• il y a 6 mois

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00:00Le 6-9, France Bleue, Saint-Etienne Noir, Restons Connectés.
00:06Il est 7h45, une tribune signée par 150 Stéphanois, artistes, intellectuels, scientifiques, contre le Rassemblement National.
00:13On en parle avec vous ce matin au 04-77-10-0010. Est-ce que ces prises de parole sont importantes ?
00:19Est-ce que vous les écoutez ? On attend votre appel. Dès maintenant, je vous rappelle le numéro 04-77-10-0010.
00:25Et on en parle avec l'un des auteurs de cette tribune, Pascal Bonnard. Bonjour.
00:28Bonjour.
00:29Vous êtes enseignant-chercheur en sciences politiques à l'Université de Saint-Etienne.
00:32Sur le principe même de la tribune, est-ce que c'est la place d'un intellectuel, tout simplement, de prendre position politiquement ?
00:40Eh bien oui, c'est notre place de prendre position dans ce débat.
00:44C'est vrai que ce n'est pas quelque chose qu'on fait de manière systématique.
00:47Mais là, on estime que le contexte l'exige, parce qu'on est dans une situation qui est inédite.
00:54Inédite au niveau national, mais aussi au niveau de la Loire.
00:57C'est la première fois que le Rassemblement National arrive en tête à l'occasion des élections.
01:02Et donc, on estimait qu'on avait besoin de prendre parole pour exprimer notre rejet de ce parti,
01:09notre inquiétude par rapport à ce qui pourrait se passer si jamais celui-ci arrivait au pouvoir.
01:13C'est ce qui peut parfois déranger, c'est le pourquoi maintenant ? Pourquoi il n'y a pas d'engagement au fil de l'eau ?
01:18Pourquoi on le fait forcément dans l'urgence ?
01:21Alors, l'engagement au fil de l'eau, il est présent, mais peut-être d'une autre manière.
01:25Notre rôle, il n'est pas nécessairement de prendre parole, de s'engager directement dans le débat public.
01:31Là, on le fait à cause de l'urgence de la situation.
01:34Notre travail au quotidien, c'est davantage d'enseigner, de faire de la recherche.
01:39Et on estime que c'est aussi une manière de s'engager, mais plus au long cours.
01:43Est-ce que c'est une tribune des élites stéphanoises, ces fameuses élites qui sont parfois critiquées, montrées du doigt par les électeurs du RN ?
01:52On comprend bien que ça puisse être perçu comme ça, appris comme ça, et ça fait partie aussi de l'annonce.
01:57Alors, notre souci, c'est d'éviter ça.
02:00C'est de rappeler aussi qu'on fait partie à part entière de la société stéphanoise, de la vie stéphanoise.
02:07On habite ici, on travaille ici.
02:10C'est aussi la raison pour laquelle on l'a formulée de cette manière-là.
02:14C'était pour éviter de se poser comme une forme d'autorité morale qui vienne en donnant de leçons.
02:19C'est pour ça qu'on indique ce que nous, on va faire.
02:21Le fait qu'on soutienne le Front Populaire, plutôt qu'un appel à voter Front Populaire.
02:26Ça nous a parié à être une manière d'indiquer ce que nous, on entendait faire,
02:30plutôt que de faire la leçon à des électeurs qui ont à faire un choix,
02:35mais qu'on espère aussi, évidemment, un peu éclairer à travers cette tribune.
02:39On l'a dit, cette tribune est signée notamment par des acteurs de la culture.
02:43Vous vous êtes enseignant-chercheur à l'université.
02:46En quoi l'arrivée du RN pourrait avoir un impact sur votre travail et sur la formation de nos enfants ?
02:53Multiple. Effectivement, on peut commencer à parler de ce qui pourrait se passer au sein de l'université.
02:58L'université, clairement, c'est une cible de l'extrême droite.
03:01Ce n'est pas une particularité du cas français.
03:05Ça, on l'observe très bien dans les pays à l'étranger, par exemple en Hongrie, par exemple aux Etats-Unis.
03:11Lorsque l'extrême droite arrive au pouvoir, l'université est prise pour cible.
03:15Tout particulièrement, peut-être, les sciences humaines et sociales auxquelles j'appartiens,
03:20parce qu'on est là pour diffuser un savoir, diffuser des connaissances,
03:25un savoir qui est en partie critique, qui interroge aussi l'endroit social.
03:29Et ça, c'est quelque chose qui déplaît profondément à l'extrême droite.
03:33Globalement, ce sont les services publics qui sont visés par l'extrême droite.
03:37Donc nous, on a un attachement fort aux services publics en général.
03:41Et puis après, il y a la nécessité aussi de rappeler que l'extrême droite, ça reste un parti d'extrême droite,
03:46malgré son apparente banalisation des dernières années.
03:49Ça reste un parti qui est animé par des idées racistes.
03:52Ça reste un parti qui est opposé à la justice sociale,
03:55qui a voté d'ailleurs de manière systématique contre des mesures qui étaient proposées
03:59et qui visaient à corriger les inégalités sociales.
04:02Et un parti également qui n'est pas un parti qui propose des solutions à l'urgence écologique
04:08ou sur les questions des droits des femmes ou d'autres groupes sociaux qui peuvent être minorisés.
04:15Eux, ils vont vous répondre, ça y est, on a la preuve que l'université est un repère de gauchistes.
04:21Vous leur répondez quoi ?
04:23Je pense qu'effectivement, c'est ce qu'ils croient, c'est ce qu'ils se disent.
04:27C'est profondément méconnaître la façon dont on travaille,
04:31le fait qu'à l'université, on n'est pas là pour professer une opinion.
04:36Effectivement, on développe des savoirs qui sont des savoirs critiques,
04:39qui interrogent le monde social.
04:41Donc en cela, on dérange.
04:43On dérange souvent l'ordre établi.
04:45On dérange également peut-être ceux qui souhaitent que ça ne change pas,
04:50que ça reste en l'état.
04:52Parce que le parti du Rassemblement National est avant tout un parti de l'ordre,
04:59au sens peut-être de ce qu'on pouvait appeler un parti de l'ordre dans la période pré-1789,
05:04à l'époque de la Révolution.
05:06C'est un parti qui veut le retour d'un ordre ancien et autoritaire.
05:10Justement, je précise que vous êtes un peu spécialisé dans l'autoritarisme et la démocratie.
05:14Ce sont des thèmes que vous maîtrisez.
05:16Vous dites, dernière question, on ne vote pas pour le RN.
05:20Vous pourriez dire, laissez le choix en fait.
05:22Il y a un autre camp, il y a le camp centriste, centre droit, macroniste.
05:26Pourquoi ce choix pour la gauche ?
05:27Parce qu'on estime que précisément, les gouvernements depuis 2017,
05:32et sans doute d'ailleurs auparavant, ont une part de responsabilité dans la situation actuelle.
05:36Ils ont contribué à banaliser l'extrême droite,
05:39à faciliter aussi un basculement du vote vers l'extrême droite,
05:43de par tout un ensemble de mesures,
05:45de par le mépris qui a été affiché à l'égard aussi bien des structures parlementaires,
05:50on voit la manière dont le Parlement a été contourné à de multiples reprises,
05:54la manière dont aussi les mobilisations,
05:57je pense notamment aux mobilisations contre la réforme de retraite, ont été ignorées.
06:01Et tout ça, ça participe aussi d'un discrédit de la parole publique,
06:06et c'est en ça que ce n'est pas pour nous une solution,
06:09et qu'à l'inverse, on estime que le nouveau Front populaire
06:12propose des solutions à ce nombre de difficultés, de problèmes qu'on rencontre aujourd'hui.
06:17Pascal Bonnard, l'un des signataires, l'un des auteurs de cette tribune,
06:21signé par 150 Stéphanois venus de tous bords.
06:24Vous êtes également enseignant-chercheur en sciences politiques chez nous,
06:27à l'Université de Saint-Etienne.
06:28Merci d'avoir été avec nous ce matin.
06:29Merci.
06:30Bonne journée à vous, 7h51.

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