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00:00Et avec Yael Gauze, nous recevons ce matin la députée Rassemblement National du Pas-de-Calais, réélue dès le premier tour, dimanche soir.
00:09Questions et réactions, amis auditeurs, amis auditrices, au 01 45 24 7000 et sur l'application de France Inter.
00:17Marine Le Pen, bonjour.
00:19Bonjour.
00:19Et bienvenue à ce micro.
00:21Beaucoup de questions à vous poser ce matin dans la perspective de cet entre-deux-tours, sur vos ambitions en nombre de députés dimanche prochain,
00:30sur le front républicain qui s'est levé dès dimanche soir pour vous faire barrage et sur des éléments de votre programme.
00:39Mais un mot rétrospectif pour commencer.
00:42Le Rassemblement National a fait près de 29% des voix dimanche soir, 33% quand on ajoute vos alliés siotistes.
00:52Au vu de ces résultats, diriez-vous qu'Emmanuel Macron a eu raison de dissoudre l'Assemblée Nationale ?
01:00Remerciez-vous le Président de la République de l'avoir fait ?
01:04Le Président de la République a eu une sorte de pulsion démocratique en prononçant la dissolution,
01:09en se rendant compte qu'il y avait une volonté très forte exprimée de changement, d'ailleurs, par les Français lors des élections européennes.
01:17Bon, il s'est vite repris, je vous rassure, et il fait tout aujourd'hui pour tenter de contrer précisément le processus démocratique.
01:25Il y a eu un appel au peuple ?
01:27C'est la Constitution qui l'oblige à faire ça.
01:30En réalité, quand on est face à une crise politique et que le courant du Président de la République fait deux fois moins de voix que l'opposition,
01:39il y a un moment donné où il n'y a qu'une seule solution, c'est de revenir au peuple.
01:43C'est ce que souhaitait le Général de Gaulle, donc je vous dis, il a eu une pulsion démocratique.
01:49À un moment donné, il s'est dit, tiens, nous allons revenir au peuple.
01:51Et puis, en réalité, encore une fois, il s'est vite repris parce qu'aujourd'hui, il est en train de tout faire pour tenter d'empêcher, en réalité, le peuple de pouvoir s'exprimer.
02:03Et même, il envisage, si le peuple s'exprime en envoyant une majorité de députés Rassemblement National, d'empêcher le Rassemblement National de gouverner en faisant toute une série, semble-t-il, en envisageant toute une série de nominations à l'intérieur de l'État.
02:19On va y revenir sur tout ça, mais un mot déjà pour commencer sur la ligne Jordan Bardella, pas de matignon sans majorité absolue. Cette ligne-là est-elle toujours valable ce matin ?
02:33Mais bien entendu ! Il est évident que nous ne pouvons pas accepter d'aller au gouvernement si nous ne pouvons pas agir.
02:40Ce que nous demandent nos électeurs, c'est de changer la politique qui est menée. Si on ne peut pas la changer, et si on accepte d'aller au gouvernement uniquement pour être assis dans un fauteuil de ministre, mais pour ne pas pouvoir agir, ce serait, je crois, la pire des trahisons que nous pourrions faire à l'égard de nos électeurs.
03:01Vous croyez vraiment ? Ce n'est pas un message beaucoup plus simple de dire que vous avez peut-être simplement peur de gouverner ? Vous pourriez trouver des majorités, vous pourriez en construire, non ?
03:15Mais ce propos est ridicule ! Ça fait 40 ans que je me bats en politique, vous croyez que je continuerai à me battre au bout de toutes ces années tout en ne voulant pas aller au pouvoir ?
03:25Nous souhaitons y aller, nous souhaitons gouverner, que les choses soient extrêmement claires. Et effectivement, si nous sommes à quelques députés de la majorité, nous tenterons d'aller les chercher.
03:37Combien précisément ? Hier, à ce micro, Louis Elio, vice-président du RN, disait qu'il y avait un seuil où c'est gouvernable. 250 ? 260 ? 270 députés ?
03:45Ce propos n'a pas de sens. La question c'est, à partir du moment où nous avons par exemple 270 députés, il nous en faut 19 de plus, on va aller voir les autres et on va leur dire est-ce que vous êtes prêts à participer avec nous d'une nouvelle majorité pour une nouvelle politique, oui ou non ?
04:02Est-ce que vous êtes prêts à voter la confiance ? Est-ce que vous êtes prêts à voter le budget ?
04:05C'est un certain nombre de députés, des députés par exemple divers droite, divers gauche, quelques LR qui ont exprimé par le passé une proximité avec nos options. Et si nous avons à ce moment-là une majorité, alors oui, bien entendu, nous irons faire ce pourquoi les électeurs nous ont élus.
04:28Pour faciliter ça, est-ce que vous vous appelez à vous désister, le RN, dans certaines situations où vous arrivez troisième en triangulaire au profit de candidats de droite ? Est-ce que cette situation existe ? Est-ce que vous allez vous désister avant 18h ce soir ?
04:40Est-ce que vous comprenez que le désistement et les consignes de vote sont le pire des mépris en réalité à l'égard des électeurs ? Moi je suis désolé de vous dire mais je considère que mes électeurs sont intelligents et qu'ils sont libres.
04:58Et s'il y a un isoloir, c'est précisément parce que les électeurs doivent pouvoir faire ce qu'ils souhaitent, en leur âme et conscience, déterminer eux-mêmes ce qui leur apparaît le meilleur vote dans un second tour.
05:11Mais dans 62 circonscriptions, vous êtes désisté de facto pour des candidats siotistes ?
05:15Non, non, monsieur. On ne se désiste pas pour des candidats. On fait une coalition électorale. Et donc tout ça est transparent à l'égard des électeurs. Et c'est bien pour ça que je vous dis que lorsqu'on fait des coalitions électorales, il faut les faire dès le premier tour.
05:29Mais venir dire, comme le fait le Président de la République, que la Nupes 2, c'est l'anti-parlementarisme, l'antisémitisme, le communautarisme, il y a 15 jours, pour aujourd'hui, 15 jours plus tard, venir appeler à voter massivement pour eux.
05:45Venir expliquer que M. Guiraud, qui considère que les fillettes voilées sont des petites femmes, que Mme Rima Hassan, qui développe tous les poncifs mensongers antisémites les plus épouvantables qu'on puisse connaître, que M. Mélenchon, qui trouve rigolo d'en appeler au meurtre des policiers, sont mieux, sont plus raisonnables que Jordan Bardella, que Marine Le Pen.
06:15Que Laure Lavallette, que Sébastien Chenu.
06:17Enfin, ça n'a aucun sens.
06:19Moi, je pense que cette élection, c'est une élection d'émancipation du peuple français.
06:25Justement, ce que le peuple est venu dire, c'est arrêter de nous donner des leçons de morale.
06:30Arrêter de nous dire où il faut voter, comment il faut penser.
06:34C'est ça qu'ils ont dit au premier tour.
06:36Et je souhaite qu'ils le disent aussi au second tour.
06:39Parce que c'est la clé, en fait, du changement de la politique qu'ils subissent depuis maintenant sept ans.
06:45Marine Le Pen, les Français ont besoin d'identifier d'autres figures que le seul Jordan Bardella, que les figures que vous venez de nommer.
06:54Qui formerait l'exécutif RN ?
06:57Qui serait, par exemple, à Bercy ?
06:59Vous le savez, on est dans une situation économique compliquée.
07:03Les finances publiques sont dans le rouge.
07:05Qui dirigerait les finances de la France ?
07:10Jordan Bardella le sait, je le sais aussi.
07:13Et vous le serez lorsque nous aurons gagné.
07:16Quel est son profil, alors ?
07:18C'est le profil de quelqu'un comme tous ceux qui seront ministres, d'ailleurs, compétents.
07:22Qui connaît le fonctionnement de l'État.
07:25Politique.
07:26Qui, dans son profil, a eu précisément à faire avec les finances publiques, avec les entreprises.
07:37C'est un portrait robot ou vous l'avez déjà ?
07:39Oui, on l'a déjà.
07:40Le gouvernement est prêt ?
07:41Oui, il est prêt.
07:42Combien de ministres ?
07:43Encore une fois, vous savez très bien que jusqu'au dernier moment, ces choses-là peuvent bouger.
07:48Mais ce gouvernement sera complet.
07:51Il sera compétent.
07:52Il sera constitué en même temps de gens du Rassemblement National.
07:56En même temps de gens qui ont participé avec nous du combat électoral du premier tour et donc du deuxième.
08:02Et des gens de la société civile qui rongent leurs freins depuis des années.
08:07Est-ce que vous serez dedans ?
08:08Non, non, non.
08:09Qui rongent leurs freins depuis des années.
08:11Parce qu'ils voient la France en train de s'effondrer.
08:14Qu'ils savent qu'il y a d'autres mesures à mettre en œuvre pour la sortie de l'ornière.
08:19Et qui, de fait, viendront nous rejoindre dans ce moment qui sera extraordinaire.
08:24Et qui est faisable.
08:26Moi, je vois l'entreprise de démoralisation de nos électeurs depuis deux jours.
08:31Où sur tous les plateaux, on explique que c'est fini.
08:34C'est pas faisable, la majorité absolue.
08:36Bien entendu que c'est faisable.
08:37Nous sommes arrivés en tête dans 258 circonscriptions.
08:41Et nous avons déjà fait élire 40 députés.
08:45Donc, bien entendu, elle est faisable, cette majorité absolue.
08:49Pourriez-vous être présidente de l'Assemblée nationale ?
08:53Non, je l'ai dit, je ne serai pas présidente de l'Assemblée nationale.
08:55Je serai à la tête du groupe de députés.
08:58Parce qu'encore une fois, dans un gouvernement de cohabitation,
09:01le Premier ministre tire sa légitimité directement des élections.
09:05Directement du peuple.
09:06Directement donc des députés que le peuple a élus.
09:09Nicolas Sarkozy disait de Jordane Bardella dans le JDD que Jordane Bardella a deux problèmes.
09:14Je le cite, un manque d'expérience puisqu'il n'a jamais été en situation de gérer quoi que ce soit.
09:18Et il ajoutait le second problème, la gestion de Marine Le Pen.
09:21Vous gérez vous.
09:22Il pense aux rapports compliqués entre un Premier ministre et la patronne du groupe à l'Assemblée.
09:27Est-ce que Bardella-Le Pen, ça peut tanguer aussi ?
09:30Je ne crois pas du tout.
09:31Je pense que peut-être M. Sarkozy projette sur nous les défauts de sa propre famille politique.
09:41Nous sommes absolument sur la même ligne avec Jordane.
09:44Et en plus, personnellement, nous nous entendons remarquablement bien.
09:48Et vous avez pu voir, je pense, depuis maintenant plus de deux ans,
09:54que Jordane est totalement libre de ses prises de position,
09:59de la manière dont il mène notamment le mouvement.
10:04Il sera demain totalement libre de la manière dont il mène le gouvernement.
10:08Je suis très respectueuse, moi.
10:09Vous ne serez pas une première ministre bis ?
10:12Je ne serai pas du tout une première ministre bis.
10:14Je serai la présidente du groupe majoritaire à l'Assemblée nationale.
10:20Là, vous faites comme si un gouvernement était imminent avec vous.
10:23Mais vous pouvez compter, vous pouvez chiffrer.
10:25Entre les électeurs de gauche, ceux du centre, ceux des LR non-siotistes,
10:29ça fait près de 19 millions de Français qui ne veulent pas du RN pour diriger la France.
10:34Pour lesquels l'RN, ça ne passe toujours pas.
10:36Comment vous réagissez à ça ?
10:3819 millions de Français qui ont mis un bulletin non-RN dans l'urne.
10:41Ce que vous dites est problématique au regard de la démocratie, je vous le dis très nettement.
10:44Pourquoi ?
10:45Parce qu'on a un mode de scrutin, figurez-vous.
10:47Et ce mode de scrutin, il a toujours été accepté par tout le monde,
10:50sauf quand le Rassemblement national peut gagner.
10:53C'est ça l'idée ?
10:54J'ai bien compris d'ailleurs que c'est ça l'idée.
10:56La réalité, nous avons un mode de scrutin majoritaire à deux tours,
11:00et jamais personne, vous m'entendez bien,
11:02jamais personne n'a obtenu la majorité de députés de l'Assemblée nationale
11:06en ayant la majorité des voix.
11:08Ça n'existe pas.
11:10Ça, c'est la présidentielle.
11:12Et la présidentielle, elle arrivera en son temps,
11:15je l'espère tout à fait honnêtement, le plus vite possible.
11:18C'est-à-dire, il y a une démission d'Emmanuel Macron ?
11:20Oui, c'est possible, potentiellement, oui.
11:22Vous la réclamerez ?
11:23Non, je ne la réclame pas.
11:24Mais il pourrait considérer qu'il ne souhaite pas continuer dans cette situation de cohabitation.
11:31Et s'il décide de démissionner,
11:33nous partirons dans cette bataille présidentielle avec, là encore, beaucoup d'enthousiasme.
11:38On avait parlé par le passé de « cohabitation de velours »
11:41pour décrire celle entre François Mitterrand et Édouard Balladur.
11:45Quel mot pour décrire une éventuelle cohabitation Jordan-Bardella-Emmanuel Macron ?
11:52Ceci dépend du comportement d'Emmanuel Macron.
11:54Pas du vôtre ?
11:55En réalité, non.
11:56Je l'ai répété, nous sommes respectueux de la Constitution.
12:00Toute la Constitution, rien que la Constitution.
12:03Si Jordan-Bardella est Premier ministre et qu'il aura été élu pour déterminer la politique de la nation,
12:09il ne trahira pas ses électeurs.
12:11Par conséquent, il mènera la politique pour laquelle nous avons été élus.
12:15C'est extrêmement clair.
12:16Maintenant, comment se comportera le Président de la République ?
12:19Moi, quand je lis, encore une fois, qu'il existe des rumeurs
12:22comme quoi le Président de la République envisagerait demain,
12:25c'est-à-dire à quatre jours du second tour,
12:27de nommer le directeur général de la police nationale
12:30alors qu'il devait rester jusqu'à la fin des JO,
12:32et le directeur de la gendarmerie nationale,
12:36c'est-à-dire, et des dizaines de préfets,
12:40et toute une série de gens dont l'objectif serait de bloquer,
12:44d'empêcher en réalité Jordan-Bardella de gouverner le pays comme il le souhaite,
12:49je me dis que c'est une forme de coup d'État administratif.
12:51Le cas échéant, le coup d'État administratif...
12:54Écoutez, quand vous voulez contrer le vote des électeurs,
12:58le résultat des élections, en nommant des gens à vous,
13:02pour qu'ils vous empêchent à l'intérieur de l'État
13:05de pouvoir mener la politique que les Français veulent,
13:07je suis désolé, je ne sais pas comment vous appelez ça,
13:09moi j'appelle ça un coup d'État administratif.
13:11Donc j'espère que ceci relève uniquement de la rumeur,
13:14ce qui est possible, vous savez, il y a beaucoup de rumeurs qui courent,
13:17en ce moment, il faut être prudent.
13:18Mais j'espère, parce que déjà mercredi dernier,
13:21il y a eu énormément de nominations qui ont été faites,
13:24bien plus que lors d'un Conseil des ministres traditionnel.
13:27Le cas échéant, vous déferriez ces nominations ?
13:31Oui, pour pouvoir, encore une fois, dans la mesure du possible,
13:36pour pouvoir, encore une fois, gouverner.
13:39Je trouve quand même que, pour des gens qui donnent des leçons de démocratie à la terre entière,
13:44je trouve que c'est quand même étonnant d'agir de cette manière-là.
13:48Dans ces cas-là, il ne fallait pas dissoudre.
13:50Je veux dire, si on mène une dissolution en disant que, en fait,
13:54la dissolution ne peut pas entraîner l'arrivée au pouvoir de votre adversaire,
13:58on ne procède pas à une dissolution, ou alors on la respecte.
14:01Allez, on file au Standard Inter, Martine nous y attend.
14:05Bonjour et bienvenue.
14:06Bonjour tout le monde.
14:08Bonjour.
14:09Alors, je voudrais dire, le RN est contre l'Europe, contre l'Ukraine.
14:13Orban et Poutine se frottent les mains.
14:17La guerre est à notre porte.
14:19Vous allez favoriser une nouvelle guerre mondiale.
14:21Il ne manque que Donald Trump au tableau.
14:24J'aimerais que les électeurs aient conscience de ce danger.
14:28Merci, madame, pour ce tract, mais en l'espèce…
14:31Voilà, elle a le droit de penser, Martine, ce qu'elle veut,
14:35et vous, Marine Le Pen, de lui répondre ce que vous voulez.
14:38Bien sûr, mais je crois que vous commettez une erreur d'analyse totale.
14:41Le seul qui, en réalité, était sur le point d'engager une guerre, c'est Emmanuel Macron.
14:46C'est Emmanuel Macron qui souhaitait engager des militaires français
14:50au péril de leur vie, sur le territoire ukrainien.
14:54Et c'est lui qui souhaitait, enfin, qui en réalité mettait en œuvre
14:59une forme d'escalade dans ce conflit.
15:02Au contraire, l'élection d'une majorité de députés Rassemblement National
15:09permettra de ne pas entrer en guerre.
15:12Puisque Jordan Barley a dit, de la manière la plus claire qui soit,
15:15qu'il était opposé à l'envoi de troupes sur le sol ukrainien,
15:18ça ne veut pas dire qu'on arrête d'aider l'Ukraine, madame.
15:21Parce que nous sommes pour la formation de militaires ukrainiens
15:24sur le territoire français, comme nous l'avons fait,
15:26en Pologne, comme nous l'avons fait.
15:28Nous sommes pour aider l'Ukraine de toutes les manières possibles,
15:31avec cette limite que nous ne souhaitons pas,
15:34de troupes françaises en Ukraine.
15:36Et nous ne souhaitons pas l'envoi d'armes de longue portée
15:40qui pourraient entraîner, précisément, un conflit mondial.
15:43Jordan Bardella-Matignon reparle à Vladimir Poutine.
15:47Mais là, pour le coup, on est dans le domaine de la diplomatie
15:53qui relève du Président de la République.
15:56Ça n'est plus honorifique alors, le domaine réservé.
15:58Vous vous trompez, je crois qu'il faut relire la Constitution.
16:03Je vous assure, c'est notre loi.
16:05Bon, suprême, elle est fondamentalement importante.
16:09La question était, est-ce que, comme chef des armées,
16:14Emmanuel Macron peut envoyer des troupes en Ukraine ?
16:16La réponse est non.
16:18C'est clair, c'est la Constitution.
16:20La réponse est non.
16:22C'est le Premier ministre qui, en l'espèce, détermine
16:27l'envoi de troupes à l'étranger.
16:29Voilà, je n'ai fait que répondre dans le périmètre de la Constitution.
16:36Le Premier ministre hongrois, Victor Orban,
16:38appelle à une alliance des patriotes pour l'Europe.
16:41Faire un groupe nouveau des nationalistes au Parlement européen.
16:43Qu'allez-vous lui répondre ? Allez-vous le rejoindre ?
16:45Pour l'instant, Jordan Bardella, qui est le Président du mouvement,
16:49ça ne vous a pas échappé, est engagé, comme nous,
16:52dans une élection nationale qui est fondamentale.
16:56Je pense qu'il regardera, et nous regarderons,
16:59l'ensemble des hypothèses qui sont sur la table
17:03après les élections françaises.
17:05Pourquoi ne pas lui répondre maintenant ?
17:07Parce qu'on est à un moment charnière, monsieur.
17:10Parce que vous avez peur qu'on dise que vous êtes pro-russe à la fin ?
17:12Pourquoi attendre la réponse ?
17:14Vous avez dit qu'on était pro-russe 2,5 millions de fois
17:18en l'espace de quelques mois.
17:20Une fois de plus, une fois de moins, ça ne changera pas grand-chose.
17:23Ce ne sera pas toujours aussi faux par ailleurs,
17:25mais ce ne sera pas une nouveauté,
17:28ni faire preuve d'une grande imagination.
17:30Non, c'est que nous sommes concentrés sur une élection
17:32qui est fondamentale pour l'avenir du pays.
17:34La question, c'est est-ce qu'on perd encore trois ans,
17:36ou est-ce qu'on gagne trois ans sur la politique
17:38qui a été menée par Emmanuel Macron,
17:41et qui pourrait, si les Français ne se mobilisent pas,
17:44continuer encore pendant de très longs et très difficiles mois.
17:49Un mot sur le voile, qui était l'une de vos mesures fortes en 2022.
17:53Vous souhaitiez interdire le port du voile dans l'espace public.
17:57Ce serait pour quand, Marine Le Pen ?
17:59Je pense qu'il est nécessaire d'avoir la légitimité d'une présidentielle,
18:03d'une élection à la présidence de la République,
18:06pour engager le processus qui viserait à mettre en place
18:11la loi contre les idéologies islamistes,
18:14dont le voile n'est qu'une toute petite partie.
18:16Je sais que vous focalisez absolument là-dessus,
18:19mais dont le voile n'est qu'une toute petite partie.
18:22La réalité, que nous disons au effort depuis longtemps,
18:26c'est qu'il y a une poussée du fondamentalisme islamiste dans notre pays,
18:30qui est couverte, il faut bien le dire, par une partie de la classe politique,
18:34et qui est un danger majeur pour nos libertés.
18:38Et quand, encore une fois, je le répète, j'entends M. Guirault,
18:41de la France Insoumise, nous dire que le voilement des fillettes
18:45est parfaitement légitime parce que ce sont des petites femmes,
18:49mais je trouve ça épouvantable !
18:54Je veux dire, ça nous met tous au bord de la nausée,
18:57et ce sont pour ces gens-là qu'Emmanuel Macron
19:00appelle les électeurs à se déplacer aux urnes.
19:04Ce sont ces gens-là qu'Emmanuel Macron veut faire élire
19:07demain, massivement, contre les candidats du RN.
19:11Donc ce sera 2027, et ce sera quoi ? Des amendes pour ceux qui en portent ?
19:17C'est toujours pareil, quand il y a une loi,
19:21tout le monde est censé la respecter.
19:23Quand il y a une loi pour dire qu'il faut que vous mettiez votre ceinture de sécurité,
19:29eh bien, vous mettez votre ceinture de sécurité.
19:32Dans un pays, on respecte la loi, parce que la loi est l'expression de la volonté populaire.
19:38Et donc, amende ?
19:39Oui, potentiellement une amende, oui.
19:41Je ne vois pas ce qu'il y a de scandaleux.
19:43Jordan Bardella avait, pendant le premier tour,
19:46parlé de ces fameux postes stratégiques qui seraient interdits aux bilationnaux,
19:50selon une liste définie plus tard par décret.
19:54Cette mesure est toujours d'actualité ?
19:56Non, pas par décret.
19:57Ça c'est Sébastien Cheny par décret.
20:00Non, c'était par la loi.
20:01Mais c'est une liste d'une trentaine de postes, c'est dérisoire.
20:04D'ailleurs, à chaque fois qu'on parle de ce sujet,
20:06parce que ça vous obsède, vous parlez tous de ça,
20:08on ne voit même plus quelles sont les grandes politiques que nous proposons aux Français.
20:11En réalité, les grandes options ont disparu pour ces sujets qui sont tout à fait microscopiques.
20:17Et à chaque fois, vous terminez en disant que ça se fait déjà.
20:19Donc en réalité, vous nous reprochez de donner une base légale
20:23à quelque chose qui se fait déjà, sans que ça ait une base légale.
20:27Je suis désolé, mais pour le coup, les plus corrects dans l'affaire,
20:31ce sont ceux qui veulent donner une base légale.
20:35Simplement, l'écart entre les quelques postes qui ont été décrits,
20:38et ce projet de loi référendaire sur l'immigration
20:42que vous avez défendu, Marine Le Pen, en janvier 2024 à l'Assemblée nationale,
20:47où il était écrit que la loi pourra interdire l'accès à des emplois dans l'administration,
20:52des entreprises publiques et des personnes morales chargées d'une mission de service public
20:56aux personnes qui possèdent la nationalité d'un autre État.
20:59C'est donc extrêmement large, ce n'est pas simplement quelques personnes.
21:02Bien sûr que non, parce que je l'ai dit, en réalité, la loi a vocation à évoluer
21:09et à être remise sur la table à chaque fois que la France se retrouve en conflit géopolitique avec un pays.
21:15Aujourd'hui, nous sommes en conflit latent avec la Russie.
21:18Il est évident qu'on ne va pas mettre à la tête, encore une fois,
21:23la commission de la sûreté nucléaire, par principe de précaution, un franco-russe.
21:29Mais encore une fois, vous dites que ça existe déjà.
21:32Et ça existe dans beaucoup de pays, d'ailleurs.
21:34Il faut que ceux qui nous écoutent sachent qu'il y a des interdictions partielles de double nationalité,
21:41en Allemagne jusqu'en juin 2024, en Autriche, en Ukraine,
21:45et qu'il y a des interdictions totales en Géorgie, au Japon, en Inde, à Taïwan.
21:50Ce sont des choses qui existent.
21:51Nous sommes, nous, pour une vision beaucoup plus large de l'acceptation de la double nationalité,
21:57avec cette petite réserve d'un principe de précaution en fonction des pays avec lesquels nous sommes en conflit.
22:03Dernière question, le Rennes est à Matignon dans une semaine.
22:06Politique, fiction, vous privatisez France 2, France Inter, l'Audiovisuel Public, et quand ?
22:11Oui, on va commencer à réfléchir à cette privatisation,
22:15parce que nous, nous pensons que dans une grande démocratie,
22:17l'État ne peut pas avoir la mainmise sur une partie très importante des médias.
22:21Et que le meilleur moyen d'être libre, c'est précisément de ne pas appartenir dans son financement,
22:27ne pas dépendre dans son financement d'un gouvernement.
22:30Mais, là encore, je regrette que nous ne puissions pas développer la vision qui est la nôtre.
22:38Il y a deux choix très importants que les Français doivent faire.
22:41Il y a des choix très importants en matière d'immigration, en matière de maîtrise de l'insécurité.
22:46Là, je vous parle des chaînes publiques précisément.
22:47Oui, j'ai compris.
22:48Tout le monde pourrait les racheter ?
22:50Tout le monde nous pose la question.
22:52C'est normal.
22:53Tout le monde pourrait les racheter ou pas ?
22:54C'est normal, parce qu'on est sur le service public.
22:56Vous voulez savoir ? Si vous voulez, on en parle dehors.
22:58Mais je ne suis pas sûr que ce soit fondamentalement la raison du vote des Français.
23:02Il y a 15 millions d'auditeurs qui écoutent Radio France tous les jours.
23:06Ça mérite plus qu'une conversation au couloir.
23:10Mais il n'y a absolument aucune raison pour que vous ne soyez pas aussi performants,
23:14aussi neutres que vous l'êtes d'habitude, en dépendant non pas de l'État qui vous paye,
23:21que d'un groupe privé.
23:24Ou alors, vous êtes en train de me dire que BFM TV, les journalistes sont tenus,
23:29que RTL, les journalistes sont tenus.
23:31Je ne crois pas que vous alliez dépasser cette ligne-là.
23:35L'audiovisuel public a des missions qui sont particulières.
23:39Voilà ce qui fait sa singularité et la singularité de son mode de financement.
23:45Oui, vous avez raison.
23:46Mais est-ce qu'il y a une énorme différence entre la manière dont fonctionne TF1 aujourd'hui et France 2 ?
23:51Je ne suis pas tout à fait sûr.
23:52Maintenant, il faut conserver, vous avez raison, pour les régions, je crois, une gestion régionale.
23:57Mais ça, c'est dans un cahier des charges.
23:59Et il faut garder la voix de la France à l'étranger,
24:01pour pouvoir s'adresser à l'ensemble de nos compatriotes, par télévision ou par radio, qui sont à l'étranger.
24:08Merci Marine Le Pen d'avoir été au micro de France Inter.

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