50 ans d'INF : avec Jean-Pierre Papin

  • il y a 3 mois

Category

🗞
News
Transcript
00:00La promo 81 sorti en 84, ça évoque pour moi l'INF le début de l'aventure, le vrai début
00:16de l'aventure parce que je pense que c'était une période qui a été la plus importante
00:23pour moi.
00:24C'est là où j'ai tout appris en fait.
00:25Je pense que quand on veut réussir, avant toute chose, il faut forger son caractère.
00:28Et l'INF, pour forger son caractère, c'est magnifique.
00:31On proposait un contrat d'aspirant à Valenciennes, ce qui était déjà pas mal, ça permettait
00:37de mettre un pied déjà dans un club pro, mais en discutant avec des membres de ma famille,
00:45le mieux pour moi c'était de m'exiler un petit peu parce que ne pas rester dans les
00:49pattes de papa.
00:51Ma grand-mère était complètement opposée, elle avait très peur que je finisse pas bien.
00:56Moi j'ai écouté ma grand-mère, comme ma grand-mère m'a élevé pendant 13 ans, celle
01:02avec qui j'avais le plus d'affinités, c'était ma grand-mère.
01:05Quand elle m'a dit « il faut que tu partes », je suis parti, la mort dans l'âme,
01:08mais je suis parti.
01:09En fait, je ne peux pas imaginer ma carrière aujourd'hui s'il n'y avait pas eu l'INF.
01:12Je pense que c'était le passage obligatoire.
01:15Il ne faut jamais oublier d'où on vient et par où on est passé.
01:19Quelquefois, ce sont des moments qui sont importants à se rappeler, juste pour dire
01:24« avant, c'était correctement, tu faisais différemment, c'était plus difficile.
01:29» Et moi j'en avais besoin, j'ai besoin de ça.
01:35Déjà le fait de se retrouver isolé, Vichy c'est en plein centre de la France, moi j'arrivais
01:40du nord, il y avait quand même 600-700 kilomètres, et puis je me retrouvais tout seul pour la
01:46première fois.
01:47C'est un basculement de vie en fait, c'est un changement de vie total.
01:50Contrairement à d'autres, moi j'arrivais d'un club pro qui était valencienne, donc
01:54si le club pro voulait me récupérer, il avait la priorité.
01:59Chose qu'ils ont faite, ils m'ont récupéré de suite.
02:02Après j'ai envié un peu mes coéquipiers parce qu'ils partaient dans tous les clubs
02:07pros de France et de Navarre, et ça faisait un peu plus rêver.
02:13Mais bon, je crois que finalement, avec le recul, avoir été à Valenciennes et être
02:19tombé sur ce coach-là qui était Léon Desmonais, où je pensais avoir tout connu à l'INF,
02:24en fait je me suis pensé que je ne connaissais rien du tout, donc j'ai encore appris à
02:28Valenciennes.
02:29Et Valenciennes après ça a été le début de l'aventure pro.
02:31Pour y arriver, il fallait déjà avoir une bonne base, mais on peaufine tout, la
02:43tactique, le physique, la technique, on apprend à se déplacer, on apprend les rudiments
02:51du football, les basiques, on les met de suite en situation et je pense que ces trois ans
03:00pour moi ont été un peu plus bénéfiques.
03:11On ne peut pas oublier l'INF quand on a fait partie de l'aventure, parce que c'est une
03:17école de la discipline, et ça c'est normal, quand on veut être footballeur il faut être
03:22discipliné.
03:24Et puis, quand on pense qu'on a tout connu, l'INF c'est le centre d'expérience de tous
03:32les centres de formation, donc tout ce qu'on a pu faire après dans les centres de formation,
03:37nous on l'a fait avant, avec plus ou moins de réussite, mais je pense que c'était très
03:43bien parce que ça nous donnait une importance, mais pas que par le jeu, par l'entraînement,
03:51et ça c'était bien.
03:52En fait, c'est les journées d'un centre de formation, c'est-à-dire petit déjeuner,
03:58cours, de 8 à 10 cours, de 10 à 12 plus ou moins d'entraînement, après-midi entraînement,
04:08et tous les jours comme ça.
04:09Le vendredi après-midi, relâche, même s'il y en avait quelques-uns qui avaient des cours
04:13en plus, et le samedi on partait pour le match, et le soir le match, le dimanche repos, et
04:18lundi ça recommence.
04:20La vie d'un centre de formation, la vie d'un club pro, c'est pareil.
04:22En fait, on t'apprend à être professionnel, mais on t'apprend en dehors du terrain et
04:27sur le terrain.
04:28Et les messages, je pense que tous les messages qu'on apprend après quand on est pro, on
04:36les apprend avant.
04:37On vous les dit d'une manière différente, mais être discipliné, être organisé, être
04:44professionnel, c'est-à-dire avoir une discipline de vie que beaucoup de jeunes d'aujourd'hui
04:52n'ont pas.
04:53A l'époque, ce n'était pas pareil qu'aujourd'hui, l'INF, aujourd'hui c'est entre 13 et 16 ans.
04:59Nous avant on arrivait à 18 ans, donc on sortait à 21 ans, on était déjà des hommes
05:03pratiquement, donc on pouvait un petit peu plus travailler que ce que font les gamins
05:08aujourd'hui.
05:09Aujourd'hui c'est plus basé sur la tactique, la technique, même s'il y a un peu de physique
05:12quand même à 13 ans, mais nous on était plus organisé physique et technique.
05:18Moi j'avais cet instinct de marque à début, par contre bien évidemment pendant trois
05:21ans on apprend énormément de choses.
05:23J'ai appris beaucoup à me raisonner moi personnellement parce que j'étais un peu tout fou quand je
05:40suis arrivé là-bas.
05:41Mais je pense que je n'avais besoin que de ça, le reste j'avais déjà beaucoup de choses
05:46dans le magasin, il fallait juste les peaufiner, les travailler, les polir, ce que j'ai fait
05:53après au fur et à mesure des années.
05:54J'ai attrapé cette grinta-là quand ma grand-mère est décédée, j'étais troisième année
06:06et j'avais l'impression de perdre ma mère et je me suis juré de réussir.
06:14Alors est-ce que ça m'a permis de passer juste le cap au-dessus ? Certainement parce
06:20que je suis devenu un autre en troisième année, un autre, plus buteur, plus tueur.
06:27Je pense que c'est ce que mon coach voulait et comme c'était tranquille je n'arrivais
06:35pas à passer au-dessus.
06:36Il a failli un événement extra-sportif pour justement passer le cap.
06:41Quand on arrive à l'INF, on a ces rêves de gamin d'être professionnel et puis on
06:47se rend compte au fur et à mesure que c'est très très difficile, que quoi qu'il arrive
06:52après les trois ans, il ne sera pas sûr qu'eux.
06:55Mais je crois qu'on se forge un caractère à l'INF, on apprend à être solidaire de
07:03ses copains, on apprend aussi à compter sur ses copains.
07:06La preuve, c'est qu'aujourd'hui, après ces trois ans, on ne s'est pratiquement pas
07:11vu pendant 20 ans, mais on a besoin encore de se contacter pour se rappeler un peu les
07:16bons souvenirs.
07:17Moi, j'étais un peu trop dans mon confort quand je suis arrivé et j'étais un petit
07:23enfant gâté.
07:24Le fait de me retrouver loin de mes habitudes, avec des gens que je ne connaissais pas, avec
07:31des gens et des copains avec lesquels on a appris à s'aimer, parce que nous, on est
07:35obligé de s'aimer, pendant trois ans, tu es obligé, ça m'a vraiment fait des biens.
07:41Et s'il n'y avait pas eu ça, je pense qu'il n'y aurait peut-être pas eu autre chose.
07:43Merci d'avoir été déjà à mes côtés, de m'avoir assisté et puis surtout de m'avoir
07:58donné les valeurs du football d'aujourd'hui.
08:01Je pense que le meilleur souvenir, c'est les 32 qu'on était au départ, les 22 qui
08:09sont restées à la fin, jusqu'au bout, et je pense que ça, c'est le vrai souvenir.
08:15Et pour tout le monde, c'est là que tout a commencé et c'est là que, de temps en
08:18temps, quand on a des difficultés, il faut revenir, se ressourcer.
08:21Le football, ça reste un jeu et en fait, il ne faut jamais oublier que c'est un jeu
08:27et qu'il faut jouer le plus longtemps possible.
08:29Après, bien évidemment, il y aura d'autres étapes, mais tant qu'on joue, au football,
08:36on s'amuse et on s'éclate.

Recommandée