On a suivi Jean-Noël, membre du groupe Last Train à Mulhouse, pour l’enregistrement de leur nouvel album « Original Motion Picture Soundtrack » accompagné d’un orchestre symphonique. Il nous explique comment ils ont réussi à relever le défi de trouver un terrain d’entente entre la musique classique et le rock, deux styles de musique complètement opposés.
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00:00 Est-ce que Lastrain c'est un groupe de rock ? C'est une très bonne question.
00:02 C'est évidemment encore et toujours et plus que jamais un groupe de rock.
00:07 Un projet comme celui-ci ça donne du sens justement à la musique qu'on joue.
00:10 Salut c'est Jean-Noël de Lastrain.
00:25 On est à Mulhouse, on est en 2023, on est en juin 2023.
00:28 On est à la Filature, dans la salle de répétition de l'Orchestre Symphonique de Mulhouse.
00:32 Et on est en train d'enregistrer Original Motion Picture Song Track, qui est l'album qui vient de sortir.
00:36 Là aujourd'hui c'est un moment qui est assez important pour nous parce qu'on est en train d'enregistrer
00:40 le cœur en fait de l'album, vraiment la partie centrale,
00:45 tout le squelette en fait de toutes les parties orchestrales.
00:47 Donc avec Rémi, nous on a écrit pendant quasiment une dizaine de mois cette partie-là,
00:51 on a tout programmé sur ordi.
00:53 On a confié ça à Fabien Cali qui est un orchestrateur,
00:56 qui les a traduits on va dire pour les différents pupitres.
00:58 Puis aujourd'hui en fait tout ça devient concret,
01:00 on est en train d'entendre quasiment pour la première fois les titres avec l'orchestre en l'occurrence.
01:05 Puis on en profite du coup pour tout enregistrer.
01:08 Au début de la semaine d'enregistrement, on s'est adressé aux musiciens de l'orchestre,
01:15 on a dit que pour nous c'était un pari, c'était une prise de risque pour nous à plusieurs égards.
01:20 Il y a vraiment la partie artistique effectivement qui pour nous est un pari.
01:23 Avec les garçons, on a vraiment appris la musique en local de répétition,
01:28 on joue ensemble, alors certes depuis 15 ans,
01:30 mais en fait on n'a jamais joué avec quelqu'un d'autre que moi, Tim, Antoine, Julien.
01:34 Donc la musique on l'a appris comme ça.
01:36 Pour nous c'est complètement impensable d'avoir 50 musiciens qui débarquent,
01:40 qui découvrent les partitions en fait et puis qui le jouent directement.
01:44 On sent que c'est une autre école, c'est une autre approche de la musique
01:48 et que du coup il y a peut-être un vocabulaire commun à trouver,
01:51 un terrain d'entente à trouver j'ai envie de dire.
01:53 C'est là où est le défi aussi,
01:55 c'est qu'un groupe de rock peut collaborer avec un orchestre symphonique,
01:58 d'une part sans tomber dans le cliché du rock symphonique,
02:02 et puis d'autre part sans que ce soit conflictuel en fait
02:04 et que ça puisse aider les uns et les autres.
02:06 Là maintenant on quitte Mulhouse,
02:22 on va aller dans des petits bleds qui sont quand même plus représentatifs de là où on a grandi nous.
02:27 On va aller au White Bat Recorders,
02:29 qui est le studio de Rémi.
02:32 Rémi c'est notre réal depuis un peu toujours
02:35 parce que c'est lui qui a enregistré les premiers EP aussi,
02:38 les premiers titres, les Cold Fever, Fire et tout ça.
02:40 Donc en fait on n'a jamais vraiment cessé de travailler avec lui
02:43 et il fait vraiment partie, on va dire à part entière du groupe quoi.
02:48 Il a construit un studio dans une grange, dans la grange de ses parents
02:51 et vous allez voir que c'est assez délire, ça ressemble pas mal à un vaisseau spatial.
02:56 La genèse de l'album remonte à un moment en fait.
03:00 On se souvenait avec les garçons qu'on avait voulu de base faire un genre de projet un peu
03:04 unplugged avec un Quatuor Record etc.
03:07 Et puis on voulait l'emmener vite sur la route.
03:09 Et puis avec la sortie de How Did We Get There,
03:12 nous on est reparti en tournée, il y a eu l'épisode Covid et tout ça.
03:16 Enfin finalement le projet a été un peu revu
03:19 et entre temps on a recomposé d'autres choses, plus orchestrales,
03:22 avec d'autres instruments etc.
03:24 Donc finalement c'est devenu un peu plus ambitieux.
03:26 On a toujours eu cette partie un peu plus épique,
03:29 j'ai envie de dire, un peu plus cinématographique dans notre musique.
03:34 Là l'idée c'est simplement qu'on le donne un peu plus explicitement.
03:48 Ici on est au White Bat Recorders.
03:51 Là on est dans une vieille grange en fait, dans un village alsacien,
03:56 qui a été complètement réhabilité en studio d'enregistrement.
03:59 Et on y a enregistré Weathering, notre premier album,
04:01 mais également le terminé de notre second album, The Big Picture.
04:05 On y a fait How Did We Get There.
04:07 Quand on a préparé ce projet Original Motion Picture Soundtrack,
04:10 on est naturellement venu ici pour faire toute la partie pré-production,
04:15 qui était assez conséquente.
04:17 Et aujourd'hui on fait les allers-retours finalement entre la filature,
04:20 qui est l'endroit où on enregistre l'Orchestre Symphonique 2012,
04:23 et ici où finalement on s'occupe de toute la partie production,
04:26 où on va faire le mixage, avant de pouvoir sortir le disque.
04:30 On a toujours été attiré comme beaucoup de musiciens par le cinéma,
04:42 par la musique de film de manière générale.
04:44 Et l'idée pour nous avec les Garçons depuis longtemps,
04:46 c'était de trouver un projet où on pouvait rendre nos idées plus explicites
04:51 qu'à l'écoute d'un album de la Strain ou à l'écoute d'un live de la Strain,
04:54 qui est quand même assez rock, assez riff de guitare,
04:57 trance-pig, grosse énergie.
04:59 Le cinéma, on s'est dit que c'était intéressant pour nous
05:02 de trouver un concept et de trouver ce concept de la "fausse musique de film",
05:06 donc le nom Original Motion Picture Soundtrack,
05:08 qui fait référence naturellement à ça.
05:11 Et en fait le projet s'est construit comme ça, petit à petit.
05:15 La Strain, c'est un jeune groupe, on n'a même pas 30 ans,
05:17 mais finalement, ça fait déjà 15 ans qu'on fait de la musique ensemble,
05:20 on a sorti deux albums, on a déjà un petit peu tourné.
05:23 On pourrait se mettre la pression en se disant
05:26 "Putain, il faut absolument que ça tabasse, que ça avance,
05:29 sortir un gros single, faire un succès".
05:32 Mais non, je crois que le principal, c'était de faire ce qu'on avait envie de faire.
05:38 Et puis, on a fait un album, on a fait un tour,
05:40 on a fait un album de la Strain,
05:42 et le principal, c'était de faire ce qu'on avait envie de faire.
05:45 Ensuite, moi je ne veux pas te cacher que si ça donne des idées à quelqu'un
05:50 pour nous demander un jour de faire de la musique à l'image,
05:53 on serait flatté, on serait touché, on irait à fond dedans,
05:58 parce que c'est juste hyper enrichissant et que c'est ce qui nous fait vivrer.
06:03 Mais disons qu'on ne s'est pas mis en tête de faire ni un CV,
06:07 ni de faire un succès, on va dire, avec ce disque-là.
06:09 Donc je crois que l'idée, c'était de pouvoir dropper ce disque
06:13 et puis de continuer à être sur la route avec les gars.
06:15 Est-ce que la Strain, c'est un groupe de rock ?
06:25 C'est une très bonne question.
06:27 C'est évidemment encore et toujours, et plus que jamais, un groupe de rock.
06:32 Et un projet comme celui-ci, ça donne du sens justement à la musique qu'on joue.
06:38 Ça évite de tomber dans des redites et dans une autosatisfaction
06:44 de ce qu'on fait avec nos guitares.
06:46 Non, au contraire, là, ça nous a permis de respirer un bon coup
06:49 et de revenir avec un troisième album qui est beaucoup plus rock.
06:53 [Musique]