Au lendemain des élections européennes et de la dissolution par Emmanuel Macron de l'Assemblée nationale, l'économie française va-t-elle tourner au ralenti en attendant les élections législatives des 30 juin et 7 juillet?
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00:00 Guillaume, qu'est-ce qui s'est passé ces dernières heures ?
00:02 Inquiète les marchés.
00:03 Oui, il se passe des choses en ce moment sur les marchés, c'est panodin.
00:06 Vous allez voir la Bourse de Paris déjà qui perd quasiment 2%.
00:09 Alors on baisse sur d'autres marchés européens où on a vu extrêmement progresser,
00:13 mais on ne baisse pas dans de telles proportions.
00:16 Et puis regardez, l'autre indicateur intéressant du jour, c'est sur le taux à 10 ans français.
00:20 C'est le taux auquel on emprunte de l'argent sur les marchés.
00:23 C'est une sorte de baromètre de confiance de l'économie finalement.
00:27 Plus on vous prête à des niveaux élevés, ça veut dire que moins on a confiance en votre économie.
00:32 C'est précisément ce qui se passe en fait.
00:34 Ce taux, vendredi soir à la clôture des marchés, était à 3,12%.
00:37 Là, il est à 3,19%.
00:39 Ça fait vulgairement parlant ce qu'on appelle 7 points de base.
00:41 Vous allez me dire, c'est rien.
00:42 Si on fait un mouvement de cette ampleur en l'espace de quelques heures,
00:46 c'est quand même assez significatif.
00:47 Ça veut dire que d'un seul coup, les marchés financiers
00:49 ne nous regardent plus de la même façon, à chaque fois.
00:51 Ça traduit quelle inquiétude pour être précis ?
00:53 Ça traduit le fait que les marchés ne savent pas où va la France exactement.
00:57 Vous savez, les marchés financiers ne sont pas de droite, ils ne sont pas de gauche.
00:59 Ils n'ont pas de sensibilité politique.
01:00 La seule chose qui les intéresse, c'est qu'il y ait un cap,
01:03 qu'on sache véritablement où va le pays sur le plan économique.
01:07 Depuis quelques années, il y avait un semblant de cap.
01:09 Vous aviez Emmanuel Macron, Bruno Le Maire qui vous racontaient sans arrêt,
01:11 on veut réduire la dette, on veut réduire le déficit,
01:14 on veut réindustrialiser le pays, on veut réformer, on veut faire baisser le chômage.
01:19 Les marchés achetaient ce genre de discours, ça leur allait très bien.
01:21 Depuis hier soir, vous avez des marchés qui se retrouvent face à une perspective
01:24 de l'inconnu avec un parti qu'on ne connaît pas,
01:28 avec des interlocuteurs à Bercy par exemple, demain, qu'on ne connaît pas.
01:31 Mais surtout, il faut bien le dire, les marchés se retrouvent en face d'un parti
01:35 qui n'a pas dit exactement ce qu'il voulait faire sur le plan économique.
01:38 Rappelez-vous, il y a deux, trois ans seulement,
01:41 que le Rassemblement national a renoncé à porter l'idée d'une sortie de la France de la zone euro.
01:46 Plus pour s'acheter une respectabilité politique qu'autre chose.
01:49 Mais le R.A. ne dit toujours pas exactement de quelle Europe il veut pour demain.
01:52 Ça, c'est un problème pour les marchés financiers.
01:54 - Mais sur le plan budgétaire, le Rassemblement national dit aujourd'hui vouloir faire preuve de sérieux.
01:58 - Oui, mais là aussi, ils se sont achetés une crédibilité en disant qu'il faut faire du sérieux budgétaire.
02:01 Mais quand vous lisez votre programme, il y a des dépenses à n'en plus finir.
02:03 C'est ce parti justement qui voudrait, vous savez, revenir sur la réforme des retraites.
02:07 Ils l'ont encore répété ce matin.
02:08 Alors, ça veut dire quoi ? Revenir à 62 ans ou revenir à 60 ans,
02:11 comme le proposait Marine Le Pen il y a quelques années ?
02:13 Et puis, c'est ce parti qui nous dit aussi, on voudrait ramener la TVA, vous savez,
02:18 à 0 % sur des produits de première nécessité.
02:21 On voudrait baisser la fiscalité sur les carburants.
02:23 La hausse sur le gaz de 11 % au 1er juillet, on reviendra là-dessus.
02:26 Mais si on fait tout ça, ce sont des dizaines et des dizaines et des dizaines de milliards d'euros
02:31 en moins dans les caisses de l'État.
02:34 Et on propose ça au moment où l'État, on le sait, n'a jamais été aussi endetté.
02:38 Alors, la question, c'est dans quelle mesure le Rassemblement national
02:42 renierait ou pas l'ensemble de ces propositions ?
02:45 Les marchés ne savent pas.
02:46 Et en plus, le RN, par exemple, comme ça, ils ne connaissent pas.
02:49 C'est pour ça qu'ils se tentent, parce que vraiment,
02:50 ils ont besoin d'éclaircissement sur tous ces points.