• l’année dernière
Pendant un cancer, les douleurs neuropathiques sont fréquentes. Elles
peuvent être provoquées par la tumeur et les métastases, être liées au
traitement de la maladie ou encore post-opératoires. On en parle plus
précisément avec le Dr Medioni, oncologue et le Dr Dang Vu Hellet,
algologue.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Pendant un cancer, les douleurs neuropathiques sont fréquentes.
00:12Elles peuvent être provoquées par la tumeur et les métastases.
00:15Elles peuvent être aussi liées au traitement contre le cancer
00:18ou encore être d'ordre post-opératoire.
00:20Pour en parler aujourd'hui, j'accueille sur ce plateau
00:23deux spécialistes du sujet.
00:24Le docteur Médionik est oncologue.
00:26Bonjour docteur.
00:28Bonjour.
00:29Et le docteur Donvuellet. Bonjour docteur.
00:31Bonjour.
00:32Alors docteur Médionik, si vous le permettez,
00:34on va commencer avec vous.
00:35Est-ce qu'il y a d'abord des cancers qui sont plus propices aux douleurs ?
00:40On va essayer un petit peu d'expliquer ce que sont ces douleurs ressenties.
00:44Oui, selon une étude parue au début des années 2000,
00:48les cancers qui sont les plus pourvoyeurs de douleurs
00:51sont les cancers du sein, les cancers du poumon,
00:55les cancers de prostate et les cancers gynécologiques.
00:58Puisque autour de 50% de ces patients ont des douleurs.
01:01Et on a aussi montré quelques années après, dans une étude européenne,
01:05que 50% des patients douloureux ont des douleurs chroniques
01:10qui durent plus de trois mois.
01:13Maintenant, pour rentrer plus spécifiquement dans les neuropathies,
01:16la fréquence est autour d'une dizaine de pourcents,
01:19notamment dans les cancers, là encore, du sein,
01:21les cancers du poumon et les tumeurs de type ORL.
01:26Alors, je l'ai précisé, docteur Medioni,
01:28les douleurs neuropathiques peuvent être liées à de nombreux facteurs,
01:32aux traitements, aux métastases, à la chirurgie.
01:35Pourquoi les patients ont-ils mal dans ces situations ?
01:38Il y a différentes causes.
01:39Il y a le cancer lui-même qui peut comprimer les faisceaux nerveux.
01:44Il y a des infections opportunistes fréquentes
01:47chez les patients qui ont des cancers, comme le zona.
01:49Et puis, il y a les causes post-thérapeutiques.
01:51Vous avez cité la chirurgie, donc il y a des plaies directes sur les nerfs.
01:55Il y a la radiothérapie, où on peut avoir des séquelles
01:59sur certains plexus nerveux de la radiothérapie.
02:02Puis, il y a les traitements médicaux, comme les chimiothérapies conventionnelles,
02:07mais aussi les thérapies ciblées, l'immunothérapie.
02:10C'est assez large.
02:11Alors, je me tends vers votre concern.
02:13Vous avez utilisé un mot très souvent, neuropathie, douleur neuropathique.
02:17Là, on se demande comment on la différencie d'une douleur classique.
02:21Une douleur neuropathique est liée à une lésion du système nerveux,
02:25qui soit périphérique, donc les nerfs périphériques ou centrales,
02:29dans la moelle épinière ou le cerveau.
02:31Et, chez le patient, pour différencier ça,
02:34la douleur ne se manifeste pas du tout de la même manière
02:37qu'une douleur plutôt classique, post-chute ou fracture.
02:42Elle est à laquelle on est habitué.
02:43Exactement.
02:44Le patient, dans les douleurs neuropathiques,
02:46se plaint plus de picotements, fourmillements, brûlures,
02:50de froids douloureux, d'allodynitactile, on appelle ça.
02:53Donc, la douleur au toucher, par exemple.
02:56D'accord.
02:56Donc, c'est des signes plus spécifiques et qu'il est très important de dépister
03:01parce que, autant la douleur neuropathique est différente de la douleur classique,
03:05le traitement aussi est très spécifique et très différent.
03:09Donc, c'est important.
03:11Il y a un outil diagnostic qui peut aider
03:14à faire le diagnostic de la douleur neuropathique
03:17qu'il faut faire chez le médecin.
03:18Ce n'est pas le patient lui-même qui le fait,
03:20mais ça aide, ça oriente beaucoup le diagnostic de la douleur neuropathique
03:24pour pouvoir la traiter convenablement.
03:26Et donc, face à ces douleurs, docteur,
03:27est-ce qu'il y a des patients, finalement, qui sont plus vulnérables
03:30et à quel point ces douleurs vont-elles impacter leur quotidien ?
03:33Est-ce qu'elles peuvent être handicapantes ?
03:35Tout à fait.
03:36D'ailleurs, les douleurs neuropathiques, dans les études,
03:39sont plus handicapantes pour les patients que les douleurs plus nociceptives,
03:43comme on dit, les douleurs classiques.
03:45Elles peuvent impacter tous les points de la vie du patient,
03:48c'est-à-dire le sommeil, parce que quand on est douloureux, on ne dort pas.
03:52Quand on ne dort pas et qu'on est douloureux, le moral ne va pas bien non plus.
03:56Les relations sociales et les relations avec la famille sont compliquées aussi.
03:59Et donc, au niveau des activités physiques aussi,
04:02puisqu'on est douloureux, on bouge moins, on reste au lit,
04:05on est au fauteuil, on sort moins.
04:07Et pour ceux qui sont en rémission,
04:09il peut y avoir des douleurs séquelaires, comme vous disiez tout à l'heure,
04:12post-radiothérapie ou chirurgie.
04:15Et donc, bien que guéris du cancer, ils peuvent garder ces douleurs.
04:18Et donc, il peut y avoir un impact sociétal au niveau du travail, par exemple.
04:22Qui isole finalement, c'est bien ça.
04:24C'est ça.
04:24Alors, docteur Medlioni, la question qu'on peut se poser, évidemment,
04:27quand un patient souffre comme ça et que ça peut être dû à son traitement,
04:31finalement, est-ce que le risque, ce n'est pas l'arrêt de ce traitement
04:35et finalement de mettre en péril la guérison ?
04:37Vous avez tout à fait raison, il y a un vrai risque.
04:41Et les patients craignent d'en parler à leur oncologue.
04:46Et c'est d'autant plus important d'en parler,
04:48parce que parfois, ces thérapeutiques peuvent avoir des séquelles
04:51qui peuvent être jusqu'à l'irréversible.
04:54C'est d'autant plus dommageable qu'il existe parfois des solutions.
04:57On peut baisser un peu la dose de produits toxiques,
05:00on peut aussi trouver d'autres médicaments qui ont la même efficacité
05:04et qui sont moins neurotoxiques.
05:06Donc vraiment, le message, dans un climat de confiance,
05:09à tout moment, en parler, dire ça ne va pas, je souffre, j'ai mal.
05:15Quelle prise en charge ?
05:16Comment faire finalement, docteur, pour aider ces patients qui souffrent ?
05:19Alors, la prise en charge est multiple et c'est ça qui est intéressant.
05:23C'est que si la douleur neuropathique est localisée,
05:26il peut y avoir des solutions et des traitements locaux, topiques,
05:30qui ont ce grand avantage de traiter la douleur là où elle est,
05:33sans provoquer d'effets secondaires,
05:35puisque ça ne passe pas par la voie systémique.
05:39Et puis, si les douleurs sont plus étendues,
05:41il peut y avoir des traitements médicamenteux,
05:44type certains antidépresseurs, certains anti-épileptiques.
05:48D'autres traitements, peut-être un peu plus pour les douleurs plus complexes,
05:51type les thérapies intratécales,
05:53donc les produits qui vont dans la moelle épinière.
05:57Et n'oublions pas les traitements non médicamenteux,
06:00qui sont quand même très importants,
06:03comme la prise en charge psychologique ou autres thérapies alternatives.
06:09En tout cas, le message à passer, c'est qu'il y a des solutions
06:12pour ces douleurs-là et qu'il faut en parler,
06:15comme on disait tout à l'heure, à son oncologue et son médecin traitant.
06:18Un discours positif pour finir cette émission.
06:20En tout cas, merci infiniment, docteur.
06:23Merci à tous les deux d'ailleurs.
06:25Merci à vous tous de nous avoir suivis.
06:27Si vous souffrez, évidemment, parlez-en.
06:29À très bientôt pour de nouvelles expertises santé.
06:33Sous-titrage ST' 501

Recommandations