Lukas Macek, directeur de Sciences Po Dijonn

  • il y a 4 mois

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Transcription
00:00Pour des pays qui ont connu la dictature, qui ont connu la domination d'un autre pays sur leur destin,
00:08évidemment que l'Europe, la construction européenne va de pair aussi avec tout simplement l'idée d'une libération, d'un accès à une souveraineté.
00:18Là aussi ça peut paraître paradoxal parce que beaucoup trouvent que l'Europe est justement quelque chose qui casse la souveraineté nationale.
00:26Il suffit de regarder tout simplement aujourd'hui l'Ukraine, l'Ukraine qui se bat pour survivre, qui se bat pour rester en état souverain,
00:33et qui dans ce même mouvement regarde vers l'Union Européenne comme une sorte de garantie, comme un lieu d'épanouissement,
00:41ô combien différent de ce qu'est justement la domination brutale à l'ancienne, à la 19ème si je peux dire, que représente le modèle russe, si on peut raisonner en termes de modèle.
00:52J'étais avec vous ce matin pour justement parler de ce sentiment européen.
00:56À 69% sur l'application ici, vous vous dites non, je ne me sens pas européen, je ne me sens pas européenne.
01:02Appelez-nous pour nous dire pourquoi justement, et si c'est l'inverse aussi, pour nous expliquer.
01:070-3-4-0-1-40-2-15-15, on est là avec vous et on continue de parler des élections européennes et de l'Europe dans un instant dans votre système.
01:15Ici Matin, revient dans un instant.
01:20Bonjour à toutes, bonjour à tous pour ce nouvel épisode de Rendez-vous chez vous.
01:24Aujourd'hui, nous sommes en Côte d'Or.
01:26Quand les journalistes de France 3 viennent à votre rencontre, c'est pour parler de vous.
01:30Alors rendez-vous chez vous du lundi au vendredi dans Ici 19h20 sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté et à tout moment sur la plateforme France.tv.
01:45Jusqu'à 9h, toute la Côte d'Or se réveille.
01:51Il est 7h46, c'est donc ce dimanche que nous votons pour les élections européennes, ce que t'as régulièrement boudé par les électeurs.
01:58On en parle, on est toujours avec le directeur de Sciences Po de Dijon, Lukasz Macek.
02:02Et vous Lukasz Macek, vous allez voter dimanche ?
02:04Oui bien sûr.
02:05Est-ce que vous avez déjà raté une élection européenne, ça vous est déjà arrivé ?
02:08Honnêtement, je ne crois pas.
02:10Après ma mémoire commence à fléchir, mais de toute façon je crois que j'ai rarement raté une élection.
02:15Et là encore, quand vous êtes né dans un pays où l'élection n'était pas libre, en général vous prenez très au sérieux la question du vote.
02:23Je ne sais pas si vous allez avoir une réponse à me donner, mais vous savez il y a 360 millions d'électeurs potentiels dans l'Union Européenne.
02:30On ne vote pas le même jour, c'est réparti sur 3-4 jours dans toute l'Union.
02:34Les premiers bureaux de vote ont ouvert ce jeudi aux Pays-Bas.
02:38Est-ce que vous savez pourquoi justement on ne vote pas tous le même jour ?
02:41Ça serait peut-être plus pratique pour intégrer ce sentiment européen ?
02:45Vous savez, la fameuse devise de l'Union Européenne c'est « unis dans la diversité » et toute l'Europe est là.
02:50C'est-à-dire qu'on harmonise, on essaie de rapprocher, mais on laisse aussi la marge de manœuvre.
02:54Donc effectivement tous les pays votent grosso modo en même temps, sur une semaine.
03:00Mais après on respecte le fait que d'un pays à l'autre on a des habitudes, des traditions.
03:04Pour vous donner un exemple, en République tchèque, mon pays d'origine, on vote toujours sur toutes les élections.
03:10On vote vendredi après-midi et samedi matin.
03:12Et si on vote le dimanche ?
03:13Les gens ne vont pas comprendre, ils n'ont pas l'habitude.
03:16Il y aura certainement moins de participation.
03:18Donc c'est tout simplement une marge de manœuvre.
03:20À quelques jours près qu'on laisse aux États d'en rester à leur tradition électorale
03:25parce que c'est aussi important de respecter les habitudes des gens.
03:28Ça peut paraître un peu compliqué de choisir pour qui on va voter quand on s'intéresse de loin à la politique.
03:33Surtout que cette année on est verni, vous avez remarqué, 38 listes en France.
03:37C'est un record, on n'avait jamais vu ça.
03:39Il y en a même certaines qui n'ont pas d'affiche sur les panneaux électoraux.
03:42Mais les panneaux électoraux sont là tout de même.
03:44Vous, comment est-ce que vous allez faire votre choix ?
03:46Alors je ne dirais pas certain, beaucoup j'ai compté sur les panneaux de vente sur sport.
03:50En fait c'est très exactement 50% ceux qui ont une affiche et ceux qui n'en ont pas.
03:54C'est vrai et d'ailleurs c'est un vrai problème parce que je pense qu'on paye quelque part
03:59la façon dont la politique française fonctionne.
04:02Le système majoritaire qui fonctionne dans les autres élections.
04:05Je pense que les élections européennes, qui sont finalement les seules élections à l'échelle nationale
04:10qui se fassent à la représentation proportionnelle,
04:13elles attirent beaucoup de forces politiques parfois très sincèrement un peu obscures
04:19pour qui quelque part il y a une petite chance de se rendre visible.
04:23Même si on n'a aucune chance d'avoir un eurodéputé à la fin ?
04:28Les partis politiques savent qu'en plus c'est un vote où effectivement
04:31les gens votent peut-être avec moins de discernement
04:35parce qu'ils considèrent que le vote est moins important.
04:37Mais c'est vrai que c'est dommageable parce que quelque part ça décrédibilise le processus.
04:43Après très sincèrement, sans rentrer dans les détails, pour moi les choses sont relativement claires.
04:48Je pense que parmi les 38 listes, il n'y a pas 38 possibilités réelles.
04:53Donc le choix en général se restera assez rapidement.
04:56Vous allez plutôt voter pour une liste pro-européenne, sans nous dire pour qui évidemment ?
05:00Je ne veux pas rentrer dans ces discussions, mais ce serait effectivement un peu étonnant
05:03si je votais pour une liste qui veut casser la construction européenne.
05:07Cela dit, je pense qu'il faut aussi bien se rappeler que ce n'est pas un vote défouloir,
05:14ce n'est pas un vote happening, c'est un vote qui compte
05:17et qui va influencer très directement la façon dont l'Union européenne va fonctionner,
05:24la façon dont la législation européenne sera orientée dans les cinq années à venir.
05:28Donc c'est clair que voter pour des parties totalement obscures qui n'ont aucune chance,
05:35c'est effectivement quelque part se priver de cette possibilité de peser sur les grandes tendances
05:40qui vont définir le positionnement de l'Union européenne dans les cinq années à venir.
05:45Vous avez entendu Emmanuel Macron, il disait qu'avec une victoire de l'extrême droite,
05:50ça pourrait entraîner des minorités de blocage au Parlement, vous y croyez à ça ?
05:54Toutes les projections montrent qu'on n'en est pas là,
05:57qu'a priori le risque d'un blocage, d'une paralysie du Parlement européen
06:03à ce stade paraît très faible, voire nul.
06:07Après, la veille d'une élection, il faut toujours être prudent et humble
06:11parce qu'il peut toujours y avoir des surprises,
06:13mais a priori ça ne devrait pas arriver, mais ça peut être plus compliqué.
06:18C'est comme dans n'importe quel système politique,
06:22c'est la même chose au niveau municipal, régional, national,
06:25si vous avez une assemblée ou des forces dont l'agenda principal est de renverser la table,
06:32qui ne sont pas là pour essayer d'avancer, de chercher des compromis, d'être constructifs,
06:37mais qui sont là soit pour casser le système dans lequel ils sont,
06:41soit juste pour se faire entendre parce qu'au fond leur vrai objectif est plutôt au niveau national
06:46et donc c'est juste une tribune, une base logistique quelque part aussi,
06:50où ils veulent s'installer, mais au fond ils n'en ont rien à faire de l'agenda réel,
06:56concret, pragmatique de ce que cette assemblée doit faire,
07:00évidemment vous avez un problème, vous avez un risque de blocage,
07:03vous avez un risque de paralysie, et c'est dans l'intérêt de personne.

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