"Portrait Paysage"
Un jeu paysager avec Yves Abrioux et Giani Burattoni
Un film de Sylvia Ghibaudo et Chantal Teyssier
Un jeu paysager avec Yves Abrioux et Giani Burattoni
Un film de Sylvia Ghibaudo et Chantal Teyssier
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Court métrageTranscription
00:00 [Musique]
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00:12 [Musique]
00:41 Quand tu penses que la ville haute de Castelnaudary
00:45 est là-bas, et qu'il ne la voit absolument pas,
00:50 au contraire, on a l'impression que ça c'est très haut,
00:52 alors que c'est la ville basse.
00:55 Oui, elle est sous la ville basse.
00:59 On est à 9,5 mètres, on est à 9,80 mètres.
01:03 Oui, mais la troisième écluse à partir d'ici n'est pas si bas que ça.
01:07 Mais quand même.
01:09 [Musique]
01:16 [Sonnerie]
01:17 C'est toi ça ?
01:18 Oui, ça c'est moi.
01:20 [Musique]
01:28 Qu'est-ce que le paysage ?
01:30 Plus souvent pour définir le paysage, on parle de l'environnement,
01:35 d'un lieu, d'un site,
01:37 et on estime que le paysage c'est quelque chose qui embellit,
01:43 qui rajoute du beau à un lieu existant,
01:46 et de nos jours, de plus en plus souvent,
01:49 à un lieu dont on déplore le manque d'attrait.
01:53 Pour ce qui nous concerne, nous partons d'une position très différente.
01:58 Pour nous, le paysage est une manière d'espacer
02:04 non seulement les lieux physiques et géographiques,
02:08 mais également les lieux humains,
02:10 c'est-à-dire les relations individuelles, familiales, personnelles, sociales,
02:16 entre des individus, dans une communauté, aux abords d'une communauté.
02:22 Donc le paysage pour nous est quelque chose qui est avant tout humain,
02:27 et qui existe et qui se travaille tout seul,
02:30 dans la pensée, dans les savoirs, et surtout dans l'imaginaire de tout un chacun.
02:36 J'insiste bien sur le fait que ce que nous faisons,
02:44 c'est essayer de travailler pour éveiller des choses,
02:49 et pour susciter des débats,
02:51 donc dans les esprits et dans l'imaginaire,
02:54 parce que notre travail artistique, depuis dix ans maintenant,
02:58 est un travail qui prend comme point de départ le paysage.
03:03 Donc nous travaillons tout le temps sur une thématique paysagère.
03:07 En travaillant à Castelédari, en nous promenant dans la ville,
03:13 en parlant avec les passants,
03:15 en travaillant avec les élèves et les services techniques municipaux,
03:21 nous nous sommes très rapidement rendus compte du fait
03:25 que pour tenir un projet artistique, il nous fallait inventer une fiction.
03:31 Nous sommes artistes paysagistes, nous travaillons sur Castelédari,
03:37 donc nous posons sérieusement la question
03:41 et si Castelédari était un jardin paysagé.
03:53 L'origine de ce style de jardin se définit au XVIIIe siècle en Angleterre,
04:02 avec tout un système de références culturelles,
04:05 entre autres à la grande peinture de paysages classiques.
04:09 Donc on est dans un jardin extrêmement connoté de références savantes
04:15 qui empruntent à d'autres formes artistiques,
04:18 comme effectivement la peinture, mais aussi la poésie,
04:21 et que ce jardin fait aussi appel à des souvenirs de paysages lointains,
04:28 comme le paysage italien du Grand Tour,
04:32 du tourisme des grands seigneurs et des artistes
04:36 qui se promenaient à travers l'Europe et l'Italie,
04:39 ou même des emplois à la Chine.
04:41 Donc on est là dans tout un système de références culturelles
04:45 qui construit à l'intérieur d'un vrai paysage
04:49 un nouveau paysage qui raconte finalement une histoire.
04:57 Donc l'intérêt de se replonger dans ce monde de création paysagère
05:07 est une manière de retrouver du sens
05:13 et de redonner à travers un dépaysement au sens fort,
05:21 un repaysement par le décalage qui se crée entre le lieu réel
05:30 et la grille que l'artiste vient appliquer sur ce lieu.
05:37 [Brouhaha]
05:57 Dans les impasses, on est à Castelnau-Bari,
06:00 mais on pourrait être ailleurs, dans des autres villes,
06:03 dans des villes un peu mythiques, Venise, Florence, Sienne,
06:11 parce qu'elles ont, surtout dans l'impasse des boutiquiers,
06:14 à garder ce caractère un peu du Moyen-Âge
06:17 dans lequel on se sent à l'aise pour quelle raison.
06:24 Et on est à l'aise, mais en même temps on est légèrement inquiet
06:27 pour un jeu très évident d'ombre et de lumière
06:31 par l'espace qui est étroit, la forme de cet endroit qui fait "L",
06:36 donc à coude, donc on peut toujours se faire peur à peu de frais.
06:41 Et donc c'est l'élément pittoresque,
06:44 un des éléments pittoresques très forts de la ville de Castelnau-Bari
06:47 et que la municipalité, même la population, n'en voulait pas trop en Paris.