• il y a 6 mois
Le Collectif « Je Pense Donc Je Vote » est né au début des années 2000 contre l’abstention (à l’époque à seulement 64% sur 2 quartiers, globalement répandue aujourd’hui) et aussi en réaction à la montée du Front National de 2002 et de l’extreme droite, rappelons-le ici. Dans un premier temps, cela consistait à inviter des candidats à faire campagne auprès des habitants, puis a évolué, notamment par le biais d’interviews vidéo diffusées sur leBlog2Roubaix.com.

Pour la très courte campagne des Législatives 2024, nous accueillons David GUIRAUD, député LFI sortant, et candidat au nom du Nouveau Front Populaire, qui nous explique sa vision, le contexte, et ce qu’il a appris de son mandat à Roubaix.



Nous avons aussi contacté Félicie GIRARD (Horizons), Karima CHOUIA (EELV-NFP), Françoise DELBARRE (LO)

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00:00— Est-ce qu'aujourd'hui, communiquer sur les réseaux sociaux, c'est un peu la nouvelle norme politique ?
00:06— Déjà, merci de l'invitation. Moi, j'ai accepté parce qu'on se connaît, parce qu'on a déjà fait des réunions ici,
00:13et que... Disons que j'attache de l'importance à tout ce qui est comité de quartier et à toutes les assos locales dans la ville.
00:20Je pense que c'est important, voilà, d'avoir à vous répondre. On avait déjà fait des réunions ensemble, notamment sur la sûreté,
00:25je me souviens, il y a quelque temps, parce que j'étais sujet dans le quartier. Donc voilà, moi, c'est aussi pour vous expliquer
00:31un peu ma démarche, que je trouve ça important de se parler, de continuer à communiquer. Sur la médiatisation,
00:38disons que... Je trouve que ça se voit beaucoup en ce moment, là, sur les élections législatives. On a une sphère médiatique
00:46que moi, j'estime à la fois déconnectée, qui mal informe, souvent. Alors c'est pas toujours parce que les journalistes sont...
00:53Comment dire ? Sont vicieux, mais juste qu'ils n'ont pas le temps de bien faire leur travail, le plus souvent.
00:58Et parfois même qu'ils désinforment. C'est ce que j'ai trouvé, en tout cas, sur, par exemple, le conflit palestinien.
01:04Et c'est vrai que les réseaux sociaux, c'est un endroit qui fait qu'on ne peut pas se passer des médias. Moi, je pense qu'on a besoin
01:09de médias indépendants. C'est pas grave s'ils ont une ligne éditoriale de droite ou libérale. Moi, j'ai rien contre ça.
01:14Mais on a besoin aussi des réseaux sociaux, parfois, pour faire émerger des vérités. Ça, c'est beaucoup vu. Alors forcément,
01:19l'essentiel des combats, récemment, c'était sur la Palestine. Mais moi, je me souviens, pendant mon mandat, la première utilité
01:29des réseaux sociaux, ça a été notamment sur la réforme des retraites, pour un peu contredire les discours un peu touffés qu'on avait
01:36à la télé de la part des chroniqueurs, de la part des éditorialistes qui ont un avis, qui était plutôt pour la retraite. C'est leur droit.
01:42Le seul problème qu'on a, c'est quand on allume la télé, on a souvent les mêmes avis. Voilà. Et ça, c'est un problème.
01:47Tandis que les réseaux sociaux, on s'adresse directement aux gens et on défend un autre point de vue de manière plus efficace.
01:53Je mets juste un point d'alerte là-dessus. Elon Musk, le patron de Facebook, c'est pas non plus nos amis. Les réseaux sociaux, c'est à la fois
02:01une sphère d'un peu de liberté, mais c'est pas totalement nos amis. Et il y a plein de choses aussi qu'on doit prendre en charge,
02:05notamment le cyberharcèlement, etc., sur les enfants. Moi, je pense pas non plus que les réseaux sociaux sont nos grands sauveurs.
02:13Ce que je préférais, c'est une presse et des médias d'information en continu qui respectent un peu plus la déontologie.
02:19Mais en attendant, il y a cette chose-là qui existe, qui est les réseaux, qui nous permettent de faire valoir notre point de vue politique.
02:27— Et en même temps, j'ai l'impression que tu prends un certain plaisir à clasher. Il y a quand même des compilations, des clashs avec des vidéos.
02:34— J'ai vu ça. — Et il y a aussi des K-pop. Il y a des petites jeunes filles qui te mettent des cœurs. Alors comment tu prends ça ?
02:39Alors est-ce que tu te dis « Bon, bah OK, ça, c'est partie du jeu » ? Ou est-ce que c'est aussi un moyen de toucher les jeunes ?
02:44Parce que dans le clash... Enfin moi, ça me fait penser à la culture hip-hop. Le clash, c'est les rappeurs qui se clashent.
02:49Alors est-ce que tu penses qu'en y allant comme ça, tu t'intéresses aux jeunes qui, on parle d'abstention, qui étaient quand même
02:54l'un des publics qui s'abstenaient le plus ? — Moi, j'essaye toujours de toucher les gens. J'utilise les réseaux sociaux.
02:59Je recule pas devant tout ce qui peut être clash, etc. Par contre, j'essaye de mettre une règle. C'est que c'est jamais la bagarre pour la bagarre, quoi.
03:09C'est jamais le clash pour le clash. Et derrière, il doit quand même y avoir à chaque fois des arguments politiques.
03:13Parce que moi, je suis un élu. Je suis pas non plus... Justement, je suis pas rappeur. Je suis pas comédien. Je suis un élu.
03:19Donc j'amène des éléments politiques. C'est-à-dire que quand, par exemple, il y a des montages sur la réforme des retraites,
03:25c'est quand même sur la réforme des retraites. Alors oui, des fois, je vais sécher un adversaire parce qu'il va se retrouver à court d'arguments.
03:30Et du coup, on en rigole un petit peu. Mais il y a ça. Je me mets une autre règle. C'est de pas déformer ce que disent les gens.
03:36Parce que vu que c'est des réseaux sociaux, on fait des vidéos courtes. Donc des fois, on peut pas mettre la minute trente de parole de mon adversaire.
03:42Mais par contre, je fais en sorte de pas lui faire dire autre chose que ce qu'il disait. Ça, c'est une règle aussi que j'essaye de conserver.
03:48Et après, oui, on utilise ça pour toucher les gens, pour toucher le plus largement possible. On est une organisation politique.
03:55Et c'est vrai que j'ai vu très récemment les fans de K-pop, etc. Alors ça, c'était marrant. Mais c'est pareil. Moi, je connaissais ça depuis quelques temps.
04:02Parce que j'ai des membres de ma famille qui connaissaient la K-pop, qui m'avaient un peu montré. Et j'avais observé que pendant la campagne des présidentielles aux États-Unis,
04:10il y avait notamment un mouvement assez fort qui avait soutenu Joe Biden. Bon, malheureusement, Joe Biden, c'est pas non plus la panace, c'est quoi.
04:16Mais qui avait soutenu Joe Biden contre Trump et qui avait des réseaux comme ça de communication assez forts. J'avais remarqué ça à l'époque.
04:21Donc ça m'a fait rire d'aller revoir, revenir en France. Mais c'est pareil. Ils l'ont fait avec un argument. Ils se sont dits « Bon, écoutez, vu que Jordan Bardella,
04:29ce type, n'a aucune idée. Il fait juste des édits de TikTok. On montre qu'il est beau garçon. Eh ben, on va faire pareil avec les gens de gauche ».
04:35Du coup, ça me fait rire. Après, moi, voilà. Je vois ça, ça me fait rigoler. Mais moi, je ferais jamais des montages de moi juste pour valoriser mon physique ou...
04:44Voilà. Moi, c'est pas l'intérêt. Moi, c'est quand même surtout pour faire de la politique et rester dans mon milieu qui est celui de la politique.
04:50Maintenant, les gens s'approprient ça. Ça me fait rigoler, quoi. — Le ton du cash flow. Dernière question là-dessus.
04:55— Est-ce que c'est pas aussi pour exprimer quelque part la colère du peuple ? — En fait, moi, j'ai toujours un parti pris. À part à quelques moments, j'essaye de jamais trop m'énerver.
05:06Par contre, c'est vrai que je suis piquant. Et je crois qu'il y a des gens... Et c'est le cas beaucoup à Roubaix ou à Watroulo. Il y a beaucoup de gens qui ont quand même envie
05:13qu'on exprime en face des chroniques, en face des types d'extrême-droite ou autre, qu'on exprime une forme de radicalité, c'est-à-dire qu'on baisse pas les yeux devant eux.
05:20Alors ça peut passer par plein de moyens différents. Ça peut être des coups de gueule. C'est déjà arrivé. Moi, ça m'est arrivé contre Meilleur Habit.
05:25Mais ça peut être aussi le fait de se moquer d'eux. Moi, je trouve que l'humour est la meilleure des armes, par exemple. Donc ça peut être l'humour, ça peut être le coup de gueule,
05:32ça peut être, voilà, des arguments massus. Mais c'est vrai qu'il y a un besoin de radicalité, c'est-à-dire que moi, je suis pas un dirigeant qui me cache.
05:41J'ai des opinions politiques. Je me camoufle pas. Je serpente pas. Et je pense que ça plaît à des gens qui, voilà, ils se disent au moins avec lui, bon bah voilà,
05:50c'est David Guiraud, c'est son caractère, c'est son personnage, c'est ses idées, c'est la France insoumise. Mais n'empêche qu'avec lui, je sais où on va.
05:55Je sais quels sont mes accords, je sais quels sont mes désaccords. Et je sais quelle est la direction qu'il veut prendre. Parce que s'il y a un truc que je trouve insupportable,
06:01c'est les politiciens qui, tu vois, qui sont toujours en train de parler pour te plaire, quoi. Voilà. Et ça, c'est insupportable. En plus, maintenant, les gens le voient
06:09parce que ça devient trop gros. Et puis avec Internet, il y a toutes les positions de vote. Tout est public. Donc on peut plus vraiment mentir comme avant.
06:18Revenons à la politique. Manon Brie qui fait 40% à Roubaix, ça veut dire quoi ?
06:24Ça veut dire que depuis... Je pense que ça veut dire que déjà, on a fait un bon boulot à Roubaix, la France insoumise. Je pense que c'est vrai que le fait d'être sur le terrain,
06:34de connaître les gens... Il y a sûrement des gens qui se sont dit « Bon ben voilà, eux, au moins, ils sont là ». Quand bien même, on ne partage pas forcément toutes les opinions politiques.
06:41Parce qu'à Roubaix, il y a plein d'opinions politiques différentes. Mais au moins, eux, ils sont là. Et puis je crois aussi qu'il y a quelque chose, un phénomène un peu national,
06:48un phénomène qui tient à la Ville. C'est-à-dire que depuis les élections présidentielles, on voit que la France insoumise, que la candidature de Jean-Luc Mélenchon,
06:55que ma candidature font quand même des gros scores. Donc je pense que la Ville a en grande partie, mais pas toute, choisi comme option politique de trouver dans le vote insoumis,
07:06de trouver dans le vote de la France insoumise un repère, une fidélité. Je ne sais pas. C'est sûrement à eux qu'il faudrait demander. Mais voilà, il y a une petite...
07:15Il y a une connexion qui s'est créée à Roubaix entre nous et beaucoup d'électeurs. Et c'est quelque chose de précieux. Et c'est aussi parce qu'on les défend. Voilà.
07:23Donc moi, depuis les législatives, le reportage de M6, typiquement, là, moi, j'avais poussé un coup de gueule à l'époque pour défendre la Ville.
07:30Et je pense qu'un peu dans tous les quartiers de Roubaix, les gens peut-être me reconnaissent ça. Et c'est... Oui, c'est une bonne nouvelle. En tout cas, pour moi, c'est encourageant.
07:38Et après, il ne faut pas considérer que les gens sont acquis. Maintenant, il faut aussi se dire qu'il faut continuer dans cette lancée-là, ne pas changer, ne pas trahir les idées qu'on porte.
07:48Et tout ça, ça reste un enjeu quand même. — D'accord. Et puis t'as pas caché non plus ton ambition des municipales. Il faut aussi le dire.
07:56Donc tu le disais toi-même, t'as fait beaucoup de terrain. Qu'est-ce que, dans ton mandat, t'as appris à faire du terrain, d'aller au contact des Roubaixiens ?
08:04Qu'est-ce que t'as appris en fait ? — Moi, j'ai développé une vision de mon mandat de député qui va un peu à rebours de ce qu'on nous dit en ce moment,
08:13c'est-à-dire que le député, c'est un élu national, ce qui est vrai. Tu représentes la nation, en fait. Quand t'es élu, t'es pas censé représenter Roubaix ou Hatrolo.
08:20T'es censé représenter une partie de la nation. Et moi, je suis allé un peu en contresens de ça en me disant que même si j'ai pas le pouvoir localement, par exemple,
08:31de régler un problème d'appartement, d'humidité dans un appart, tu vois, ou parce qu'il n'y a pas de technicien qui est venu, ou avec les bailleurs sociaux,
08:38même si j'ai pas les pouvoirs de régler les problèmes avec la police municipale ou nationale, ou trafic, etc., parce que c'est pas dans les attributions d'un député en soi.
08:47Moi, je vote la loi à la base. Je vais quand même le faire. Je vais quand même m'y intéresser. Et je me suis rendu compte que quand j'interviens, en fait, ça change des choses.
08:55C'est-à-dire même si j'ai pas le pouvoir en soi de régler les problèmes de moisissure dans les apparts des gens, mine de rien, quand j'interviens.
09:03Des fois, on n'y arrive pas tout le temps. Des fois, on n'y arrive pas. Mais des fois, j'y arrive.
09:07Quand on relaie des préoccupations de sûreté ou de sécurité, des fois, on voit qu'on échange avec les institutions et ça se passe pas trop mal.
09:15Et moi, je trouve ça important, en fait. Je me sens utile, déjà. C'est pas rien. Je me sens utile.
09:20Il y a Charles Webb qui est juste là, qui a été aussi ma collaboratrice, qui a fait un énorme boulot justement au sein de mon cabinet là-dessus.
09:28Et c'est aussi comme ça qu'on prouve aux gens que la politique, c'est pas juste des paroles, même si c'est important, les paroles.
09:33Le débat politique, c'est important. Mais c'est aussi des actes, des marques d'intention. Le fait de savoir comment vont les gens, voilà, quand il y a une naissance, un décès.
09:41C'est peut-être bête, mais pour moi, ça joue. Et donc tout ça fait qu'on essaie vraiment de s'en créer localement et de créer des relations de confiance,
09:50de proximité, de fidélité à nos idées et à ce qu'on a en pratique.
09:56— À Roubaix, il y a 43% de pauvreté, il y a 30% de chômage. Que peut faire un député ? Que peut faire l'Assemblée nationale ?
10:03Que peut faire le nouveau Front populaire sur ça ? C'est quand même des préoccupations, des constats qu'on fait depuis des dizaines d'années.
10:13Comment ça change quoi ? Comment on pourrait changer la donne à Roubaix ?
10:17— Déjà, le mieux, c'est de nous donner une majorité au niveau national. C'est-à-dire que la bataille qui se joue, elle se joue à Roubaix.
10:22Elle se joue aussi au niveau du pays entier, parce que le but, c'est d'avoir la majorité à l'Assemblée nationale.
10:28Donc en fait, on est 577 députés. La majorité, c'est environ 289. Faut qu'on soit 289 élus. C'est le mieux.
10:35Nous, on a porté des combats pendant tout mon mandat. J'ai porté des combats. On était minoritaires. On n'était pas écoutés ni par Macron ni par les macronistes,
10:43mais je le dis aussi, ni par l'extrême-droite. Quand on parle par exemple d'augmenter le SMIC, l'extrême-droite non plus ne le suit pas.
10:49Mais ce que peut faire un député, typiquement, c'est quand tu as la majorité, tu votes des lois qui permettent de changer la vie des gens.
10:55Tu votes par exemple des lois qui permettent d'augmenter les salaires. Tu votes aussi parfois pas forcément des lois mais des budgets,
11:03parce qu'on fait le projet de loi de finances à l'Assemblée nationale. Donc on gère les finances de la nation quand on a la majorité,
11:08qui peuvent te permettre de dire... Par exemple, moi, une des premières mesures qu'on prendrait, c'est d'augmenter les crédits qui sont alloués aux bailleurs sociaux,
11:15parce qu'aujourd'hui, les bailleurs sociaux, ils sont un peu à l'os. C'est le cas de LMH, notamment. Alors c'est pas le cas de tous.
11:20Mais LMH a des grosses difficultés en termes de trésorerie, parce que les prix de l'électricité ont augmenté.
11:24Donc quand tu dois payer les parties communes, etc., c'est compliqué. Et donc, par exemple, ils n'ont plus forcément assez d'argent
11:30pour faire intervenir des techniciens. Ils n'ont plus forcément assez d'argent pour faire des travaux de rénovation, etc.
11:36Des fois, ils te laissent aussi le quartier. Moi, je me suis un peu opposé à eux. Mais c'est vrai que tu te rends compte que ça manque.
11:42Rénovation thermique des bâtiments, par exemple. Pour rénover des bâtiments, pour qu'ils soient aux normes thermiques, pour pas qu'il y ait de fuite,
11:48pour pas que ton appart, il soit trop chaud l'été ou trop froid l'hiver, ça nécessite des travaux. Ça tombe pas du ciel.
11:53Députés, ça peut voter ces lois-là. Ça peut dédier ces financements-là. Et c'est important, à la fois en création de lois,
12:00et à la fois aussi en termes de comment répartir l'argent au sein de la nation. Nous, on estime que les plus riches de ce pays
12:07sont dans les poches. Le nombre de milliardaires a considérablement augmenté. La fortune des milliardaires a considérablement augmenté.
12:14Et nous, en bas, à Roubaix ou à Waterloo, l'argent, il ne vient pas. Nous, on nous avait promis au début du mandat de Macron
12:20que c'était le ruissellement. C'est-à-dire que si tu donnes aux très riches, ça va couler petit à petit sur les plus précaires.
12:26En fait, nous, on n'a rien vu venir chez nous. Dans la 8e Cercle du Nord, il n'y a rien. Il n'y a rien qui est arrivé, ni pour les gens,
12:32ni pour les petites entreprises aussi. C'est-à-dire qu'en fait, t'as aussi un phénomène de grandes entreprises qui captent l'argent,
12:37et de petites entreprises, c'est-à-dire le boulanger du coin, etc. Quand tu parles 5 minutes avec lui, t'as bien vu que la hausse
12:42des prix de l'électricité, ça lui faisait très mal, et que du coup, il y a des commerces qui ferment, que ça devient très difficile.
12:48Donc tout ça, c'est de la politique. Et donc ça se règle politiquement avec des lois. C'est pas toujours facile, mais t'as quand même moyen
12:54de faire pas mal de choses. — Alors t'évoquais le budget. Comment t'expliques le fait qu'on soit toujours autant en dette
13:00que les dépenses n'ont pas l'air de bouger, et pourtant que dans les hôpitaux, il manque d'infirmières, dans les écoles,
13:06il manque des professeurs ? J'ai vu passer ton intervention sur l'électricité. Est-ce que tu peux m'expliquer ça simplement
13:12en tant que... face à un citoyen, un candidat qui connaît pas forcément tous ces rouages-là ?
13:17— C'est un peu technique, mais c'est ce que je me tue à expliquer depuis... En fait, si tu veux, l'État... Moi, ce que j'observe,
13:24puisque je suis en commission des finances, j'en ai été pendant 2 ans, et j'ai un peu fait mon boulot, ce que j'ai observé,
13:30c'est que sur certaines recettes, donc sur certaines rentrées d'argent, l'État, il a jamais été aussi riche. Par exemple,
13:37le premier impôt, c'est la TVA. La TVA, tu sais, c'est... À chaque fois que t'achètes un produit, t'as un taux de TVA.
13:44En général, c'est 5,5 ou un peu plus. 5,5 quand t'es plutôt dans l'alimentaire, mais tu peux monter à plus.
13:50Cette taux de TVA-là, ils ont pas changé. Mais vu que les prix ont augmenté là depuis 2 ans considérablement,
13:57quand tu touches 5% de TVA sur un paquet de pâtes à 10 €, tu rentres tant d'argent. Mais quand le paquet de pâtes, il passe à 15,
14:05tu rentres plus de TVA. L'État, aujourd'hui, par exemple, il a jamais récolté autant d'argent issu de la TVA. Il est richissime.
14:11200 milliards d'euros. Et moi, je me suis dit que c'est bizarre. Il y a 200 milliards d'euros de TVA qui sont encaissés.
14:17Mais dans le budget de l'État, on n'en retrouve plus que 100 milliards. C'est-à-dire qu'il y a la moitié du principal impôt de l'État
14:25qui a en quelque sorte disparu. 100 milliards, c'est énorme. 100 milliards, en fait, pour que les gens comprennent...
14:31Si tu veux, le budget de l'éducation nationale, il n'est même pas à 100 milliards. Donc ce qui te sert à payer tous tes profs
14:35et à faire toutes tes écoles dans le pays, c'est moins que cette somme-là. Tu vois, pour que les gens se rendent compte un petit peu
14:41de la somme d'argent, parce qu'en soi, 100 milliards, ça peut tout les vouloir dire. Donc voilà. Il manque 100 milliards d'euros.
14:46Et en fait, tu as 100 milliards d'euros qui ont été sortis du budget de l'État et qui ont été mis dans d'autres budgets,
14:51notamment celui de la Sécu sociale. Donc tu connais la Sécu. Et des collectivités. 60 milliards pour la Sécu, 30 milliards pour les collectivités.
15:00Et pourquoi cet argent, il est parti là et il ne va plus à l'État ? Eh bien il est parti là-bas parce qu'en fait, on a fait ce qu'on appelle
15:06des exonérations de cotisations sociales. En gros, c'était pour permettre au grand patronat de payer moins de charges.
15:12On appelle toujours les charges, les charges, les charges. Le grand patronat payait beaucoup moins de charges.
15:16On leur a fait des cadeaux fiscaux qu'on a fait financer maintenant avec directement l'argent de la TVA des gens.
15:21En gros, si tu veux, l'argent de la consommation populaire, il ne va plus dans le budget de l'État.
15:27Le budget de l'État, en fait, c'est un budget que tu redistribues. C'est-à-dire à la fin de l'année, ça part dans les écoles.
15:32Alors après, tu peux faire n'importe quoi avec, mais de base, c'est quand même un truc qui est censé partir dans tes écoles,
15:37dans le pouvoir d'achat, dans des mesures de soutien. Ça ne part plus là-dedans.
15:40Ça part juste pour compenser des cadeaux qui ont été faits aux plus riches dans d'autres budgets, celui de la Sécu et des collectivités,
15:45juste pour ne pas qu'ils s'écroulent. Et donc là, en fait, typiquement, tu commences à comprendre quand tu vois ça,
15:50comment ça se fait qu'on n'ait jamais collecté autant d'impôts, mais que ça ne revienne pas dans notre pouvoir d'achat à nous au jour le jour.
15:57Et ça, c'est une politique, si tu veux, qui est récurrente, c'est-à-dire que tu as effectivement des niches fiscales qui sont pareilles,
16:02très difficiles à estimer, tellement il y en a. Il y en a des centaines. Des centaines de niches fiscales.
16:07Donc une niche fiscale, c'est quoi ? C'est quand l'État te permet de ne pas payer un impôt.
16:12Typiquement, l'État va dire à une grande boîte, bon, finalement, cet impôt-là, tu peux... Mais c'est un manque à gagner, quoi.
16:18Tu vois, c'est un argent que l'État ne récupérera pas, donc c'est de l'argent en moins pour l'État.
16:22Eh bien, ces niches fiscales-là, il y en a des centaines. Ça représente des centaines de milliards d'euros.
16:26Et l'État a tellement donné et tellement aveuglément qu'il n'est même pas en capacité aujourd'hui de te dire en fait vraiment où part l'argent.
16:33Et moi, ce que j'ai critiqué pendant des années, pendant tout mon mandat, c'est de dire mais attendez.
16:38Moi, quand j'entends Bruno Le Maire qui arrive à la télé, par exemple, le ministre de l'Économie, qui dit qu'on est à l'euro près,
16:43c'est-à-dire on est à l'euro près sur l'école publique, on est à l'euro près sur l'hôpital public,
16:46on est à l'euro près sur l'agriculture, sur tout ce que tu veux, on est à l'euro près.
16:49Il faut faire des économies. Mais pourquoi est-ce qu'on n'est même pas capable de savoir combien on donne aux grandes boîtes ?
16:54Tout simplement parce qu'en fait, leur politique, c'est ça. C'est des cadeaux considérables qui sont donnés aux grands patronats.
17:00Et en plus, ça va avec l'argent de notre consommation populaire maintenant, c'est-à-dire avec un truc encore plus révoltant.
17:04Mais voilà en fait ce qui explique pourquoi tu vois ce décalage entre le fait que l'État ait rarement été aussi riche de son histoire
17:11et qu'en même temps, les gens ont rarement été aussi pauvres aussi.
17:13C'est parce que l'argent, il part soit dans les plus grandes fortunes, soit dans les plus grands groupes, dans les plus grandes sociétés.
17:21Parce que forcément, cet argent-là, il ne va pas vraiment aux travailleurs qui sont là, qui ont une boîte dans le bâtiment.
17:28Non, ça ne part pas là-dedans.
17:30D'accord. On est bientôt à la fin de notre entretien. Il y a donc le Nouveau Parti Populaire qui a sorti un programme.
17:38Quelles sont les mesures les plus intéressantes ?
17:44Nouveau Front Populaire.
17:46Nouveau Front Populaire, c'est-à-dire quoi ?
17:47Parti.
17:48D'accord.
17:49Je n'ai pas grave.
17:50C'est un peu différent.
17:55Pour moi, la mesure la plus importante, c'est le SMIC à 1006.
18:00Parce que vous allez voir dans les médias, on va vous dire que c'est impossible, qu'on ne peut pas, etc.
18:05En fait, si tu peux contraindre les grandes boîtes qui ont les moyens de payer le SMIC à 1006, et tu peux aider les petites boîtes,
18:10parce que c'est vrai que les petites boîtes, elles ont plus de mal à payer les gens, tu peux les aider à faire payer correctement les gens.
18:15Pour moi, c'est une mesure, si tu veux, où tu inverses totalement la logique.
18:18Où tu dis maintenant, ce n'est pas on donne aux riches et ça retombe, c'est on donne aux plus précaires et ça remonte.
18:24C'est-à-dire, ça profite y compris aux entreprises.
18:26Parce que quand tu gagnes un bon salaire, aujourd'hui au SMIC, c'est très difficile.
18:29Franchement, c'est très difficile.
18:30Moi, je vois des gens qui cassent le dos pour un SMIC.
18:34Vu l'augmentation des prix, en fait, tu te mets à tout compter, etc.
18:37Je ne parle même pas de ceux qui sont au RSA, etc.
18:39C'est encore pire.
18:40Moi, je pourrais aussi augmenter les minima sociaux.
18:42Parce qu'il y a un enjeu de dignité, en fait.
18:44Mais quand tu gagnes ta vie au SMIC aujourd'hui, tu as du mal à nourrir tes gamins.
18:48Ou alors, tu dois te priver de vacances.
18:50Tu ne peux plus aller une seule fois dans le mois au resto.
18:52C'est ça la réalité des gens ici à Roubaix, à Watreloo.
18:56Une fois que tu leur permets de vivre bien, mais cet argent, ils ne vont pas le planquer.
19:00Ils vont aussi l'utiliser pour se faire des petits plaisirs, etc.
19:03En fait, tu fais redémarrer l'économie comme ça.
19:05Leur carnet de commandes redémarre.
19:07C'est vrai qu'au début, c'est un peu plus dur de payer tes salariés.
19:10Mais à la fin, tu vends plus.
19:12Tu vends plus de services.
19:14Les gens vont plus au resto.
19:16Ça, pour moi, c'est une des mesures, je pense, les plus importantes.
19:20Maintenant, je trouve qu'à Roubaix, une des principales mesures,
19:22c'est l'augmentation des crédits sur le logement social et sur le logement général.
19:27En fait, on est dans une crise terrible du bâtiment.
19:29Ça ne construit plus dans le pays.
19:31Depuis là, ça ne construit très peu.
19:33Dans la métropole, on a un nombre qui est en train d'exploser de demandeurs de logement social.
19:38Et en fait, il n'y a plus de place.
19:40Et à Roubaix, c'est encore plus grave parce que les villes aux alentours ne veulent pas des Roubaisiens.
19:45Donc, il y a plein de gens qui ont leurs dossiers qui sont bloqués aujourd'hui,
19:48qui sont dans la tente, qui ont des enfants, etc.,
19:51qui vivent dans la promiscuité et qui ont besoin d'un investissement massif dans le logement
19:58parce que sinon, ça te pourrit la vie.
20:01Et puis, tu as des enfants.
20:03Tes enfants, ils ont envie d'avoir une chambre, ils ont envie d'avoir un peu d'intimité.
20:06C'est bête, mais c'est ça qui fait que tu vis correctement.
20:09Et on est en train de priver des gens, notamment à Roubaix, de ça.
20:12Et ça, je trouve que ce n'est pas tolérable.
20:15Il y en a plein d'autres en démission.
20:17Il faut faire tout le calendrier.
20:19Mais moi, c'est beaucoup quand même sur le social.
20:22Après, si je suis un peu taquin, je dirais aussi à la reconnaissance de l'État palestinien
20:25parce que franchement, c'est les combats de ces derniers mois.
20:28Mais je trouve que vraiment sur le social, on a une urgence à Roubaix
20:32parce que tu vois bien que moi, ce que me disent les banques alimentaires,
20:36le secours populaire ou autres, c'est que ça devient très dur
20:39qu'eux-mêmes se mettent à devoir refuser des gens.
20:42T'imagines, t'es bénévole, t'es là pour aider les gens à se nourrir
20:45et tu dois leur dire non avec tout ce que ça implique derrière,
20:48c'est-à-dire des gens qui piquent des colères, avec des relations très tendues parfois avec des gens.
20:51Donc, c'est assez préoccupant.
20:54Et d'ailleurs, le genre de mesures concrètes aussi qu'on avait proposées pendant le mandat,
20:58je le dis parce que ça avait été refusé par la majorité,
21:01mais par exemple, on avait proposé que les frais d'essence des bénévoles
21:05au Restos du Coeur ou autres, Restos du Coeur, secours alimentaire ou autres,
21:10qu'on paie leurs frais d'essence.
21:13Juste leurs frais d'essence pendant qu'ils sont en mission.
21:16Même ça, on ne leur a pas donné.
21:19Sachant que les bénévoles de ces structures-là, ce n'est pas des gens très riches.
21:22Des fois, c'est des anciens qui étaient dans ces structures,
21:25qui étaient au Restos du Coeur ou autres,
21:28qui maintenant veulent redonner ce qu'ils ont reçu à leur tour.
21:31Donc même ça, en fait, on nous l'a refusé.
21:34Ça, c'est une démesure aussi, c'est plus petit, c'est moins important au niveau du pays,
21:38parce que nous, à Roubaix, on en dépend beaucoup.
21:41— D'accord. Voilà. Est-ce que tu as un dernier mot, peut-être, pour conclure ?
21:45— Ouais. Moi, je suis assez préoccupé, en fait, de l'ambiance dans le pays.
21:50Quand j'allume la télé... Enfin, je le fais assez peu, maintenant.
21:53Mais il y a quand même des discours qui deviennent extrêmement préoccupants.
21:57Et il y a une menace, c'est celle de l'extrême-droite.
22:00C'est-à-dire que dans ma circonscription à moi, OK, à Roubaix, on a fait des bons scores.
22:04Mais à Watreloo, le Rassemblement national, il fait 44%.
22:07Donc faut pas croire que moi, ma réélection, elle est gagnée.
22:10Faut pas que les gens dorment, quoi.
22:12Vraiment, j'appelle les gens à se rendre compte que c'est important d'aller se mobiliser,
22:15parce que dans toutes les circonscriptions de France,
22:18le Rassemblement national est en capacité de l'emporter.
22:20Et derrière, avec toutes les mesures qu'il y a...
22:22Alors ils en ont annoncé plein.
22:24Chenu qui est allé sur les médias pour dire « la double nationalité, c'est fini ».
22:27Alors après, il a rétropédalé.
22:29Mais en fait, tu sens qu'il va le faire pour les Algériens, Marocains, Tunisiens.
22:32Il y en a même qui sont visés.
22:34Mais aussi, j'alerte les gens qui sont tentés par le Rassemblement national.
22:38Regardez bien ce qu'ils disent ces derniers temps.
22:40Ils sont déjà en train de reculer sur toute leur promesse sociale.
22:43C'est-à-dire, les amis, il va vous rester plus que le racisme.
22:45Parce que la retraite à 60 ans, Bardella a dit...
22:48Enfin, l'abrogation de la réforme des retraites, pardon.
22:50Bardella a dit « on va voir ça dans un second temps ».
22:52En politique, quand il dit « on va voir ça dans un second temps »,
22:54ça veut dire « je vais pas le faire, je préfère être clair ».
22:56Donc ça, hop, il le met de côté.
22:58Et il a mis de côté comme ça pas mal de mesures sociales,
23:01même des mesures que je n'étais pas d'accord avec.
23:03Par exemple, le fait de ne pas avoir d'impôts
23:05pour les jeunes qui bossent en dessous de 30 ans.
23:07C'est une des grandes mesures.
23:08Que moi, je trouvais une arnaque, mais pour d'autres raisons.
23:10Parce qu'en fait, il y a peu de jeunes de moins de 30 ans
23:12qui payent des impôts.
23:13C'est surtout les plus hoches.
23:14Mais bon, à la limite, pour les jeunes travailleurs,
23:15c'est vrai que ça pouvait les concerner un peu.
23:17Pareil, ils reculent, ils reculent, ils reculent.
23:19Et ils sont en train de te servir la même soupe qu'on essaiera avec Macron.
23:21C'est-à-dire, oui, on a du déficit, on a de la dette.
23:24Mais ça, ça veut dire que tu ne regardes pas où va l'argent.
23:26Comme je l'ai dit tout à l'heure, il y a de l'argent.
23:27C'est juste qu'il ne part pas dans les bonnes poches.
23:29Mais tout ça, en fait, est en train de reculer chez l'ERN.
23:31Donc moi, je le dis aussi aux gens qui sont tentés par l'ERN.
23:33Parce qu'il ne faut pas croire qu'à Roubaix, il n'y en a pas.
23:35Il ne faut pas croire qu'à Waterloo, il n'y en a pas.
23:37Vous êtes en train de vous faire plumer.
23:39Voilà.
23:40Si vous êtes un travailleur ou quelqu'un qui est au minima sociaux
23:43ou un travailleur modeste,
23:45en fait, ça va être exactement la même.
23:48Juste, par contre, il y aura beaucoup plus de racisme en plus.
23:50Franchement, ce n'est pas un modèle de société qui me donne très envie.
23:54Moi, perso, je trouve ça fatigant de détester tout le monde à 24
23:58et de porter le soupçon sur tout le monde.
24:00Je préfère une société où tout le monde vit dignement,
24:02où tout le monde a les moyens de faire des petites vacances
24:06ou de faire un petit plaisir dans le mois,
24:08de prendre soin de ses gosses et de ses anciens
24:10et qu'on se regarde et qu'on vive dans une société un peu apaisée.
24:15Voilà.
24:18Sous-titrage Société Radio-Canada

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