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Alors que des agriculteurs français et espagnols bloquent plusieurs points de passage le long de la frontière franco-espagnole ce lundi, Youssef Alaoui, le secrétaire général de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural, répond aux accusations de concurrence déloyale.

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Transcription
00:00 L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04 Bonsoir à toutes et à tous, vous l'avez entendu toute la journée sur France Info,
00:07 les agriculteurs français et espagnols ont organisé des barrages des deux côtés des Pyrénées
00:13 pour demander à quelques jours des élections européennes une politique agricole totalement harmonisée
00:19 et pour dénoncer la concurrence déloyale selon eux des fruits, notamment en provenance du Maghreb.
00:27 Pour répondre à ces accusations, je reçois ce soir le secrétaire général du syndicat patronal agricole marocain, Youssef El Houy.
00:35 Bonsoir.
00:36 Bonsoir.
00:36 Vous êtes le secrétaire général de la Comadère, la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural.
00:43 Les agriculteurs interrogés sur les barrages aujourd'hui par France Info dénoncent la concurrence déloyale des tomates en provenance du Maroc.
00:51 Est-ce qu'à votre connaissance, certaines de vos cargaisons ont été prises pour cible aujourd'hui ?
00:55 Non, aujourd'hui à mon connaissance, j'ai suivi un peu à la différence du 16 mai où effectivement des marchandises avaient été saccagées.
01:03 Non, ce n'est pas le cas aujourd'hui.
01:04 Donc il n'y a pas eu de cargaison de tomates marocaines détruites, immobilisées par les agriculteurs français ou espagnols ?
01:13 Non, effectivement.
01:14 Vous avez commencé à l'aborder, ça a été le cas il y a deux semaines du côté de Perpignan.
01:18 Oui, exactement, c'était le cas.
01:19 Et là, je voudrais certainement, de mon intervention aujourd'hui, rétablir certaines choses.
01:23 Parce que lorsqu'on parle de décongrènce déloyale, et on sous-entend que la tomate marocaine, la tomate cerise principalement,
01:30 ne respecte pas les normes sanitaires et environnementales, ce qui est faux.
01:35 Nous respectons totalement les normes sanitaires, sinon vous ne trouverez pas la tomate sur les états français ou européens.
01:40 Ce ne serait pas possible.
01:41 Ce ne serait pas possible. Il y a des organismes de contrôle, il y a la répression des fraudes.
01:44 Et j'en reviens aussi à l'excitage d'origine.
01:46 Effectivement, c'est bien mentionné, origine Maroc.
01:49 Parce qu'effectivement, l'an dernier, on a retrouvé des barquettes de tomates cerises à moins d'un euro dans des hypermarchés Leclerc.
01:55 Ça avait fait l'objet d'une manifestation d'agriculteurs qui étaient venus coller des étiquettes "origine Maroc".
02:01 Donc, sur les barquettes marocaines, ça vous met en colère, ça ?
02:05 Ça me met en colère, tout simplement, parce que l'origine marocaine est mentionnée.
02:08 C'est une norme obligatoire, c'est une norme européenne obligatoire, française.
02:11 Et l'origine Maroc est clairement mentionnée.
02:13 Pas compris l'intérêt de cette démarche.
02:16 Alors, c'était pour montrer que les barquettes marocaines sont beaucoup moins chères.
02:22 Moins d'un euro, la barquette pour les tomates cerises marocaines, contre trois euros à peu près pour les tomates cerises françaises.
02:27 Alors, j'explique. Nous avons la...
02:30 Vous êtes d'accord ?
02:31 Comment ?
02:32 Les prix n'est pas du tout le même. Trois fois moins cher.
02:34 Oui, bien sûr. Et c'est le cas dans d'autres produits, ou à l'inverse, les produits français sont moins chers que les produits marocains.
02:38 Mais là, c'est à peu près de... voilà, trois fois moins cher.
02:40 Tout simplement, nous avons du soleil toute l'année. Nous produisons toute l'année. D'accord ?
02:44 À la différence, vous savez que durant l'hiver, s'il fallait produire la tomate cerise en France, il faudrait le faire sous serre chauffée.
02:51 Avec une empreinte carbone importante, avec des... et c'est très énergivore.
02:55 Et donc, effectivement, maintenant, le principe est... qu'est-ce que veut le consommateur ?
02:59 Il veut des tomates aux normes européennes.
03:01 Toute l'année ?
03:02 Toute l'année.
03:03 Mais moins chères ?
03:04 Mais moins chères.
03:05 Mais, monsieur Alaoui, vous ne nous expliquez pas pourquoi est-ce qu'elles sont beaucoup moins chères ?
03:06 Vous avez quand même un coût du transport.
03:08 Ces tomates, elles viennent d'abord par bateau, puis par camion.
03:11 Vous avez quand même un coût du transport.
03:12 Vous dites que vous respectez, effectivement, toutes les normes en vigueur en Europe.
03:16 Pourquoi sont-elles ? Comment faites-vous pour avoir des tomates trois fois moins chères que les tomates françaises ?
03:22 Nous avons un enseignement permanent, qui fait vraiment toute une différence.
03:26 Nous avons, effectivement, par exemple, sur la région de Sousse, la région d'Aguédir, qui est fortement productrice,
03:32 depuis quelques années, une station de dessalement, qui nous permet d'avoir de l'eau à l'année.
03:35 Et donc, ces problèmes, par exemple, récurrents de stress hydrique, nous ne l'avons pas sur le principe de la tomate.
03:40 Et je crois que là-dessus, c'est comme sur d'autres produits, où, effectivement, on est, en termes de productivité,
03:46 meilleur que ce qui se passe en France, surtout derrière la période d'hiver,
03:49 ce qui fait que nous sommes moins chers, comme sur certains produits,
03:52 où, par exemple, le blé français qui arrive au Maroc, nous sommes importateurs de plus de 2 millions de tonnes,
03:57 2 200 000 tonnes exactement, où le blé français, effectivement, puisqu'il répond aux normes, rentre,
04:02 et il est beaucoup plus, disons, compétitif que le blé marocain.
04:06 - Et alors, qu'est-ce que vous répondez aux agriculteurs que vous avez entendus sur les barrages, qui parlent de concurrence déloyale ?
04:11 Ils mentionnent notamment le coût du travail au Maroc, qui est moins élevé qu'en France.
04:15 - Alors, je répète, le coût du travail, il y a un salaire minimum horaire qui existe au Maroc,
04:19 il y a une couverture sociale qui existe au Maroc, et ce salaire minimum est en rapport avec le niveau de vie.
04:23 Et, à ma connaissance, il n'y a pas de salaire...
04:27 - Il y a un salaire minimum en France aussi ?
04:29 - Oui, non, non, il y a un salaire minimum, mais je ne pense pas qu'il soit commun sur l'ensemble de l'Europe.
04:33 On ne demande pas à l'agriculteur italien, ou roumain, ou polonais de s'aligner sur le salaire.
04:39 Et je crois que là, je ne voudrais pas revenir à un faux débat comme le débat du plombier polonais,
04:45 et revenir à l'ouvrier marocain.
04:47 - Qui était un des débats de précédente élection européenne.
04:50 - Voilà, j'ai l'impression que...
04:54 - L'agriculteur marocain a remplacé le plombier polonais.
04:57 - En tout cas, vous êtes là, monsieur Alaoui, aujourd'hui, sur un plateau français,
05:03 pour expliquer, pour exposer vos arguments.
05:05 Pourquoi est-ce que c'est ? Parce que vous êtes inquiet, vous avez peur, aujourd'hui,
05:08 que les Français ne consomment plus de tomates cerises.
05:11 C'est un gros marché pour vous, quand même, la tomate cerise en France.
05:14 C'est quasiment, je crois, la moitié de vos exportations de tomates.
05:17 - Non, non, alors c'est 50 000 tonnes de tomates cerises sur les 500 000 tonnes consommées en France.
05:21 Alors, non, je suis venu exactement aujourd'hui, parce qu'il y avait cette manifestation prévue,
05:25 pour répéter qu'effectivement, ce qui a été fait le 16 mai est inadmissible.
05:28 Nous, en tant qu'agriculteurs, nous n'acceptons pas que des produits normes européennes,
05:32 avec l'étiquetage "Maroc", soient effectivement bloqués aux frontières.
05:36 - En Espagne, vous avez porté l'affaire en justice. Est-ce que vous avez l'intention de faire la même chose en France ?
05:41 - C'est porté aussi en France, en justice. Bien sûr, c'est bontésant.
05:43 - D'accord. Vous dénoncez une sorte de laxisme de la part des autorités françaises qui laissent faire ?
05:47 - En dehors des autorités, que nous poursuivons, les gens qui arrêteront les camions,
05:50 qui saccageront les produits marocains, nous le ferons.
05:52 - Et les personnes qui ont saccagé les camions marocains à Perpignan, le 15 mai, ont été arrêtées ?
05:57 - Arrêtées, non. Mais la justice nous a montées, nous avons pris des avocats en France et en Espagne,
06:02 et effectivement, la justice suit son cours là-dessus.
06:04 Mais je voudrais rappeler que c'est...
06:08 dire que nous aussi, agriculteurs marocains, c'est suivi. C'est suivi au Maroc.
06:13 - Et ce qui se passe ici ? - Bien sûr, bien sûr.
06:15 - C'est mal vécu ?
06:16 - Tout à fait, c'est mal vécu. Vous savez, nous aussi, la balance commerciale joue en faveur de la France.
06:21 - On a une balance commerciale excédentaire, effectivement, vis-à-vis du Maroc.
06:25 - Avec les produits que vous savez faire, vous savez faire du blé, vous savez faire du fromage,
06:28 et là-dessus, il n'y a pas de soucis, chacun sait faire ce qu'il peut faire.
06:30 La France est un pays à vocation agricole exportatrice, il ne faut pas l'oublier.
06:35 Donc vouloir se fermer entièrement sur un produit, moi j'ai l'impression que la tomate cerise,
06:40 c'est pour cacher un peu tous les problèmes de l'agriculture française, on en vient à la tomate cerise marocaine.
06:44 Je crois qu'il y a d'autres soucis, d'autres débats actuels, qui font que...
06:48 Je ne voudrais pas que la tomate cerise soit le cache-misère de beaucoup d'autres choses qui ne nous concernent pas,
06:52 qui nous concernent l'agriculture française.
06:54 - Merci beaucoup Youssef Alawi, secrétaire général de la Comader, la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural.
07:02 Vous étiez l'invité éco de France Info ce soir.
07:04 - Merci à vous.

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