Européennes, Ukraine, Palestine... L'interview en intégralité de Raphaël Glucksmann

  • il y a 3 mois
Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place publique aux élections européennes, est l'invité de BFMTV-RMC ce mercredi.

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Transcript
00:00 - Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Raphaël Glucksmann.
00:04 - Bonjour.
00:04 - Merci d'être dans ce studio à trois jours de la fin de la campagne.
00:08 Vous êtes la tête de liste du Parti Socialiste, place publique aux élections européennes.
00:13 Vous êtes d'ailleurs déjà député européen depuis 2019.
00:17 Vous avez promis que vous vouliez incarner une gauche qui ne serait ni Jupiter ni Robespierre.
00:22 Et ce matin, je dois le dire, de nombreux auditeurs nous ont écrit pour vous interroger.
00:28 Vous suscitez donc la curiosité particulièrement de ceux qui peut-être hésitent à voter.
00:34 Et en particulier de ceux qui hésitent entre la Macronie et vous ou entre LFI et vous.
00:40 Vous êtes pris un peu en tonaille. On va essayer d'y voir plus clair ce matin.
00:43 D'abord, je commence avec les trois questions qui permettent de poser le décor et de comprendre quelle Europe avec vous, Raphaël Glucksmann.
00:50 La première, c'est cette fameuse question de la vente des voitures thermiques.
00:53 Elles seront interdites, les voitures thermiques neuves, en vente à partir de 2035 en Europe.
00:59 C'est la position, la proposition la plus impopulaire de l'Union européenne.
01:03 Est-ce qu'avec vous, on assume ou est-ce qu'on annule ?
01:05 On assume. Et on écoute les industriels qui nous disent une chose très simple.
01:10 Ne changez pas de cap. Vous savez, pour un politique, c'est facile de changer de cap.
01:14 Il suffit de regarder des sondages et ensuite, vous changez de position.
01:17 Mais quand vous êtes un industriel, vous faites des investissements en fonction du cap qui est fixé par le politique sur 10, 20 ou 30 ans.
01:22 Et donc, vous ne pouvez pas changer.
01:23 Et les dirigeants des industries automobiles nous disent, mais ne changez pas.
01:27 Une fois que vous avez fixé cette ligne, vous vous y tenez.
01:30 Mais ce n'est pas seulement les industriels qui nous disent ça.
01:32 Moi, j'ai été dans le limousin et Laure Claveau et Alexandre Subacchi, deux éleveurs du limousin, m'ont dit.
01:38 Mais si vous fixez un cap sur la transformation écologique, nous, ce qu'on a besoin de savoir, c'est que vous vous y tiendrez.
01:44 Que ça ne changera pas au bout de un an, deux ans ou trois ans.
01:47 Parce qu'en fait, pour nous, c'est des endettements.
01:49 C'est des modifications de nos modes de production, c'est des modifications de nos vies.
01:53 Et donc, ce qu'on a besoin, c'est de politiques qui fixent un cap et qui s'y tiennent.
01:57 Et cette transition écologique, ce sera plus d'usines et pas moins d'usines.
02:01 Ce sera une transformation.
02:02 Pour l'instant, c'est des voitures chinoises.
02:04 Pour l'instant, c'est des voitures chinoises.
02:05 Mais nos producteurs ont besoin d'un cap pour justement, justement qu'on puisse produire des voitures électriques.
02:10 Est-ce qu'il y a un décalage entre la théorie, qui est très belle sur le papier, et la réalité ?
02:16 Pour l'instant, quand on voit qu'en effet, les voitures électriques qui sont abordables pour les Français, elles viennent de Chine.
02:22 Et qu'est-ce que font les Américains ?
02:24 Ils taxent à 100% les voitures chinoises.
02:26 Et bien voilà.
02:27 Les Américains, ils taxent à 100% les voitures chinoises pour pouvoir développer leur industrie.
02:31 Mais alors vous aurez que des voitures chères.
02:32 Donc vous direz aux Français, vous ne pouvez plus acheter de voitures thermiques, mais par contre, vous allez acheter des voitures chères.
02:36 Ce dont on a besoin, c'est de développer les voitures bas de gamme électriques produites en Europe.
02:41 Mais vous savez...
02:42 Bas de gamme ou entrée de gamme ?
02:43 Entrée de gamme.
02:44 Vous allez peut-être être un peu découragé, ceux qui veulent acheter des voitures électriques, si vous leur dites "vous aurez une voiture bas de gamme".
02:48 Non, des voitures pas chères, c'est ça que vous voulez savoir.
02:51 Donc ce que je veux vous dire, c'est qu'en fait, nous on a un problème en Europe.
02:55 C'est qu'on est les dindons de la farce de la mondialisation.
02:57 Que les Américains, quand ils font face à une concurrence chinoise déloyale, ils taxent à 100%.
03:01 Que les Canadiens, quand ils font face à une concurrence chinoise déloyale, ils taxent à 235%.
03:06 Et ils ont raison.
03:07 Et ils ont raison.
03:08 Et en Europe, nous, on taxe à 15 ou 16%, ce qui n'est absolument pas dissuasif.
03:12 Moi, ce que je veux, c'est qu'une Europe nouvelle naisse de ces élections.
03:17 Et que ce soit une Europe qui soit capable de défendre les intérêts des productions européennes.
03:21 Et c'est pour ça qu'on propose, par exemple, une loi "Acheter européen",
03:24 qui réserve en priorité la commande publique européenne aux productions européennes.
03:28 Moi, je n'en peux plus, en fait, qu'on se fasse marcher dessus, qu'on soit incapable de réagir,
03:32 qu'on soit incapable de se comporter en puissance,
03:35 qu'on pense que les règles de l'OMC ont été données par Dieu à Moïse sur le Mont-Sinai.
03:39 Moi, ce que je veux, c'est une Europe qui défend d'abord les Européens.
03:43 - Raphaël Glucksmann, deuxième question, l'élargissement.
03:46 Est-ce que, oui ou non, vous êtes favorable à élargir l'Union européenne à l'Ukraine et à la Georgie ?
03:50 - Oui, oui.
03:51 Je suis pour l'unification du continent européen.
03:53 Mais ça ne se fera pas, si vous voulez, sans réforme.
03:56 Sans réforme extrêmement profonde en Ukraine, d'abord.
03:59 En Ukraine, moi, j'y ai été pendant la guerre.
04:00 Et sous les bombes, au Parlement ukrainien, ils sont en train de passer les lois pour changer,
04:05 pour lutter contre la corruption, pour changer les normes de production en Ukraine.
04:08 Donc, en pleine guerre, eux s'adaptent, eux se réforment pour pouvoir être candidats crédibles à l'intégration européenne.
04:14 Mais ça se fera aussi avec des réformes.
04:16 En Europe, on n'élargira pas à politique agricole commune constante.
04:21 Si on ne change pas à la PAC, eh bien, l'élargissement à l'Ukraine sera un désastre pour nos agriculteurs.
04:25 Mais nous, nous portons une réforme de la politique agricole commune pour qu'on subventionne non plus l'hectare,
04:30 ce qui favorise les grands exploitants de la bosse, mais ce qui favorisera surtout les grands exploitants ukrainiens.
04:34 - Mais avec aussi une question qui est la question tout simplement de la concurrence des travailleurs.
04:37 Et là, pour le coup, sur votre gauche, on est défavorable à l'entrée de l'Ukraine et de la Georgie.
04:42 Pas uniquement sur des questions d'élargissement ou de situation aujourd'hui géopolitique,
04:47 mais aussi tout simplement sur des questions de hausse de salaire.
04:50 C'est-à-dire que le salaire en Georgie ou en Ukraine, c'est 350 euros par mois.
04:55 Si demain, ils sont membres de l'Union européenne, est-ce qu'on est capable de gérer avec nos travailleurs à nous ?
05:00 - C'est bien pour ça qu'on propose dans la directive sur le salaire minimum une harmonisation, une convergence par le haut.
05:05 - Ça fait un bout de temps que vous le proposez, ça ne s'est jamais fait.
05:07 - Oui, mais ça vient d'être voté. Donc ça, ça a été quand même un grand résultat de notre groupe social-démocrate dans le mandat écoulé.
05:12 On n'avait pas de salaire minimum, on n'avait pas de plan de convergence.
05:15 Là, on a une harmonisation sociale par le haut qui se met en place.
05:18 Ça, c'est la première chose.
05:19 La deuxième chose, c'est que le Portugal, quand ils sont devenus candidats à l'Union européenne,
05:23 ils avaient un SMIC dix fois inférieur au SMIC français.
05:25 C'est-à-dire que la différence était plus forte qu'avec l'Ukraine.
05:27 Et aujourd'hui, personne ne remet en cause le fait qu'il y ait une convergence par le haut
05:31 et que le Portugal est membre à part entière de l'Union européenne et ne concurrence plus les productions françaises.
05:38 - Sur la question suivante, je crois comprendre votre position, puisqu'elle en découle.
05:43 Plus ou moins d'Europe ? Pour vous, plus ?
05:45 - Plus d'Europe, mais pas par idéal européiste.
05:47 - Mais est-ce que ça veut dire aussi plus d'Europe dans les décisions ?
05:49 Est-ce que ça veut dire que vous faites partie de ceux qui estiment qu'il faut supprimer le droit de veto ?
05:53 - Il faut supprimer le droit de veto. Pas par idéal européiste, mais parce que si nous devons devenir puissants,
05:59 nous avons besoin de ne plus être les otages de pays qui bloquent les avancées de la construction européenne
06:05 et qui bloquent notre retour justement à la souveraineté européenne.
06:08 Par exemple, prenez la question fiscale.
06:10 On a des paradis fiscaux qui ont aujourd'hui un droit de veto et qui empêchent la cohérence fiscale.
06:14 Et ça pénalise nos entreprises.
06:16 Par exemple, vous allez au coin de votre rue, vous avez un Starbucks et vous avez un PMU.
06:20 Et bien, pourquoi le Starbucks paye trois fois moins d'impôts que le PMU ?
06:24 Simplement parce que le Starbucks ne paye pas ses impôts en France
06:26 et qu'il y a des paradis fiscaux en Europe qui permettent aux multinationales de jouer sur la concurrence fiscale.
06:31 - Mais surtout précisément sur ce point, Raphaël Glucksmann,
06:33 on peut se demander si c'est ces pays-là qui se plieraient à nos règles et pas plutôt l'inverse.
06:37 Et ce n'est pas moi qui vous la pose, d'ailleurs, c'est Benoît qui est en ligne avec nous.
06:40 Bonjour Benoît.
06:41 - Bonjour Benoît.
06:42 - Oui bonjour, comment ça va ?
06:43 - Ça va très bien et vous ? Alors Benoît, vous nous appelez depuis votre camion, si j'en crois même l'image, je le vois.
06:50 Vous êtes au volant, à l'arrêt j'imagine.
06:52 Vous êtes chauffeur poids lourd dans la Manche et vous avez une question sur l'harmonisation fiscale, pardon.
06:58 Raphaël Glucksmann vous écoute.
07:00 - Oui, je voulais savoir si M. Glucksmann pensait vraiment qu'un pays en excédent budgétaire comme l'Allemagne
07:06 voulait aller vouloir s'aligner sur un pays en déficit comme la France, voire en faillite même la France.
07:13 - Raphaël Glucksmann.
07:15 - Alors sur la question de la cohérence fiscale, typiquement le droit de veto, ça pénalise les pays, la majorité des pays.
07:24 C'est-à-dire l'Allemagne et la France qui là-dessus ont la même position et qui veulent l'harmonisation fiscale
07:29 parce qu'ils se font pénaliser par des pays comme l'Irlande.
07:31 - Ils veulent l'harmonisation fiscale, mais si je comprends bien aussi votre question Benoît, c'est que l'harmonisation fiscale, à quel niveau ?
07:36 C'est-à-dire pourquoi est-ce que l'Allemagne se mettrait sur notre niveau ?
07:38 - Mais l'Allemagne en fait, l'Allemagne n'a pas une politique fiscale qui soit ultra compétitive par rapport à la France.
07:43 Elle a beaucoup moins de déficit budgétaire.
07:45 Par contre, ce qui est certain, c'est qu'il faut arriver à convaincre les Allemands qui bénéficient,
07:50 mais vraiment l'Allemagne est le principal bénéficiaire du marché unique,
07:53 et bien qu'ils doivent, comme pendant la pandémie, faire un effort de solidarité avec le reste de l'Europe
07:58 parce que c'est leur intérêt.
08:00 Et vous savez, au sein du patronat allemand, il y a aujourd'hui des discussions là-dessus.
08:04 Par exemple, une question simple, on a un déficit total d'investissement dans l'armement, dans la défense.
08:10 Nous, on a un plan de 100 milliards pour réarmer l'Europe.
08:14 Ce plan suppose un emprunt commun.
08:17 Et aujourd'hui, en Allemagne, alors qu'il y avait des réticences, j'y suis complètement favorable,
08:21 et aujourd'hui en Allemagne, il y a des discussions extrêmement profondes,
08:24 et les Allemands sont prêts aujourd'hui à faire ce pas et à se montrer solidaires des contribuables des autres pays
08:30 parce qu'ils sentent bien que leur intérêt et la puissance de leur économie reposent sur le marché unique.
08:35 Et donc, ils ne peuvent pas être simplement bénéficiaires.
08:37 Ils doivent aussi redistribuer les gains qu'ils ont eus de l'euro et du marché unique.
08:41 Et donc, il va falloir convaincre les Allemands.
08:43 C'est sûr que c'est un débat, mais ça va fonctionner sous la pression des événements.
08:47 Si Trump redevient président des États-Unis, il y aura un emprunt commun avec les Allemands
08:51 et les contribuables allemands participeront au réarmement de l'Europe.
08:55 Et puis après, Benoît, c'est Romain qui a une question pour vous.
08:58 Romain, il a 28 ans, il est ingénieur justement chez Dassault Aviation.
09:02 Bonjour, Raphaël Glucksmann.
09:04 Jusqu'à quand de vous nous envoyer des armes à l'Ukraine alors que ça nous coûte déjà des milliards d'euros ?
09:08 Votre réponse ?
09:09 Jusqu'à la défaite de Vladimir Poutine.
09:11 Parce que ce qui est en jeu, ce n'est pas simplement notre solidarité avec l'Ukraine.
09:14 C'est la sécurité et la stabilité du continent européen.
09:17 Vous savez, moi, j'ai présidé la commission spéciale sur les ingérences étrangères au Parlement européen.
09:21 Et quand les hackers russes attaquent nos hôpitaux en pleine pandémie, comme pas loin d'ici, à Corbeil,
09:26 et ce n'est pas en Ukraine que ça se passe, c'est en France.
09:29 Quand ils prennent pour cible nos soldats en Afrique, ce ne sont pas des soldats ukrainiens qu'ils prennent pour cible,
09:32 ce sont des soldats français.
09:34 Quand ils taguent des étoiles de David dans les rues de Paris, juste après le 7 octobre,
09:38 pour créer une atmosphère de guerre civile dans nos pays, ça se passe en France et pas en Ukraine.
09:42 Donc la cible de Vladimir Poutine dans sa grande croisade, qui n'a pas commencé le 24 février 2022,
09:47 ce sont nos pays, nos nations, nos démocraties.
09:50 Et donc nous devons considérer le front ukrainien comme notre première ligne de défense.
09:54 Et c'est pour notre sécurité que nous envoyons des armes.
09:56 Moi j'ai une solution, pour que ça ne coûte pas un euro au contribuable européen.
10:00 Il y a 206 milliards d'avoirs publics russes qui sont actuellement gelés dans nos banques.
10:05 Et bien saisissons-les.
10:07 Tous les juristes de la commission convergent, c'est légal.
10:10 Saisissons-les et affectons-les à l'aide à l'Ukraine.
10:14 La seule chose qui nous manque, c'est la volonté politique de le faire.
10:18 Et bien nous pousserons pour cette solution.
10:20 Emmanuel Macron va s'exprimer demain soir.
10:24 Il l'aura juste avant parlé avec Volodymyr Zelensky,
10:28 qui restera d'ailleurs vendredi à Paris pour discuter, je cite,
10:31 "des besoins de l'Ukraine face à la Russie".
10:33 Si jamais Emmanuel Macron annonce demain soir l'envoi de troupes au sol,
10:38 plus précisément d'instructeurs français, sur le sol ukrainien, est-ce que vous approuverez ?
10:43 Oui. J'ai toujours fixé une seule ligne rouge.
10:46 La confrontation militaire directe sur le front entre des troupes occidentales et les troupes russes.
10:53 Là, des instructeurs, oui.
10:55 Mais ceux dont les Ukrainiens ont le plus besoin...
10:57 Ça veut dire que s'ils sont à l'arrière, vous êtes OK, s'ils sont sur le front, c'est non ?
11:00 Il n'y aura pas des troupes combattantes, c'est ça la ligne rouge.
11:03 Et oui, donc oui à la proposition.
11:05 Vous savez, moi je ne suis pas un opposant pavlovien.
11:07 C'est-à-dire que quand Emmanuel Macron dit quelque chose qui est juste,
11:09 je ne vais pas faire semblant que c'est injuste,
11:11 simplement parce que je m'oppose à ses politiques sur tout le reste,
11:13 sur l'écologique, sur le social.
11:15 Maintenant, ce que les Ukrainiens demandent réellement, ce sont des armes.
11:20 Or, après deux ans et demi de guerre,
11:23 la France n'est pas capable de livrer plus de 5000 obus par mois à l'Ukraine
11:27 alors que la Russie en tire 20 000 par jour.
11:29 Nous n'avons pas réorganisé nos chaînes de production,
11:31 nous n'avons pas fixé de cap,
11:33 nous n'avons pas passé les contrats à long terme avec nos industriels qui sont nécessaires.
11:36 Bref, nous n'avons pas fait notre travail.
11:39 Vous avez précisé ce qu'était votre ligne rouge.
11:41 La ligne rouge russe, pour le coup, elle n'est pas exactement à ce niveau-là.
11:45 Et la Russie a immédiatement réagi en disant hier
11:47 que les instructeurs français en Ukraine, qu'ils soient français ou de toute autre nationalité,
11:52 seraient officiellement, d'après eux, des cibles.
11:55 Mais vous savez, les Russes, ils ont fixé une ligne rouge,
11:58 c'était des fusils et des balles au début du conflit.
12:01 On a donné des fusils, et c'était pas une ligne rouge.
12:03 Ils ont ensuite fixé une ligne rouge sur les temps.
12:05 C'est des fausses lignes rouges pour vous ?
12:06 Mais oui, c'est du rapport de force,
12:08 et face à un tyran qui déclenche des guerres, il faut savoir être ferme.
12:11 C'est comme ça qu'on construit la paix.
12:13 C'est pas par la lâcheté ou par la capitulation
12:15 qui ne fait que rapprocher la guerre de nos nations.
12:17 On a essayé cette lâcheté, on a essayé cette capitulation,
12:20 cet esprit de défaite, en pensant que ça nous achetait la paix.
12:23 Eh bien en fait, ça a rapproché la guerre de nos nations.
12:26 Et donc là, maintenant, il faut faire preuve de fermeté.
12:28 Quand on a discuté des tanks, on a perdu six mois
12:30 parce qu'on avait peur des lignes rouges russes.
12:32 On a livré les tanks, il ne s'est rien passé.
12:34 La même chose sur les avions, la même chose sur les missiles.
12:36 Ce n'est pas à Vladimir Poutine de fixer les lignes rouges.
12:38 Mais alors, forcément, je vous repose la question,
12:40 vos lignes, elles ont évolué.
12:42 Aujourd'hui, vous dites, ma dernière ligne qui reste,
12:44 c'est le fait qu'il y ait une confrontation
12:46 directe sur le front.
12:48 Est-ce que vous ne redoutez pas ?
12:50 Ou est-ce que vous pouvez comprendre que certains qui vous écoutent
12:52 se disent, peut-être que même cette ligne-là, il va la faire sauter ?
12:54 - Apolline de Malherbe, regardez-moi.
12:56 Je n'ai jamais changé de ligne rouge
12:59 depuis le 24 février 2022, c'est déjà ce que je disais.
13:02 - Vous vouliez déjà aller jusque-là.
13:04 - Je voulais déjà aller jusque-là.
13:06 J'avais dit de manière très claire,
13:08 la seule façon de résister à Poutine,
13:10 c'est de tout faire,
13:12 tout faire pour aider la résistance ukrainienne,
13:14 y compris la fourniture de tanks,
13:16 d'avions, de missiles.
13:18 La seule chose que nous ne devons pas faire,
13:20 c'est une confrontation militaire directe sur le front.
13:23 Je n'ai absolument pas changé.
13:25 Emmanuel Macron change.
13:27 Emmanuel Macron, TRG Vers, Emmanuel Macron hésite.
13:29 Emmanuel Macron change de position.
13:31 Moi, j'ai la même position depuis le début de la guerre.
13:34 Et je pense que c'est la position sur laquelle
13:36 tout le monde va finir par arriver.
13:38 - Au-delà de la position d'Emmanuel Macron,
13:40 le simple fait qu'il soit demain soir,
13:42 dans les 2h20, à 24h de la fin de la campagne officielle,
13:45 ça vous gêne, vous ou pas ?
13:47 - On assiste à quelque chose qui serait impossible
13:50 dans tous les autres pays européens.
13:52 - Qui l'est d'ailleurs impossible dans les autres pays.
13:54 - Qui est profondément impossible
13:56 dans tous les pays européens.
13:58 Tous nos voisins, quand on leur parle,
14:00 les députés européens des pays voisins,
14:02 ils sont scandalisés par ce qui se passe en France.
14:04 Parce qu'une chose très simple,
14:06 si le président de la République vient
14:08 et célèbre les jeunes de 20 ans
14:10 qui ont traversé l'Atlantique pour mourir sur nos plages,
14:12 pour libérer l'Europe, il est tout à fait dans son rôle.
14:15 Mais ils ont déjà annoncé à l'Elysée
14:17 qu'ils allaient parler de situation internationale
14:19 et d'élections européennes.
14:21 À 3 jours du scrutin.
14:23 Et en fait, ce à quoi on assiste,
14:25 c'est à une tentative permanente de kidnapping
14:27 de ces élections par l'exécutif.
14:29 - Vous parlez aussi de ce qui s'est passé
14:31 avant-hier matin avec Gabriel Attal,
14:33 qui s'est invité sur France Info.
14:35 - Qui vient prendre le micro de Valérie Haillet.
14:37 Mais je parle aussi du duel en prime time
14:39 sur le service public entre Gabriel Attal,
14:41 qui n'est pas candidat à ces élections,
14:43 et Jordane Bardella.
14:45 Mais vous savez, cela ne fonctionnera pas.
14:47 Cela ne fonctionne plus.
14:49 Ils n'arriveront pas à réinstaller en permanence
14:51 ce match entre Emmanuel Macron et Alexandre Attal.
14:53 Parce que nous avons montré qu'il existait une autre voie.
14:55 Au début des élections,
14:57 on avait 10 points d'écart
14:59 avec la liste de Mme Haillet et des matchs
15:01 avec la liste de Mme Haillet et des Macronistes.
15:03 Aujourd'hui, nous avons un point d'écart
15:05 avec la liste de Mme Haillet et des Macronistes.
15:07 Et donc, c'est votre responsabilité,
15:09 tous les gens qui nous écoutent.
15:11 Vous pouvez mettre fin,
15:13 tourner la page de ce duel mortifère
15:15 entre Macron et Corotte,
15:17 qui nous fait suffoquer.
15:19 - Sur la question des équilibres,
15:21 quelle place pour vous à gauche ?
15:23 Jean-Pierre nous a écrit ce matin
15:25 à l'adresse vosquestions@rmc.fr.
15:27 Il dit que Mme Aubry ne cesse d'affirmer
15:29 que son programme européen est celui de la nuppesse.
15:31 Le PS fait-il toujours partie de cette coalition ?
15:33 Oui ou non ?
15:35 Merci de lever cette ambiguïté.
15:37 - Les divergences sont immenses
15:39 et elles sont actées.
15:41 Moi, j'ai fixé un cap clair
15:43 qui est à la fois sur le fond.
15:45 Nous ne sommes pas d'accord sur l'Europe.
15:47 Nous ne sommes pas d'accord sur la construction
15:49 de la défense européenne. Nous ne sommes pas d'accord
15:51 sur Vladimir Poutine. Nous ne sommes pas d'accord
15:53 sur le fait de qualifier ou non le Hamas
15:55 d'organisation terroriste. Nous ne sommes pas d'accord
15:57 sur la démocratie et sur le rapport
15:59 à la violence, à la brutalisation
16:01 du débat public. Donc moi, je fixe
16:03 un cap extrêmement clair.
16:05 - Donc vous n'allez pas au lendemain des élections européennes
16:07 reconstruire quelque chose avec Al-Hafidh ?
16:09 Il n'y a plus rien entre vous ?
16:11 - Je serai le gardien. Si des individualités rompent
16:13 avec ces méthodes, avec ces pratiques,
16:15 avec ce fond, et bien très bien.
16:17 Mais moi, je serai le gardien
16:19 qu'il n'y a aucun
16:21 changement de ce cap.
16:23 Vous savez, moi, je m'inscris dans une tradition politique
16:25 qui est celle de Blum, de son
16:27 rejet de la violence en politique, de son rapport
16:29 à la démocratie et à l'autoritarisme.
16:31 Moi, je m'inscris dans la filiation aussi
16:33 de Mendes France, de son rapport à la vérité,
16:35 à l'intégrité. Et donc de cela,
16:37 je ne dévierai jamais.
16:39 - Quand vous avez vu les Insoumis hier
16:41 qui s'étaient habillés en rouge, vert, noir et blanc
16:43 aux couleurs du drapeau palestinien, qui ont
16:45 ensuite déroulé à nouveau
16:47 un drapeau palestinien au sein
16:49 de l'hémicycle, vous vous êtes dit que c'était trop ?
16:51 Vous vous êtes dit quoi ?
16:53 - C'est la stochisation de la vie politique.
16:55 C'est le culte du buzz permanent, du happening.
16:57 Moi, vous savez, normalement, là, ce que vous
16:59 devriez faire, c'est m'interroger
17:01 sur Rafa.
17:03 - C'est ce que je vais faire d'ailleurs.
17:05 - C'est m'interroger sur l'État palestinien.
17:07 Mais là, ce qui se passe partout,
17:09 c'est qu'on va m'interroger sur les Insoumis.
17:11 - Vous estimez que c'est de ma faute aussi, à l'heure ?
17:13 - Non, c'est eux qui génèrent ça. Ils ont décidé
17:15 qu'ils seraient le principal sujet.
17:17 Or, le principal sujet, c'est ce qui se passe
17:19 à Rafa, c'est ce qui se passe sur le terrain,
17:21 c'est ce qui se passe en Cisjordanie.
17:23 - Camilla vous demande, elle vient de nous écrire pendant
17:25 l'émission en direct, elle nous demande, est-ce que
17:27 vous reconnaissez, oui ou non, l'État palestinien ?
17:29 - Oui, et je pense que c'est le moment
17:31 et que les Palestiniens
17:33 ne peuvent pas voir la perspective de leur État
17:35 repousser sans cesse au calan de Grec.
17:37 Nous avons, nous, une position
17:39 très claire, deux États.
17:41 Tout le monde le répète, mais plus
17:43 on le répète, plus ça s'éloigne. Donc, il faut
17:45 montrer aux Palestiniens que leurs droits
17:47 seront reconnus et leur droit à un État
17:49 est inalégnable. Donc, oui, il faut
17:51 reconnaître l'État palestinien. Et même
17:53 dans la perspective de la lutte contre le terrorisme,
17:55 c'est essentiel. Parce qu'en fait,
17:57 ce fait de maintenir
17:59 en permanence les Palestiniens
18:01 dans un "no man's land" juridique,
18:03 dans une non-existence légale,
18:05 c'est ce qui nourrit les organisations terroristes
18:07 comme le Hamas. Et la politique
18:09 d'extension infinie de la colonisation en Cisjordanie
18:11 qui avait commencé avant le 7 octobre, n'avait
18:13 qu'un seul but, n'a qu'un seul but,
18:15 miner la possibilité même
18:17 de l'existence de l'État palestinien. Et donc, c'est
18:19 important que les Européens marquent le coup.
18:21 - D'acter. - D'acter, oui. - Raphaël
18:23 Glucksmann, qu'est-ce qui vous différencie
18:25 de Valérie Ayé qui dit hier à propos
18:27 de vous que vous vous planquez,
18:29 jamais ils ne diront, vous ou
18:31 François-Xavier Bélamy, qu'en vrai,
18:33 nous sommes dans la même coalition.
18:35 - Il n'y a pas de coalition. Il y a une coalition
18:37 texte par texte au Parlement européen. Et oui,
18:39 ça m'arrive de voter avec Valérie Ayé.
18:41 - Elle dit on vote à 99% pareil quand on est au Parlement européen.
18:43 - Alors, elle est passée de 80 à 90
18:45 à 99. Ensuite, je suis l'arbre qui cache
18:47 la forêt nuppes. Je suis un afro-bolchévique. Bref,
18:49 il faudrait qu'ils se mettent d'accord sur leurs éléments de langage
18:51 me concernant. Ça serait plus cohérent et ça serait
18:53 moins insultant pour l'intelligence des auditrices et des
18:55 auditeurs. Mais au-delà de ça,
18:57 les différences, elles, sont fondamentales.
18:59 Sur la politique agricole commune,
19:01 nous n'avons pas la même position.
19:03 Sur la transformation écologique, nous n'avons
19:05 pas la même ambition. Sur, simplement,
19:07 une question simple, qui finance
19:09 les investissements dont elle parle ?
19:11 Eh bien, moi, j'ai une proposition.
19:13 Que ce soit les plus fortunés qui
19:15 financent la transition écologique
19:17 et les investissements sociaux. - C'est cette taxe que vous voulez créer ?
19:19 Cette taxe européenne sur les multimillionnaires ?
19:21 - Sur les multimillionnaires et sur les milliardaires. Mais avec la Macronie,
19:23 c'est toujours la même chose. Ils sont
19:25 forts avec les faibles et faibles
19:27 avec les forts. Quand ils sont confrontés à un mur de
19:29 déficit, comme c'est le cas aujourd'hui, leur
19:31 premier réflexe, c'est d'aller taper les
19:33 chômeurs. Nous, notre premier réflexe,
19:35 c'est d'aller trouver l'argent là où il est.
19:37 Dans les dividendes records versés aux
19:39 actionnaires, dans les plus hauts
19:41 patrimoines qui, je le rappelle, les multimillionnaires
19:43 et les milliardaires aujourd'hui en Europe,
19:45 ils payent en proportion à leur fortune
19:47 moins d'impôts que les classes moyennes et les classes moyennes
19:49 supérieures. Et donc, en fait, il y a là
19:51 une question de rapport au monde qui est
19:53 un gouffre. - Et vous savez quoi ? Je poserai
19:55 exactement la même question demain matin
19:57 à ce même micro à Valérie Ayé,
19:59 savoir justement si elle est sur les 80 ou les 99%.
20:01 - Et demander lui ce qu'elle pense
20:03 d'une taxe sur les plus hauts patrimoines
20:05 à l'échelle européenne. - Je lui poserai la question.
20:07 Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti
20:09 socialiste Place publique aux élections
20:11 européennes. Merci d'avoir répondu à mes questions
20:13 et à celles des auditeurs. - Merci. Et surtout,
20:15 un vote de cœur.
20:17 Un vote utile, mais un vote de cœur.
20:19 Il faut que les gens votent avec enthousiasme. - Non, vous allez pas nous faire... Vous nous refaites
20:21 toujours la même conclusion. - Mais non, mais oui. - On a bien compris.
20:23 - Je veux que les gens votent avec enthousiasme.
20:25 En accord avec Mme Guipo. - Et les élections, c'est dimanche.
20:27 - Il faut réenchanter la démocratie. Oui, c'est dimanche. C'est le 9 juin.
20:29 - On dirait François Hollande. C'est drôle, réenchanter.
20:31 Vous avez repris la même chose. - Je savais pas que ça venait de lui, mais en tout cas, c'est fondamental.
20:35 - Réenchanter le rêve français. 8h53 sur RMC et BFM TV. C'est bon.
20:37 - Merci à vous. - Merci à vous.

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