Son amour pour « Coeur » de Clara Luciani, sa découverte de D’Angelo grâce aux versaillais Phoenix, l’édition originale de « Watertown » de Frank Sinatra… On a fait un tour chez le disquaire avec Philippe Katerine.
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MusiqueTranscription
00:00C'est quoi ça ?
00:00C'est moi quand j'étais petit.
00:02Belle allure !
00:04La première fois que j'ai entendu ce disque,
00:06je me suis dit, je vais le saigner.
00:08Quand on l'écoute, c'est comme si on était déjà dans un cercueil,
00:11mais de satin.
00:12Bonjour, c'est Philippe Catherine,
00:14on est à Ballade Sonore,
00:16le fameux disquaire au pied de la butte Montmartre,
00:19qui est un véritable...
00:21paradis.
00:22Je vais fouiller dans les bacs
00:24et vous parler des disques
00:27que j'aime,
00:28tout simplement.
00:30J'adore, j'adore, j'adore, j'adore, j'adore, j'adore.
00:39Bob Dylan, Blonde on Blonde,
00:43qui veut dire...
00:46blond sur blond.
00:47J'ai découvert ce disque quand j'avais 16 ans.
00:50Moi, j'ai découvert un peu tard les disques, vraiment.
00:52Et celui-là, c'était après un article, comme souvent,
00:56que j'avais lu quelque part, je ne sais plus bien où,
00:58peut-être Rock & Folk.
00:59Je l'avais trouvé miraculeusement.
01:02Et je n'en revenais pas, surtout que sur une pochette,
01:05on ne puisse pas mettre le nom.
01:07Quelle audace, quelle audace incroyable.
01:10Et évidemment, dans ces années-là, on est en 66,
01:13Bob Dylan était dans une audace quotidienne.
01:17Il suffit de voir le documentaire de Penn Baker
01:21sur sa tournée en Angleterre.
01:23C'est fabuleux parce qu'il est en surconfiance.
01:27Et ça a duré un certain temps jusqu'à son fameux clash de motos,
01:33dont on ne sait jamais ce qui s'est avéré.
01:35On est vraiment dans l'âge d'or de Dylan.
01:38Il chante d'une façon vraiment impayable.
01:43Personne n'a chanté comme ça.
01:45Il y a dans ce disque des miracles.
01:48Bob Dylan s'était mis à l'électricité avec un groupe,
01:52peut-être deux ans avant.
01:56Et il semblait...
01:58C'est comme un enfant qui arrive dans un magasin de jouets,
02:01et qui, en plus, fait hurler une partie de son public.
02:04C'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable.
02:07Et Bob Dylan, c'est un des meilleurs artistes de l'époque.
02:10C'est un des meilleurs artistes de l'époque.
02:12Il fait hurler une partie de son public.
02:14Il crie au scandale parce qu'il y a des guitares.
02:19Lui, il en avait rien à foutre.
02:21Il était en confiance énorme.
02:23Ce n'était pas un problème de faire exploser les acquis qu'il avait
02:27et les certitudes d'une partie de son public.
02:33Il est bon ce disque, j'aime beaucoup ce disque aussi.
02:35Vous connaissez ?
02:36Ah oui, je ne connaissais pas ça.
02:38Je cherche, je cherche.
02:40Claque-la Lulu.
02:41Il y a deux disques qui se répondent et qui sont des pierres angulaires de la pop française.
02:50C'est celui-là, Coeur, et aussi celui de Juliette Armanek qui s'appelle Brûler le feu.
02:57Alors, il y a deux disques qui se répondent un peu parce qu'ils ont comme ça une couleur, disons, presque disco.
03:04Ce que j'apprécie dans les deux cas d'ailleurs chez Juliette Armanek,
03:07et Clara Luciani, c'est qu'elle se découvre.
03:09Elle se découvre tout d'un coup queen disco d'aujourd'hui.
03:16Et ça, j'aime beaucoup quand tout d'un coup, il y a une révélation dans le parcours de quelqu'un.
03:21Quelqu'un qui se découvre.
03:23Je me souviens quand j'ai commencé à chanter haut,
03:25je ne savais pas que je pouvais chanter haut avec des notes hautes.
03:28C'est une découverte et c'est comme une nouvelle naissance.
03:38Pour Clara Luciani, il y a l'évidence d'une star.
03:44Ça se voit tout de suite.
03:46Et j'aime beaucoup la pochette d'ailleurs qui va un petit peu dans ce sens-là.
03:49Elle porte bien, ça on le sait.
03:52Et elle a aussi, même, surtout une grâce dans l'écriture
03:58qui paraît hyper naturelle.
04:02Alors, on entend bien sûr un peu de Françoise Hardy.
04:05Mais sur ce disque-là, on est groove.
04:08Ça donne envie de danser en permanence.
04:11Il y a des « Respire encore » qui est une composition,
04:16il fallait la sortir.
04:28La première fois que j'ai entendu ce disque-là,
04:30je me suis dit, je vais le saigner.
04:32Je vais le saigner, on va vivre ensemble.
04:35C'est évident, à un certain temps, voire toute la vie.
04:44Que de choses à découvrir.
04:46Que de choses.
04:47Oh !
04:49Oh !
04:50Mais c'est quoi ça ?
04:51C'est moi quand j'étais petit.
04:52Belle allure.
04:53Il s'agit de « Don Gelo » avec un « D apostrophe ».
04:58C'est un disque que j'ai découvert
05:00par l'intermédiaire du groupe Versaillais, Phénix.
05:05Parce qu'ils avaient fait une compilation.
05:10Il y avait un morceau de « Don Gelo » dans cette compilation.
05:13Et ça m'avait tout de suite frappé.
05:16C'est une production qu'on pourrait qualifier de lourde.
05:21Il y a du Prince aussi, quelque part.
05:23Mais en plus marécageux.
05:26C'est un groove qui est fait de peu de choses.
05:30Mais on ne s'en sort pas.
05:40Il y a des harmonies de voix qui sont celles d'un ange.
05:44D'où peut-être son nom « Don Gelo ».
05:47C'est vrai que c'est un disque qui est incroyable.
05:49Il y a un morceau que j'aime.
05:58« Feel like making love ».
06:09C'est un disque hyper addictif.
06:11Si vous l'écoutez une fois,
06:12je ne remercierais jamais assez les Phénix.
06:15Pour leur musique, j'aurais pu choisir un autre disque.
06:18Mais ça, c'est vraiment un disque de cheveux.
06:22Personnel, en tout cas.
06:36C'est son dernier disque.
06:38On est en 1958.
06:40Elle mourra, je crois, peu de temps après.
06:43Elle est dans un état…
06:45Ça ne va pas fort.
06:47Il y a l'alcool, il y a la drogue.
06:50Et sur ce disque, il y a l'ombre de la mort qui traîne.
06:57Mais on peut l'écouter sans cette idée lugubre.
07:04Parce qu'il y a toujours de la magie dans la voix de Billie Holiday.
07:08D'autant sur ces orchestrations où il n'y a pas de batterie.
07:12Vous êtes sur des tapis de cordes.
07:16Quand on l'écoute, c'est comme si on était déjà dans un cercueil.
07:20Mais de satin.
07:22Confort, quand même.
07:24Il y a du confort aussi dans ce disque.
07:26Malgré ce côté mortuaire.
07:30C'est des grands disques sur la mort.
07:32J'aurais pu choisir ceux de Nico.
07:35C'est un grand disque.
07:37C'est un grand disque.
07:40Qui promène un parfum glacial.
07:46Et il y a un peu de ce côté-là aussi chez Billie Holiday.
07:51On n'est plus dans le ternaire jazz.
07:54Mais vraiment sur une horizon de la mort.
07:58C'est un disque qui est un peu dans la mort.
08:01C'est un disque qui est un peu dans la mort.
08:04C'est un disque qui est un peu dans la mort.
08:07Mais vraiment sur une horizon funèbre.
08:10Il n'y a pas d'autre mot.
08:11Et c'est sublime.
08:25Watertown de Frank Sinatra.
08:28C'est apparemment l'édition originale.
08:33Voyons voir la rondelle.
08:38Clairement.
08:40C'est un album conceptuel qui nous raconte un homme.
08:44Un homme en larmes et en haillons.
08:47Qui après que son épouse soit partie du foyer.
08:52Se retrouve avec ses deux enfants.
08:55Et il n'est pas bien.
08:58On voit aussi qu'il y a une station de la gare.
09:03Tous les jours il va à la gare de ce Watertown.
09:09Pour attendre le retour de son aimé.
09:13C'est un disque déchirant, terrible.
09:26Ce disque a été enregistré à New York.
09:28Et lui il a fait les voix à Los Angeles.
09:31Ça n'a pas du tout marché.
09:33Il était bien déçu.
09:34Les hippies n'ont pas du tout accroché à ce disque.
09:38Qui pourtant est véritablement une merveille.
09:42Parce qu'on voyait toujours la voix de Frank Sinatra.
09:44The golden voice.
09:45Vous aimez bien l'idée de conceptualiser une chanson ou un disque ?
09:48Les albums concept sont des très bons.
09:51Notamment chez Gainsbourg.
09:53Me concernant, je ne préfère pas me mettre dans un carcan.
09:58Après j'essaie de trouver un vague concept.
10:01Pour trouver l'ordre des chansons.
10:03Mais je tiens beaucoup à considérer qu'un disque.
10:07C'est une première chanson jusqu'à la dernière.
10:10C'est un voyage quand même.
10:12Donc il y a une logique qui est intérieure.
10:14Mais je préfère qu'elle ne soit pas visible.
10:18Parce qu'on s'en fout un peu que ce soit conceptuel.
10:21Ce qui compte c'est la beauté de cette musique.
10:29Quels sont vos goûts musicaux ?
10:34Mes goûts musicaux c'est très éclaté.
10:36Je peux me tourner vers Sheila facilement.
10:40Pour arriver à Franck Océan.
10:43J'écoute aussi beaucoup de classiques.
10:45Chouchou, Schubert.
10:47Il n'y a aucune logique je dirais.
10:49Il n'y a aucune logique dans ce que j'aime.
10:51Par contre j'en mange beaucoup de musique.
10:53Ça c'est sûr.