La Victoire est en Elles - Audrey Cordon-Ragot

  • il y a 4 mois
Cette semaine, Alexandre Delpérier reçoit Audrey Cordon-Ragot, multiple championne de France de cyclisme et première française du Paris-Roubaix 2021. En deuxième partie, Laura Phily, championne de France et d'Europe de ski nautique. A 27 ans, elle est aussi à la tête de sa propre école de glisse.

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Sport
Transcription
00:00...
00:19-"Parce qu'il y a les femmes, parce qu'il y a le sport",
00:22soyez les bienvenus dans ce rendez-vous.
00:24Bienvenue dans la victoire éternelle.
00:26Je suis ravi de vous accueillir, comme toutes les semaines.
00:30C'est le sommaire du jour.
00:31Aujourd'hui, une pointure du cyclisme français
00:34et international féminin avec nous, Audrey Cordon-Ragot,
00:3732 ans, championne de France sur route en 2020,
00:40mais aussi 5 fois championne de France du contre-la-montre.
00:44Retour avec elle sur son parcours et pour parler de la suite.
00:48En 2e partie, on part à la rencontre
00:50de Laura Filly, championne de France et d'Europe de ski nautique.
00:54C'est aussi une cheffe d'entreprise grâce à son école de glisse.
00:57Elle nous fera le plaisir de nous rejoindre en 2e partie.
01:00Audrey, bonjour.
01:03Bonjour.
01:04Audrey, on est ravis de t'accueillir.
01:06Euh...
01:07On est bien assises, tranquillement, à la maison.
01:10On va passer une demi-heure ensemble.
01:12Tu es où, Audrey ? Tu habites où ?
01:14Alors, j'habite à Saint-Etienne-du-Guez-de-l'Île,
01:17tout près de l'Oudéac, dans les Côtes d'Armor, en Bretagne.
01:20En Bretagne. Et donc, les habitants de Saint-Hain-du-Guez-de-l'Île
01:23s'appellent les...
01:25Les Stéphanois.
01:27Pour de vrai ?
01:29Les Stéphanois du Guez-de-l'Île, quoi, si on précise.
01:32Ah ! Là, je comprends mieux.
01:34Et tu as choisi comme carte blanche qui ?
01:37Euh... Ma soeur, Marine.
01:39Alors, pourquoi ta soeur ?
01:42Parce que je pense que c'est, après mon mari,
01:45la personne qui me connaît le mieux.
01:47OK. Donc, bonjour, Marine.
01:49Bonjour.
01:50Tu es la petite soeur.
01:52Je suis la petite soeur.
01:53J'imagine que t'as énormément de casseroles sur ta grande soeur.
01:58Ah, c'est le cas de le dire.
02:00Ah !
02:01Elle t'a pas briefée avant l'émission en te disant
02:03que tu devais rester sérieux.
02:05On est tranquillou, nous. On parle vraiment des gens, hein, Marine.
02:10Le problème, c'est qu'elle en a autant sur moi, donc, bon...
02:13Rires
02:14Ah ! Vous êtes comme ça, toutes les deux.
02:17J'ai bien compris.
02:18Alors, on va revenir, Audrey, sur ta carrière,
02:21avec tes nombreux succès.
02:22Sur la route, le contre-la-montre, le Paris-Roubaix, récemment,
02:27dans des conditions pas simples
02:30et des images qui étaient juste très impressionnantes.
02:33Ce que je voudrais, c'est comprendre exactement ton parcours,
02:36comment t'es arrivée là. T'es née en Bretagne, toi ?
02:39Ouais, je suis née dans les Côtes-d'Armor,
02:42dans le village de Plumieux.
02:44Et j'en suis arrivée là, tout simplement,
02:46parce que j'ai toujours fait que du vélo, en fait.
02:48Mon papa était cycliste, mon oncle était cycliste,
02:51et dès que j'ai eu l'âge d'aller à l'école de vélo,
02:55j'ai commencé en 2000, et depuis, j'ai jamais arrêté.
02:58Ça veut dire quoi, mon père était cycliste ?
03:02Niveau amateur, niveau régional,
03:04mais c'est vrai que, du coup, les compétitions étant
03:07du mois de mars jusqu'au mois de septembre,
03:09tous les week-ends, on a passé notre jeunesse,
03:11que ce soit ma sœur, mes frères ou moi,
03:13sur les circuits de vélo, à encourager notre papa.
03:17Et après, c'est lui qui venait nous encourager également.
03:20C'est notre vie, en fait. On est vraiment une famille de cyclistes.
03:23On a tous baigné dedans à un moment donné.
03:27Il y en a qui ont continué, d'autres qui l'ont arrêté,
03:29mais on est tous vraiment fans de vélo.
03:31Marine, t'as continué, un petit peu moins, toi ?
03:35Oui, oui, moi, j'ai arrêté de faire des compètes à l'âge de 20 ans.
03:40Mais bon, après, j'ai fait une grosse pause avec le vélo,
03:43mais je suis toujours restée dans le milieu.
03:45Et puis là, j'ai repris, ça fait deux ans.
03:48Je comprends, c'est une drogue dure, le vélo, évidemment.
03:51Moi, ce que je voudrais savoir,
03:53c'est que tu me dises, Marine,
03:55quelle est la plus grande qualité de ta sœur,
03:58qui est notre invitée exceptionnelle aujourd'hui,
04:01sa plus grande qualité, dans un premier temps ?
04:05Elle est généreuse.
04:07Ça lui sert, tu penses, dans son activité de sportive de haut niveau ?
04:13Ça la sert et ça la dessert aussi.
04:16C'est-à-dire ? Audrey, c'est toi qui vas répondre.
04:18En quoi ça peut te servir et te desservir, cette générosité ?
04:22Je pense...
04:23Ça la sert parce que...
04:24Pardon.
04:25En fait, on l'appelle Audrey, et des fois, on l'appelle Marine.
04:29À bout d'un moment, on est perdus.
04:32Non, mais du coup, c'est moi qui réponds.
04:34Vas-y.
04:35Je pense qu'à la base, la générosité, c'est une qualité de toute manière.
04:41Je pense qu'on n'est jamais assez généreux.
04:43Dans la vie en général, je pense que c'est une qualité.
04:46Après, sur le vélo, c'est vrai que je le suis tellement
04:50que je finis par m'en oublier.
04:53J'ai parfois été trop généreuse et je n'ai pas assez pensé à moi.
04:56J'ai sûrement loupé des grandes victoires à cause de ça.
04:59Attends, va plus loin. Ça veut dire quoi, être trop généreuse sur le vélo ?
05:02Ça veut dire moins être stratège
05:04et trop donner à un moment où il n'y avait pas besoin
05:08et arriver plus fatigué à la fin d'une étape ou d'une course ?
05:11C'est ça ?
05:13Oui, c'est un peu ça.
05:14Je pense qu'il y a eu des courses où, finalement,
05:16j'ai donné pour mes coéquipières.
05:18Alors que c'était peut-être moi la plus forte.
05:21Je n'ai pas su m'en rendre compte sur le coup.
05:24C'est toujours après coup qu'on se dit
05:26que j'ai fait tout ce boulot-là, mais si je l'avais fait pour moi,
05:29j'aurais sûrement obtenu un meilleur résultat
05:32ou j'aurais sûrement gagné.
05:33C'est vrai qu'on pense souvent que le vélo, c'est un sport individuel,
05:37mais on se rend vite compte, quand on en fait un peu
05:40ou quand on est dans le milieu, que c'est un sport d'équipe.
05:42J'ai souvent été à la place de celle qui donne
05:44et peu à la place de celle qui reçoit.
05:47C'est vrai que ça peut être un peu frustrant, parfois.
05:49Pourquoi ?
05:51Pourquoi tu n'étais pas à la place de celle qui reçoit ?
05:54Peut-être parce que je n'ai pas eu assez confiance en moi,
05:57tout simplement, et je pense que la confiance en soi,
06:00c'est ce qui fait aussi la marque des très, très grands champions.
06:03C'est peut-être pour ça que je ne suis pas une très, très grande championne,
06:06mais juste...
06:07Allez, une championne, je vais quand même dire ça,
06:09mais pas une très, très grande championne.
06:11Tu es quand même une très grande championne.
06:13Marine, mets au secours de ta frangine, un peu.
06:16Je ne fais que ça, moi.
06:18Je devrais être sa psy attitrée.
06:22C'est toi qui l'appelle quand ça ne va pas ?
06:24Le jour où elle a trop donné pour la copine,
06:26c'est toi qui l'appelle.
06:27Ouais, je suis vraiment trop !
06:30Non, elle n'appelle pas forcément, en plus,
06:33mais j'ai juste besoin de regarder...
06:36Je suis beaucoup ses courses à la télé, forcément,
06:38puisqu'elle n'est pas souvent dans le coin.
06:40Et des fois, j'ai juste besoin de regarder comment elle est sur son vélo,
06:43la tête qu'elle fait,
06:45ou sa manière de pédaler, ou sa manière d'être,
06:48et je sais tout de suite si ça va ou ça ne va pas.
06:51Et la plupart du temps, je ne me trompe pas.
06:53Ça veut dire, Audrey...
06:54Pardon, mais moi, je n'ai pas l'impression que ta carrière soit terminée.
06:57Tu as été la première Française sur le Paris-Roubaix il y a quelques semaines.
07:00Tu as terminé 8e.
07:02Donc, à mon avis, il y a encore plein de belles choses à faire.
07:04Et puis, j'imagine qu'on apprend de ses erreurs,
07:06on se nourrit de ce qu'on a fait, déjà, non ?
07:09Ouais, c'est sûr, non. Ma carrière n'est pas terminée.
07:12Je me suis donné comme objectif les Jeux olympiques de Paris.
07:16Donc, c'est en 2024, ça me laisse trois saisons
07:19pour aller chercher encore de très, très belles victoires.
07:21Et c'est vrai que, pour reparler de Roubaix,
07:23c'est vraiment la course qui me fait rêver.
07:25Et ce jour-là, finalement, je termine 8e,
07:28et c'est aussi parce que je fais mon boulot de coéquipière
07:30et qu'à la fin, je manque un peu de réussite,
07:33et du coup, ça ne joue pas en ma faveur pour monter sur le podium.
07:36Mais pourtant, ce jour-là, j'avais vraiment les jambes pour le faire.
07:39Et c'est vrai que ça a été comme un petit déclic aussi
07:41de me dire, après ce Roubaix, je suis vraiment capable de le gagner
07:44et j'ai vraiment envie de le faire pour moi l'année prochaine.
07:47Attends, va plus loin, explique-moi, si c'est possible, évidemment,
07:50qu'est-ce que t'aurais pu faire différemment ?
07:52Alors, je comprends que t'as laissé de l'énergie pour les camarades,
07:55mais qu'est-ce que t'aurais pu faire pour toi en disant,
07:57allez, aujourd'hui, j'ai les cannes, j'y vais, je joue mon truc perso ?
08:01Non, je pense que ce jour-là, pas grand-chose de plus, en fait.
08:05Ça a été un concours de circonstances
08:07qui ont fait que je ne me suis pas retrouvée
08:11dans la position de pouvoir aller faire un podium.
08:13J'avais deux coéquipières à l'avant,
08:15donc j'étais vraiment pas en position de pouvoir faire beaucoup mieux.
08:19Mais c'est vrai que je pense que c'est aussi une attitude
08:22à avoir en amont d'une compétition
08:25et de le dire clairement, de l'exposer clairement,
08:28qu'on a des ambitions et qu'on a envie de faire quelque chose de bien.
08:31C'est se mettre soit dans la position de gagnante,
08:37soit dans la position de potentiel,
08:39mais aussi mettre son équipe dans la position de se dire,
08:41Audrey, elle est motivée et elle fera tout pour l'aider.
08:43Donc je pense qu'il faut aussi que je m'assume un peu plus,
08:45que je m'impose un peu plus, finalement.
08:47Donc ça veut dire qu'à ce stade, aujourd'hui,
08:49t'as pas réussi ou, on va dire, pas comme il faut,
08:54à dire aux staffs de l'équipe de France, là, notamment,
08:57aujourd'hui, vraiment, j'ai envie d'aller jusqu'au bout,
09:01je sens que je suis bien, je sens que je peux le faire.
09:03C'est des choses qui sont compliquées à expliquer,
09:06parce qu'il y a d'autres cyclistes autour de toi.
09:09Oui, tout à fait.
09:10Je pense que je suis dans une des meilleures équipes du monde.
09:12Donc c'est compliqué de dire face à des filles
09:14qui ont un palmarès bien plus long que le mien
09:17que voilà, aujourd'hui, j'ai envie de faire quelque chose,
09:20que j'ai envie, peut-être qu'elles travaillent pour moi.
09:23C'est pas des discours que j'ai tenus
09:25et c'est pas des discours qui sont faciles à tenir
09:28parce qu'il faut pas se louper non plus derrière.
09:29Et ça met une certaine pression.
09:32Après, l'équipe de France est encore une équipe différente
09:34parce que l'équipe de France,
09:36je la rejoins que sur les championnats internationaux.
09:39Et c'est vrai qu'en équipe de France,
09:41j'ai plus ce rôle de leader
09:43et on me fait confiance à 100 %,
09:47notamment sur ce championnat du monde cette année
09:49où j'avais vraiment ce rôle de leader
09:51et là où les filles sont vraiment à 200 % pour moi.
09:54J'ai compris.
09:55Et là, Marine, toi, tu regardes à la télé
09:57et tu vois que...
09:59Aïe, elle a pas la tête des bons jours, parfois.
10:03Ou inversement.
10:05Ouais.
10:06Après, sur les championnats du monde cette année, j'étais là.
10:10Et au contraire, sur les championnats du monde,
10:11j'ai trouvé qu'elle était plutôt bien.
10:13Après, à l'arrivée, elle était pas forcément contente d'elle,
10:16mais c'est une des courses où moi, je l'ai trouvée...
10:21Je l'ai trouvée top.
10:23Après, oui, quand je regarde à la télé,
10:24des fois, j'ai pas besoin d'avoir un retour d'elle.
10:28D'ailleurs, je lui envoie juste un message
10:29parce que je sais si ça va aller ou si ça va pas aller.
10:32J'ai pas forcément besoin d'un retour.
10:34Je sais tout de suite s'il va être contente ou pas.
10:39On va reprendre le fil
10:41et on va repartir quand tu étais toute petite, Audrey.
10:43Donc, tu l'as dit, une famille de cyclistes,
10:45le papa, le tonton, du coup, la sœur aussi.
10:49Tes premières courses, t'as quel âge ?
10:50Est-ce que tu te souviens de tes premiers souvenirs sur un vélo ?
10:54Ouais, je m'en souviens très bien.
10:56J'ai commencé tout d'abord par l'école de cyclisme
10:59dans un petit club à côté de chez moi.
11:01Et...
11:03T'avais quel âge ?
11:05J'avais 10 ans.
11:06Et donc, mes parents voulaient d'abord savoir
11:09si j'allais vraiment accrocher pour investir dans un vélo,
11:12dans du matériel, parce que le vélo, ça coûte quand même très cher.
11:15Et donc, je me suis pointée à l'entraînement avec mon VTT
11:19que j'avais eu à Noël, le casque de roller de mon papa.
11:22Et puis, j'avais même pas de chaussures automatiques.
11:25Je devais être en basket, quoi.
11:27Donc, ça a été mon premier contact avec le club.
11:30Et puis ensuite, j'ai tout de suite accroché.
11:32Et puis, j'avais un grand-père qui était extrêmement fan de vélo
11:35et qui a investi, du coup, pour moi,
11:37et qui m'a acheté mon premier vélo, mes premières chaussures,
11:40mon premier casque, et puis, voilà, c'était parti.
11:42Là, t'avais quel âge, lors de ces achats-là ?
11:46J'avais 11, 12 ans.
11:48Et tu te souviens de la première fois où tout ça est arrivé,
11:50où t'es montée dessus, où t'as clipsé tes pieds sur les pédales,
11:53et ainsi de suite ?
11:54Ouais, je m'en souviens bien, parce que je pense qu'au premier stop,
11:57j'ai pas su déclipser, je suis tombée.
12:00Donc, ouais, en fait, je pense que tous les cyclistes
12:02en ont tous ce souvenir-là de la première fois
12:04avec des pédales automatiques,
12:05où, en fait, on n'a pas le réflexe de déclipser.
12:09Donc, ouais, non, j'ai les souvenirs très, très bien ancrés
12:12de mes premières fois sur le vélo.
12:15Et c'est vrai que c'est vraiment un sport qui m'a tout appris aussi,
12:19pas que d'un point de vue sportif,
12:20mais qui m'a construit en tant que personne dans la vie.
12:24Et je pense que c'est un sport qui est tellement difficile
12:26et qui demande tellement de sacrifices
12:29que, ouais, tout cycliste, en fait, a vraiment le goût de l'effort
12:33et le goût du sacrifice,
12:34et c'est aussi pour ça que c'est un des plus beaux sports, je trouve.
12:37Et oui, je comprends.
12:38C'est tellement dur, tellement exigeant, le vélo.
12:41C'est être prêt le jour J, et puis, une fois de plus,
12:45c'est une course et il y a un paquet de concurrents, évidemment.
12:48Quant à ce vélo, quant à ces pédales,
12:50quant à ce casque grâce à ton grand-père,
12:52t'as 11 ans, tu le dis, grosso modo.
12:54Est-ce que dans ta tête, t'as déjà des envies de victoire,
12:57de choses comme ça,
12:59ou tu restes une petite fille qui s'amuse ?
13:03Non, je me suis toujours amusée,
13:05mais moi, mon amusement, c'était de faire des courses et de gagner.
13:07Je suis très mauvaise perdante.
13:10Que ce soit sur le vélo ou au bowling, je ne veux jamais perdre.
13:14Et c'est un peu dur à vivre, d'ailleurs, des fois.
13:18Et non, j'ai tout de suite voulu faire des compétitions,
13:21tout de suite voulu gagner.
13:22J'avais un papa qui me faisait des débriefs d'après-course
13:25quand je faisais des conneries.
13:26S'il y avait une heure de rose, c'était une heure de débrief.
13:28S'il y en avait deux, c'était deux heures.
13:30Donc, on a toujours été baignés dans la compétition.
13:33Et non, j'ai jamais voulu faire du vélo pour faire joli.
13:37Si je me faisais mal à l'entraînement,
13:38c'était pour gagner des courses,
13:39ce n'était pas pour prendre le départ et regarder les spectateurs.
13:42Même à 11 ans, hein ?
13:44Ah oui.
13:45Marine, mauvaise perdante, ça veut dire quoi ?
13:49Allez, allez.
13:50C'est toi, Plaise.
13:51Mauvaise perdante, pour donner un exemple,
13:55on jouait au Monopoly et si elle perdait,
13:57elle jetait tout par terre, quoi.
14:00Normal.
14:01Je suis sûr que t'as pire encore, parce que moi, je fais pareil, tu vois.
14:05Allez, vas-y, balance autre chose, là.
14:09D'autres choses qu'elle a plus jetées.
14:10Elle jouait jusqu'à temps qu'elle allait gagner.
14:12Des fois, on faisait même des cauchemars la nuit,
14:14tellement elle jouait.
14:15Donc, pour vous donner un peu un exemple de...
14:18de vraiment là-dessus, ouais, mauvaise joueuse.
14:20Après, je ne dis trop rien parce que je suis un peu pareille.
14:22Donc, forcément, à deux, on se montait vite le péchon.
14:25Ça, j'imagine.
14:27Donc, t'as vraiment, Audrey, si je comprends bien,
14:28cet esprit de compétition en toi, quoi.
14:30C'est... Je dois gagner, je ne supporte pas la défaite,
14:33et c'est ce qui a fait ce que t'es devenue ensuite.
14:36Ouais, je pense, et pour redonner un exemple, une anecdote,
14:40c'est avec ma sœur, on faisait du derrière-voiture à l'entraînement.
14:43Donc, notre papa prenait la voiture
14:45et on devait suivre l'arrière de la voiture, en fait,
14:47pour simuler vraiment un rythme de course.
14:50Et moi, j'avais qu'une chose en tête,
14:52c'était de faire péter ma sœur, quoi.
14:53C'était qu'elle ne reste pas derrière la voiture avec moi, quoi.
14:56J'en ai...
14:57Et on s'engueulait sur le vélo, elle faisait demi-tour,
15:00mon père finissait l'entraînement avec moi,
15:02en rentrée, elle faisait la tête.
15:03Enfin, c'était...
15:04Ouais, ouais, on était dans la compète tout le temps,
15:06même entre sœurs.
15:07Attends, explique-moi une chose,
15:08que t'as quand même trois ans de plus qu'elle.
15:10Donc, ça, c'était à quel âge ?
15:12Parce que si elle, elle était toute petite que toi,
15:13t'avais trois ans de plus et que tu la faisais péter, effectivement.
15:17Bah, je sais pas, j'avais 15-16 ans et puis ouais, elle en avait 13, quoi.
15:20Ah ouais, mais c'est dégueulasse.
15:22Marine, défends-toi, c'est au nieux !
15:26C'est...
15:28Mais bon, c'est pas grave, moi aussi, je voulais me battre avec elle,
15:30donc... Enfin, sur le vélo.
15:32Oui, j'entends bien.
15:33Donc bon...
15:34Par contre, elle gagnait toujours,
15:35c'est ça qui était le plus chiant pour moi.
15:39Ça me paraît aussi normal qu'en cyclisme,
15:42entre 15 et 12 ou entre 18 et 15,
15:45il y ait plus de puissance, d'expérience et tout ça, non, Audrey ?
15:50Ah non, mais complètement, il y a...
15:52Là, je compte énormément dans ce sport,
15:54c'est qu'on n'a pas le même...
15:55On ne se développe pas physiquement de la même manière,
15:57mais c'était pas grave,
15:58j'avais justement envie de la battre, peu importe.
16:02Marine, est-ce qu'Audrey a brisé ta carrière ?
16:07Ah mais complètement, déjà, elle a tout pris le talent,
16:09déjà, j'avais pas compris.
16:11Et puis...
16:13Et puis non, bon, après, c'est sûr que j'étais plutôt contente
16:15d'aller sur les courses pour dire que j'étais là si heureuse à cordon
16:17que de faire du vélo.
16:18Bon, j'étais pas très courageuse, on va dire,
16:20j'étais beaucoup moins courageuse qu'elle.
16:22Ton premier titre de championne de France,
16:23tu as quel âge, Audrey ?
16:26C'était en 2007,
16:28donc j'avais...
16:30Que je dise pas de bêtises...
16:33J'avais pas 18 ans.
16:34Donc ouais, j'étais junior.
16:36Parce que l'année précédente,
16:37t'avais été championne de France de l'avenir.
16:40Non, deuxième.
16:42Ouais.
16:43Ouais. Deuxième.
16:44Et tu te souviens ? Parce qu'à ça,
16:45j'imagine que cette deuxième place, elle n'a pas dû te plaire.
16:50En fait, si, parce que je m'attendais pas du tout à ça,
16:52parce que je me confrontais rarement, finalement,
16:54au peloton national.
16:56Et puis j'étais arrivée un peu là par hasard.
16:59Et je termine deuxième,
17:02mais c'était vraiment pas...
17:03Enfin, je gagnais tout dans la région ouest,
17:05mais c'est vrai qu'on n'était jamais confrontés aux autres régions.
17:08Et donc je suis arrivée là sans pression.
17:11Et puis terminer deuxième, pour moi, c'était super.
17:14Donc ça veut dire que c'était ta première confrontation
17:16à l'échelon national.
17:18Tu termines deuxième, championne de France de l'avenir.
17:20Et là, tu te dis...
17:23Ouais. Là, je...
17:25Ouais, c'est solide.
17:26Et puis surtout, ce qui en a découlé,
17:28c'est ma première sélection en équipe de France
17:30pour les championnats du monde.
17:31Junior.
17:32Junior, ouais, du coup.
17:34Et ça a été mon...
17:35Enfin, là, c'est mon premier pied en équipe de France, quoi.
17:39Et là, tu fais quoi au monde ?
17:41Je me fais rattraper à un kilomètre de l'arrivée.
17:43J'étais seule en tête, ouais.
17:46Et avec le recul, t'as déconné ou juste tu pouvais pas faire mieux ?
17:51Ben, avec le recul, je pouvais pas faire mieux.
17:54Je pense que j'étais à fond, quoi.
17:57Non, mais ça, j'imagine bien, mais j'en sais rien.
17:59Est-ce que tu te dis avec le recul,
18:00je suis partie un peu trop tôt ou pas ?
18:02Tu vois ? Tu comprends ce que je veux dire ?
18:04Ouais, non, je me dis...
18:05Non, j'ai aucun regret sur ce championnat, non.
18:07Et puis finalement, maintenant, quand je repense,
18:09j'ai le souvenir de la fin de course,
18:12mais la préparation et tout,
18:15là, j'étais encore à une époque où je profitais,
18:18c'était la belle vie, quoi.
18:20C'est les meilleures années, les années de juniors.
18:22Attends, ça veut dire quoi, je profitais ?
18:25Ben, on jouait à Uno jusqu'à minuit, une heure du matin,
18:28la veille de la course, quoi, y avait pas de problème.
18:31Et attends, et tu gagnais ?
18:34Pardon ?
18:35Et tu gagnais au Uno ?
18:36Ah ben, y avait intérêt.
18:37De toute façon, même si je n'ai pas gagné,
18:40je faisais en sorte de gagner, quand même.
18:42Raconte-moi cette course,
18:43parce que je comprends que c'est important.
18:45C'est la première fois que t'es confrontée
18:46à l'échelon international.
18:49Ta première grosse compétition, c'est un monde, quoi.
18:53T'es partie à combien de l'arrivée, seule ?
18:57J'ai dû partir à 40 bandes de l'arrivée.
18:59Et tu t'es rattrapée à ?
19:01À un kilomètre, un kilomètre cinq, un truc comme ça.
19:03Oh, il manque rien, quoi.
19:04Non, il manque rien, oui.
19:05Et comment, au niveau junior et à cette époque-là,
19:11comment est-ce que t'es informée ou pas de ce qui se passe ?
19:14Est-ce que c'est comme chez les pros aujourd'hui ou est-ce que...
19:18Je pense qu'il y avait, si je me souviens bien,
19:20y avait une moto avec une tablette,
19:23enfin, une tablette, c'est une ardoise,
19:25et c'est tout.
19:27Donc t'as pas un directeur sportif qui te brief
19:29et qui te dit, attention, ça revient, machin, et tout ça ?
19:32Non.
19:33Tu te serais jamais fait remonter, sinon, je suis sûr.
19:36Oui, peut-être.
19:37C'est sûr. Marine.
19:42Oui, après, je sais qu'on peut pas refaire le passé,
19:44mais oui, peut-être qu'avec tout ce qu'ils ont maintenant...
19:48Les outils, oui.
19:49Ça aurait pu le faire, oui.
19:50Donc tu reviens des Mondiaux.
19:51Finalement, tu m'as dit que tu terminais combien ?
19:52Je sais pas si tu l'as dit, d'ailleurs.
19:54Non, dans les 20 et quelques, voilà, etc.
19:57Bon, on s'en fout, t'as été la meilleure du monde
19:59jusqu'à un kilomètre de l'arrivée.
20:00C'est ça.
20:02Tu ressors de cette compét', tu te dis quoi ?
20:04Je me dis que c'était cool.
20:05En plus, c'était en Belgique, j'avais fait un voyage,
20:07c'était vraiment cool.
20:09Je suis allée en équipe de France, on s'est fait des copains,
20:11c'était top.
20:13Je retourne au lycée, et puis voilà, quoi.
20:15L'année d'après, t'es championne de France Junior,
20:18t'es quatrième du championnat d'Europe sur route.
20:21On sent que les paliers, les étapes se franchissent...
20:25Alors, allègrement, c'est peut-être pas le mot,
20:26mais pas loin, quoi.
20:29Ouais, c'est ça, je pense que, du coup,
20:31je pars plus dans l'inconnu,
20:32j'ai déjà vécu un championnat,
20:33je connais le staff de l'équipe de France,
20:35on n'est plus rassurés, du coup,
20:37et puis c'est ma deuxième année de junior,
20:40ma dernière année de junior,
20:41donc je sais que c'est ma dernière chance aussi
20:43d'être championne du monde junior,
20:44d'être championne d'Europe.
20:45Et...
20:47Mais encore une fois, en fait, j'étais pas assez sérieuse,
20:49je partais un peu...
20:51Moi, ce qui me branchait,
20:52c'était d'être avec les copains, les copines,
20:54et le vélo, je le prenais, on faisait la course et tout,
20:58mais c'était pas...
20:59J'étais vraiment...
21:00Ouais, dans la découverte du sport de haut niveau
21:03et pas trop...
21:04Je me mettais vraiment pas à la pression, quoi.
21:06Et tu t'en veux avec le recul ?
21:08Bah ouais, à mort,
21:10parce que j'aurais dû jouer le titre aussi en junior 2
21:15et je suis la première à attaquer
21:17et il y a quatre, cinq filles qui me suivent,
21:20c'était une longue bosse, c'est au Mexique, en plus,
21:22donc c'est un voyage assez énorme,
21:24et en fait, je me fais revoir par quatre, cinq filles
21:26et je crois que...
21:27Et du coup, je les laisse filer
21:28et c'est ces quatre, cinq filles qui vont en haut,
21:32alors que j'étais avec...
21:33Donc, c'est vraiment des erreurs de bleu,
21:36mais c'est ce que j'étais aussi, quoi.
21:38Et ouais, j'ai un peu de regret
21:40de ne pas avoir pris ça peut-être plus au sérieux à l'époque.
21:43Et ton père, qui était cycliste, il te disait quoi ?
21:46Ah, il m'engueulait, hein.
21:48Il m'engueulait à mort.
21:49Mais tu l'écoutais pas ?
21:50Bah si, je l'ai écouté plein de fois,
21:52mais il y a aussi un moment où on s'est dit
21:54C'est vrai ? Pour de vrai ?
21:57Ouais, je lui ai pas dit ça comme ça,
21:59mais je lui faisais comprendre qu'en gros,
22:01il était has-been, quoi, que c'est bon,
22:03il m'avait fait arriver au niveau que j'étais
22:05et qu'il fallait qu'il passe le flambeau,
22:07ce qu'il a fait, en plus.
22:09Et pourtant, il avait raison, hein.
22:11Et pourtant, il avait raison.
22:12Marine, tu diras à ton père de regarder l'émission ?
22:15Non.
22:16Non ?
22:17Non.
22:19Non.
22:20Non.
22:21Non.
22:22Non.
22:24Pas de souci, je vais lui dire.
22:26En 2008, t'es engagée...
22:28En 2008, t'es engagée par l'équipe Vienne Futuroscope.
22:31À ce moment-là, tu fais pistes et routes.
22:35Tu performes sur les deux.
22:37C'est bien ou c'est difficile de faire les choix ?
22:39Et là aussi, avec le recul, il aurait pas fallu choisir ?
22:41Je ne sais pas, hein.
22:43Non, je pense que c'était bien de faire les deux.
22:45Ça m'a...
22:46Ça a continué à me faire progresser sur la route
22:50et la piste était vraiment un très bon complément.
22:52À l'époque, c'était possible de faire les deux, pour moi.
22:54Et après, plus tard, j'ai essayé de faire les deux
22:59et là, c'était vraiment pas possible
23:01parce que la saison de piste, elle se déroulait l'hiver.
23:03Donc l'hiver, normalement, on fait la route,
23:05on a envie de se reposer.
23:06Et puis, du coup, j'étais plus du tout à la maison
23:08et en 2014, j'ai décidé d'arrêter et de me consacrer à la route.
23:11Parce qu'entre temps, il y a eu des belles choses, quand même.
23:132011, tu remportes le doublé en espoir,
23:15championne de France sur route,
23:16championne de France du contre la montre.
23:18Ça va, là. Ça envoie, là.
23:22Oui, c'est vraiment des années prolifiques pour moi
23:25parce que j'avais des opportunités au sein de mon équipe,
23:29on me faisait confiance
23:30et puis j'apprenais le métier, tout simplement.
23:33Et en plus, à l'époque, je ne me disais toujours pas
23:35que j'allais en faire mon métier
23:36ou que j'allais pouvoir en vivre un jour.
23:38Donc pour moi, c'était à côté de mes études, de mon travail.
23:43Du coup, je faisais aussi des études en parallèle du travail
23:49puisque, du coup, j'étais en stage.
23:50Donc j'avais des heures pas possibles,
23:52j'avais rien pour m'entraîner.
23:54Je n'étais pas du tout dans une situation
23:58qui était idéale, finalement, pour progresser.
24:01Donc je ne me prenais pas la tête et puis ça marchait.
24:03Donc voilà, je pense que j'ai vécu des très, très belles années
24:07parce que je ne me mettais pas du tout de pression
24:09et j'avais à côté, en plus, d'autres choses
24:12qui me prenaient du temps.
24:13Donc pour moi, c'était du plus.
24:15Et puis ensuite, ça s'est compliqué.
24:17Enfin compliqué, ça s'est plutôt arrangé
24:19le jour où je n'ai fait que du vélo.
24:21Et là, c'est devenu compliqué.
24:23Et évidemment, on n'a pas le choix, il faut réussir.
24:25C'est ouf, ça, ce que tu dis.
24:26Et toi, Marine, la petite sœur à côté,
24:29tu voyais ta sœur qui réussissait à performer partout
24:32et, entre guillemets, qui ne faisait pas de choix.
24:34Comment tu le vivais, toi ?
24:39Oh ben, moi, étant jeune, ça a été compliqué
24:43parce qu'on se ressemblait déjà physiquement beaucoup.
24:45Donc d'être... Enfin, je n'étais pas Marine, en fait.
24:48J'étais la sœur d'Audrey Cordon.
24:49Donc à ce moment-là, c'était compliqué.
24:51Mais après, j'ai tout de suite compris
24:55que moi, le vélo, ça aurait été vraiment au niveau régional,
24:57voire national, mais pas plus haut.
24:59Donc j'étais contente pour elle.
25:00Et puis au vu de tout ce qu'elle faisait,
25:02c'était quand même le rendu de son travail.
25:06Donc non, j'ai toujours été hyper contente pour elle.
25:08J'ai jamais eu...
25:09J'ai tout de suite su que ce n'était pas forcément fait pour moi.
25:12Donc non, très, très fière de ce qu'elle faisait.
25:15Mais c'est complètement dingue, ce que tu racontes, Audrey.
25:17Parce que partout et jusque-là...
25:19Là, on parle, par exemple, de 2011,
25:22mais 2012, tu vas aller à Londres, aux Jeux.
25:24Et là, je continue de profiter, faire mes études.
25:29Je ne me vois pas comme une pro.
25:31Enfin, attends, explique-moi, quand tu vas au JO de Londres,
25:33tu ne te dis pas, j'y vais pour gagner
25:36et je ne veux faire plus que ça dans ma vie.
25:37Non ? Toujours pas ?
25:38Non, toujours pas.
25:40Non, en fait, il n'y avait rien en France
25:42qui te permettait de faire que du vélo ou d'en vivre.
25:44Donc non, il n'y a pas un moment où je me dis,
25:47après les Jeux de Londres, ou parce que je suis sélectionnée,
25:50je vais pouvoir en faire mon métier.
25:52Il n'y a vraiment pas un moment où je me dis ça, quoi.
25:54Et les Jeux de Londres,
25:56ça a été une expérience extraordinaire.
25:58On était trois Françaises à partir ensemble.
25:59On a vécu un truc de fou.
26:02Moi, les Jeux, pour moi, c'est la plus belle compétition
26:05avec l'équipe nationale qui existe, vraiment.
26:07À côté, il y a les championnats du monde,
26:09mais c'est tous les ans.
26:10Et les Jeux, c'est tous les quatre ans.
26:11Donc c'est quelque chose d'assez exceptionnel.
26:13Et non, il n'y a pas un moment où je me suis dit, en 2012,
26:16bon, après ça, je vais en faire mon métier.
26:18Je savais qu'il aurait fallu que je fasse que du vélo
26:21pour progresser encore
26:22et pouvoir peut-être un jour prétendre à gagner les Jeux.
26:25Mais...
26:26Et ça ne générait pas de frustration chez toi ?
26:28Tu ne te disais pas, j'ai quand même des fichues qualités.
26:31La preuve, tu vas faire 15 à Londres.
26:34Et c'est une super place.
26:37Oui, si, je pense que...
26:38Si, j'étais frustrée,
26:40mais en fait, je ne voyais pas d'issue à ma situation.
26:43Il y a qu'en 2014,
26:45où j'ai un...
26:48un...
26:49Oui, je ne sais pas ce qui a été déclenché en moi.
26:52Je me suis dit, j'ai dit à mon mari,
26:55écoute, j'ai envie de faire autre chose.
26:57J'ai envie de faire du vélo, j'ai envie de découvrir autre chose.
27:00Et je vais demander à des équipes étrangères.
27:02J'y vais au culot, je vais leur demander.
27:04C'était déjà le mois d'août, donc c'était trop tard, en fait.
27:07Et j'ai un rendez-vous avec Carl Lima,
27:11qui est un manager d'une équipe norvégienne
27:13que je connaissais parce que j'ai cours avec elle.
27:16Et je lui dis que je souhaiterais intégrer son équipe.
27:19Et il me dit, non, je n'ai pas de place, l'effectif, il est clos.
27:22Je lui dis, je m'en fous, donne-moi juste un vélo, un équipement,
27:25et je demanderai un autre.
27:27Et il me dit, OK.
27:28Et ça a été le début de ma vraie carrière de vélo.
27:31Raconte la suite, parce que ça, c'est juste génial.
27:34Là, la winneuse, celle qui n'aime pas perdre,
27:37qui avait des capacités hors du commun et qui se donne les moyens.
27:41Waouh !
27:42Donc, tu commences les entraînements avec elle et comment ça se passe ?
27:45Alors, je débarque en 2014 sur mon premier stage
27:49avec l'équipe Hightech Products, donc une équipe norvégienne.
27:53Et je suis en chambre avec Elisa Longobangini,
27:55qui est devenue depuis une amie.
27:58Et là, je suis la seule Française dans cette équipe
28:01et je ne parle pas un mot d'anglais.
28:02Enfin, j'ai vraiment l'anglais de base qu'on apprend à l'école,
28:04l'anglais qui ne sert à rien.
28:06Et là, je me dis, mais dans quoi je me suis embarquée, quoi ?
28:10Ça va être une horreur. Et je vis vraiment un stage.
28:13Alors, l'ambiance est géniale et tout,
28:14mais pour moi, j'ai la tête en bouillie,
28:16j'ai le cerveau, il ne fonctionne plus.
28:19Le soir, je suis plus fatiguée d'avoir parlé anglais toute la journée
28:21que d'avoir roulé cinq heures. C'est une horreur.
28:24Et je me dis, je ne vais jamais y arriver, quoi.
28:25Je me dis, quand les courses vont arriver,
28:27qu'on va me parler dans l'oreillette, il va falloir que je comprenne.
28:29Je suis à la rute complète.
28:32Et au bout d'un an, toute ma saison de 2014,
28:36je passe une saison juste d'enfer.
28:38Et voilà, il y a une super ambiance.
28:41Je suis avec des filles de tous les horizons.
28:43Il y a un mélange de cultures qui fait que je suis vraiment dans mon élément
28:47et je me rends compte que j'aurais dû le faire bien avant.
28:50Et voilà, ça a été vraiment le début de ma carrière à haut niveau,
28:56où ensuite, j'ai enchaîné avec une équipe anglaise.
28:59Et là, depuis trois ans, dans cette équipe américaine,
29:03c'est vraiment ça que j'aime.
29:05Je ne regrette pas un instant d'avoir fait ce choix,
29:07même si tard.
29:08Mais tant pis, il fallait le faire et je l'ai fait, quoi.
29:11Sur un moment très important, c'est en 2020,
29:13quand tu décroches ton premier titre de championne de France sur route.
29:16Ça change quelque chose, ce titre-là ?
29:20Ah ouais, ça a changé.
29:21Et on regarde les images en même temps. Vas-y, raconte-nous.
29:25Ça a changé ma cote de popularité, déjà.
29:28C'est vrai que le maillot de championne de France,
29:29c'est vraiment un maillot qui est reconnu par le grand public.
29:34Et ce maillot, j'avais tant de fois essayé d'aller le chercher
29:38et je m'étais plantée tant de fois,
29:39j'ai fait tant de fois deuxième et troisième
29:41qu'en fait, je ne pouvais pas...
29:43À domicile, en plus, je ne pouvais pas passer à côté cette année-là.
29:46J'étais post-Covid surmotivée
29:49à avoir roulé deux mois et demi sur mon trainer dans mon garage.
29:53Ça m'avait vraiment foutu les nerfs et la rage.
29:56Et là, ce jour-là, j'avais la rage plus que les autres.
29:58Et c'est ça qui a fait que j'ai fini.
30:00Raconte-nous la fin de la course.
30:03En fait, je suis dans le peloton.
30:06Il y a pas mal d'échappées déjà parties.
30:08Et puis, je fais le jump sur chacun des groupes qui étaient devant moi.
30:13J'arrive à rentrer, j'emmène quelques filles avec moi.
30:16Mais bon, là, je m'énerve un peu, comme d'habitude.
30:18Mais j'arrive à rentrer avec des filles
30:22qui avaient des coéquipières à l'avant,
30:23donc qui ne me passaient évidemment pas de relais.
30:25Et puis, j'en remets, j'en remets, j'en remets, j'en remets,
30:27jusqu'à me retrouver aissellée et aller chercher la victoire.
30:31Elles sont belles, ces images-là.
30:33Ouais.
30:34On te sent inarrêtable sur cette course. C'est ça qui est dingue.
30:38Ouais, mais c'est exactement ça.
30:39C'est toi qui donnes le ton, c'est toi qui lides tout.
30:41Ta course et les autres font ce qu'elles peuvent.
30:45Ouais, c'est ça. C'est moi qui décide quand je pars.
30:48C'est moi qui décide à quel moment je fais l'effort.
30:49C'est moi qui décide quand est-ce que je vais gagner, quoi.
30:52Et ça s'appelle des jours de grâces.
30:55Et les jours de grâces, comme ça, on n'en a pas beaucoup.
30:57Il y en a d'ailleurs qui me disent...
30:59J'avais un entraîneur qui me disait,
31:00essaye de ne pas les avoir à l'entraînement.
31:02Et c'est dur à gérer.
31:03C'est dur d'arriver le jour de son objectif au top.
31:07Et ce jour-là, j'ai réussi.
31:10Et à quel moment, ce jour-là, tu t'es dit,
31:12je serai championne de France ?
31:16Seulement quand j'étais toute seule.
31:17Avant ça, en fait, on ne peut jamais être sûr.
31:20On ne peut jamais être sûr, on peut tomber sur un os.
31:22Non, j'ai su que j'allais championne de France
31:24dans cette dernière ligne droite qui était interminable.
31:26Et quand j'ai passé la ligne, j'en étais sûre à certaines.
31:30Mais c'est vrai que le vélo, tant qu'on n'a pas franchi la ligne,
31:32on ne peut jamais être sûr.
31:34Marine, tu te dis quoi, ce jour-là ?
31:36Tu as pleuré ?
31:39Comment ?
31:40Tu as pleuré, ce jour-là, j'espère ?
31:43Oui, on a tous pleuré.
31:46Pour le coup, on était tous là.
31:49Et on était bouche bée.
31:51On ne savait pas quoi dire.
31:53En plus, on n'est pas trop démonstratifs dans la famille.
31:55Donc, moi, je n'ai pas parlé pendant au moins une heure,
31:58je pense, tellement j'étais choquée.
32:00Et mon père, surtout, qui était là,
32:02qui, lui, tous les ans, ne regarde pas le Chopin de France à la télé
32:05parce qu'il est énervé à regarder la course de vrai.
32:08Et là, on lui avait dit, il faut que tu viennes, on ne sait jamais.
32:10Il faut que tu viennes. Et puis, il est venu.
32:12À la mi-course, je le vois encore me dire,
32:14oh là là, j'aurais mieux fait d'aller à la pêche aujourd'hui
32:16parce que, forcément, on n'est pas contents.
32:18Et puis, le moment où il dit ça,
32:21attaque d'Audrey, et là, on voit le scénario qui se déroule,
32:25mais on n'aurait pas pu rêver mieux.
32:28C'est surtout la dernière montée, quand elle passe devant nous.
32:30Et, en fait, on ne l'a même pas encouragée
32:32parce qu'il y avait tellement de gens qui hurlaient son prénom
32:35que c'était un truc de dingue, quoi.
32:37Autre moment magique, et on va revoir les images qui venaient de débuter,
32:41c'est le Cantre-à-la-Montre. C'est cette année, c'est ça ?
32:45Raconte-nous, ça. C'est où ?
32:48C'est... C'est où ? C'est à Epinal.
32:52Et c'est vrai que...
32:54Voilà, je n'étais pas forcément favorite sur ce Cantre-à-la-Montre
32:59parce qu'avec Juliette Labousse,
33:00qui était la championne de France en titre,
33:03on se tire la bourre depuis quelques années.
33:05Et puis, c'est vrai qu'elle progresse beaucoup.
33:06Elle est plus jeune que moi, elle progresse beaucoup.
33:10Et puis, c'est surtout que je sortais de la déception
33:12de ma non-sélection aux Jeux olympiques.
33:14Et du coup, j'avais vraiment à cœur de prouver
33:17que j'étais la Française qui roulait le plus vite.
33:21Au moins, une des deux Françaises qui roulaient le plus vite
33:23et que j'avais ma place sur ces Jeux olympiques.
33:26Et donc, voilà, je suis partie avec une hargne
33:29encore différente des autres années
33:31et beaucoup d'envie.
33:33Et puis, ce chrono, je l'ai massacrée, quoi.
33:36Ce jour-là, j'étais inarrêtable, encore une fois.
33:39Et encore une fois, je passe la ligne et j'ai mon père,
33:41j'ai ma soeur, j'ai mon mari qui sont là.
33:43Et donc, c'est encore un grand moment d'émotion.
33:47Audrey, au moment de partir,
33:49tu sens que ça va être un grand jour,
33:51que t'as les cannes, que t'as la tête,
33:53qu'il va falloir qu'elles s'accrochent, les autres ?
33:57Non, je ne suis pas confiante du tout.
33:58Pas confiante du tout.
34:00En plus, j'ai été victime d'une chute à l'entraînement
34:04même pas une semaine avant, donc je suis un peu blessée.
34:07D'ailleurs, j'ai le genou qui saigne encore, là, sur cette photo.
34:10J'ai dû me donner un coup dans le genou avec mon guidon.
34:13Donc non, je ne suis pas du tout confiante,
34:15mais vraiment pas du tout.
34:16Et puis, j'ai un super coach dans la voiture,
34:20qui est Samuel Dumoulin,
34:21qui était professeur de très longtemps chez Les Deux Aires,
34:24qui me suit, qui ne m'a jamais suivi,
34:27qui ne me connaît pas, finalement,
34:28et qui a cette objectivité que d'autres personnes n'auraient pas.
34:32Et qui déroule le scénario qu'on avait préparé.
34:35Et tout s'est déroulé exactement comme on l'avait décidé.
34:39Tu pars à telle vitesse, à telle allure,
34:41t'accélères à ce moment-là, etc.
34:43J'ai tout fait comme il m'avait dit,
34:44sans vraiment avoir d'écart.
34:46Je ne savais pas trop où j'en étais.
34:48Et je passe la ligne et voilà.
34:50La deuxième est à combien, derrière ?
34:52Je crois que Juliette devait être à 30 secondes, à peu près.
34:54Ah ouais ?
34:58Elle est forte, là.
34:59J'avais perdu le titre l'année d'avant
35:02pour moins de trois secondes, quoi.
35:04Bon, ça, c'est fait, maintenant.
35:05Allez, on parle de demain.
35:06Demain, c'est le Tour de France, qui va être de retour.
35:09Quand je dis demain, c'est évidemment l'année prochaine.
35:12Ouais.
35:14Ça aussi, c'est un truc qui est symbolique, qui est fort,
35:16sur lequel t'as des objectifs élevés, j'imagine.
35:20Ouais, c'est très symbolique,
35:22parce que c'est une quête qui a commencé il y a dix ans, maintenant,
35:26où finalement, tous les cyclistes de ma génération,
35:29on avait envie de voir revenir ce Tour de France.
35:32On s'est battus pour ça.
35:33On a vraiment... Ouais, on s'est battus, je pense que c'est...
35:36Ce sera huit jours, hein ?
35:37Ce sera huit étapes, ouais, tout à fait.
35:40Et enfin, il arrive, enfin, il débarque,
35:43et ouais, je suis hyper, hyper contente, hyper excitée,
35:48un peu à l'instar de ce que j'ai vécu pour Paris-Roubaix.
35:50On part aussi un peu dans l'art,
35:52parce qu'on n'a jamais vécu un Tour avec autant de médiatisation,
35:56de pression, etc.
35:57Donc, on part un peu dans quelque chose d'inconnu.
35:59Et c'est une excitation.
36:01J'ai l'impression d'être une gamine, quoi, d'être une cadette
36:03et d'avoir une motivation, comme si j'avais retrouvé mes 20 ans, quoi.
36:06Donc, c'est plutôt cool.
36:08Donc, c'est un objectif affiché, aujourd'hui ?
36:12Oui, bien sûr.
36:13Pour moi, pour l'équipe, c'est un objectif affiché.
36:15On a envie de s'illustrer sur ce premier Tour de France féminin.
36:19Non, mais attends, c'est pas on a envie pour l'équipe.
36:22Moi, je te parle de toi, perso, t'as envie de le gagner, le Tour.
36:24T'y vas pour ça ?
36:25Non, non, non.
36:26Je vais pas pour le classement général.
36:28Je sais que je suis aussi lucide sur mes capacités de grimpeuse,
36:31et pour moi, la planche des belles-filles,
36:33ce sera un peu trop difficile.
36:35Mais ramener un maillot distinctif
36:37ou aller chercher une à deux victoires d'étape,
36:40c'est évidemment un rêve.
36:41Je pense qu'on a tous envie d'accrocher une ligne,
36:44une étape du Tour à son palmarès.
36:48Donc, voilà, il faut être aussi lucide sur ses capacités.
36:52Et en l'occurrence, je suis tout à fait capable
36:54d'aller chercher une victoire d'étape.
36:56Pour terminer, tu parlais de Paris 2024.
37:00Ça, c'est le but ultime ?
37:03Oui, ça, c'est le but ultime de ma carrière.
37:05C'est vraiment de finir ma carrière là-bas,
37:08avec ma famille, mes amis autour de moi,
37:11et aller chercher une médaille là-bas.
37:14Et ça, c'est vraiment...
37:17Ce sera mon dernier challenge sportif
37:20au niveau de ma carrière.
37:21De toute façon, Marine, tu organises tes vacances
37:23en fonction des compètes de ta sœur.
37:26Exactement.
37:29Donc, première semaine d'août, on va aller dans l'Est,
37:31et puis dans deux ans, on sera à Paris.
37:35C'est super. Merci, les filles.
37:36Bravo, c'est génial. Un super moment.
37:39Merci, Audrey. Continue et on suit ça avec attention.
37:41Merci, Marine, pour ta gentillesse et ta simplicité
37:44et ta générosité aussi.
37:47Merci beaucoup.
37:48Salut, les filles. À bientôt.
37:49On va parler de ski nautique avec une autre grande championne
37:52dans quelques secondes.
37:58Laura Philly est notre deuxième invitée de la semaine.
38:01Bonjour, Laura.
38:03Bonjour.
38:04Je suis ravi de t'accueillir.
38:05Alors, il se trouve que dans la vie, j'ai trois passions.
38:09Le ski, le vélo ou le VTT,
38:11on en a parlé juste avant avec les filles,
38:12mais aussi le wakeboard.
38:14Et toi, t'es une multiple championne de France,
38:16d'Europe et de ski nautique et de wake.
38:19Donc, je pense qu'on va se régaler ensemble.
38:21Ça marche pour toi ?
38:23Ça marche pour moi.
38:24T'es à Maubuisson, qui, pour moi, est plus connu
38:26pour être un terrain de planche à voile
38:28quand j'étais petit ou de VTT maintenant.
38:30Mais il se trouve que t'as monté une école là-bas,
38:32et t'as raison, parce que j'imagine que c'est là où tu habites
38:34et où tu t'entraînes toute l'année.
38:35Maubuisson, c'est un peu au-dessus de la canoe,
38:39entre Bordeaux et l'océan.
38:42Exactement.
38:43C'est un bon cadre de vie.
38:45Tu as 27 ans, Laura.
38:46T'as un palmarès long comme le bras.
38:49T'as combien de titres de championne de France en tout ?
38:54Plus d'une vingtaine.
38:55Je ne me rappelle pas du nombre exactement.
38:57C'est ça ? Ça veut dire que tu les célèbres quand même
39:00ou quand t'es encore championne de France, c'est juste normal ?
39:03Non, je suis quand même très contente.
39:06On ne gagne jamais un titre d'avance.
39:08On le remet en jeu chaque année.
39:10À chaque fois, quand ça arrive, c'est une nouvelle victoire.
39:13J'imagine.
39:14Laura, j'aimerais comprendre comment tu arrives au ski nautique et au wake.
39:17T'es d'une famille de sportives ou de sportives d'abord ou pas ?
39:22Oui, je suis d'une famille de sportifs,
39:26surtout dans l'équitation.
39:27Mais le ski nautique, non, pas vraiment.
39:30C'était par hasard lors d'une journée de découverte à New York.
39:34On venait juste de déménager et on m'a proposé d'essayer
39:38et j'ai tout de suite accroché.
39:40On a des images et là, t'as six ans.
39:42J'aimerais bien que tu me les commandes, ces images-là.
39:44Ça, c'était où ?
39:46Ça, c'est merveilleux.
39:49C'était à New York.
39:51C'est mes premières fois en Bézi-ski avec Jean-François Coetino,
39:54mon premier entraîneur qui a beaucoup marqué ma carrière.
39:57C'est incroyable, ces images.
39:58Franchement, quand on sait ce que tu es devenue
40:00à l'échelon français international, c'est extraordinaire.
40:04Donc ça, c'est la première fois que tu montes sur des skis
40:05et t'as six ans.
40:07Oui, c'est ça.
40:09Tu te souviens dans ta tête ce qui se passe ?
40:11Non, je ne me souviens pas du tout.
40:14Je me souviens que les séances avec Jean-François Coetino,
40:16c'était beaucoup de jeux, beaucoup d'amusement
40:19et c'est ce qui m'avait beaucoup plu.
40:20Mais après, je ne me souviens pas exactement de ce moment précis
40:23des images qu'on peut voir.
40:25Est-ce que tu te souviens...
40:27Alors, parce que tu ne viens pas de ce jour-là,
40:29mais tu as beaucoup de gens qui vont dire
40:31qu'il y a un peu d'appréhension parce que tu as un moteur,
40:32tu as du bruit, tu as de la vitesse.
40:34Est-ce que c'est des choses que tu as connues ?
40:36Et est-ce que tu...
40:37Quand tu repenses à tes premiers souvenirs ?
40:42Honnêtement, je ne me rappelle pas
40:45si j'avais eu beaucoup d'appréhension ou pas.
40:48Je ne me souviens pas des toutes premières séances,
40:51mais certainement que je devais avoir certaines appréhensions
40:54et avec mon entourage, c'est passé.
40:57Rapidement, tu y prends goût ?
41:01Oui, oui, j'y prends goût très rapidement.
41:03Et très rapidement, ma maman m'emmène régulièrement
41:08refaire du ski à la base de New York,
41:11le mercredi, le week-end.
41:13À quel âge tu commences à être inscrit dans un club de ski nautique
41:16et où tu commences à y prendre vraiment goût,
41:19à penser ski nautique et à te dire, tiens, je vais faire de la compète ?
41:24Je dirais que dès l'année suivante, après avoir essayé,
41:28donc vers sept ans, déjà,
41:30j'ai commencé à skier plus régulièrement,
41:33à faire ma première compétition.
41:35Et après, c'est à l'âge de huit ans
41:38où j'ai fait mon premier siège d'or,
41:40donc les championnats de France pour les moins de neuf ans,
41:44où là, j'ai gagné un stage chez Raoul Gabriel,
41:49un entraîneur à Cazaux.
41:52Et c'est vraiment là où, après, j'ai continué,
41:55après ce stage-là, où j'ai continué à m'entraîner très souvent
42:00pour aller chercher des titres sur les compétitions.
42:03Donc Cazaux, ça veut dire que tu vas découvrir le vrai sud-ouest ?
42:07Si je ne m'abuse.
42:09Ces championnats de France qui te permettent de gagner ce stage,
42:12tu termines combien ? Tu t'en souviens ?
42:15Oui, je termine quatrième.
42:17Je termine quatrième, j'avais huit ans.
42:19Et ça t'énerve ?
42:21J'ai gagné ce stage.
42:22Je ne me rappelle vraiment pas du tout.
42:25Je me rappelle qu'à cette compétition, il y avait beaucoup de jeux,
42:28et c'est ce que je me souviens en premier.
42:31Je pense, oui, que ça n'a pas dû me plaire de finir quatrième,
42:35mais j'y suis retournée l'année suivante,
42:37et là, l'année suivante, j'ai tout gagné,
42:40donc c'était une belle revanche.
42:43Alors, à cette époque-là, c'est du ski nautique de figure, hein ?
42:48Il y avait les figures et le slalom.
42:51OK. À quel moment tu as choisi d'être plutôt sur les figures que le slalom ?
42:55Donc, ça veut dire petite, t'es hyper complète, alors ?
42:59Petite, oui, je faisais...
43:01Jusqu'à là, jusqu'au moins de 9 ans, on ne sautait pas encore,
43:04on n'avait pas le tremplin encore.
43:06Après, Benjamin, il me semble que j'ai commencé à faire mes premiers sauts,
43:10et c'est après, en moins de 12 ans, où on faisait le combiné,
43:13donc figure, slalom et saut.
43:16J'ai fait le combiné, j'ai fait les trois disciplines
43:18jusqu'à la fin des moins de 21 ans.
43:21Donc, je me suis spécialisée qu'en figure à partir de 21 ans.
43:25C'est complètement dingue de se dire que des gamines...
43:27À quel âge, le saut, vous avez commencé ?
43:30J'ai fait mes premiers sauts,
43:32j'avais 9 ans à Niord avec Jean-François,
43:37et après, en compétition, je dirais que c'était à 10 ans,
43:41il me semble qu'on faisait nos premiers sauts.
43:44Parce que ce qu'il faut expliquer à celles et ceux qui nous regardent,
43:46c'est que le ski nautique, c'est terriblement technique,
43:50terriblement physique, parce qu'il y a l'attraction,
43:52il faut le tenir, le palonnier,
43:54et puis là, les figures, le slalom, aller chercher ou le saut,
43:59ça n'a rien à voir.
44:02Oui, non, c'est trois disciplines complètement différentes.
44:06Pourquoi tu t'es spécialisée dans les figures ?
44:10Parce que c'est là que tu avais les meilleurs résultats,
44:12ou très tôt, c'est ce qui t'amusait le plus ?
44:17Non, depuis petite, j'ai eu plusieurs phases,
44:21j'ai préféré le slalom pendant un temps,
44:23puis j'ai préféré le saut, puis j'ai préféré les figures.
44:26En fait, c'était un petit peu là où j'avais les meilleures performances
44:29que je m'amusais le plus,
44:31donc ça varie en fonction des années ou même des mois, parfois.
44:35Et après, effectivement,
44:38c'est en figure que j'ai voulu me spécialiser,
44:41c'est ce qui me plaisait le plus.
44:43C'était le plus diversifié entre les mains-mains,
44:46les cordes aux pieds, les nouvelles figures à apprendre,
44:49c'est ce qui me plaisait le plus.
44:51Moi, c'est marrant, parce que j'ai jamais sauté,
44:54j'ai toujours eu la trouille,
44:56mais j'ai essayé un peu les deux, j'ai pas mal fait de slalom,
44:59pas mal, je dis, en volume, pas en qualité.
45:04Quelles sont les spécificités de chacune des spécialités ?
45:07Et où est-ce qu'on prend le plus de fun, de plaisir ?
45:12C'est un peu difficile comme question,
45:18parce que des spécificités, il y en a quand même pas mal.
45:22En figure, je dirais que c'est vraiment la tonicité,
45:28la tonicité pour réaliser les figures,
45:31et de savoir où on est dans les airs.
45:36En slalom, je pense que c'est vraiment d'être...
45:41d'être bien calé, d'être vraiment solide
45:45pour garder l'attraction dans les vagues.
45:48Et en saut, pareil, je dirais que c'est aussi d'être vraiment solide
45:54et dans les vagues et sur le tremplin pour aller loin.
45:58Et dans les airs ?
46:00Oui.
46:01Tu peux nous rappeler la longueur des sauts ? C'est quoi ton record ?
46:06Mon record, c'est 42,60 m.
46:09Il faut que les gens qui nous regardent l'imaginent.
46:12C'est un bateau, tu vas chercher l'accélération, tu rentres plein pot...
46:1642 m en l'air !
46:1842 m avant d'arriver, et bam, claque sur l'eau.
46:23Moi, je suis assez fasciné par tout ça.
46:25Aujourd'hui, tu as plus de 20 titres de championne de France,
46:27tu as été 4 fois championne d'Europe, tu as terminé 4e des derniers mondiaux.
46:30Et comme si tout cela ne suffisait pas, tu as rajouté le wake, c'est ça ?
46:35Oui, c'est ça.
46:36Donc, le wakeboard, tu as commencé quand ?
46:40Alors, c'est arrivé complètement par hasard, parce que...
46:42Ouais.
46:43Non, c'est vrai.
46:46Parce que quand j'ai monté l'école de skimboard et de wakeboard à Mobiton,
46:50je ne pratiquais pas du tout de wake.
46:53J'ai commencé à entraîner des enfants, des très jeunes à faire du wake.
46:58Et ils me chariaient un petit peu en me disant
47:01« Oui, on te croit, mais tu n'en as jamais fait, tu ne sais pas en faire. »
47:05Et du coup, l'année dernière,
47:10il n'y avait pas de championnat d'Europe en athlénotique
47:13avec la crise sanitaire.
47:15Et du coup, j'en ai profité pour faire quelques séances de wake.
47:19Et en emmenant les enfants au championnat de France,
47:22je me suis inscrite au dernier moment et voilà.
47:25Et ?
47:28Et j'ai gagné.
47:30C'est juste hallucinant, ce que tu as entraîné.
47:31Moi, je trouve ça assez magique.
47:33Alors, ceci dit, je comprends mieux.
47:35C'est pour ça que j'ai insisté tout à l'heure
47:36sur les trois spécialités du ski nautique.
47:39C'est qu'en wake, il y a une grosse partie de glisse,
47:42mais il y a beaucoup de sauts.
47:43Tu l'as dit tout à l'heure, cette phrase que j'ai notée,
47:46c'est « Savoir se situer où on est en l'air. »
47:49Et le wake, c'est un peu de tout ça.
47:53Oui, tout à fait.
47:55La différence, c'est qu'en wake, la vague est très grosse.
47:58Ah oui.
47:59Donc tu sautes plus haut et ainsi de suite.
48:02Oui, c'est ça.
48:04Les pieds ne sont pas du tout pareils sur la planche qu'en figure.
48:06Du coup, au début, c'était un petit peu délicat,
48:09surtout que je n'ai pas pu faire beaucoup de séances de wake
48:11avant les championnats de France.
48:15Après, voilà, aux championnats de France,
48:17certaines s'y sont tombées, je ne suis pas tombée.
48:19Je n'étais pas du tout la meilleure sur le papier.
48:22Mais ça reste un championnat.
48:25Et du coup, voilà.
48:26Mais je n'ai pas non plus un niveau exceptionnel en wake.
48:30Grâce aux figures, j'ai pu me débrouiller.
48:33Tranquille, quoi.
48:34« Non, je n'ai pas un niveau.
48:35J'ai bénéficié de quelques erreurs des autres,
48:36mais je suis championne de France. »
48:38Tu te rends compte quand même ?
48:39T'imagines la frustration des pauvres, les autres.
48:41Elles voient Laura qui arrive en arrière.
48:42« Tiens, je vais m'inscrire au dernier moment. »
48:43Elle est, bim, regarde la roue sur le podium.
48:46Tu n'as pas vocation à développer,
48:48à essayer d'aller plus haut encore en wake ?
48:50De toute façon, j'imagine qu'on ne peut pas tout faire non plus.
48:54Oui, non.
48:55Le wakeboard, là, je pense à tous les riders
48:59qui vont voir cette interview à la télé.
49:03Non, non, je n'ai pas du tout vocation à aller plus haut en wake.
49:07Ça, c'est le titre...
49:08Je t'interromps, Laura.
49:09Excuse-moi, ça, c'est le titre de championne de France 2020
49:12en figure, en ski.
49:14Oui, c'est ça.
49:16Est-ce que tu peux nous le commenter, nous expliquer un peu
49:18la vitesse du bateau ?
49:20Ça, c'était où d'abord ?
49:23Ça, c'était à Dijon.
49:25C'est juste magique.
49:26Franchement, moi, je vois ça, c'est extraordinaire.
49:29Comment on peut avoir...
49:30Je voudrais qu'on repasse les images, s'il vous plaît.
49:33Comment on peut avoir cette sensation d'équilibre
49:38alors qu'on est tout sauf en équilibre, qu'on est tracté derrière un bateau,
49:42qu'il y a un sillon, qu'il y a une vague,
49:43qu'il y a la traction ?
49:45Enfin bon, c'est...
49:47C'est des milliers et des milliers d'heures, j'imagine, d'entraînement.
49:54Oui, c'est beaucoup.
49:55Les figures, ça demande vraiment beaucoup d'entraînement.
49:57Je pense que c'est la discipline qui demande le plus d'entraînement
50:00pour justement arriver en compétition
50:03et vraiment être sûre de soi sur les figures,
50:06même si on n'est jamais sûr complètement,
50:08mais d'avoir le plus de facilité possible
50:12pour qu'avec la pression, notre cerveau se souvienne de la technique.
50:19C'est juste affolant, parce qu'avoir le palonnier coincé
50:25avec ton pied droit et enchaîner tout ça,
50:27moi, je trouve ça juste merveilleux.
50:31Explique-moi une chose, comment on arrive...
50:34Je parle de ma petite expérience à moi.
50:36Comment on arrive à ne pas avoir d'appréhension
50:38quand on est dos au bateau ?
50:40Et j'ai même l'impression que c'est là où c'est le plus simple pour toi.
50:47Non, en fait, à part...
50:49Ça se fait vraiment tout seul.
50:51On sait exactement où on est.
50:53Même si on est dos au bateau, on sait où on se situe
50:56par rapport à la vague, par rapport à la sensation de glisse.
51:00Donc, ça, ce n'est pas un problème.
51:06Comment s'appelle la figure, la salle ?
51:09Ça, ce sont des sauts périlleux.
51:11Là, c'est un backlanding, un saut périlleux avec une demi-brille.
51:15Et ça, c'est le saut périllé avant.
51:16Moi, je le faisais en wake.
51:18C'est plus facile.
51:20Je n'ai pas essayé le saut périllé avant en wake.
51:24Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ?
51:26C'est quoi la suite ?
51:27Parce qu'aujourd'hui, t'as quoi ? T'as 27 ans.
51:29Qu'est-ce qui te manque comme titre ?
51:31Je connais un peu la réponse, mais t'as envie de quoi, là ?
51:37Je pense qu'on a tous le même rêve, la même ambition,
51:41c'est d'avoir un titre de championne du monde.
51:44Il te paraît loin ?
51:47Il me paraissait loin, mais je pense que c'est ça.
51:50Jusqu'à avant de faire les championnats du monde élite récemment.
51:57Et là, d'avoir terminé 4e derrière trois championnes du monde,
52:03il me paraît moins loin.
52:05Et on va regarder justement ton parcours aux championnats du monde
52:09quand tu termines 4e. Je t'écoute. C'était où, ça ?
52:13C'était en Floride, à côté de Clermont, chez Traverse.
52:19C'est un gros centre aux Etats-Unis de skiing athlétique.
52:23Tu y vas là-bas, avec pas d'appréhension.
52:25Je vais montrer, je vais prouver. T'es au taquet.
52:27Tu y vas avec quel objectif, là-bas ?
52:31J'y suis allée...
52:32Je savais que j'étais juste qualifiable dans les 12,
52:36donc j'avais pas...
52:39J'avais de la pression pour les éliminatoires,
52:41mais pour les finales,
52:43je voulais juste passer tous mes parcours, quoi.
52:47Exceptionnel, ce qu'on voit.
52:48Il t'a manqué quoi pour aller chatouiller ce podium ?
52:50Et on voit ta joie, à ce moment-là.
52:52Les deux figures que tu passes à la fin, c'est quoi ?
52:54Ça s'appelle comment ?
52:56C'est deux saupers avant,
52:58donc on n'est pas beaucoup de filles au monde
53:00à faire les deux saupers avant.
53:02Donc c'est une figure que j'ai travaillée
53:06parce que c'était une figure que j'aimais bien réaliser
53:09et qui était plus facile pour moi.
53:11Et du coup, de les réaliser aux championnats du monde,
53:14en finale des championnats du monde,
53:16c'était génial, c'était un super moment.
53:19Je voudrais qu'on revoie, s'il vous plaît,
53:22ces saupers u avant.
53:24Alors, c'est pas ça, c'est pas encore ça.
53:27Ce qui est très difficile, c'est que la corde,
53:29en saupers u avant, et ça va arriver là,
53:30il faut la faire passer comment ?
53:32Parce que c'est toute la complexité de ces sports-là.
53:36Alors, il y a une main à lâcher,
53:38mais on pourrait même le faire à deux mains,
53:40ça fonctionnerait quand même.
53:43Il suffit juste de tenir vraiment fort l'attraction avec nous
53:47et en fait, on prend le pouls du bateau
53:49et c'est ce qui nous fait tourner plus vite aussi.
53:51Oui, si je t'écoute, c'est simple.
53:56C'est presque ce que tu nous dis.
53:58Explique-moi, c'est quoi la vie d'une grande championne comme toi
54:01qui espère un jour être championne du monde,
54:04qui est quatrième au Dernier Mondiau,
54:05tu nous le rappelais tout à l'heure.
54:07Tu t'entraînes quand, comment, où ?
54:09Alors maintenant, tu vis à Maubuisson, t'as ton école,
54:11t'es au bord du lac, t'es dans le sud-ouest, c'est cool,
54:13mais on ne s'entraîne pas toute l'année,
54:15on ne s'entraîne pas 12 mois sur 12.
54:20Non, alors en plus, qu'est-ce qui s'entraîner ?
54:23Énormément.
54:24J'aime beaucoup diversifier mes entraînements,
54:27je pratique d'autres sports à côté pour me maintenir en forme.
54:29Je ne suis pas quelqu'un qui va passer trois heures par jour
54:32à la salle de muscu,
54:33je vais préférer aller faire une séance de kite,
54:37une séance d'équitation ou de la gym avec les agréés.
54:42Je vais avoir une préparation qui est un petit peu différente,
54:44je vais jouer beaucoup plus dans ma préparation
54:50et c'est ce qui va me donner vraiment envie
54:52d'aller m'entraîner à chaque fois, que ce ne soit pas redondant.
54:56Et du coup, ça va être un petit peu ça,
54:59des séances sur l'eau quand le temps le permet.
55:02Et puis là, à partir de maintenant, ça y est, j'ai posé les skis,
55:07j'ai la gym qui reprend, l'équitation,
55:11d'autres activités qui me maintiennent en forme
55:14et qui me permettent quand même aussi de faire des rotations dans les airs,
55:17notamment la gym où on travaille tous les nouveaux saupérieurs.
55:20Et du coup, c'est un peu ça ma préparation.
55:23Et puis après l'hiver, on part quand même dans les pays chauds,
55:28notamment à Saint-Martin puisque j'ai ouvert une autre école de ski là-bas,
55:33où là, je vais m'entraîner à nouveau sur l'eau
55:35pendant un mois, un mois et demi.
55:37La dimension business, entrepreneuriat, tout ça, c'est toi ?
55:42T'es toute seule, t'as monté cette école,
55:44tu l'as dit, une autre à Saint-Martin.
55:45C'est venu d'où, ça ? Et c'est génial, hein ?
55:50Oui, donc pour l'école de Maubisson, je l'ai faite toute seule.
55:54Après mon master en gouvernance du sport à Bordeaux,
56:01il fallait que je trouve quelque chose qui me permette de continuer,
56:03de m'entraîner, de gérer mon planning comme je le souhaitais.
56:09Et donc, c'est pour ça que c'est venu un petit peu comme ça.
56:13Je voulais gérer, moi, mes entraînements, le travail,
56:17tout gérer à ma façon, donc c'est comme ça que ça s'est passé.
56:20Les deux premières années, j'étais complètement toute seule
56:22à l'école de ski.
56:23Et puis là, depuis deux saisons, j'ai pu prendre un pilote avec moi.
56:28Et puis même cette saison, avoir un pilote à temps complet
56:31pour me permettre de m'entraîner, de faire mes autres activités,
56:35de développer aussi l'autre école de ski nautique à Saint-Martin.
56:39Les petits, t'aimes ça, les formés ?
56:42Là, on voit les petits à ton école et je revois les images de toi
56:46quand t'avais six ans à New York.
56:48T'aimes faire ça ?
56:50Oui, j'adore.
56:52Souvent, l'été, je vais à la cabane.
56:57Même si je ne travaille pas,
56:59je vais pour voir les enfants que j'ai formés.
57:02Maintenant, on a un groupe d'enfants.
57:04Ils sont une quinzaine de 5 à 14 ans.
57:07Je vais encore les avoir le week-end prochain avec moi.
57:10On fait beaucoup de stages.
57:12Ils font vraiment de tout, du show nautique, du ski, du wake, du wake skate.
57:16Ils savent vraiment tout faire.
57:17Et c'est aussi l'avenir de l'école de ski parce qu'ils m'aident beaucoup.
57:23Ils s'investissent et ils ont envie de prendre la place
57:26dans quelques années quand ils auront l'âge.
57:29C'est vraiment génial de les voir faire et de les voir grandir comme ça.
57:32C'est incroyable, ça.
57:34Franchement, bravo.
57:35Laura, une fois de plus, particulièrement inspirante.
57:38La grande championne que tu es.
57:39Les prochains Mondiaux, c'est quand et où ?
57:44Encore un sopeur avant.
57:45Pour le lieu, je ne sais pas du tout encore,
57:51mais ce sera en 2023.
57:53Ça te paraît loin ?
57:55Non, ce n'est pas si loin.
57:57C'est un an sans championnat du monde
58:00où il y aura uniquement le championnat d'Europe.
58:04Ça permet de travailler des nouvelles figures,
58:06préparer des gros parcours.
58:08Ça va arriver très vite, 2023.
58:09C'est demain, en fait.
58:11Ce n'est pas rageant que ce ne soit pas une discipline olympique ?
58:19Si, bien sûr.
58:21Si, bien sûr.
58:22On aimerait tous pouvoir monter avec.
58:28Oui, j'imagine.
58:29Merci mille fois, Laura.
58:30Tu as fait une énorme bêtise de venir aujourd'hui dans cette émission
58:33parce que tu vas me voir débouler l'été prochain.
58:35Je ne vais plus te lâcher.
58:37J'ai vraiment hâte.
58:38Je vous accueillerai avec grand plaisir.
58:40Merci, Laura. Bravo.
58:41Génial, ce parcours continue.
58:43Et puis, bravo à tous les enfants qui sont derrière et qui suivent.
58:46Merci, Laura. À bientôt. Merci à toi.
58:49Merci beaucoup. Au revoir.
58:50Au revoir. Merci à toutes et à tous pour votre fidélité.
58:53Encore des invités exceptionnels aujourd'hui,
58:56chargés d'émotions tellement inspirantes.
58:59C'est ça, la vie de championne.
59:00Salut à tous et à très bientôt. Au revoir.

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