#Cinéma.

  • il y a 3 mois
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00:00Ne touchez pas à l'exception culturelle française ! Que n'a-t-on pas entendu ce
00:13mantra répété à l'envie par l'intelligence culturelle de notre beau pays ? La France
00:18est et doit rester ce pays de cinéma dont l'histoire regorge d'acteurs et de réalisateurs
00:22que le monde nous envie.
00:23Oui mais voilà qu'en vient l'heure de regarder du côté du présent, force est
00:26de constater qu'il règne comme un air desséché sur la production cinématographique française,
00:30des boîtes de production qui censent des films qui se ressemblent tous, des acteurs
00:34qui pensent tous la même chose.
00:35Bref, il semble que le cinéma français étouffe sous le conformisme ambiant.
00:39Symbole de cet entre-soi coupé du monde et très idéologique, le 77e Festival de Cannes
00:43a ouvert ses portes ce mercredi 15 mai dans une ambiance tendue, l'ombre du mouvement
00:47MeToo planant sur l'événement.
00:49Neuf femmes ont ainsi accusé le producteur Alain Sard de viol et d'agression sexuelle
00:53et il subsiste cette rumeur d'une liste d'une dizaine d'acteurs connus, susceptibles d'être
00:57ajoutés à la longue litanie des agresseurs sexuels du monde du cinéma.
01:00Alors ce cinéma français, où en est-il exactement ?
01:02Pour répondre à cette question, nous avons la joie de recevoir sur nos antennes deux
01:05personnages qui connaissent très bien ce milieu de l'intérieur, Laurent Firod et
01:09Béatrice Rosen.
01:10Bonjour Béatrice Rosen.
01:11Bonjour, merci de me recevoir.
01:13C'est un plaisir.
01:14Vous êtes donc actrice franco-américaine, vous avez fait une partie de votre carrière
01:17aux Etats-Unis et vous avez joué notamment dans The Dark Knight de Christopher Nolan
01:21ou encore dans le film 2012 de Roland Emmerich.
01:24Puis vous avez aussi joué avec beaucoup de réalisateurs français et nous sommes également
01:27avec Laurent Firod.
01:28Bonjour Laurent Firod.
01:29Bonjour.
01:30Vous êtes vous réalisateur, scénariste et auteur d'une trilogie qui s'appelle Le
01:34monde d'après, qui est très drôle, qui se moque du monde sous le Covid, fondateur
01:39également de Lachlène et Films à l'arrache, qu'on conseille à tout le monde et auteur
01:44justement pour ce Festival de Cannes, pour fêter à votre manière ce festival, ce livre
01:49Mains basses sur le cinématographe, co-écrit avec Bruno Lafourcade, aux éditions La Mouette
01:54de Minerve.
01:55C'est un livre, un brûlot, il m'est presque tombé des mains hier quand je l'ai lu parce
01:59qu'on n'y va vraiment pas par quatre chemins, c'est au vitriol.
02:01Vous prenez en fait, c'est un principe très simple, vous prenez quatre professionnels,
02:06vous avez demandé à quatre professionnels, Natacha V, donc une comédienne, Saïd G,
02:10qui est un technicien, Kate O, une scénariste et Camille D, un cinéaste, et vous leur soumettez
02:17des clichés du monde du cinéma et donc ils y répondent sans concession.
02:21Mais on va en parler, mais évidemment, on veut d'abord commencer par cette actualité
02:25du Festival de Cannes.
02:26Alors, je voulais commencer par une question à tous les deux.
02:28Êtes-vous déjà allée au Festival de Cannes et si oui, quelles images, quels souvenirs
02:31regardez-vous ?
02:32On commence avec Béatrice Rosen.
02:33Alors oui, je suis allée plusieurs fois au Festival de Cannes.
02:37Il se trouve que j'ai commencé ma carrière au Festival de Cannes puisque en 98, j'ai
02:43été sélectionnée comme jeune talent de l'ADAMI au Festival de Cannes.
02:48Tous les ans, il y a une sélection de jeunes talents et donc, c'était ma première fois
02:53au Festival de Cannes à monter les marches, à présenter un film et voilà, j'avais des
03:00paillettes dans les yeux et le rêve était encore devant moi et depuis, j'ai su retourner
03:05plusieurs fois pour des raisons cinématographiques, mais du marché du film et de présentation
03:12de films, mais aussi pour des marques parce qu'il se trouve que le Festival de Cannes
03:18est évidemment un marché du film, mais au fil du temps, c'est aussi devenu un marché
03:24des grandes marques qui vont présenter évidemment leurs produits et les stars sont habillées
03:30par des marques, coiffées par des marques, les bijoux sont par des marques, enfin voilà.
03:35Donc, c'est une expérience qui dépasse le cadre du cinéma et qui est extrêmement
03:42glamour, extrêmement financière, mais effectivement, on y constate aussi cet entre-soi dont vous
03:51parliez.
03:52Laurent Firod ?
03:53Oui, alors moi, j'y suis allé plusieurs fois aussi pour faire de la promotion, donc
03:59le côté glamour, bon, je ne l'ai pas trop vécu, moi je me souviens par exemple, je
04:03raconte juste une petite anecdote, on vient me chercher dans une voiture officielle du
04:07Festival de Cannes à l'aéroport de Nice et là, je vois qu'on est arrêté par une
04:11bande de, une quinzaine de la stars un peu, un peu chaud quoi, et ils tapent à la fete
04:17comme ça, c'est qui, c'est qui dedans, c'est qui dedans ? Ils me voient, moi je
04:20ne suis pas connu, oh c'est un ringard, ils donnent un immense coup de pied dans la voiture,
04:24ils sont laissés partir, ça commence très très bien, donc le côté glamour je ne l'ai
04:29pas trop vécu.
04:30Donc voilà, c'est très, oui, il y a beaucoup de gens qui veulent à tout prix faire des
04:35rencontres, il y a beaucoup de razers aussi, parce que souvent les razers, moi j'arrive
04:39à les éviter à Paris, à Cannes, on ne peut pas, on les croise toujours, donc c'est
04:44un peu risqué.
04:45Vous n'avez pas la même expérience en tout cas, on voit déjà que, du côté de l'autre
04:50de l'écran.
04:51Je voulais quand même revenir, et puis ensuite on va parler du cinéma français, sur ce
04:55Meet to Cannes, donc qui a vraiment tendu cette ambiance dans ce festival.
04:59Béatrice Rozen, en préparant cette émission, vous me disiez qu'effectivement, si l'affaire
05:04Meet to avait été vraiment prise en compte aux Etats-Unis, en France ça tardait encore
05:08un peu, et donc aujourd'hui on ressent encore, on revoit, on est toujours dedans finalement
05:13dans le cinéma français.
05:14A votre avis, à quoi s'est dû cette histoire de Meet to ? Alors on ne va pas revenir évidemment
05:19sur les rumeurs des acteurs, puisque pour l'instant on n'a rien, à part ce producteur
05:23Alain Sard, mais est-ce que vous pensez que contrairement aux Etats-Unis, en France on
05:26n'est pas vraiment sorti de cette vague Meet to ?
05:29Non, je pense que c'est que le début en fait, il y a une espèce de chatte de plomb.
05:32Après il faut faire très attention, il faut rester dans la nuance avec cette histoire
05:35de Meet to, parce qu'effectivement il y a des abus, mais ce n'est pas juste une ou deux
05:39personnes, c'est aussi un système entier qui a fonctionné comme ça pendant des années,
05:47et qui a perduré, il y a eu du silence, il y a eu de la participation, il y a eu de la
05:51complaisance, enfin c'est tout un système, il faut faire très attention de ne pas non
05:56plus bafouer la présomption d'innocence et de jeter à la meute des noms et de ruiner
06:05des carrières et des vies.
06:06Je pense que ça peut très mal finir aussi, un jour ou l'autre il va y avoir un drame
06:12à force de balancer des noms comme ça aux chiens.
06:17Il faut faire extrêmement attention, et d'un autre côté c'est vrai qu'il faut aussi
06:21que les victimes puissent parler et que ce système s'épure un petit peu, enfin je n'aime
06:29pas ce mot, je ne sais pas quel mot on pourrait utiliser, mais qu'il y ait un petit peu un
06:33nettoyage et que les gens se comportent un peu mieux, et surtout ce qu'il y a de vraiment
06:38majeur c'est qu'il faut protéger les enfants sur les plateaux.
06:42Pour moi c'est vraiment la priorité, évidemment il faut protéger les femmes, et il y a aussi
06:47un MeToo garçon qui a été lancé par un comédien que je connais qui est Aurélien Wick.
06:52Il ne faut pas croire que les hommes ne sont pas concernés, mais pour moi vraiment la
06:58priorité c'est de protéger les enfants sur les plateaux.
07:00On est d'accord effectivement, alors Laurent Fiorod dans ce livre il est question de ce
07:05MeToo, il est aussi question de ce MeToo garçon, notamment cet acteur Francis Renaud qui raconte
07:11ses aventures avec le réalisateur André Téchiné, où ça fait vraiment froid dans le dos.
07:19Là encore dans ce livre, en tout cas les gens que vous interviewez se montrent très
07:24nuancés parce qu'ils rappellent aussi qu'à une certaine époque les actrices qui aujourd'hui
07:29témoignent, ça faisait inconsciemment, alors aujourd'hui elles pensent évidemment
07:34que c'est mal, mais à l'époque ça faisait partie d'une manière, dans les castings par
07:38exemple on s'habillait de manière assez légère parce qu'on estimait que ça faisait
07:43partie du métier, de coucher en tout cas pour ça.
07:46Coucher peut-être pas, mais en tout cas séduire, c'est le problème du métier de comédien,
07:52on cherche à séduire, donc après il y a différents moyens de séduire, on peut être
07:55drôle mais on peut être sexy aussi, donc voilà, c'est un jeu qui peut être dangereux.
07:59Voilà, et donc il faut avoir toujours beaucoup de prudence quand on aborde ce sujet-là
08:05en tout cas, on va rentrer dans ce cinéma français, dans ce constat brûlant, au vitriol
08:11qu'en font Laurent Firod et Bruno Lafourcade et puis les quatre personnes interviewées,
08:15on va évidemment aussi en discuter, est-ce que ce cinéma est si en chute que ça ou
08:22est-ce qu'il y a encore des choses dont on peut se réjouir, mais donc ce livre, Laurent
08:27Firod, quand on le lit on a vraiment l'impression que, alors déjà il y a cet entre-soi mais
08:33on le voit, c'est plus ou moins conscient, on a surtout l'impression d'un immense ennui
08:39des acteurs, c'est-à-dire que déjà quand on est sur un plateau de cinéma, on attend
08:42énormément, on est beaucoup dans l'attente, donc forcément, et puis on est traité comme
08:46une diva, donc s'en suivent de l'ennui, des consommations de drogue et en fait on a vraiment
08:52plus à la fin, plus pitié pour ces pauvres acteurs, même les grandes stars, qu'il ne
08:57faut pas.
08:58Alors vous allez nous expliquer tout ça, mais il ne faut pas avoir pitié, d'accord,
09:02vous êtes plus sévère que nous alors expliquez-nous.
09:04Non il ne faut pas avoir pitié, c'est une classe privilégiée, voilà, donc il ne faut
09:09pas trop avoir pitié parce que franchement, ils s'ennuient certainement, bien sûr, évidemment,
09:16mais après si on devait avoir pitié des gens qui s'ennuient, non, je ne pense pas.
09:19C'est un peu triste quand même, c'est de leur faute.
09:23Cette bulle en fait, parce qu'on voit par exemple, alors vous citez toujours des pseudonymes,
09:27un grand acteur qui s'appelle Max, qui ne s'ennuie, qui ne sait pas quoi faire de ses
09:31journées, qui est réduit à acheter, il achète un yacht, mais il veut un yacht brise-glace
09:36alors qu'il va en Méditerranée, mais juste parce que ses copains ont un yacht brise-glace,
09:40et donc on a toujours ce côté où ils vivent dans une bulle, ils sont quand même, je dis
09:46il ne faut pas avoir pitié c'est sûr, mais il y a quand même une sorte de, on leur offre
09:49rien d'autre finalement dans leur monde de cette ouverture.
09:52Oui c'est vrai, on leur offre tout en fait, non au contraire, on leur offre tout, c'est
09:56quand même assez extraordinaire de voir quand on est proche d'une star, moi j'ai
10:01fait des films avec des grosses pointures, des grosses stars, et j'ai vu comment ils
10:05vivaient, c'est incroyable à tel point en fait, on leur offre absolument tout, c'est-à-dire
10:10qu'ils ne pensent même pas qu'ils puissent payer une chose, c'est-à-dire que tout est
10:17toujours offert, tous les jours ils reçoivent des cadeaux, par exemple voilà, une star
10:21reçoit tous les jours des cadeaux, c'est quand même assez extravagant quand on y pense,
10:27chaque jour il y a des gens qui arrivent, voilà, qui lui offrent des cadeaux, mais
10:30des cadeaux d'une grande valeur, donc c'est une vie complètement déconnectée du réel,
10:36et après bien sûr ça crée une sorte d'autre soi parce que ces gens-là, ils vivent entre
10:41eux, ils ne parlent qu'à leur semblable, donc évidemment ils sont coupés complètement
10:47du réel, et c'est bien sûr eux qui vont faire la morale sur, bien entendu, sur ce
10:52qui se passe dans leur pseudo monde réel.
10:55On va y venir sur cette hypocrisie idéologique du monde du cinéma, mais je voudrais faire
10:57réagir à Béatrice Rosen.
10:59Oui, je voudrais juste, alors c'est vrai qu'il y a cet aspect-là que Laurent Firod
11:05décrit, mais je voudrais juste donner un petit peu quand même un contexte et de la
11:08nuance aussi à tout ça, parce qu'en fait c'est un système, encore une fois, c'est-à-dire
11:13que quand vous êtes dans ce milieu, vous réalisez que les personnalités en question
11:20deviennent comme ça, pas seulement de leur propre fait et de leur propre choix.
11:25Il se trouve que c'est un milieu où il y a énormément d'enjeux financiers, donc
11:29effectivement les acteurs reçoivent beaucoup de cadeaux, mais il faut savoir que c'est
11:34aussi des marques qui leur offrent pour qu'ils portent ces produits et qu'il y ait de la
11:39publicité, il y a des enjeux financiers.
11:42Et puis il faut savoir que les comportements de divas souvent viennent de l'entourage
11:47de la star et pas forcément de la star elle-même en tout cas au début.
11:52Et c'est vrai que quand on ne s'impose pas sur un tournage ou quand on ne montre pas
11:58qu'on a certaines exigences, moi quand j'ai commencé j'étais toute gentille, je voulais
12:03faire bien, je voulais faire plaisir, etc.
12:05Et je me suis fait marcher dessus, mais vous ne pouvez même pas vous imaginer comment.
12:10Et au bout d'un moment, j'ai réalisé qu'il fallait qu'on ait des limites et il fallait
12:15parfois demander certaines choses juste pour qu'on vous respecte un petit peu.
12:21Je ne sais pas si je suis claire dans mon explication, c'est-à-dire que le système
12:25fait que plus on est gentil, plus on vous marche dessus et plus les stars sont exigeantes
12:32et capricieuses, quelque part c'est celles-là qui sont récompensées et qu'on respecte
12:37le plus.
12:38Encore une fois, comme pour l'histoire de Me Too, c'est plus compliqué que des comportements
12:43individuels, il s'agit aussi d'un système où les enjeux financiers, la star de l'affiche
12:50qui va générer tant de millions lui passe telle ou telle caprice, et il y a aussi l'entourage
12:55qui parfois est plus capricieux que la star elle-même.
12:57Quentin Périni ?
12:59Oui, vous parlez d'une bulle médiatique et d'une bulle de ce milieu théâtral,
13:04et puis il y a aussi une bulle idéologique, c'est-à-dire que ce sont des personnes
13:09qui pensent à peu près tous la même chose, et c'est très compliqué d'apporter une
13:13nuance à un discours ambiant.
13:15En tout cas, le cinéma français particulièrement, mais aussi aux Etats-Unis, est utilisé comme
13:21un outil idéologique pour divulguer une certaine idéologie, on va dire progressiste pour
13:25aller vite.
13:26Aujourd'hui c'est difficile pour un acteur, pour un comédien, pour un réalisateur de
13:30s'imposer dans ce milieu, tout en essayant de proposer autre chose, ou en essayant de
13:35proposer justement quelque chose qui qualifierait de disruptif, pour reprendre les mots de l'excerpt.
13:39C'est pas difficile, c'est impossible !
13:41Oui, c'est impossible.
13:42Alors pourquoi c'est impossible justement ?
13:44C'est impossible parce que c'est un monde justement de privilégiés, et qui dit privilège
13:48dit peur de perdre ses privilèges.
13:51Donc c'est un monde totalement flippé.
13:52Moi il suffit que j'évoque un tout petit peu un sujet d'un film que je souhaiterais
13:57faire à un producteur pourtant qui, dans l'intimité comme ça, quand on parle, pense
14:02mal.
14:03C'est un oséabond certainement, mais il va me dire aussitôt, non mais je peux pas
14:07te rendre compte, je travaille avec des grands groupes, pas TUGC, Canal, je peux pas, c'est
14:12impossible, je vais être taxé d'extrême droite.
14:14C'est aussi bête que ça ! Tout le monde est totalement flippé parce que c'est leur
14:17gagne-pain au plus bas, et après pour les gens qui sont un peu plus hauts dans la hiérarchie
14:25du cinéma, c'est la crainte de perdre leurs privilèges.
14:28Mais comment justement il y a eu une mainmise là-dessus, de cette idéologie sur cet outil
14:33du cinéma, ou même d'un point de vue du théâtre, d'une manière générale, il y
14:37avait quelques réalisateurs ou quelques metteurs en scène, je pense à Anouilh par exemple
14:41qui était, dans les années 60, complètement réactionnaire, mais c'était véritablement
14:46quelqu'un de... c'était un paria.
14:48Oui c'était un paria, mais aujourd'hui comme, et encore à l'époque, dans les années
14:5360, il y avait encore des producteurs qui pouvaient financer eux-mêmes leurs films,
14:57etc.
14:58Donc aujourd'hui, avec l'exception culturelle française, ce n'est plus les producteurs
15:01qui financent les films, c'est le système qui finance le film, donc comment être anti-système
15:07quand on sait que c'est le système, uniquement le système, qui finance le cinéma, le théâtre
15:11aussi d'ailleurs.
15:12Et c'est comme la presse, la presse subventionnée, ils disent tous la même chose parce qu'ils
15:17sont subventionnés.
15:19Voilà, donc c'est aussi simple que ça, c'est dramatique, mais c'est aussi simple que ça.
15:22Oui, qui paye, commande.
15:23Voilà.
15:24Et après, c'est le CNC, c'est les obligations d'investissement, des chaînes télé, etc.
15:33Donc le cinéma français est sous perfusion en fait.
15:37C'est-à-dire que ce n'est absolument pas un marché libre, c'est un marché sous perfusion.
15:42S'il n'y avait pas cette exception culturelle, là telle qu'elle, les films, on le voit,
15:48les films français se ramassent quand même très très souvent, il y a excessivement
15:51peu de succès.
15:52Donc ce n'est pas une affaire rentable d'un point de vue marché libre, mais d'un point
15:57de vue d'un marché subventionné sous perfusion, c'est très très rentable parce qu'il y
16:01a beaucoup d'argent.
16:02Il y a une grosse dialecte.
16:03On va rentrer d'ailleurs dans le détail dans ce livre, alors on va donner la parole ensuite
16:06à Béatrice Rosen, mais ce qui est intéressant, c'est que vous rentrez dans le détail de
16:09comment sont financés ces films-là.
16:11Et alors effectivement, donc à le CNC, donc ça c'est une mène financière avec des commissions
16:15à volo, parfois des gens qui se font payer, qui obtiennent des prix d'une commission
16:21en étant eux-mêmes membres de la commission, mais qui ne viennent pas le jour de la remise
16:25du prix.
16:26Et puis il y a cette exception culturelle qui oblige les entreprises françaises à investir
16:29dans l'audiovisuel français.
16:30Donc aussi, on a l'impression que c'est un système qui s'est mis en place depuis
16:37quand ? Puisqu'on voit les films des années 70-70, on va faire le vieux réac de base,
16:43il y a quand même des Blié, des Ventura, des Audiard, et on se dit qu'aujourd'hui
16:48on ne pourrait même plus avoir de l'espace de liberté ou écrire des films qui passeraient
16:52aujourd'hui.
16:53Non, parce qu'en fait aujourd'hui, quand on veut vendre un scénario à un producteur,
16:58donc déjà il faut que le...
16:59Mais pourquoi d'ailleurs les sujets se ressemblent tous ? Parce que le producteur ne cherche
17:05pas à faire un succès, ce n'est pas l'objectif premier.
17:08D'ailleurs il ne lit même pas les scénarios, vous dites ?
17:10Non, un vrai producteur ne lit jamais les scénarios, tout bon professionnel ne lit
17:15jamais un livre.
17:16Vous avez lu le livre, j'ai l'impression, donc bon, je regrette pas.
17:19Je suis genre amateur.
17:20Et tant mieux ! Et donc, où j'en étais ? Oui, donc c'est-à-dire que le producteur
17:28cherche avant tout, non pas à faire un succès, ça vient vraiment en dernier carrément,
17:34il cherche principalement à trouver un financement.
17:37Donc voilà, les dés sont jetés bien avant, c'est-à-dire que tout le monde a été grassement
17:44payé avant même que le film sorte en salles, à savoir si c'est un succès ou pas.
17:48C'est ça qui est important.
17:49C'est ça qui est important.
17:50L'argent à se faire dans le monde du cinéma français, il est avant la sortie d'un film.
17:53Il est avant, il est avant.
17:54Béatrice Rozen, est-ce que vous êtes d'accord aussi, et d'ailleurs ça peut être intéressant,
17:57vous avez fait une partie de votre carrière aux Etats-Unis, est-ce que cette partie de
18:01la carrière aux Etats-Unis vous a permis d'avoir un peu plus de liberté artistique,
18:05ou au contraire, c'est aussi pareil de l'autre côté de l'Atlantique ?
18:09Alors c'est complètement différent, évidemment le mode de financement est différent.
18:13Moi je voudrais juste dire qu'évidemment à la base, c'était une bonne idée d'avoir
18:17une exception culturelle française, ce n'est pas en fait ça qui est à remettre en cause
18:21et peut-être qu'il faudrait adapter ce système pour d'autres pans de l'économie française même.
18:27Le problème, c'est la politisation des gens qui attribuent l'argent en fait, c'est-à-dire
18:33qu'il y a deux facteurs, il y a le copinage, il y a l'entre-soi, c'est-à-dire qu'on voit
18:39bien dans le cinéma français, c'est des bandes de copains, à la limite c'est pour
18:44ça que je suis partie aux Etats-Unis à la base, parce que moi je ne sortais pas, je
18:47ne me droguais pas, je ne traînais pas dans les boîtes de nuit, etc.
18:52Elle n'est pas du tout une bonne actrice, effectivement, elle n'a aucune chance de réussir.
18:55Moi je préférais être au casting pendant la journée dans des bureaux et d'être comme ça.
19:02Pour moi c'est vrai que c'était plus compliqué, je faisais beaucoup de télévision parce que
19:06je trouvais ça plus pro, si vous voulez, et le cinéma je trouvais que c'était vraiment
19:10par copinage, voilà, un peu les castings en boîte de nuit, etc.
19:14Je caricature, mais vous avez compris, voilà, les bandes de copains.
19:18Donc il y a le côté bande de copains ou fils d'eux, et il y a le côté politisation,
19:23comme disait Laurent Firod, les films sont choisis sur des bases idéologiques et politiques.
19:30Donc si vous ne cochez pas les bonnes cases idéologiques, vous risquez de ne pas être
19:35financé par le CNC. Mais encore une fois, le problème n'est pas l'exception culturelle,
19:40c'est la politisation et l'idéologisation. Et aux États-Unis, comme il n'y a pas tout ça,
19:47et que c'est uniquement des motifs financiers qui font produire les films, il faut que ce
19:56soit absolument un succès. Et donc, on ne choisit pas là-bas, on ne caste pas ses amis
20:01dans un film, on caste le meilleur comédien, qui permettra de faire le meilleur film et donc
20:07le meilleur produit possible pour réussir à gagner le plus d'argent au box-office.
20:12Donc déjà, à la base, c'est complètement différent. Et là-bas, il y a 25 personnes
20:17qui sont décisionnaires, alors qu'en France, vous vous retrouvez parfois en casting avec
20:22seulement un réalisateur et un directeur de casting. D'où aussi la possibilité des dérives
20:29au quotidien, si vous voyez ce que je veux dire. On voit à peu près ce que vous voulez dire. Alors,
20:34ces dérives idéologiques, en tout cas cette mainmise idéologique du cinéma,
20:38elle concerne évidemment la mise en avant des minorités, elle concerne sexuelle ou ethnique,
20:43elle concerne un certain discours. On voit d'ailleurs des films qui se sont plantés
20:46récemment malgré des énormes financements publics. On pense à, je n'ai plus les noms en tête,
20:50mais de Marina Foy qui tombe militante du Front National, qui tombe amoureux d'un migrant iranien,
20:56ou alors un maire de village qui est sauvé par des migrants. J'ai vu aussi un film de rugby,
21:00avec des migrants qui viennent sauver l'équipe de rugby. Ce sont toujours les mêmes films.
21:04D'ailleurs, je pense qu'il y a une forme de lassitude. Ça a marché avec Intouchables,
21:07mais ensuite, il y a une forme de lassitude du public, et puis aussi une compréhension
21:12que ça ne correspond pas à la réalité. Mais vous parlez aussi, c'est intéressant,
21:15parce que vous rentrez dans le détail de cette idéologie dans ce livre, Laurent Firaude,
21:18parler d'un réflexe colonial, puisque finalement, cette mise en avant des minorités ethniques,
21:24par exemple, elle vient aussi du fait que ces gens-là vivent dans un entre-soi où il n'y a pas
21:28ces minorités ethniques, et donc elles ont une espèce d'attraction presque touristique.
21:32Ça fait bien d'avoir un noir dans un film, parce qu'on n'en voit pas au quotidien.
21:36C'est tout à fait le message. J'ai plein d'histoires comme ça qui me viennent en mémoire.
21:42Allez-y, on vous écoute.
21:44Sans les noms.
21:46Sans les noms, c'est ça le problème.
21:48Après, c'est vrai qu'ils sont, comme c'est quand même le milieu du cinéma français,
21:54au niveau production principalement, ils sont tous issus de la grande bourgeoisie.
21:59On est vraiment chez les riches.
22:02Vous parlez d'ailleurs de ces fils d'eux qui se plaignent parce qu'ils se disent
22:05« Non, non, moi j'ai jamais été poussé par mon père. »
22:08Au contraire, c'était plus difficile pour moi.
22:10Ça a été très dur de porter le nom de l'école de la rue.
22:12L'école de la rue, bien évidemment.
22:14Lassez-vous, notamment, Pofi qui a galéré.
22:18La malheureuse, mon Dieu, je la plains tellement également.
22:20Donc voilà, ils sont fascinés par ce côté, oui, ils aiment bien s'encanailler.
22:26Depuis longtemps, c'est comme ça, les bourgeois aiment ça.
22:29Et comme aujourd'hui, l'image du prolétaire, c'est l'image en effet de l'étranger.
22:36Parce que pour eux, il semble complètement aberrant qu'il y ait des pauvres Français.
22:41Ça ne peut pas exister.
22:43Ou alors, il faut les éradiquer, il faut les faire disparaître.
22:46Donc voilà, il y a cette fascination.
22:49De toute façon, on le voit, des films comme l'Ajli, sur son premier film, il y avait une fascination.
22:56Tout le monde était là à dire « Non, il faut vraiment que les castings soient moitié hommes et moitié femmes. »
23:01Quand il est arrivé, je ne me souviens plus pour quel festival, c'était peut-être à Cannes, il n'y avait que des mecs.
23:09Mais là, personne n'a rien dit.
23:12Ah oui, ils étaient tous issus de l'immigration, voilà, donc c'était très bien.
23:16Ça m'a fait beaucoup rire, quoi, toutes les féministes qui criaient haut et fort
23:22« Comment, il n'y a pas de personnel de femmes importants dans le film ? C'était un scandale ! »
23:26Là, l'Ajli, aucun souci, il n'y a que des mecs, mais c'est très bien.
23:29Donc voilà, il y a toute cette hypocrisie, ce côté ridicule qu'on voit chaque jour.
23:34Mais c'est vrai qu'on le voit, je pense que le public le voit aussi, mais les médias mainstream,
23:41comme, bon, j'aime pas trop ce mot-là, mais en tout cas, ne le voient pas, ils sont tous dans ce fantasme
23:46en disant que le cinéma doit être, voilà, respecte le monde réel.
23:51Quand il suffit d'écouter Delphine Arnaud, on se souvient tous de ses paroles,
23:57la fiction n'est pas là pour décrire le réel, mais il devrait décrire le réel tel qu'il devrait être.
24:02Quel que nous voulons qu'il soit, absolument.
24:04Exactement, c'était ça, voilà, pardon.
24:06C'était effrayant, un truc de fou, quoi.
24:08Et ce qui fait que quand un billet ne marche pas, par exemple ce film sur un maire qui est aidé par des migrants,
24:12c'est la faute du public, parce que c'est le public qui n'est pas assez avancé intellectuellement.
24:18Le peuple a mal voté, changeons de peuple, on va passer à 40 ans de pérennie.
24:21Oui, moi je voulais revenir aussi sur l'exception culturelle, qui est en réalité un protectionnisme économique.
24:27Et c'est ça la grande contradiction, parce qu'on l'a dit, il y a plutôt une idéologie, on va dire libéral-liberté,
24:33qui règne dans le milieu culturel, et pourtant, là-dessus, il y a un protectionnisme économique
24:40qui est finalement très réactionnaire.
24:43Il y a une vraie contradiction là-dessus.
24:45C'est-à-dire que oui, il faut un libéralisme, oui, il faut un libertarisme,
24:49mais pas pour le milieu culturel, qui lui doit être surprotégé par l'État.
24:54Bien sûr, surprotégé par l'État, parce qu'ils sont bien sûr soumis, ils sont à la botte de l'État,
25:00on ne va pas mordre la main qui nous nourrit.
25:02Donc évidemment, c'est toujours assez drôle, toute cette hypocrisie, c'est-à-dire que
25:06pour les autres, allons, mais ouvrons les frontières, etc.,
25:09mais pour financer les films, certainement pas, on ferme tout.
25:11Voilà, c'est assez comique.
25:15Béatrice, je voulais vous faire réagir là-dessus, sur ce protectionnisme économique
25:19qui a permis quand même au cinéma français de perdurer,
25:21parce qu'il y a eu ces gros blockbusters américains pendant des années,
25:24il y a le cinéma italien, finalement, qui n'existe qu'en Italie,
25:29le cinéma allemand n'existe quasiment pas, notamment à cause de cette concurrence des films américains,
25:34donc il y a quand même un point positif à ce...
25:36Alors, excusez-moi, mais en fait, c'est un peu un mythe français qui est entretenu en France,
25:42en disant que tout le cinéma européen a disparu, mais pas du tout.
25:45Oui, mais en tout cas, dans les pays d'origine... Enfin, en tout cas, il s'exporte moins bien qu'avant.
25:49Il y a beaucoup de films italiens qui font de très très gros succès en Italie,
25:53il y a beaucoup de films espagnols, il y a beaucoup de films allemands,
25:54donc arrêtons de dire que parce que l'État s'est désengagé plus ou moins dans ces pays-là,
26:00le cinéma n'existe plus, c'est un mythe français, ça.
26:03Il existe toujours, mais enfin, il y a eu une grande période du cinéma italien, mais...
26:07Bien sûr, évidemment, parce que les films étaient très bons, c'est pour ça !
26:11Ça marche parce que les films sont bons, ça marche pas parce que les films sont mauvais,
26:14c'est aussi bête que ça !
26:15Mais il y a un protectionnisme, Béatrice Rosen, qui est quand même positif, finalement.
26:19Oui, c'est ce que je vous disais tout à l'heure,
26:20peut-être qu'il faudrait appliquer ce protectionnisme à d'autres pentes de l'économie.
26:24Ça, c'est une bonne chose.
26:25Encore une fois, le problème, c'est la prise en otage idéologique
26:28des gens qui décident à l'attribution des budgets.
26:31Et je voudrais juste revenir une seconde sur ce que vous disiez avant,
26:34sur l'idéologie diversitaire.
26:37Il faut quand même, encore une fois, je suis désolée,
26:38aujourd'hui, je vais vraiment essayer de mettre un petit peu de nuance dans les propos.
26:43Vous êtes notre caution, Béatrice, aujourd'hui.
26:45Voilà. Non, mais pas juste une precaution, il faut aussi être honnête intellectuellement.
26:50Et moi, quand j'ai commencé dans ce métier, il y avait vraiment des injustices,
26:55que ce soit ici aux États-Unis.
26:57Mon manager aux États-Unis m'expliquait qu'à talent égal, qu'à CV égal,
27:01un acteur noir gagnait moins d'argent qu'un acteur blanc.
27:05Et ces réalités-là existent aussi, sans tomber dans la caricature d'un côté ou de l'autre.
27:11Je veux dire, ce n'était pas normal non plus.
27:13Moi, ce dont je rêve, c'est d'un équilibre,
27:17c'est-à-dire aucune prise en otage idéologique,
27:20qu'elle soit dans un sens ou dans un autre.
27:22Il faut que ce milieu soit juste, soit sain et que le talent soit reconnu,
27:29que le talent prime sur l'idéologie, sur toutes les autres considérations.
27:34Moi, c'est tout ce que je demande, comme d'ailleurs dans tout,
27:38c'est que ce soit une méritocratie.
27:41Et donc, il y avait des choses qui n'étaient pas normales avant.
27:44Maintenant, le balancier est parti complètement de l'autre côté
27:47et il faudrait un petit peu de raison et de nuance.
27:50En tout cas, je pense que tout, c'est ce qu'on demande, que ce soit juste.
27:55Et au final, c'est sur tous les sujets pareils, que ce soit le cinéma, la politique, etc.
28:00Et vous faites bien de le dire, parce qu'effectivement,
28:02ce que je pense que condamne, je vais parler sous caution de Laurent Firon,
28:05mais ce que je pense qu'il condamne, c'est aussi, de toute façon,
28:08une projection bourgeoise, dans tous les cas, de la vue sur l'immigration.
28:14C'est-à-dire que d'ailleurs, c'est très drôle, dans l'autre livre,
28:17vous expliquez, au début, dans les années 90-2000,
28:20on avait tous les maghrébins, tous les noirs,
28:23qui étaient censés jouer des personnes de banlieue, racailles.
28:26Et aujourd'hui, pour ne plus tomber dans ce cliché-là,
28:27parce que c'est devenu un nouveau cliché,
28:29la bourgeoisie a toujours besoin de se renouveler,
28:31on les fait jouer des amants de vieilles dames de 50 ans,
28:35et eux, ça les dégoûte, parce qu'ils se disent,
28:38on a le même cachet, mais niveau réputation, c'est quand même beaucoup plus compliqué.
28:42Et donc, à chaque fois, ces gens-là sont aussi victimes
28:45du cliché qu'en fait la bourgeoisie, ou de la projection qu'en fait la bourgeoisie.
28:48– Bien sûr, de toute façon, on se retrouve toujours...
28:51Moi, je me souviens, je pense que tout le monde l'a vu,
28:54quand Aïssa Oumaïga, au César, faisait semblant de s'étonner
29:00qu'il n'y avait que très peu de noirs dans la salle,
29:04ce qui est vrai, d'ailleurs, on peut le déplorer,
29:07mais je pense que son discours avait été plus fort s'il avait dit,
29:10je vois qu'il n'y a aucun smicard dans la salle, mais zéro.
29:14– Aucun fils d'ouvrier. – Rien, rien du tout.
29:18Là, je le dis, là, c'est vraiment zéro.
29:20Et c'est là, le côté dramatique, il est là.
29:22On est entre bourgeois.
29:25Passe-t'à, que l'on soit noir, blanc, jaune, vert, bleu.
29:29C'est la bourgeoisie.
29:30– On est d'accord.
29:32On va aller sur un autre sujet,
29:34c'est cette hypocrisie un peu idéologique des acteurs
29:36qui, donc, ont les meilleurs sentiments du monde en public,
29:39notamment sur l'écologie.
29:40Alors, ça, c'est le grand sujet aujourd'hui du cinéma.
29:44Notamment, on pense à Marion Cotillard
29:46qui, depuis son yacht, se plaignait du réchauffement climatique.
29:49Est-ce que, Béatrice Troisaine, c'est quelque chose que vous avez pu voir, vous ?
29:51Alors, on ne vous demande pas de citer ni des noms ni des anecdotes,
29:54mais cet espèce de décalage entre ce que les acteurs disent en public
29:59pour avoir ce signalement de vertu et ce qu'ils disent en privé.
30:04– Absolument.
30:05Alors là, pour le coup, c'est quelque chose qui, vraiment, m'insupporte.
30:09Moi, avant la crise sanitaire,
30:11je n'avais jamais pris d'engagement politique
30:14parce que j'estimais que ce n'était pas mon rôle.
30:15Et puis, vu, justement, toute cette hypocrisie terrible
30:18où, pendant la crise sanitaire, des gens du métier que je connais,
30:22qui sont les plus coqués au monde et les moins sains du monde,
30:27venaient sur des plateaux télé donner des leçons
30:31de ce qu'il fallait prendre au niveau médical, etc.
30:35C'était assez insupportable.
30:36Sur l'écologie, vous le disiez, c'est insupportable.
30:39Des gens qui prennent des jets privés,
30:40qui louent des baraques avec la clim qui tourne à 24, à 15 degrés
30:45et qui, après, donnent des leçons aux autres d'éteindre leur Wi-Fi
30:48pour la planète.
30:50C'est vrai qu'il y a un décalage entre ce qu'ils disent et ce qu'ils font.
30:55Et en plus, vraiment, c'est insupportable.
30:59Et je pense que les gens en ont marre et que ça aussi,
31:01ça participe au fait que les gens vont moins au cinéma.
31:05Parce qu'avec la crise des gilets jaunes, avec la crise sanitaire,
31:08on a vu que les acteurs qui étaient très engagés pour des causes consensuelles
31:13et qui servaient leur propre carrière et leur propre portefeuille,
31:16finalement, dès que c'était un peu plus sensible et un petit peu plus risqué,
31:19ils faisaient l'autruche et c'est malheureux.
31:23Et c'est très malheureux.
31:24Laurent Firon, vous, vous avez carrément été éjecté du système avec ces mondes d'après.
31:28Vous avez dit, on rompt avec ce système.
31:30J'imagine que vous ne serez pas en désaccord avec Béatrice Prozès.
31:33Non, non, tout à fait. Je suis absolument d'accord avec Béatrice, évidemment.
31:37Non, non, franchement, cette hypocrisie...
31:39Mais on revient toujours à cette lutte des classes, en fait.
31:42C'est-à-dire que c'est la bourgeoisie qui s'autorise tout
31:45et qui interdit tout aux classes inférieures.
31:48Voilà. C'est aussi triste que ça.
31:51On est d'accord. Quentin Périni ?
31:53Oui, moi, je voulais revenir sur cette fameuse liste de 10 personnes.
31:57Alors, évidemment, on ne sait pas. Il y a Me Too.
31:59Puis, bon, on le rappelle, c'est un petit monde de ces acteurs.
32:03Est-ce qu'il n'y a pas aussi une tartufferie là-dessus de ces acteurs qui,
32:07à la fois, sont féministes, qui sont obligés finalement d'être féministes
32:11et qui, derrière, on se rend compte que c'est plus compliqué d'être féministe
32:15dans les coulisses ou dans ce monde, vous l'avez dit,
32:17qui est, en fait, gangréné par la séduction ?
32:21Oui. On parle des néo-féministes.
32:26Oui, et évidemment, c'est vrai que le métier de comédien,
32:31de comédienne, c'est chercher à séduire, chercher à ce que je sorte du lot.
32:36Donc, évidemment, la séduction est là.
32:39Et avec ces dangers, comme on disait auparavant,
32:43oui, je connais beaucoup de comédiennes qui m'ont dit avoir joué cette carte-là.
32:49Après, bien entendu, comme c'est aussi un monde, je dirais,
32:54où il y a beaucoup de pouvoir, beaucoup d'argent,
32:56donc il y a toujours des salopards qui vont profiter de ce pouvoir.
33:00Donc, je comprends qu'il y ait des femmes et des hommes qui se révoltent,
33:04des abus, évidemment, parce qu'il y en a eu,
33:07il y en aura encore, parce que c'est un monde de pouvoir, encore une fois,
33:11et le pouvoir corrompt, c'est ça le problème.
33:14Le pouvoir corrompt.
33:15En tout cas, des actrices qui expliquent que finalement,
33:17elles n'ont pas dénoncé les agissements à ce moment-là,
33:19parce qu'il y a des répercussions sur leur carrière, sur...
33:22Bien sûr, bien sûr, bien sûr, les répercussions sur leur carrière,
33:25et qu'elles y voyaient aussi un intérêt au moment précis, évidemment,
33:33même si c'était horrible, voilà.
33:34Mais après, le choix se faisait à ce moment-là,
33:37donc c'est assez dramatique, c'est assez triste,
33:43mais voilà, parce que c'est un monde gangréné par le pouvoir et l'argent.
33:48Alors, juste, Béatrice Rosen, là-dessus,
33:49parce que, évidemment, on a envie de dire,
33:52si ces personnes sont des violeurs, ils doivent être condamnés,
33:54mais est-ce qu'il n'y a pas aussi une volonté de mettre en pâture des gens ?
33:57Alors, on ne sait pas, évidemment, dans l'intimité, ce qui s'est passé,
34:00mais on se rend compte qu'il y a toujours cette notion floue de consentement.
34:06Est-ce que vous pensez qu'il y a un moment où, justement,
34:07le cinéma a pu être dirigé par le patriarcat,
34:11ou en tout cas, des hommes forts, puissants,
34:14qui ont imposé, qui voulaient assouvir leur pulsion
34:19et qui ont utilisé des jeunes femmes actrices pour le faire en quête de gloire ?
34:23Aujourd'hui, ça s'est renversé, et c'est plutôt, justement,
34:27des femmes qui ont ce pouvoir-là de renverser des personnes
34:30avec ces accusations de viol ou d'agression sexuelle.
34:34Je pense que c'est un sujet qu'il faut traiter vraiment avec beaucoup de nuances
34:39parce que c'est vraiment extrêmement complexe,
34:41et comme je le disais tout à l'heure, c'est un système.
34:44C'est-à-dire que oui, il y a des individus, et j'en connais,
34:47qui sont rentrés même dans ce métier à la base pour se taper des nanas.
34:51Alors, degré de force, après, ça, c'est dans l'intimité de l'expérience de chacun,
34:56et les victimes doivent venir témoigner.
34:59Et c'est vrai aussi que le danger, c'est de jeter en pâture des noms,
35:03de briser des carrières et des vies.
35:05Et comme je le disais tout à l'heure, je pense qu'un jour, il y aura un drame
35:08parce que la vie de quelqu'un va être tellement détruite
35:12que quelqu'un pourrait passer un acte terrible de suicide ou quoi.
35:21Et donc, il faut faire extrêmement attention.
35:23En même temps, il y a aussi des femmes, il faut le dire aussi,
35:26qui ont joué de ce système pour prendre de l'avance
35:33et donc, après, des gens comme moi qui n'ont pas participé à des choses comme ça
35:38se retrouvaient, vous voyez ce que je veux dire, c'est extrêmement complexe.
35:42Judith Godrech a présenté un court-métrage sur le sujet.
35:47Alors, le problème avec ça, c'est que ça peut aussi devenir une espèce de gimmick
35:52et il y a aussi une instrumentalisation parfois.
35:55C'est pour ça que c'est un sujet tellement complexe
35:58où, évidemment, il y a des abus terribles.
36:01Il faut vraiment mettre la priorité sur la protection des enfants.
36:06Moi, j'ai vu des choses vraiment terribles sur des tournages avec des enfants
36:11et donc, qui sont mis en danger.
36:13D'ailleurs, Judith Godrech a 14 ans.
36:14Pour moi, à 14 ans, on est un enfant.
36:17Et donc, il n'y a pas, pour moi, de consentement possible avec un adulte
36:22quand on a 14 ans et qu'on vous promet des rôles et qu'on vous fait miroiter des choses.
36:27Ça n'est pas possible. Il y a le rôle des parents.
36:29Enfin, voilà, c'est un sujet extrêmement complexe.
36:31Il ne faut pas jeter des noms en pâture.
36:33Et en même temps, il faut dire qu'il y a de vrais abus, des vrais salopards.
36:38Et il y a aussi des victimes chez les femmes
36:41et aussi chez les femmes, des femmes qui ont joué de ce système.
36:47Voilà, donc il y a tous ces aspects-là.
36:49Et c'est extrêmement complexe à régler comme problème.
36:52Oui, c'est un système, mais il faut juger à chaque fois au cas par cas.
36:55Vous avez raison de le rappeler.
36:56Et d'ailleurs, on vous prévient, chers auditeurs,
36:58on préopère une grande émission sur ces affaires de scandales pédocriminels,
37:03notamment dans le monde du cinéma, cette affaire Judith Godrech.
37:06Avec cette question, il y a certes cette question des agresseurs.
37:09Mais où sont les parents ?
37:10Puisque dans l'affaire Judith Godrech,
37:12au moins un des deux parents était au courant de ce qui se passait.
37:15Et donc, ça pose aussi beaucoup de questions.
37:17Je voudrais finir cette émission avec une petite note d'espoir quand même.
37:20Si si, Laurent, vous en êtes capable.
37:22En vous posant deux questions chacun.
37:25Est-ce qu'on ne peut pas apporter une nuance sur ce cinéma français en panne de créativité ?
37:29On a vu des films récents à grand succès comme Anatomie d'une chute,
37:33qui sont quand même des films scénarios assez original.
37:35Et puis, Les trois mousquetaires, Le conte de Montecristo qui arrive et qui,
37:38en tout cas, met en remet en valeur des valeurs, on va dire un peu traditionnelles
37:42avec cette tradition classique du roman La Française.
37:44Bon, avec la nuance dans Les trois mousquetaires, ils ont aussi là aussi,
37:49juste pour avoir un peu plus de subventions,
37:51ils ont ajouté un acteur africain pour littéralement aucune raison.
37:54Mais en tout cas, le film global est assez réussi.
37:58Et Porto, c'est aussi bisexuel dans le sens où ça serait dommage.
38:03Mais en tout cas, il n'y a pas Sandrine Rousseau dans le film.
38:05C'est un bon début.
38:06Donc, Béatrice Rosen, est ce que vous pensez qu'il y a des choses à sauver de cinéma français ?
38:11Oui, j'ai adoré Anatomie d'une chute au niveau réalisation,
38:15au niveau scénario, au niveau jeu des acteurs.
38:19J'ai trouvé vraiment que c'était un super film.
38:20Évidemment, les Français aussi sont très forts,
38:22comme vous le disiez sur les films historiques.
38:26Il y a énormément de talent chez les scénaristes en France.
38:32Il y a énormément de talent.
38:33Maintenant, il faut que ces talents, comme je le disais tout à l'heure,
38:36il faut que ça redevienne une méritocratie.
38:38Il faut arrêter avec le népotisme.
38:40Il faut arrêter avec l'entre-soi et il faut arrêter avec la prise en otage idéologique et politique.
38:45Et vraiment, on est un pays très riche en créativité, très riche en talent.
38:50Et il faut laisser ces talents émerger par la méritocratie.
38:55Je vais leur donner la parole, Laurent Firot, sur ce cinéma français.
38:57Juste avant, on a une question d'une auditrice qui s'appelle Clémente Soudiacova
39:01et qui nous demande de savoir si vous voulez, Béatrice Rosen,
39:05rentrer un peu dans le détail, sans évidemment donner de nom,
39:08de ces horreurs que vous avez vues sur les enfants sur les plateaux de tournage.
39:10Est-ce que vous pouvez nous raconter une anecdote ou deux ?
39:14Alors, j'en ai vu en France et aux Etats-Unis.
39:17Je trouve déjà le milieu des castings pour les enfants est un milieu terrible où on voit des parents.
39:22Donc là, comme vous disiez, le rôle des parents est capital.
39:26On voit des parents parfois forcés, des enfants, on voit que les enfants ne sont pas à l'aise.
39:30On voit qu'ils sont dans des conditions où ils attendent pendant des heures.
39:34Aux Etats-Unis, il y a des enfants acteurs dont c'est le métier.
39:37Ils ont 10 ans, ils sont déjà toute l'année sur des plateaux.
39:41Ils ont des profs particuliers, ils sont odieux.
39:44On voit qu'il y a un véritable mal-être.
39:46Après, je n'irai pas sur le côté pédocriminel, je pense qu'il existe.
39:51Mais ça, ça se fait toujours entre quatre murs.
39:56Donc évidemment, je n'en suis pas témoin.
39:59Ce que je sais, c'est que moi, pour rien au monde, à un moment donné,
40:02mon mari voulait qu'on fasse faire des choses comme ça à nos enfants.
40:05J'ai dit non, il est hors de question.
40:07Moi, je ne mettrai jamais mes enfants, à moi en tout cas, dans ces situations de casting.
40:13Plus tard, s'ils ont envie d'être acteurs, quand ils auront 16, 18 ans, ils auront le droit.
40:19Mais en tout cas, jamais, je ne mettrai mes enfants dans cette position, vu ce que j'ai vu.
40:25Les enfants maltraités, en tout cas sur les tournages.
40:27Et les parents ont une énorme responsabilité.
40:29Il faut savoir, ce n'est pas que des personnes extérieures.
40:32Les parents aussi, parfois, sont prêts à tout pour que leurs enfants
40:37arrivent à les faire rentrer finalement, où ils vivent par procuration, tout ça.
40:42Laurent Fira, vous voulez rebondir dessus ?
40:44Non, après des histoires avec des enfants, moi parfois, j'ai tourné avec des enfants, en effet.
40:50Je pense que ça s'est bien passé, mais c'est sûr que j'ai souvent senti en casting, en effet,
40:55les parents qui poussaient leur maume, c'est une manière vraiment...
41:00On le sentait, c'est-à-dire que c'était la mère ou le père qui avaient eu des ambitions d'être un comédien connu
41:07et qui reportaient ses ambitions sur...
41:09C'est dramatique.
41:10Voilà, donc ça c'est toujours un peu dramatique, on voit la même chose dans le sport, c'est pareil aussi un peu souvent.
41:15Donc c'est toujours très très triste.
41:17Je voulais revenir sur les trois muscletaires.
41:20Juste une petite réaction à chaud, moi j'ai vu le film, je le trouve assez naze, mais bon, peu importe.
41:25Mais en tout cas, ce qui m'a frappé, je trouve que c'est très...
41:29Enfin, c'est...
41:31Quand on voit, parce qu'il y a eu beaucoup de films sur...
41:35D'Artagnan, tout ça.
41:37Et quand on voit un film des années 50-60,
41:40tous les costumes sont très colorés, c'est chatoyant, c'est magnifique.
41:43Aujourd'hui, dès qu'on fait un film d'époque, tout est sombre, noir, ils sont tous habillés d'une manière très très sombre.
41:49Comme si montrer que le passé pouvait être chatoyant et beau, c'est impensable aujourd'hui.
41:56Il faut à tout prix que l'on détruise l'image que la France pouvait avoir à une époque beaucoup plus ancienne.
42:05C'est très révélateur, je crois. Aujourd'hui, les films d'époque sont toujours très sombres.
42:08Auparavant, ils étaient magnifiques, plein de couleurs.
42:11Même Les Trois Mousquetaires, Le Comte de Monte-Cristo, ne trouve pas grâce à vos yeux dans le cinéma français.
42:14Non.
42:14Et Anatomie d'une Chute, non ?
42:16Euh... Si, ça va, ça va.
42:19Non, non, je suis un peu chiant pour ça, mais bon...
42:22Oui, vous êtes un réalisateur exigeant, mais tant mieux.
42:25Alors, dites-nous... Enfin, je vais finir avec cette question.
42:28Est-ce qu'il y a des pistes pour relancer la créativité, assainir ce système du cinéma français ?
42:32Est-ce qu'il faut, je sais pas, supprimer le CNC ?
42:35Rendre, en tout cas, des acteurs ou des contributeurs d'un film plus responsables
42:39du résultat du film, et pas des subventions avant ?
42:42Dites-nous, Laurent Firod, et ensuite, on finira avec Béatrice Rosen.
42:44Bah, moi, je pense qu'en effet, oui, il faut éviter, quand même,
42:47il faut libérer un tout petit peu le secteur, quand même.
42:51Faire en sorte qu'on cherche un succès.
42:55Faire en sorte aussi que les films coûtent moins cher.
42:57Parce que là, aujourd'hui, il y a une inflation des budgets,
43:01mais énorme, un truc de fou, quoi.
43:03Les films coûtent des fortunes, et quand on passe sur un tournage,
43:06moi, je suis à chaque fois étonné.
43:07Pourtant, j'ai fait des films avec de très grosses équipes.
43:11Mais on voit, il y a une centaine de personnes qui sont là.
43:14Mais pourquoi ils sont là, en fait ? Je comprends pas, quoi.
43:17Parce qu'il y a beaucoup d'argent.
43:19Donc, tout le monde se fait beaucoup d'argent sur le film.
43:21Quand, en fait, pour faire du cinéma, je pense que ça peut être beaucoup moins cher,
43:25surtout avec les progrès techniques, aujourd'hui.
43:28Donc, voilà, je pense qu'on peut faire des films moins chers,
43:31qui peuvent rapporter suffisamment d'argent pour que ça soit une économie rentable, viable,
43:36avec des sujets un peu plus innovants, dérangeants.
43:42Enfin, vraiment de l'art, quoi.
43:44Des choses qui fassent bouger le monde, les consciences.
43:48Le mot de la fin pour Béatrice Rosen.
43:50Oui, je pense qu'il faut arrêter avec cette mentalité de quota,
43:56soi-disant la discrimination positive.
43:58Et il faut plus de pluralisme.
44:00En fait, ils imposent une diversité de personnes.
44:06Et finalement, il n'y a plus de diversité d'idées et de créations.
44:09Ça tue la créativité.
44:11Tout ce qui est cocher des cases, en fait, pour faire un film, ça tue la créativité.
44:16Il faut retrouver une vraie liberté de création.
44:21Il faut un pluralisme dans les gens qui attribuent les budgets au CNC.
44:27Et il faut arrêter avec les bandes de potes, quoi.
44:29Il faut un peu mélanger tout ça.
44:30Eux qui sont pour le mélange, il faut mélanger tout ça et relancer cette créativité.
44:35Voilà, plus de créativité et moins d'idéologie et d'entre-soi.
44:38C'est le mot de la fin pour cette émission sur Festival de Cannes.
44:42Et c'est la fin de cette émission, chers auditeurs.
44:44Merci à tous.
44:45Vous avez été très nombreux à nous suivre ce matin.
44:47Donc merci, pardon, Laurent Firold.
44:48Je vous ai oublié de vous présenter, mais réaliste, scénariste, auteur du Monde d'après et de ce livre avec Bruno Lafourcade.
44:53Main basse sur le cinématographe aux éditions La Mouette de Minerve.
44:56Et merci à vous, Béatrice Rosen, actrice franco-américaine et qui d'ailleurs,
45:00vous avez un podcast, c'est ça, La Vie en Rosanne ?
45:01Oui, j'ai un podcast qui s'appelle La Vie en Rosanne, qui est disponible sur toutes les plateformes de podcasts.
45:05Deezer, Spotify, Amazon, etc.
45:07Et on vous renvoie évidemment tous nos auditeurs à ce podcast.
45:10Merci à vous, chers auditeurs.
45:12Lundi, c'est évidemment la porte-côte.
45:14Donc, on vous retrouve mardi avec Clémence Ouyakova, c'est promis.
45:17A mardi prochain et bon week-end.