• il y a 6 mois
Ce décret a été publié le lundi 10 juin, c’est-à-dire le lendemain des élections européennes et le lendemain de la déflagration provoquée par la dissolution de l’Assemblée nationale. Forcément, il n’a pas trop attiré l’attention…

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00:007h20, en toute subjectivité avec le journaliste et présentateur de l'émission sur le front,
00:10sur France 5, Hugo Clément, bonjour.
00:12Bonjour Nicolas.
00:13Hugo, ce matin, vous nous parlez d'un décret pris la semaine dernière et qui est passé inaperçu.
00:18Oui, ce décret a été publié le lundi 10 juin, c'est-à-dire le lendemain des élections européennes
00:24et le lendemain de la déflagration provoquée par la dissolution de l'Assemblée Nationale.
00:28Alors forcément, il n'a pas trop attiré l'attention.
00:31Et pourtant, ce décret numéro 2024-529, signé par le Premier ministre Gabriel Attal
00:37et le ministre de l'écologie Christophe Béchu, mérite qu'on s'y attarde.
00:41Que contient-il ?
00:42Eh bien, il modifie le code de l'environnement pour faciliter l'installation de nouveaux élevages intensifs en France.
00:48C'est-à-dire ? Expliquez-nous.
00:50En fait, dans notre pays, les plus gros élevages intensifs sont considérés comme des ICPE,
00:54des installations classées pour la protection de l'environnement, au même titre que certains sites industriels.
00:59Tout simplement parce que quand vous concentrez beaucoup d'animaux dans un espace restreint,
01:03vous avez des risques de pollution de l'air, de l'eau et des sols, à travers notamment les énormes quantités d'excréments.
01:09Donc, pour protéger l'environnement et la population, si vous voulez construire un nouvel élevage intensif,
01:14vous êtes soumis à une évaluation environnementale avec une étude d'impact systématique.
01:20Il faut, entre autres, détailler le projet, faire l'inventaire de la faune et de la flore,
01:24analyser les conséquences de l'activité ou encore mettre en place tout un tas de mesures pour limiter les dégâts.
01:29Et si les pouvoirs publics estiment que le projet a trop d'impact sur l'environnement, ils peuvent le refuser.
01:34C'est assez contraignant mais c'est du bon sens. Mieux vaut prévenir que guérir.
01:38Alors écoutez bien parce que ça se complique.
01:40Jusqu'à présent, cette évaluation environnementale était obligatoire pour tous les projets d'élevage intensif
01:46avec plus de 40 000 poulets et plus de 2 000 porcs.
01:49Et c'est là qu'intervient le décret publié la semaine dernière puisqu'il augmente considérablement ce seuil
01:55au-delà duquel l'étude d'impact est systématique.
01:58On passe de 40 000 poulets à 85 000 poulets, plus du double, et de 2 000 porcs à 3 000.
02:04Ça veut dire que les futurs élevages intensifs qui compteront jusqu'à 85 000 poulets et 3 000 porcs,
02:10ce qui est énorme, ne seront plus soumis à une évaluation environnementale obligatoire alors que c'était le cas avant.
02:16Bref, ce décret rend plus facile l'installation des fermes-usines en France,
02:20au détriment de la protection de la nature, des animaux et des riverains.
02:23Et que dit, Hugo, le gouvernement ?
02:25J'ai écrit au ministre de la Transition écologique, Christophe Béchut, qui est encore en poste pour quelques jours.
02:30Il m'a répondu que les études d'impact ne seront certes plus obligatoires, mais qu'elles pourront quand même se faire au cas par cas.
02:36Et surtout que l'objectif de ce décret est d'aligner la France sur la législation européenne
02:41pour ne pas imposer à nos fermes-usines des règles plus contraignantes qu'ailleurs.
02:45Traduction, les autres font pire, donc il n'y a pas de raison de faire mieux.
02:50Hugo Clément, merci et à mercredi prochain.

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