LÉGISLATIVES - 3 questions à Jean-Daniel Levy

  • le mois dernier
Le directeur délégué de Harris Interactive-Toluna analyse les résultats du premier tour des élections législatives et se penche sur le second tour.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau du 01 juillet 2024.

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Transcript
00:00Voté les jeunes, est-ce qu'ils se sont massivement portés vers Jordan Bardella, enfin vers le Rassemblement National ?
00:05Alors, ils se sont beaucoup moins qu'au cours des dernières élections européennes portées vers Jordan Bardella.
00:13Beaucoup moins ?
00:13Beaucoup moins, oui, bien sûr. Enfin, bien sûr.
00:15Oui, nettement moins. En fait, c'était la première formation politique au cours des dernières élections européennes.
00:21Là, le réceptacle de ce vote-là a plus été la gauche et le nouveau Front Populaire
00:28avec quatre jeunes sur dix qui ont voté pour le nouveau Front Populaire.
00:32Et une des raisons pour lesquelles on a pu voir un sursaut de mobilisation, notamment par rapport aux dernières élections européennes ou à la législative,
00:39c'est le fait que nous avons une partie de la jeunesse, c'est-à-dire des personnes qui sont âgées de moins de 24 ans,
00:44qui se sont déplacées pour aller voter. Et c'est vrai que la peur pour cette frange de population de voir le Rassemblement National arriver aux responsabilités
00:54a été un des facteurs de mobilisation. Alors, ça s'est traduit notamment dans des milieux sociaux, qui étaient des milieux sociaux plutôt éduqués,
01:02et dans des milieux également géographiques qui ont fait, on peut le voir par exemple de manière nette à Paris,
01:07où ce sont des personnes qui sont plutôt issues des grands centres urbains et qui ont été amenées à voter pour les candidats qui étaient soutenus par le nouveau Front Populaire.
01:18Donc, il y a des jeunes qui ont pu voter Rassemblement National aux européennes et qui ont changé d'avis, là, et qui ont voté pour le nouveau Front Populaire aux législatives.
01:26C'est comme ça que ça s'est passé ?
01:27Il y a un peu de ça, mais il y a surtout, en fait, eu... On sait que la jeunesse est la frange de population qui, en termes de génération,
01:33est la moins incline à se déplacer pour aller voter. Donc, on a eu un sursaut de mobilisation de la part de la jeunesse.
01:38Donc, ce n'est pas uniquement des transferts de comportements électoraux de la part de jeunes qui seraient passés, entre guillemets, de l'extrême droite vers la gauche,
01:45mais également une mobilisation d'une jeunesse qui ne voyait pas forcément d'enjeu à voter dans le cas des élections européennes,
01:51et qui, là, se sont dit, il y a clairement un enjeu, et c'est pour ça que je vais me déplacer pour aller voter.
01:54Alors, autre type d'électeurs, les électeurs macronistes de 2017, que sont-ils devenus ? Ils sont allés où ?
02:00Alors, les électeurs macronistes de 2017, déjà, pour à peine la moitié d'entre eux, ont voté pour un candidat ou une candidate qui a été soutenue par la majorité pré-naissance.
02:14Le deuxième aspect, on a quasiment à égalité des électeurs qui sont revenus à leur famille politique d'origine.
02:2213% par exemple des électeurs qui avaient voté pour Emmanuel Macron à la présidentielle ont voté pour un candidat de gauche, et 12% ont voté pour un candidat républicain.
02:31Donc, on arrive à un niveau où, lorsque les électeurs ont du mal à pouvoir voir les éléments de projet et les éléments de perspective,
02:39disent, nous revenons à une situation antérieure, et nous revenons à notre famille politique d'origine qui existait avant 2017.
02:46Et bien, on va voir si c'est le cas de François qui nous appelle au 3210. Bonjour François !
02:50Bonjour !
02:52Vous êtes dans quel coin ?
02:53Je suis dans les Hauts-de-France, je suis à Arras, dans les Hauts-de-France.
02:57Très bien ! Alors, on parlait des anciens électeurs macronistes, je ne sais pas où vous vous situez ?
03:05Alors, écoutez, moi j'étais historiquement au centre, parce que j'aime raison garder, et je suis, comme je le disais à notre collègue, absolument atterré, mais atterré par ce que j'entends.
03:20Je trouve que, on va essayer de prendre un petit peu de hauteur, et puis, c'est juste pas possible.
03:26Mais entendez quoi ?
03:30C'est-à-dire ?
03:32Atterré par ce que j'entends, qu'est-ce que vous voulez dire ?
03:34Je suis atterré par les auditeurs, je vous écoute historiquement, et j'entendais ce matin, par exemple, il y a encore 5 minutes, un auditeur qui disait
03:44« Bon, de toute façon, la droite n'a rien fait, la gauche n'a rien fait, enfin, les gens ont perdu la mémoire, que ce soit d'un côté comme de l'autre, bien sûr que les gens ont fait des choses. »
03:53Je prends par exemple ce fameux président Macron, qui a perdu, ma confiance est celle, apparemment, de nombre de Français,
04:01enfin, tout de même, il y a eu la crise du Covid qu'on vient de traverser, à ce que je sache, toutes les entreprises sont encore vivantes,
04:08chacun d'entre nous est encore vivant, quand je dis vivant, non pas foncièrement avec la santé, mais économiquement parlant.
04:13Pas un de nous n'a perdu son salaire, toutes les entreprises ont été protégées, c'est quand même énorme.
04:19Ce que j'entends actuellement avec le Rassemblement National est juste abject, abject, mais, mais, de la même manière,
04:28ce nouveau Front Populaire, mais je ne sais pas, ce fameux M. Mélenchon, qui est trotskiste, marxiste, dont le seul objectif est le chaos,
04:38c'est le chaos qu'il veut, c'est la révolution, c'est-à-dire tout remettre en place, tout remettre en question.
04:44— François, vous dites qu'il y a une forme d'ingratitude de la part des électeurs, c'est ça ?
04:47— Oui, bien sûr qu'il y a une forme d'ingratitude, parce que, et ce dit en passant, nous sommes aussi coupables et responsables de ce qui se passe.
04:56Nous avons élu tous ces gens-là, donc il faut arrêter de rejeter la responsabilité sur des gens à qui nous avons donné notre confiance.
05:05Il faut savoir penser, je suis sûr, c'est pas un propos élitiste, mais mince tout de même, à chacun d'entre nous de penser.
05:14Et on a encore la possibilité de penser, je ne dis pas réfléchir.
05:17— Jean-Daniel Lévy, cette ingratitude, cette tentation du zapping, en fait...
05:22— Allô ?
05:23— Oui, oui. Vous restez avec nous, François. Je pose la question à Jean-Daniel Lévy.
05:27On zappe aujourd'hui, on se lasse plus vite qu'avant ?
05:30— Je ne suis pas persuadé qu'on se lasse beaucoup plus vite qu'avant.
05:34Il y a des structurations politiques qui sont moins fortes que par le passé.
05:38On pouvait, par exemple, voter communiste de père en fils.
05:43Ce sont des aspects qui existent quand même beaucoup moins aujourd'hui.
05:45Quoi qu'il en soit, il y a des votes qui ont tendance à se reproduire et d'autres qui ont tendance à se modifier.
05:52Les électeurs qui votent pour le Ration nationale ont tendance à voter pour le Ration nationale,
05:55quel que soit le type d'élection. Et on le voit.
05:58Et on voit que la dynamique qu'on avait identifiée dans le cadre des élections européennes
06:02s'est poursuivie dans le cadre de ces élections législatives,
06:04quand bien même on a eu un taux de participation qui est plus important.
06:07Après, c'est vrai que de la part de l'électorat d'Emmanuel Macron,
06:10on a une structure qui est une structure qui a profondément évolué.
06:13C'était une structure plutôt de centre-gauche à l'élection d'Emmanuel Macron,
06:16à l'élection présidentielle de 2017.
06:18Elle s'est modifiée un peu à droite dès les élections législatives qu'on suivit.
06:21Ça a été confirmé aux élections européennes.
06:23Et là, aujourd'hui, on se retrouve avec un électorat qui est un électorat plutôt, entre guillemets,
06:28centriste, plutôt de centre-droite, mais avec des déperditions à droite ou à gauche.
06:32François, ça va se passer comment chez vous ?
06:34Vous savez pour qui vous allez voter au second tour ?
06:36J'ai 53 ans.
06:39C'est la première fois que je suis... Je ne sais pas quoi faire.
06:43Je ne sais pas quoi faire.
06:44J'ai toujours été plutôt convaincu.
06:50Je savais rapidement ce que j'allais faire.
06:53Là, je suis dans une impasse.
06:56J'ai le sentiment d'être dans une impasse.
06:58Entre cette gauche revancharde qui s'est alliée avec le diable pour exister...
07:09Mais alors, dans votre circonscription, est-ce qu'il y a un candidat centriste
07:13qui représente vos idées pour le second tour ?
07:16Oui, bien sûr que oui.
07:19Donc, à priori, vous allez voter pour lui ?
07:21Certainement, mais en même temps...
07:25Enfin, en même temps, c'est pas moi la mode.
07:28Je ne sais pas quoi faire.
07:29Il est paumé, François, en fait.
07:30On vous entend complètement perdu, ce matin.
07:33Ben oui, puis je suis désabusé.
07:36Moi qui suis profondément optimiste...
07:41Oui, je suis désabusé parce que...
07:45C'est de notre... J'insiste bien là-dessus.
07:47C'est nous qui sommes coupables de cette situation-là.
07:50Il faut arrêter de rejeter la faute sur les hommes politiques.
07:53C'est nous qui sommes coupables.
07:54Les gens ont oublié la politique, mais la politique au sens grec.
07:58On a oublié ce que c'était que de s'investir dans l'agora.
08:02On a oublié ça.
08:04La politique est la fin de tout.
08:06Merci beaucoup, François.
08:09On est obligés de s'arrêter là.
08:10On vous souhaite une bonne journée.
08:11Et puis, vous saurez demain, à 18h, comment vous pourrez faire votre choix.
08:16Parce que les candidats ont jusqu'à demain 18h pour se maintenir ou se désister.
08:21Bonne journée à vous.

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