La bande de “Julie jusqu’à minuit” réagit à l'étude publiée par l'Observatoire des inégalités
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00:00 Ce chiffre 827 000, c'est le nombre de millionnaires en France et c'est beaucoup plus qu'avant.
00:05 Alors c'est beaucoup plus qu'avant. Vous allez voir c'est un petit peu plus compliqué que ça.
00:10 D'abord évidemment, je vais essayer de ne pas trop en rajouter, mais évidemment un certain nombre de chiffres.
00:15 3860 euros. Net. Et quand je dis net, c'est vraiment net. Net d'impôts, net de prestations, net de tout ce que vous voulez.
00:21 C'est selon aujourd'hui l'Observatoire des Inégalités qui vient de sortir son rapport.
00:25 C'est le seuil au-dessus duquel on est considéré comme riche. Je mets riche avec tous les guillemets qui viennent
00:31 puisque un pauvre, il y a malheureusement un plancher, les riches aujourd'hui, il n'y a plus de plafond.
00:34 Pour une famille de 4 personnes, on est à 10 000 euros par mois. Donc on est quand même effectivement dans des revenus
00:38 On a la liste, ça effectue. Vous avez le détail, parce qu'évidemment, ce n'est pas tout à fait une multiplication
00:44 par le nombre de personnes. Un enfant et en fonction de l'âge des enfants, le prix n'est pas le même.
00:47 Ça fait 5 millions de personnes, 7,4 % de la population. Je le mets en face des 15 % de taux de pauvreté en France.
00:53 Et je rappelle qu'il est considéré comme pauvre quelqu'un qui a moins de 1 158 euros par mois.
00:58 Alors un point important, c'est qu'en fait, le nombre de personnes riches, selon ce calcul, diminue.
01:04 Mais par contre, les riches sont de plus en plus riches. Je suis comme vous tous un grand fan de la folie des grandeurs.
01:09 N'oubliez jamais cette phrase de Louis de Funès. Les pauvres sont faits pour être très pauvres et les riches, très riches.
01:14 Ce film est très ancien, mais il est plus que jamais en train de devenir effectivement une réalité.
01:18 Et ce phénomène de concentration se renforce plus on monte sur la pyramide puisque les 10 % des plus riches
01:23 concentrent, enfin, capent 35 % des revenus. Et le 1 % des plus riches, en 40 ans, il a pris, ça a été quasiment multiplié par 2,
01:29 il cape 12,7 % des revenus.
01:31 Mais il y a aussi, Pierre-Edouard Magnan, alors dites-moi si je me trompe, une augmentation aussi du nombre de riches.
01:38 C'est pas que les riches qui deviennent plus riches. Il y a 50 000.
01:40 Le nombre de millionnaires, c'est-à-dire que ceux qui sont au-dessus du seuil de richesse calculés par le soin d'égalité, eux, diminuent.
01:47 Par contre, le nombre de millionnaires augmente. C'est-à-dire que, et on en parle souvent ici,
01:50 la classe moyenne se démoyanise et s'écarte de plus en plus avec de plus en plus de gens qui vont,
01:55 qui sont ou sous le seuil de pauvreté ou qui vont vers la pauvreté,
01:58 et de moins en moins de gens mais qui sont effectivement de plus en plus riches.
02:01 Et donc le nombre de gens qui gagnent plus de 3 860 € par mois et par personne, eux, diminue.
02:06 Par contre, effectivement, le nombre de millionnaires augmente.
02:09 Et ce que ça traduit très clairement, c'est l'aboutissement de très nombreuses politiques publiques que l'on voit.
02:13 Je peux pas m'empêcher de mettre ça en regard aussi de ce qu'on a entendu ces derniers temps,
02:17 la réforme de l'assurance chômage, la possibilité de supprimer 15 jours d'arrêt maladie.
02:20 Et j'en passe et des meilleurs.
02:21 On voit bien que les politiques, et pas seulement la politique du gouvernement,
02:24 parce que ça vient de beaucoup plus loin, c'est plus de 40 ans de statistiques.
02:28 On voit bien que toutes les politiques ont amené à développer des inégalités,
02:31 à rendre les riches effectivement encore plus riches,
02:33 et les pauvres de plus en plus nombreux et effectivement de plus en plus pauvres,
02:36 malgré des amortisseurs sociaux indéniables et malgré un système de prestation sociale
02:40 qui demeure, même s'il ne cesse d'être effectivement attaqué.
02:43 Je cite Oli de Funès, je pourrais citer aussi un autre humoriste,
02:45 en disant que quand je vois ce genre de chiffres, je me rappelle avec Coluche que décidément,
02:48 les pauvres sont vachement contents de savoir qu'ils habitent un pays riche.
02:51 Donc finalement, je pensais que c'était une bonne nouvelle, vous nous plombez finalement.
02:56 Non, parce que c'est une bonne nouvelle pour eux,
02:57 mais ce n'est pas une bonne nouvelle pour l'ensemble de la société,
02:59 et ce n'est pas une bonne nouvelle pour l'ensemble de la répartition.
03:02 Il y a donc même en France un problème de répartition,
03:04 même si on va évidemment me dire que la France est sans doute
03:05 un des pays qui répartit le plus dans le monde occidental,
03:08 ce qui statistiquement est exact,
03:10 mais on voit bien que tout le monde répartit de moins en moins,
03:12 et que même en France, la répartition et l'équitabilité, si j'ose dire,
03:15 des richesses est de moins en moins une réalité.
03:18 Quelques réflexions.
03:19 D'abord, tous ceux qui deviennent millionnaires,
03:21 puisque c'était les chiffres du soir, sans le savoir,
03:24 parce que par exemple, ils ont un bien immobilier qui prend de la valeur,
03:26 je pense à la veuve de 90 ans qui vit depuis l'après-guerre
03:30 dans un deux-pièces bien situé dans un quartier de Paris,
03:33 ça a monté, ou le pêcheur de l'île de Ré,
03:35 c'est souvent l'exemple qu'on donnait, ils ne sont pas la majorité, je suis d'accord.
03:38 Mais ça existe, tout à fait.
03:39 Ça existe, ça existe quand même.
03:40 Ensuite, c'est le problème de ce système qu'on appelle le capitalisme,
03:44 c'est que ça sort les gens de la pauvreté, de la grande misère,
03:48 au niveau national comme au niveau planétaire,
03:50 ça a sorti des millions de gens de l'extrême misère,
03:53 mais ça tire vers le haut de la richesse,
03:55 de plus en plus haut, de moins en moins de gens,
03:58 comme si c'était un système un peu visqueux,
04:00 où pour sortir beaucoup de gens du très très très peu,
04:03 faire en sorte qu'ils survivent,
04:05 eh bien, il y en a quelques-uns qui allaient vers le très très très très beaucoup,
04:08 et sans doute le très très très trop.
04:10 Alors on a inventé les mécanismes de redistribution,
04:13 c'est-à-dire on prend aux plus riches pour aider à faire des allocations,
04:16 des systèmes sociaux pour redonner aux plus pauvres.
04:18 C'est très bien, on est plutôt un pays où ça a été mieux fait,
04:21 plus fait qu'ailleurs, la redistribution,
04:23 c'est-à-dire les inégalités après redistribution sont écrasées
04:27 plus que dans d'autres pays, mais en effet ça s'essouffle.
04:30 Pourquoi ? Parce que l'outil principal c'était l'impôt.
04:33 Or on s'est aperçu depuis longtemps que quand,
04:36 pour reprendre là une formule qui n'était pas d'un humorisme et d'un politique,
04:39 trop d'impôts tuent l'impôt, c'est qu'à un moment donné c'était contre-productif,
04:43 surtout qu'avec les systèmes de circulation des biens et des personnes,
04:47 les trop imposés partaient ailleurs,
04:49 et donc on perdait leurs richesses avec les avantages de leurs richesses,
04:51 ce qu'on arrivait à en prendre pour mettre dans le système de distribution,
04:54 et surtout les investissements qu'ils faisaient avec leurs richesses,
04:57 qui créaient des emplois et qui aidaient donc à sortir des pauvres de la pauvreté.
05:00 Donc ce système-là qui a été plus ou moins équilibré, ça ne fonctionne plus.
05:04 Donc il faut trouver d'autres moyens de faire de la redistribution.
05:06 Alors on en a trouvé un formidable en France, c'est la charité.
05:09 Les Français donnent beaucoup, ils sont généreux.
05:12 - Ils sont bons ceux qu'ils donnent d'ailleurs.
05:14 - Ah oui, ça s'est prouvé ?
05:16 - En pourcentage de revenus, évidemment, pour une euro, une valeur absolue.
05:20 - Et là on va citer quelqu'un qui n'est ni un humoriste ni un politique, c'est Jésus.
05:24 Cette dame, cette femme...
05:25 - Il était peut-être très drôle, on n'en sait rien.
05:27 - Cette femme qui met quelques pièces dans le temps,
05:30 et a beaucoup plus de mérite et va rentrer au royaume des cieux
05:32 par rapport aux riches, qui a redonné que le surplus.
05:35 La solidarité, plus on est dans la modestie, dans la pauvreté, plus elle est forte.
05:39 Mais quand même, les Français donnent beaucoup,
05:41 il y a beaucoup d'associations caritatives, d'ONG,
05:43 on a été longtemps dans des soirées comme le Téléthon ou d'autres,
05:47 les champions du monde, il faut l'entretenir.
05:49 Mais c'est vrai qu'il faut, et ça c'est la responsabilité de la gauche,
05:52 il faut penser d'autres systèmes de redistribution,
05:55 qui ne fassent pas fuir les richesses, sinon ça ne sert à rien,
05:58 mais qui permettent, ce qui va leur permettre de mieux circuler.
06:01 Et ça c'est très difficile à penser, la gauche social-démocrate
06:05 est en échec intellectuel depuis 25 ans sur ce point.
06:09 Mieux redistribuer, vous êtes d'accord avec ça, Rondachefer ?
06:12 Oui, bien sûr, mieux redistribuer, je pense avoir une gestion
06:16 un peu plus proche de nos amis suisses qui ont une notion
06:20 de la gestion des finances publiques et de la dépense publique qui est drastique,
06:25 avec toujours la recherche du mieux-disant et de l'économie
06:29 et de l'optimisation des investissements que nous n'avons pas en France.
06:33 Et j'ai peur que ce soit la façon dont nos finances publiques soient utilisées
06:37 qui malheureusement plombe sérieusement l'imposition que nous avons.
06:41 Après, il faut être sérieux, en France la censure sociale est bloquée.
06:46 La censure sociale dont parlait Nicolas Sarkozy, on est tous à des paliers.
06:50 Vous voulez dire que vous ne croyez pas à la théorie du ruissellement d'Emmanuel Macron ?
06:53 Ça n'a pas marché.
06:54 Je vais vous dire, je connais beaucoup de gens
06:59 qui sont au maximum de leur revenu parce que tout ce qu'ils gagnent,
07:01 c'est trois jours et demi, quatre jours de travail, c'est de l'impôt,
07:04 c'est des taxes, c'est de l'URSSAF et qui arrêtent.
07:07 Et moi j'en suis à ce point-là où je me dis que tout ce que je travaille,
07:10 une bonne partie de mon travail à un moment,
07:13 c'est uniquement pour payer de l'impôt et des charges.
07:15 Ce n'est pas motivant, ce n'est pas dynamisant,
07:17 ce n'est pas intéressant en termes de développement.
07:19 En fait, la valeur travail en France se perd
07:22 parce que la surimposition détruit la valeur travail
07:25 et quand on n'arrive pas à sortir de son milieu par le travail,
07:28 on est dans une situation sociale en danger.
07:30 Et aujourd'hui, je trouve qu'on est dans ce danger-là.
07:32 Tu as raison, trop d'impôts tuent l'impôt, on y est, attention.
07:35 On y est, attention.
07:36 Mais on y est mal, parce que ceux qui, à l'échelle aussi,
07:40 les plus riches de ce pays payent moins d'impôts
07:42 que je pense nombre d'entre eux autour de la table,
07:43 qui ne sommes par ailleurs pas à plaindre, ce n'est pas le sujet.
07:46 Mais en plus, il y a une inégalité de fait devant l'impôt en pourcentage.
07:49 Et des salaires beaucoup trop bas en France.
07:51 Évidemment, des salaires beaucoup trop bas.
07:52 Si ces très riches investissent et créent des emplois,
07:55 finalement, ils utilisent bien leur richesse.
07:57 Mais c'est ça qui ne fonctionne pas assez bien.
07:58 La richesse patrimoniale.
07:59 Et c'est là l'erreur de la théorie du ruissellement,
08:01 c'est que ceux à qui ça s'adressait,
08:03 eh bien, ont trahi Macron quelque part.
08:04 Ils ne lui ont pas renvoyé l'ascenseur.
08:06 Exactement.
08:06 Ils auraient dû dire, écoute, tu nous laisses notre argent.
08:08 Ce n'est pas un cadeau que l'État a fait à ces gens-là,
08:09 il leur a laissé leur argent.
08:10 Très bien, on va l'utiliser pour la France, pour les Français,
08:13 et donc pour toi.
08:15 Et là, ça n'a pas complètement...
08:15 Macron trahi par les riches.