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Transcription
00:00Le Premier ministre hongrois Viktor Orban est arrivé à Moscou.
00:04Il doit rencontrer son allié russe Vladimir Poutine.
00:06Une visite présentée comme bilatérale alors qu'il occupe la présidence tournante du Conseil de l'Union Européenne.
00:12Viktor Orban n'a reçu aucun mandat du Conseil de l'Europe pour se rendre à Moscou,
00:16ont indiqué Joseph Borrell, chef de la diplomatie, et Charles Michel, président sortant du Conseil Européen.
00:22Une démarche contraire aux positions de l'Union Européenne.
00:25On écoute le Premier ministre hongrois Viktor Orban.
00:30Même si ce que je fais ressemble à des négociations, parce que nous nous asseyons à une table et nous discutons,
00:37nous ne négocions pas.
00:39C'est pourquoi je n'ai pas besoin d'être mandaté, parce que je ne représente personne.
00:43La seule chose que je fais, c'est de me rendre dans des endroits en guerre ou menacés par la guerre,
00:48avec des conséquences négatives pour l'Europe et aussi pour la Hongrie, pour y éclaircir des faits.
00:55Caroline de Camaray, Viktor Orban joue un rôle personnel, à quoi joue Viktor Orban ?
01:00Là, c'est effectivement d'autres éléments de langage, parce qu'il a provoqué ce Premier ministre hongrois,
01:06populiste, toujours très provocateur, un tollé littéralement en Europe, en se rendant à Moscou.
01:12D'ailleurs, si on écoute le porte-parole de Vladimir Poutine, il a dû assurer aussi ce matin
01:18que les dirigeants allaient s'entretenir de la guerre en Ukraine, entre autres choses.
01:23Il faut dire que Budapest assure depuis le 1er juillet, vous l'avez noté,
01:28la présidence tournante semestrielle du Conseil de l'Union Européenne.
01:33Joseph Borrell, le haut représentant pour la diplomatie européenne,
01:39dont c'est le rôle de parler de diplomatie et de négocier,
01:43a précisé que Viktor Orban n'avait reçu aucun mandat de l'Union Européenne
01:48et a fait ce déplacement dans le cadre exclusif de relations bilatérales entre la Russie et la Hongrie.
01:55Tweet aussi de la présidente de la Commission Européenne,
01:58toute tentation d'apaisement n'arrêtera pas Poutine.
02:01Seule l'unité et la détermination ouvriront la voie à une paix juste, durable et globale en Ukraine.
02:08Alors, effectivement, Viktor Orban, plus tôt, avait eu des paroles très ambiguës en disant
02:14si nous restons assis à Bruxelles, nous ne pourrons pas nous rapprocher de la paix,
02:19des actions doivent être entreprises, sauf que ce n'est pas à lui de le faire.
02:23Il est déjà, en fait, retourné à Moscou depuis le déclenchement de la guerre
02:28et c'est bien le seul leader des 27 à jamais avoir mis les pieds à Moscou post-guerre
02:33puisque les 27 sont liés par, justement, l'idée de soutenir l'Ukraine
02:38et de ne pas parler à Vladimir Poutine.
02:42C'est bien le seul à le faire.
02:44Et puis, c'est vrai qu'il a maintenu des liens économiques très forts avec la Russie,
02:49notamment sur les matières premières.
02:51En revanche, il n'était jamais allé, et ça c'est très significatif aussi de son positionnement,
02:55il n'était jamais allé à Kiev, sauf, justement, il y a quelques jours
02:59où il s'est enfin rendu à Kiev, on a envie de dire, pour la première fois depuis le début de la guerre,
03:03alors que les leaders européens avaient défilé tous à Kiev,
03:08pour la première fois depuis le début de la guerre,
03:10et pour la première fois même depuis 12 ans pour son pays,
03:13qui a de graves problèmes avec l'Ukraine en raison d'une minorité hongroise,
03:17mais pas seulement, ce sont aussi des problèmes de perception, effectivement, de la guerre.
03:21Alors, pour ses six mois de présidence, Budapest a d'ailleurs choisi un slogan provocateur
03:26aux accents trumpistes « make Europe great again »,
03:30donc on a compris, renforcer l'Europe, mais enfin l'Europe à la sauce de Viktor Orban.
03:37Et alors qu'il a été plutôt bien accueilli par Volodymyr Zelensky,
03:41Volodymyr Zelensky a bien expliqué que sa notion de paix juste et dirable
03:45n'était pas la même que celle d'Orban, apparemment.
03:48Donc, il faut dire que Viktor Orban, en fait, il profite un peu de cette présidence,
03:52de cette visibilité, pour sortir de son isolement diplomatique qui est bien réel parmi les 27,
03:58il n'a pas pu s'opposer à l'aide massive à l'Ukraine, etc.,
04:02il a été très isolé, et notamment, il veut créer au Parlement européen une alliance politique,
04:07un nouveau groupe de la droite radicale, et pour l'instant, il n'y arrive pas,
04:11il a besoin de sept pays, donc ça aussi, ça lui fait un tremplin, une tribune pour exprimer ses idées.
04:16Vous dites à la sauce de Viktor Orban, mais est-ce que ce n'est pas plutôt à la sauce de Vladimir Poutine ?
04:20Est-ce qu'il ne vient pas faire des génuflexions, là, devant Vladimir Poutine ?
04:24La question, c'est plutôt, est-ce qu'il a une vraie capacité de nuisance
04:27pour ralentir ce dossier ukrainien auprès des Européens,
04:30même si, effectivement, beaucoup le taxe de cheval de Troie,
04:34en fait, à la présidence tournante de l'Union européenne,
04:38ses capacités de nuisance sont relativement limitées,
04:41c'est ce que veut nous expliquer cet ambassadeur de France que j'ai interviewé plus tôt,
04:45Philippe Etienne, on l'écoute.
04:47La Hongrie, clairement, a cherché à s'opposer ou à ralentir des décisions européennes sur le soutien à l'Ukraine,
04:57mais la Hongrie n'a jamais réussi à bloquer ces décisions.
05:02Aujourd'hui, la Hongrie, le 1er juillet, a pris la présidence du Conseil de l'Union européenne,
05:08mais depuis 2012, à l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne,
05:11le pays qui préside le Conseil de l'Union européenne ne préside plus ni le Conseil européen,
05:16la réunion des dirigeants des États membres, ni le Conseil des ministres des Affaires étrangères.
05:21Donc la Hongrie n'a pas un rôle comme ce que les pays en présidence avaient avant ce traité.
05:30Voilà, vous avez compris qu'en fait, ils n'ont pas un rôle diplomatique important.
05:34La présidence du Conseil, elle est toujours détenue par Charles Michel, le Belge,
05:38qui a réagi d'ailleurs.
05:40La présidence tournante de l'UE n'a pas de mandat pour engager le dialogue avec la Russie au nom de l'UE, a-t-il bien précisé ?
05:46Vous savez que Charles Michel, rappelez-vous, avait subi les foudres des 26 autres dirigeants,
05:51ou des 27 plus exactement, puisque lui est le 28e dans la salle du Conseil,
05:56avait subi les foudres des 27 parce qu'il avait voulu se présenter aux élections européennes
06:01et donc créer une sorte de vide institutionnel en ce moment-là,
06:05justement quand la Hongrie allait prendre la présidence tournante.
06:08On voit bien qu'il ne l'a pas fait, il est toujours celui qui doit dialoguer
06:12avant de faire le moindre pas à l'étranger avec les 27 chefs d'État et de gouvernement
06:17et à partir de leur position commune faire notamment peut-être des déplacements géopolitiques.
06:25Il y avait un véritable enjeu, et ça c'est la démonstration, c'est QFD,
06:29qu'il fallait en quelque sorte ne pas laisser les forces populistes et à priori Victor Orban
06:35seules aux manettes et ne pas avoir de vide institutionnel.
06:38Il n'y a pas de vide institutionnel, donc effectivement son déplacement est symbolique
06:42mais assez limité dans ses conséquences.
06:44Merci beaucoup Caroline de Camaret pour votre analyse.

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