• il y a 4 mois
Anouk Aimée était une célèbre actrice française, née le 27 avril 1932 à Paris sous le nom de Françoise Dreyfus. Voici un résumé de sa vie et de sa carrière :
Débuts et jeunesse

Repérée à 14 ans dans un restaurant par le réalisateur Henri Calef qui lui donne son premier rôle dans "La Maison sous la mer" en 1947

Choisit le pseudonyme "Anouk Aimée" sur suggestion de Jacques Prévert
Échappe aux rafles de juifs pendant la guerre en se réfugiant en Charente sous le nom de Françoise Durand
Carrière cinématographique

Révélée par son rôle de Lola dans le film éponyme de Jacques Demy en 1961

Rôles marquants dans "La Dolce Vita" et "Huit et demi" de Fellini
Succès international avec "Un homme et une femme" de Lelouch en 1966 (Golden Globe, nomination aux Oscars)
Autres films notables : "Un soir, un train", "Model Shop", "Salto nel vuoto"
Vie privée

Quatre mariages : Édouard Zimmermann, Nikos Papatakis (une fille Manuela), Pierre Barouh, Albert Finney

Brèves relations avec Warren Beatty, Omar Sharif, vit avec Élie Chouraqui
Engagée pour la protection de la nature et amie de Jane Goodall
Théâtre

Joue notamment dans la pièce "Love Letters" aux côtés de Bruno Cremer, Philippe Noiret, Gérard Depardieu

Anouk Aimée s'est éteinte le 18 juin 2024 à Paris à l'âge de 92 ans, laissant derrière elle une riche carrière au cinéma et au théâtre.

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Transcription
00:00Quand je suis passée et que je me suis dit, mon Dieu, mais c'est eux que j'aimais quand j'étais môme et ils sont là en train de m'applaudir, là j'étais très impressionnée.
00:14Merci d'être avec nous.
00:16Merci de m'avoir invitée.
00:18Toujours aussi belle, gracieuse, mystérieuse, Fellini a dit, le temps se comporte avec toi comme un gentleman.
00:24C'est vrai.
00:25Il avait raison.
00:26Il a dit ça, oui.
00:27Et il a dit ça.
00:28Avant de parler de vous, on va parler d'un prix dont vous êtes présidente d'honneur.
00:33C'est le prix CinéRomans Carte Noire.
00:36C'est un prix assez utile parce que ça permet, chaque année, à un livre d'être adapté au cinéma.
00:43C'est une espèce de pont entre le cinéma et la littérature.
00:47C'est un prix qui a été créé par Arlette Gordon et Patrick Debourg.
00:50Absolument.
00:52Ils m'ont dit que j'étais présidente à vie.
00:54Je leur ai fait attention parce que je vais vivre très longtemps.
00:57Alors je restais là un moment.
00:58Mais cette année, c'était Nicole Garcia qui était la présidente.
01:02Je trouve que c'est formidable.
01:04C'est une idée formidable.
01:05L'an dernier, c'était Effroyable Jardin, un livre magnifique de Michel Quint qui a été adapté par Jean Becker au cinéma.
01:11Et cette année, c'est Plateforme de Michel Houellebecq qui risque donc d'être adapté au cinéma.
01:15Vous avez reçu aussi un César d'honneur.
01:20C'est assez fort, le César d'honneur.
01:22Oui, c'est fort.
01:23Alors on va voir comment tout ça a commencé.
01:33Donc, Anou Kemé, ce n'est pas votre vrai nom.
01:35On s'en serait douté quand même.
01:39Ce n'est pas du jeu, ça.
01:41Non.
01:42Votre vrai nom, c'est Françoise Judith Dreyfus.
01:45Mais effectivement, vous êtes appelée Anou Kemé tellement jeune que vous êtes un petit peu devenue elle, à force.
01:49Absolument. J'avais 13 ans et demi, alors je suis devenue Anouk.
01:56Fiche 69.
01:58Vous savez que c'est à vous de me poser une question, Anouk.
02:00Il faut que je vous pose une question.
02:02Les rôles sont inversés.
02:08Elle est très difficile, ma question.
02:09Je voudrais savoir, non, enfin dire, demander surtout.
02:12Je voudrais savoir comment vous arrivez, en posant des questions à tous les gens et qui posaient ces questions,
02:19de respecter leur réponse tout en restant vous-même.
02:24Parce qu'on ressent exactement ce que vous ressentez quand ils donnent la réponse.
02:28Et ça, j'admire beaucoup ça de vous et je me demande comment il arrive à faire ça.
02:32Ah là, je suis incapable de vous répondre.
02:34Je prends ça comme un compliment d'une certaine façon, mais non.
02:38Voilà.
02:40Merci.
02:44Je voulais te poser exactement la même question, mais je n'ai pas réussi à la formuler.
02:49Elle était très difficile à formuler.
02:51Difficile à formuler.
02:52J'ai eu beaucoup de mal.
02:53T'as un gros sexe.
02:56T'as compris pourquoi tu n'as jamais lu La Fiche 69 ?
03:00Dans votre famille, il y avait beaucoup de pseudos déjà, puisque votre père et votre mère étaient comédiens.
03:05Votre mère se faisait appeler Henri Muray et votre mère Geneviève Soria.
03:09Et vous, Anouk, c'est le nom du personnage de votre premier film, La Maison sous la mer.
03:14Oui, c'est vrai.
03:16Avec Viviane Romance.
03:17Donc on m'a appelée Anouk.
03:18Vous êtes restée Anouk.
03:19Et aimer, c'est une idée de Jacques Prévert qui vous a dit, tu ne vas pas t'appeler Anouk.
03:23Quand t'auras 40 ans, ce qui me paraissait tellement vieux que je n'y pensais pas.
03:27Et il m'a trouvé aimée. C'est pour ça que je l'ai gardée.
03:31Vous lui avez dit, en fait, Arletty, elle s'appelle bien Arletty.
03:33Oui, je lui ai dit ça. Je lui ai dit, mais pourquoi Arletty ? Elle s'appelle Arletty, tout court.
03:36Mais il a dit non. Bon, bref.
03:38Et j'étais tellement flattée.
03:40Et enfin, Prévert, c'est quelqu'un de tellement spécial.
03:43Au début, vous n'aviez pas une vraie vocation de comédienne.
03:46Vous vouliez être pharmacienne ou danseuse classique.
03:49Oui, c'est vrai.
03:50Mais vous savez tout, vous. Alors, de toute façon, oui, c'est vrai.
03:53C'est vrai, non ?
03:54C'est vrai, c'est vrai.
03:55Alors, une enfance trimballée, parce que vos parents étaient comédiens.
03:58Puis il y a eu la guerre aussi. Il y a eu l'occupation nazie.
04:00Il fallait se cacher.
04:01Vous étiez allée chez vos grands-parents, chez votre parrain, chez votre marraine, dans des pensionnats.
04:06C'était une soirée de pensionnaires, ce soir-là.
04:08Avec un pull d'or.
04:09Vous étiez mari d'interne, oui, oui.
04:10Moi, j'y étais aussi.
04:11Moi aussi.
04:12Très bien.
04:13Donc, vous étiez à Marseille, à Bandol, à Morzine.
04:16Et vous étiez au collège avec Vadim.
04:18C'est vrai, j'étais à l'école et Vadim et sa sœur étaient là.
04:21C'est d'ailleurs Vadim qui m'a appris à skier, d'ailleurs.
04:24Il était comment à cet âge-là ? Déjà très séduisant ?
04:27Je ne sais pas. La première fois que je l'ai vu, c'était en salle d'études.
04:30Il était quand même plus grand que moi, plus vieux que moi.
04:33Alors, on nous mélangeait. Moi, j'étais toute seule.
04:35Il était très grand et il était au bout de la salle.
04:37Et il a fait l'idiot.
04:39Pour que j'aie peur.
04:40Et j'ai carrément eu peur.
04:41J'ai dit, il y a un idiot dans l'école.
04:43Il faisait complètement l'idiot.
04:44Il me parlait de n'importe comment.
04:45C'est la première fois que j'ai vu Vadim.
04:48C'était dur, quand même, là-bas, non ?
04:49Oui.
04:50Vous dites qu'un jour, vous avez vu un résistant qui avait été tué par les Allemands.
04:55Oui, il l'avait tué.
04:56Il était descendu de la montagne, juste devant notre chalet.
05:00Et comme punition, ils l'ont laissé pourrir devant nous.
05:04Et tous les jours, nous, on allait à l'école et il fallait qu'on passe à côté.
05:08Quel âge vous aviez ?
05:09C'est terrible, ça, non ?
05:10Je ne sais pas l'âge que j'avais, mais je devais avoir dans les 10 ans, un truc comme ça.
05:13Ça doit marquer, oui.
05:14Et alors, à la libération, vous êtes à Marseille.
05:17Et vous voyez des soldats allemands, prisonniers, qui défilent avec les mains sur la tête.
05:21L'uniforme maculé de sang.
05:23Ils défilent sous les crachats.
05:24Les Alliés, on les attendait.
05:28Moi, je me souviens que ma mère m'a pris par la main.
05:30On a couru.
05:31On est arrivés en haut de la cannebière.
05:33Et là, les Allemands tiraient toujours.
05:35Il n'y avait personne.
05:36Et tout d'un coup, je les ai vus arriver.
05:38Et les, c'était, bon, les Américains, les Anglais, je ne sais pas.
05:41Ils sont arrivés avec les tanks.
05:43Et les soldats étaient de chaque côté.
05:45Ils marchaient lentement.
05:46Et pour moi, ils avaient 4 mètres de haut.
05:49Et c'était du slow motion.
05:51Vous savez, j'ai l'impression que c'était des extraterrestres.
05:53Ce n'étaient pas des gens comme nous.
05:55Et ils allaient lentement et tout.
05:57Les gens s'embrassaient et tout.
05:58Et tout d'un coup, j'ai vu le groupe des premiers prisonniers allemands.
06:03Et je les ai vus avec du sang, les mains sur la tête, déchirées.
06:09Et j'étais très surprise que ce ne soit pas ça qui allait me rendre heureuse.
06:12Qu'eux, maintenant, ils avaient perdu.
06:14Eux, ils étaient humiliés.
06:15Et ça, je me dis, zut, alors ce n'est pas ça.
06:17Je crois que vous avez une très bonne nature.
06:20Un bon point.
06:25Alors après, il y a un miracle.
06:26En 1946, vous vous promenez avec votre famille sur les Champs-Elysées.
06:30Il y a un monsieur qui salue votre mère à hauteur de la rue du Colisée.
06:34Et le soir, vous êtes toujours accompagnée de votre maman quand même.
06:37Vous allez au cinéma.
06:38Et là, vous revoyez le même monsieur.
06:40Et il demande à votre mère si vous pouvez faire du cinéma.
06:43Oui, c'est ça.
06:44Ça n'arrive jamais, ça, dans la vie.
06:46Moi, ça m'est arrivé.
06:48Et ma mère a dit, tu as envie ?
06:50Je dis oui.
06:51Bon, j'ai dit oui.
06:52Et c'est comme ça que j'ai fait mon premier film qui était La maison sous la mer.
06:55Avec Henri Calef.
06:57Un réalisateur assez important à l'époque.
07:00Alors après, vous prenez des cours quand même.
07:02Vous allez au cours Bauer-Theron.
07:04Et vous faites La fleur de l'âge.
07:06Donc avec Carnet et Prévert, Arletti, Reggiani.
07:08Le film n'a jamais été terminé.
07:10Manque d'argent.
07:11Manque d'argent, oui.
07:13C'est une histoire de jeune délinquant qui se déroulait à Belle-Île, c'est ça ?
07:16Absolument, oui.
07:18Et là, un jour, vous devez embrasser un garçon.
07:21C'est tout, c'est effrayant.
07:23Oui, c'est vrai.
07:24Et ce n'est pas gentil parce que...
07:26Mais si.
07:30Alors, je ne sais pas, il fallait que je l'embrasse.
07:32Et il avait plein de boutons.
07:34Et c'est terrible parce que je m'approchais, j'arrivais, je faisais, je ne peux pas.
07:38Marcel Cardi disait, ce n'est pas possible, il y avait un long travelling.
07:41Il fallait refaire le sable, refaire tout.
07:43Et on recommençait, j'arrivais, je disais, je ne peux pas.
07:45Il me dit, mais ce n'est pas possible.
07:46Et pourquoi je n'ai jamais embrassé un garçon ?
07:48Je ne veux pas que le premier garçon ait des boutons.
07:50Vous vous y gardez un bon souvenir, oui.
08:00Ensuite, vous faites Les Amants de Véronne, donc avec Kayat et toujours Reggiani.
08:05Alors, la pub, c'était la première Juliette qui a vraiment 15 ans.
08:08Donc, c'était un gros succès.
08:09Et puis, ça a été pour vous extrêmement important, ce film, non ?
08:12Oui.
08:13Les Amants de Véronne, donc Roméo et Juliette, bien sûr.
08:15Ensuite, vous vivez un petit peu l'aventure de Saint-Germain-des-Prés.
08:18Oui.
08:20Il faut dire, votre mari avait la rose rouge.
08:22Donc, ça a facilité les choses.
08:23C'est un cabaret rue de Rennes, la rose rouge.
08:25Et votre mari, c'était Nico Papatakis.
08:27Alors, c'était un cabaret littéraire.
08:29On n'a plus trop l'habitude de ça maintenant parce que…
08:31Non, c'est fini.
08:32Il y avait des spectacles de Queneau, de Cocteau, de plein de gens.
08:37Ah oui.
08:38Et puis, qui venait le soir ?
08:39C'était Sartre, c'était…
08:40Camus, oui.
08:41Camus, tout ça, oui.
08:42Vous buviez en refaisant Le Monde.
08:44C'était l'époque aussi où Le Monde était à refaire.
08:46Oui.
08:47Et puis, Le Monde n'était pas violent à ce moment-là.
08:48Oui.
08:49Moi, je me souviens.
08:50Je pense maintenant, j'étais très jeune, mais j'aurais pu traverser Paris, rentrer
08:53le soir, toute seule.
08:54Je n'avais pas peur.
08:55C'est vrai que maintenant, on aurait peur même de…
08:57Et puis, Fellini vous engage pour la Dolce Vita.
08:59Il m'a dit, vous voudrez faire ce rôle ?
09:02Je dis oui.
09:04Mais je savais qu'il avait demandé la même chose à 200 filles.
09:07Et il m'a regardée et il m'a dit, vous le ferez.
09:10Et il avait des yeux, vous savez, impressionnants, qui vous transperçaient.
09:15Comme, je dois dire, j'ai eu la chance de rencontrer Picasso et j'avais eu la même
09:19chose.
09:20Quand je l'avais vue, il avait des yeux qui allaient à travers, vous savez.
09:24Vous pouvez aimer le cinéma, Fellini, d'une certaine façon.
09:27Oui, parce qu'avant, je ne sais pas, il y avait une impudeur.
09:32Je trouvais que c'était impudique.
09:33Non.
09:34Mais Fellini m'a appris, d'abord, la première chose, c'est de ne pas se prendre au sérieux.
09:39Je crois que c'est une chose très importante.
09:42Et à ce moment-là, j'ai commencé à aimer ce que je faisais.
09:45Oui.
09:46Parce que c'est une façon de vivre.
09:48Pour Fellini, c'était une autre façon de vivre.
09:50Alors après, il y a Lola de Jacques Demy.
09:52Que des films importants, vous faites quand même.
09:54Oui, il n'y en a pas d'autres.
09:55Lola, c'est un classique.
09:57D'ailleurs, Demy vous impose contre la vie des producteurs au départ.
10:01Les producteurs ne vous trouvez pas assez sexy.
10:03Oui, c'est vrai.
10:04Et alors après, quand Demy a fait Model Shop, qui est une espèce de suite, quelque part, de Lola.
10:09Alors là, il avait découvert quelqu'un qu'il n'a pas réussi à imposer aux producteurs.
10:13Harrison Ford.
10:15C'est fou.
10:16Et alors, il me dit, quand j'arrive là-bas, à Los Angeles, il me dit, écoute, j'ai trouvé un jeune gars formidable.
10:20Il faut que tu m'aides parce qu'ils n'en veulent pas.
10:22Et c'était Harrison Ford.
10:24Et ils n'ont pas voulu.
10:25Il dit, jusqu'à là, il ne fera jamais un saut.
10:27Ce n'est pas possible.
10:28C'est insensé, quand même.
10:29C'est la Colombiale, je le dis, quand même.
10:31Bien.
10:32Et puis après, évidemment, un homme et une femme.
10:34Palme d'or à Cannes.
10:35Golden Globe à Hollywood.
10:37Et là, vous êtes applaudie par Fred Astaire, par John Wayne, par Henry Fonda.
10:41Enfin, tous les gens que vous admiriez énormément.
10:44Vous les voyez en train de vous applaudir comme ça.
10:46Oui.
10:47Quand je suis passée et que je me suis dit, mon Dieu, mais c'est eux que j'aimais quand j'étais môme.
10:52Et ils sont là en train de m'applaudir.
10:54Là, j'étais très impressionnée.
10:56Alors John Wayne, vous étiez tellement intello française, un peu de gauche.
10:59John Wayne avait fait la balade des Berets Verts.
11:01Il était mal vu à l'époque.
11:02Absolument.
11:03Il était l'intellectual français.
11:04C'est comme Clint Eastwood.
11:05À un moment, Clint Eastwood était traité de nazi dans tous les journaux en France.
11:07Mais j'ai honte un peu.
11:08Mais non, ça va mieux.
11:09Et donc, John Wayne, vous refusez d'aller le saluer.
11:12Parce qu'il veut.
11:13Il voulait venir.
11:14Oui.
11:15C'est lui qui vient.
11:16Oui, il vient.
11:17Il vient et il dit, je sais que vous avez refusé de venir me voir.
11:19Je me suis sentie petite, idiote.
11:22Mais je voulais simplement vous dire.
11:24Mais là, c'est un compliment.
11:25Je suis un peu gênée de le dire.
11:26Mais bon, bref, il vit il y a 30 ans.
11:28J'ai eu les mêmes yeux ici.
11:30C'était ce John Crawford.
11:32Je voulais vous souhaiter bonne chance.
11:34J'ai eu l'air d'une idiote.
11:35J'avais honte.
11:36Alors, Hollywood organise une partie pour vous.
11:39Et là, vous demandez d'avoir Mae West et Groucho Marx.
11:42Finalement, vous avez Groucho Marx.
11:43Vous savez, en Amérique, quand vous arrivez et que ça va bien,
11:46ils veulent tout vous donner.
11:47Tout vous donner.
11:48Qu'est-ce que vous voulez ?
11:49Qu'est-ce qui vous fait plaisir ?
11:50Vous voulez rencontrer un tel, un tel ?
11:51Ça me gênait.
11:52Déjà, l'idée de demander à quelqu'un, vous voulez la rencontrer.
11:54Alors, ils assistaient.
11:55Je dis bon, alors, je voudrais Mae West.
11:57Mais Mae West ne pouvait pas venir.
11:58J'ai dit bon, Groucho Marx.
12:00Et il est venu.
12:01C'est insensé.
12:02Et il a dit, mais qui c'est, cette chic, comment dire en anglais,
12:05qui veut me voir, plus personne ne veut me voir.
12:07Et il est arrivé.
12:08Moi, j'étais émue.
12:10Et à un moment, il a mis son cigare.
12:13Et moi, j'ai piqué son cigare.
12:15C'était merveilleux, non ?
12:16Le cigare de Groucho Marx, oui.
12:18C'était formidable.
12:20Vous l'avez fumé ou vous l'avez gardé ?
12:21Je le fume de temps en temps.
12:25Et puis ensuite, vous réalisez que vous travaillez depuis de longues années.
12:29Vous décidez de poser les valises.
12:31Et vous avez envie d'être femme au foyer.
12:33Ça, c'est énorme.
12:36Femme au foyer.
12:37Pas avec n'importe qui, avec Albert Finet quand même.
12:40C'est bien.
12:41Et là, vous vous installez à Londres et vous apprenez à faire la cuisine.
12:43C'est vrai.
12:44J'aurais aimé voir ça.
12:45Mais vous savez tout.
12:46C'est pas croyable.
12:47Mais je cuisinais pas mal.
12:48Ah bon ?
12:49Pas mal.
12:51De toute façon, en Angleterre, c'est plus facile qu'ici.
12:53Mais enfin, quand même.
12:54Voilà.
12:55Puis après, il y a eu beaucoup d'autres films.
12:56Et récemment, vous avez un film qui est sorti aux Etats-Unis
12:58qui s'appelle Festival in Cannes d'Henri-Jacques Glomme avec Greta Scacchi.
13:02Maximilien Schell et Ron Silver.
13:04Ça, c'est sorti aux Etats-Unis.
13:05C'est sorti aux Etats-Unis.
13:06Maintenant, je dois dire qu'on a eu des critiques formidables.
13:08C'est la Paramount Classic qui l'a pris.
13:10Et je crois que là, ça ira à Cannes, pas en tant que compétition,
13:14mais en invité, comme ça.
13:16Même en dehors du festival, puisque ça a été tourné là-bas.
13:19Festival in Cannes, ça s'appelle.
13:21Oui.
13:22Alors, quand même, le problème avec vous, c'est que vous avez fait des films cultes.
13:25Donc, la Dolce Vita, 8 et demi, Un homme, une femme.
13:28Et vous êtes toujours restée extrêmement marginale.
13:30Pourquoi ça ?
13:31Toujours en dehors ?
13:32Je ne sais pas.
13:33Peut-être que naturellement, je me protège assez.
13:37Les choses, comme vous avez dit tout à l'heure, sont toujours venues vers moi.
13:41C'est vrai.
13:42Peut-être que maintenant, elles viennent moins.
13:44Je ne sais pas.
13:45Mais je ne me suis jamais battue.
13:47J'ai toujours laissé les choses venir.
13:49C'est peut-être un tort.
13:50Ce n'est peut-être pas bien.
13:51On vous voit rarement.
13:52Dans les talk show à la télé, on vous voit rarement.
13:54C'est vrai, rarement.
13:55Je viens que chez vous.
13:56Je vous remercie.
13:57Je viens que chez vous.
13:58Oui, je vous remercie d'autant plus d'être là, effectivement.
14:00C'est ma soirée, moi.
14:10Aïe, aïe, aïe.
14:12On va faire une Art Debut.
14:15On ne bouge pas pendant le jingle.
14:22C'est bien.
14:23Vous êtes figée au bon moment.
14:24Ça a été ?
14:25Oui, ça a été.
14:26Très bien.
14:27Anouk, vous pensez à quoi en ce moment-là ?
14:29Là, à vous.
14:37Là, ça a été.
14:38C'est ma soirée.
14:39C'est ma soirée.
14:41Quand vous vous regardez le matin dans le miroir, vous vous dites quoi ?
14:45Je me regarde, mais je ne mets pas mes lunettes.
14:47Pas comme ça.
14:48Ça va.
14:50Quand avez-vous pleuré pour la dernière fois ?
14:53J'ai pleuré il n'y a pas tellement longtemps.
14:55J'ai vu un programme, je crois, sur Arte, pardon,
14:58sur des enfants palestiniens et israéliens,
15:01il y a deux mois, un mois, je ne sais pas,
15:05qui étaient évidemment là où ils étaient.
15:07Ils ont passé une journée tous ensemble.
15:09Ils ont joué comme des mômes et après, ils sont rentrés chez eux.
15:12Et après, les gosses ont dit, c'est terrible,
15:15quand on sera grand, on va peut-être se tuer.
15:17Ça, ça m'a complètement…
15:19Ça cloue, ça.
15:20Ça m'arrête.
15:21Les mômes étaient super, formidables.
15:23C'étaient des mômes.
15:24Ils étaient pareils.
15:26Et ça m'a bouleversée, je dois dire.
15:27Si la vie était à refaire, vous feriez quoi pas pareil ?
15:33Peut-être que je serais consciente, malheureusement,
15:36que l'argent a quand même une certaine importance.
15:39Je n'ai jamais fait attention à l'argent.
15:41Il faut quand même un petit peu faire attention.
15:43Peut-être.
15:44Sinon, je n'ai pas trop à me plaindre.
15:47Non.
15:48Si vous restiez 24 heures à vivre,
15:50vous feriez quoi pendant ces 24 heures ?
15:52Je pars tout de suite à Honolulu parce que je gagne un jour.
15:55D'accord, bien bonne réponse.
15:59Qu'est-ce que la vie vous a appris ?
16:02La tolérance.
16:04J'ai posé la question de Chancel pour finir.
16:06C'est traditionnel.
16:07Et Dieu dans tout ça ?
16:10Je crois qu'en ce moment, il doit être parti en vacances.

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