Dans une interview au Télégramme, Marine Le Pen a qualifié "d'honorifique" le titre de "chef des armées" du président de la République, estimant que "c'est le Premier ministre qui tient les cordons de la bourse"
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00:00— C'est un petit signal envoyé au président de la République. Quand il y aura une majorité contraire à la sienne, il devra tenir compte de la volonté des urnes.
00:09C'est un peu l'effet miroir de ce qu'avait fait François Mitterrand à l'époque, où il avait dit « Mais enfin, si quelqu'un s'occupe des affaires étrangères,
00:17ce sera un coup d'État ». Bon, c'est très bien que ça n'aurait pas été un coup d'État. Et c'était un signal envoyé à l'opposition future majorité
00:25qu'il fallait composer avec lui. Eh bien c'est un peu la même chose de l'autre côté.
00:30— Mais est-ce que vous, si vous arrivez au pouvoir, votre rôle ne sera pas aussi de respecter la Constitution ? Le président, c'est le chef des armées.
00:37C'est ce que dit la Constitution. — Eh oui. Mais l'article 20 et l'article 21 donnent la défense nationale au Premier ministre et donnent
00:45un certain nombre de prérogatives au gouvernement et au Premier ministre. Et c'est un vieux débat constitutionnel qui a toujours pas été réglé.
00:53D'ailleurs, il aurait mérité de l'être, peut-être, qui fait qu'il y a un partage qui dépend en fait de la bonne intelligence du pouvoir
01:01entre les deux hommes, mais qui n'est pas inscrite dans le marbre ni d'un côté ni de l'autre. C'est bien le problème.
01:07— Je vous relis pour les téléspectateurs qui ne connaissent pas par cœur la Constitution, l'article 15, 20 et 21 que vous citez.
01:13Le président est le chef des armées. Le gouvernement dispose de la force armée. Et le Premier ministre est responsable de la défense nationale.
01:21Le message que vous envoyez là, que Marine Le Pen envoie là, c'est quoi ? C'est de dire en gros que cette cohabitation, elle va pas être simple.
01:28C'est ce qu'on ressent. — C'est de respecter. Mais vous savez, celle de 1986 n'a pas été simple. Et pourtant, elle s'est passée.
01:36Et donc il n'y a aucune raison que ça se passe mal. Simplement, le président de la République...
01:42— Sauf qu'à l'époque, il n'y avait pas de divergence aussi marquée sur les grands principes de politique étrangère.
01:50— Vous savez, je regrette... Édouard Balladur, par exemple, a arrêté un certain nombre de volontés d'aller bombarder à droite et à gauche
02:01à l'époque au Rwanda, je crois. Et pourtant, ça s'était passé. Donc il faut pas croire que ça se passe comme ça, que tout le monde est d'accord.
02:08Ce n'est pas vrai. Et de ce point de vue-là, il y a toujours des négociations. Il y a toujours peut-être des compromis.
02:16Mais quand vous vous faites élire avec une majorité à l'Assemblée nationale, le peuple vous a donné mandat pour gouverner.
02:24Et on voit pas comment le chef de l'État pourrait s'y opposer d'une manière – j'allais dire – rigide et brutale.
02:30Et donc encore une fois, je le dis, à la tête de l'exécutif est un couple. Et il faudra évidemment que chacun agisse en bonne intelligence
02:40selon les prérogatives constitutionnelles, mais toujours avec l'idée que la majorité du peuple s'est exprimée par les élections législatives.
02:51Et le pouvoir législatif appartient à l'Assemblée nationale et au Sénat.