Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous
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00:00 - Et on va être avec Michel Drucker que je salue et que je remercie grandement d'être avec nous. Bonjour Michel.
00:04 - Bonjour Pascal. - Et merci d'être avec nous. Voilà quelqu'un que vous connaissez depuis la nuit des temps, avec qui vous avez commencé à
00:10 travailler dans les années 60 et qui disparaît aujourd'hui. J'imagine que c'est la tristesse aujourd'hui qui
00:17 est là et qui est présente pour vous.
00:20 - Quelqu'un de ma génération c'est une passe qui se tourne. Et oui j'ai connu Françoise il y a 60 ans.
00:27 Elle était l'anti-yeye à l'époque où
00:30 Claude François chantait "J'ai joli un marteau"
00:33 et puis "L'école est finie" chantait "Chez la" ou "Plus belle pour aller danser".
00:38 Elle est arrivée avec tous les garçons et les filles de mon âge.
00:42 Moi j'ai connu Françoise en 64, il y a donc 60 ans,
00:45 aux côtés de Mireille et son petit conservatoire qui était déjà une petite star académie amateur
00:51 où elle chantait "Mon amie la rose" et elle avait ce regard déjà un peu triste parce que
00:57 Françoise était quelqu'un d'assez mélancolique, quelqu'un d'assez triste.
01:02 Et c'est vrai que sa maladie, son lymphome qui l'a rongé depuis 15 ans n'a rien arrangé.
01:06 Je l'ai toujours vue un peu triste. Elle avait une enfance un peu cabossée parce que pour bien comprendre Françoise Hardy, il faut rappeler que
01:15 sa maman était une fille mère. Elle a été élevée seule par sa maman et par sa grand-mère.
01:20 Elle n'avait pas une relation très chaleureuse avec sa grand-mère donc elle a été un peu
01:26 triste, elle a été un peu morose, le regard un peu perdu et
01:30 quand elle est arrivée c'était une révolution. D'abord elle était complexée, Françoise se trouvait moche.
01:35 Elle se trouvait moche parce qu'elle n'avait ni de Bob Dylan, ni de David Bowie, ni de Mick Jagger qui étaient ses fans inconditionnels.
01:42 C'était une fille qui avait de l'allure, qui avait une élégance
01:45 extraordinaire et c'est vrai que les deux hommes de sa vie, c'était Jacques évidemment, c'est un couple atypique, complètement
01:53 incontrécourant, un couple libre et son fils c'était tout pour elle. J'ai encore vu
01:59 Thomas il y a deux trois jours sur une émission de télévision, j'ai demandé comment va maman, il m'a dit "elle est au bout".
02:04 Elle est au bout mais on se demandait comment elle vivait encore après
02:09 avoir traîné cette maladie épuisante. Le grand regret de Françoise c'était de ne pas avoir pu voir son mari,
02:17 son mari et son fils ensemble lorsque
02:22 c'est vrai Thomas avait
02:24 convaincu son père de faire une tournée avec lui, elle n'a pas pu les voir, elle était trop fatiguée.
02:29 Mais ceux qui ont vu ce spectacle se souviendront qu'ils avaient joué une version instrumentale de "Le temps de l'amour" qui était bouleversante.
02:36 Je garde de Françoise un souvenir ému, on s'est souvent vu et
02:41 à chaque fois que son fils faisait une télévision, elle voulait savoir à quelle heure il passait et elle l'appelait après chaque émission de télévision.
02:49 Part qu'elle venait sur un plateau de télé, que ce soit dans une époque plus lointaine que des rendez-vous de dimanche,
02:55 elle appelait son fils, elle lui disait, elle ne mâchait pas ses mots. Françoise Hardy sous une apparence très douce comme ça,
03:02 très calme, était quelqu'un qui ne mâchait pas ses mots, elle avait des opinions
03:05 politiques très tranchées et elle le balançait quand elle n'aimait pas quelqu'un, elle lui disait
03:10 "quelqu'un ta chanson est nulle" avec une voix très douce comme ça.
03:15 C'est ça son personnage. - Il y a une particularité par rapport à
03:19 beaucoup de gens de ce métier, me semble-t-il, c'est qu'elle n'aime pas la scène, elle n'aime pas forcément
03:24 cette gloire non plus ou cette lumière non plus et qu'il y a quelque chose chez elle de l'ordre de l'artiste qui prédomine.
03:33 - On est très peu la rue sur scène, bon j'avais vu quand elle était accompagnée par Mireille,
03:39 petite conservateur de la chanson, mais elle n'a pas fait de scène, elle n'a pas fait de tournée, elle n'aimait pas ça,
03:43 elle voulait écrire, elle voulait écrire, composer et elle a fait des chansons magnifiques avec Berger, avec Gainsbourg,
03:50 c'est vrai que c'est quelqu'un qui laisse des textes, c'était quelqu'un qui aimait les textes et aimait écrire. - "Message personnel" est une chanson sublime.
03:57 - Magnifique, magnifique et puis, ah oui, c'est formidable, mais
04:02 j'aimais beaucoup, elle était atypique, elle était totalement différente des autres,
04:08 elle était assez silencieuse même, mais comme je l'ai dit, elle n'avait pas la langue dans sa poche et
04:14 elle était atypique, elle était très très amie avec Sheila, elles étaient très liées toutes les deux,
04:20 c'était le trio, le trio de l'époque, il y avait Sylvie, il y avait Sheila, il y avait elle et puis au milieu, Clo-Clo,
04:27 mais sa famille musicale, elle était plus du côté de Michel Berger.
04:37 Et puis cette silhouette, la beauté de cette femme magnifique, cette robe métallique d'époque de Paco Rabanne,
04:44 c'était une égerie, elle était assez british également, elle avait une espèce de silhouette totalement anglo-saxonne.
04:52 Il ne faut pas oublier qu'elle voulait en finir depuis longtemps, elle voulait en finir, elle était pour le Tamazi.
05:00 - Merci beaucoup Michel de ce témoignage, il va être 12h, je vous embrasse tendrement parce que j'imagine que vous êtes
05:08 évidemment
05:09 aujourd'hui peiné parce que cette génération que vous avez portée d'ailleurs, que vous avez accompagnée,
05:14 combien de gens ont été sur votre plateau et c'est vrai que
05:19 Claude François doit être un des premiers sans doute à être mort dans votre génération en
05:25 1978 et depuis, tant de gens sont partis de Daniel Balavoine à...
05:30 - Quand on voit la photo de celui, les copains de Jean-Marie Purier qui a pardonné sa vie, il n'y a plus beaucoup de rescapés.
05:37 - Bien sûr et tous ces gens ont été vos amis bien sûr.
05:41 Merci Michel, je vous embrasse tendrement.
05:43 A bientôt, Rossi.