La culture est-elle de gauche ? C'est la question que s'est posée ce matin l'émission "Morandini Live", présentée par Jean-Marc Morandini, sur CNews, alors que le premier tour des élections législatives se déroule ce dimanche.
Il y a quelques jours, dans RTL Matin, la comédienne Véronique Genest déclarait : "Je trouve personnellement que la culture est propagandiste. Elle oblige les gens à aller dans une certaine voie. Souvent elle est trop à gauche ! Je pense qu'il y a plein de gens qui sont à droite et qui sont capables de faire rayonner la culture française dans sa diversité".
Des déclarations qui ont été le début du débat très animé ce matin dans "Morandini Live" avec les invités présents en plateau.
Il y a quelques jours, dans RTL Matin, la comédienne Véronique Genest déclarait : "Je trouve personnellement que la culture est propagandiste. Elle oblige les gens à aller dans une certaine voie. Souvent elle est trop à gauche ! Je pense qu'il y a plein de gens qui sont à droite et qui sont capables de faire rayonner la culture française dans sa diversité".
Des déclarations qui ont été le début du débat très animé ce matin dans "Morandini Live" avec les invités présents en plateau.
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00:00Allez, je voudrais vous faire écouter, on va rester sur la politique, je voudrais vous faire écouter Véronique Genest.
00:05Pourquoi je vais vous faire écouter Véronique Genest ? Parce qu'elle a débattu sur RTL, elle a débattu à propos de la culture et elle s'est demandée, c'était le thème du débat d'ailleurs,
00:13si la culture en France était squattée par la gauche. C'est vrai que quand on voit beaucoup de pétitions aujourd'hui, ils sont beaucoup signées par des gens issus du monde de la culture,
00:20qui sont généralement de gauche. Écoutez Véronique Genest.
00:24Moi je trouve personnellement, excusez-moi, que la culture, enfin je dirais que les médias, que c'est souvent, et même la culture, je veux dire Avignon,
00:35alors il y a le off Avignon, il y a une Avignon, mais je trouve effectivement qu'elle est souvent propagandiste, c'est-à-dire qu'elle oblige les gens à aller dans une certaine voie.
00:45– Elle est trop à gauche, dites-nous les choses telles que vous le pensez.
00:47– Oui, souvent elle est trop à gauche, pourquoi la culture ?
00:49– Il y a une influence intellectuelle et culturelle dans le monde de la culture qui penche à gauche, indéniablement.
00:54– Non, c'est pas ça, c'est qu'on donne aux gens qui pensent à gauche la culture, c'est l'inverse, moi je pense qu'il y a plein de gens qui sont à droite
01:02et qui sont tout à fait capables de faire rayonner la culture française et la culture française dans sa diversité.
01:08– Mais ils sont nullement empêchés, on a la chance d'avoir une créativité extraordinaire.
01:12– Désolée, moi je suis désolée, et qu'on n'est pas dans une sorte de doxa, on est carrément shadow banné, comme on dit aujourd'hui.
01:21– C'est-à-dire, si on est droite dans le milieu de la culture, c'est ce que vous nous dites ?
01:25– Beaucoup, oui, beaucoup, bien sûr.
01:29– Voilà, Jean-Marc Dumonté, qui est producteur de spectacle, qui était en face de Véronique Genest, proche d'Emmanuel Macron, il s'en cache pas non plus,
01:35donc c'est aussi intéressant de le préciser, Mathias Leboeuf, la culture est à gauche ?
01:39On donne la culture aux gens de gauche, en fait.
01:41– C'est ce que dit Véronique Genest.
01:43– Deux choses différentes, que la culture soit plutôt à gauche, oui, je crois que c'est le cas,
01:46après franchement, qu'on donne les postes aux gens de gauche, non, je ne crois pas.
01:50C'est-à-dire que c'est quand même curieux, cette façon qu'ont les gens de droite, ou de très-à-droite, ou d'extrême-droite, de se victimiser en permanence.
02:00– Véronique Genest, elle ne se victimise pas, elle bosse, c'est pas quelqu'un qui ne bosse pas.
02:06– Elle n'est pas gauchiste.
02:08– Elle n'est pas gauchiste, mais c'est une des rares qui exprime le fait de ne pas être gauchiste.
02:11Les autres se taisent, se cachent.
02:13– Oui, mais elle se victimise quand même, parce qu'elle dit, nous, on n'a pas les postes, on n'a pas machin, on ne donne pas…
02:19– Elle ne lit pas nous, elle dit les gens de droite, c'est pas pareil.
02:22Est-ce qu'il y a beaucoup de gens du showbiz qui ont dit qu'ils allaient voter pour le Rassemblement National ?
02:27– Non, parce qu'ils n'osent pas.
02:29– Mais il y en a par contre qui habitent les Etats-Unis, comme Yannick Noah et Omar Sy,
02:33qui appellent à voter contre le Rassemblement National, sans évidence.
02:36– Et on peut encore dire… – C'est ça.
02:38– Baptiste Leboeuf, allez-y, vous dites quoi ?
02:40– Non, mais ce qui est magnifique, c'est que quand les gens de gauche disent voter tout sauf le Rassemblement National,
02:47vous trouvez ça scandaleux, et après vous regrettez que…
02:49– Non, non, non, c'est pas ça ce que je vous dis.
02:52Je vous dis que les acteurs, les chanteurs qui votent,
02:56parce qu'il y en a forcément pour le Rassemblement National,
02:58ils n'osent pas le dire, parce qu'après ils se font démonter.
03:01Regardez, vous vous souvenez de Faudel et Sarkozy ?
03:04Faudel, ça lui a explosé sa carrière, il a disparu.
03:06Fini, fini, parce qu'il a osé dire qu'il votait pour Nicolas Sarkozy.
03:10Victor Hérault.
03:11– Il suffit d'avoir, pardonnez-moi l'expression,
03:13mais foutu les pieds dans une école de cinéma, une école d'art ou quoi que ce soit,
03:17pour savoir que d'être ouvertement de droite dans ce milieu-là,
03:20je ne dis pas que ça empêche tout,
03:23je dis que c'est quand même plus handicapant que d'être ouvertement de gauche,
03:26voire très, très, très à gauche.
03:28Mais ce n'est pas un secret, mais d'ailleurs, la gauche a toujours, encore une fois,
03:31c'est cette culture politique de gauche…
03:33– Vous croirez que la culture est verrouillée par la gauche ?
03:37– Non, non, je pense que c'est plutôt un talent de la gauche,
03:39je pense que c'est plutôt un talent de la gauche,
03:41c'est qu'elle a compris que…
03:42– Comme l'immédiat jusqu'à une certaine époque.
03:44– Après, il y a une chose…
03:45– Exactement, c'est lié.
03:47– Il y a une chose qui est structurelle pour le coup,
03:49c'est qu'effectivement, en France,
03:51la culture est quand même sous assistance financière, respiratoire,
03:58respiratoire, dit mon camarade, de l'aide d'État,
04:03en fait, des fonds d'État pas…
04:05– Et alors ? Donc on n'a pas le droit d'aide de droite ?
04:07– Non, mais ce n'est pas ce que je veux dire, bien évidemment que…
04:09– Alors, écoutez, parce que les acteurs de gauche, en revanche,
04:11on les entend beaucoup, Corine Massiro qui s'est encore exprimée,
04:13alors elle nous fait une déclaration tous les trois jours,
04:15alors là, cette fois, je vous préviens tout de suite,
04:17on est dans le charme, la finesse et l'élégance,
04:20Corine Massiro sur le site de l'Humanité.
04:23– Depuis le résultat des élections, je vomis et j'ai la chiasse tous les jours,
04:27mais je prends des forces, donc je mange le midi,
04:30beaucoup, beaucoup, beaucoup de plats à base de sororité,
04:32de solidarité et de la lutte, parce que la vie est une dure lutte,
04:36ne l'oublions pas.
04:37Un soutien à nos camarades de Kanaki qu'on envoie en tôle, en métropole,
04:41la mise en place d'un État palestinien à côté d'un État israélien
04:44et surtout le retour de l'ISF, parce qu'avec ça,
04:47on va en avoir des lovés, mon gossin, ma gosine.
04:50On peut mettre en place un programme qui va remettre le service public
04:55dans l'État où il devait être depuis toujours,
04:57démembrer tout ce que la Macronie a fait,
04:59donc allez-y, rien que pour ça, allez-y, putain on s'en branle,
05:02allez-y, venez, venez, venez.
05:03– Voilà, je vous avais prévenu, finesse, élégance et savoir vivre.
05:07– Là, ce n'est pas la gauche, c'est l'extrême gauche et c'est…
05:10– Oui, mais elle l'est dit, vous vous rendez compte,
05:12alors que les gens d'extrême droite n'osent pas en parler.
05:14– Mais le tropisme, effectivement, le tropisme des secteurs culturels,
05:18parce qu'il n'y en a pas qu'un, des secteurs culturels en France,
05:21en particulier dans le spectacle vivant, une partie du cinéma,
05:25et ainsi de suite, c'est clair que là, pour le coup, on ne découvre rien.
05:28Il y a une sociotipie qui est aussi, quelque part, finalement, auto-engendrée,
05:33c'est-à-dire que ça pose des questions sur la capacité de certains,
05:36effectivement, de pouvoir affirmer des options politiques
05:39et on voit bien qu'aujourd'hui, c'est ça qui va être intéressant,
05:42c'est quelque chose aussi qui est en train de bouger,
05:44les lignes sont en train de bouger comme elles ont pu bouger aux États-Unis
05:46ou dans d'autres pays où la culture, rappelons-le,
05:49est moins subventionnée par le tuyau public.
05:51En France, tu as raison de le dire, pas simplement directement
05:53parce qu'il y a des financements, mais parce qu'aussi,
05:55on vit de l'intermittence, si vous voulez, aussi, en France, du spectacle,
05:58c'est ce qui permet de faire vivre.
06:00Donc, en fait, le tuyau public est tellement important
06:02que quelque part, si vous voulez, pendant des années,
06:04il a été dominé, allez, on va le dire, après un grand ministre,
06:08entre guillemets, non pas forcément, je ne juge pas de l'inquiétude de son travail,
06:11mais par son influence, Jacques Lang, a largement infusé
06:15et fait du développement politique aussi pour François Mitterrand
06:18à travers l'instrument culturel et ça a des répercussions encore aujourd'hui.
06:21– Ecoutez, moi, j'ai aucun souci et c'est normal que les artistes s'expriment,
06:25que les artistes s'expriment, disent je vote de gauche,
06:27moi, je regarde de temps en temps, quotidien, vous n'avez que des acteurs
06:31qui viennent vous dire, votez contre l'ORN, votez contre l'ORN,
06:34moi, j'aimerais que de temps en temps, il y ait un mec qui vienne
06:36et qui dise, votez pour l'ORN, faites barrage au Front Populaire,
06:39faites barrage à Mélenchon, ça, on ne l'entend pas.
06:41Autre exemple, Soprano, il est connu, Soprano,
06:44les jeunes écoutent sur RTL, il faut faire barrage au Rassemblement National.
06:48– Beaucoup de gens ont oublié comment est bâti ce parti,
06:54les discours, les phrases-chocs, les engagements.
06:58Aujourd'hui, quand je vois qu'il y a des gens qui peuvent voter
07:01pour des partis extrêmes, à l'extrême droite, moi, ça me met le frisson,
07:06parce que je me dis, où on va ?
07:09Où on va ? En Italie, c'est pareil, dans d'autres pays d'Europe,
07:14on commence à avoir, comment ça s'appelle, un avenir qui est en train
07:18de s'assombrir sur la division, sur le pointage de doigts,
07:23sur qui, quoi, qu'est-ce qui a fait ?
07:25Des généralités, des généralités qui blessent des communautés,
07:29des jeunes qui veulent peut-être avancer,
07:32qui ne veulent pas aller chercher un travail là-bas,
07:34regarde, moi, j'aime bien mettre des survêtements, j'ai envie de manger à l'âle,
07:38lui, il ne va pas me prendre, parce que, justement,
07:41alors que c'est peut-être quelqu'un qui est diplômé,
07:44qui a des idées, qui a envie de faire avancer les choses,
07:47ces généralités-là, et les politiques, les partis qui ont des discours
07:55un peu à diviser les gens, moi, ça me fait peur, ça me ramène
07:59aux chansons de Hayam à l'époque, ou NTM, ou James,
08:03et je me dis, putain, on n'a pas avancé, là.
08:05– Donc, Soprano, il a le droit de dire ça, mais encore une fois,
08:07moi, je le dis, moi, je voudrais entendre la même chose sur Mélenchon,
08:10je voudrais qu'il y ait des acteurs qui sont interrogés également
08:13dans les médias, et qui disent la même chose sur Mélenchon,
08:15vous avez entendu quelqu'un dire ça sur Mélenchon ?
08:17– J'ai écouté d'autres radios, mais oui, j'ai entendu…
08:19– J'écoute d'autres radios, j'écoute Europe 1, ça fait partie du groupe, en plus.
08:23Non, vous entendez beaucoup d'acteurs, vous entendez beaucoup d'acteurs
08:26et de chanteurs qui vont dire ça ?
08:28Victor Hérault, il vous répond, non, non, mais allez-y, dialoguez.
08:31– Les derniers que vous entendiez dire ça, ça va être Brigitte Mardot,
08:33ça va être Alain Delon, enfin, je veux dire…
08:36– C'est la génération qui n'a plus peur de rien, parce qu'ils n'ont plus rien à perdre,
08:39c'est pour ça qu'ils osent venir, autrement, ils savent que leur carrière est morte.
08:42– Mais en gros…
08:44– Je veux dire, si les gens, les artistes qui sont à droite ou à extrême droite
08:50ne prennent pas, en fait, il y a un truc qui m'étonne énormément,
08:53c'est que quand les artistes prennent la parole, ça ne vous va pas ?
08:55– Mais je suis en train de dire le contraire !
08:57– Je veux dire, ça me va, je veux juste qu'il y ait la même tolérance
09:00pour les artistes qui disent « Je suis de gauche »
09:02que pour les artistes qui disent « Je suis de droite ».
09:04Or, les artistes qui disent « Je suis de droite », ils sont blacklistés.
09:06– Oh, arrêtez ! – Excusez-moi !
09:08– Michel Sardou, on le voit partout !
09:09– Il n'a plus rien à perdre, Michel Sardou, il emmerde tout le monde,
09:12et il le dit, et il le dit en plus !
09:14Donc, il faut attendre d'avoir 70 balais pour pouvoir dire « Je suis de droite » ?
09:17– Je veux dire un truc un peu, pardonnez-moi de la forme,
09:20que les artistes de droite, qu'ils se faisaient des couilles et qu'ils prennent la parole, c'est tout.
09:24Rappelons-nous 2012, il y avait à peu ou prou, Soprano, son équivalent,
09:29Yannick Noah déjà, qui disait « Si Sarkozy passe encore une fois, je quitte la France ».
09:33Il l'avait déjà quitté, fiscalement et aussi en termes de vie, voire pour faire des enfants.
09:37Donc, en réalité, ce n'était pas une nouvelle.
09:39Donc, en réalité, aujourd'hui, on a d'autres acteurs qui disent la même chose avec le RNB.
09:43En 2012, et les manifestations qui ont eu lieu juste après l'élection de François Hollande
09:47l'ont démontré, donc c'est un schéma de conversation qui dit bien
09:50que le secteur culturel dans son ensemble…
09:53Non, mais exactement, c'est un ensemble.
09:56On est dans quelque chose qui est préexistant et qui, encore une fois, je vous le dis,
09:59une rémanence d'un système qui a été organisé et pensé par langue et qui, aujourd'hui, perdure.
10:05Là où c'est compliqué, et je suis assez d'accord, c'est dans l'idée que
10:08on ne peut pas exprimer une différence et c'est très difficile, à la fois lorsqu'on est étudiant,
10:13lorsqu'on est artiste, par exemple, que vous voulez exposer, on parle du spectacle vivant,
10:17mais ça peut être aussi dans l'art contemporain, par exemple, c'est très compliqué.
10:20Ça peut exister et ça ne peut pas. Donc, en fait, en réalité, dans la formation…
10:23Et pendant longtemps, ça a été pour les journalistes aussi.
10:25Les journalistes ne pouvaient pas dire qu'ils étaient droits.
10:27Mais vous avez d'autres secteurs, par exemple, en France, le secteur du sport dont on parle peu,
10:31le sport professionnel, le football professionnel, par exemple, aujourd'hui…
10:34Les journalistes de gauche…
10:35Non, non, mais attendez, vous avez d'autres secteurs.
10:36Le football professionnel, aujourd'hui, la Fédération française de football le sait,
10:39a d'autres enjeux liés parfois à l'aspect politique et à l'aspect religieux.
10:43On est dans un contexte qui, aujourd'hui, crée ces chapélisations qui sont difficiles
10:47et sur lesquelles il faut lutter.
10:49Non, mais pourquoi ? Parce qu'en réalité, c'est parce qu'il y a un ostracisme
10:52des personnes de droite qui ouvertement le disent.
10:54Il faut avoir les épaules pour pouvoir le dire dans ce milieu-là.
10:56Mais pourquoi ? Au fond, pourquoi ? Parce que la gauche a lu Gramsci
10:59et qu'elle sait que l'hégémonie, comment dire, le monopole sur la culture,
11:02ça permet une victoire électorale, une victoire électorale pérenne.
11:05Si vous avez la culture avec vous, vous êtes peinard pendant mes 50 ans,
11:09électoralement parlant, parce que ça infuse dans toute la société.
11:12Mais c'est brillant ! C'est brillant !
11:14Parce que je ne suis pas sûr que la gauche ait lu Gramsci, malheureusement,
11:17mais c'est le cas tant mieux !
11:19– Voilà, c'était les 10 secondes culturelles de l'émission.