Jean-Noël LABÈQUE, cardiologue au Groupement de Coopération Sanitaire de la Côte Basque

  • il y a 4 mois

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00:00Il est 8h16, on vous attend ce matin au 05-59-59-17-17, vous avez peut-être déjà été victime d'un infarctus par exemple,
00:08d'une crise cardiaque aussi, on vous attend donc pour témoigner, savoir comment vous avez été pris en charge,
00:13comment ça s'est passé pour vous, parce que nous sommes avec un médecin ce matin, voici-là.
00:16Oui, Jean-Noël Labeck, bonjour.
00:18Bonjour.
00:18Vous êtes médecin libéral à Cambo-Lébain-Bayonne, vous êtes cardiologue aussi au Groupement de coopération sanitaire de la Côte-Basque,
00:25toute une journée est organisée aujourd'hui à Angleterre autour de la maladie cardiovasculaire.
00:34Il y aura un bus installé de 10h à 16h pour parler de ces maladies, d'abord c'est quoi la maladie cardiovasculaire, c'est le coeur qui s'emballe ?
00:41Alors pas uniquement, la maladie cardiovasculaire est un très grand groupe de maladies, c'est la deuxième cause de mortalité en France,
00:48derrière la cancérologie, c'est même devenu la première cause chez les femmes, ça touche en fait un ensemble de maladies qui tournent globalement,
00:57pour être très simple pour les auditeurs, autour de ce qu'on appelle la cardiopathie ischémique, c'est-à-dire la maladie du coeur
01:02qui est due à l'encrassement des vaisseaux coronaires, qui sont les vaisseaux qui alimentent le coeur.
01:06Donc ça s'encrasse, vraiment littéralement ?
01:09Alors on va dire que c'est une simplification, c'est une maladie chronique qui s'appelle l'athérosclérose,
01:15qui va toucher progressivement les artères du coeur, donc les coronaires on les appelle,
01:21mais également toutes les artères du corps, notamment les artères destinées cérébrales,
01:24qui vont toucher le cerveau, et donc là c'est la source d'accidents vasculaires cérébrales,
01:28c'est pour ça que c'est globalement la même maladie, entre une infarctus du myocarde, qui est la complication ultime au niveau du coeur,
01:35et l'accident vasculaire cérébral, c'est les artères qui vont vers le cerveau.
01:39Et c'est lié à quoi ? C'est lié à une mauvaise hygiène de vie ?
01:42Alors on va dire qu'en effet, malheureusement c'est la maladie du monde occidental,
01:46ça ne touche pas forcément les maladies sur les peuples indigènes qui vivent, on va dire, dans une ère plus préhistorique,
01:52c'est vraiment ce monde occidental qui a amené toute une foule de bouleversements, et déjà d'ordre génétique,
01:58puisqu'on voit très bien que la population européenne, et notamment anglo-saxonne,
02:02a amené avec elle tout un patrimoine génétique très défavorable, qui va entraîner donc ces maladies-là.
02:09Et bien sûr, avec le monde occidental, l'hygiène de vie a complètement changé,
02:16le tabac est devenu un fléau dans le monde occidental, et n'est toujours pas réglé, il ne fait que s'empirer en fait.
02:23Donc ça c'est une première cause, après vous avez bien sûr la sédentarité avec le monde moderne,
02:29qui est devenu également un deuxième fléau, et qui amène avec lui l'obésité, et trop de régime alimentaire.
02:35Donc tout ça va nous amener à cette athérosclérose, qui peut apparaître assez précocement chez les hommes,
02:43et chez les femmes, alors ça va toucher essentiellement l'homme, la femme beaucoup plus tardivement en général,
02:49mais pas forcé, c'était initialement vraiment quelque chose d'assez établi il y a 10-20 ans,
02:55mais avec la montée du tabagisme féminin et de l'obésité et du diabète chez les femmes,
03:00évidemment, elle se rapproche de plus en plus de l'homme.
03:03Et est-ce qu'il y a un âge ? Est-ce que plus on avance dans l'âge et plus on a de risques ?
03:06Alors c'est évident, oui, plus on vieillit, plus on a un risque de faire un accident vasculaire,
03:10qu'il soit cardiaque, donc infarctus, ou cérébrale, AVC.
03:15Donc ça c'est évident, mais malheureusement ça peut toucher très jeunes.
03:19Mais vous avez quand même remarqué qu'avec le Covid, il y avait eu à priori moins de cas ?
03:24Alors ce qu'on a constaté, c'est qu'en effet la mise en quarantaine des gens,
03:30la mise à l'écart du stress moderne, l'obligation de se reposer à domicile et de ne rien faire,
03:37nous a entraîné une baisse radicale du nombre d'infarctus du myocarde à traiter
03:43et d'accidents vasculaires cérébrales, parce que nous avons maintenu bien sûr la garde H24
03:47pour traiter les infarctus du myocarde.
03:50Et ça a été constaté par nous, les cardiologues, mais également les neurologues ont constaté la même chose.
03:55Alors bien sûr c'est à minorer, parce qu'on sait très bien que les gamins en quarantaine,
04:00malheureusement, a forcé les gens à rester à domicile et les gens se sont restés avec leur infarctus à domicile.
04:04Donc voilà, on ne peut pas dire que la comptabilité était bien tenue.
04:07Mais ça montre que le stress est un facteur.
04:10C'est une évidence.
04:12Alors vous prenez en charge ces cas-là régulièrement, évidemment qu'on n'est jamais prêt pour accepter une maladie,
04:18mais comment ça se passe pour vos patients quand la sentence tombe, quand vous posez votre diagnostic ?
04:23Comment est-ce qu'ils réagissent ?
04:25Alors globalement ils tombent un peu de haut, ça c'est sûr.
04:29Parce que comme je vous l'ai dit, l'infarctus du myocarde touche un sujet jeune, actif.
04:34Donc fort heureusement, depuis on va dire...
04:38On ne s'en doute pas forcément.
04:40Mais le bon côté c'est que depuis 30 ans, les progrès énormes ont été faits dans la prise en charge de l'infarctus du myocarde.
04:45Et l'encadrement désormais SAMU, hôpital, angioplastie en urgence, médicaments,
04:54et l'encadrement médical qui suit derrière, ont permis aux gens de recouvrir leur situation antérieure le plus vite possible.
05:00Mais bon, cela reste quand même un gros passage dans la vie,
05:04qui je pense peut être équivalent à l'annonce d'un cancer, en termes de bouleversement psychologique.
05:09Et on n'y est jamais forcément préparé.
05:11Donc ce que je peux recommander aux gens, c'est suivez vos médecins, allez les voir.
05:17Dans l'autre éventif, on n'en a pas parlé, mais au moins si ça vous est déjà arrivé, faites-vous suivre.
05:25Si vous avez des difficultés, parlez-en, le médecin généraliste ou le cardiologue sont là pour vous aider.
05:318h21 sur France Bleu, Pays Basque, et François Houche-Caléry, notre invité ce matin, Jean-Noël Labeck, médecin libéral à Cambolé, à Bayonne aussi.
05:38Vous êtes aussi cardiologue au groupement de coopération sanitaire de la Côte Basque, on parle de la santé de votre cœur ce matin.
05:43Justement sur la prévention, comment est-ce qu'on peut éviter d'en arriver là ?
05:48Ne pas fumer, première cause, ça il faut impérativement arrêter de fumer.
05:53Ça baisse pas le nombre de fumeurs quand même par rapport à il y a 20 ou 30 ans ?
05:56C'est parce que l'on constate au quotidien, les gens qui arrivent au groupement de coopération sanitaire après être pris en charge pour l'infarctus du myocarde,
06:04globalement fument tous, quasiment tous, surtout dans les sujets jeunes.
06:08On voit très très peu de sujets jeunes, donc je parle jeunes, c'est avant 50 ans.
06:12Donc on voit quasiment pas de sujets jeunes avant 50 ans qui ne fument pas.
06:15S'ils ont un accident cardiaque, c'est qu'ils ont fumé et qu'ils fument.
06:18Donc on arrête de fumer ?
06:19Voilà, ça c'est la première chose, rien n'est négociable avec le tabac.
06:24Malheureusement on n'y arrive pas toujours et ça c'est un autre sujet.
06:28Des professionnels sont là pour entourer le tabagisme et c'est vraiment un problème.
06:34Deuxième chose, c'est l'ascédant de tarité et tout ce qu'elle amène, avec les troubles alimentaires.
06:40Donc on se remet au sport ?
06:41On se remet au sport, alors il faut y aller progressivement, doucement.
06:44On ne cherche pas à faire des sportifs, on cherche juste à faire des gens actifs, qui marchent.
06:51Ne serait-ce que déjà marcher au moins trois quarts d'heure, une heure, trois à quatre fois par semaine.
06:56Voilà.
06:56Ça c'est la base ?
06:57C'est la base.
06:58Mais quand ils marchent, c'est pas aller faire les boutiques à Biarritz ou à Bayonne,
07:02c'est se mettre en survête, des tennis et on va marcher le long de la Nive ou de la Dour.
07:07Voilà, un terrain plat et ça suffit largement déjà.
07:09Et si on fait ça, combien de décès, combien d'accidents pourraient être évités ?
07:14A voir, c'est comme tout en médecine, c'est l'expérimentation.
07:17On le sait que ça marche.
07:19Mais c'est-à-dire que si on change son hygiène de vie, si on arrête le tabac,
07:23est-ce qu'il y a des chiffres qui montrent qu'effectivement on baisse de tant la probabilité d'avoir une maladie ?
07:29Oui, ça a été étudié, ça a été démontré, c'est le sens de la réadaptation cardiovasculaire
07:34qui est organisée également sur le centre d'Aguilera, ici, sur la côte basse,
07:39quand nous prenons en charge les infarctus, nous les dirigeons tous vers le centre d'Aguilera de réadaptation cardiovasculaire.
07:46Ces centres sont développés dans toute la France pour prendre en charge les infarctus,
07:50les gens après l'infarctus, leur renseigner ce qu'ils ont fait, pourquoi ils l'ont fait,
07:54et cette démarche de réadaptation et donc dans l'hygiène de vie, dans le sport,
08:00marche clairement et a été démontrée depuis de nombreuses années.
08:03C'est pour ça que c'est une pierre angulaire du traitement.
08:06Est-ce qu'il y a des outils qui existent autres que le fait de travailler sur son hygiène de vie ?
08:12Je pense notamment au défibrillateur, est-ce que ça peut être...
08:16Là, on touche autre chose, c'est dans l'ordre des complications,
08:22parce que malheureusement, la plupart du temps, fort heureusement,
08:25grâce à la prise en charge moderne, l'infarctus du myocarde, on pallie à toutes les complications.
08:30Il ne faut pas oublier qu'en France, on fait à peu près 80 000 infarctus par année,
08:36dans l'année, il y aura 12 000 décès.
08:39Donc ça, c'est une statistique qui est assez dure à comprimer et qui est vraiment importante,
08:45mais on a quand même fait d'énormes progrès par rapport à ce que ça a été dans les années 90,
08:49depuis l'avènement des techniques modernes de prise en charge,
08:53mais malheureusement, il y a toujours des infarctus qui arrivent tardivement et qui vont compliquer.
08:57Et dans l'ordre des complications, la complication numéro une,
08:59c'est l'infarctus trop gros, trop important, trop massif,
09:04qui lui va amener insuffisance cardiaque et trouble d'urine secondaire,
09:08et ça, c'est prévenu par la pose, en effet, comme vous le disiez, d'un défibrillateur implantable,
09:12qui lui va sauver la vie de la personne, dans les mois et les années qui suivent,
09:16pour empêcher ce coeur de faire une mort subite.
09:18Merci à vous Jean-Noël Labeck.
09:20Je rappelle donc que vous êtes médecin libéral à Cambo-les-Bains-Bayonne,
09:23cardiologue aussi sur la côte basque.
09:26Je rappelle donc que ce bus est installé à la mairie d'Anglette de 10h à 16h
09:29pour parler maladie cardiovasculaire.
09:31Et on retrouve toutes ces interviews et tous les précieux conseils sur l'application, ici.

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