Il lui aura fallu 15 ans pour comprendre ce qu'elle avait. Pascale, 57 ans aujourd'hui, a découvert en 2018 qu'elle était bipolaire. Un choc pour cette commerciale très active qui avait peur d'être catégorisée de « folle ». Pourtant, après 30 dépressions et autant d'états euphorique, la quinquagénaire a réussi à vaincre la maladie. « Même si on ne guérit pas, je peux désormais avoir une vie normale, je suis rétablie. » Après un suivi de trois ans au sein du Centre Expert des troubles bipolaires, Pascale va mieux aujourd'hui. Elle suit un traitement médicamenteux quotidien qu'elle devra prendre à vie qui lui permet de ne plus faire de crises. Elle a même trouvé une nouvelle voie professionnelle : être pair-aidant.
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00:00Quand on vous annonce que vous êtes bipolaire, c'est très compliqué de l'admettre.
00:05On sait que les gens peuvent être amenés à penser que bipolarité égale folie.
00:10Je m'appelle Pascale, j'ai 57 ans, j'ai été diagnostiquée bipolaire de type 2 il y a 5 ans après 15 ans d'errance médicale.
00:19C'est une maladie qui se caractérise par ce qu'on appelle des hauts et des bas.
00:22C'est-à-dire que l'humeur varie sans que vous puissiez prévoir et d'une façon presque brutale.
00:29Les premiers signes de la maladie sont apparus à l'âge de 35 ans après un choc,
00:36une séparation, mais plus que ça, quelque chose d'assez compliqué.
00:41C'est à ce moment-là que j'ai déclenché une première crise qui était d'abord une crise de dépression,
00:47qui pour moi n'était qu'une dépression réactionnelle,
00:49mais qui a inauguré quelque chose qui s'est répété pendant 15 ans avec des phases de dépression et des phases de chauvis.
00:59Elle existe, c'est sûr, cette euphorie, mais elle n'était presque pas perceptible.
01:02C'est-à-dire que moi, je ne la reconnaissais pas en tant que telle.
01:05Mes proches me disaient « Tiens, tu es dans ta période un peu fofolle. »
01:10Donc on trouve ça rigolo finalement, ce n'est pas très grave, ça vous donne beaucoup d'énergie.
01:15Sauf que c'est la maladie qui est là.
01:18J'avais des moments où j'allais parler très vite, j'étais commerciale,
01:22j'ai remporté beaucoup plus de contrats dans ces périodes-là, donc j'étais plus efficace.
01:27Pour moi, c'était une bipolarité que je n'identifiais pas comme telle,
01:32mais qui était presque bénéfique.
01:35Mais il faut surtout se dire que ce n'est pas bénéfique,
01:38parce que derrière ça, vous avez une grosse dépression qui arrive.
01:40C'est-à-dire que j'en ai fait deux fois par an, pendant 15 ans, vous imaginez 30 dépressions.
01:44Vous allez voir votre psychiatre, il voit que vous êtes en dépression,
01:47il ne voit pas que vous êtes bipolaire, parce que vous n'allez pas le voir quand vous êtes un « up ».
01:51Donc du coup, il vous donne quoi ? Des antidépresseurs.
01:54J'ai appris que les antidépresseurs pouvaient déclencher une crise qu'on appelle de « manie »,
01:59c'est-à-dire une crise où vous allez vous sentir invincible.
02:02Donc un antidépresseur seul pour soigner la bipolarité, c'est carrément hyper dangereux.
02:07La toute dernière fois où j'ai été euphorique, j'ai moi-même eu un sentiment d'anormalité
02:13lorsque je me suis rendu compte que je n'avais pas besoin de dormir plus de 2-3 heures.
02:19Ça allait très bien, j'écrivais plein de trucs, j'avais beaucoup d'idées.
02:23Je suis avec une personne depuis 16 ans, donc au bout de 10 ans, on s'est dit « tiens, on va se marier ».
02:28J'ai organisé le mariage en un mois de temps, sauf que j'ai fait une dépression avant le mariage,
02:33mais une grosse, très grosse.
02:36Donc ça veut dire que j'étais dans une phase euphorique, évidemment.
02:38Donc là, je l'ai communiquée à ma psy, je la sens complètement paniquée.
02:44Elle me demande tout, « qu'est-ce qui s'est passé ? Vous êtes comment ?
02:48Ah bon, vous avez dormi cette nuit ? Non, qu'est-ce que vous avez fait ? »
02:52J'ai beaucoup écrit, j'ai beaucoup également préparé mon mariage, j'ai appelé tout le monde.
02:56On s'est vus et elle m'a dit « je pense que vous avez une bipolarité de type 2,
03:02c'est pour ça qu'on ne l'a pas diagnostiquée.
03:04Là, vous êtes en train de faire ce qu'on appelle une crise de manie,
03:08on va la stopper et puis ensuite, je vous oriente au centre expert des troubles bipolaires
03:13qui vont confirmer ou infirmer, parce qu'on peut encore se tromper,
03:17c'est très compliqué les maladies psychiques.
03:18Quand on vous annonce que vous êtes bipolaire, c'est très compliqué de l'admettre.
03:23On sait que les gens peuvent être amenés à penser que bipolarité égale folie.
03:29Quand on parle de folie, on s'imagine quelqu'un qui ne revient jamais de sa folie,
03:35qui est foutu, avec qui on ne peut pas interagir,
03:38qui ne pourra jamais avoir une vie normale, avec une famille.
03:42Donc voilà, l'imaginaire collectif du bipolaire, c'est ça.
03:46À partir du moment où j'ai ce diagnostic,
03:49le centre expert des troubles bipolaires est capable de construire avec moi un plan d'attaque
03:55pour vaincre la maladie dans le sens où, quand je dis vaincre, c'est reprendre une vie normale.
04:01C'est une maladie grave, mais c'est une maladie que vous pouvez vaincre
04:05dans le sens où vous pouvez vivre normalement en ayant la maladie.
04:09Le tout, c'est de l'accepter, de dire « ok, j'ai cette maladie »
04:13et ensuite de suivre un chemin pour vous dire que oui,
04:16on peut avoir une vie normale avec le trouble bipolaire,
04:20mais je ne dois vraiment jamais me dire « je suis guérie, je suis rétabli d'un trouble bipolaire ».
04:27Ce n'est pas du tout la même chose.
04:29Ça veut dire que je dois quand même observer une certaine hygiène de vie
04:34pour ne pas me mettre en danger, je dois prendre un traitement à l'heure fixe.
04:39L'idée, c'est de reprendre le pouvoir sur la maladie.
04:43Ce n'est pas la maladie qui commande votre vie,
04:46c'est vous qui recommandez à nouveau votre vie,
04:50avec la maladie que l'on met un petit peu à ses pieds.
04:54On lui dit « ok, t'es là, je t'accepte,
04:57mais il y a un certain nombre de choses qui vont faire que tu ne vas pas m'embêter plus que ça ».
05:03Aujourd'hui, je vais bien, je vais vraiment bien même.
05:08Pendant trois ans, j'ai été suivie par le centre expert,
05:12donc vraiment progressivement, j'ai repris le pouvoir,
05:14c'est-à-dire que je me suis retrouvée comme une personne à part entière,
05:18je me suis ré-aimée.
05:20Et au centre expert, un jour, j'entends pendant une séance de psychoéducation,
05:25j'entends parler d'un père aidant.
05:26C'est quelqu'un de père, c'est-à-dire comme vous,
05:29qui vous aide parce que lui, il est rétabli et que vous, vous ne l'êtes pas encore.
05:33Vous voulez lui donner cet espoir et cette preuve que c'est possible.
05:37Malheureusement, je n'ai pas pu bénéficier d'un père aidant.
05:40Par contre, j'ai décidé après, quand je me suis sentie mieux, de faire ces études-là.
05:44En juin 2024, j'ai eu le diplôme de père aidant.
05:47Et donc, ça a été comme un peu une boucle bouclée.
05:50J'ai trouvé beaucoup de sens à ce métier.
05:52Je me suis rendue compte qu'il y a beaucoup de pouvoir finalement à donner de l'espoir.
05:57Le truc, c'est reprendre le pouvoir sur la maladie et se retrouver.
06:03Et évidemment que quand vous êtes au fond du trou,
06:05ça, vous vous dites que c'est absolument impossible.
06:08Donc, redonner de l'espoir, c'est le premier déclic pour tout malade finalement.
06:12Mais dans mon cas et dans le cas de la bipolarité, ça s'est fait comme ça.
06:15Enfin moi, j'ai appris à avoir de la fierté.
06:18Aujourd'hui, j'étais fière de ce que je viens de traverser
06:22pour arriver à me retrouver debout en fait.
06:25Et plus riche qu'avant, à mon avis, intérieurement, franchement.
06:33Sous-titrage Société Radio-Canada