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Aujourd'hui, une survivante... Julie a survécu au grand black-out de la péninsule ibérique – « el Gran Apagón » comme on dit en Espagne.

Retrouvez « La drôle d'humeur de Julie Conti dans la Bande Originale sur France Inter et sur France Inter et sur https://www.franceinter.fr/emissions/la-drole-d-humeur-de-nordine

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Transcription
00:00Voici venir Julie Conti !
00:02Coucou tout le monde !
00:07Vous avez une survivante devant vous.
00:10Comme disait la Destiny Child, « I'm a survivor ».
00:13Et oui, j'ai survécu au grand blackout de la péninsule ibérique, « El Gran Apagón » comme on dit en Espagne.
00:19Je l'ai vécu depuis Séville avec mes gosses et mon copain.
00:21Bon, survivre, survivre, j'exagère, on a passé la majorité de la journée au bord de la piscine.
00:25Tu vois, les survivalistes, ils dépensent des fortunes pour des bunkers et des réserves de conserves.
00:29C'est une connerie.
00:31Une pistoche et un rooftop et quelques cocktails.
00:33Et la fin du monde est tout de suite beaucoup plus sympa, faut le dire.
00:37Du coup, pendant 12 heures, plus de courant.
00:39Donc pas de transports publics, pas de feux de signalisation, pas d'eau courante, pas de distributeurs de billets.
00:43Et pire que tout, quoi ? Les personnes coincées dans les ascenseurs pendant des heures ? Non, pire.
00:47Quoi ? Les hôpitaux dans le noir ? Encore pire que ça ?
00:50Pas d'Internet !
00:52Oh mon Dieu ! Mais quelle panique !
00:54Non mais je suis censée faire quoi sans Wifi ? De midi et demi à 1h30 du matin ?
00:59Genre discuter avec mon mec ?
01:01À 22h, on avait épuisé les sujets de conversation.
01:03Du coup, on a été obligé de faire l'amour !
01:05Ah bah ouais !
01:06Faut bien trouver à s'occuper, qu'est-ce que tu veux que je te dise ?
01:08Ça faisait un moment, je peux te dire.
01:09Et à quel âge déjà, ma cadette ?
01:11Ouais, bon, ça dure.
01:12Et voilà, voilà le secret pour relancer le désir après 18 ans de relations.
01:16Une panne de réseau.
01:17Je viens de foutre au chômage tous les conseillers conjugaux là, tiens.
01:20Dans l'hierarchie des espèces, on met l'humain au sommet.
01:23Mais après avoir passé une journée sans électricité et sans Internet,
01:26je peux vous dire que si on reste en haut, c'est pas mérité.
01:28Non, parce que sans Google et qu'on sort dans la chaîne alimentaire,
01:31nous on est entre l'acarien et le cochon d'inde en vrai.
01:33Et ces 12h sans électricité m'ont appris quelque chose sur moi.
01:36J'ai un très mauvais instinct de survie.
01:38Julie, no buena survivalista.
01:41Non, non.
01:42Au début de la coupure, ma première réflexion, ça a été
01:46dis donc, on irait pas se boire des petites bières.
01:48Et franchement, l'ambiance était dingos.
01:50Les terrasses étaient blindées.
01:51Il y avait des mecs qui jouaient de la guitare.
01:53Moi, je vous préviens, la fin du monde, je veux la vivre en Espagne.
01:55Ah ouais, mais l'armageddon, ça me fait pas peur
01:57avec de la sangria à la main et Rullio Iglesias dans les oreilles.
02:00Et les discussions sur les terrasses tournaient tout autour
02:02de la raison de cette panne.
02:03Ça penchait pas mal sur un coup des hackers russes
02:06comme ils le disent là-bas, los hackers russos.
02:08Los hackers russos.
02:10En espagnol, ça sonne inofensif.
02:12On dirait le prénom moins connu du frère caché de Demis Rousseau.
02:16Son album a pas marché, alors il s'est resté.
02:20On sait toujours pas d'où vient cette panne.
02:22Et moi, je trouve qu'ils ont bon dos, les hackers russes, en ce moment.
02:25Dès qu'il y a une merde, on dit que c'est de leur faute.
02:27C'est comme Anne Hidalgo pour Nagui,
02:29ou alors l'immigration à contrôler pour les politiciens populistes.
02:32Ma théorie à moi, c'est que c'est un sabotage des cochons d'Inde
02:35pour pouvoir prendre le pouvoir.
02:36Des milliers de petits cochons d'Inde.
02:38Il y a carottes, grisous et pistaches en train de grignoter les câbles.
02:41En même temps, on a « hasta la révolution ».
02:44Et après une heure à picoler en terrasse,
02:46mes gosses m'ont quand même dit « maman, on a faim ».
02:48Et là, je réalise deux choses.
02:49Ah oui, c'est vrai, j'ai des gosses.
02:50Et mince, on ne peut pas payer avec la carte.
02:52Et je viens de dépenser les 12 derniers euros que j'avais en cash,
02:54en servez ça.
02:55Oulala, ça devient compliqué.
02:57Mais du coup, j'ai un conseil pour se nourrir,
02:59sans dépenser d'argent en cas de blackout.
03:01« Ayez des enfants beaux ».
03:03Ah bah oui, non, non, non, ça aide.
03:04Avec leurs petites bouilles,
03:05là, je leur ai appris à quémander en espagnol.
03:07« Por favor, para la comida, soy frances ».
03:11Oui, oui, je leur faisais dire qu'ils étaient français,
03:12parce que si j'avais dit qu'on était suisse,
03:14ça faisait moins qu'on aurait rien eu.
03:15Et ça a marché.
03:16Direct, un mec leur a filé des dwich triangles,
03:18des chips, des bonbons et du Fanta.
03:20Alors, je ne sais pas si vous voulez les nourrir
03:21ou leur filer un diabète de type 2.
03:23Mais vous vous rendez compte,
03:24mes enfants ont dû mendier,
03:25car maman avait picolé tout l'argent du ménage.
03:28On dirait qu'on est dans un roman de Zola,
03:31relooké par des pentes, là.
03:33Et comme pendant le Covid,
03:34dans les supermarchés à côté de mon hôtel,
03:36les stocks de papiers de toilettes ont été dévalisés.
03:38Mais pourquoi ?
03:39Pourquoi est-ce qu'on fait ça ?
03:40Personne n'est mort d'avoir le cul sale, en vrai.
03:42Et s'il n'y a plus de PQ, il y a des alternatives.
03:45Regarde, sens d'ailleurs Camille, t'as vu ?
03:47Il y a déjà plus d'odeur, ça part très vite, c'est très bien.
03:50En revanche, comble du luxe, moi j'avais une batterie externe chargée à bloc.
03:55Ohlalala, moi je me la pétais là tellement !
03:57Je rechargeais mon téléphone exprès en public et tout le monde me matait.
04:01J'avais l'impression d'être une meuf bonne en soirée reggaeton.
04:03Il y a tout le monde qui avait envie de me brancher là.
04:05Et tous les électrodépendants venaient vers moi comme des petits junkies.
04:09Allez, s'il te plaît, vas-y, lâche-moi une petite barre de batterie.
04:11Pourtant ça ne servait à rien, il n'y avait même plus internet.
04:13Et à 1h20 du matin, retour du courant, du coup je me suis dit
04:17on pourrait aller fêter ça en terrasse en buvant une bière pour changer.
04:20Mais bon, finalement on est resté à l'hôtel parce qu'on n'avait plus besoin de se parler.
04:23On pouvait de nouveau scroller.
04:24Et voilà, viva la électricidad !

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