est chez toi que sont nés les sentinelles.
01:21:40 Donc voilà, vous êtes un petit peu précurseur, initiateur de ces questions. Donc voilà,
01:21:47 est-ce que tu peux nous rappeler déjà un petit peu le chemin parcouru par les sentinelles
01:21:50 et ensuite, comment tu reçois toutes ces interpellations aussi de Sylvain, de France
01:22:00 et d'autres pays? Voilà. Et comment tu reçois ça?
01:22:05 Donc bonjour à toutes et à tous. Sentinelles vertes, sentinelles. On n'a pas besoin de
01:22:12 définir. Et donc, c'est dans ce sens là que notre fédération a décidé de construire
01:22:18 un réseau, un réseau, un réseau pour répondre à une question sociétale qui nous intéressait
01:22:25 directement en tant que représentant des salariés. Donc la question autour, autour
01:22:31 des, on va dire la révolution environnementale et tous les impacts qu'il pouvait y avoir
01:22:38 dans l'entreprise. Alors je dis bien tous les impacts, puisque le sujet de la table
01:22:42 ronde fait que dans notre activité au niveau du réseau des sentinelles vertes, on commence
01:22:48 à s'intérer au sujet du vivant et qui est du coup un sujet bien plus précis à l'intérieur
01:22:55 du réseau qu'on avait construit et imaginé sur les sentinelles vertes. Toutes les interventions
01:23:04 là, ça permet aussi de nourrir, interroge, bouscule même pour certaines. C'est à dire
01:23:10 la nature deviendrait-il un salarié, donc avoir un contrat de travail. Donc ça peut
01:23:14 bien évidemment bousculer notre réflexion sur le sujet. En tout cas, l'essence même
01:23:23 d'une organisation syndicale, on dit souvent c'est défendre les salariés et quelque part
01:23:29 défendre, représenter les salariés, construire du revendicatif. C'est également défendre
01:23:35 les emplois que nous avons dans l'entreprise. Donc il y a ce côté dialogue de trouver
01:23:42 une juste réalité entre la réalité économique et la réalité sociale. Et quelque part aussi
01:23:48 défendre le vivant fait que ça nous permet tout simplement d'exister. Donc voilà, il
01:23:54 y a un sens. Il y a un sens évidemment sur ces questions. Alors une fédération puisque
01:24:00 Marie-Lise représente l'ensemble de l'organisation CFDT, une fédération. Donc moi, je vais plutôt
01:24:05 me concentrer un peu plus sur la partie fédérale. Une fédération, elle est là aussi pour négocier
01:24:12 dans les entreprises, donc accompagner par rapport à nos secteurs d'activité, nos
01:24:17 négociateurs dans l'entreprise, la représentation du dialogue social dans l'entreprise et aussi
01:24:21 négocier dans les branches, donc dans les secteurs d'activité sur la question de négocier
01:24:27 dans les entreprises. Bien évidemment, on revendique un dialogue social sur les questions
01:24:34 environnementales. On revendique aussi un dialogue social numérique. Donc on a l'impact
01:24:39 aussi des sujets autour de l'intelligence artificielle qui nous impacte. Et là, plus
01:24:44 précisément, à l'intérieur de ce dialogue social autour des questions environnementales,
01:24:49 c'est aussi d'essayer d'imposer un dialogue social autour du vivant. Donc la question
01:24:54 autour auquel est le sujet de cette table ronde. Donc, dans ce cadre là, c'est également
01:25:00 de se dire comment on fait que nos revendications, elles ne soient pas que utopiques, qu'elles
01:25:08 deviennent bien une réalité pour les salariés, pour qu'elles deviennent réalité pour les
01:25:13 salariés. C'est cette confrontation qu'on doit avoir avec les employeurs et se matérialise
01:25:19 par la construction d'accords. Donc, ça, c'est le sens même de notre action syndicale
01:25:26 et donc cette capacité à pouvoir dialoguer, créer des accords et des accords, évidemment,
01:25:31 qui répondent à nos orientations, donc à nos revendications. Donc là, là, en gros,
01:25:38 c'est le chemin sur lequel on parcourt. Alors, on donc, en ayant un spectre un peu plus général,
01:25:46 nous sommes évidemment sur définir les périmètres de discussion avec les employeurs. Ça revient
01:25:54 un peu à certains sens de définir qu'est ce que la nature de la nature. Donc, ces périmètres
01:25:59 de discussion qu'on doit définir avec les employeurs sur construire un dialogue et là,
01:26:04 du coup, un dialogue social sur le vivant, d'en tirer des accords. Alors, le sujet, évidemment,
01:26:09 de la permanent entreprise nous parle. Évidemment, ça nous touche directement. C'est pour ça
01:26:15 que voilà, on a cette vocation de travailler avec vous pour essayer de construire un accord.
01:26:23 On va dire alors, Michael emploie le mot jurisprudence, mais en tout cas, un accord qui permettent
01:26:32 de donner exemple à d'autres entreprises sur cette réalité économique et sociale.
01:26:37 Et c'est bien à travers le dialogue, à travers le respect du monde dans lequel on
01:26:43 vit qu'on est en capacité de faire avancer les sujets et nos causes et nos causes. Donc,
01:26:51 ce dialogue social du vivant dans l'entreprise nous semble important qu'on doit prendre en
01:26:57 main ce sujet, mobiliser également les lieux de gouvernance. Et donc, le conseil d'administration
01:27:05 devient un lieu de gouvernance qui est important aujourd'hui, un lieu de décision important.
01:27:11 Et donc, nous, on doit réfléchir à comment on accompagne nos salariés administrateurs
01:27:17 dans les entreprises pour justement être dès la source de ces orientations, de pouvoir
01:27:24 essayer de peser. Donc, on a un travail d'accompagnement à faire auprès de nos élus administrateurs
01:27:30 qui s'engagent également à réduire l'impact sur le vivant des actions et de l'investissement
01:27:37 d'entreprises. Donc, tout ce qui est érosion sur la biodiversité, disparation des écosystèmes,
01:27:43 la pollution et autres. Bien évidemment, donc, on a validé, on a décidé collectivement
01:27:52 au sein de la fédération et avec le réseau des Sentinelles Vertes d'engager une campagne
01:27:57 sur le vivant, donc pour le deuxième semestre d'ici la fin de l'année, d'engager une campagne
01:28:02 sur le vivant dans les entreprises afin, on ne va pas le faire seul, évidemment, parce
01:28:08 qu'on est un des acteurs. On n'est pas le seul acteur sur le sujet. On est un des acteurs
01:28:14 pour représenter le vivant, donc avec des partenariats afin de relayer les doyés de
01:28:22 construire des collectifs dans les entreprises avec nos élus, nos délégués syndicaux
01:28:28 pour une sorte d'acculturation, pour une prise de conscience des salariés et faire en sorte
01:28:35 que nos revendications deviennent réelles et plus plus au topique. Ça, c'est de manière
01:28:41 générale. Après, comment on peut agir concrètement ? Je ne sais pas si tu voulais poser d'autres
01:28:47 questions. Je déroule. Comment on peut agir concrètement dans l'entreprise ? On a quelques
01:28:53 leviers aujourd'hui. Déjà, on doit prendre conscience qu'on est la première organisation
01:29:01 syndicale. Qui dit première organisation syndicale dans nombre d'entreprises, dans
01:29:06 nombre de secteurs d'activité, on est première organisation syndicale. Donc première organisation
01:29:12 syndicale, ça veut dire que nous avons des délégués syndicaux dans les entreprises.
01:29:16 On a une représentativité et un poids certains dans l'entreprise. Donc, on peut on peut proposer
01:29:22 à l'agenda social. On peut essayer de peser sur les sujets, les thématiques qui sont mis
01:29:28 à discussion et à travers ça, donc essayer de dérouler bien évidemment notre cahier
01:29:34 revendicatif. Donc ça, c'est le premier élément. Après, il y a des leviers dans
01:29:39 les entreprises, dans les entreprises où on peut travailler sur. Je ne sais pas si c'est
01:29:43 des niches concrètement, mais si on prend les élus au niveau du CSE, on a les questions
01:29:51 des aides, donc sur les questions des activités sociales et culturelles. On peut bien évidemment
01:29:57 travailler. C'est ce qu'on fait. Par exemple, il y a eu des exemples avec Capgemini sur
01:30:06 les enforestés notamment. Donc, il y a un travail. Le témoignage après ne dit pas.
01:30:12 Donc, il y a des choses qui sont faites déjà par des équipes d'entreprise en commun avec
01:30:18 des structures, soit ONG, soit des petits cabinets conseils, des associations spécialisées
01:30:25 en tout cas sur les sujets. Donc, il y a des travails en commun à faire sur les AC. On
01:30:30 ne demande pas non plus d'un coup de bouleverser, de révolutionner la pratique des AC, mais
01:30:36 petit à petit, par des propositions d'action, des propositions qui sont faites aux salariés
01:30:44 d'utilisation des activités sociales et culturelles dans l'entreprise, de les faire évoluer et
01:30:50 donc de s'intéresser aux conséquences sur le vivant et donc de faire des choses qui
01:30:55 correspondent à nos actes. On a également au niveau de la restauration collective. Ce
01:31:02 qui est très important, c'est de faire des activités qui sont faites en collaboration.
01:31:07 Donc, on a aussi des activités qui sont faites en collaboration avec des associations spécialisées.
01:31:13 Donc, on a aussi des activités qui sont faites en collaboration avec des associations spécialisées.
01:31:20 Donc, on a aussi des activités qui sont faites en collaboration avec des associations spécialisées.
01:31:25 Donc, on a aussi des activités qui sont faites en collaboration avec des associations spécialisées.
01:31:32 Donc, on a aussi des activités qui sont faites en collaboration avec des associations spécialisées.
01:31:39 Donc, on a aussi des activités qui sont faites en collaboration avec des associations spécialisées.
01:31:46 Donc, on a aussi des activités qui sont faites en collaboration avec des associations spécialisées.
01:31:53 Donc, on a aussi des activités qui sont faites en collaboration avec des associations spécialisées.
01:31:59 Donc, on a aussi des activités qui sont faites en collaboration avec des associations spécialisées.
01:32:05 Donc, on a aussi des activités qui sont faites en collaboration avec des associations spécialisées.
01:32:11 Donc, on a aussi des activités qui sont faites en collaboration avec des associations spécialisées.
01:32:17 On a aussi des capacités d'action, des leviers qui peuvent être assez, un, pertinents,
01:32:25 et deux, force de résultats en termes de résultats pour notre organisation.
01:32:33 On a également la question de partage de la valeur.
01:32:35 Donc, il y a un ami qui a été signé il n'y a pas très longtemps sur le sujet de la partage de la valeur.
01:32:42 Mais aussi, nous, en tant qu'acteurs dans l'entreprise, concrètement, c'est de réfléchir au fait que l'investissement durable,
01:32:52 en tout cas, l'investissement doit être durable pour la santé et la préservation des ressources.
01:32:57 Donc, il y a eu quelques exemples qui ont été, que Sylvain a développés tout à l'heure.
01:33:03 Mais voilà, on a des capacités d'action, des leviers d'action qu'on peut avoir dans l'entreprise.
01:33:09 Ça, ça part du fait que nous, les Sentinelles Vertes, à travers les Sentinelles Vertes, c'est construire des outils,
01:33:15 donc des outils qui permettent d'accompagner nos équipes d'entreprise avec trois niveaux,
01:33:21 donc le conseil d'administration, le CSE et les délégués syndico-centraux sur la négociation d'accord d'entreprise.
01:33:27 Alors, justement, parce que l'heure tourne et puis ce serait bien aussi d'avoir quand même quelques questions de la salle.
01:33:32 Quand même, tu disais, voilà, progressivement, on fait des choses au niveau des ASC, tu citais Capgemini, tu citais les Enforestés.
01:33:40 Je crois qu'il y a des représentants dans la salle. Alors, Maxime, justement, Balza, toi, tu accompagnes des CSE.
01:33:53 Et parmi nous, il y avait d'autres témoignages, voilà, pour montrer comment déjà dans les entreprises,
01:34:01 parce que là, on a évoqué beaucoup de choses en se disant, mon Dieu, mais comment est-ce qu'on peut le traduire dans l'entreprise ?
01:34:06 Il y a déjà des choses qui se font. Donc, on t'écoute, Maxime, sur déjà comment toi, tu accompagnes les équipes rapidement.
01:34:15 J'ai deux petits, que ce soit rapide et que ce soit concret. Un chiffre très, très concret, 11 milliards.
01:34:23 Aujourd'hui, chaque année, les CSE sont à l'origine de 11 milliards de dépenses qui sont en fonctionnement en ASC.
01:34:29 C'est un quart du budget du ministère de la Transition écologique. Donc ça, c'est très concret.
01:34:34 C'est des montants qui, chaque année, sont fléchés. On parlait des ASC et les ASC ne s'arrêtent pas à la porte de l'entreprise.
01:34:42 Là, les élus CSE disposent d'un levier incroyable pour à la fois influer au sein de l'entreprise et influencer les salariés aussi dans leur famille
01:34:50 et avoir un impact positif de ce côté-là. Je vais vous donner trois exemples de comment le CSE peut faire entrer le vivant un peu dans l'entreprise.
01:34:58 On va commencer du plus basique au plus original. L'idée est d'une petite gradation ascendante.
01:35:04 Les premières vont vous sembler simples, mais c'est l'idée d'avoir un socle un peu solide pour construire.
01:35:09 Un, le CSE qui apporte la connaissance du vivant à ses collègues. On a un CSE client qui fait à peu près 3000 salariés,
01:35:17 qui a prévu 15 000 euros de budget pour faire tous les mois une conférence à ses collègues sur la thématique de la transition environnementale.
01:35:25 Là, j'ai au moins trois personnes aujourd'hui que j'ai qu'une envie, c'est de présenter à ce CSE en disant sur le temps de midi maintenant,
01:35:31 tu feras intervenir des personnes pour parler de la permanent entreprise ou du vivant en tant que défense.
01:35:38 Ça, c'est quelque chose qui est maintenant plébiscité. De mois en mois, ce CSE a de plus en plus de gens à ses conférences.
01:35:43 On apporte le savoir. C'est un avantage salarié au même titre qu'un autre. Dans le même type, c'est un peu plus de temps, mais toujours aussi efficace,
01:35:52 une fraise de la biodiversité. On la lit avec un apéro végétarien. Cette fraise de la biodiversité, nous, ça fait partie des choses qu'on fait assez régulièrement,
01:36:00 pour lesquelles les CSE sont en demande. Étape d'après, ouvrir la porte de l'entreprise pour que les salariés découvrent la nature.
01:36:09 Une petite entreprise du premier arrondissement, donc une entreprise très judicielle, a voulu changer sa soirée de Noël pour en faire une matinée de la solidarité.
01:36:19 Et tous les ans maintenant, depuis trois ans, ils vont végétaliser un lycée et un collège en ZEP. L'idée, c'est là de vraiment juste enlever du béton,
01:36:28 mettre des plantes et le faire en lien avec des collégiens défavorisés qu'ils n'auraient jamais croisés auparavant.
01:36:34 Donc, on remplace la soirée de Noël consommation, consommation par la matinée de la solidarité, où là, on va vraiment végétaliser.
01:36:41 Le CSE de Salesforce, 1500 salariés, a fait des ateliers permaculture pour juste apprendre à tous ces cadres ingénieurs très techniques, ces méthodes.
01:36:52 On en revient à la base en une après-midi, on ne va pas tout apprendre. Mais sur ces cinq sites, ils ont fait des ateliers permaculture, avec des assos locales.
01:37:00 Et c'était une ouverture pour les salariés qui ensuite s'est déclinée pour les familles.
01:37:04 Dernier point, le CSE qui permet aux salariés d'aller à la rencontre du vivant. Toujours le CSE de Salesforce, de qui on a dû changer les voyages au Club Med au Maldives.
01:37:16 Donc, un gros défi que je dis souvent parce que ce n'est pas si simple de trouver une meilleure alternative.
01:37:20 Mais sachez que ce CSE, désormais, propose des week-ends où les salariés peuvent aller écouter le brame du cerf en forêt de Champagne.
01:37:28 Le brame du cerf, vous avez peut-être entendu au début du parcours. Ça, c'est vraiment redonner le contact avec le vivant.
01:37:36 Quelque chose qui a été dit un petit peu pour paraphraser le commandant Cousteau. On protège ce qu'on aime et on aime ce qu'on connaît.
01:37:44 On va retourner là-dedans, dans ces week-ends, donner la connaissance du vivant.
01:37:49 Et le dernier exemple encore plus briscard, c'est le CSE, donc, Overline, qui propose à ses collègues, toujours en renouvellement d'autres voyages à l'autre bout du monde, d'aller sur les traces du lynx dans le haut-jura.
01:38:02 Alors là, on avertit dès le début. Les salariés ont 5% de chance de voir le lynx. Il en reste 170 spécimens à peu près dans le haut-jura. Très probable qu'ils ne le voient pas.
01:38:12 Mais avec ce photographe, on va aller sur ces traces, on va poser des affûts, il va y avoir des pièges photos. On va apprendre à découvrir la nature.
01:38:19 Et on va apprendre à l'aimer, apprendre à l'aimer pour la connaître et pour la protéger.
01:38:24 Merci beaucoup, Maxime. Tu me pardonneras, je ne t'avais pas présenté, donc, de représente.org.
01:38:32 Tu es cité dans un magazine que vous connaissez tous, qui s'appelle CFDT Magazine. Et on a fait le dernier numéro sur mon CSE passe au vert.
01:38:42 Maxime y est interviewé. Et donc, là aussi, vous verrez un petit peu toutes les actions que propose représente.org.
01:38:50 Je crois que dans la salle, il y avait deux... Voilà, c'est Stéphane, je crois.
01:38:56 Oui, alors bonjour, Stéphane Hénig de Capgemini. Je suis délégué syndical.
01:39:06 Et je vais vous expliquer comment nous sommes passés des goodies au vivant.
01:39:12 Le sujet paraît un petit peu farfelu. Et pour cela, j'ai un cheminement à vous exposer et à revenir sur certaines dates clés.
01:39:21 Donc je vais revenir sur 2016. Lors de nos élections, durant nos collectifs, on a parlé d'arrêter les goodies.
01:39:31 Ça a fait un flop complet, parce que certains ne se voyaient pas aborder les salariés si on ne donnait pas un calendrier, un stylo, ou je ne sais quoi.
01:39:44 Donc l'idée a été abandonnée. On a gagné les élections, ça n'a pas empêché cela.
01:39:51 Puis on se projette en 2019. Là, on a le coup de pouce du pack du pouvoir de vivre, avec une sensibilité un peu plus importante au sein de notre collectif.
01:40:03 Et du coup, on remet cette idée d'abandonner les goodies, qui sont en partie vraies.
01:40:09 Ça veut dire que tout le monde ne l'accepte pas. Certaines régions continuent à distribuer. Mais globalement, on arrive à faire quelque chose.
01:40:17 On fait trois dons à trois associations qui font partie du pack du pouvoir de vivre. C'était la fondation Abbé Pierre.
01:40:26 Il y avait la fondation Nicolas Hulot et le Secours catholique. Donc on fait trois dons d'un montant de 500 euros.
01:40:36 On axe notre campagne sur ces sujets-là. Je vous le donne en mille. On gagne les élections.
01:40:44 Arrive 2023. Là, avec tout ce qu'on entend sur le climat, il y a une réelle sensibilité. Et là, on dit pas de goodies. Interdit.
01:40:54 On définit un montant qu'on va remettre à une association. Au début, c'était assez flou. Le montant était assez clair, 2500 euros.
01:41:04 Par contre, il fallait trouver une association. Donc on a cherché. On s'est mis à quelques-uns. Et on est tombés, avec un peu de mal, sur l'association qui s'appelle Les Enforestés.
01:41:15 Une association qui est en Corrèze, du côté de Tulle. C'est le fin fond du monde de la France. Nous sommes partis les voir. On leur a expliqué un petit peu notre projet.
01:41:26 Puis, ils nous ont expliqué ce qu'ils faisaient. Donc ils rachètent des forêts ancestrales, 250, 200 ans et plus. Parce qu'il faut savoir qu'en Corrèze, il y a 95% des forêts qui sont dans le domaine privé.
01:41:42 Et il n'y a que 5% qui est géré par l'ONF. Donc la difficulté en Corrèze, c'est qu'il y a des sociétés malsaines qui recherchent les propriétaires de forêts.
01:41:55 Moyenne en finance rachète ces forêts-là. En général, ce sont des personnes assez âgées. Pour eux, ils voient le montant du chèque qui est bingo pour eux.
01:42:04 Ça fait une coupe rase. Et c'est une catastrophe. Donc on a vu ça. On a visité avec les gens qui sont passionnés dans cette association. Ils sont une cinquantaine à peu près.
01:42:15 Ils ont un bureau de 8 membres, dont un qui est spécialiste dans les forêts. Il a passé toute sa vie dans les forêts, dans la gestion des forêts. C'est pas un sauvage.
01:42:27 Et durant cette rencontre, nous est venue une idée. C'était de faire rentrer comment on pouvait partager ce qu'on était en train de vivre avec eux au sein de notre entreprise.
01:42:46 Et du coup, on leur a proposé de monter une formation. Parce que chez Capgemini, on a une spécificité. C'est qu'on a la CFP, ne pas confondre avec le CPF.
01:42:57 Donc on a une commission de formation permanente qui permet à chaque salarié, dans 4 domaines différents, de pouvoir choisir une formation.
01:43:06 Et on a le domaine de la partie sociétale et environnementale auquel les enforestés ont pu être inscrits. Ça a été un gros travail. Mais on a réussi à les faire mettre au catalogue.
01:43:20 Et je vous le donne en mille. C'est que dès que le catalogue s'est ouvert, la première formation qui a été remplie avec succès, ça a été celle-ci.
01:43:26 Et d'ailleurs, cette semaine, on a 12 salariés de chez Capgemini qui sont en Corrèze avec les enforestés pour comprendre ce que c'est que la forêt, la préservation, la biodiversité, etc.
01:43:38 Donc le monde vivant. C'est très concret pour nous. Il y a une deuxième session qui va être organisée pour nos salariés au mois d'octobre.
01:43:47 C'est pareil. Cette session est pleine et ça va faire bingo. Donc pour nous, c'est une réussite totale. Alors bien évidemment, on ne va pas s'arrêter là. On ne sait pas où on va, mais on ne va pas s'arrêter là.
01:43:57 Moi, j'ai déjà enclenché avec le syndicat du Contenta, du côté de Cherbourg, de trouver une association pour la défense du littoral.
01:44:08 Car les Cherbourgeois sont très attachés à leur littoral et ils sont extrêmement heurtés lorsqu'ils voient des quarts de touristes détruire leur plage, faire des ramassages de coquillages à la sauvage, etc.
01:44:21 Alors que c'est très réglementé. Donc là, on est en train de monter le sujet du côté de Cherbourg. J'ai quelques idées sur Lille et Orléans.
01:44:30 Ça ne va pas s'arrêter là. Je vais entraîner du monde et on va pouvoir œuvrer dans toutes les régions. Et bien évidemment, trouver des associations qui sont en relation avec la spécificité de la région.
01:44:43 Parce qu'on ne va pas faire la défense des océans à Paris. Ça n'aurait pas trop de sens. La Seine, on va en parler. Mais voilà. Donc voilà où on en est aujourd'hui.
01:44:53 Les Enforestés reviendront nous voir. Mais ce n'était pas le bon moment. Dommage. La date ne collait pas puisqu'ils sont focus sur cette formation avec nos salariés.
01:45:06 Et donc l'enjeu principal, c'était de rentrer le vivant dans l'entreprise. Chose qu'on a fait.
01:45:16 La direction, bien évidemment, quand je parle de la CFP, ce qu'il faut savoir, juste deux petites secondes là-dessus, j'en profite, c'est que la CFP, c'est quand même un acquis qui a été gagné par la CFDT en 1974, qui est toujours d'actualité aujourd'hui.
01:45:33 On y tient énormément. Et ces demandes de formation sont faites à l'initiative du salarié. Le manager n'a rien à dire. C'est une commission avec des règles très spécifiques, très strictes et définies qui permet de s'inscrire ou non à ces formations.
01:45:52 Donc notre objectif pour tout notre collectif, c'est d'aller voir nos syndicats, de travailler avec eux, de faire comprendre ce qu'on peut faire et de le diffuser ensuite à d'autres branches de la CFDT. C'est ça en fait.
01:46:09 C'est nous qui te remercions, parce que c'est un exemple extrêmement inspirant et tellement concret. On voit vraiment comment tu fais entrer le vivant dans l'entreprise.
01:46:26 Merci. Un dernier témoignage et après quelques questions, parce qu'on doit vraiment se quitter avant 16h.
01:46:47 Bonjour à tous. Laurent Sognier. Je suis délégué syndical chez Capgemini, comme Stéphane. Je vais faire très très court, je vous promets.
01:46:55 Il y a quelques années, on a monté ce groupe de travail autour de l'environnement, des actions incorresponsables, etc. Et on s'est dit quels sont aujourd'hui les leviers et les lois qui sont mises à disposition concrètement des élus et des délégués syndicaux, qu'on pourrait utiliser de façon très pragmatique.
01:47:16 Il y a un sujet auquel on a pensé cette année, c'est tout simplement le mécénat de compétences. On a négocié un accord pour permettre à des salariés en fin de carrière d'être mis à disposition d'associations d'ONG.
01:47:32 On fait aussi du mécénat de compétences à travers de la mise à disposition de salariés sur leur temps de travail. On a obtenu ça auprès de nos directions. Et là, depuis quelques semaines maintenant, on travaille avec l'association Terre de lien,
01:47:50 qui vise à faciliter la reprise de terres agricoles par des agriculteurs pour transformer les terres en terres bio et en vivre.
01:48:08 Et nous, on s'est dit comment on peut les aider. On fait de l'informatique. Aujourd'hui c'est une grosse association, ils gèrent du foncier, ils ont un réseau très important de militants.
01:48:21 Nous on a des compétences en informatique, donc on va les aider pour les sauvegardes, pour le site web, pour l'économication, pour la réglementation en termes de confidentialité des données.
01:48:32 Voilà, exemple concret, assez simple à mettre en avant.
01:48:36 Applaudissements
01:48:41 Merci beaucoup. Et surtout ça fait vraiment plaisir de voir qu'il y a déjà plein de choses qui se passent, des graines qui germent.
01:48:49 Donc on a un petit moment, une toute petite demie heure, disons 20 minutes de questions. Alors, si tu peux te présenter. Alors attends parce que je vais remettre mes lunettes du coup.
01:49:04 Est-ce que tu peux te présenter ? Et voilà.
01:49:13 Oui, je m'appelle Laurence Volbar, je suis de la société Orange. Je vais un petit peu titiller Jérôme qui disait tout à l'heure, aujourd'hui on a fait un repas végétarien. C'est bien, waouh !
01:49:26 Vu le thème de la journée, c'était un petit peu la moindre des choses quand même. Parce que l'innovation, elle serait que la cantine de la CFDT soit végétarienne tous les jours,
01:49:38 avec éventuellement une option viande ou poisson une fois ou deux par semaine, pour les irréductibles. Mais voilà, c'est ça l'innovation. Parce que nous on est dans les sociétés,
01:49:48 on doit se battre avec la direction ou avec les autres syndicats représentatifs dans nos sociétés. Et c'est un combat. Vous, vous êtes maître à bord de ce que vous décidez de donner à manger à vos salariés.
01:50:02 D'autre part, je voulais rebondir sur... Sylvain ? Pardon, sociologue ? Non, non, pardon, France, excusez-moi. Par rapport aux animaux, moi ce qui me gêne un peu aussi, c'est toujours cette histoire de vivant.
01:50:21 Le vivant c'est quoi ? C'est des plantes et des animaux. Alors pourquoi ne pas appeler les animaux ? Et tu parlais de consentement. Je crois qu'il n'y a aucun animal qui est consentant pour aller se faire égorger dans un abattoir.
01:50:35 Et juste aussi pour un chiffre, moi j'ai un chiffre, 3 millions. 3 millions c'est le nombre d'animaux qui sont tués chaque jour, juste en France, dans les abattoirs. Et j'en ai terminé. Merci.
01:50:49 Si je peux ajouter quelque chose, les végétaux ne sont pas consentants non plus. C'est juste que nous, les occidentaux, avec nos outils scientifiques, nous n'acceptons pas qu'il puisse y avoir une forme de conscience ou pas chez les animaux.
01:51:08 Il y a plein de civilisations où on considère qu'un végétal c'est comme un animal, c'est comme un humain. Et donc la question du consentement se pose aussi chez les arbres par exemple.
01:51:18 Et mon bouquin commence par cette question là. Un arbre doit-il consentir avant de donner du bois ou des cerises ?
01:51:25 Non, c'est de l'anthropologie de l'Amazonie.
01:51:43 Bonjour, Paul Mangetin. Je ne suis pas adhérent à la CFDT mais j'ai été invité par Mickaël. Je remercie à cette occasion. J'avais une question pour France.
01:51:53 La Maïf récemment a annoncé la création d'un dividende écologique qui consiste à louer 10% des bénéfices annuels à la régénération de la biodiversité.
01:52:02 Cette terminologie de dividende fait écho à une des pistes que vous avez esquissées sur rendre nature, conférer des droits pour être actionnaire, représenter à ce type-là dans les entreprises.
01:52:12 Du coup je voulais savoir si ça s'inscrivait dans cette réflexion-là et si vous étiez en lien, je prends l'exemple de la Maïf, mais avec d'autres entreprises sur ce type de réflexion.
01:52:20 Oui, je crois qu'il y a le crédit mutuel aussi. Maïf c'est 1%, crédit mutuel ça doit être 3%. Patagonia c'est 98% des dividendes qui du coup, face à la décision de Chouinard, vont...
01:52:33 Le problème c'est que ça ne va pas jusqu'au bout de l'idée. Verser des dividendes c'est bien, c'est une forme de charité exceptionnelle.
01:52:42 Chez Patagonia c'est des centaines de millions d'euros, enfin de dollars, qui sont versés. En fait moi le scénario nature actionnaire, c'est un scénario où telle forêt, telle fleuve, etc.
01:52:54 devient actionnaire avec des droits de vote en entreprise. Donc par des intermédiaires humains évidemment, alors des scientifiques, des juristes, des syndicats, peu importe.
01:53:04 Où en fait la forêt va avoir un droit de vote chez Total, si on reprend Total comme exemple, qui est cher. Et ça c'est un scénario que moi j'essaye de mettre en place en France,
01:53:15 mais qui comme je l'ai expliqué tout à l'heure, existe déjà ailleurs et c'est essentiel parce que c'est là où vraiment il y a le pouvoir au fond.
01:53:23 Et sinon c'est toujours l'actionnariat court-termiste. Et désolé je ne veux pas prendre trop de temps, mais je sais que...
01:53:30 Mais en fait on rémunère pas la nature, d'accord ? On rémunère jamais la nature pour les services qu'elle nous rend ou pour les espèces qu'on trucide.
01:53:43 Mais en fait pour moi, à défaut de rémunérer la nature jour après jour, au fond lui verser un dividende, ça me paraît assez fair-play, parce qu'au fond il faut bien qu'on entretienne la nature.
01:53:54 Il faut bien que l'argent vienne de quelque part. Et donc verser un dividende c'est malgré tout une bonne piste, même si c'est pas suffisant à mon humble avis.
01:54:09 Rachel Guilbeault, CFDT Santé Sociaux. C'est une question pour Marine je crois, l'avocate. Quand vous représentez un parc, quand vous représentez un fleuve, qui vous paye ? Qui vous saisit ? Est-ce que vous vous auto-saisissez ?
01:54:21 Alors pour ce qui concerne les réserves naturelles ou les parcs, en fait elles ont leur propre budget. Donc du coup c'est déjà une première forme d'entité naturelle juridique disposant d'une personnalité,
01:54:33 puisqu'elles peuvent agir en justice. Et donc l'avocate payée par la réserve naturelle est en fait mise sur un budget qui est du budget de l'Etat, un budget public.
01:54:44 Et pour ce qui est des associations, et bien là pour le coup on est vraiment face à aujourd'hui un puits sans fond de recours en justice, puisque tous les jours il y a des infractions aux codes de l'environnement,
01:54:56 et à divers codes qui touchent à la protection de la nature. Et donc aujourd'hui il s'agit aussi de faire en sorte que justement on puisse mieux financer les associations qui agissent en justice,
01:55:05 parce que la nature elle n'a pas d'avocat, où la nature paie très mal ses avocats à des enjeux comme ça. En tout cas il y a vraiment une question autour de la protection juridique de la nature aujourd'hui,
01:55:20 notamment par ce biais là, par le biais des avocats. Et il faut absolument faire en sorte qu'on redirige, alors ça a été dit, avec les fondations actionnaires, mais aussi tout simplement le système de dons de mécénat,
01:55:34 parce que encore une fois aussi par rapport aux mécénats, il faut aussi que plus d'entreprises ou de cabinets d'avocats s'engagent activement à protéger et à défendre la nature.
01:55:43 Moi quand j'ai commencé à chercher un cabinet d'avocats qui protégeait la nature, j'ai été bien surprise de constater qu'il y avait quand même beaucoup plus de cabinets d'avocats qui défendent les pollueurs.
01:55:53 C'est aussi ce qui m'a dirigée vers les droits de la nature, je ne vous le cache pas. Et donc il y a ce problème encore une fois de représentation et d'équilibre dans notre société,
01:56:04 parce qu'on a tendance à... Bah évidemment un cabinet d'avocats est bien mieux payé par Total ou par Vinci et Monsanto que par les forêts et les montagnes qui malheureusement aujourd'hui on le voit souffrent d'un déficit de budget pour leur défense.
01:56:20 Donc c'est une question de rééquilibrage et le rôle des entreprises, elle est en fait, et c'est là que je trouve la puissance des droits de la nature très importante, c'est qu'on est dans l'amont et pas dans l'aval.
01:56:30 Je considère souvent que quand on a recours au juge, malheureusement c'est que souvent on a déjà perdu, il est déjà trop tard. Le juge c'est l'homme du passé, le juge c'est celui qui revient sur la destruction, qui sanctionne.
01:56:40 L'idée des droits de la nature est de préserver en amont, de mettre en place des gouvernances dans lesquelles justement on n'entre pas dans ce cercle vicieux de destruction,
01:56:47 et de faire en sorte que les activités humaines soient compatibles avec les droits fondamentaux de la nature.
01:56:52 Et donc on s'évite finalement cette question de qui est l'avocat ou l'avocate de la nature en disant qui est le gardien et la gardienne de la nature,
01:56:59 comment on fait en sorte que ce rôle de protéger collectivement la nature permette une protection en amont plutôt que de judiciariser notre société.
01:57:07 Et on le voit avec des conflits qui sont des conflits qui opposent les entreprises, les associations de protection de l'environnement bien souvent,
01:57:14 et je pense qu'ils participent au fait aussi souvent, on ne se parle pas beaucoup, entre entreprises, entre associations,
01:57:19 et qu'il est nécessaire pour la paix sociale demain de faire en sorte que ce rôle de co-élaboration de propositions entre les associations,
01:57:28 et Sylvain t'en es vraiment l'exemple, t'as un pied aussi des deux côtés, c'est faire en sorte que notre connaissance, notre plaidoyer,
01:57:35 vienne enrichir aussi le travail des entreprises pour éviter demain des conflits, des désaccords qui devront être résolus devant le juge.
01:57:43 C'est quand même très dommage d'en arriver là, autant faire en sorte qu'on traite ces conflits en amont pour les éviter.
01:57:49 La question c'est qui nous saisit, effectivement, les conseils d'administration des réserves naturelles, des parcs peuvent agir,
01:58:04 n'importe quelle association quand elle constate sur le terrain une dégradation des milieux naturels,
01:58:09 si elle a un objet social qui prévoit la protection des milieux naturels, elle peut agir, elle donne mandat à son conseil d'administration,
01:58:15 à son président par exemple, je trouve ça président, de saisir les juridictions, ça c'est tous les jours, c'est comme ça que ça se passe,
01:58:21 et vous-même en tant que citoyenne et citoyen, vous pouvez saisir la justice, lorsque vous avez un préjudice personnel du fait d'une dégradation environnementale,
01:58:28 lorsque vous constatez dans votre milieu de vie une dégradation environnementale et que vous vous êtes personnellement touché,
01:58:34 n'oubliez pas que vous aussi vous pouvez saisir la justice et vous pouvez dans tous les cas de situation, de toute façon, déposer une plainte.
01:58:41 Pour le coup, on est vraiment dans chacun et chacune notre responsabilité face à la dégradation des milieux naturels,
01:58:47 je ne veux pas pousser à trop de judiciarisation, ce n'est pas le but, je pense que le débat est évidemment de comment on règle en amont ces conflits-là,
01:58:57 comment on fait en sorte que justement on s'accompagne toutes et tous pour devenir gardiennes et gardiens de la nature.
01:59:02 Et puis il y a aussi le dispositif des lanceurs d'alerte aussi, qui peut compléter, qui peut être là aussi un outil.
01:59:10 Warda de la Fédération de la Métallurgie. On voit très vite qu'on est partie du vivant, on a abordé tout un tas d'autres sujets sur la répartition des richesses,
01:59:30 notamment la gouvernance, l'entreprise, et je me dis, est-ce qu'il n'est pas peut-être urgent de combler le gap entre dialogue social et démocratie ?
01:59:42 Est-ce qu'il n'est pas urgent de remettre l'entreprise justement dans le champ démocratique, dont elle est en partie exclue aujourd'hui,
01:59:51 puisque le droit de vote au niveau des actions est lié à la détention d'actions, et donc ce n'est pas un salarié, un vote.
01:59:58 J'ai découvert juste il y a quelques années des travaux d'une chercheuse, alors je crois qu'elle est belge, Isabelle Ferreira, je ne sais pas si ça vous parle.
02:00:07 Elle parlait d'une forme de dialogue social qui serait un petit peu sur le modèle démocratique justement.
02:00:14 Elle parle de bicamérisme. Elle disait "Pourquoi ne pas faire évoluer le CSE tel qu'on connaît aujourd'hui
02:00:22 en l'élargissant finalement à d'autres représentants extérieurs à l'entreprise du type associations, expertise de la nature,
02:00:33 je ne sais pas, peut-être la nature, bref, les riverains, tout ça.
02:00:36 Donc le CSE, l'élargir à d'autres parties prenantes extérieures, et puis faire remonter les salariés et leurs représentants au conseil d'administration,
02:00:49 un peu comme une partie prenance finalement interne et donc qui aurait égal poids avec les actionnaires.
02:00:55 Voilà. Je trouvais ça intéressant. Je ne sais pas si vous connaissez ce point.
02:01:00 Merci Warda. C'est plutôt une question pour toi, Marie-Lise ?
02:01:04 Oui, effectivement, Warda. Ce que tu évoques, c'est exactement, je pense, le bon de modernité vers lequel il faut qu'on puisse aller et qu'il faut faire.
02:01:13 Alors, je ne te cache pas qu'avec le gouvernement actuel et ce qui nous a pondu en 2017 sur la question du dialogue social,
02:01:20 je pense que le chemin ne sera pas simple, mais ce n'est pas pour autant qu'on ne va pas continuer de porter cette question.
02:01:29 On a beaucoup été nous investir au moment, alors la loi, elle est tout à fait critiquable, la loi Pacte,
02:01:35 qui prévoit une nouvelle définition de l'entreprise dans le code civil, qui prévoit la création, par exemple, des entreprises à mission.
02:01:44 Moi, je pense que ce n'est pas forcément la multiplication des types de statuts qu'il faut viser,
02:01:48 mais en tout cas permettre un panel de modalités d'organisation des entreprises qui permettent justement d'avoir plus de démocratie
02:01:57 et plus de place à l'ensemble des parties prenantes.
02:02:02 En 2018, au moment du congrès de Rennes, on a acté le fait qu'il y avait des parties prenantes et il y avait aussi des parties constituantes.
02:02:12 Quand tu dis dans les conseils d'administration le fait de faire remonter les représentants du personnel,
02:02:20 je pense qu'une forme de rééquilibrage, déjà, serait d'avoir un meilleur équilibre dans les conseils d'administration
02:02:26 avec les représentants, si on reprend des termes d'économie, les représentants du travail et les représentants du capital.
02:02:36 Mais bon, ça reste tout à fait d'actualité.
02:02:40 Et l'idée, elle est bien entendue d'aller sur un meilleur représentant du travail.
02:02:45 Nous, on est sur l'idée, comme ça peut exister dans d'autres modèles, comme en Allemagne, où il y a un équilibre strict,
02:02:54 et bien entendu, une parité de représentation entre les hommes et les femmes.
02:02:57 Je pense que ça fait aussi partie des axes sur lesquels il faut qu'on reste aussi extrêmement vigilants
02:03:05 et qui permettent aussi d'amener le progrès.
02:03:11 Aujourd'hui, tu évoquais une chercheuse, il y a beaucoup de chercheurs, y compris en France,
02:03:21 notamment à Dominique Méda, qui a beaucoup porté ces questions de gouvernance renouvelée.
02:03:27 C'est un enjeu démocratique.
02:03:29 Et on est à un moment quand même où on a, nous, qualifié la période, notamment de 2023, de crise démocratique.
02:03:36 Je pense qu'il y a une envie et un besoin de plus en plus fort de pouvoir s'exprimer.
02:03:42 Et malheureusement, ce qu'on observe, c'est quand même plutôt un phénomène inverse du côté des entreprises et des employeurs
02:03:48 de vouloir moins de dialogue.
02:03:51 On a coutume de dire à la CFDT, il vaut mieux un bon accord qu'un mauvais procès.
02:03:55 Donc quand on peut dialoguer, c'est vraiment ouvrir tous ces espaces possibles en amont de l'atteinte d'un point de non-retour,
02:04:04 ou en tout cas, passer une étape qui fait qu'on franchit un cap, qui fait que le retour arrière, forcément, sera plus douloureux.
02:04:15 Donc effectivement, je pense que ça fait partie des sujets sur lesquels on continue de travailler, de pousser,
02:04:23 avec des vents contraires plus ou moins forts.
02:04:25 Et je ne vous cache pas qu'en ce moment, ça souffle force...
02:04:31 Je n'ai pas les graduations... J'ai l'échelle de Richter, mais ça n'a rien à voir.
02:04:37 Ça peut peut-être avoir un lien quand même.
02:04:41 Mais ce qui est fou en même temps, c'est qu'on n'arrête pas de dire...
02:04:47 Les dirigeants n'arrêtent pas de dire qu'il faut inventer le monde de demain, il faut innover,
02:04:51 il faut essayer de pouvoir être les plus innovants possibles.
02:04:55 Et je n'ai jamais connu de période comme aujourd'hui où on nous ressort des trucs que j'entends depuis 30 ans.
02:05:02 Donc il faut que nous, en tant qu'acteurs sociaux, on fasse entendre cette voix-là,
02:05:07 pour essayer de bousculer un peu les vieilles recettes.
02:05:10 Juste rajouter une petite chose.
02:05:12 Parce que...
02:05:14 Parce que...
02:05:16 Ce que vous avez évoqué, rien n'empêche de le mettre en place aujourd'hui dans une entreprise.
02:05:23 Et dans la mienne, tout est mis en place dans la mienne.
02:05:26 Tout ce que vous avez dit, même plus loin, puisque je vous dis qu'il y a des membres de CSE
02:05:30 dans tous les dispositifs, de gouvernance, de pilotage, etc.
02:05:34 On ne parle même pas de remonter.
02:05:36 C'est plutôt "Tiens, le CSE a fait ce travail-là, qu'est-ce que vous en pensez ?"
02:05:42 Donc on peut simplement, effectivement...
02:05:46 Encore une fois, je suis d'accord sur le fait qu'il n'y ait pas forcément beaucoup d'entreprises ouvertes à ça.
02:05:52 Mais rien n'empêche de le faire.
02:05:54 Et c'est ça aussi de se dire "Est-ce qu'il faut tout le temps des lois, etc. pour faire bouger les choses ?"
02:05:59 Alors que c'est comme le CSE, moi je l'ai mis en place en 2005,
02:06:04 rien n'empêchait de faire ça en fait.
02:06:06 Même si les lois étaient assez contraignantes avec le comité central et tous ces trucs-là,
02:06:10 on a trouvé des solutions avec des gens de chez vous pour le faire.
02:06:14 Oui, un mot. Alors j'arrête.
02:06:17 Moi, je rêve d'une chose,
02:06:21 puisque les échanges ont lieu, Marie-Lise et Jérôme ont évoqué des tas de choses.
02:06:25 Je pense que le syndicat de demain,
02:06:29 c'est le syndicat qui sera mieux prendre soin des femmes et des hommes à l'intérieur,
02:06:33 dans les entreprises extérieures, mieux préserver la planète,
02:06:36 savoir faire fixer des limites et travailler sur la redistribution des richesses.
02:06:40 Ça s'appellera un perma-syndicat.
02:06:42 Et donc, franchement, je serai là pour le fêter.
02:06:46 Oui, juste un petit mot aussi pour vous faire la passerelle.
02:06:51 On parle de démocratie dans l'entreprise,
02:06:54 et ça a été évoqué par toi, Marie-Lise,
02:06:57 la question du rôle du salarié à l'extérieur et à l'intérieur.
02:07:01 Aujourd'hui, il y a un recul aussi de la démocratie dans la société.
02:07:05 Et notamment, et moi je m'inquiète, j'ai aussi une casquette garant du débat public,
02:07:08 donc je suis mandatée sur certains dossiers d'ampleur,
02:07:12 et la Commission nationale du débat public doit assurer le débat avec la société,
02:07:16 sur des projets notamment portés par les entreprises.
02:07:18 C'est extrêmement inquiétant.
02:07:20 Emmanuel Macron veut faire reculer cette démocratie environnementale,
02:07:23 veut sortir du giron de la CNDP une grande partie des dossiers d'ampleur national,
02:07:29 des gros projets industriels.
02:07:31 Donc, ce sur quoi j'alerte, c'est que si le dialogue est rompu,
02:07:36 si le dialogue devient inexistant entre l'entreprise et les associations,
02:07:40 notamment qui prennent souvent part à ces débats,
02:07:44 qui participent activement à la démocratie environnementale,
02:07:47 s'il n'y a plus de débat ni à l'intérieur ni à l'extérieur de l'entreprise,
02:07:51 c'est-à-dire qu'il n'y a plus aucun lieu d'échange,
02:07:53 forcément la parole va se radicaliser,
02:07:55 forcément les mouvements vont devenir de plus en plus violents,
02:07:58 et on le voit sur des débats aussi essentiels que les bassines
02:08:02 ou que d'autres sujets qui sont en train de devenir épidermiques.
02:08:05 Donc, il y a une solidarité à mettre en place entre le monde de la société civile,
02:08:09 entre les associations et les entreprises,
02:08:11 parce que la question de la démocratie dépasse très largement
02:08:14 la question des murs de l'entreprise.
02:08:16 C'est la place de vous en tant que citoyen,
02:08:19 à la fois dans la société et dans vos entreprises,
02:08:21 pour porter ce message de la transition écologique.
02:08:23 Ça, c'est vraiment fondamental, et le recul aujourd'hui, il est réel,
02:08:27 et c'est un vrai danger pour la santé de notre société.
02:08:29 Je suis obligée de te couper, Marie-Lise.
02:08:31 Merci beaucoup, c'est parfait. Merci.
02:08:33 Un petit mot aussi, Franz ?
02:08:36 Comme je viens du Nord, je sais ce que ça veut dire, un mot.
02:08:39 Ou une phrase.
02:08:41 J'aime beaucoup, Marie-Lise, ce que tu as dit sur partie constituante,
02:08:45 parce qu'aujourd'hui, la théorie des parties prenantes,
02:08:48 qui est très à la mode en entreprise,
02:08:50 c'est quelque chose qui nous vient des États-Unis,
02:08:52 avec un terreau libertarien,
02:08:54 donc attention aux parties prenantes, aux comités, machin.
02:08:57 Donc partie constituante, c'est ça, la démocratie.
02:09:00 Et moi, j'ajoute, puisque c'est le thème de la journée,
02:09:03 pour terminer ma phrase,
02:09:05 je crois que la nature est une partie constituante.
02:09:07 Je suis désolé de le rappeler, mais bon, c'est important de le dire.
02:09:10 Merci. Merci beaucoup.
02:09:13 Un petit mot, Jérôme, vraiment un mot,
02:09:15 et on sera pile à l'heure.
02:09:18 On jongle avec les micros.
02:09:24 Pour conclure, un mot, donc, prendre soin du vivant,
02:09:28 c'est aussi prendre soin de nous.
02:09:31 Nous faisons partie du vivant, et dans l'entreprise,
02:09:35 poser la question de la santé des salariés
02:09:38 ou invoquer une reconnexion avec la nature,
02:09:41 la nature, c'est respecter notre vraie nature à nous.
02:09:44 Et retrouver du bon sens.
02:09:47 Merci beaucoup.
02:09:49 Merci à tous les intervenants.
02:09:52 Vos questions, la salle.
02:09:55 Et merci, Mickaël, pour cette belle initiative.
02:09:58 Merci, évidemment, à nos vidéastes,
02:10:01 à nos preneurs de son, nos accessoiristes,
02:10:04 tout ça, quoi. Toute l'équipe.
02:10:07 Merci à l'AF3C pour l'invitation.
02:10:09 Et à bientôt.
02:10:11 (Applaudissements)
02:10:14 (Applaudissements)