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Assises individuelle, bancs avec accoudoirs, grilles… Les associations La Cloche et la Fondation Abbé Pierre organisaient ce mercredi 5 juin un parcours sportif humoristique pour dénoncer le mobilier urbain excluant à Paris, à l’approche des Jeux Olympiques.

« Je tourne souvent pendant 2 heures dans Paris avant de trouver un endroit où dormir. » Mike, jeune bénévole à La Cloche, association agissant contre l’exclusion des personnes en situation de précarité, fait de son mieux pour sortir de la rue. « Je dormais vers Palais Royal en 2023, mais aujourd’hui ce n’est plus possible », faute d’endroits adaptés.

Avec la Fondation Abbé Pierre, La Cloche a organisé ce mercredi 5 juin un parcours sportif décalé au départ du boulevard de la Bastille pour dénoncer le « mobilier urbain excluant ». Cinq étapes pendant lesquelles un bénévole, mal-logé ou sans domicile fixe, a pris la parole devant un cas concret : Assises individuelles, bancs avec accoudoirs, grilles, barrières… Dans la capitale, les exemples ne manquent pas.

L’humour pour dénoncer une situation préoccupante

« Remettez des bancs pour tout le monde ! », demande lors d’une tirade humoristique, improvisée et théâtrale, Jean-Pierre, bénévole qui se dit candidat aux élections présidentielles 2027. « On a voulu agir aux côtés des personnes concernées de façon décalée, drôle et impertinente. On est tous concernés par le mobilier urbain », explique la directrice de la zone nord (Hauts-de-France & Île-de-France) de La Cloche, Goli Moussavi. Les personnes âgées ou les femmes enceintes sont également affectées par cette situation, même si elles n’ont pas les mêmes besoins que les sans-abri. « Chacun a sa spécificité. Les personnes âgées ont besoin d’accoudoirs, ce qui empêche les sans domicile fixe de s’allonger sur les bancs », a souligné, à la dernière étape du parcours, Samuel de l’association Des cris des villes. Chargé de mission, il prône « une ville inclusive plutôt qu’aseptisée » à l’approche des Jeux Olympiques.

« Ce mobilier excluant est mis en place par les commerçants et les propriétaires », affirme Manuel Domergue, le directeur des études de la fondation Abbé Pierre. Difficile donc de lutter contre sa propagation. La ville de Paris a, elle, annoncé ne plus en installer, depuis juillet 2021. Mais il faudrait davantage de mobilier dit inclusif. « On demande plus d’urinoirs, de fontaines et de bancs », cite ainsi Manuel Domergue. Il pointe aussi l’invisibilité de certains dispositifs : « Personne ne remarque un banc enlevé, mais cela est très hostile envers les personnes à la rue. » Et de rappeler : « Le premier droit des personnes à la rue, c’est trouver où dormir. »

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Transcription
00:00Enfin, vous voyez le genre de mobiliers qu'on peut installer à Paris,
00:04qui viennent passer 2-3 jours dans la rue, la nuit, et ils verront.
00:17Ça fait quelques années qu'on en a vu s'installer de plus en plus,
00:20et ce n'est pas forcément lié au JO.
00:21La mairie de Paris s'est engagée à ne pas en installer davantage,
00:24et les mobiliers qu'on voit là sont très privés en fait.
00:27Ce qu'on voit globalement, c'est qu'il y a eu soit une augmentation
00:30de ce genre de dispositifs-là au fil des années,
00:32soit des retraits d'assises.
00:36On est en train de faire un petit parcours, pas très loin,
00:38mais il n'y a pas eu vraiment un seul banc sur lequel se poser ou se reposer.
00:41Pourtant, c'est un outil puissant, le mobilier urbain dans la ville.
00:45Et là, je vous présente la réserve de javelots pour les Jeux Olympiques.
00:51Ils sont génials, c'est vrai.
00:53Et là, depuis quelques temps, j'ai vu qu'ils ont commencé à mettre des piques
00:56au musée du Louvre.
00:57Quand je dormais là-bas à l'époque, je me suis dit, mince,
00:59je ne peux plus aller là, parce qu'ils ont mis des mobiliers excluants.
01:01Et ça, c'est un peu dommage, parce que je suis d'accord,
01:03c'est un lieu touristique, mais la nuit, on ne gêne personne.
01:06On arrive tard, on part le matin à 7 heures avant l'ouverture.
01:09Donc je pense que ça aurait été bien qu'ils laissent ça pour laisser un domicile.
01:12Mais du coup, moi, pour trouver un endroit, c'est compliqué,
01:14parce que partout où je veux dormir, il n'y a pas mal de mobiliers excluants.
01:16Du coup, c'est soit les quais de métro, les quais de tramway.
01:20Des fois, ça m'arrive même de dormir à même le sol dehors,
01:26Donc c'est un peu compliqué, quoi.
01:273, 2, 1.
01:33Ça rend la ville en fait assez inhospitalière.
01:36Et symboliquement, c'est quand même triste que non seulement
01:38on n'arrive pas à reloger les 330 000 personnes sans domicile en France,
01:42mais qu'en plus, celles qui sont à la rue, on leur rend la vie impossible
01:46en dépensant de l'argent non pas pour les aider, mais pour les pénaliser.
01:49Il faut que la ville soit hospitalière, avec des bancs, ça aide tout le monde,
01:53avec des fontaines à eau, avec des accueils de jour, avec des maraudes.
01:56Tout ça, c'est des services qui permettent pour ces personnes-là,
01:59déjà, de vivre un tout petit peu mieux qu'aujourd'hui,
02:02et surtout de recréer du lien pour leur chercher des solutions
02:05d'accompagnement vers le logement.
02:11Il y a plusieurs bonnes solutions et que, en fait, c'est une solution,
02:15peut-être pas par problématique, mais considérer toutes les problématiques
02:17pour en tirer le mobilier le plus adapté.
02:21Aussi, faire participer toutes les personnes,
02:24et surtout les personnes marginalisées et précarisées dans la ville,
02:27pour créer une ville hospitalière.
02:28C'est toute la démarche qu'on propose dans l'expérimentation
02:32qui a été réalisée avec Descris des villes, La Cloche et Studaret,
02:37qui s'appelle Assise, c'est de proposer à la fois la participation,
02:40la consultation des personnes précarisées
02:43pour créer du mobilier adapté à leurs besoins.
02:46Si on faisait la ville autrement, qui ne demande pas du tout plus de moyens,
02:51mais juste des manières de faire différentes,
02:53on pourrait arriver à une ville plus inclusive.

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