"Histoires de familles" "Horreur en classe de neige"

  • il y a 4 mois
En mars 1998, une classe de CM2 d'une école du Nord-Pas-de-Calais part en classe de neige à Albiez-Montrond, un village savoyard. La veille du retour prévu, vers minuit, les instituteurs rentrent au chalet pour dormir après avoir fait un dernier tour de surveillance auprès des enfants. Le lendemain matin, l'un des instituteurs, Bruno, est réveillé par une animatrice en état de choc. Ils découvrent alors qu'un des élèves, un petit garçon de 10 ans prénommé Grégory, a disparu du chalet pendant la nuit. S'ensuit une vaste opération de recherches mobilisant les gendarmes, les pisteurs secouristes et même l'armée pour retrouver l'enfant dans ce village enneigé de haute montagne. Mais les jours passent sans aucune nouvelle de Grégory. Les enquêteurs se penchent sur la thèse d'un enlèvement ou d'un accident tragique. Mais aucune piste ne permet d'élucider le mystère de cette disparition pendant la classe de neige. L'épisode revient sur cette affaire glaçante restée non résolue, à travers les témoignages des familles, enseignants et secouristes impliqués. Il souligne le traumatisme et les séquelles laissés par cette terrible disparition d'un enfant en pleine montagne.

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Transcription
00:00 Bonjour, bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Histoire de Famille, votre rendez-vous quotidien.
00:05 L'histoire du jour nous emmène au cœur des Alpes, à Albiers-Montrond.
00:21 Ce petit village savoyard est situé à 1600 mètres d'altitude et représente un cadre idyllique pour faire du ski.
00:29 C'est notamment là que les enfants d'une école du Nord Pas-de-Calais passent leur classe de neige.
00:34 Mais en mars 1998, les vacances de ces élèves vont virer au cauchemar.
00:40 Nous sommes le 19 mars, la veille du retour des enfants auprès de leur famille.
00:45 Il est environ minuit et après avoir bu quelques verres, les instituteurs entrent au chalet pour dormir.
00:51 Bruno, l'un d'eux, fait un dernier tour de ronde pour s'assurer que tous les enfants dorment.
00:57 Les couloirs sont silencieux, les lumières sont éteintes dans les chambres.
01:01 Rien ne semble perturber le sommeil des enfants.
01:04 Pourtant, le lendemain matin, Bruno est réveillé par une animatrice en état de choc.
01:10 En se rendant dans la salle de bain, l'instituteur fait alors une découverte effroyable.
01:16 Ce matin, on frappe très fort à ma porte, Sandrine, l'animatrice, me réveille.
01:22 Et un peu en panique, me dit Bruno, Bruno, la petite, il y a Ludivine qui est tombée, qui est inanimée dans la salle de bain.
01:34 Donc je me réveille, précipitation, la chambre était, trois chambres au-dessus de moi.
01:41 Et je découvre Ludivine allongée sur le sol.
01:45 La fillette de 11 ans gît sur le carrelage de la salle de bain.
01:51 Le premier geste que j'ai eu, c'est d'essayer de lui faire les premiers gestes de secours.
01:57 Et en fait, je me suis rendu compte très vite qu'elle était décédée.
02:04 Bruno est effondré. Pour l'instituteur, c'est l'incompréhension totale.
02:16 À ce moment-là, je pense que Ludivine a eu un malaise. Elle pouvait être malade ou avoir mangé quelque chose, s'être étouffée.
02:24 J'avais énormément d'hypothèses, mais je ne savais pas laquelle.
02:30 Dans le chalet, c'est la stupeur. Bruno, l'instituteur, appelle immédiatement pompiers et gendarmes.
02:38 Mais qu'est-ce qu'il s'est passé dans la chambre de la petite fille ?
02:42 Est-ce un terrible accident ? Que vont découvrir les enquêteurs ?
02:47 20 minutes après la découverte macabre de Bruno, les gendarmes de Saint-Jean-de-Maurienne arrivent au chalet.
02:58 Accompagnés de pompiers, ils investissent la salle de bain où Ludivine a été retrouvée inanimée.
03:08 Les premières constatations démontrent qu'il n'y a pas eu d'effraction, que ce n'est pas quelqu'un qui est rentré dans ce chalet.
03:17 Ludivine gît sur le sol, il n'y a aucune trace de sang.
03:22 Les gendarmes confirment très vite le décès. La fillette serait morte depuis quelques heures.
03:30 Rapidement, un médecin légiste est dépêché sur les lieux.
03:36 - Le médecin légiste qui va venir fait ses premières constatations et voit que Ludivine serait morte apparemment de strangulation.
03:46 Le rapport d'autopsie va confirmer que la fillette de 11 ans est bien morte par strangulation.
03:53 Par ailleurs, aucune trace de sévice sexuel n'est relevée.
03:58 Les enquêteurs concluent qu'ils ont donc affaire à un meurtre.
04:02 Mais pour l'heure, ils n'ont aucun indice.
04:06 Avant de commencer leurs investigations, ils ont la lourde tâche d'avertir les parents de Ludivine.
04:12 Pour sa mère, le choc est immense.
04:16 - Elle ne comprend pas et elle le vit très mal parce qu'elle voudrait savoir ce qui s'est passé et pourquoi sa fille a été étranglée.
04:28 Daniel, son père, routier, est séparé de la mère de Ludivine.
04:33 Et lui apprend la terrible nouvelle d'une toute autre manière.
04:38 - Je me trouve au volant de mon camion, j'ai écouté RTL, j'ai entendu aux informations qu'il y avait eu un problème avec une petite fille qui dépendait de l'académie de Lille.
04:51 Là, ils ont simplement prononcé son prénom et la ville d'où elle était.
04:55 J'ai compris qu'il s'agissait de ma fille.
04:58 Le monde s'arrête, on se demande si c'est un rêve, si c'est un cauchemar, si c'est vrai, si on a bien entendu.
05:08 On se dit que c'est pas possible.
05:12 Les parents de la fillette sont alors immédiatement convoqués à Albier-Montrond.
05:20 - Pour elle, c'est un véritable cauchemar parce que reconnaître le corps de son enfant à la mort, qu'il y a que l'enfant est mort, c'est quelque chose d'effrayant.
05:30 D'ailleurs, elle était venue en voiture et elle n'a pas pu repartir en voiture tellement elle était bouleversée.
05:37 Elle a dû repartir en ambulance.
05:39 - On se demande pourquoi. On se dit pourquoi. Pourquoi elle a été assassinée. On comprend pas.
05:47 - Elle avait rien fait à personne. Elle avait pas d'ennemis particuliers.
05:54 - Je veux dire, voilà, c'était une enfant, c'était une gamine. Donc non, on comprend pas.
05:59 - On se dit toujours que ça n'arrive qu'aux autres. Tant que ça ne nous arrive pas.
06:03 - Mais quand ça nous arrive, alors là, c'est un effondrement total.
06:12 Les parents de Ludivine sont dans l'incompréhension totale. Leur fille ne faisait que profiter des joies des sports d'hiver.
06:21 Alors pourquoi a-t-elle été assassinée ? Et qui aurait pu en vouloir à une fillette ?
06:33 Suite au décès de la petite Ludivine, les enquêteurs vont se pencher sur le profil de la fillette pour trouver une piste éventuelle.
06:41 Elle est issue d'une famille modeste et vit au milieu de deux grands frères et d'une petite sœur.
06:47 Ludivine est scolarisée dans une classe pour élèves en difficulté. Elle était encore illettrée quelques mois avant sa mort.
06:54 Bruno, son instituteur, était souvent à ses côtés pour lui apprendre à lire, écrire, compter ou encore nager.
07:02 Il la décrit également comme une fillette agréable et docile. Ludivine adorait tout particulièrement la montagne et les sports d'hiver.
07:11 Elle voyait cela comme un moyen de liberté et d'évasion. Avec tous ces éléments à leur disposition, les enquêteurs se retrouvent littéralement dans une impasse.
07:22 Les enquêteurs n'ont donc pour l'instant aucun élément qui expliquerait ce meurtre atroce.
07:28 Une douzaine de gendarmes de Saint-Jean-de-Maurienne sont alors appelés en renfort au chalet, lieu de la scène de crime.
07:35 - L'étage est bouclé. Donc mes élèves sont dans le chalet en pyjama, puisqu'ils ont été réveillés au saut du lit.
07:46 - Donc tout est fermé, tout est bouclé, personne n'y a accès. La gendarmerie bloque tout. Et puis on attend. On attend.
07:55 Après avoir établi un périmètre de sécurité, les gendarmes commencent leurs investigations et ils décident de recenser tous les enfants du chalet.
08:04 - Les gendarmes mettent en place des auditions, des auditions de tous les élèves du chalet. C'était pas uniquement ceux de ma classe. Ils ont vu un par un tous les enfants qui étaient dans le chalet.
08:24 Les enquêteurs vont auditionner une soixantaine d'enfants. La situation est tellement extraordinaire qu'elle nécessite des mesures d'urgence.
08:33 - On demande à des psychologues qui sont au congrès à Grenoble de venir en renfort pour aider justement les gendarmes, les enquêteurs.
08:45 Les auditions démarrent et elles vont durer de nombreuses heures. Présent sur les lieux, Bruno, l'instituteur, est toujours sous le choc.
08:57 - Pendant ce temps là, je suis dans le réfectoire, je suis effondré. Et puis là, j'ai une gamine de ma classe qui arrive en pleurs, sur mots, je me souviens.
09:12 Et qui me dit que quelqu'un est venu dans la chambre.
09:16 Cette fillette qui partageait la chambre de Ludivine est donc formelle. Quelqu'un s'est introduit dans la chambre.
09:26 Et puis une deuxième qui arrive, même chose. Elle me dit, il y a un adulte qui est venu dans la chambre cette nuit.
09:36 Et puis une troisième, une quatrième.
09:42 Je me suis dit, là, on est dans un problème très très grave.
09:51 L'instituteur en informe immédiatement les gendarmes sur place. Pour les enquêteurs, le scénario de la nuit du drame commence à se dessiner.
10:00 - Elle désigne donc formellement un des cuisiniers et pour les enquêteurs, ça va leur faciliter la tâche.
10:11 Les enquêteurs recensent alors le personnel en cuisine. Et fait étrange, un cuisinier manque à l'appel.
10:20 Ils partent immédiatement à sa recherche. Les gendarmes vont-ils retrouver le cuisinier disparu ?
10:26 Est-il rentré dans les chambres comme le disent les fillettes ? Et surtout, est-il l'auteur du meurtre de Ludivine ?
10:35 À Albi et Monron, les gendarmes sont à la recherche du cuisinier devenu leur principal suspect.
10:47 Et ils vont vite faire le rapprochement avec un homme de 27 ans découvert plus tôt le matin sur la route de Saint-Jean-de-Maurienne.
10:54 - Le boulanger du secteur qui faisait sa tournée très tôt le matin découvre le cuisinier qui se trouve au bord de la route, légèrement blessé parce qu'il a fait une chute.
11:10 - Il a une bouteille de pastis à côté de lui. Il est dans un état d'ébriété très avancé.
11:16 Les gendarmes, ignorant qu'il s'agissait de l'auteur présumé du meurtre de Ludivine, avaient conduit cet individu à l'hôpital pour qu'il s'y fasse soigner.
11:26 Mais après la découverte du corps de Ludivine au chalet, ils décident de retourner le voir sur le champ.
11:36 - Ils vont à l'hôpital interroger le cuisinier. Là, le cuisinier va avouer ce qu'il a fait.
11:44 - L'attitude de mon client va être, dès le départ, dès qu'on va le questionner sur les faits, de reconnaître et d'assumer l'intégralité des faits qui lui sont reprochés.
11:53 - C'est quelqu'un qui ne va jamais chipoter, gigoter.
11:59 Le cuisinier raconte alors, dans les détails, son périple macabre, la nuit précédente dans les dortoirs du chalet.
12:07 - Il s'est rendu dans les différents dortoirs en allumant la lumière, en l'éteignant, l'allumant, en l'éteignant,
12:13 - Attirant certaines petites filles dans la salle de bain pour des attouchements et parfois se rendant également dans le lit d'autres fillettes.
12:23 - Ensuite, il est allé agresser Ludivine. Ludivine s'est rebellée en disant qu'elle allait le dénoncer. Et là, il l'a étranglée.
12:34 Entre chaque agression de Fiette, le cuisinier explique qu'il va boire des pastis dans la cuisine du centre de vacances.
12:43 Et le meurtre de Ludivine n'arrête en rien son carnage.
12:49 Le cuisinier a vous persévéré dans l'horreur.
12:53 - Ludivine était l'avant-dernière petite fille qu'il a agressée. Derrière, il y a eu une autre petite fille à qui il a dit dans le couloir "J'ai tué ta copine".
13:18 A Albier-Moron, il est 5 heures du matin. Après avoir agressé cette Fiette, le cuisinier qui a tué Ludivine s'enfuit.
13:25 L'homme quitte alors le chalet imbibé d'alcool. Il erre sur les routes, tellement ivre qu'il se blesse et dit vouloir rentrer à Toulouse à pied.
13:35 - C'est quelqu'un qui est complètement effondré et qui est complètement dépassé par l'atrocité du crime qu'il a pu commettre.
13:46 Après ses aveux, les gendarmes le placent immédiatement en garde à vue. Le cuisinier est mis en examen pour agression sexuelle et meurtre sur enfant de moins de 15 ans.
13:57 Les enquêteurs vont alors s'intéresser au profil de l'individu afin de tenter d'expliquer ce crime barbare.
14:06 Quel homme se cache donc derrière le cuisinier ? A-t-il prémédité son geste fatal ? Comment explique-t-il son carnage ?
14:16 Le cuisinier de la classe de neige a donc avoué le meurtre de la petite Ludivine. Il est alors présenté au juge d'instruction dépêché d'Alberville, devant lequel il s'épanche sur sa vie.
14:35 L'homme s'appelle Laurent, il est célibataire et son casier judiciaire est vierge. Ses premières révélations au magistrat glacent le sang.
14:46 - Il parle de son mal-être, de son mal de vivre, de sa pédophilie, de son impuissance et puis du fait qu'il est attiré par les petites filles.
15:00 Pour son avocat, il faut se replonger dans son enfance pour tenter de comprendre ses gestes fous.
15:06 - Il a une ambiguïté considérable, une relation très ambigüe avec sa mère qui a fait ce qu'elle a pu avec ce qu'elle était, mais qui manifestement n'a pas su élever son fils comme il fallait au moment où il le fallait.
15:24 - Un père me semble-t-il considérablement, considérablement absent, pour ne pas dire totalement absent, donc manque de repères.
15:31 Au cours de l'enquête, les gendarmes font également une découverte surprenante. Ils mettent la main sur une lettre écrite deux ans plus tôt par le meurtrier présumé.
15:43 Un écrit sans destinataire, mais qui résonne comme une prémonition.
15:51 - Il dit en fait mon problème, si c'est vraiment un problème, je crois que je suis très attiré par les enfants. Pourquoi ? Je sais pas. Mais en tout cas, ça va me faire énormément souffrir.
16:01 - Et puis il continue, il faut que je fasse quelque chose. Violer un enfant peut-être. Terrifiant, parce que c'est ce qui va se passer. Je deviens fou. Je perds la tête. Je vais faire une connerie.
16:13 - Et puis la dernière phrase est terrifiante, au secours.
16:20 Mais personne dans son entourage n'a su entendre le cri d'alerte du pédophile.
16:25 Une indifférence qui lui vaut d'être embauché comme cuisinier auprès d'enfants, sans éveiller le moindre soupçon.
16:35 - On n'arrive pas bien à comprendre comment ce jeune homme, avec le profil qu'il avait, avait pu être engagé comme cuisinier dans un centre qui accueille des jeunes.
16:47 - Il avait déjà eu un parcours de cuisinier qui n'avait pas posé de problème. Il travaillait à Toulouse, la ville où il résidait à l'origine.
16:58 Alors que les gendarmes disposent désormais d'éléments probants sur le profil du tueur, au chalet, les enquêteurs terminent leurs investigations.
17:06 Et c'est à Bruno que revient la lourde tâche de parler du drame à ses élèves.
17:15 - Les enfants s'en doutaient, mais ils n'en parlaient pas. Ils n'en parlaient pas entre eux. Ils avaient bien vu que Ludivine n'était plus dans la classe. Et à un moment, j'ai dû leur dire.
17:37 - Donc là... Là, les enfants, je les ai réunis.
17:51 - Excusez-moi. J'ai leur annoncé que Ludivine était morte. Je leur ai pas dit qu'elle avait été assassinée. Mais je leur ai dit.
18:12 - Ils se sont tous serrés autour de moi. Ils m'ont serré fort. Ils ont pleuré tous.
18:23 L'annonce de la mort de Ludivine auprès des autres enfants est un moment extrêmement douloureux à vivre pour Bruno, qui appréciait beaucoup la fiête de 11 ans.
18:37 Après plus de 10 heures d'enquête au chalet, le procureur donne son feu vert à l'évacuation des lieux. Les enfants et les enseignants vont donc reprendre la route en état de choc en direction du Nord Pas-de-Calais.
18:49 De son côté, Laurent est placé en détention provisoire. Le procès du cuisinier s'ouvre le 20 juin 2000 devant la cour d'assises de Chambéry, jour où les parents de Ludivine vont devoir affronter le meurtrier de leur petite fille.
19:05 Nous sommes le 20 juin 2000 à la cour d'assises de Chambéry. C'est aujourd'hui que s'ouvre le procès du cuisinier de la classe de neige. Il comparaît pour le meurtre de Ludivine et l'agression sexuelle de sept autres fillettes. L'homme risque la réclusion criminelle à perpétuité.
19:29 Dans la salle d'audience, ce qui n'était pas à l'époque une salle très grande, il y avait toutes les victimes, il y avait les familles, il y avait dès le départ une atmosphère très lourde.
19:40 Cela fait deux ans que Daniel, le père de Ludivine, attend que le meurtrier de sa fille soit jugé. Et il espère enfin obtenir toutes les réponses à ses questions.
19:54 La question essentielle, c'est pourquoi il a fait ça? Ça, c'est la question essentielle, parce qu'on ne comprend pas parce que c'est une enfant. Donc, on se dit mais pourquoi? Pourquoi il a fait ça?
20:12 De son côté, la mère de Ludivine veut elle aussi que justice soit faite. Ses attentes, c'était de voir, reconnaître coupable celui qui l'avait privé de sa petite fille.
20:29 Être reconnu comme victime, elle, ses enfants, sa famille, tout le monde, c'était quand même important. Mais comme elle me disait, vous savez, ça ne me rendra jamais ma fille.
20:41 Le premier jour d'audience est consacré à la personnalité du meurtrier présumé et au rappel des faits.
20:51 Le meurtrier présumé se présente très simplement à la barre. J'ai le souvenir qu'il avait un pantalon beaucoup trop large pour lui. Il parlait très simplement.
21:00 Il faisait tellement jeune et comme on dit, il n'avait pas la gueule de l'emploi. Honnêtement, c'était un monsieur tout le monde. Si on l'avait croisé dans les rues, c'était monsieur tout le monde. Il était comme moi, comme n'importe qui.
21:15 Et là, c'était un choc. Selon les experts psychologues, le cuisinier est totalement responsable de ses actes. Il n'y a aucune altération du discernement. Le président de la cour le somme alors de raconter sa nuit d'horreur.
21:32 C'est quelqu'un qui va tout dire, qui attend ce moment pour se livrer, pour pour livrer cette terrible vérité, cette terrible réalité aux victimes.
21:41 Ce qui a été le plus marquant et le plus poignant, ça a été la description de l'acte fatal contre contre lui divine ou il n'y a aucun détail qui nous a été épargné.
21:55 Après le rappel des faits, c'est au tour de Bruno de raconter la classe de neige. Un moment délicat pour l'instituteur. Sa responsabilité d'enseignant est en effet au coeur des débats.
22:07 Comment se fait il qu'aucun adulte n'ait rien entendu la nuit du drame?
22:15 J'avais le sentiment d'être jugé moi même dans mon métier. J'avais même oublié que c'était le cuisinier qui était à côté de moi qu'on jugeait. Je pensais que c'était moi le responsable.
22:25 Après trois heures à la barre, Bruno sort de la salle d'audience épuisé, mais soulagé. Le procureur a écarté sa responsabilité.
22:38 On a cherché des responsabilités. On a fouiné, on a regardé, on a fait une enquête acoustique, on a fouillé, fouillé, fouillé et on n'a rien trouvé.
22:48 Mais je vous le dis, si on avait trouvé la moindre faille, on ne vous loupera pas.
22:54 L'éducation nationale est donc mise hors de cause dans ce procès hors norme. Et c'est le cuisinier qui endosse l'entière responsabilité.
23:07 Avant la fin des audiences, le meurtrier présumé formule des excuses aux familles présentes dans la salle.
23:14 Ses regrets n'iront jamais sa fille. S'il regrette vraiment, c'est bien. Mais pour elle, ses regrets ne signifient pas grand chose.
23:27 Comment on peut pardonner? Je ne sais pas. Pardonner, pardonner ça? Non, je ne crois pas. Non, je ne peux pas.
23:37 Après une semaine de procès et quatre heures de délibérés, le verdict tombe. Le cuisinier est condamné à 30 ans de prison sans peine de sûreté.
23:51 Un verdict en deçà du réquisitoire de l'avocat général qui réclamait 30 ans de prison a sorti d'une peine incompressible de 22 ans.
24:00 Les familles sont anéanties. Il a eu 30 ans de réclusion et un jour, il demandera sa mise en liberté.
24:10 Elle a des craintes, non pas pour elle ou pour sa famille, mais elle a des craintes pour les autres enfants.
24:15 Pour elle, je crois que sa souffrance ne s'éteindra jamais.
24:20 Aujourd'hui, plus de 20 ans après le drame, Ludivine est toujours présente dans le cœur de ses proches et jamais ils n'oublieront cette nuit d'horreur qui les a privés de leur petite Ludivine.
24:36 Il n'y a pas une journée, pas une seule journée. Je ne pense pas à elle. Elle le sera toujours de toute façon.
24:44 Parce que moi, je me demande comment elle serait. Je suppose qu'elle serait mariée, qu'elle aurait des enfants, que j'aurais des petits-enfants.
24:56 Mais tout ça, non. Tout ça, ça m'a été enlevé par un seul monsieur qui a décidé que c'était comme ça.
25:02 Parce qu'elle n'a pas voulu se laisser faire. Parce que son père lui avait appris à ne jamais se laisser faire.
25:11 En marge du procès, des spécialistes avaient également effectué des analyses psychologiques auprès des autres petites filles qui ont assisté au drame.
25:21 Elles ont développé de l'anxiété, ont fait des cauchemars. Certaines avaient même nourri un sentiment de culpabilité.
25:29 La meilleure amie de Ludivine, quant à elle, explique avoir entendu des bruits, mais n'a pas eu le courage d'alerter les adultes, paralysés comme les autres par la terreur.
25:40 C'est la fin de ce numéro. Quant à moi, je vous dis à très vite pour de nouvelles histoires de famille sur RTL TVI. Et je vous embrasse.
25:49 (Générique)

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