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Rencontre avec Pascal Hervé ancien lieutenant de Richard Virenque qui évoque sa victoire d'étape au Giro et l sport du maillot rose une journée.

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Sport
Transcription
00:00 J'ai des bons souvenirs parce que j'adorais courir en Italie.
00:02 Les parcours me convenaient bien, c'était des parcours toujours un peu punchy.
00:07 Il n'y avait jamais les tables de plat, c'était toujours difficile.
00:10 C'était très agressif parce que les Italiens étaient très agressifs.
00:13 Donc j'aimais ce genre de course et puis j'aimais l'ambiance parce que
00:17 il y avait un grand grand respect du sportif en Italie et puis notamment du cycliste.
00:20 C'est vraiment un sport très populaire en Italie et j'aimais ça courir là-bas.
00:25 Donc j'étais super fier d'avoir porté le maillot rose et de gagner l'étape.
00:27 Ça a vraiment été l'opportunité et puis les circonstances de course qui ont fait que
00:31 tout s'est bien arrangé.
00:33 Puis on finissait à Cantanzaro en haut d'une longue côte,
00:37 pas hyper dure mais longue longue côte.
00:40 Et puis il y a eu beaucoup de mouvements toute la journée.
00:42 Et puis j'ai su saisir ma chance au bon moment.
00:46 Et puis j'ai rattrapé le dernier qui était Roberto Petito à quelques centaines de mètres de l'arrivée.
00:51 Puis je l'ai déposé pour finir tout seul.
00:53 Et c'est ce jour-là que vous endossez le maillot rose ?
00:56 Oui, au début d'ailleurs, ils avaient donné le maillot rose à...
00:59 Je ne me souviens plus quel coureur italien qui était bien placé mais
01:04 avec le jeu des bonifications, à 50,
01:06 après lui avoir donné le maillot rose à la télévision.
01:09 Et c'est moi qui suis allé chercher le maillot rose au podium.
01:12 C'est plutôt une anecdote assez rarissime dans le cycling.
01:16 Oui, oui, oui, mais je suis resté bon copain avec le coureur.
01:19 Au passé, il y a eu quelques épisodes assez truculents où les Français ont été un petit peu lésés.
01:24 Il y avait des poussettes dans l'école, ce n'était plus le cas à votre époque alors ?
01:27 Même à mon époque, il n'y avait pas toute la technologie d'aujourd'hui
01:31 avec les téléphones portables et les caméras qui sont partout.
01:34 J'ai le souvenir d'un Tour d'Italie dans le col de la Finestre dans les Alpes.
01:39 Je pense qu'on devait être seulement 15 ou 20 coureurs à monter à la force du jarré.
01:44 Et puis derrière, ils étaient tous accrochés aux motos, aux voitures.
01:47 C'était le Tour d'Italie, c'était le folklore.
01:49 Le fait aussi qu'il n'y ait aucune formation italienne dans les WorldTour,
01:52 vous trouvez ça surprenant ou logique ? Quel est votre point de vue sur ce sujet ?
01:58 Économiquement parlant, peut-être qu'il n'y a pas de grosses compagnies italiennes
02:05 qui veulent investir dans le vélo.
02:07 Mais si vous regardez bien, UAE, Bahreïn, même Astana,
02:12 il y a beaucoup de coureurs italiens, l'encadrement est italien,
02:15 les sièges sociaux des équipes sont souvent en Italie.
02:19 Il y a des équipes italiennes qui fonctionnent bien, même au niveau en dessous.
02:23 Vous avez l'équipe Polti qui est revenue.
02:26 Il y a plein d'équipes qui sont là, qui sont dans les grandes courses,
02:29 qui sont souvent présentes.
02:31 On a quand même des grands coureurs italiens avec les Ghana et compagnie.
02:36 Les meilleurs coureurs italiens sont dans les grandes équipes.
02:39 Même si elles ne sont pas affiliées à la Fédération italienne,
02:41 des équipes comme UAE et Bahreïn sont un peu italiennes.
02:44 Votre favori pour le prochain Giro ?
02:47 Je pense que Poggi va être difficile à battre.
02:50 On l'a vu à l'oeuvre cette année, s'il ne se passe rien,
02:53 je pense qu'il va gagner les doigts dans le nez.
02:55 Tout ce qu'on peut souhaiter, c'est un Français Mario Rose cette année.
02:58 Un autre, oui, ça serait cool.
03:00 Il y a un qui l'emmène au bout, mais bon, ça va être compliqué.
03:03 Il y a une chose cette année qui marque les esprits, c'est la multiplicité des chutes,
03:08 qui nécessite même de bloquer la course quelques fois pour faire intervenir les moyens.
03:12 On a eu toute une succession d'épreuves qui ont été intachées par des chutes très graves.
03:16 Des chutes graves, il y en a toujours eu, même des très graves,
03:19 avec des circonstances dramatiques des fois.
03:22 Je me souviens de Kibilev, je me souviens de Kazarteli.
03:26 Il y a toujours eu des chutes très graves,
03:28 sauf qu'aujourd'hui, avec la rapidité de l'information,
03:35 avec les réseaux sociaux, on en parle un peu plus.
03:39 En plus, cette année, pour une fois, il y a nos grands leaders,
03:43 les Bernhardts, les Vingegaard, ils sont tous tombés.
03:47 Ils se sont blessés assez gravement.
03:49 Je pense que c'est ça qui fait un peu réfléchir les gens.
03:52 Je ne pense pas qu'il y ait plus de chutes qu'avant.
03:56 La seule chose qui me fait croire qu'il y a beaucoup de chutes,
03:59 c'est que les garçons sont déconcentrés avec les oreillettes et les capteurs de puissance.
04:06 Il y a trop d'informations qui viennent à l'oreille du sportif et ça le déconcentre un peu.
04:13 D'ailleurs, on le voit quand il y a des grosses chutes
04:15 où la moitié du peloton est par terre.
04:17 Des fois, tu regardes et tu te dis "C'est pas possible,
04:19 le gars n'avait pas la tête en l'air parce que personne ne s'arrête".
04:22 Je pense que leur attention est détournée avec tout ce qu'on a maintenant sur les vélos et les oreillettes.
04:28 Il y a trop d'informations qui arrivent dans le cerveau du cycliste et ça perturbe sa concentration.
04:33 Ce qui fait que quand il y a une chute, on fonce dedans.
04:36 C'est comme si on était attiré parce qu'on n'est pas concentré sur le fait d'éviter ou de freiner.
04:41 Les freins à disque n'ont pas eu d'influence ?
04:43 Non, je pense que les vélos n'ont jamais été aussi performants et sécuritaires qu'aujourd'hui.
04:48 Les freins à disque, tu freines beaucoup mieux avec des freins à disque
04:52 qu'avec les freins à patins dans le temps.
04:53 Dans le temps, quand c'était mouillé, les freins à patins,
04:56 tu pouvais bloquer le frein avant et le frein arrière, tu n'arrêtais pas.
04:58 Peut-être le fait que les guidons sont un peu moins larges.
05:00 On les voit beaucoup les gars avec les petits guidons.
05:02 Donc, ils ont peut-être une stabilité un peu mauvaise.
05:05 Je suis un spectateur assidu de toutes les courses de vélo.
05:08 Ici au Québec, on a la chance de pouvoir les garder le matin.
05:10 Ça ne gâche pas nos journées puisque avec le décalage horaire
05:14 et la transmission en direct maintenant avec toutes les chaînes qu'on peut avoir,
05:17 on regarde les courses le matin.
05:20 Donc, on ne gâche pas trop notre journée.
05:22 Pendant longtemps, les courses se sont décidées dans les derniers kilomètres,
05:26 voire les derniers hectomètres.
05:27 Aujourd'hui, on voit que nos grands leaders n'hésitent pas à attaquer de loin.
05:30 Donc, c'est super.
05:33 C'est génial.
05:34 Je ne suis pas là, je suis revenu.
05:36 Le deuxième paradoxe, c'est que des coureurs se présentent au top de leurs conditions
05:40 pour la première course de l'année.
05:42 C'est aussi une des nouvelles modes de préparation d'entraînement ?
05:45 Oui, c'est ça.
05:46 Contrairement aux années passées,
05:49 il y a déjà un petit moment qu'ils font ça,
05:51 aux années 80-90 où il fallait aller courir pour trouver la forme.
05:56 Aujourd'hui, on trouve la forme à l'entraînement avec des entraînements bien spécifiques.
06:00 Et puis les gars, quand ils arrivent sur une course, il n'y a plus de petite course.
06:04 On prend le départ d'une course pour être au top de sa forme.
06:07 Alors qu'avant, on allait souvent dans les courses pour trouver la forme.
06:09 Maintenant, c'est différent.
06:11 On a des moyennes extraordinaires.
06:12 Dans les trois monuments du cyclisme, déjà cette année,
06:16 on a eu des moyennes qui sont dignes des records.
06:19 Carrément, Paris-Roubaix a une vitesse extraordinaire.
06:22 Paris-Roubaix, Milan-San Remo, ils ont battu des records.
06:25 Je pense qu'il y a plein de paramètres qui font qu'aujourd'hui,
06:27 les courses sont retransmises en direct du départ à l'arrivée.
06:30 Donc les gars n'hésitent pas.
06:33 Ils s'échauffent avant le départ.
06:34 Même quand tu prends une départ de Milan-San Remo, 280 km, 290 km.
06:38 Les gars s'échauffent avant de partir.
06:41 Alors qu'il y a une année, il y a eu une époque où tu partais avec les jambières
06:45 et tu attendais le passage du Turquino pour commencer la course.
06:50 - Et la situation, parce qu'il y a aussi toujours des esprits malveillants
06:53 qui annoncent des théories.
06:54 La situation, c'est un cyclisme qui vous paraît sain à l'heure actuelle, propre,
06:59 sans aucune ambiguïté ?
07:02 - Je mettrais pratiquement mes mains à couper qu'aujourd'hui,
07:05 le cyclisme a beaucoup évolué.
07:07 Puis j'ai totalement confiance.
07:11 Il y aura toujours les malsains qui seront là, les éternels sceptiques.
07:15 Mais on n'y peut rien.
07:18 On vit dans une société comme ça.
07:20 Mais on peut croire sans problème aux espoirs de nos jeunes, des Evenpool,
07:25 des Pogacar, des Warnard, des Van Der Poel.
07:27 C'est des mecs que je mettrais ma main au feu,
07:29 qu'ils n'auront jamais de problème avec les années qu'on a connues.
07:32 Merci.
07:33 [SILENCE]

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