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A l'occasion des Jeux Olympiques de Paris 2024, Version Femina a rencontré Marie-Amélie Le Fur, athlète et présidente du comité paralympique français pour parler de l'anxiété menstruelle et de son impact sur les performances des sportives.
Transcription
00:00L'anxiété mensuelle, notamment dans le sport,
00:02c'est le fait d'avoir peur liée aux différentes menstruations,
00:06peur que les règles se voient, peur de la douleur,
00:09peur aussi que ce cycle menstruel puisse avoir un impact sur la performance
00:14lorsque l'on fait de la compétition.
00:16C'est tout simplement la charge mentale
00:19que doit porter une sportive féminine durant ses menstruations.
00:23Je considère que la question des règles, des menstruations,
00:27reste un sujet tabou dans le sport.
00:29L'enquêteur Loèze nous démontre bien que mon point de vue
00:32est partagé par de nombreuses femmes,
00:34puisque 76% des femmes qui ont répondu à cette étude
00:38estiment qu'il existe encore des tabous dans le sport,
00:41des tabous autour de la menstruation.
00:42Le fait de ne pas pouvoir en parler, de ne pas pouvoir parler de ses craintes,
00:46de ses doutes, de ses douleurs,
00:48va faire en sorte qu'on n'a pas l'impression d'être compris,
00:51on va cacher la situation.
00:52Ce qui est très dommageable, c'est que certaines femmes,
00:54certaines jeunes filles, vont finalement préférer arrêter la pratique sportive.
00:59Alors, soit de façon temporaire durant leur cycle,
01:01soit de façon définitive,
01:03parce qu'elles n'arrivent pas à gérer cette charge mentale,
01:05cette difficulté des règles sur le temps sportif.
01:08Mon corps avait la fâcheuse tendance à toujours amener mes règles
01:12au moment des plus grands championnats.
01:13C'est-à-dire que moi, je pouvais avoir des cycles un petit peu irréguliers,
01:17et ça, c'était lié finalement à la pratique intensive du sport.
01:22Mais le moment où mon corps choisissait finalement d'amener ces règles-là,
01:26c'est là où il était le plus reposé.
01:28Et le plus reposé, c'était le grand championnat.
01:30Donc moi, c'était fréquent que j'aie mes règles
01:33au moment des championnats du monde, au moment des Jeux paralympiques.
01:36Et plutôt finalement de vivre ça de façon difficile,
01:40j'ai décidé d'en faire un totem, c'est-à-dire un totem de performance,
01:43puisque j'ai pu comprendre très rapidement que ces règles,
01:46l'arrivée des menstruations, n'avaient pas d'impact sur mon niveau physique.
01:50Il fallait juste que je gère l'impact mental que cela produisait.
01:54Mais je ne vais pas vous cacher que certaines fois,
01:56quand je sortais du bac à sable,
01:58la première chose à laquelle je pensais, ce n'était pas combien j'ai fait,
02:01est-ce que j'ai gagné, est-ce que c'est bien, c'est...
02:03Ouh là là ! Est-ce que ma ficelle, elle ne se voit pas ?
02:06Est-ce que ma protection n'a pas bougé ?
02:08Et donc voilà, il y avait quand même une forme d'angoisse
02:10vis-à-vis de l'autre et vis-à-vis du public.
02:12La pratique la plus couramment utilisée, et on le sait en compétition,
02:16c'est l'enchaînement des plaquettes de pilules.
02:18À titre personnel, j'aimerais qu'il existe d'autres solutions
02:21pour les jeunes filles, pour les femmes,
02:23et donc notamment des protections plus adaptées.
02:26Et tant qu'on aura des codes vestimentaires
02:28avec des tenues parfois très courtes, parfois blanches,
02:32ça amènera aussi finalement un renforcement de cette anxiété menstruelle.
02:36Donc là encore une fois, il faut que l'industrie du sport,
02:39que les règlements du sport puissent s'adapter
02:42et que la femme en situation de menstruation
02:46puisse choisir l'option qui lui convient le mieux
02:48pour être la plus sereine mentalement parlant.
02:56Sous-titrage Société Radio-Canada

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