• il y a 6 mois
"Le programme de Marine Le Pen en 2022 n'est pas applicable en deux ans. Il faut bien y choisir des urgences, des nécessités et ce qui se fera sur le long terme", assume Louis Aliot, maire de Perpignan, premier vice-président du RN, invité de Questions politiques dimanche.

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00:00Bonjour, ravie de vous retrouver dans Questions politiques, l'émission politique du dimanche sur France Inter, diffusée sur France Info, la télé et en partenariat avec le journal Le Monde.
00:19Dernière semaine de campagne. Avant le premier tour de ces élections législatives anticipées, tous les programmes sont désormais sur la table, tous les ralliements ont été signés et depuis quelques jours, le président n'a jamais semblé aussi isolé.
00:35Il reste donc six jours de campagne. A gauche, le nouveau Front populaire doit tenter de convaincre de la faisabilité de son programme, pendant qu'à droite, le Rassemblement national a jusqu'ici surtout multiplié les reculades.
00:48Alors quel est le vrai projet du RN ? Est-il en train de l'adoucir, quitte à donner l'impression de se trahir ? On en parle avec Louis Alliot, qui dirige depuis quatre ans la ville RN la plus importante, Perpignan.
01:00Il est aussi le vice, le premier vice-président du Rassemblement national et il est notre invité ce dimanche dans Questions politiques, en direct et jusqu'à 13h.
01:08Questions politiques.
01:12Karine Bécard sur France Inter.
01:15Bonjour Louis Alliot.
01:16Bonjour.
01:17Merci d'avoir accepté notre invitation. A mes côtés pour vous interviewer Françoise Fressoz du journal Le Monde et Jean-Baptiste Marteau de France Télévisions pour ce dimanche.
01:26Merci à tous les deux d'être là en tout cas.
01:27Bonjour Karine, bonjour à tous.
01:28Allez, petit rappel des règles dans cette émission spécialement aujourd'hui à une semaine donc je l'ai rappelé du premier tour des élections législatives.
01:35Nous n'évoquerons aucune circonscription ni aucun nom de candidat en particulier par respect des temps de parole et par respect du pluralisme évidemment.
01:44Merci d'avance à tous les trois.
01:46On commence avec nos images de la semaine.
01:48Quelles sont les images qui ont marqué cette semaine l'actualité ? Louis Alliot, on commence avec vous.
01:53Qu'est-ce que vous avez repéré ?
01:54J'ai repéré la position de Serge Klarsfeld qui est historiquement très opposé ou il avait été très opposé à notre formation politique pour de bonnes raisons.
02:08C'est un historien qui a lutté toute sa vie pour rechercher les criminels nazis qui avaient réussi à échapper au tribunal de Nuremberg.
02:16Et aujourd'hui il fait le constat que non seulement l'antisémitisme a changé de camp si je puis dire, mais en plus le Rassemblement National n'est pas ce qu'on a dit qu'il est ou que certains continuent à dire qu'il est.
02:31Et il en a apporté je pense dans plusieurs témoignages des preuves irréfutables.
02:36Alors une petite précision tout de même, vous parlez effectivement de Serge Klarsfeld.
02:40Toute la communauté juive ne se range pas derrière Monsieur Klarsfeld, on est d'accord ?
02:44On est bien d'accord mais si vous voulez beaucoup aujourd'hui s'y rangent et la voie officielle de la communauté juive, en l'occurrence le CRIF devient petit à petit très minoritaire dans l'approche de nos compatriotes juifs face à cette question.
02:59Et d'ailleurs Marine hier a publié une tribune sur ce sujet qui remet les pendules à l'heure sur la seconde guerre mondiale comme sur l'antisémitisme actuel.
03:10Et je pense que maintenant c'est une autre manière de voir les choses qui est en train de naître.
03:16En tout cas là où il va très loin c'est qu'effectivement il dit qu'au second tour, dans l'hypothèse d'un duel gauche-droite, El-Effi face au Rassemblement National, il choisirait effectivement le Rassemblement National.
03:28C'est bien ça parce que vous ne l'avez pas rappelé, c'est ce qui me surprend.
03:30Oui parce que je savais que vous alliez le dire.
03:32Ah bon d'accord.
03:33Non mais voilà, il fait le constat que l'antisémitisme aujourd'hui, après depuis l'affaire Merat, a complètement basculé soit dans l'islamisme radical, soit dans l'extrême gauche.
03:41Et qu'aujourd'hui le danger clairement vient de cette partie-là de l'échiquier politique.
03:46Donc il convient que Marine Le Pen, en reprenant les rênes du Rassemblement National, a fait le ménage.
03:54Et aujourd'hui il se concentre sur les véritables ennemis des juifs de France et nous avec.
04:00En tout cas, en même temps, on a donc Ginette Kolinka, qu'on connaît tous aussi, ancienne rescapée de Juiz, 99 ans aujourd'hui, qui disait cette semaine également, je la cite, qu'elle ne croyait pas à la sincérité de l'extrême droite.
04:15Et pour rappeler aussi que si elle avait été déportée, c'est justement parce que l'extrême droite était au pouvoir, ce qui permet de rebalancer tout ça. Un commentaire ?
04:23Oui, enfin, l'extrême droite dans le régime de Vichy, vous aviez Mitterrand, vous aviez Bousquet, vous aviez... Donc dire que c'est l'extrême droite, très certainement, c'était sur des idéologies de ce type-là.
04:34Mais malheureusement, dans cette collaboration, je pense que la droite et la gauche se partageaient bien les places, malheureusement.
04:40Bon, on enchaîne. Deuxième image de la semaine avec vous, Jean-Baptiste Marteau. Vous revenez sur ce viol d'une toute jeune fille, juive, qui a beaucoup marqué la France cette semaine.
04:51Oui, j'ai choisi la photo d'un rassemblement comme il y en a eu tant d'autres depuis maintenant une semaine. Encore ce matin, on y voit une femme, visage caché par une pancarte, qui tient à la main.
04:59Et sur cette pancarte, il y a marqué une violée à 12 ans parce que juive. Et c'est vrai que l'affaire, pour moi, n'est pas du tout un fait divers comme un autre.
05:05D'abord, il y a l'âge de la victime, celui des bourreaux, il y a l'abomination des faits. On ne pourrait d'ailleurs absolument pas détailler tout ce que cette jeune fille a subi à une heure de Grande Écoute comme en ce moment.
05:14Mais enfin, et surtout, c'est parce qu'en France, en 2024, de jeunes adolescents se croient permis de faire subir les pires sévices à une jeune fille uniquement parce qu'elle est de confession juive.
05:22Alors, je me suis posé la question qui est responsable. C'est vrai qu'il y a une évidence, les actes antisémites ont explosé depuis le pogrom du 7 octobre, c'est une évidence.
05:30Pour certains tout de même, ces chiffres seraient nuancés. On entend effectivement que certains propos clairement antisémites mériteraient d'être contextualisés, d'être excusés presque.
05:39Et c'est un peu de chose presque qu'écrivent dans une tribune cette semaine deux intellectuels pourtant reconnus et estimés, Arie Elimi et Vincent Lemire,
05:46qui opposent un antisémitisme contextuel de gauche, disent-ils, et un autre ontologique d'extrême droite.
05:52Oui, en fait, à les lire, il y aurait le bon et le mauvais antisémite. Alors, là, j'ai envie de vous dire que trop, c'est trop.
05:57Et si l'antisémitisme venu de la droite, de la droite n'a pas disparu, désolé, l'ouïe à l'ouïe, il n'y a qu'à regarder, par exemple,
06:02ces deux candidats à l'ARN désinvestis en urgence cette semaine en catastrophe après avoir découvert d'immondes propos qu'ils ont postés sur les réseaux sociaux.
06:09Il y a aussi l'antisémitisme d'une partie de la gauche radicale qui est aussi une réalité, par pur clientélisme communautaire, haine d'Israël ou je ne sais quoi.
06:16Donc rien, rien ne justifie et ne justifiera jamais l'antisémitisme. Et comme le titre l'édito du Monde d'hier, chère Françoise,
06:23l'antisémitisme de droite ou de gauche, c'est un même poison, écrivez-vous, un poison avec lequel une partie de la classe politique s'accommode encore et toujours.
06:31Revenons très simplement, si je puis dire, à l'antisémitisme. Comment on lutte contre cette flambée d'antisémitisme ?
06:38Aujourd'hui, qu'est-ce que vous proposez au RN ?
06:40Il y a d'abord des lois, donc il faut appliquer la loi et je crois qu'Avocat sans frontières avec J. William Goldanel, par exemple, a réussi à faire condamner plusieurs organisations
06:50et même un candidat LFI, d'ailleurs, ce bout de GTK, je crois, qui est candidat sur la circonscription algérie, donc les lois existent.
06:57Il faut poursuivre et faire appliquer. Et ensuite, il faut aussi, j'allais dire, défendre la mémoire de nos compatriotes juifs dans notre pays
07:10et ne pas laisser passer un certain nombre de choses qui sont aujourd'hui, qui passent assez facilement.
07:14Ça vaut aussi pour vous de faire votre mouvement. On a vu, vous avez désinvesti deux candidats, mais le Monde en a recensé plusieurs autres qui demeurent candidats.
07:25Donc, au fond, est-ce que vous ne donnez pas une bonne conscience sur un mouvement qui a été fondamentalement dans sa construction antisémite ?
07:32Pas du tout. Nous, quand on les découvre aujourd'hui, on les met dehors. Alors, il peut s'en cacher.
07:39Pourquoi il en reste encore ?
07:41Partout. Il y en a beaucoup plus à gauche qu'à droite, mais il se peut qu'à droite, il y en ait.
07:46Je me permets de vous couper parce qu'on parle précisément de Joseph Martin.
07:50En revanche, la commission des conflits s'est réunie à étudier son cas. Il va falloir remonter l'ensemble de ses tweets.
08:02C'était contre Forisson, son tweet, je vous signale, et pas du tout en faveur. Et d'ailleurs, c'est ce que l'on a relevé hier.
08:11Donc, on s'est complètement trompés sur ce monsieur qui est naturalisé français. Il est d'origine espagnole.
08:15Il s'appelait Martinez. Il s'appelle Martin. Et ce n'était pas du tout... Voilà, c'est Libération qui a utilisé un tweet polémique sur cette personne,
08:23alors qu'en regardant l'ensemble de ses tweets, ce n'est pas du tout ce qu'il a voulu dire.
08:27Donc, vous allez le réhabiliter.
08:29On l'a relevé. Il a fait des tweets. C'était contre le maréchal Pétain, contre la collaboration, etc.
08:34Et il y a ce tweet qui répond à un tweet sur M. Forisson. Et c'est pour cela que... Mais c'est Libération qui a identifié.
08:41Et Gana, qu'est-ce qu'on fait avec lui, Joseph Gana ?
08:44M. Gana fait partie du quota de M. Ciotti. Alors, on vous demandera M. Ciotti.
08:48C'est votre allié.
08:50Oui, d'accord, mais...
08:51Mais vous demandez à Eric Ciotti de l'exclure, de le désinvestir ?
08:54Écoutez, M. Ciotti, vous posez-lui la question, il vous répondra.
08:58Non, mais c'est votre allié, maintenant.
08:59Mais si les propos sont, j'allais dire, condamnables, il ne fera pas partie de la majorité que nous incarnons.
09:05On pointe à la ligne. S'il est élu, ça, c'est encore une autre histoire.
09:08Et pour rebondir sur ce que disait Françoise Fressoz à l'instant,
09:11Jean-Philippe Tanguy, cette semaine, parlait quand même d'un antisémitisme résiduel qui continue à exister au RN.
09:17Vous partagez ces propos-là ou pas ? C'est vrai ?
09:19Je pense qu'il existe dans la société française, donc je ne sais pas...
09:22Je ne vois pas pourquoi on serait à part.
09:24Mais moi, je refute l'idée que nous serions, nous, j'allais dire, les héritiers de Vichy.
09:30Je l'ai toujours dit.
09:31Quand j'ai adhéré au Front National, à l'époque, il y avait des anciennes du RPR.
09:36Et pour résumer la situation, des pieds noirs.
09:38Et dans ces anciens, il y avait beaucoup de résistants,
09:41beaucoup de gens qui avaient fait le débarquement de Provence,
09:43beaucoup de gens qui étaient dans le gaullisme de la résistance
09:47et qui ont basculé ensuite sur d'autres combats.
09:50Mais je n'ai jamais vu, moi, comme doctrine de fond, dans ma formation politique,
09:55l'antisémitisme, même si, il faut le dire,
09:58même si notre président, par des propos provocateurs, outranciers et condamnables,
10:04a malheureusement donné cette connotation.
10:07Mais l'ensemble des cadres et des militants du parti,
10:10ils n'étaient absolument pas sur cette ligne-là.
10:13Bien. Françoise, votre image pour finir.
10:15Vous, vous vous intéressez à ce qui se passe dans le camp présidentiel.
10:18Oui, alors, c'est une photo de Gabriel Attal, jeudi,
10:22qui présente le projet de la majorité aux élections législatives.
10:25Et il a ces mots, ma majorité, mes députés.
10:29Alors, c'est une lecture très parlementaire de la Ve République.
10:32Au fond, ça consiste à tenir dehors le président de la République.
10:36Et au fond, ce n'est pas juste un petit passage comme ça.
10:39Plus tard, il dit, le 9 janvier, le président m'a nommé Premier ministre.
10:43Le 30 juin, j'aimerais que les Français me choisissent.
10:46Autrement dit, on est pratiquement entrés en cohabitation
10:49entre l'actuel Premier ministre et le président de la République.
10:52Ce n'est pas tout, parce que la même journée, on a Édouard Philippe qui dit
10:55Emmanuel Macron a tué la majorité présidentielle.
10:58Il va falloir en reconstruire une autre.
11:00Et puis, plus discret, vous avez aussi François Bayrou
11:03qui a entrepris le tour au fond des circonscriptions
11:07et qui, lui aussi, a entrepris de sauver le bloc central,
11:11mais sans s'appuyer sur la figure d'Emmanuel Macron.
11:14Donc, qu'est-ce que ça veut dire ?
11:16Un énorme isolement du président de la République
11:18qui a fait l'opération dissolution pour clarifier les choses
11:21et qui se retrouve en grande difficulté par rapport à son propre camp.
11:26Un échec du macronisme qui était le dépassement de tous ses courants
11:29et une grande fragilité du bloc central,
11:32puisque tous sont obligés d'aller chercher, soit chez les socialistes,
11:35soit à droite, des alliés potentiels, mais dans un climat de grande division,
11:39alors que les législatives, c'est la prime au camp le plus rassemblé
11:42et donc, grande, grande faiblesse du camp présidentiel aujourd'hui.
11:49On voit depuis quelques jours, que s'agissant de Jordan Bardella,
11:53il y a de moins en moins de programmes et de plus en plus de conditions.
11:57Ça commence à ressembler à un refus d'obstacle, quand même, tout ça.
11:59A chaque jour, on voit un reniement sur une proposition.
12:02Ils nous ont expliqué pendant un an que la première chose qu'ils feraient,
12:05c'est abroger la réforme des retraites.
12:07Et puis, il a dit à Bannon, en fait, je suis plus sûr.
12:09Ensuite, ils nous ont dit qu'ils voulaient interdire les binationaux,
12:13la binationalité, puis finalement, Bannon.
12:15Ensuite, ils nous ont dit, on va baisser la TVA
12:17ou la supprimer sur les produits de nécessité.
12:19Ah ben, finalement, non, on ne va pas le faire.
12:21En même temps, là, il s'agit de Matignon.
12:23D'aller ou pas à Matignon.
12:24Tous les jours, il revient sur des propositions du programme.
12:27Et là, il explique maintenant qu'il y a des conditions pour y aller.
12:29Donc oui, ça ressemble beaucoup à un refus d'obstacle.
12:35Votre réaction, Louis Alliot ?
12:37Je vois que depuis tout à l'heure, vous souriez.
12:40Après les nombreux, il a raison, quand même.
12:43Renoncement, reculade, reniement, appelez ça comme vous le souhaitez.
12:46Qu'est-ce qui se passe au Rassemblement national ?
12:48Est-ce qu'il y a un peu de vertige du pouvoir
12:49ou est-ce que vous avez décidé d'adoucir votre programme ?
12:52Pas du tout.
12:53Il y a la focalisation sur le programme de Marine Le Pen de 2022
12:57qui, nécessairement, n'est pas applicable en deux ans.
13:02Et il faut bien, dans ce programme-là,
13:04choisir des urgences, des nécessités
13:07et puis ce qui se fera sur le long terme
13:09mais qui verra entre-temps la présidentielle de 2027.
13:12Mais quand on est M. Attal,
13:13moi, je l'appellerai à plus de modestie, à plus de retenue.
13:17S'il est au pouvoir
13:18et si les Français avaient été aussi contents de lui
13:21qu'il n'a l'air, lui, de se satisfaire de sa position,
13:24eh bien, ils auraient peut-être voté pour ces candidats aux européennes
13:27et ils s'apprêteraient peut-être à voter pour ces candidats
13:29à ces élections législatives.
13:31Mais vous avez, M. Alliaud, vous avez beaucoup, beaucoup promis
13:33pendant la campagne, pendant les deux ans passés
13:36à l'électorat populaire.
13:37Vous lui avez promis des fortes mesures sur le pouvoir d'achat.
13:40Vous leur avez promis d'abroger cette réforme des retraites
13:43que vous avez combattue.
13:45Et là, en fait, on ne voit pas trop les mesures
13:48qui s'adressent à cet électorat-là.
13:50L'électorat populaire est un électorat de bon sens.
13:54Ils savent très bien, moi je le vois tous les jours,
13:57je les rencontre dans ma mairie,
13:59qu'on ne pourra pas en deux ans ce qu'on a promis en cinq ans.
14:02Ils savent très bien qu'avec M. Macron à l'Élysée,
14:05on pourra faire un certain nombre de choses immédiates
14:08sur la sécurité, sur le contrôle de l'immigration,
14:11sur la baisse de la TVA, sur l'énergie, par exemple,
14:14sur ces choses-là, sur l'absence d'impôts sur le revenu
14:17pour les médecins qui continueraient leur activité
14:20après leur retraite, etc.
14:22Tout ça, c'est immédiatement faisable.
14:24Et c'est dans les trois mois.
14:26Parce qu'on arrive, Jordan Bardella est nommé Premier ministre,
14:29il y a la constitution du gouvernement,
14:31et puis vous avez les Jeux Olympiques qui commencent.
14:34– Les retraites, abrogez-vous pas, ça va très vite, non ?
14:37– Les retraites, déjà, vous n'appliquez pas la réforme de M. Macron
14:40et vous pouvez mettre en place ce qu'on a dit depuis le départ,
14:43c'est-à-dire pour les carrières longues de ceux qui ont commencé
14:47avant l'âge de 20 ans et qui ont souvent des métiers difficiles,
14:51ils partiront à 60 ans.
14:53– Mais vous n'appliquez pas la réforme des retraites actuellement,
14:57donc ça veut dire que quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
15:00– Ecoutez…
15:01– C'est-à-dire que vous ne faites pas les choses en quatre ans,
15:04vous dites aux gens…
15:05– Ça, c'est après les mesures immédiates.
15:08Il y a un correctif budgétaire au mois d'octobre,
15:11et en discutant du budget, en même temps,
15:13nécessairement, il y aura la discussion sur les retraites.
15:16On ne peut pas tout faire en même temps, c'est utopique,
15:18et c'est mentir aux gens que…
15:19– Bon, donc, ce que vous dites, c'est qu'on verra plus tard les retraites ?
15:21– Mais non, pas plus tard, là, à l'automne, c'est pas plus tard, c'est à l'automne.
15:24Je vous signale qu'on arrive donc, il y a les Jeux Olympiques,
15:27il y a la convocation de la session extraordinaire du Parlement,
15:30est-ce que M. Macron va la signer ou pas ?
15:33C'est des choses que nous verrons bien, mais…
15:35Je veux dire, il y a un jeu institutionnel qui encadre l'activité
15:39des députés et de l'Assemblée nationale, qu'il ne faut pas oublier.
15:42Mais la volonté, tout de suite, d'agir sur le pouvoir d'achat,
15:46sur la sécurité et sur le contrôle de l'immigration,
15:49lui, je vais dire, par des mesures simples et faisables, rapidement.
15:53– Une dernière précision, quand même, sur les retraites.
15:55Ok, il faut attendre donc l'automne, mais vous abrogez ou pas ?
15:58C'est-à-dire que, est-ce que l'âge légal de départ à la retraite
16:01restera à 64 ans, il y aura des aménagements,
16:04ou est-ce que ça, ça disparaîtra ?
16:06– À terme, avec notre réforme des retraites, ça disparaîtra,
16:09puisque nous voulons… – Donc vous abrogez la loi ?
16:11– 42 ans et 62 ans, et ensuite la progressivité.
16:15Vous bénéficiez de votre retraite au prorata de ce que vous avez cotisé,
16:19de ce que vous avez travaillé.
16:21Ce qui est quand même le cas depuis l'élection présidentielle,
16:25et que je n'entends nulle part.
16:27Nos tableaux ont été fournis, vous prenez le programme et vous le retrouvez.
16:30– Et vous dites 42 ans d'annuité, c'est plus 40.
16:32Moi, j'avais gardé 40.
16:33– Jusqu'à 20 ans, ceux qui ont commencé à travailler,
16:36avant 20 ans, pour ceux qui commencent à travailler après 20 ans,
16:40c'est 42 ans d'annuité.
16:41– Jean-Philippe Parteau.
16:42– Jean-Baptiste.
16:43– Jean-Baptiste, pardonnez-moi.
16:44– Globalement, Louis Alliot, ce qu'on comprend,
16:46c'est que pour cette partie à Matignon, d'ici 2027,
16:49ce sera quoi ? Un aperçu, un apéritif de votre programme ?
16:52En fait, le vrai programme du RN, ce sera en 2027,
16:55si jamais Marine Le Pen est à l'Élysée.
16:56– Pas un aperçu, parce que nos concitoyens
16:59vivent quand même des situations très difficiles en matière de pouvoir d'âge.
17:02Quand vous payez votre plein d'essence à 1,80€, 1,90€,
17:04ce n'est pas un aperçu.
17:05– Oui, mais vous ne pourrez pas faire tout votre programme,
17:07c'est ce que vous êtes en train de dire.
17:08– Oui, d'accord, mais sur les mesures,
17:09celle-là pèse lourd dans l'opinion publique.
17:11Celle-là pèse très lourd dans l'opinion publique.
17:13– Soyons très concrets, parce que la première mesure
17:15que vous promettez, c'est la baisse de TVA sur les produits de l'énergie
17:19et sur l'essence, 20% à 5,5%.
17:23Vous dites facile à faire, pas si facile à faire,
17:26parce qu'il faut l'accord de Bruxelles.
17:29Deuxième chose, et comme ça vous me ferez une réponse globale,
17:32c'est une mesure qui s'applique à tout le monde,
17:34pas seulement à ceux qui en ont le plus besoin,
17:36y compris nous qui sommes des urbains, on aura cette mesure,
17:43alors que vous voulez cibler dans votre campagne
17:46sur l'électorat qui en a le plus besoin.
17:48Pourquoi vous faites cette mesure en premier ?
17:50Pourquoi vous essayez de la maintenir ?
17:52– Parce que c'est la plus facile à faire et la plus rapide, tout simplement.
17:55– Non, vous pourriez faire un…
17:56– Mais ça c'est vous qui le dites, je peux vous dire.
17:58– Pourquoi elle est facile à faire puisqu'il faut un…
18:00– Non, vous pouvez baisser directement les taxes sur l'énergie,
18:06notamment sur l'essence, directement.
18:08Les négociations à Bruxelles, quand la France va arriver à Bruxelles,
18:10on va dire écoutez, voilà ce qui se passe, voilà ce que nous voulons.
18:13– Les taux de TVA, oui.
18:14– Vous pensez bien qu'à l'Union Européenne, d'abord nous aurons des alliés
18:18et ensuite ils ne vont pas comme ça bloquer la France sur un tel sujet.
18:22– En fait on n'en sait rien, donc ce n'est pas immédiat.
18:24– Et vos alliés seront minoritaires quand même ?
18:26– Ça c'est immédiat pour le coup, pardon ?
18:28– Vos alliés seront minoritaires malgré tout à Bruxelles, au Parlement Européen.
18:32– Mais on le mesure comme ça, on a toujours obtenu dans les négociations à Bruxelles rapides
18:36des baisses de TVA quand on l'a demandé.
18:39Ou alors c'est une dictature l'Europe, c'est-à-dire aujourd'hui…
18:42– Non, il y a des règles, on les applique, c'est plutôt ça.
18:44– Non, non, non, aujourd'hui, non pas du tout justement.
18:46Aujourd'hui donc, ça veut dire qu'à l'Europe, il y a des gens qui ne sont pas élus
18:49et qui décident pour nous, qui avons mis en place des députés qui eux sont élus.
18:53Je trouve ça extravagant.
18:55Mais le peuple le sait, il le voit d'ailleurs sur tout un tas de mesures.
18:57Sur l'essence, je vous dis que c'est possible.
18:59Et sur l'énergie, ça le sera avec une négociation immédiate.
19:03Parce qu'on se retrouve avec un système qui est quand même hors du commun.
19:07Notre coût de production d'électricité en France, j'allais dire,
19:11est moitié moins cher que ce qui nous est proposé par le fameux marché européen.
19:15Ça va durer combien de temps ?
19:17La France a fait le choix du nucléaire.
19:19En 1974, ça lui a permis d'émerger, notamment en matière d'industrie.
19:24Et aujourd'hui, par une règle absurde qui colle le prix de l'énergie et de l'électricité sur le gaz,
19:30on est en train de ruiner, mais qui ?
19:32Les petits commerçants, les artisans, les PME, les PMI.
19:35Et pour cela aussi, ce sera immédiat.
19:37Parce que quand vous êtes boulanger et que vous avez votre facture d'électricité
19:41qui a été multipliée par 4, laissez-moi vous dire que les règles européennes...
19:47Donc en fait, c'est le bras de fer assumé avec l'Europe dès le départ.
19:51Sur une alternance tranquille.
19:53Mais il n'y a pas d'alternance tranquille, madame.
19:56C'est ce que nous dit Jordan Bardella.
19:58Il y a une alternance.
20:00Et il y a une alternance avec des idées que nous portons
20:02qui ne sont pas partagées par un certain nombre d'autres partis.
20:06Mais il est évident que la souveraineté du peuple s'applique.
20:09Et sur ces sujets-là précisément, il y a des moyens d'obtenir rapidement ces décisions européennes.
20:15Parce que si l'Europe s'amuse à bloquer ce processus européen,
20:19vous pensez bien que la France a d'autres moyens de les bloquer dans d'autres domaines
20:23pourtant utiles à l'Europe.
20:25On sait très bien que l'Europe est un marché de la négociation.
20:28Et que dans ces négociations, le poids de la France pèse lourd.
20:31C'est ça qu'il faut bien penser.
20:33Alors quand même, un détail important.
20:35On parle toujours, pour que nos auditeurs nous suivent,
20:37sur cette réduction de la TVA à 5,5 sur les carburants.
20:40Ça vous fait baisser le lit de 10 centimes par litre ?
20:43Mais pour tout le monde !
20:45Oui mais là l'augmentation elle est aussi pour tout le monde.
20:47C'est-à-dire pour des gens comme vous et moi qui pourront se payer des pleines d'essence.
20:50Et pour des gens qui ne peuvent pas et qui sont obligés de faire avec.
20:54Mais c'est une mesure qui coûte 17 milliards.
20:56Donc vous ne pouvez pas la cibler sur les personnes ?
20:58Pas que l'essence, les 7 milliards.
21:00Mais peu importe.
21:01C'est important pour la relance, pour l'état d'esprit, pour nos compatriotes.
21:06Même pour ceux qui sont aisés et qui ont les moyens.
21:08Et cet argent qui sera dépensé, j'allais dire, dans la consommation d'essence,
21:14servira à la consommation d'autres produits et feront rentrer des taxes dans les caisses de l'État.
21:19Il faut aussi créer un cercle vertueux.
21:21Pour l'instant, l'essence qui avait été à l'origine du mouvement des gilets jaunes, je vous signale.
21:26On est là aujourd'hui à un prix de l'essence qui est supérieur à ce qui avait été le déclenchement des gilets jaunes.
21:32Vous pensez bien que les gens partiront en vacances cet été, en tout cas pour certains.
21:37Ils verront leur plaine diminuer d'au moins 40 centimes par litre, par plaine.
21:43C'est quand même pas rien pour beaucoup.
21:45Alors, le Rassemblement national propose un audit.
21:48Jordan Bardella ne cesse d'en parler.
21:50Question de Françoise Fresso sur le sujet.
21:52Alors, la Cour des comptes et le Haut Conseil de finances publiques
21:55ont dressé un état des lieux extrêmement précis en mars et en avril dernier.
21:59L'état actuel, c'est une dette de plus de 3 000 milliards d'euros.
22:06Et ce que dit la Cour des comptes, c'est qu'au fond, il n'y a pas beaucoup de possibilités
22:09à part faire des économies assez massives pour rester dans la trajectoire du pacte de stabilité européen.
22:15Pourquoi d'abord vous demander un audit, puisqu'on a quand même ces chiffres qui sont très documentés, très précis ?
22:21Et deuxième question, est-ce que vous vous inscrivez dans le pacte de stabilité européen ou vous dites au fond, peu importe ?
22:27Écoutez, si on regarde ce qu'ont fait nos gouvernements depuis maintenant 15 ans,
22:31on ne peut pas dire que le pacte de stabilité européenne les a beaucoup agacés.
22:35Puisque systématiquement, ils s'en sont émancipés sur la durée du temps.
22:39Ça c'est grand 1. Grand 2, tout le monde nous reproche cette espèce d'audit, c'est la commission du bilan.
22:45C'est très exactement quand François Mitterrand est arrivé au pouvoir pour l'alternance, parce que c'est une alternance.
22:51Mais c'est ce que tous les politiques ont toujours fait, donc vous faites en fait tout ce que tout le monde a toujours fait.
22:55Oui, parce que dans la dernière prévision budgétaire fournie par le ministère de l'économie,
23:00il y avait quand même une erreur significative et substantielle, qui a d'ailleurs été relevée,
23:04et qui nous pose question. Parce que si on peut se tromper...
23:07Ça veut dire quoi poser question ? Ça veut dire dissimulation, comme le dit Jordan Bardella l'an dernier ?
23:11C'est ce qu'avait relevé un certain nombre de fonctionnaires, de hauts fonctionnaires,
23:15au moment où ça avait été annoncé par M. Le Maire.
23:18Et donc vous pensez qu'il y a des fonctionnaires aversés qui cachent volontairement des dépenses du pays aujourd'hui ?
23:23Non, mais je pense qu'il peut y avoir des jeux d'écriture, ou la volonté du ministre de le faire, oui ça je le crois.
23:28Mais la commission du bilan, il y aura des experts de toute nature, de tous les corps, y compris des universitaires
23:35et des gens de la société civile, qui vont pouvoir analyser tout ça.
23:39Mais ça ne va pas prendre un an. La commission bloque les nez.
23:42Elle avait été décidée, je crois, début juillet. En septembre, elle remettait déjà un pré-rapport.
23:49Là c'est pareil. Elle sera nommée dès la nomination de Jordan Bardella.
23:55Et puis elle rendra son travail au milieu du mois de septembre.
23:59Est-ce que vous vous mettez dans le pacte de stabilité, ou vous dites au fond, on s'en fiche ?
24:03On ne s'en fiche pas, mais on sera obligés, j'allais dire, de faire avec les contraintes qui sont les nôtres, et qui sont des contraintes...
24:09C'est-à-dire ?
24:11Non, on ne rentrera pas dans le pacte de stabilité.
24:15Parce que de toute façon, toutes les règles de ce pacte de stabilité depuis maintenant, les Gilets jaunes, ou depuis le Covid, ont été transgressées.
24:24Donc on ne va pas nous dire à nous, vous avez intérêt à être rigoureux sur ces règles-là, alors que ça fait dix ans qu'on les viole.
24:30Donc nous, on fera en fonction de l'intérêt de nos concitoyennes d'abord, de nos entreprises d'abord,
24:37et puis, encore une fois, c'est des choses qui se négocient à Bruxelles, comme elles se sont toujours négociées.
24:42Donc du coup, vous ne respectez pas ces règles-là, vous le dites assez clairement.
24:45Vous voulez récupérer aussi deux milliards d'euros sur le budget que la France verse aux institutions européennes.
24:55On reste encore dans l'Europe ou pas ?
24:58Nous sommes contributeurs nets.
25:00Mais est-ce que l'Europe avait marqué dans tous ses traités que l'on était obligé systématiquement d'augmenter chaque année notre part au budget européen ?
25:08C'est marqué nulle part, ça. C'est marqué où ?
25:11C'est marqué où que les pays récupèrent une partie de l'argent ?
25:14À partir du moment où vous considérez que vous donnez trop et que vous avez plus de 10 milliards de contributions nettes au budget de l'Union,
25:22vous pouvez dire, écoutez, on continue à contribuer d'une manière nette.
25:25Il n'y a pas 36 pays qui sont en contribution nette.
25:28Et puis, on récupère 2 ou 3 milliards qu'il nous faut pour précisément assumer les charges de la politique en faveur du pouvoir d'achat.
25:37Et vous les récupérez comment, en fait ?
25:39Je vous ai dit, par un cercle vertueux de l'économie.
25:43Comment on fait ?
25:44C'est-à-dire ?
25:45C'est-à-dire qu'il faut demander quand même l'autorisation, j'imagine, aux autres.
25:48Attendez, là, il y a un problème de fond.
25:50C'est l'Assemblée nationale qui la vote.
25:52Si l'Assemblée nationale est obligée de voter des choses qui ne sont pas modifiables, il faut arrêter de faire voter l'Assemblée nationale.
25:58C'est un problème démocratique.
26:00C'est un problème d'état de droit.
26:02Et nous, nous voulons rétablir cet état de droit.
26:04La souveraineté appartient au peuple.
26:06Et quand on vote pour des élections législatives, c'est le peuple français qui s'exprime.
26:11Et il s'exprimera en toute connaissance de cause.
26:13Nous donnons aujourd'hui plus de 10 milliards d'euros à l'Europe que ce que nous recevons.
26:17Politique agricole commune comprise.
26:20Et sur ces 10 milliards-là, nous ferons une économie d'abord de 2 milliards.
26:24Est-ce que la France est suffisamment forte pour s'autoriser un bras de fer avec l'Europe ?
26:29Est-ce qu'il n'y a pas une crainte quand même de la réaction des marchés financiers ?
26:32L'aventurisme, au fond, qui est un peu ce que vous décrivez là.
26:36Non mais comment vous pouvez dire ça alors que la France, aujourd'hui, a explosé tous les compteurs ?
26:40L'aventurisme, l'inquiétude, c'est la parole totalement irresponsable du ministre de l'économie
26:47qui dit que si les oppositions ont eu le pouvoir, ça, ça va être la guerre civile.
26:50Et c'est, il faut bien le dire, les résultats de la politique de M. Macron.
26:553 000 milliards d'euros de dettes, un déficit de la balance commerciale, un déficit du budget
27:01et une croissance qui peine aujourd'hui à décoller par rapport à d'autres partenaires européens.
27:07C'est ça, aujourd'hui, qui pénalise la France, c'est pas les mesures que nous allons prendre
27:11et qui permettront précisément de relancer l'activité économique
27:15et de permettre à nos concitoyens de vivre d'une manière digne dans un pays
27:20qui a été quand même l'un des fondateurs de l'Europe.
27:23Et donc, s'il est fondateur de l'Europe, il est aussi en droit de dire à l'Union Européenne
27:28à partir de maintenant, il faudrait que ça marche comme ça et il faudra que ça marche comme ça.
27:32Allez, question sur le droit du sol qui vous est posée par Jean-Baptiste Marteau.
27:35Louis Alloué, effectivement, l'immigration, le droit du sol, c'est l'une de vos promesses phares.
27:39Vous promettez de supprimer le droit du sol, or tous les experts reconnaissent que ça n'est pas constitutionnel.
27:44Vous, c'est en économie, on ne peut rien faire parce que c'est comme ça.
27:47Là, c'est les experts, on ne peut rien faire parce que c'est comme ça.
27:50On ne fait plus rien, on reste à la maison et on atteint que ça se passe.
27:53Même Jordan Bardella reconnaît qu'effectivement, il faudra modifier la constitution.
27:56Donc, deux mots, est-ce que vous voulez quand même supprimer le droit du sol
28:00ou est-ce que vous voulez faire comme ce qui se passe à Mayotte depuis quelques années,
28:03le restreindre, restreindre, le limiter pour que ça reste effectivement dans les clous de la constitution,
28:08que ça puisse être validé par le conseil constitutionnel ?
28:10On supprime le droit du sol ou on se contente de le restreindre ?
28:13Ça va dans la direction de la suppression du droit du sol.
28:17Effectivement, si on a pu le faire à Mayotte, on pourra le faire en France.
28:20Et restreindre l'acquisition automatique de nationalité telle qu'elle est présentée aujourd'hui
28:25ou la facilité qui est faite à beaucoup d'acquérir la nationalité.
28:28Déjà, on pourra œuvrer là-dessus.
28:30Et c'est pareil en matière de droit du sol pour l'acquisition de nationalité.
28:34Pour deux parents étrangers, les enfants à 16 ans pourront le demander.
28:39Voilà, ça, c'est des choses que l'on peut très bien faire.
28:42En attendant, 2027 éventuellement, d'être à l'Élysée et de faire une réforme constitutionnelle.
28:46Exactement.
28:47Donc, c'est une promesse.
28:48Et par exemple, toujours sur ce thème, vous promettez d'interdire le port du voile dans l'espace public.
28:53On le maintient ? On l'abandonne ? On attend ?
28:55Non, Marine a dit hier que c'était, et ça rentrera dans le débat présidentiel de 2027,
29:03ce n'est pas une mesure immédiate.
29:08En revanche, s'il y a de plus en plus de femmes, de jeunes filles et d'enfants dans nos villes,
29:15c'est qu'il y a quelque part des gens qui donnent des consignes.
29:19Et dans les gens qui donnent ces consignes, vous avez une école politico-religieuse
29:23qui s'appelle les Frères Musulmans, contre laquelle nous œuvrerons,
29:28et qui permettra aussi de mettre jour un certain nombre de choses,
29:31parce qu'on voit bien qu'il y a sur notre sol la volonté délibérée d'enfreindre les règles,
29:38notamment de la laïcité, et d'imposer une manière de vivre
29:42qui n'est pas admissible dans une république comme la nôtre.
29:45Et ça, en revanche, ça ne demande rien à personne,
29:48et c'est quelque chose que nous allons mettre en place tout de suite.
29:51– Mais pour l'instant, en tout cas, sur le voile,
29:53vous repoussez de 3 ans jusqu'en 2027, si je vous ai bien suivi.
29:56Louis Alliaud, Marine Le Pen a depuis longtemps promis de privatiser l'audiovisuel public,
30:01dont fait partie Radio France, dont fait partie France Télévisions,
30:04si elles arrivaient au pouvoir, vous reculerez ou pas sur ça ?
30:07Vous privatisez ou pas l'audiovisuel public ?
30:09– C'est toujours pareil, c'est une affaire de délai, est-ce qu'on peut le faire en deux ans ?
30:12Ça paraît difficile de le faire en deux ans,
30:15mais dans ce projet-là, d'abord ça se discute, ça se négocie,
30:18c'est la volonté que nous avons, oui,
30:20mais moi, en tout cas, je suis très attaché, notamment aux locales
30:26et à vos rédactions des France Bleues que nous avons partout en France,
30:31et en tout cas, en ce qui me concerne, je demanderais qu'on préserve un certain nombre de garanties.
30:36– Donc France Bleue pourrait rester publique, mais France Inter deviendrait privée.
30:39– De garanties sur les France Bleues locales,
30:41dont je déplore d'ailleurs, je tiens à vous le dire, le changement de nom,
30:45parce que nous, par exemple, qui avons une identité locale forte en Roussillon,
30:48un pays catalan, demain ça va s'appeler ICI, ICI ça ne veut rien dire,
30:53et je trouve que là, pour le coup, je trouve que la communication autour de ça
30:58n'est pas adaptée à l'enracinement de nos territoires et à des locales qui fonctionnent bien.
31:03– Mais concrètement, vous privatisez France 2 et France Inter, pour simplifier,
31:06et vous gardez le reste.
31:08– C'est dans le projet, mais ça ne se fait pas du jour au lendemain.
31:11– En attendant le jour au lendemain, à l'automne, il y aura un budget à payer,
31:15un budget à voter, pardonnez-moi.
31:17– Il sera voté, oui, évidemment.
31:19– Pour l'instant, le financement de l'audiovisuel public n'est pas garanti,
31:22il n'y a plus de redevances.
31:23– Il n'y a plus de recettes à fixer.
31:25– Vous étiez déjà sous le coup d'une volonté de Madame Dati
31:28de transformer beaucoup de choses aussi.
31:30Tout ça, ce sera, j'allais dire, des négociations et un travail
31:35que nous allons reprendre de zéro pour voir comment on procède
31:38dans cette volonté de privatiser le service public de l'audiovisuel.
31:42– En tout cas, on entend qu'il y aura un budget pour l'année prochaine.
31:45– Vous êtes le seul parti en France à, au fond, axer votre projet
31:49sur l'idée de préférence nationale.
31:51Est-ce que vous pouvez nous décrire, dans les premières mesures
31:53que vous voulez prendre, comment vous déclinez ce principe ?
31:57– C'est un principe général, on ne le décline pas, on l'assume et on le dit.
32:04– Mais concrètement ?
32:06– Ça veut dire que, pour le logement par exemple,
32:11quelqu'un qui a la nationalité française, quelle que soit sa couleur de peau,
32:16sa religion ou sa condition, en fonction des revenus évidemment,
32:20est prioritaire sur les logements par rapport à des clandestins
32:24qui arrivent de nulle part et qui sont, qu'on le veuille ou non,
32:27une charge sur la société.
32:28– Mais vous qui avez fait du droit, vous savez que c'est anti-constitutionnel
32:30ce que vous êtes en train de dire ?
32:31– On verra bien, on ira devant les tribunaux, on défendra tout ça.
32:33– Sur les emplois publics également ?
32:35– Non, et de toute façon, ça répondra là aussi
32:38au fameux référendum que nous voulons faire.
32:40Tout le monde a l'air de mettre en doute cette mesure qui me paraît de bon sens.
32:44Vous savez, à compétence égale, il n'est pas anormal de privilégier
32:49un national plutôt que quelqu'un qui vient de nulle part.
32:51– Jordan Bardella ?
32:52– Parce qu'aujourd'hui, les gens qui viennent d'un peu partout
32:54sans qu'on leur demande de venir, ont un coût, une charge pour la société.
32:58Et cette charge, elle est payée par les gens, soit qui travaillent,
33:01soit qui vivent déjà ici et qui n'en peuvent plus.
33:04Et moi, je vois bien dans ma ville à Perpignan,
33:06vous avez de plus en plus de MNA, notamment, qui arrivent, qui arrivent, qui arrivent.
33:10Il faut les loger, du travail, il n'y en a pas.
33:13Il y a le coût de la santé, quelquefois le coût de scolarisation.
33:17Bref, il y a des coûts annexes à cette immigration incontrôlée
33:20dont on ne se rend pas compte du coût général.
33:23Et moi, je veux bien qu'on ait des bons sentiments
33:25et qu'on dise, oui, il faut accueillir tout le monde.
33:27Mais à la fin, c'est dans quelles conditions ?
33:30Équipe et la facture.
33:31– Louis Alliot, premier vice-président du Rassemblement national et maire de Perpignan.
33:35Vous êtes l'invité de questions politiques jusqu'à 13h.
33:38Je voudrais qu'on écoute Bruno Retailleau,
33:40le président du groupe des sénateurs Les Républicains
33:42sur la réorganisation des forces politiques dans notre pays.
33:46– Nous récusons la tripartition.
33:49Deux ailes qui sont radicales, un bloc central, le bloc macroniste.
33:54Deux ailes radicales, Rassemblement national, Front de gauche.
33:57Ça, ça va être l'explosion et ça va exploser.
34:00Moi, je suis pour qu'on revienne à une démocratie plus apaisée.
34:03Ce n'est pas pour aller m'associer avec les uns ou avec les autres.
34:06Si je veux préserver notre chance demain,
34:08parce que les Français voudront sortir de cette espèce de tripartisme.
34:12C'est la guerre des blocs. On est dans la guerre des blocs aujourd'hui.
34:16– Alors vous en pensez quoi de cette tripartition de la vie politique aujourd'hui ?
34:20C'est une bonne ou une mauvaise chose ?
34:22Est-ce que vous redoutez cette guerre des blocs dont nous parle Bruno Retailleau ?
34:26– Le problème, c'est que Bruno Retailleau, c'est de l'incantation.
34:28Il faut, il n'y a qu'à.
34:29Mais il fait comment, lui, pour dire qu'il faut deux blocs ?
34:32Moi, je vais vous dire comment ça va se passer.
34:35Je pense que petit à petit, il y aura une clarification entre celles et ceux
34:39qui veulent une alliance avec notre formation politique
34:41pour pouvoir gouverner la France.
34:43Elle est déjà à l'œuvre avec Éric Ciotti.
34:45Et puis, il y a ceux qui choisiront la gauche et donc qui iront…
34:49– Vous parlez quoi ? Vous parlez d'un gouvernement d'union nationale ?
34:52– DLR, je vous parle de DLR. – Oui, j'ai compris.
34:54– C'est déjà à l'œuvre.
34:55Il y a une partie qui est chez Macron, la base est chez Monsieur Ciotti.
34:59– Pour vous, Macron, c'est la gauche ?
35:01– Oui, c'est la gauche, oui.
35:02C'est la gauche libérale, la social-démocratie européenne.
35:05Mais pour moi, c'est la gauche, oui.
35:06– Mais Marine Le Pen, ce matin, dit qu'il faut un gouvernement d'union nationale
35:09qui irait jusqu'à la gauche.
35:11– Il pourrait y avoir des gauches.
35:12Une gauche patriote, une gauche soucieuse de la souveraineté des États
35:15et de la souveraineté du peuple.
35:17Ça existe.
35:18Alors, ils ne sont pas légion, ils ne sont pas légion aujourd'hui.
35:20– C'est qui, la gauche patriote ?
35:22– Il y en a un. Vous en voyez dans la ruralité.
35:24Moi, je vois des élus locaux qui sont pétris de cet amour de la France,
35:29qui veulent la souveraineté de la France par rapport à une Union européenne
35:35trop ouverte sur les 80 mondiaux, etc.
35:39Ça existe.
35:40Alors, ils ne peuplent pas, c'est vrai, les plateaux de télévision,
35:42ni les partis politiques, parce qu'ils ont été écartés
35:45systématiquement de la formation politique.
35:47Ils ne sont pas dans la pensée unique.
35:48Mais ça existe.
35:49Et donc, il peut y avoir, ou peut-être il y aura,
35:52dans le gouvernement de Jordan Bardella, ce genre de personnalité.
35:55Vous savez, moi, je fais la différence.
35:56– Vous donnez la main à qui, qu'on comprenne exactement ?
35:58– Je ne vais pas vous dire qui, parce que les gens,
35:59ils se dévoient à leur honte d'eux-mêmes.
36:01Mais ça existe.
36:02Je veux dire, moi-même, je viens d'une famille de gauche rurale
36:05au fin fond des Pyrénées.
36:07C'était plutôt à gauche au début du siècle dernier.
36:09Bon ben, ça a évolué.
36:10Maintenant, c'est patriote, national et souverainiste.
36:13– Et votre nouvel allié, Éric Ciotti, qui vient des LR,
36:17qui est plutôt des LR tendance dure, il est d'accord pour un gouvernement
36:20d'union nationale jusqu'à la gauche, patriotique ?
36:22– J'allais vous dire, c'est presque la philosophie
36:25de l'exercice du pouvoir de Général De Gaulle.
36:28De Gaulle, il disait qu'au-dessus des partis, il y a la France.
36:31Eh bien, aujourd'hui, au-dessus de nos partis politiques
36:34et de nos intérêts de parti, il y a l'intérêt supérieur du pays
36:38et il y a la France.
36:39Et donc, dans ce cadre-là, vous allez retrouver tous les patriotes
36:42qui sont de droite et, pour certains, qui sont de gauche.
36:45– Bon, mais nous sommes en 2024.
36:47Jean-Baptiste Barthoud.
36:48– Louis Alliaud, des manifestations qui se multiplient effectivement
36:51contre l'arrivée possible, éventuelle, du RN à l'Assemblée nationale majoritaire,
36:55en tout cas, des pétitions, des tribunes, des appels de personnalités
36:58à faire barrage au RN, ça se multiplie.
37:00Certains jugent que ces manifestations pourraient tout de même,
37:02dans la dernière ligne droite, être déterminantes et vous être défavorables,
37:06voire faire changer d'avis certains Français.
37:08Est-ce que vous croyez cela possible ?
37:10Est-ce que vous craignez ces manifestations qui se multiplient
37:12ces derniers jours et encore aujourd'hui ?
37:14– Non, parce que c'est la théorie de la peur
37:16et je pense que les Français sont vaccinés.
37:19Ils ont tout eu, les grèves sur les lois du travail,
37:22les grèves agricoles, ils ont eu, à juste titre d'ailleurs,
37:27les gilets jaunes, il y a eu des perturbations, il y a eu les émeutes.
37:32Les Français, aujourd'hui, sont dans un état d'esprit de tourner une page
37:36et ils savent très bien qu'en tournant cette page,
37:39il y aura une minorité agissante, violente, qui viendra dans les rues
37:43tenter de faire le coup de poing pour empêcher le résultat des urnes.
37:47– Vous pensez qu'il y a des gens qui n'ont pas la force contre vous ?
37:51– Ils se mettront donc dans la situation des partisans de M. Trump
37:55à l'assaut du Capitole et en France, il y a des forces de police,
37:59il y a la loi et des juges pour ramener tout ce petit monde,
38:03soit en prison, soit ailleurs et j'allais dire
38:07que ça permettra de rétablir l'ordre républicain.
38:10La démocratie, c'est la souveraineté du peuple.
38:13– Il est prévu qu'une éventuelle victoire du RN soit contestée dans la rue
38:16par la force, par certaines…
38:18– Elle l'est déjà alors que nous ne sommes pas au pouvoir.
38:20M. Macron, il est contesté, il a été contesté durement.
38:23– Il y a des manifestations, ce n'est pas un rapport de force.
38:26– Celle de l'art de triomphe, vous trouvez que c'est une simple manifestation, vous ?
38:29– Non, mais ce n'est pas la majorité des Français, quand même.
38:31– Mais là, vous n'aurez pas la majorité des Français,
38:33puisque la majorité des Français va voter pour nous.
38:35C'est une différence notable.
38:36Et d'ailleurs, dans toute l'agitation que je vois,
38:38des gens qui s'expriment, une minorité de professeurs,
38:41une minorité de journalistes, une minorité de syndicats,
38:44vous avez plein de gens, de citoyens qui ne disent rien,
38:47parce qu'ils ne sont pas d'accord avec ça.
38:49Moi, je connais plein de professeurs qui ne sont pas d'accord avec ça.
38:51Je connais beaucoup de journalistes qui ne sont pas d'accord avec ça.
38:54Je connais beaucoup de travailleurs qui sont syndiqués,
38:57pourtant dans les organisations syndicales traditionnelles,
38:59qui ne veulent pas de cette chien-lila.
39:01Donc les gens respecteront la souveraineté des urnes
39:04et regarderont les premiers pas du gouvernement Bardella.
39:07Et quand ils verront que nous gouvernons la France,
39:10j'allais dire, d'une manière efficace,
39:12et bien ils diront, finalement, on a bien fait.
39:14Mais pour la gouverner d'une manière efficace,
39:15il faut déjà avoir la majorité absolue.
39:17Est-ce que vous êtes certain de la décrocher, Louis Alliot ?
39:19Moi, je pense qu'au regard de la dynamique qui est la nôtre sur le terrain
39:22et de la volonté ferme de nos compatriotes de tourner la page,
39:25je pense que nous aurons une majorité absolue.
39:27Mais il y a quand même une hypothèse où vous avez une majorité,
39:29mais qui reste relative.
39:31Et pourquoi est-ce que vous dites, à ce moment-là,
39:34on refuse de gouverner ?
39:37C'est un vieux débat constitutionnel.
39:39J'ai d'ailleurs retrouvé un excellent livre du doyen Charles Zorbib.
39:43En 1986, il est sorti, sur les différents scénarios.
39:47Alors vous avez le président piège la majorité,
39:50ça veut dire tout se passe bien au bénéfice du président,
39:53c'est ce qui est arrivé d'ailleurs à Mitterrand avec Chirac.
39:55Et vous avez le président qui démissionne,
39:58parce qu'il n'a plus que cette solution.
40:00S'il n'arrive pas à gouverner, à faire passer au contexte de loi,
40:02il sera bien obligé de démissionner.
40:04Et puis vous avez le scénario où le président laisse gouverner
40:08la majorité qui a été élue à l'Assemblée nationale
40:11pour appliquer une politique.
40:13Et dans ces conditions-là, nous irons jusqu'à l'élection présidentielle.
40:17Et à l'élection présidentielle, il y aura le grand débat.
40:19Mais vous pourriez essayer de constituer une majorité dans ces cas-là.
40:21Alternative, vous n'avez pas la majorité absolue.
40:23Imaginons le 7 juillet, vous allez peut-être essayer de chercher
40:26des personnalités de droite ou de gauche, comme vous disiez tout à l'heure.
40:28Oui, mais les personnalités de droite...
40:30Non, vous renoncez d'emblée en disant, on ne va pas maintenir ?
40:32Parce que vous n'y arriverez pas, en fait.
40:34Si vous avez une majorité relative, comme a eu M. Macron...
40:37Oui, mais si vous arrivez en tête...
40:38Est-ce qu'il a réussi, lui, à faire des majorités alternatives
40:41alors qu'il est en majorité relative ? Non.
40:43La preuve, c'est qu'il a été contrait de dissoudre l'Assemblée.
40:45La preuve, Jordan Bardella pourrait aller à Matignon avec une majorité relative.
40:47Nous avons un programme politique alternatif.
40:51Cette alternance politique doit s'appuyer sur une majorité absolue.
40:57Et s'il n'y a pas cette majorité absolue,
41:00il y a des mesures qui ne seront, j'allais dire, pas applicables immédiatement.
41:04Et il faudra attendre encore plus longtemps.
41:06Et je ne pense pas que ce soit la volonté du peuple.
41:08Mais si vous arrivez en tête...
41:10Mais oui, ça ne veut rien dire, arriver en tête.
41:12Si vous arrivez en tête à 60 ou 70% de la majorité...
41:14Oui, mais les gens, on ne va pas les faire re-voter.
41:16Voilà, ils auront voté deux fois, les élections législatives seront passées,
41:19vous arrivez en tête, mais vous n'êtes pas majoritaire.
41:21Qu'est-ce qu'il se passe après ?
41:23Vous faites votre gouvernement, vous allez aux affaires,
41:25vous faites votre premier projet de loi,
41:27il y a une motion de censure, elle est votée.
41:29Est-ce que c'est ça qu'on veut ? Une perturbation supplémentaire ?
41:31Et là, quoi ?
41:33La vérité, c'est que c'est le Président de la République
41:35qui a la main dans cette affaire.
41:37Il n'y a que lui.
41:39Il a utilisé tous les leviers que la Constitution lui a permis,
41:41y compris maintenant ce droit de dissolution.
41:45Après ce droit de dissolution, s'il n'a pas de majorité
41:48et que les institutions sont bloquées...
41:50Vous notez cette démission ?
41:52C'était la doctrine que le Général de Gaulle a mentionnée
41:56dans sa conférence de presse sur les institutions en 1964.
42:00Il doit démissionner pour aller à nouveau devant l'onction populaire
42:05qui remettra les institutions à leur place.
42:07Ça me paraît cohérent.
42:09La Ve République s'est basée sur ça.
42:11Elle ne s'est pas basée sur la confiscation du pouvoir
42:13par une oligarchie en place.
42:15Elle s'est basée sur la volonté du peuple
42:18qui soutient un exécutif efficace pour appliquer des lois.
42:22Cet exécutif, s'il ne peut pas appliquer les lois
42:25parce que le Président l'en empêche
42:27ou parce qu'il n'y a pas de majorité absolue,
42:29il faut retourner aux urnes.
42:31La seule manière que le Président pourra faire,
42:33c'est de démissionner de sa fonction.
42:35Et s'il arrive à Matignon, Jordan Bardella,
42:37est-ce que c'est l'homme de la situation, selon vous ?
42:39Oui, évidemment.
42:41À 28 ans seulement, quand on n'a encore jamais exercé le pouvoir.
42:43Ce n'est pas une question d'âge.
42:45Dans des périodes beaucoup plus compliquées,
42:47il y a des jeunes gens comme lui
42:49qui ont pris des risques insensés
42:51et qui, heureusement, étaient là.
42:53Il y a des jeunes gens qui ont pris des risques
42:55dans les généraux de Napoléon
42:57ou dans la résistance française.
42:59Et heureusement qu'il y a eu des jeunes gens
43:01qui ont pris des risques
43:03et qui ont été tout à fait à la hauteur
43:05de cet enjeu.
43:07En tout cas, je peux vous dire qu'au Rassemblement national,
43:09on a une totale confiance en lui.
43:11Et je dois dire que le binôme
43:13Marine Le Pen pour l'Elysée,
43:15Jordan Bardella pour Matignon,
43:17plaît énormément.
43:19Tous les jours, on nous en parle sur le terrain.
43:21Qui sera chargé de s'occuper de la sécurité ?
43:23On a en perspective les Jeux olympiques
43:25et les Jeux paralympiques de Paris.
43:27Qui va s'occuper de la sécurité ?
43:29Les Jeux olympiques sont déjà réglés.
43:31Vous avez
43:33une organisation qui s'en occupe
43:35avec déjà
43:37tout le processus, les plans,
43:39la stratégie de sécurité qui sont
43:41en place.
43:43Quand vous arrivez aux affaires, vous faites confiance
43:45aux gens qui ont mis ces structures en place.
43:47Vous n'allez pas démanteler
43:49des choses qui semblent fonctionner
43:51pour l'organisation des Jeux olympiques.
43:53Mais il y a des réunions déjà ? Des échanges d'informations ?
43:55Est-ce que ce n'est pas dangereux, quand même inquiétant
43:57de confier les rênes à un nouveau ministre de l'Intérieur
43:59qui va complètement débarquer, prendre le dossier en main ?
44:01Il ne débarque pas.
44:03Il faut être raisonnable. Il y a la continuité
44:05de l'État. Il y a la continuité
44:07des ministères. Et quand un ministre
44:09succède à un autre, il vient
44:11avec les dossiers
44:13à jour. Et il se met à jour
44:15de ses dossiers et il continue
44:17ce qui lui paraît être le plus utile
44:19pour les Jeux olympiques. C'est l'immédiateté.
44:21Et tout a été fait par les forces
44:23de sécurité, que ce soit police,
44:25gendarmerie ou l'armée.
44:27Les renseignements et en collaboration
44:29d'ailleurs avec d'autres pays étrangers.
44:31Je ne vois pas pourquoi un ministre de l'Intérieur du gouvernement
44:33Bardella viendrait tout chambouler à quelques jours
44:35des Jeux olympiques. Il faudrait être, pour le coup,
44:37très léger.
44:39Vous voyez devenir ministre, Louis Alliot ?
44:41Je ne le sais rien. Moi, je me vois surtout gagner cette élection.
44:43Après, on pourra discuter du reste.
44:45Vous préférez rester à Perpignan ou aller à Paris dans un ministère ?
44:47On peut faire les deux. Vous savez, il y a beaucoup
44:49de maires dans l'histoire constitutionnelle
44:51d'autres pays qui ont aussi été ministres.
44:53Vous voulez remettre le cumul des mandats ?
44:55Ce n'est pas un cumul des mandats. Non, le cumul,
44:57c'est que des élections. Ce n'est pas des nominations.
44:59Merci, Louis Alliot.
45:01Vous restez avec nous. Il est temps d'accueillir
45:03notre second invité pour le livre de la semaine.
45:15Bonjour, Raphaël Yorka.
45:17Bonjour. Merci de nous avoir rejoints sur le plateau
45:19de questions politiques. Vous êtes essayiste,
45:21l'un des experts associés à la fondation
45:23Jean Jaurès et l'auteur de plusieurs
45:25ouvrages sur la marque Macron,
45:27par exemple, sur les nouveaux masques
45:29de l'extrême droite et vous avez été
45:31honoré du prix de la tribune
45:33il y a trois semaines pour votre roman
45:35national des marques, tout cela publié aux éditions
45:37de l'Aube. Je voudrais qu'on s'intéresse
45:39aussi à cette tribune que vous avez
45:41signée cette semaine dans le journal
45:43Le Monde, intitulée « Tout se passe
45:45comme si la dissolution avait psychiquement
45:47autorisé la liquidation
45:49de toutes les limites
45:51politiques ». Qu'est-ce que ça veut dire
45:53exactement ? Expliquez-nous la dimension psychique
45:55que vous percevez, vous, dans cette
45:57dissolution. Ce qui
45:59m'est assez rapidement apparu au soir de
46:01la dissolution, c'est que se cantonner
46:03à l'analyse strictement politique était un peu
46:05insuffisante. C'est-à-dire qu'il m'a semblé
46:07que l'acte politique décidé par le président de la République
46:09avait provoqué
46:11un état de sidération qui était assez proche
46:13de celui occasionné lors du confinement.
46:15Et j'ai tenté cette formule
46:17qui est celle du coup d'état
46:19psychique. Le coup d'état psychique
46:21n'a rien à voir sur le
46:23strict point de vue juridico-légal. C'est
46:25l'article 12 de la Constitution, c'est une prérogative
46:27du président de la République. Il a le droit
46:29de le faire et ce n'est pas le sujet. Le sujet
46:31c'est de se positionner sur le plan symbolique
46:33et psychique. Et il me semble que
46:35ce faisant, en prenant tout le monde
46:37de cours, premier élément,
46:39avec une sorte d'urgence temporelle, seulement
46:4120 jours pour battre campagne, avec une sorte
46:43de dramatisation extrême
46:45des enjeux, à savoir l'arrivée
46:47potentielle de l'extrême droite au pouvoir,
46:49il avait, en faisant
46:51cet acte politique-là,
46:53fait un acte politique
46:55d'une telle...
46:57Brutalité ?
46:59Je dirais d'un potentiel de
47:01déstabilisation psychique
47:03tellement important
47:05qu'il a eu pour conséquence de
47:07neutraliser, et je pense que ce terme est très
47:09important, les réflexes politiques traditionnels
47:11et au fond, ouvert,
47:13et c'est effectivement ce que vous lanciez en introduction,
47:15ouvert la possibilité de faire
47:17sauter tout un tas de verrous qui, moi,
47:19j'en suis persuadé, n'auraient pas sauté dans des
47:21conditions politiques normales.
47:23Alors lesquelles, par exemple ?
47:25Quel verrou a sauté qui vous a surpris ?
47:27A quel moment certains élus auraient fait
47:29n'importe quoi, entre guillemets ?
47:31Ce n'est pas n'importe quoi.
47:33J'ai tenté cette expression de
47:35psychose politique
47:37en faisant très attention parce que
47:39il ne s'agit pas de pathologiser
47:41certains comportements politiques.
47:43En revanche, quand on regarde le dictionnaire
47:45de la psychanalyse, la psychose, c'est quoi ?
47:47C'est une altération
47:49du rapport au réel
47:51et au fond, une altération des conditions
47:53de logique et de raisonnement habituel.
47:55L'exemple
47:57emblématique que j'ai en tête, mais ça fait
47:59déjà partie du passé, les choses vont tellement vite
48:01en quelques jours, l'exemple
48:03emblématique étant évidemment le ralliement
48:05d'Éric Ciotti. On connaissait sur le fond
48:07les
48:09accointances, les rapprochements
48:11qu'il était connu de tout le monde.
48:13Sa droite très dure depuis très longtemps.
48:15En revanche, la façon dont
48:17il a franchi le Rubicon,
48:19avec cette espèce d'état d'esprit
48:21assiégé, très solitaire.
48:23On a tous eu les images
48:25assez ahurissantes d'un patron d'une droite
48:27républicaine, d'un parti de gouvernement
48:29il n'y a pas si longtemps que ça, les républicains
48:31qui tout seuls dans son siège
48:33c'est des images
48:35quand même extraordinaires.
48:37Donc, j'interroge quand même
48:39cette notion-là, où au fond
48:41le président de la République avait parlé de moments de clarification,
48:43d'une épreuve de vérité
48:45qui reposait sur l'idée
48:47sur laquelle ça ne ferait qu'accélérer
48:49des transformations sous-jacentes
48:51déjà établies. Et au fond,
48:53il ne le dit pas comme ça, mais il nous ferait gagner du temps.
48:55Il ferait advenir en 20 jours
48:57ce qui a pris 3 ans à le faire.
48:59Je crois que ce n'est pas le cas.
49:01Je crois qu'il y a une force d'agentivité
49:03c'est-à-dire que ça change les choses,
49:05cet acte politique de la dissolution.
49:07Les cartes, on l'a vu, et les lignes ont bougé
49:09en quelques jours bien davantage
49:11qu'en quelques années en réalité.
49:13Donc on voit bien que ça a créé un monde politique
49:15très particulier, et je le trouve assez inquiétant.
49:17Je voudrais me tourner 2 minutes vers vous,
49:19Louis Alliot, très rapidement. Est-ce que vous êtes d'accord
49:21avec cette analyse de la sidération psychique
49:23ou psychologique dans laquelle
49:25Emmanuel Macron a placé le pays ?
49:27C'est sûr que nous on l'a demandé
49:29mais on s'attendait à une dissolution
49:31en septembre, au mois d'octobre.
49:33Vous-même vous avez été un peu sidéré ?
49:35Sidéré je dirais pas, mais beaucoup ont été sidérés, c'est vrai.
49:38Mais après il y a un effet de saturation
49:40c'est-à-dire la campagne permanente
49:43contre l'extrême droite, l'extrême droite, l'extrême droite
49:45aujourd'hui elle n'a aucun effet sur le terrain
49:47parce que les gens ne sont pas des débiles.
49:50Si vous avez une voiture rouge
49:52que vous leur dites que cette voiture est bleue
49:54ils vous disent non, cette voiture est rouge
49:56et vous pouvez continuer à dire que c'est une voiture bleue
49:58ils ne respecteront pas, ils n'écouteront pas ce que vous dites
50:02et aujourd'hui on en est là, c'est-à-dire moi j'entends sur toutes les antennes
50:04et quand je me balade dans la rue à Perpignan
50:06mes concitoyens se disent
50:08mais ils n'ont rien compris, ils n'ont rien compris
50:10et si je puis dire, vous les médias vous continuez
50:12et donc finalement ça sert
50:14notre campagne électorale
50:16d'une manière assez efficace.
50:18Il me semble qu'un des éléments importants du débat
50:20c'est la date de la dissolution
50:22parce qu'en fait quand on interroge tous les acteurs
50:24on s'attendait à ce qu'il y ait une dissolution
50:26et effectivement c'était soit maintenant
50:28soit en septembre-octobre au moment du budget
50:30qu'est-ce qui change, qu'est-ce qui fait
50:32que cette dissolution-là
50:34est différente de celle qui aurait pu avoir lieu
50:36en septembre-octobre
50:38plus à froid disons.
50:40Alors il y a deux effets de timing pour moi
50:42le premier élément c'est le soir des européennes
50:44c'est-à-dire qu'il faut bien se remettre
50:46dans l'état psychique des états-majors
50:48qui ont mené une campagne très longue
50:50très épuisante, où au fond
50:52ils ont fait du mieux qu'ils peuvent, quels que soient les partis
50:54ils se projetaient dans quelques jours de repos
50:56pour reconstituer les forces
50:58et d'autre part
51:00percer la bulle militante, c'est quelque chose de très important
51:02lorsqu'on vit en cloche dans une campagne politique
51:04on n'entend que des sons de cloche de son propre parti
51:06il faut se reconnecter au réel
51:08et donc ça nécessite de percer la bulle militante
51:10en décidant le soir même
51:12de replonger tout le monde
51:14dans un état d'urgence
51:16de mener campagne en 20 jours
51:18donc c'est un premier élément de timing le soir des européennes
51:20le deuxième élément je crois que c'est la durée
51:22quand le Président de la République parle d'un acte démocratique
51:24de refaire appel au peuple
51:26et de leur donner la parole
51:28là on ne peut pas le contredire
51:30en revanche, à quoi, et on l'a bien vu
51:32on est déjà à mi-temps de la campagne
51:34à quoi ressemble une campagne de 20 jours
51:36quels sont les thèmes discutés
51:38quelle est la qualité du débat démocratique
51:40il n'y en a pas, et pardon mais
51:42les discussions de ce matin
51:44moi je suis sidéré
51:46c'est presque une émission pour rien
51:48en vous écoutant M.Aliot
51:50j'ai eu cette phrase de Roland Barthes qui m'est revenue
51:52le sémiologue Roland Barthes
51:54il pointait du doigt dans ses mythologies
51:56ses discours qui visent
51:58à recouvrir les faits d'un bruit de langage
52:00recouvrir les faits
52:02d'un bruit de langage
52:04on comprend bien que vous êtes là M.Aliot
52:06pour recouvrir les faits d'un bruit de langage
52:08vous reculez sur tout
52:10vous arrondissez les angles
52:12vous esquivez toutes les questions
52:14et au fond moi je suis sidéré
52:16démocratiquement
52:18de quoi on discute
52:20puisque sur le fond, le droit du sol
52:22on le fera peut-être plus tard
52:24on ne comprend pas votre raisonnement
52:26il n'y a que vous qui ne le comprenez pas
52:28peut-être que vous êtes trop intelligent
52:30je vais vous dire M.Aliot
52:32je fais des entretiens qualitatifs toute la semaine
52:34toute la semaine j'ai entretenu
52:36des groupes de français, des groupes de 4, 6 pendant 2 heures
52:38l'état global
52:40alors que ce soit des électeurs RN
52:42des macronistes déçus
52:44des jeunes abstentionnistes, des femmes de gauche
52:46à chaque fois, la même situation
52:48est la suivante, on ne comprend pas ce qui est en train de se passer
52:50et c'est grave démocratiquement
52:52donc sidération psychologique aussi des électeurs
52:54oui, et c'est vérifié
52:56et juste un dernier élément
52:58la situation est paradoxale
53:00parce qu'il y a une forte volonté de se mobiliser
53:02tous les instituts de sondage le mesurent
53:04les gens vont aller voter, le problème
53:06c'est que dans l'état de bordel
53:08et de bazar ambiant, c'est leur expression que je cite
53:10de bordel et de bazar
53:12on ne comprend pas ce qui est en train de se passer
53:14et là il me semble qu'il y a un problème démocratique
53:16vous croyez qu'après 68
53:18il n'y avait pas le bordel comme vous dites
53:20et la dissolution a remis les pendules à l'heure
53:22vous avez du mal à vivre en 2024 quand même Louis Alliot
53:24vous nous faites tout le temps des références historiques
53:26il faut quand même nous parler de la situation d'aujourd'hui
53:28excusez moi, c'est assez hasardeux comme titre
53:30et rapidement
53:32il nous reste une minute
53:34la campagne des européennes qui a été normale
53:36c'est à dire à durée normale
53:38elle n'a en rien clarifié le débat non plus
53:40donc est-ce que c'est l'accélération
53:42qui perturbe le débat
53:44ou c'est le fait qu'on est incapable de rationaliser
53:46les choses et que c'est une campagne dominée
53:48par les passions, la détestation
53:50est-ce que ce n'est pas plutôt ça le sujet non ?
53:52lors des européennes, alors il y a eu
53:54beaucoup de difficultés à faire percer des mesures
53:56et des débats dans le débat public
53:58en revanche il y avait programme
54:00contre programme, il y avait des visions très
54:02claires exprimées sur l'Europe, sur la défense
54:04sur les politiques européennes
54:06alors que les gens se soient désintéressés c'est une chose
54:08mais elles existaient, là le problème
54:10de devoir faire campagne en 20 jours
54:12c'est qu'on ne comprend pas les programmes qui sont établis
54:14et j'ai essayé de taper
54:16programme législatif 2024 du Rational
54:18National, parce que celui du
54:20nouveau Front Populaire on peut le télécharger
54:22on peut le critiquer évidemment
54:24à la bonne heure
54:265 jours
54:28mais vous voyez ce que je veux dire
54:30c'est une absurdité démocratique
54:32allez je suis obligé de vous couper tous les deux
54:34les français savent ce que nous voulons
54:36ils le savent
54:38on s'en est rendu compte dans cette émission
54:40merci Raphaël, je rappelle le titre
54:42de votre dernier livre
54:44le roman national des marques paru aux éditions
54:46de l'aube, merci à vous aussi
54:48Louis Alliot d'être venu dans Question Politique
54:50ce dimanche, merci à toute l'équipe
54:52Fabienne Lemoyle à la rédaction en chef
54:54et bien sûr à Maurie Bauchet à la programmation
54:56on vote donc deux dimanches
54:58de suite, dimanche prochain le 30 juin
55:00et le 7 juillet, nous on se retrouve
55:02exceptionnellement le 14 juillet
55:04pour débriefer ce qui se sera passé
55:06et pour la dernière émission de la saison
55:08en attendant je vous souhaite une excellente fin de journée

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