Interview de Julia de Funès
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00:00Je l'explique par un changement de paradigme dans les générations précédentes, et c'est
00:07toujours un peu faux de raisonner en termes générationnels, mais dans les générations
00:10précédentes, pour la mienne et les précédentes, en gros le travail constituait une finalité,
00:14un but à part entière, on avait réussi sa vie quand on avait un bon travail.
00:18Aujourd'hui, le paradigme a complètement changé, le travail est beaucoup moins une
00:21finalité qu'un moyen pour gagner sa vie, s'épanouir dans l'existence, etc.
00:25Donc je vais essayer de montrer que le fait que le travail devienne un moyen lui redonne
00:29paradoxalement beaucoup plus de sens que le fait de le considérer comme une finalité
00:32à part entière.
00:33Un des leviers d'action pour créer de l'engagement et du collectif, c'est je crois que chaque
00:41individu est conscience pour lui-même d'un risque, si l'individu n'a pas conscience
00:44pour lui-même d'un risque, c'est très compliqué de lui demander de ressentir la nécessité
00:48d'une action commune.
00:49L'abus de process, ce n'est pas à nouveau, c'est depuis des années qu'on souffre, qu'on
00:57crève parfois dans notre pays de cet abus de process, les process, j'entends process
01:01au sens large, pas simplement les normes réglementaires, mais j'entends par process
01:04des normes comportementales, des normes langagières, des normes managériales, on se sent obligé
01:08de le faire parce que ça se fait, par conformisme, par bien-pensance, et je crois que ça engourdit
01:12vraiment les intelligences et ça stéréotype les comportements.
01:14Il ne s'agit pas de dire qu'il ne faut pas de process, évidemment que non, aucune organisation
01:18humaine ne peut vivre sans procédure, mais il s'agit de faire en sorte que le process
01:22ne prenne jamais le pas sur le sens d'une situation.
01:28Écoutez, moi je pense qu'on fait ce qu'on veut des moyens qu'on crée, ce n'est pas
01:32une fatalité qui nous tombe dessus, je ne crois pas qu'on puisse avoir peur de l'intelligence
01:36artificielle comme d'une puissance autonome qui vienne nous remplacer sur tout, heureusement
01:40elle nous remplacera sur les tâches très répétitives et ça c'est un bienfait, le
01:44bienfait de l'IA, et je pense que ça permettra d'humaniser au contraire les relations dans
01:47les entreprises parce qu'on devra faire preuve de ce qu'il fait notre spécificité humaine,
01:52il y a beaucoup de choses qui la créent, la confiance, l'esprit critique, le discernement,
01:56qui sont pour l'instant, dans dix ans j'en sais rien, mais pour l'instant des prérogatives
02:00intrinsèquement humaines et donc je pense que ça va humaniser nos relations parce que
02:04le purement robotique, mécanique, algorithmique, purement rationnel qui appartient et à la
02:09machine et à l'homme sera évidemment remplacé par la machine.