Ce sont deux mythes du rap qui nous rejoignent sur le plateau de télématin ! Stomy Bugsy et Passi sont nos invités.
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00:00Et ce sont deux mythes qui nous rejoignent sur ce plateau, deux mythes du rap comme une Madeleine de Proust au goût un tout petit peu amer,
00:07amer comme le ministère qu'ils ont créé il y a 30 ans, Tommy Bugsy et Passy nous font le plaisir et l'honneur d'être sur le plateau de Télématin.
00:14Bonjour à tous les deux.
00:15Bonjour.
00:16Allez, retirez ces lunettes, couvrez vos yeux.
00:18Mais vous n'avez pas changé, c'est incroyable de vous revoir.
00:21Passy non plus, elle n'a pas changé.
00:23On essaie, on va chez le coiffeur.
00:25On tâche la grise aussi.
00:27Pour ceux qui ne seraient pas de notre génération et qui ne connaîtraient pas le ministère Hammer, mais si vous connaissez.
00:58Je disais que vous n'avez pas changé, c'était il y a 30 ans quand même le ministère Hammer.
01:05Et d'ailleurs, il y a plusieurs définitions à le ministère Hammer.
01:07Il y a la vôtre déjà, Tommy ?
01:09Moi, non, je ne l'ai dit pas ce matin.
01:11Ah bon ?
01:12Je l'ai bloqué, je l'ai dit tôt.
01:14Pourquoi ? C'est quoi ? C'est agent du ministère éloquent et radical ?
01:17On va rester sur celle-là.
01:18Ah, c'est quoi l'autre ?
01:19Il y a Action Musique et Rap.
01:20Action Musique et Rap, c'était le nom de l'association qu'on avait créé quand on avait 15 piges.
01:24D'accord, ok. Et c'est quoi en fait ? Comment vous savez que ça s'est passé ?
01:28Oui, on a créé une association en 1900 pour pouvoir avoir une salle en MJC répétée à nos débuts.
01:34C'est une forme de militantisme du rap, quoi ?
01:36Oui, c'était déjà le rap à l'époque.
01:40À nos débuts, personne n'y croyait, donc on se débrouillait par nous-mêmes pour pouvoir répéter et ainsi de suite.
01:45Il fallait s'organiser.
01:47Celui-là qui arrivait en retard, il prenait 10 francs d'amende comme James Bond.
01:51Ah oui, on parlait en francs à l'époque, bien sûr, mais c'est vrai.
01:53On oublie, mais c'est vrai, c'était ça.
01:55Stomy, vous découvrez le hip-hop et le rap grâce à votre grand frère qui vous fait écouter ça, notamment.
02:03Il se passe quoi ?
02:04Il se passe quoi à ce moment-là ? C'est directement une révélation pour vous ?
02:08Oui, ça te prend au cœur, aux tripes.
02:11Tu te dis que c'est quelque chose qui sent la rue, qui n'est pas trop funky.
02:16Tu sais que ce n'est pas vraiment un chanteur, mais c'est quelque chose qui colle à la peau.
02:21Quand tu entends James, James, James, James...
02:24Tu te dis que c'est à moi, ça m'appartient, ça fait partie de ma culture.
02:28Là, tout de suite, vous imaginez les textes quand vous écoutez ce morceau-là, vous ?
02:32Oui, on essaie un peu de coller déjà la langue de Molière à la langue de Shakespeare.
02:37Au début, c'était dur à rentrer.
02:39C'est ce que vous faites, oui, parce que vous l'avez dit, personne n'y croyait au début.
02:43Vous êtes un peu les pionniers, vous êtes parmi les premiers à vous emparer de ce rap américain
02:48pour parler justement de la France et des réalités françaises que vous vivez dans les banlieues.
02:53Vous avez grandi à Sarcelles, dans Val-d'Oise, il y a les problèmes.
02:57Globalement, la vie, mais la vie qui est aussi joyeuse là-bas.
03:00Vous racontez un peu tout, en fait ?
03:02Oui, on essaie de raconter.
03:04Bien sûr, il y a le ministère à la mer, c'est profond, c'est un cri.
03:08Il y a beaucoup d'engagements.
03:10Il y a un engagement, un cri d'urgence.
03:12Mais en même temps, dans tout ça, on met quand même beaucoup d'humour, beaucoup de rire.
03:17C'est provoquant, mais en même temps, il y a un décalage.
03:20C'est toute une fougue de jeunesse qu'il y a dans le ministère à la mer.
03:24À votre début, il y a Charles Pasqua, ministre de l'Intérieur, qui voulait quand même interdire un de vos albums.
03:28Oui, parce que dans le ministère à la mer, on traite...
03:31Tu reposes en paix, Charles.
03:33On traite de vrais sujets, on préférait ouvrir la fenêtre et voir ce qui se passait dans nos banlieues.
03:38Critiquer, en rigoler, le souligner.
03:42Donc on préférait ces sévérités-là, que vous rappez sur tout et n'importe quoi.
03:47Et donc oui, sur quelques textes, ça a énervé M. Pasqua à l'époque.
03:52Ça a changé depuis cette époque-là.
03:54On voit qu'on vit une période politique qui est particulièrement tumultueuse.
03:57Vous le dites, le rap, c'est aussi de l'engagement.
04:00Stomy, comment vous la voyez aussi, l'évolution de notre société et de la France depuis 30 ans ?
04:06Il y a des choses qui évoluent, il y a d'autres qui sont en train de regresser.
04:10Mais bon, j'ai confiance en la France, j'ai confiance aux Français.
04:14Je sais qu'ils vont avoir un sursaut et qu'ils vont se reprendre en main et qu'ils vont faire les belles choses.
04:19Un sursaut quoi ? Vous dites faire barrage à l'extrême droite, c'est ça que vous dites ?
04:22Bien sûr, bien sûr.
04:24Il y aurait de quoi faire du rap en ce moment ?
04:26Oui, mais même pas que du rap.
04:28Je pense qu'il faut pousser aussi les jeunes à aller voter.
04:30Il faut pousser les gens à s'engager un petit peu plus, à faire entendre leur voix.
04:35Donc je pense que ça, ça va être l'autre étape.
04:38Nous, depuis longtemps, on s'est battu pour pousser la jeunesse à être un petit peu plus responsable aussi par rapport au droit de vote.
04:45Et je sais que par rapport à certains discours politiques qu'on entend qui nous font hérisser le cheveu ou qui nous crispent un peu,
04:52il faut qu'il y ait de l'engagement au niveau de la jeunesse, au niveau des jeunes de quartier.
04:56Vous, plutôt le poil pour Stobie ?
04:58Il faut aller les chercher.
05:00Je pense qu'il y a plein de jeunes qui ont délaissé la politique, surtout dans les quartiers.
05:05Il faut aller les chercher.
05:07Il faut organiser, il faut mettre des bus, aller les prendre.
05:10T'as ta carte d'identité, viens, je vais t'inscrire dans les listes.
05:14Il faut aller les chercher parce qu'il y a plein de voix qui dorment, alors qu'ils sont français.
05:19Ces jeunes-là sont français aussi, c'est ce qu'on oublie.
05:21On parle d'une certaine France, mais il y a l'autre France.
05:23Et ce que je vois, moi, depuis une trentaine d'années, on parle de trente ans,
05:27j'ai jamais entendu un politique dire que ces jeunes de banlieue étaient aussi français,
05:30qu'ils avaient une place et ou leur donnaient de l'amour ou leur donnaient une ouverture vers l'avenir.
05:36Vous parlez des jeunes ?
05:37En français, c'est pas juste quand une équipe de France de football, elle gagne,
05:40on remet le drapeau bleu, blanc, rouge et on court autour des Champs-Élysées.
05:44Non, c'est autre chose.
05:45Il y a une de vos chansons qui s'appelle « Le Savoir » et ça parle de ça,
05:48de la manière dont on transmet ce savoir à la jeunesse.
05:54Aujourd'hui, c'est aussi une de vos missions, au-delà de la chanson, au-delà du rap.
05:57Ce sont des ateliers d'écriture, c'est justement parler à cette jeunesse et accompagner cette jeunesse-là.
06:02Oui, c'est vrai qu'avec l'âge, il y a un côté héritage qu'on développe de plus en plus.
06:05On fait des cours d'écriture de plus en plus.
06:09Dans les villes, on a beaucoup bossé à Nevers.
06:12On a fait un concert encore le week-end dernier à Nevers et on a fait des cours d'écriture,
06:15des cours aussi par rapport aux pièces de théâtre avec David Desclos et Stomy.
06:19Il y a aussi des ateliers qui se font en prison.
06:22David en fait beaucoup. Il faut que j'aille l'aider sur deux ou trois.
06:25Stomy en a déjà fait aussi.
06:26J'ai fait au moins 60 prisons avec David Desclos.
06:29Il va y avoir un théopique un peu qui raconte votre histoire, la création d'une littéraire ?
06:32On est en train de bosser dessus.
06:34C'est lui, il dort avec ça.
06:36Ça s'appellera « Le Savoir et l'Élysée ».
06:39Mais arrêtez de vous battre quand même !