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Transcription
00:00 - Des secours tentés, on prend un hommage à ces vétérans, à ces 225 Rangers
00:04 arrivés ce 6 juin 1944 sur cette plage-là.
00:08 - Oui, c'était un hommage presque comme si on y était lors de cette bataille
00:12 parce qu'on avait presque l'impression que Joe Biden voulait nous projeter ce jour-là,
00:18 cet instant-là, le moment où ils ont débarqué, où ils se sont heurtés au feu nazi.
00:23 D'ailleurs, on peut penser aussi à la scénographie du grand film américain
00:27 "Il faut sauver le soldat Ryan", Tom Hanks, son principal acteur,
00:31 et Steven Spielberg, son réalisateur, sont présents lors de ces commémorations.
00:35 Et la façon, encore une fois, dont Joe Biden a décrit cette scène,
00:38 eh bien, c'est un peu comme si on y était et vous étiez, et moi-même,
00:43 impressionnés par les détails dont il se remémore à l'âge de 81 ans
00:46 et qui était souvent l'objet de critiques à son état de santé.
00:50 - Il a été capable de citer le nom de ces jeunes soldats, leur âge, l'état duquel ils venaient.
00:57 Il a également rendu hommage à l'un de ces vétérans qui est présent aujourd'hui,
01:00 John Vardenne, qui a d'ailleurs reçu une légion d'honneur de la part du président américain hier.
01:06 Il devait le rendre hommage.
01:09 Il est aussi, plusieurs années après Ronald Reagan,
01:12 qui avait lui-même rendu hommage sur cette plage de la Pointe d'Oc,
01:17 et puis il a eu ces mots, ces formules.
01:19 Alors, on verra si on peut en faire une double lecture,
01:22 mais appeler à lutter contre l'idéologie haineuse.
01:25 Aujourd'hui, il a salué le courage de ces hommes qui étaient prêts à venir sauver des gens qu'ils ne connaissaient pas.
01:31 - Oui, et ce qui est impressionnant et frappant dans ce discours,
01:34 qui est aussi dans la continuité de celui qu'il a déjà prononcé hier,
01:38 c'est justement la continuité entre la guerre d'hier et celle d'aujourd'hui.
01:42 C'est ce qui résonne, c'est ce qui teinte ces commémorations des 80 ans.
01:46 Et Joe Biden, ce qu'il dit, c'était quand même extrêmement fort
01:48 parce qu'il parle de la tyrannie de Hitler et de la lutte contre le mal.
01:52 Il a aussi employé le mot tyrannie pour parler de Vladimir Poutine.
01:56 Il disait effectivement que, pensent-on que ceux qui attendaient de nous,
02:00 qui nous ont vu lutter contre les idéologies dans les années 30 et 40,
02:05 y a-t-il encore des gens qui n'entendraient pas la même chose de nous aujourd'hui ?
02:08 Et d'en appeler à la grandeur de l'Amérique et d'aller même plus loin,
02:11 de parler au nom des 225 Rangers tombés sur cette plage et en escaladant cette falaise,
02:18 en disant "nous entendons les échos de leur voix,
02:21 ils nous lancent un appel, ils nous demandent qu'est-ce que nous allons faire.
02:25 Alors ils ne nous demandent pas de mourir comme eux sont morts pour lutter contre le mal,
02:30 mais ils nous demandent de mettre notre patrie et nos compatriotes au-dessus de nous-mêmes".
02:35 Ce sont quand même des mots extrêmement forts,
02:38 prononcés dans un moment historique, dans un endroit extrêmement symbolique.
02:41 Et alors il y a une phrase, moi, en tant qu'ancienne correspondante à Moscou,
02:44 qui m'a particulièrement marquée, c'est lorsqu'il a dit "nous sommes les héritiers de ces héros".
02:49 Et là, on a vraiment la lutte des deux blocs qui se dessine,
02:53 parce que ce sont exactement les mêmes mots que prononce Vladimir Poutine un 9 mai,
02:58 tous les 9 mai désormais depuis 2022, sur la place rouge,
03:02 au moment de la grande parade militaire en l'honneur de la capitulation de l'Allemagne nazie,
03:07 face à l'URSS et aux alliés, qui est célébrée donc un 9 mai en Russie.
03:12 Et ça vraiment, on a aujourd'hui cette guerre qui, nous dit Joe Biden,
03:17 est aussi celle des Etats-Unis.
03:20 Alors Joe Biden, il est aussi candidat,
03:23 il est au coup d'à-coup dans une élection présidentielle qui va se jouer en novembre prochain.
03:27 Il a promis à Vladimir Zelensky, qu'il a rencontré un petit peu plus tôt aujourd'hui à Paris,
03:32 et bien il lui a promis que l'Amérique, que les Etats-Unis,
03:35 tant qu'il sera président, restera aux côtés de l'Ukraine jusqu'au bout.
03:40 Mais évidemment, évidemment, il y a cette incertitude.
03:42 Joe Biden parle au nom de l'Amérique aujourd'hui,
03:45 mais quand sera-t-il à la fin de l'année, ça c'est en sursis.
03:48 Et c'est justement ces alliances pour lesquelles plaident Joe Biden,
03:54 les alliés qui ont, qui revêtent cette importance primordiale pour le président américain,
04:00 versus Donald Trump qui a tendance à les critiquer, ces alliances, jusqu'à l'OTAN par exemple.
04:05 Est-ce qu'il a cherché en rendant hommage, encore une fois, à ses Rangers,
04:08 Joe Biden a créé aussi un sursaut, vous le disiez, il est en campagne,
04:12 pour convaincre aussi qu'il faut peut-être le reconduire,
04:15 pour lutter justement contre ces idéologies haineuses qu'il entend combattre.
04:18 Est-ce qu'il fait allusion aussi à Vladimir Poutine quand il dit ça ?
04:22 Ce n'est pas une allusion, enfin oui c'est une allusion,
04:24 mais c'est absolument clair, encore une fois, il parle de tyrannie,
04:27 il parle du mal, il parle de la nouvelle guerre, de l'ancienne guerre.
04:30 Et évidemment c'est un appel aux opinions publiques,
04:32 ce sont les opinions publiques qui vont jouer, en fait,
04:35 presque l'issue de la guerre d'Ukraine,
04:37 puisqu'il s'agit de voir si ce sera un Donald Trump
04:40 qui menace effectivement de sortir de l'OTAN,
04:43 qui menace de subordonner à la participation financière des alliés à l'OTAN
04:47 le fait qu'il soit protégé par l'article 5 de la Convention du Traité Atlantique.
04:55 Donald Trump, c'est quelqu'un qui dit tantôt qu'il veut effectivement sortir de l'OTAN,
05:01 qu'il veut figer les lignes, qu'il veut finir la guerre d'Ukraine en 24 heures,
05:05 en instaurant un cessez-le-feu,
05:08 donc en cédant aux conditions de Vladimir Poutine,
05:10 tantôt il dit que si la Russie avait attaqué l'Ukraine quand il était président,
05:14 eh bien on aurait bombardé Moscou.
05:16 Donc voilà, c'est tout ça qui se joue.
05:17 En tout cas, Joe Biden, lui, et ça s'est joué déjà au Congrès américain,
05:22 avec ses plusieurs mois de tergiversations sur la nouvelle tranche d'aide à l'Ukraine,
05:26 poussée par l'extrême droite américaine,
05:28 et on voit aujourd'hui que c'est exactement ce qui se joue,
05:31 ces discours populistes qui nous disent,
05:34 eh bien si on arrête d'aider l'Ukraine,
05:36 que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, dans les pays européens,
05:39 on est à la veille des élections européennes,
05:41 ces discours sont toujours les mêmes,
05:43 ils sont de dire, si on arrête d'armer l'Ukraine,
05:45 si on arrête d'aider l'Ukraine, eh bien la guerre va s'arrêter.
05:48 Et en fait, c'est cette thèse-là, contre la thèse de ceux qui disent,
05:51 nous, on veut aider l'Ukraine parce que la guerre ne s'arrêtera pas,
05:55 ne s'arrêtera que si on arrête la Russie,
05:57 et non pas si on arrête d'aider l'Ukraine,
05:59 eh bien c'est ce bras de fer qui est en train de se jouer aujourd'hui,
06:01 que ce soit outre-Atlantique, que ce soit aussi chez nous,
06:04 avec les élections à venir.
06:06 - Merci beaucoup, Héléna, merci pour ces éléments.
06:10 En attendant de pouvoir établir la connexion avec notre envoyée spéciale sur place,
06:16 qui suit cette cérémonie pour nous, qui est Evan Gorjestani,
06:19 une question là qui me vient, comment est-ce que le président russe,
06:21 lui, regarde-t-il toute cette séquence depuis l'arrivée de Joe Biden,
06:25 les Alliés ensemble, il y a eu ce temps fort aussi hier,
06:28 et le président russe n'a pas été invité, on le rappelle, cette année.
06:32 - Tout à fait, alors, Vladimir Poutine, d'abord,
06:34 il fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale,
06:36 donc techniquement, évidemment, on ne l'invite pas,
06:39 évidemment, il est dans une guerre, encore une fois,
06:41 qu'il joue au nom du combat contre le nazisme,
06:43 et ceux qui sont aujourd'hui en Normandie sont aussi en train de dire qu'ils combattent le nazisme,
06:49 donc on ne peut pas mettre ces deux blocs, ces deux co-belligérants,
06:53 enfin en tout cas, ces deux belligérants ensemble au même endroit,
06:56 donc Vladimir Poutine, en fait, il avait son propre agenda,
06:58 qui a été de convoquer les chefs des grandes agences de presse internationales,
07:03 juste le 5 juin au soir, dans un format complètement inédit, qu'on n'avait jamais vu,
07:09 et pour un échange qui a duré plus de trois heures,
07:12 y compris avec les pays dits amicaux de la Russie et les pays dits inamicaux,
07:16 donc ceux du bloc de l'OTAN qui condamnent l'agression russe en Ukraine,
07:20 pour leur dire quoi ? Eh bien, pour leur dire que non, la Russie n'est pas du tout une menace,
07:27 mais qu'en fait, elle poursuivra sa propre ligne, son propre agenda,
07:31 en fait, pour remarteler quelque part ce mythe de réalité parallèle
07:35 selon lequel la Russie se défend, c'est elle qui est attaquée,
07:38 et il faut aussi noter que du côté de Moscou,
07:40 on est dans une escalade de propagande sans précédent,
07:43 avec des menaces, malgré ce qu'en a dit Vladimir Poutine ce soir-là,
07:47 de l'autre côté, explicitement formulée, y compris par Vladimir Poutine lui-même,
07:50 qui a tendance à se contredire pour souffler le chaud et le froid,
07:54 qui dit qu'avec ces autorisations des Occidentaux de frapper le sol russe
08:00 avec les armes qu'ils fournissent à l'Ukraine, eh bien, il ne garantit plus rien.
08:03 Il ne faut pas oublier que ce sont des pays petits et densément peuplés,
08:06 et qu'il ne faut pas croire, en fait, que la Russie ne pourrait pas frapper un pays de l'OTAN.
08:11 Merci, Héléna. On a Ketevan Gordjievstany en direct de cette plage du Point-Doc,
08:17 là où s'est exprimé le président américain. Merci d'être avec nous, Ketevan.
08:21 Un hommage de plusieurs minutes rendu à ces 225 Rangers
08:26 venus sauver des gens qu'ils ne connaissaient pas.
08:28 Ce sont les mots du président américain pour rendre hommage à ces hommes-là.
08:32 Absolument. Une grande partie de ce discours était bien sûr un hommage à ces 225 hommes,
08:41 comme vous l'avez rappelé.
08:43 Il y avait un vétéran dans l'audience ici qui écoutait le président.
08:48 Il n'était pas là le 6 juin, mais quelques jours plus tard,
08:51 et le président a essayé de l'honorer lui aussi comme sorte de représentant
08:57 de ceux qui ne pouvaient pas être là, puisque le président américain l'a rappelé
09:01 alors qu'il faisait ce discours, que ces 225 hommes ne sont plus là.
09:07 Une remarque qui montre à quel point cette mémoire est petit à petit en train de disparaître
09:13 au fur et à mesure que ces vétérans meurent.
09:18 Donc une partie de mémoire, une partie d'histoire,
09:22 mais aussi une partie très politique et très présente.
09:26 Un message direct à Vladimir Poutine.
09:29 Il a mentionné son nom pendant ce discours.
09:33 Il a demandé si quelqu'un pouvait avoir un doute que ces hommes,
09:38 qui sont montés ici à la pointe du Hoc,
09:40 s'ils auraient voulu que l'Amérique se dresse face à Vladimir Poutine.
09:47 Il a demandé, est-ce que vous pensez, est-ce que quelqu'un doute
09:50 que ces hommes auraient voulu que l'Amérique y aille toute seule ?
09:54 Donc deux messages.
09:55 Un, le fait qu'il pense que ces hommes se sont battus pour la même chose
09:59 qu'aujourd'hui les Américains soutiennent en Ukraine,
10:02 c'est-à-dire se battre pour la liberté, pour la démocratie,
10:05 et que ces hommes auraient voulu que les États-Unis se battent contre Vladimir Poutine.
10:10 Et aussi un message un peu dévoilé envers Donald Trump,
10:17 son concurrent à l'élection présidentielle,
10:19 puisqu'il a parlé de cet isolationnisme sans le mentionner.
10:22 Mais il a parlé de cette question, de savoir si on voudrait que l'Amérique
10:26 se déplace ou se comporte de façon isolée.
10:31 Et les réponses, bien entendu, pour Joe Biden,
10:33 c'est que l'Amérique n'est jamais aussi forte que quand elle est alliée
10:37 avec ses alliés, notamment ses alliés européens.
10:41 Et il a fini sur le fait que c'était un hommage à ces hommes.
10:45 Mais il a aussi dit qu'il faut écouter l'écho de ces voix,
10:50 l'écho des voix de ces hommes, les écouter, les entendre,
10:53 parce qu'il nous demande qu'est-ce que nous allons faire.
10:57 Il ne nous demande pas de gravir ces falaises.
11:00 Il nous demande juste d'être vrai et de soutenir ce que l'Amérique représente.
11:05 Merci beaucoup Kate Evan.
11:06 Merci pour le compte rendu de ce discours du président américain depuis la pointe.

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