La tête de liste de la majorité présidentielle Valérie Hayer est à son tour l'invitée du Grand Entretien spécial élections européennes. Avec 15 à 16% des intentions de vote à cinq jours du scrutin, elle est désormais talonnée par celle des socialistes menée par Raphaël Glucksmann.
Plus d'infos : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mardi-04-juin-2024-7277400
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00:00 Il est 8h23.
00:02 France Inter, la radio des européennes, Nicolas Demorand.
00:09 Et à 5 jours des Européennes, nouvelle matinale grand format sur France Inter.
00:13 Vous connaissez maintenant le principe.
00:15 D'abord un entretien sur le programme et l'actualité avec Yael Ghosn,
00:19 puis des zooms sur l'écologie, l'international et l'économie.
00:24 Après 9h, deux jeunes citoyennes qui votent pour la première fois aux Européennes
00:29 nous rejoindront pour débattre avec la tête de liste, amis auditeurs, amis auditrices.
00:34 Vous aurez également la parole au 01 45 24 7000 et sur l'application France Inter.
00:41 Valérie Ayé, bonjour.
00:42 Bonjour.
00:43 Et bienvenue à ce micro.
00:44 Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:47 Vous êtes tête de liste "Besoins d'Europe, majorité présidentielle et redéputée sortante".
00:54 Après l'entretien avec Yael, place donc aux spécialistes et aux éditorialistes du 7-10.
01:01 Célia Kigré vous interrogera sur les normes environnementales,
01:05 Pierre Aschy sur les futures alliances au Parlement européen
01:09 et Dominique Seux sur votre projet d'un emprunt à 1000 milliards d'euros
01:13 pour financer de grands projets en Europe.
01:16 Mais d'abord cette question que nous avons posée à toutes les têtes de liste
01:20 dans ces matinales spéciales. Réchauffement climatique, guerre en Ukraine,
01:25 élection présidentielle incertaine aux États-Unis en novembre prochain.
01:30 Les élections européennes, vous le savez, existent depuis 1979.
01:35 Alors est-ce que celles de 2024 sont les plus importantes de l'histoire de ce scrutin ?
01:43 Oui, elles sont les plus importantes de l'histoire de ce scrutin pour les raisons que vous avez évoquées.
01:47 Les défis qui sont devant nous et puis parce que regardons le monde.
01:51 On a Vladimir Poutine à l'Est qui nous menace, le possible retour de Donald Trump aux États-Unis, Xi Jinping.
01:58 Et dans ce monde, on n'a jamais eu autant besoin d'Europe pour répondre aux défis que vous avez évoqués.
02:04 Et le paradoxe, donc le premier élément qui explique que ces élections soient historiques,
02:08 et deuxième élément, le paradoxe c'est que alors même qu'on n'a probablement jamais autant eu besoin d'Europe,
02:13 on a un risque de voir arriver au Parlement européen des gens qui détestent l'Europe,
02:18 les voir arriver en nombre qui vont nous empêcher de travailler.
02:21 Et donc c'est toute la machine qui risque de s'enrayer.
02:24 Ce n'est pas anodin pour les Français.
02:26 Simplement pour donner quelques exemples sur le mandat qui vient de se terminer,
02:29 si les amis Jordan Bardella avaient été si nombreux au point de nous empêcher de travailler,
02:37 on n'aurait pas pu voter les 70 lois qui nous permettent de lutter contre le réchauffement climatique.
02:42 On n'aurait pas pu avoir le plan de relance, cette aide européenne qui a permis de sauver des centaines de milliers d'emplois
02:47 de vos auditeurs probablement, et même de la maison de la radio qui a permis de sauver les restaurateurs,
02:52 le secteur du tourisme ou Air France par exemple.
02:55 On n'aurait pas pu, comme ça a été décidé il y a quelques semaines, interdire TikTok Lite.
03:00 TikTok Lite c'est quoi ? C'est une nouvelle application qui faisait que plus les jeunes regardaient des vidéos,
03:07 plus ils bénéficiaient de bons d'achat sur Amazon.
03:09 C'était la marchandisation de nos ados. On a dit non et c'est le rapport de force qu'on est en train de faire
03:14 vis-à-vis notamment des géants du numérique. Et tout ça c'est possible parce qu'on a été ambitieux dans le mandat qui vient.
03:19 Et demain, le risque avec des gens qui détestent l'Europe, qui arrivent en nombre au Parlement européen pour tout bloquer,
03:25 c'est qu'on ne puisse plus répondre ensemble aux défis qui pèsent sur nous.
03:30 On entend ce que vous appelez le risque, on entend votre combat contre l'extrême droite.
03:33 Mais moi j'ai le souvenir au soir de sa première élection présidentielle, le 7 mai 2017,
03:37 le soir de sa victoire, Emmanuel Macron dans la cour du Louvre qui dit "je ferai tout pour que dans les 5 prochaines années,
03:42 donc d'ici à 2022, les électeurs de Marine Le Pen n'aient plus aucune raison de voter pour les extrêmes".
03:48 Nous sommes 7 ans après, jamais l'ERN n'a été aussi haut, il pourrait avoir deux fois plus de voix que vous.
03:54 Qu'est-ce que vous avez raté ?
03:56 D'abord le combat pour l'Europe, c'est le combat contre l'extrême droite, fondamentalement.
04:00 Parce que l'extrême droite veut détricoter l'Europe.
04:03 Ensuite, cette dynamique de l'extrême droite, malheureusement, on la voit partout en Europe,
04:08 et je dirais même on la voit partout dans les démocraties occidentales.
04:11 Vous l'expliquez comment ?
04:13 Moi je continuerai de batailler contre l'extrême droite, contre les amis de Jordane Bardella, Marine Le Pen, Marion Maréchal-Le Pen.
04:19 On a compris que vous allez batailler, mais quelles sont les causes ?
04:21 Je pense que fondamentalement, ce qu'il faut continuer à faire, c'est réformer le pays, et l'Europe, et être utile aux Français.
04:29 Probablement et évidemment que tout n'a pas été bien fait, c'est une réalité.
04:33 Et les Français, aujourd'hui, on est dans un monde qui génère des angoisses, des inquiétudes, des incertitudes.
04:40 On a protégé les Français, grâce à l'Europe, au moment de la crise sanitaire, au moment de la guerre en Ukraine,
04:46 en travaillant ensemble pour réduire les prix de l'énergie.
04:48 Et évidemment, la situation économique reste difficile pour les Français.
04:52 Elle est moins difficile que dans d'autres pays en Europe, parce qu'il y a eu les mesures européennes,
04:56 et puis il y a eu des mesures qui ont été mises en place au niveau national.
04:59 Le bouclier tarifaire, notamment, par exemple, qui a permis de réduire plus qu'ailleurs les prix d'énergie.
05:03 On a réindustrialisé aussi en France, donc c'est des emplois à la clé.
05:07 Néanmoins, la situation économique reste difficile.
05:10 Mais est-ce que vous ne payez pas aussi, Valérie Ayé, pardon de vous interrompre,
05:13 est-ce que vous ne payez pas aussi la réforme de l'assurance chômage, celle des retraites, l'usure du pouvoir après 7 ans ?
05:21 Est-ce que vous n'êtes pas tout simplement face à un vote sanction dans cette élection ?
05:26 Alors, le contexte politique, il est difficile, effectivement, on est en responsabilité depuis 7 ans désormais.
05:32 Mais moi, ce que je dis aux Français, c'est qu'on peut être en colère,
05:37 se poser des questions sur la politique qui est menée au niveau national.
05:40 Moi, je dis aux Français, aux auditeurs qui nous écoutent, c'est pas l'enjeu de ces élections européennes.
05:45 L'enjeu aujourd'hui, il est bien plus grand, c'est notre avenir en Europe,
05:48 la place de la France en Europe, la place de l'Europe dans le monde.
05:51 Et ces élections, elles sont extrêmement importantes.
05:54 On doit pouvoir emmener au Parlement européen des gens qui sont pro-européens,
05:57 qui vont continuer de bâtir l'Europe pour permettre de véritablement nous protéger.
06:03 J'entends certains qui peuvent être les tenants du repli sur soi.
06:07 Comment on peut imaginer en 2024, face aux défis qui sont devant nous, qu'on sera plus fort tout seul ?
06:13 Évidemment qu'on sera beaucoup plus fort en étant à 27, en travaillant à 27.
06:18 Moi, j'ai envie, pour protéger les Français, qu'on mette en place une défense européenne.
06:22 J'ai envie qu'on mette en place un grand plan d'investissement, c'est le plan que j'ai appelé Jacques Delors,
06:26 le plan de 1000 milliards d'euros d'investissement dans les secteurs qui sont stratégiques,
06:29 le nucléaire, la santé.
06:31 Donc, fondamentalement, je dis aux Français, ne vous trompez pas d'élection.
06:35 Et j'ai dans cette élection des concurrents qui sont tous projetés sur une autre élection
06:40 que celle qui nous intéresse aujourd'hui.
06:42 Moi, je ne suis pas candidate à l'élection présidentielle, je ne le serai pas.
06:45 Je suis modestement candidate au Parlement européen.
06:47 Et je veux que je revienne au Parlement européen avec un maximum de députés européens
06:52 pour continuer à faire changer l'élection.
06:54 Statutairement, vous êtes la tête de liste, c'est bien vous qu'on voit sur les affiches depuis la semaine dernière.
07:01 Mais ce n'est pas vous qui débattez contre Jordane Vardella, c'est Gabriel Attal.
07:05 Et quand c'est vous qui parlez à l'auditorium de Radio France, comme hier, pour un grand oral pour France Info,
07:10 vous êtes interrompue par Gabriel Attal, encore lui, qui s'invite sur scène et qui prend le micro.
07:14 Est-ce que vous êtes sous tutelle ?
07:16 Qu'est-ce qu'en dit la femme politique que vous êtes ? Présidente de groupe ?
07:19 C'est pas rien au Parlement européen ?
07:21 D'abord, la femme politique que je suis vous dit que j'ai débattu face à Jordane Vardella.
07:24 J'ai eu mon face-à-face avec Jordane Vardella, je crois que c'était au mois d'avril.
07:28 Et je débat toutes les semaines maintenant, plusieurs fois par semaine, avec l'ensemble des têtes de liste.
07:32 Ensuite, depuis le début de la campagne, je subis, entre guillemets, polémique sur polémique.
07:39 Polémique vaine et stérile sur polémique vaine.
07:41 Le président de la République parle, on dit qu'il ne devrait pas parler.
07:45 S'il ne parlait pas, on lui reprocherait de ne pas parler.
07:48 Le Premier ministre s'implique dans la campagne, on considère qu'il est trop impliqué.
07:52 Et pardon, quand j'entends qu'on nous ferait des leçons de féminisme par François-Xavier Bellamy,
07:58 dont on connaît les positions sur les questions des droits des femmes et sur les questions du droit de la famille, c'est insupportable.
08:04 Et moi, je vous pose une question, moi je suis tête de liste.
08:06 La majorité présidentielle, le président de la République m'a fait confiance.
08:09 Je suis une femme tête de liste.
08:11 En 2019, on avait déjà eu une femme tête de liste.
08:13 - Nathalie Loiseau.
08:14 - Elles sont où les numéros 2 de Raphaël Glucksmann, de Jordan Bardella, de François-Xavier Bellamy ?
08:19 Est-ce qu'ils les mettent en avant ? Non.
08:21 Donc moi je suis très fière d'être une femme et d'avoir le soutien du Premier ministre, du président de la République également.
08:27 Et franchement, faire ses attaques à Gabriel Attal en sexisme et en misogynie, c'est indigne.
08:35 Véritablement, il est à mes côtés, je suis très fière de l'avoir à mes côtés et en aucun cas frustrée.
08:40 - L'écologiste Marie Toussaint a eu des mots très durs hier sur cette intervention de Gabriel Attal dans l'auditorium de Radio France.
08:48 Je la cite "Les femmes ne sont pas des paillassons".
08:51 "Je partage cette colère de voir le Premier ministre et le président de la République s'essuyer les pieds sur Valérie Heillier".
08:57 Comment accueillez-vous ce soutien d'une autre tête de liste ?
09:02 Merci Marie Toussaint ou non merci ?
09:04 - Mais je n'ai besoin du soutien de personne. Est-ce qu'on peut me laisser parler, m'exprimer ?
09:08 - Vous le faites sur la table.
09:10 - Ça suffit, depuis le début de ma campagne, on m'interroge sur des questions de forme, sur des polémiques.
09:15 Est-ce qu'on peut enfin parler du fond, du programme, de l'enjeu des 48 propositions,
09:19 de l'enjeu du risque de voir arriver l'extrême droite qui veut détricoter l'Europe et au Parlement européen ?
09:26 C'est ça le véritable enjeu, des mensonges de l'extrême droite, de Jordane Bardella,
09:30 qui d'une semaine à l'autre, d'une année à l'autre, change totalement de programme
09:35 et qui ment aux Français, qui surfe sur les colères.
09:38 Et de mon programme, j'ai un programme lucide et ambitieux pour servir l'intérêt des Français.
09:41 - On va y venir. Une dernière question de forme.
09:43 Jeudi soir, 20h, TF1, France 2 et Les Chaînes d'Info, le président de la République interviewé en direct de Caen,
09:47 à l'occasion des 80 ans du débarquement.
09:50 L'opposition s'insurge contre le risque d'inéquité si près du vote et a saisi l'ArkHomme.
09:55 François-Xavier Bellamy, pour Les Républicains, dit "Il n'y a pas un pays en Europe
09:59 où les choses se passent comme ça".
10:00 Raphaël Glucksmann, hier à ce micro, le président de la République, va convoquer tous les médias
10:04 dans quels pays européens ça pourrait se passer.
10:06 Ainsi, est-ce que vous êtes d'accord avec cet exécutif qui a capa les médias dans les dernières heures de la campagne ?
10:12 - On est dans un anniversaire qui est historique.
10:16 Volodymyr Zelensky sera là, Joe Biden sera là, Charles III sera là.
10:21 Le monde va nous regarder pour ce 80e anniversaire du débarquement.
10:25 On s'offusquerait que le président de la République parle à cette occasion.
10:29 Il n'a pas choisi la date du débarquement, il n'a pas non plus choisi la date des élections européennes.
10:33 Donc là encore, ça suffit, on est dans un moment important.
10:37 Par ailleurs, évidemment qu'il y a un lien avec l'engagement européen.
10:40 Ce sont des jeunes, l'anniversaire du débarquement, des jeunes canadiens, des jeunes américains
10:44 qui sont venus, qui ont pris et qui ont payé de leur prix.
10:47 - Ce sera une mémoire politique ?
10:48 - En tout état de cause, je vous le redis, le président de la République, ne vous inquiétez pas,
10:52 il ne viendra pas avec un bulletin Valérie Ayé à l'occasion de ce journal et de cette interview.
10:57 Et les journalistes feront leur boulot.
10:59 - Valérie Ayé, venons-en à votre programme sur le modèle de l'endettement commun
11:03 et du plan de relance post-Covid.
11:05 Vous voulez lever 1000 milliards d'euros d'emprunts.
11:08 Dominique Seux en parlera avec vous dans un instant très en détail.
11:12 On note aussi une forte ambition pour la défense, puisque vous voulez créer
11:16 un fonds européen de soutien aux industries d'armement dotées de 100 milliards d'euros.
11:21 On lit aussi que vous voulez élargir les domaines soumis au vote à la majorité qualifiée,
11:27 rééquilibrer les pouvoirs avec le Parlement européen.
11:31 Bref, semble s'esquisser une forme de fédéralisme.
11:36 Dites-moi si je me trompe, mais contrairement à Marie Toussaint ou à Raphaël Glusman,
11:42 j'ai l'impression que vous ne l'assumez pas totalement ce fédéralisme.
11:46 Oui ou non ?
11:47 Vous savez, parfois en France, il y a des mots qui sont perçus comme des gros mots.
11:51 Alors celui-là, pour vous, c'en est un ?
11:53 Pour moi, ça n'en est pas un.
11:54 Vous êtes fédéraliste, vous le dites ce matin.
11:57 Moi, je suis aussi dans un groupe libéral.
11:59 Donc le mot libéralisme, on peut mettre plein de choses dedans.
12:01 Le mot fédéralisme, on peut mettre plein de choses dedans.
12:04 Si être fédéraliste, c'est appeler à davantage d'intégration européenne,
12:08 appeler à remettre en cause le vote de l'unanimité pour être plus efficace dans nos prises de décisions.
12:14 Et être fédéraliste, c'est travailler ensemble dans la lutte contre le réchauffement climatique,
12:18 d'en bâtir une défense européenne, dans le fait de mettre en place un grand plan d'investissement
12:23 dans les secteurs stratégiques pour préserver la paix, la prospérité et la liberté en Europe.
12:28 Eh bien oui, je le suis.
12:29 Mais en fait, on ne va pas débattre sur les mots.
12:33 La réalité, c'est qu'on a besoin davantage d'intégration européenne.
12:35 C'est une évidence.
12:36 Et l'Europe vous semble-t-elle donc suffisamment démocratique ?
12:41 Je le disais d'un mot, faut-il rééquilibrer les pouvoirs entre la Commission et le Parlement ?
12:48 Que le Parlement ait enfin, disent certains, le pouvoir d'initier les lois européennes ?
12:53 Parce qu'on le rappelle, la Commission, c'est la Commission qui a l'initiative de faire les lois.
12:57 Oui, je suis parlementaire et je demande à ce qu'on puisse avoir davantage de droits et de libertés.
13:03 C'est simplement parce qu'on représente les citoyens européens.
13:06 Et aujourd'hui, on n'a pas ce pouvoir de proposer des lois.
13:09 On pensait que vous l'obtiendriez.
13:11 C'était d'ailleurs un engagement de la présidente actuelle de la Commission européenne, qu'elle n'a pas tenu.
13:16 C'est l'une des exigences qu'on formulera auprès du prochain ou de la prochaine candidate à la présidence de la Commission.
13:21 Mais c'est important.
13:22 Aujourd'hui, on fait des rapports, on dresse des lignes directrices, mais on n'a pas cette capacité à proposer des lois.
13:30 Autre fédéraliste, nous recevions hier à ce micro Raphaël Glucksmann, candidat PS Place Publique.
13:34 Vous estimiez début mars, au début de la campagne, que Raphaël Glucksmann votait à 90% comme vous au Parlement européen,
13:41 et qu'il devait être avec vous et qu'il le sait.
13:43 Est-ce que vous le redites ce matin ?
13:45 J'ai dit au début de la campagne que Raphaël Glucksmann votait 90% comme nous et que François-Xavier Bellamy votait 80% comme nous.
13:51 C'est la réalité de la situation politique au Parlement européen.
13:55 Au Parlement européen, il n'y a pas un groupe qui a la majorité à lui tout seul, et donc on fait des coalitions.
13:59 Moi, j'assume, je préside le groupe Renew, centriste et central, sans lequel aucune majorité n'est possible.
14:04 Et j'assume d'être dans une coalition avec le PPE, la droite européenne et les sociodémocrates européens.
14:09 Donc voter LR en France ou voter PS en France, c'est comme voter en essence alors ?
14:14 Non, non, je vais vous dire, on a des différences fondamentales.
14:16 Ce que je veux dire, c'est que moi j'assume, au Parlement européen, d'être dans cette coalition.
14:20 Là où messieurs Glucksmann et Bellamy, ils se planquent.
14:22 Dans le débat français, jamais ils vous disent qu'ils sont dans une coalition avec Renew ou le PPE ou Renew et SND.
14:30 Et on a aussi une différence fondamentale avec Raphaël Glucksmann et même avec François-Xavier Bellamy, c'est le sens des responsabilités.
14:35 Je vais vous donner un exemple.
14:37 Quand on se dit profondément pro-européen, on est au rendez-vous de l'histoire.
14:42 Monsieur Glucksmann, il n'a pas voté la loi climat, qui nous a permis de fixer l'objectif de neutralité climatique d'ici à 2050.
14:48 Il n'a pas voté le plan de relance, l'aide européenne, qui nous a permis de sauver notre économie et d'engager 250 milliards d'euros dans la transition environnementale.
14:57 Il n'a pas voté la loi immigration, qui nous permet de mettre un terme à l'immigration illégale.
15:01 François-Xavier Bellamy, c'est la même chose.
15:04 Et donc ces deux-là, non seulement ils n'ont pas voté ces textes-là, alors même que leurs groupes, les groupes politiques dans lesquels ils siègent, ils les ont négociés et votés.
15:13 Donc ils se sont mis en marge de leur propre groupe.
15:15 Fondamentalement, on ne peut pas se dire définitivement pro-européen et au grand mot, rendez-vous de l'histoire, ne pas être au rendez-vous.
15:22 Vous écoutez France Inter et cette matinale grand format dont l'invité Valéry Ayé, tête de liste "Besoins d'Europe, majorité présidentielle".
15:32 Il est 8h38.
15:37 Et la parole maintenant aux éditorialistes et journalistes du 7-10.
15:41 C'est Célia Kyrrh, spécialiste environnement à la rédaction de France Inter, qui démarre et vous interroge Valéry Ayé sur la grande question des normes.
15:51 Bonjour Valéry Ayé.
15:52 Bonjour.
15:53 Parmi les trois axes de votre programme, vous voulez développer une puissance écologique, économique et sociale.
15:58 Vous êtes en phase avec la Commission européenne.
16:00 Vous voulez même compléter le pacte vert, la feuille de route européenne pour le climat.
16:04 Ça veut dire aller plus loin qu'aujourd'hui pour réduire les émissions de CO2.
16:08 Pourtant, il y a un an, en mai, Emmanuel Macron avait réclamé une pause au sujet des normes environnementales.
16:15 Est-ce que cette pause s'impose toujours ? Vos positions sont-elles compatibles ?
16:19 Absolument, elles le sont.
16:21 On a beaucoup légiféré sur le mandat qui vient de se terminer.
16:24 D'ailleurs, nous en 2019, on avait avec la majorité présidentielle un programme très ambitieux pour définir le pacte vert.
16:31 Et comment concrètement on atteint la neutralité climatique d'ici à 2050.
16:35 On a fait beaucoup de choses.
16:37 C'est la fin de la vente des véhicules thermiques neufs d'ici à 2035.
16:41 C'est la taxe carbone aux frontières pour amener de la compétitivité à nos industriels européens.
16:45 C'est la fin de la déforestation importée pour s'assurer que vos auditeurs, les Français, quand ils boivent leur café,
16:52 ils ont l'assurance que ça n'a pas été fait en dévastant des forêts.
16:57 Aujourd'hui, c'est la pause qui s'impose toujours.
16:59 Il y a deux choses. C'est le temps de la mise en œuvre des lois.
17:01 On a voté plus de 70 lois pour atteindre la neutralité climatique d'ici à 2050.
17:05 Maintenant, il faut mettre en œuvre et il faut mettre les moyens financiers.
17:08 C'est le sens du plan de l'or à 2000 milliards d'euros que je propose dans cette campagne.
17:13 Notamment pour accélérer sur le développement du nucléaire qui est une énergie propre, produit de chez nous.
17:18 Notamment aussi pour accélérer sur le développement du transport vert, le train.
17:22 Ou encore le fait d'installer des usines en France et en Europe.
17:26 Il faut une pause quand on voit la colère agricole, par exemple.
17:31 Quand on voit ces normes qui crispent, à droite notamment, est-ce qu'il faut une pause ?
17:35 Il y a eu des ajustements qui ont été faits en réponse à la colère agricole.
17:38 Par ralentissement ?
17:40 Non, non, ajustement. Pas pause ou abandon en aucun cas.
17:46 Un ajustement parce qu'on ne peut pas engager l'écologie sans embarquer tout le monde.
17:53 Donc maintenant, mise en œuvre, ajustement quand ils sont nécessaires, mais ils ont été véritablement minibles.
17:57 Et on continue sur l'ambition en appliquant et en mettant de l'argent sur la table pour permettre que personne ne reste au bord du chemin.
18:03 Cela veut dire accompagner les ménages pour la rénovation thermique de leurs bâtiments.
18:07 Cela veut dire permettre aux Français, avec une aide financière, d'acheter une voiture électrique à terme à un prix qui sera abordable.
18:14 Et moi je veux aussi qu'on aille plus loin sur ces questions-là sur le prochain mandat.
18:19 Il y a l'enjeu financier. On a voté la taxe carbone aux frontières.
18:23 Là, vous revenez sur le bilan.
18:24 Non, non, justement, je viens en termes de projection. Il faut qu'on puisse étendre la taxe carbone aux frontières.
18:29 Puisqu'aujourd'hui, elle s'applique sur les matières premières.
18:32 Par exemple, une voiture aujourd'hui, elle n'est pas intégrée dans la taxe carbone aux frontières.
18:37 Il faut qu'on puisse l'intégrer. C'est important, c'est un enjeu de compétitivité pour nos industriels.
18:41 Et s'assurer qu'une voiture produite en Chine, elle soit soumise aux mêmes normes en matière environnementale
18:48 qu'une voiture qui est produite chez nous.
18:49 Et justement, ces normes, aujourd'hui, elles crispent.
18:52 À droite en particulier, il y a eu des reculs environnementaux ces derniers mois.
18:55 Mercredi dernier, ce sont des organismes de recherche européens qui ont alerté d'une seule voix sur les reculs de l'Union Européenne.
19:01 Ils déplorent, je cite, "un état d'esprit anti-environnement bien trop présent à Bruxelles".
19:06 Ils citent pêle-mêle la réautorisation du glyphosate pour 10 ans, la baisse des normes agricoles.
19:10 Fini les discussions sur la préservation des vieilles forêts.
19:13 Est-ce que là, vous êtes prête, puisque vous parlez de la suite, à remettre tous ces sujets en haut de la pile et donc à écouter les scientifiques ?
19:19 Parmi les sujets qu'il faut remettre en haut de la pile à notre arrivée, à notre retour au Parlement européen,
19:24 il y a la sortie progressive, la réduction du visage des pesticides.
19:27 De toute évidence.
19:28 Moi, je les soutenus.
19:30 Sauf que ce texte, il a été tué dans l'œuf à la faveur d'une association de circonstances entre la droite et l'extrême droite européenne.
19:37 Ce qui faut avoir pour vos éditeurs et pour les Français qui nous écoutent.
19:42 On a en France un objectif de réduction des produits phytosanitaires.
19:45 C'est ce qu'on a appelé le plan éco-phyto.
19:48 Il y a trois pays en Europe aujourd'hui qui ont un objectif de réduction des pesticides.
19:51 Et nous, on a dit, on va imposer les mêmes normes à tous les agriculteurs européens.
19:55 C'est bon pour leur santé, c'est bon pour notre santé.
19:58 Et puis, ça permettra d'éviter la concurrence déloyale pour nos agriculteurs français,
20:04 qui ont par ailleurs une agriculture qui est probablement la plus qualitative d'Europe.
20:09 Donc, ça, on n'a pas pu parce que, alliance entre l'extrême droite et la droite,
20:13 on va remettre le dossier sur la table en revenant au Parlement européen.
20:16 C'est fondamental pour lutter contre la concurrence déloyale.
20:19 Et sur l'agriculture, justement, un sujet qui vous est cher, vous êtes une famille d'agriculteurs.
20:23 Est-ce que vous voulez réformer la PAC pour une PAC plus verte,
20:26 justement avec des aides qui, pourquoi pas, dépendraient du bon respect de l'environnement ?
20:30 Alors, la PAC, on l'a déjà réformée quand on est arrivé au Parlement européen en 2020-2021.
20:34 Là, il s'agit d'aller plus loin encore ?
20:35 Oui, bien sûr. Mais simplement, il faut expliquer aux auditeurs ce qu'on a fait.
20:38 Déjà, nous, on est en responsabilité depuis 2019. Je suis arrivée au Parlement européen en 2019.
20:44 On a réformé une première fois la politique agricole commune en intégrant trois priorités.
20:48 Une meilleure rémunération des agriculteurs,
20:51 en intégrant un critère non plus lié à l'hectare mais à l'actif agricole,
20:55 pour mieux soutenir les petites exploitations.
20:57 On a eu une deuxième priorité qui était d'accompagner les agriculteurs dans la transition environnementale.
21:03 Et une troisième pour garantir la souveraineté alimentaire.
21:06 Donc ça, c'est une réforme qui a été utile, ce qui fait que la PAC est plus juste, plus rémunératrice et plus verte.
21:10 Est-ce qu'il faut aller plus loin sur la prochaine PAC ?
21:13 Évidemment, pour mieux rémunérer les agriculteurs davantage encore,
21:16 et puis pour les accompagner davantage sur la transition environnementale.
21:20 Merci Célia Kihiré.
21:22 On retrouve maintenant Pierre Aski qui vous interroge.
21:25 Valérie Ayé, pour commencer, sur la future configuration du Parlement européen.
21:30 Oui, vous vous êtes engagée au cours de la campagne à maintenir le cordon sanitaire autour de l'extrême droite au niveau européen.
21:35 Est-ce que ça signifie que le parti libéral néerlandais,
21:38 qui s'est allié à Geert Wilders pour former le gouvernement,
21:41 sera exclu du groupe Renew dont vous êtes la présidente ?
21:45 Alors, j'ai eu l'occasion de m'exprimer sur ce sujet.
21:47 Je désapprouve totalement la décision qui a été prise au niveau national aux Pays-Bas.
21:52 Je considère qu'ils se sont mis en marge de nos principes, de nos valeurs.
21:56 Ensuite, moi je suis présidente de groupe, j'ai une responsabilité collective.
22:00 Et donc, j'ai d'ores et déjà fixé une réunion de groupe la semaine prochaine
22:03 pour évoquer cette situation-là.
22:07 Je vous le dis, moi je suis très claire, je considère qu'ils se sont mis en marge de nos valeurs
22:12 et de la ligne de notre groupe.
22:14 Après, je ne décide pas seule, il y a des statuts, je respecte le débat
22:18 et ça nécessite d'abord qu'on ait un débat entre l'ensemble des partenaires et membres du groupe.
22:22 Et quelle sera votre attitude si la droite européenne propose une coalition avec Mme Mélanie,
22:26 comme l'a proposé ou l'a suggéré Ursula von der Leyen ?
22:30 J'ai déjà eu l'occasion à de nombreuses reprises d'expliquer publiquement,
22:34 d'expliquer à Ursula von der Leyen, dont je ne sais pas si elle sera la prochaine candidate,
22:38 d'expliquer au président du groupe PPE de la droite européenne que pour moi c'était hors de question
22:42 en juin de me mettre à la table des négociations avec le groupe de Giorgia Mélani.
22:46 Giorgia Mélani ou le groupe de Giorgia Mélani, c'est quoi ?
22:49 Giorgia Mélani, certains la présentent comme une démocrate.
22:53 Pardon, mais Giorgia Mélani, c'est l'extrême droite.
22:56 C'est l'extrême droite en Italie, c'est une filiation pour les enfants de familles au moins parentales qui est reniée.
23:02 C'est la liberté de la presse et l'indépendance des journalistes qui est remise en cause.
23:06 C'est des associations qui peuvent intervenir dans les cliniques pour empêcher les femmes d'avoir accès à l'IVG.
23:12 C'est ça Giorgia Mélani. Et dans le groupe de Giorgia Mélani, on a le parti Reconquête,
23:16 Derrick Zemmour, on a le parti Piszcz, conservateurs polonais qui ont été chassés du pouvoir il y a quelques mois,
23:23 qui ont sapé l'état de droit, piétiné l'état de droit en Pologne.
23:26 Donc pour moi c'est hors de question de se mettre à la table des négociations.
23:29 Vous seriez à l'extérieur d'une coalition qui comprendrait ?
23:32 Moi je pense que même s'il y a un risque énorme, et j'alerte véritablement nos auditeurs,
23:39 il y a un risque énorme que Jordane Bardella, Marine Le Pen et leurs amis arrivent et nous empêchent de travailler au Parlement européen
23:46 parce qu'ils arriveraient en nombre avec ce qu'on appelle une minorité de blocage.
23:49 Néanmoins, pour moi, on doit continuer à travailler sur une coalition pro-européenne
23:55 qui réunit la droite européenne, les sociodémocrates européens et le groupe politique que je préside qui est le groupe Renew.
24:01 C'est possible, y compris dans les évaluations les plus conservatrices et prudentes, cette majorité on continue de l'avoir.
24:08 Est-ce que la poussée souverainiste dont vous parlez sera de nature à handicaper ou à même à bloquer l'aide à l'Ukraine ?
24:15 Potentiellement. Et c'est pour ça qu'on est dans un moment historique.
24:20 On a pu, dans le mandat qui vient de se terminer, avoir une majorité large du Parlement européen en soutien à l'Ukraine.
24:26 Modulo, l'extrême droite, qui soit on l'assumait de manière très claire, soit ne l'assume plus aujourd'hui,
24:33 mais globalement on a une majorité très forte en soutien à l'Ukraine.
24:36 Demain, si les amis, enfin les extrêmes droites, qui ont des liens assumés ou un peu moins désormais avec Vladimir Poutine,
24:46 s'ils arrivent et bénéficient d'une minorité de blocage et nous empêchent de travailler au Parlement européen, c'est potentiellement l'aide à l'Ukraine un peu plus avancée.
24:53 Et comment la sanctuariser ?
24:54 Et bien comment la sanctuariser ? Je le dis, travailler, ce sera ma responsabilité de présidente de groupe,
24:59 de travailler à une majorité qui soit possible, pérenne, avec la droite européenne, les sociodémocrates européens et le groupe politique que je préside.
25:08 En tout état de cause, la priorité, il me reste quatre jours.
25:11 Quatre jours pour convaincre les Français que cette élection est historique,
25:15 qu'on ne peut pas, pour l'image de la France, mais aussi pour la suite de ce qu'on doit faire au Parlement européen,
25:21 on ne peut pas envoyer le plus gros contingent de députés d'extrême droite au Parlement européen.
25:25 C'est notre avenir qui se joue là, donc la première action c'est de faire en sorte qu'il y ait le moins possible de députés d'extrême droite au Parlement européen,
25:31 pour nous permettre de continuer à travailler.
25:33 Pierre, et le fonds de 100 milliards d'euros dont vous parlez pour la défense, il se heurte aujourd'hui à l'opposition notamment de l'Allemagne.
25:40 Est-ce que vous pensez que vous arriverez à créer un consensus et à dépasser cette opposition ?
25:44 Valérie Heillier.
25:45 Je le pense, j'en suis convaincue.
25:47 Vous savez, l'histoire de l'Europe, et je l'ai vu dans le mandat qui vient de se terminer, c'est souvent des propositions françaises, un non de l'Allemagne,
25:53 et puis en fait, face à la réalité, les Allemands finissent par bouger.
25:57 Ça a été le cas avec le plan de relance, l'aide européenne, en 2020, pour sortir de la crise sanitaire.
26:01 C'était un tabou absolu pour les Allemands.
26:03 Et en fait, Emmanuel Macron a réussi à convaincre Angela Merkel qu'il fallait s'endetter en commun pour sauver notre économie.
26:09 Et moi-même, j'ai négocié le plan de relance au Parlement européen, j'ai réussi à les convaincre, mes collègues nordiques, pour qui c'était aussi un tabou absolu.
26:16 Parce que face à la réalité des besoins, eh bien on doit avancer.
26:19 Et sur le fonds de défense de 100 milliards d'euros, c'est la même chose.
26:22 On est dans une course contre la montre.
26:24 Vladimir Poutine attaque l'Ukraine, il nous menace déjà, on l'a vu en France.
26:28 Les étoiles de David, taguées sur les murs au lendemain des attaques du 7 octobre.
26:32 Les mains rouges peintes sur le mur des Justes au mémorial de la Shoah, il y a quelques semaines.
26:38 On sait que c'est le fruit de ces demandes, ça a été commandé par le Kremlin.
26:42 Même chose en Nouvelle-Calédonie, on le sait, c'est documenté.
26:45 Et demain, si Donald Trump revient en responsabilité aux Etats-Unis, on n'aura plus d'aide américaine.
26:51 Donc on doit avancer, c'est une course contre la montre pour créer les conditions de notre propre sécurité.
26:56 Merci Pierre Haski et à vous Dominique Seux.
26:59 Dominique, un emprunt à 1000 milliards d'euros.
27:03 Exactement. Bonjour Valérie Aiguilleux.
27:05 Votre situation est un peu particulière par rapport aux autres candidats,
27:08 puisque votre parti est à l'Elysée et au gouvernement, donc vos propositions sont par nature celles de la France.
27:13 Donc ça vous engage à être assez crédible et ça vous interdit aussi de dire n'importe quoi.
27:18 Or, vous proposez un plan européen d'investissement de 1000 milliards d'euros pour l'écologie, l'énergie, le numérique, le vaccin contre le cancer.
27:27 Vous en parlez très souvent, mais en réalité vous n'avez aucune chance de convaincre les autres pays d'accroître l'endettement de l'Europe,
27:34 alors que la France est déjà un des pays les plus endettés.
27:37 Tous les pays vont vous dire "bah c'est trop facile".
27:40 Pourquoi on n'a aucune chance ?
27:42 Et les autres pays vont dire "attendez, la France très endettée, dégradée par SNP, c'est-à-dire la Rennes-Pource, pardon".
27:49 En quoi les autres capitales vont dire "banco" ?
27:53 D'abord la France reste et restera un partenaire crédible dans l'Europe.
27:56 Ensuite, je le redis, on est dans un moment de bascule.
28:01 Il faut qu'on engage des investissements massifs pour notre avenir collectivement.
28:04 On peut essayer de mettre en place des investissements à l'échelle nationale, d'ailleurs ils sont faits.
28:08 Mais la réalité c'est qu'on a besoin d'investir en commun à 27 pour soutenir le nucléaire,
28:13 qui est une énergie propre d'avenir, qui nous permet de ne pas dépendre d'autres puissances.
28:17 Que le besoin existe, il y a peu de doute là-dessus.
28:20 Mais les autres capitales n'en ont pas l'air extrêmement convaincus et on n'entend pas dans les autres pays
28:24 les listes qui sont vos équivalents dire "allons-y, 1000 milliards".
28:28 Regardez, les 100 milliards d'euros du Fonds de Défense.
28:30 On n'a pas été les premiers à les proposer.
28:33 La première qui l'a proposé c'est Kaya Kalas, première ministre estonienne.
28:36 Alors évidemment elle est membre de ma famille politique, mais elle fait partie de ce qu'on appelle les frugaux.
28:40 Ceux qui normalement n'aiment pas trop qu'on mette de l'argent dans le budget commun.
28:44 Sauf que, principe de réalité, on a besoin d'avancer sur ces questions-là.
28:48 Et je veux redire aux auditeurs, la question de l'endettement, c'était un tabou absolu en 2020.
28:53 On a réussi à convaincre nos partenaires européens en 2020 qu'il fallait avancer et qu'on était plus fort si on s'endettait en commun.
28:59 La réalité c'est qu'on doit déjà commencer à rembourser cette empreinte, c'est une évidence.
29:04 Mais aujourd'hui, face aux défis qui sont devant nous, il faut qu'on mette de l'argent sur la table.
29:09 Mon plan à 1000 milliards d'euros, il a trois sources de financement.
29:12 Évidemment aller chercher un nouvel emprunt en commun à 27.
29:17 Première source de financement.
29:19 Donc la condition c'est que les allemands par exemple disent "ok, allons-y".
29:23 Oui exactement, mais je pense que principe de réalité, on va devoir investir encore ensemble.
29:28 Effectivement si on veut ne pas dépendre d'autres puissances, si on veut réindustrialiser, si on veut accompagner...
29:34 Donc c'est appareil à ce stade, la seconde source de financement.
29:37 Pardonnez-moi, si on veut accompagner le fait de relocaliser en Europe et en France la production de médicaments,
29:42 la production de voitures électriques pour ne pas dépendre de la Chine.
29:44 Deuxième source de financement, aller faire payer ceux qui ne paient pas leur juste part d'impôt aujourd'hui.
29:49 Les géants du numérique, Apple paie moins d'impôts aujourd'hui que le boulanger du coin.
29:54 C'est insupportable. Et donc grâce à l'Europe, on va permettre que les géants du numérique paient.
29:59 C'est les entreprises chinoises qui polluent. Et donc tout ça va venir alimenter le budget européen.
30:03 On sera assez loin des milliards.
30:05 Et bien troisième source de financement, c'est l'épargne des Français et des Européens.
30:10 Aujourd'hui on a 30 000 milliards d'euros d'épargne qui dort en Europe.
30:14 Et cette épargne, soit elle dort cet argent, soit elle dort sur les comptes, soit elle va dans des fonds de pension américains.
30:18 C'est-à-dire que l'épargne des Français et des Européens, elle va financer la croissance européenne.
30:23 Et donc moi ce que je dis, c'est qu'on doit proposer aux Français et aux Européens de mettre leur argent,
30:28 d'investir dans des industries européennes qui sont stratégiques pour notre avenir.
30:32 Créer un livret d'épargne européen, c'est du gagnant-gagnant.
30:35 Parce que les Français et les Européens, ils vont mettre leur argent dans des industries qui sont stratégiques pour notre avenir.
30:40 Ils vont récupérer un petit pécule. Et puis moi je suis convaincue que ça contribue aussi au sentiment d'appartenance européenne.
30:45 - Non mais ce que je comprends, c'est que les 1000 milliards, c'est pas uniquement l'endettement public,
30:48 c'est aussi le financement des entreprises privées.
30:51 - Oui, on a besoin d'investissement public et privé.
30:53 - C'est pas du tout la même chose que les 750 milliards qui ont été faits lors de la mondette Jacobin.
30:56 - On a besoin d'investissement public et privé en effet.
30:58 - C'est une précision importante ça. Ça veut dire que c'est pas du tout uniquement de l'endettement public.
31:02 - On a besoin des deux. On a besoin des deux. Et c'est aussi ce qui nous rend crédibles vis-à-vis de nos partenaires.
31:07 - Est-ce que néanmoins ça vous pose pas une petite difficulté quand vous parlez à Berlin,
31:10 ou quand vous parlez à Madrid, notamment de la situation des comptes publics en France ?
31:15 Est-ce que quand vous voyez Gabriel Attal, ça arrive ?
31:17 Est-ce que vous ne lui dites pas, avec la France qui a un déficit qui est à peu près équivalent
31:23 celui de la Slovaquie, de la Roumanie, de la Hongrie, qui sont des pays formidables,
31:27 mais qui ne sont pas les premières puissances économiques du pays,
31:29 au fond tu ne m'aides pas beaucoup en ayant une situation aussi dégradée ?
31:33 - D'abord, première chose, la situation économique de la France est la meilleure d'Europe.
31:37 - La meilleure d'Europe ?
31:39 - D'un point de vue économique, c'est la meilleure d'Europe.
31:41 On n'a jamais autant créé d'emplois, le taux de chômage est faible,
31:44 on a retrouvé des usines, ça n'était pas arrivé depuis 30 ans.
31:48 C'est cette réalité-là.
31:49 Ensuite, d'un point de vue budgétaire, mais si !
31:51 - Encore même, il faut faire un peu de vérification.
31:53 - Mais sur 2023, la dynamique, la situation, on se porte en France mieux que tous les autres pays d'Europe sur 2023.
31:58 C'est la réalité des chiffres d'un point de vue économique.
32:00 - Le taux de chômage est encore un des plus élevés en Europe quand même, il ne faut pas non plus...
32:03 - Évidemment sur ce point, sur le taux de chômage, mais quand même, on n'a jamais été aussi bas,
32:07 et en termes de dynamique économique, sur 2023, je vous le redis,
32:10 la France se porte mieux que tous les autres pays d'Europe.
32:12 Ensuite, l'endettement et le niveau de dette et de déficit,
32:16 il est le fruit de décisions qui ont été courageuses, qui ont été prises.
32:19 D'abord, c'est le fruit de l'histoire.
32:20 Il y a un endettement qui est historique et qui n'est pas du fait de la majorité actuelle.
32:24 Avant 2020, le travail de réduction de la dette et des déficits avait déjà été engagé,
32:29 notamment grâce au travail de Bruno Le Maire.
32:31 Et puis, le président de la République, le ministre de l'Économie et des Finances
32:35 ont décidé davantage de protéger les Français.
32:37 Et donc, sur cette question-là, vous vous interrogerez le ministre des Finances,
32:41 évidemment que sur la trajectoire de réduction de déficit et de la dette,
32:44 on aura une cote qui risque.
32:46 Vous avez fait sensation, il y a quelques jours, en suggérant sur un plateau de télévision,
32:50 à une personne qui se plaignait du prix de l'essence, d'acheter une voiture électrique.
32:54 Ça a fait un petit peu de bruit.
32:56 Quel est l'argument que vous pouvez utiliser aujourd'hui auprès des auditeurs pour dire
33:00 "l'interdiction de la vente des voitures thermiques à partir de 2035, c'est une bonne idée
33:05 et ce sera aussi bon pour le pouvoir d'achat ou notre avenir collectif" ?
33:10 D'abord, j'ai été caricaturée.
33:12 Je n'ai pas dit à Fabienne, puisqu'elle s'appelait Fabienne, d'acheter aujourd'hui une voiture électrique.
33:16 J'ai dit à Fabienne qu'on agissait sur son pouvoir d'achat,
33:19 avec ce qu'on avait décidé de faire au niveau européen sur l'énergie.
33:22 Et je lui ai dit qu'à terme, elle pourrait se défaire du prix de l'essence.
33:27 On est dépendant de l'essence, on sait que l'essence ne va pas réduire
33:30 et on est dépendant aujourd'hui des pétromanarchies.
33:32 Demain, quand on pourra produire des voitures électriques en France à des prix abordables
33:36 grâce à un crédit d'impôt ou un leasing social, le plein d'essence
33:39 de Fabienne sera beaucoup moins cher.
33:42 - Donc l'interdiction 2035, vous dites, on reste là-dessus ?
33:43 - Oui, bien sûr, non seulement on reste là-dessus.
33:45 Et moi, je ne suis pas de ceux, des partisans, des défaitistes qui considèrent qu'on n'y arrivera jamais.
33:49 On a un objectif politique, on va le déployer et moi je suis convaincue de ça.
33:53 Et ce sera dans l'intérêt des Français, on ne dépendra pas d'autres puissances,
33:57 le plein de l'essence ne réduira pas.
34:00 Et donc c'est comment on fait le nécessaire pour qu'on produise des voitures électriques chez nous, en France,
34:04 à un prix abordable pour les Français.
34:06 C'est possible d'ici à 2035.
34:08 - Merci Dominique Seux, il est 8h57, la parole aux auditeurs de France Inter.
34:14 - Bonjour Christophe.
34:18 - Oui, bonjour.
34:19 - Vous nous appelez de Cherbourg, soyez bienvenu.
34:22 - Bonjour, merci de prendre du temps avec tous les candidats.
34:25 Voilà, madame Ailler, je vous entends dire qu'il faut voter contre le RN à nouveau.
34:29 Il y a un an, on manifestait contre la réforme des retraites, pacifiquement déterminée.
34:34 Aujourd'hui, comme les syndicats, un mépris jamais vu pour une réforme aussi importante.
34:40 Depuis, les politiques qui ont été conduites ont contribué à renforcer les plus riches en appauvrissant les plus pauvres.
34:48 Vous avez repris la philosophie du RN pour la loi immigration.
34:51 Et dans l'année, on a vu Manucure rentrer au Prothéon.
34:55 On va commémorer la plus grande bataille pour la liberté.
34:57 Et on voit une réduction de la liberté d'expression sur France Inter.
35:00 Donc, il ne faut pas vous étonner que le RN monte.
35:04 Je pense que vous avez contribué à ça.
35:06 - Merci Christophe pour l'ensemble de cette question, y compris ce qui concerne France Inter.
35:12 Mais ne fait pas partie du débat européen.
35:14 Valérie Ayier vous répond.
35:16 - Merci Christophe de cette question.
35:18 J'ai envie de dire à Christophe et à tous les auditeurs qui nous écoutent.
35:22 Je suis à l'aise avec l'ensemble des mesures, des réformes qui ont été mises en place par le gouvernement ces dernières années.
35:30 Mais je peux comprendre qu'il y ait de la colère, de l'incompréhension, des doutes.
35:35 Je dis simplement à Christophe que l'enjeu qui est devant nous pour ces élections du 9 juin, il est fondamental.
35:41 On ne peut pas se tromper d'élection.
35:43 On n'est pas là pour débat de l'assurance chômage.
35:45 On n'est pas là pour débat de la réforme des retraites.
35:47 - Oui mais Christophe disait que l'argument du barrage ORN ne faisait plus effet, considérant l'ensemble de ce qu'il vient de décrire.
35:54 - Il est nécessaire.
35:55 Simplement, le Rassemblement National, il ment comme il respire.
35:59 Il change de position toutes les semaines, tous les ans.
36:01 Et il n'est comptable de rien.
36:03 Parce qu'ils n'ont jamais été en responsabilité et parce qu'il ne respecte pas les Français.
36:07 Simplement.
36:08 Moi j'étais dans l'hémicycle en 2020, au moment du Brexit.
36:13 Au moment où les Britanniques ont quitté.
36:15 Jordan Bardella a applaudi des deux mains le Brexit.
36:18 Jordan Bardella aujourd'hui, sur sa liste, il a un monsieur qui a été maire d'une commune qui a nommé la rue du Brexit.
36:26 Et aujourd'hui, ils ne nous disent plus qu'ils sont des tenants du Frexit.
36:30 Sauf que quand on regarde leur programme, tout dit qu'ils sont encore en faveur du Frexit.
36:35 Simplement, moi je dis, ne soyez pas dupes des mensonges, de l'hypocrisie du Rassemblement National.
36:40 Et ne vous basez pas sur des enjeux nationaux.
36:43 On est sur une élection européenne.
36:45 Et ce qui compte, c'est le visage du Parlement européen demain et l'influence de la France demain au Parlement européen.
36:51 Valérie Ayer, restée avec nous dans quelques instants, nous rejoigne deux jeunes électrices qui ont beaucoup de questions à vous poser.
36:59 Et qui souhaitent débattre avec vous.