Ce jour-là - La Reine

  • il y a 3 mois
Ce jour-là, Clarisse Agbegnenou redevient la reine de sa discipline...

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00:00Ça va faire trente ans, mais je m'en souviens comme c'était hier.
00:04Je me suis fait kiffer, mais j'ai fait kiffer plein de gens et je me dis, c'est ouf.
00:09On a juste envie d'extérioriser ça, d'en parler.
00:30Bonjour à tous et bienvenue dans Ce jour-là, le magazine qui revient sur un instant, une
00:35seconde, une date clé dans la carrière d'un ou d'une sportive de haut niveau.
00:39Aujourd'hui, on s'intéresse à la judo 4 Clarisse Agbenienou et une date en particulier,
00:47celle du 31 août 2017.
00:49Nous sommes aux championnats du monde de Budapest et la championne française va ce jour-là
00:54basculer dans une autre dimension.
00:57Mais avant cela, un petit retour en arrière s'impose.
01:10Depuis sa première sélection en 2012 et une médaille de bronze décrochée au championnat
01:14d'Europe, Clarisse Agbenienou représente l'avenir du judo français.
01:18Des espoirs largement justifiés, puisque deux ans plus tard, la judo 4 qui évolue
01:23dans la catégorie des moins de 63 kilos est déjà double championne d'Europe et
01:27championne du monde, le tout à seulement 21 ans.
01:31Décrite comme un bulldozer sur tapis par son entraîneur Larbi Ben Boudaoud, Clarisse
01:36Agbenienou est promise à un destin hors normes.
01:40Pourtant, entre 2015 et 2016, la française va tomber sur un os en la personne de Tina
01:47Tristanjak.
01:49La Slovène va en effet successivement battre Clarisse Agbenienou en finale des championnats
01:54du monde et un an plus tard à Rio en finale des Jeux Olympiques.
01:58Une cicatrice qui ne s'est toujours pas refermée.
02:03Je m'arrive aux Jeux Olympiques et on se dit, c'est peut-être une fois dans ta vie,
02:18c'est tous les quatre ans, donc tu ne sais pas ce qui peut se passer après, c'est
02:21maintenant ou jamais.
02:22Là, je me suis dit, je suis arrivée prête de toucher, c'est comme si je touchais la
02:25médaille là.
02:26Et en fait, non, on me l'a tirée d'un coup.
02:30Je me suis dit, non, mais j'ai raté, j'ai raté et j'étais dévastée.
02:36J'étais déprimée, j'ai dit, je ne sais pas, c'était le vide, je ne savais pas.
02:41Je n'étais pas contente, c'était le vide.
02:43Je n'avais plus aucune émotion.
02:45Ça ne sert à rien.
02:48Je n'étais pas du tout contente.
02:54Dans ce match, j'ai été trop vite, j'étais stressée.
02:57J'ai essayé de contrer, elle m'a contrée dans mon contre et elle m'a prise au sol.
03:02Je reste sur une fin où j'ai l'impression que je n'ai pas pu m'exprimer.
03:09Les Jeux olympiques, c'est le graal, c'est l'étoile, c'est ce que tout sportif recherche
03:14dans sa carrière.
03:15Mais en fait, le problème, c'est que dans la tête, on se dit tellement ça que du coup,
03:18on est bloqué et on n'arrive pas.
03:20Et c'est pour ça qu'aux Jeux olympiques, c'est jamais les meilleurs, c'est rare que
03:24les meilleurs, je ne dirais pas rare parce qu'il y a quand même les meilleurs qui ont
03:28réussi, mais c'est celui qui est dans son bonjour, dans son talent, parce que tous
03:33les meilleurs sont attendus et finalement, ils ont un petit coup de perdu, ils sont
03:37stressés et ils se disent que quatre ans sont arrivés et c'est le graal, c'est ce
03:42qu'on veut.
03:43On a été fort pendant trois ans.
03:45Et du coup, c'est ça qui fait que ce graal-là, les meilleurs ont un peu du mal à l'avoir.
03:512017 sera donc un tournant pour Clarissa Gbeninou.
03:54Mais l'une des premières échéances de l'année tourne au vinaigre, le 11 février,
03:59lors du prestigieux tournoi de Paris.
04:01Clarissa Gbeninou, vainqueur en 2013, 2014 et 2016, s'incline en finale, une nouvelle
04:08fois devant la Slovène, Tina Tristenjak.
04:11C'est la quatrième fois de suite que la Slovène l'emporte sur la Française à chaque
04:15fois en finale.
04:16Pourtant, au sorti de cette nouvelle défaite, Clarissa Gbeninou est persuadée d'avoir
04:21enfin trouvé la clé pour battre Tina Tristenjak.
04:25Quatre défaites d'affilée, c'était incroyable pour moi, j'étais dans tous les états.
04:30Ça devait se passer comme ça.
04:32Et là, je me suis dit, j'ai compris.
04:34Cette défaite, elle m'a fait comprendre, c'était un mal pour moi, c'était un mal
04:38pour les enfants.
04:39Je me suis dit, non, on va pas faire ça.
04:40On va faire ça, on va faire ça, on va faire ça.
04:46C'est un mal pour tout le monde.
04:47C'est un mal pour toute la société, tout le monde.
04:50Et là, je me suis dit, j'ai compris. Cette défaite, elle m'a fait comprendre.
04:53C'était un mal pour un bien. Elle ne va plus me battre.
05:00Et là, je me suis dit, c'est bon. C'était la quatrième de trop.
05:03Mais là, j'ai enfin compris
05:06ce qui me manquait pour arriver à mes fins et pour pouvoir la battre.
05:12J'ai fait beaucoup de vidéos, même travail sur moi-même,
05:13parce que finalement, je me suis dit qu'il faut que j'intègre mon judo
05:18et qu'avec mon judo, j'arrive à la canaliser et que j'arrive à mes fins à moi.
05:23Donc, au début, je suis partie un peu dans tous les chemins, dans tous les sens
05:27et je n'arrivais pas à trouver le fin mot de l'histoire.
05:29Et après, je me suis centrée, je me suis canalisée.
05:30Je me suis dit, mais pourquoi ne me canaliser que sur elle ?
05:32Donc, je n'ai pas fait énormément de vidéos.
05:34J'ai dit, mais il faut que je me canalise sur moi.
05:36C'est moi la clé et c'est là que j'ai commencé à reprendre le dessus.
05:47Voltaire du temps
06:03Le judo est vraiment particulier.
06:05Pour le coup, c'est ce qui m'a pris beaucoup de temps à comprendre
06:09parce qu'à chaque fois, on dit au judo, ce qui arrive déjà,
06:13c'est de regarder ton partenaire.
06:15Si tu n'as pas la garde, tu ne peux pas attaquer.
06:17après les déplacements.
06:19Mais non, elle prend un bout de tissu,
06:21elle lance. Un petit truc, elle lance.
06:23Donc en fait, elle n'était pas du tout dans
06:25les normes de ce qu'on avait dit du judoka
06:27et les normes de ce que
06:29un judoka doit avoir pour faire tomber.
06:31Donc déjà, je ne comprenais pas.
06:35Elle est assez rapide.
06:37Elle lâche rien, aussi.
06:39Donc voilà, c'était un jeu d'échec.
06:41Mais un jeu d'échec avec un jeu qui est
06:43vraiment particulier. Et dans ma tête,
06:45j'ai mis du temps à en arriver là.
06:47J'ai mis du temps à essayer de le comprendre.
06:49Mais je me suis dit que le jour
06:51où je vais comprendre, par contre,
06:53ce sera le jour où elle ne me touchera plus.
06:55Elle ne gagnera plus.
07:05Les deux femmes doivent
07:07logiquement se retrouver deux mois plus tard,
07:09à Varsovie, au championnat d'Europe.
07:11Mais Clarissac-Beignenoud déclare forfait
07:13avant sa demi-finale en raison d'une blessure
07:15à la hanche. Les retrouvailles auront
07:17donc lieu à Budapest,
07:19lors des championnats du monde.
07:25Je me suis réveillée le matin,
07:27je me sentais bien.
07:29J'étais à la chambre avec Amandine et je lui ai dit
07:31aujourd'hui, je vais gagner. Je ne sais pas pourquoi,
07:33mais franchement, je me sens tellement bien.
07:35Et c'est un peu rare.
07:37Souvent, les sportifs vont réfléchir un peu.
07:39On ne se réveille pas très bien parce qu'on n'a pas trop bien dormi.
07:41Je me suis réveillée, j'étais en pleine forme.
07:43J'ai tellement d'énergie, je vais la canaliser,
07:45je vais tout donner pour la journée.
07:47Et en fait, dès le matin,
07:49je savais que j'allais gagner. Après, c'est bien de le savoir,
07:51mais de le faire, c'est encore mieux.
07:53Pour moi, tout était revanche.
07:55Ce jour-là, Clarissac-Beignenoud fait forte impression
07:57dans la matinée en remportant
07:59deux de ses trois premiers combats
08:01en quelques secondes seulement.
08:03Si en demi-finale, elle a dû batailler jusqu'au golden score
08:05pour se défaire de la polonaise Osdoba aux pénalités,
08:07l'essentiel est assuré.
08:09Une place en finale, qui plus est,
08:11face à Tina Tristenjac.
08:17Rapidement sanctionnée à deux reprises,
08:19la Slovène confirme l'impression laissée
08:21par l'ensemble de ses combats de la journée.
08:23La championne olympique en titre
08:25n'est pas dans son meilleur jour
08:27et à un peu plus d'une minute du terme de la rencontre,
08:29sur une dernière attaque franche de Clarissac-Beignenoud,
08:31l'arbitre n'a pas d'autre solution
08:33que de donner une troisième et dernière pénalité
08:35à Tina Tristenjac
08:37qui cède son titre à une Clarissac-Beignenoud
08:39de nouveau sur le toit du monde.
09:07J'étais très contente d'être championne du monde
09:09mais j'étais déçue de cette finale,
09:11d'avoir battu comme ça.
09:13Après tous ces moments
09:15où j'ai perdu,
09:17ces moments où je me suis remise en cause,
09:19j'ai travaillé plein de choses
09:21pour gagner avec trois pénalités.
09:23Voilà, c'était un peu...
09:25Pour des personnes
09:27qui essaient de trouver l'excellence,
09:29c'était un peu...
09:31Voilà, un jeu...
09:33J'étais pas très contente de la finale,
09:35mais très contente de la médaille.
09:37Je n'aurais jamais pensé
09:39dans ma carrière pouvoir faire deux fois championne du monde.
09:41Un déclic qui, à 24 ans,
09:43va définitivement propulser Clarissac-Beignenoud
09:45au sommet du judo mondial.
09:47Elle, qui après cette rencontre,
09:49restera invaincue pendant deux ans.
09:51Une période durant laquelle elle recroisera
09:53Tina Tristenjac par deux fois,
09:55en finale des championnats d'Europe
09:57et au tournoi de Paris.
09:59Deux combats où à chaque fois la française l'a remportée.
10:01Pas de quoi effacer néanmoins
10:03le temps final des Jeux Olympiques de Rio
10:05face à son éternel rival.
10:09Non, je pense qu'il faudra oublier Rio,
10:11c'est la médaille d'or à Tokyo.
10:13Et puis peut-être que je n'oublierai jamais,
10:15mais si je n'ai pas la médaille d'or à Tokyo,
10:17je vais encore plus sombrer.
10:19Je pense que la médaille d'or à Tokyo
10:21ça me fera sûrement oublier Rio.
10:23Pour l'instant, non, ça ne m'a pas encore fait oublier Rio.
10:33Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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