Plusieurs personnalités publiques dénoncent une libération de la parole raciste à quelques jours des élections législatives. Parmi eux, les journalistes Mohamed Bouhafsi et Karim Rissouli, visés par des message racistes.
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00:00– Vous aussi, vous en recevez des messages ?
00:01– Oui, j'ai bloqué Twitter, les messages, les MP, les messages privés,
00:06et lorsque je twitte, d'ailleurs je twitte très peu,
00:08j'empêche qu'on réponde parce que ça m'est arrivé,
00:10parce qu'un Mohamed que je connais bien, qui est un très bon journaliste,
00:13lui c'est vrai qu'il parle peut-être 2022, moi dès 2017,
00:16j'étais traité de bougnoule par des militants du FN,
00:19donc c'était, voilà, on ne peut pas là parler de militants, on va dire…
00:23– Vous dites militants du FN, parce qu'ils étaient identifiés,
00:25c'est dans des réunions du FN.
00:27– C'était pour le 1er mai, ils étaient encartés à tous les FN,
00:30et d'ailleurs, je vais être franc, j'ai hésité à venir,
00:33vous avez fait la gentillesse de m'inviter, je me dis…
00:35– Pourquoi ? Parce que derrière il y a un flot d'injures, d'infos ?
00:38– Il y a ça, et puis en fait c'est difficile,
00:40on n'a pas envie d'être le porte-parole de je ne sais quoi,
00:42moi je suis le porte-parole de moi-même, je fais mon travail, je suis journaliste,
00:45alors évidemment j'ai des sensibilités, évidemment, j'ai des visions,
00:48mais quand j'essaie de parler de ça, j'essaie de faire un documentaire, un livre…
00:52– Et là vous avez peur ? – Pardon ?
00:53– Vous avez peur en ce moment, de ce qui se passe ?
00:55– J'ai peur oui, quand même, franchement,
00:57après le témoignage de Karim Rissoli, on se dit, ils connaissent mon adresse,
01:02je sais qu'il peut y avoir certains complices qui peuvent donner des adresses,
01:06je ne sais pas qui d'ailleurs, comme vous imaginez,
01:07– Oui parce que sa lettre a été reçue à son domicile.
01:09– À son domicile, donc moi oui, j'ai un enfant, enfin oui, évidemment c'est terrible,
01:14mais ce que je veux dire c'est que moi je ne veux pas être le…
01:16ce n'est pas facile, parce que que ce soit d'ailleurs Karim et Mohamed,
01:19ils ne nous parlent pas tous les jours de ça, moi non plus,
01:21donc qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?
01:22C'est-à-dire qu'on ne veut pas tirer notre légitimité, notre victimisation,
01:25je dis toujours ça, mais à un moment, vu les circonstances,
01:27si je ne parle pas, si Karim ne parle pas, si Mohamed ne parle pas, qui va parler ?
01:32Je suis évidemment en désaccord total avec le journaliste d'extrême droite
01:35de Valeurs Actuelles qui ne nous explique que le FN, enfin que les militants du FN…
01:40– On parlait de Sébastien Ligier.
01:42– Tout à fait, oui, je ne savais pas qu'il allait y avoir un journaliste,
01:47je vais l'appeler journaliste, je vais être sympa avec lui, d'extrême droite,
01:49je ne sais pas si j'aurais accès à ça.
01:51– Ça fait plaisir d'échanger.
01:52– Je lui ai dit ce que je pense, j'ai le droit de dire ce que je pense.
01:55– Je n'ai pas dit que vous étiez un journaliste d'extrême gauche,
01:56s'il vous plaît, on peut discuter sérieusement, sans tomber dans les anathèmes personnels.
02:01– Évidemment, vous ne regardez pas ce que je fais, mais ce n'est pas grave.
02:03– Vous ne lisez pas ce que je fais donc.
02:04– Je ne veux pas, on voit vos unes, ça suffit,
02:07moi je ne veux pas être le porte-parole de qui que ce soit,
02:10ce n'est pas évident, on n'a pas envie de faire ça,
02:12mais aujourd'hui on se dit, les circonstances sont telles,
02:13qu'est-ce qu'on fait, si moi, quand on m'offre la parole comme vous me le faites,
02:17et c'est vraiment, je vous remercie parce que l'heure, je pense que l'heure est grave,
02:20vous savez, dans les années 70, entre 70 et les années 80-90,
02:24il y avait des crimes racistes en France, pourquoi ?
02:25– En plus il y avait des ratonnades.
02:26– Des crises pétrolières, il y avait des ratonnades,
02:28on poussait des Arabes sur les rails, dans la Seine,
02:31il y avait des tontons-flingueurs, on tirait dessus par la fenêtre,
02:35il y avait des enfants, des mineurs,
02:37il y a même certains patients qu'on ne soignait pas parce qu'ils étaient Arabes,
02:40ça c'était parce qu'il y avait une crise économique,
02:42l'Arabe était celui qui prenait le travail aux Français.
02:45– Et là vous dites, avec le R.N. à Matignon, si c'est ce que choisissent les Français,
02:48alors là, ce sera le retour de ce climat des années 70.
02:53– Depuis les années 70, on a quand même progressé,
02:55dans la tolérance, même s'il y a toujours des racistes et des crimes de monde.
02:59– Bien sûr, il y a une période enchantée, c'est 98-2000-2001,
03:04la Coupe du Monde arrive le 11 septembre,
03:06en fait, globalement, c'est ce qui se passe.
03:07– Votre période enchantée est de 2 ans donc, si je vous écoute.
03:09– Oui, 2 ans, 2 ans et demi exactement,
03:11Jamel Debbouze, 1, 2, 3, soleil, enfin c'est un cliché,
03:14mais c'est la réalité de l'histoire contemporaine française,
03:16il y a son immigration, le 11 septembre, et après ça se dégrade, évidemment.
03:20– Il y a aussi les attentats terroristes.
03:22– Mais aujourd'hui, vous savez, il y a des faits divers dont on ne parle pas beaucoup,
03:25moi par exemple, cette année, je me souviens d'un homme qui s'appelle Mourad,
03:27il est jardinier, parce que sa voiture aurait été mal garée,
03:31un homme arrive, le qualifie l'insulte de bougnoule,
03:34et il va lui mettre un coup de cutter à la gorge.
03:36– On en a parlé ici.
03:37– Oui, on en a parlé, au procès, c'est vrai qu'il n'y avait pas grand monde,
03:39ça n'a pas fait la une non plus des journaux,
03:41et cet homme, cet agresseur, il s'est fait juger dans l'anonymat complet,
03:48on était dans le cadre d'un crime raciste.