Les français vont-ils plus aller voter aux législatives qu'aux européennes ? Manifestement oui si l'on en croit les sondages sur le taux de participation. A qui pourrait profiter cette hausse de la participation ?
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00:00Est-ce que vous allez voter aux législatives ? Est-ce que vous n'avez pas voté aux européennes mais du coup vous allez voter aux législatives parce que ça vous paraît plus important ?
00:09C'est en gros la question qu'on veut savoir, on veut savoir un peu comment on se positionne.
00:12Exactement, vous êtes 84% à dire que vous avez voté aux européennes et que vous allez voter aux législatives.
00:18Vous êtes 10% à dire que vous n'avez pas voté aux européennes mais que vous voterez aux législatives, c'est clair, jusqu'à présent.
00:25Et vous êtes seulement 6% à dire que vous n'allez pas aller voter aux législatives.
00:30Et on ne vous demande pas si vous êtes allé voter aux européennes dans ce cas-là parce qu'à mon avis si vous n'allez pas voter dimanche, c'est que vous n'avez pas voté il y a 15 jours.
00:3704 67 58 6000, prenez la parole donc.
00:40Exprimez-vous sur France Bleu et Réau, ce matin il paraît que Michel Crespi est avec nous.
00:43Absolument.
00:44Sociologue et politologue.
00:45Tout à fait, il est dans ce studio.
00:47Bonjour Michel Crespi.
00:48Bonjour.
00:49Vous observez la vie politique de ce pays depuis un certain nombre d'années on va dire.
00:54Bon, vous confirmez que ce qu'on est en train de vivre en ce moment est totalement inédit.
00:58Oui.
00:59Mais vous dites totalement prévisible.
01:02Prévisible, c'est l'évolution de ce que nous connaissons depuis 6-7 ans.
01:08La France est coupée en trois.
01:10Alors trois morceaux qui sont inégaux.
01:13Tantôt l'un l'emporte, ça a été le cas des partisans de Macron dans les dernières années.
01:20Tantôt c'est l'autre.
01:22Actuellement c'est plutôt le Rassemblement National.
01:25Mais toujours en trois morceaux, ce qui empêche une majorité absolue.
01:29Alors on va revenir là-dessus.
01:30Avant cela, j'aimerais qu'on rebondisse par rapport à notre sondage et qu'on parle avec vous
01:35de ce regain de participation qu'on annonce pour les législatives.
01:38Un taux de participation aux alentours de 62-63%.
01:41Ce sera peut-être un petit peu plus.
01:43Ça veut dire quoi le fait que les gens votent plus sur législative à ces législatives-là qu'aux européennes seulement vous ?
01:49Ça veut dire qu'ils ont conscience qu'il y a un enjeu très fort.
01:53La participation est très liée au sentiment qu'on est en présence d'un enjeu.
01:59Et effectivement, la question qu'ils se posent, c'est de savoir si le Rassemblement National aura ou non une majorité absolue.
02:06Une majorité relative, ça parait acquis.
02:09Une majorité absolue, c'est pas certain.
02:12À qui va profiter ce regain en fait ?
02:15Se mobilisent autant ceux qui souhaitent cette majorité absolue pour le Rassemblement National,
02:21parce qu'ils veulent donner un coup de pied dans la fourmilière, comme ils disent,
02:25ou renverser la table, enfin il y a plusieurs situations.
02:28Mais ça parle en tout cas.
02:30Voilà, et puis ceux qui en revanche veulent s'y opposer absolument et qui votent pour les autres formations.
02:36Oui, c'est-à-dire que ce regain de participation et ce million de procurations signées sur une période d'environ une dizaine de jours,
02:45c'est pas forcément un réveil républicain par peur du RN pour vous ?
02:50Non, pas forcément.
02:52Ça va probablement se répartir à peu près comme s'est réparti le vote aux européennes.
03:00Et quant aux procurations, c'est surtout dû au fait que la dissolution a été inattendue
03:09et qu'un certain nombre de gens avaient pris des dispositions pour les dimanches du scrutin et veulent voter quand même.
03:16Vous, vous ne voyez pas de déséquilibre par rapport au score de ces trois blocs aux européennes ?
03:23Vous pensez que les choses vont pas véritablement être bouleversées ?
03:26Non.
03:27Peut-être un peu plus pour Macron, pour autant avoir la majorité ?
03:30Peut-être.
03:31Par peur des deux autres blocs, en fait, c'est ça ?
03:34Peut-être. Vous savez, le dernier sondage indique que 25% des Français sont satisfaits de la présidence de Macron
03:41et plus de 30% des premiers ministres Attal.
03:45Donc ces gens-là, s'ils vont voter, ils vont voter normalement, logiquement, pour les partis qui soutiennent Macron.
03:52Donc il est probable qu'on va assister à un petit peu de remontée de ce côté-là,
03:58qu'ils vont passer probablement les 20%, mais ils ne vont pas se retrouver à 25 ou 30%.
04:030,467, 0,58, 0,006. On veut vous entendre ce matin. Prenez la parole.
04:07Est-ce que vous allez voter dimanche pour les législatives ? Est-ce que vous allez voter aux européennes ?
04:11On veut connaître votre point de vue par rapport aux votes actuellement. Appelez-nous tout de suite.
04:16Alors maintenant, l'équilibre entre les trois blocs.
04:18Trois blocs, Michel Crespi, le Rennes toujours en tête des intentions de vote,
04:22talonné par le nouveau front populaire et puis le camp macroniste assez loin derrière, environ une dizaine de points.
04:30Comment vous voyez les choses ? Quel est, selon vous, de ces trois blocs, ou en tout cas des deux premiers,
04:37celui qui est le plus susceptible, selon vous, de gouverner la France demain, en état actuel des choses ?
04:42Dans l'état actuel des choses, c'est évidemment le rassemblement national.
04:45La question qui se pose, c'est de savoir s'il aura ou non la majorité absolue, s'il sera un peu au-dessus ou un peu au-dessous.
04:52Mais les deux autres blocs n'ont pratiquement pas de chance de l'emporter avec une majorité absolue.
04:59Vraiment, dans leurs rêves les plus fous, ils peuvent espérer une majorité relative, mais en aucun cas une majorité absolue.
05:04Alors, le rassemblement national, campagne conduite par Jordan Bardella, qui fait un certain nombre de rétro-pédalages depuis quelques jours,
05:12il a présenté son programme économique hier, mais ça, ça ne fait pas bouger les lignes, ça ne fait pas bouger son électorat.
05:19Non, pas du tout.
05:20Cet électorat-là, il est solidement implanté ?
05:22Oui, l'électorat du rassemblement national est celui qui est le plus décidé et qui est le moins versatile.
05:27Plus de 80% des gens qui s'apprêtent à voter pour le rassemblement national l'ont décidé il y a déjà longtemps et n'en changeront en aucun cas.
05:36Alors que les autres électorats sont plus mobiles, plus incertains, jusqu'à des gens qui ne savent pas du tout pour qui ils vont aller voter, mais qui vont aller voter.
05:44Et plus versatiles en général.
05:47Oui, j'ai entendu, je crois qu'il y a encore 40% sur un sondage publié, encore 40% de gens qui disent qu'ils n'ont pas complètement arrêté leur choix.
05:54Oui, parce que...
05:55Ou 40%.
05:56Oui, c'est bon.
05:57Ça, c'est pas susceptible de faire bouger les lignes ?
05:59Un petit peu, mais le gros problème, et c'est au-delà du vote, c'est que de toutes les façons, c'est un vote négatif.
06:08Alors voilà, oui.
06:09D'une part, les trois leaders, Bardella, Attal et le leader du FN, qui que ce soit, mais en particulier Mélenchon, ils ont tous une majorité de français qui n'en veulent pas.
06:23C'est ça, on a l'impression que c'est législatif en fait.
06:25C'est trois référendums, un référendum pour ou contre Macron, un référendum pour ou contre Bardella, un référendum pour ou contre Mélenchon.
06:33Parce qu'il a fait un retour de France dans la campagne ce week-end.
06:35Oui, le problème français, c'est qu'on a des majorités contre partout, et on n'a aucune majorité pour.
06:41Et donc c'est très difficile de gouverner quand vous n'avez que des opposants.
06:45Du coup, j'ai envie de vous poser cette question, est-ce que nos institutions sont encore adaptées à ce qu'on est en train de vivre en ce moment ?
06:52C'est difficile à dire, parce que si on dit qu'elles sont inadaptées, il faut proposer autre chose.
06:58Et il n'est pas sûr que notre constitution améliore les choses profondément.
07:05Nous avons une constitution dans laquelle, avec une minorité de voix, on a une majorité de sièges, normalement.
07:11Maintenant, la minorité de voix n'est pas assez importante pour apporter une majorité absolue de sièges.
07:18Mais dans toute l'histoire de la Ve République, il y a toujours eu une majorité absolue de sièges, sauf en 88 et 2022.
07:27Et jamais de majorité absolue de voix.
07:30— On peut faire un peu de politique fiction, Michel ? Enfin, fiction, ce n'est plus tout à fait de la fiction, c'est de la réalité.
07:34— Pas toujours. — Alors, deux scénarios, Michel Klespie.
07:36Le premier, le RN l'emporte, dispose d'une majorité absolue, donc gouverne ses cohabitations avec Emmanuel Macron.
07:43Est-ce que ça, c'est de la stabilité politique pour plusieurs mois ou c'est de l'instabilité, selon vous ?
07:48— Non, c'est de l'instabilité parce que le président de la République, évidemment, va s'opposer à un certain nombre de mesures
07:55que préconise le RN et que le but du RN...
08:00— Parce que c'est celui qui gouverne, on est d'accord. C'est bien le Premier ministre.
08:03— Oui, ils vont gouverner, mais avec dans l'idée d'avoir une présidentielle le plus vite possible pour faire élire Marine Le Pen et avoir tous les pouvoirs.
08:10— Mais comment ils l'obtiennent ? La présidentielle, c'est 2027. Alors pourquoi une présidentielle...
08:16Il faut le rappeler aussi à nos auditeurs. Dans quelles conditions une présidentielle peut être anticipée ou avancée ?
08:21Il y a trois conditions, je crois.
08:23— Si le président de la République meurt, mais bon...
08:26— Il a l'air en bonne santé. — Oui.
08:28S'il démissionne, mais ça, c'est sa seule décision, ou s'il est jugé par le Parlement, réuni en haute cour de justice pour haute trahison.
08:38Il n'y a qu'un seul scénario possible, en l'occurrence. — Absolument.
08:40— C'est la démission. Emmanuel Macron a dit hier qu'il était pas question. Il irait jusqu'en 2027.
08:44Mais il s'est pas coulé dans le bronze. Ça dépendra, évidemment.
08:47— S'il a un gouvernement, un rassemblement national à ses côtés, la pression va être très très très forte.
08:54— Oui. Donc ça veut dire qu'il pourrait éventuellement démissionner avant le terme de son mandat.
08:59Deuxième scénario. Il n'y a pas de majorité absolue. Le RN est devant. Il n'y a pas de majorité absolue.
09:03Il y a une majorité relative, comme ce qu'on connaît actuellement à l'Assemblée. Là, il se passe quoi ?
09:07— Alors ça dépend de la majorité relative. S'il y en a quelques députés près, le RN peut espérer racler
09:13quelques LR, quelques indépendants, quelques non-inscrits peut-être pour...
09:21— Mais si on reste sur une majorité relative. Là, c'est pareil. Le payer est ingouvernable ?
09:24— Non, c'est jamais ingouvernable, parce qu'il faut bien que les impôts rentrent, que les services publics soient assurés...
09:30— C'est-à-dire que vous croyez au scénario du gouvernement technique ?
09:34— Oui. Si il y a effectivement une majorité relative, mais loin de la majorité absolue, il n'y a que cette solution-là, oui.
09:41— Oui. Et ça, on le saura. Alors on le saura. On aura un indicateur des dimanches, notamment par rapport au désistement,
09:46parce que vous dites la clé importante de ce scrutin. Le RN va être en tête. Il y aura une majorité de candidats RN qualifiés pour le second tour.
09:52— Bien sûr. — La clé, après, c'est de savoir comment les candidats du Nouveau Front populaire et les candidats de la majorité présidentielle
10:01vont se comporter en fonction de leur élimination ou de leur qualification les uns vis-à-vis des autres. En fait, c'est ça, la clé, dites-vous.
10:07— Oui, c'est ça. Et également, un changement dans le corps électoral. Vous savez que d'un tour à l'autre, il y a 15% de Français qui changent,
10:16c'est-à-dire que 15% s'abstiennent au premier tour mais vont voter au second, et vice-versa. Donc comment ça va se passer de cette manière-là ?
10:24On le sait pas encore très bien. Comment vont se faire les reports entre Renaissance d'une part, le Nouveau Front populaire d'autre part ?
10:33On sait pas encore très bien non plus. Et là encore, on va avoir beaucoup de gens qui vont se poser la question de savoir qu'est-ce qui est le pire,
10:41qu'est-ce qui peut nous arriver de pire, et au second tour, voter contre celui dont ils ne veulent à aucun prix.
10:48— Sébastien, une question. — Oui. Jordan Bardella a prévenu. Si le RN n'a pas de majorité absolue, il ne souhaite pas aller à Matignon.
10:57Dans ce cas-là, qu'est-ce qui se passe ? Est-ce que le président propose le poste à un autre membre du RN ? Qu'est-ce qui se passe ?
11:06— Si, effectivement, le RN refuse avec une majorité relative de gouverner, on se trouve dans l'hypothèse qu'on évoquait à cet instant,
11:15un gouvernement technique, un gouvernement avec des ministres qui ne seraient pas pris dans le monde politique mais dans la société civile,
11:23et qui géreraient les affaires courantes au moins le temps d'un an, puisqu'on ne peut pas dissoudre avant un an.
11:29— Oui, on n'irait pas chercher le deuxième groupe parlementaire ?
11:33— Le RN a l'air quand même très solidement uni derrière Le Pen et Bardella.
11:39— Mais en même temps, s'ils ne veulent pas gouverner...
11:41— Oui, s'ils ne veulent pas gouverner, mais ça va être très difficile de décrocher deux, trois députés du RN et de réunir autour d'eux une majorité solide.
11:53— Merci beaucoup, Michel Clespi, d'être venu nous éclairer. C'était limpide. Grâce à vous, on a bien compris tous les enjeux autour de cette élection.
11:59Merci d'être venu nous les expliquer ce matin dans le 6-9. Bonne journée à vous, Michel Clespi.
12:03— Bonne journée.
12:04— Si, pour autant, vous voulez quand même réécouter, il y a possibilité.