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« J’avais l’espoir que, en aidant mon père, on ficherait les boches dehors. » Josette Torrent est l’une des plus jeunes résistantes de France. Pour neo, elle a accepté de nous partager son engagement précoce dans la lutte contre l’occupation allemande. ✨

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00:00Pour moi la France c'est devenu pratiquement une personne qu'il fallait protéger.
00:07J'ai eu une haine contre ces Allemands, de les voir entrer en chantant chez nous, en France,
00:14c'était quelque chose qui m'a profondément marquée.
00:17Bonjour Néo, je m'appelle Josette Thorand, je suis née le 15 avril 1930 à Perpignan.
00:25Et je suis entrée dans la résistance à l'âge de 12 ans,
00:29ce qui fait de moi une des plus jeunes résistantes de France.
00:32Un jour où j'arrive à la maison et je vois mon père allongé par terre,
00:37il me dit écoute j'ai besoin de toi.
00:40J'avais à l'époque 12 ans, ce jour là il m'a dit qu'il était dans la résistance
00:46et il m'a expliqué ce qu'était la résistance exactement,
00:49que c'était très dangereux ce qu'il faisait,
00:52qu'il ne fallait pas en parler à personne,
00:55il devait aller porter un document important et qu'évidemment il ne pouvait pas bouger.
01:01Donc il fallait que je le remplace, mais j'étais ravie moi.
01:06Alors il fallait que je rencontre une personne,
01:08elle m'avait dit tu verras, tu dois rencontrer un monsieur qui portera un chapeau.
01:13Et quand il passera près de toi, il sifflera auprès de ma blonde.
01:19Voilà qu'elle a été ma première mission et j'étais toute contente
01:23quand mon père m'avait dit le lendemain que le document était bien arrivé.
01:30Mais je veux continuer moi, je veux continuer à t'aider.
01:33Et j'ai fait plusieurs missions comme ça,
01:35jusqu'à un jour où il me dit il faut qu'on change de méthode.
01:40Il a inventé le système de l'Atlas, l'Atlas de géographie de l'école.
01:47Donc il avait pris cet Atlas et il l'avait, je dis, déguisé moi,
01:52parce qu'il avait fait un double cartonnage avec une cache.
01:56Mon père, quand il y avait un document à porter,
01:59il m'empruntait l'Atlas et il mettait le document.
02:02Je n'ai jamais regardé.
02:04Je m'assieds sur un banc, je mettais mes livres et mes cahiers
02:09à côté de moi sur le banc et quelqu'un devait venir
02:13et puis me donner un mot de passe.
02:16Et lui échangeait cet Atlas, l'Atlas, contre le même.
02:23Donc il y a eu deux Atlas.
02:25J'avais l'espoir qu'en aidant mon père, on ficherait les boches de bord.
02:30Je n'ai jamais eu peur.
02:32Maintenant je sais que chaque fois que mon père m'envoyait quelque part,
02:36il y avait des hommes à lui qui veillaient sur moi.
02:39Je savais qu'il fallait faire attention, faire attention à tout.
02:42Le 2 mars 1944, la directrice de l'école me fait appeler dans son bureau
02:48et elle me dit « Ma petite fille, vous devez partir tout de suite,
02:51on vient d'arrêter votre papa. »
02:53Mon père m'avait dit « Si il m'arrive quelque chose,
02:57tu vas dans cette maison, tu sors de cette porte avec ton vélo dégonflé
03:02et tu dis à la personne qui t'ouvre « Est-ce que vous avez une pompe ?
03:06Papa n'est pas là pour m'arranger la bicyclette. »
03:09Et après il me dit « Tu vas à la maison et tu brûles tout. »
03:11Je suis arrivée à la maison, ventre à terre, je les ai brûlés.
03:15Mais quand ça a été pour brûler l'Atlas,
03:18j'ai arraché tout ce que mon père avait mis
03:22et quand j'ai trouvé ça, ce que mon père avait dessiné,
03:29quand j'ai vu ça, je n'ai pas pu brûler l'Atlas.
03:31Ça n'a pas été possible.
03:33Je me suis dit « C'est un souvenir de ton père, ce qui reste de lui. »
03:37Je n'ai pas pu le brûler.
03:39Mon père a été d'abord à Buchenwald,
03:42puis à Auschwitz.
03:45Auschwitz, il a été envoyé à Flossenburg, où il est mort.
03:49Je ne pouvais pas admettre que mon père soit mort.
03:53Je ne pouvais pas comprendre que du 2 mars au 17 novembre,
03:59soit disant où il est mort, qu'il n'ait pas pu tenir le coup.
04:02Pour moi, c'était quelque chose qui était incompréhensible.
04:06Et donc, je suis restée dans le déni
04:10de la mort de mon père à pratiquement 50 ans.
04:13Je ne pouvais pas. Pour moi, ce n'était pas possible.
04:16Je disais, il est amnésique quelque part.
04:19Je pensais toujours qu'il allait revenir.
04:22Mais ma foi, il n'est jamais revenu.

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