Roland Dumas - On n’est pas couché 23 avril 2011

  • il y a 3 mois
Roland Dumas est apparu dans l'émission "On n'est pas couché" le 23 avril 2011. Cette émission, animée par Laurent Ruquier, comptait parmi ses chroniqueurs habituels Éric Zemmour et Éric Naulleau. Lors de cette émission, Roland Dumas était venu présenter deux de ses livres :

"Coups et Blessures", publié aux éditions du Cherche midi
"Crimes et fraudes en Côte d'Ivoire", publié aux éditions Edite

Category

📺
TV
Transcription
00:00Roland Dumas, merci d'avoir accepté notre invitation à l'occasion de la sortie de ce livre.
00:09D'emblée, je peux vous le dire, et on s'est parlé en coulisses avant l'émission avec mes deux camarades Eric,
00:14on a, je crois que je n'ai jamais eu dans mes mains, un livre politique où j'ai appris, où on m'a révélé autant de choses,
00:22où quelqu'un s'est lâché comme vous vous êtes lâché dans ce livre.
00:26Je ne sais pas si, enfin oui, j'imagine, quand on vous connaît, que vous l'avez fait sciemment et que vous ne le regrettez pas aujourd'hui.
00:32D'ailleurs, vous l'expliquez, on est dans le livre, vous n'êtes pas pour les regrets, vous avez même une formule.
00:36Qu'est-ce que vous dites à propos des regrets, monsieur Dumas ?
00:38Je ne sais plus ce que je dis, mais ça doit être vrai.
00:41Le regret, c'est comme une épée qu'on enlève du corps d'un ennemi.
00:46Une corde sur les ennemis.
00:47Voilà, exactement.
00:48Jamais, en tout cas, j'avais eu dans mes mains, je vous le dis, un livre où on a envie de tourner les pages pour dire,
00:55mais qu'est-ce qu'il va encore nous raconter ? Il faut dire que votre vie n'est pas commune, loin de là.
01:01Qu'est-ce qui vous a décidé à vous lâcher comme ça ? Parce qu'on peut dire que vous vous lâchez dans ce livre.
01:06Parce que j'ai considéré qu'il était temps de dire les choses après une si longue vie, tant d'événements, tant de rencontres,
01:13tant de choses faites et d'autres qui n'ont pas été faites.
01:16Je trouve que c'est un devoir vis-à-vis des compatriotes de dire un peu les choses, alors je l'ai essayé de le faire.
01:22C'est un travail qui m'a demandé beaucoup de temps, à peu près deux ans de travail là-dessus,
01:26avec la recherche des documents, les rencontres, et puis des souvenirs qu'il fallait rassembler.
01:31Depuis la France, c'est long une vie, mais ce n'est pas si long que ça, en définitive.
01:35Même quand on écrit 600 pages, 500, il y a beaucoup de choses encore qui manquent.
01:42J'imagine qu'il a fallu de temps en temps, évidemment, vous restreindre.
01:46Est-ce que d'ailleurs, des avocats, vous me direz, est-ce que vous avez besoin d'avocats pour relire votre livre,
01:51vous qui l'êtes vous-même, mais est-ce que vous êtes quand même conscient...
01:54Tous ceux qui en ont besoin ici peuvent faire appel à moi.
01:58Moi j'avais compris.
02:00Vous êtes conscient que vous allez vous fâcher avec une grande, je veux dire, la majorité du parti socialiste ?
02:06Alors ne soyons pas hypocrite, c'est déjà fait avec cela.
02:09C'est déjà fait ?
02:10Ben oui, bien sûr.
02:12J'allais vous dire qu'effectivement, on se connaît peu, Monsieur Dumas,
02:16et qu'a priori, je me disais, ce personnage, on a tellement dit de choses sur lui,
02:22tellement lu de choses sur lui, les affaires...
02:25Je n'avais pas un a priori spécialement favorable.
02:28D'ailleurs, dès les premières lignes, je me suis dit, ah non, il m'énerve déjà, Roland Dumas.
02:32Voilà, premier chapitre.
02:34Ce n'était pas fait exprès.
02:35Premier chapitre.
02:36D'ailleurs, très joli, parce que très vite, on va arriver sur l'enfance et sur votre père,
02:39qui s'intitule « La canne de mon père ».
02:41Mais quand même, ça démarre par ces lignes.
02:43« Pendant l'année 2000, qui précéda le jugement de l'affaire Elf,
02:47mes nuits ont été tourmentées.
02:49Je me réveillais en sursaut, ruisselant de sueur.
02:52Je ne savais plus où j'étais.
02:54Je revoyais l'interminable procédure, les questions insidieuses des juges.
02:58Toutes les nuits, je faisais des cauchemars et pensais en finir avec la vie.
03:02Je n'avais pas imaginé par quel moyen je me suiciderais,
03:05le souvenir de Pierre Bérégovoy me hantait. »
03:07Ça commence par ces lignes, et là, je me suis dit, ça commence bien.
03:10Il nous fait le coup de nous apitoyer, dès le départ, pour qu'on marche avec lui
03:14pour tout le reste du livre.
03:16Pourquoi vous avez commencé par ces lignes ?
03:18Parce que j'imagine que tous ceux qui sont passés par cela
03:22s'en sont aperçus comme moi, peut-être pas avec les mêmes mots,
03:25mais avec les mêmes ressentiments.
03:27Et que l'on garde au fond de soi, malgré tout, une blessure profonde,
03:32la blessure singulière dont parlait Jean Genet.
03:34Qui ne se cautérise jamais.
03:36Et effectivement, je garde ça comme une blessure.
03:39C'est de là le titre. Coups, c'est blessure.
03:41Alors ça, c'est sûr, des coups, vous en donnez, des blessures, vous en avez.
03:44Il ne faut pas non plus se laisser faire.
03:47Ce n'est pas le genre de la maison.
03:49Ce n'est pas le cas du tout dans ce livre.
03:51Alors, passez ces premières lignes.
03:52Finalement, très vite, vous m'êtes devenu, je dois dire, dans un premier...
03:55On passe par tous les états, quand on vous lit, il faut dire.
03:57Très vite sympathique, d'abord parce qu'il y a l'histoire de votre père
04:00qui est un élément important du livre.
04:03Votre père fusillé par les Allemands parce qu'il était résistant,
04:06pris au hasard, vous pouvez nous le raconter ?
04:08Oui, oui, écoutez.
04:09Mon père a été arrêté, comme ça, sur une dénonciation d'un de ses membres du réseau,
04:13le 24 mars 1944.
04:16Et il a été fusillé deux jours après, avec un bon nombre de résistants, de Juifs,
04:21qui ont été arrêtés à la prison de Limoges,
04:23et que l'on a vu chercher et transporter dans un camion à 60 kilomètres de là,
04:27à Brantôme, en Ordogne, 90 kilomètres.
04:30Et là, quand ils sont descendus du véhicule, ils ont aperçu devant eux les mitrailleuses,
04:35ils les ont fait ranger dans un coin,
04:37et puis les mitrailleuses ont commencé à tirer au ras du sol,
04:40et puis les coups de grâce sont venus tout de suite après.
04:43J'ai retrouvé le cadavre de mon père dans la terre,
04:45il a fallu que j'identifie pour éviter à ma mère de le faire,
04:50et c'est là où j'ai vu qu'il avait eu un coup de grâce.
04:53Vous écrivez, la mort de ce père arraché à notre affection a été une épreuve,
04:57mais j'en ai fait un socle sur lequel j'ai fondé ma vie,
05:01et c'est vrai que cette guerre, et votre papa qui en a été victime,
05:06cette guerre, finalement, ça marque votre carrière,
05:11puisque les relations et les rapports entre la France et l'Allemagne vont,
05:14heureusement, on le sait, depuis la dernière guerre, évoluer,
05:18et vous allez être ministre des Affaires étrangères,
05:21et être celui même qui va devoir sceller cette réconciliation entre les deux pays.
05:26Avec un mot très sensible, très intéressant de François Mitterrand,
05:30quand il m'a désigné comme ministre, il m'a dit,
05:32je sais ce dont vous avez souffert pendant la guerre,
05:35je vous demande, parce que vous représentez tellement de choses,
05:40qu'il faut consacrer ce capital à la réconciliation franco-allemande.
05:43Je ne vous dirai pas que c'est passé très facilement dans mon esprit,
05:46et dans mon cœur, mais que j'ai pris sur moi, au bout des mois, des années,
05:50de comprendre que s'il ne devait plus y avoir de guerre entre la France et l'Allemagne,
05:54c'était à des gens comme moi, comme ma famille,
05:57qu'il fallait recourir pour que cela n'existe plus.
06:00Et heureusement, ça n'existe plus.
06:02Moi, j'irai plus loin que Laurent.
06:03Il me semble qu'on ne peut pas ni comprendre votre personnalité,
06:06ni votre action politique, si on ne sait pas que vous êtes un fils de fusillé,
06:09que vous aviez 20 ans en 1942.
06:11C'est ça qui vous définit plus que socialiste ou homme de gauche.
06:15Il me semble que c'est ça, le noyau de votre identité,
06:17et que ça explique presque tout le reste.
06:19Vous avez tout à fait raison.
06:21Il y a la mort, il y a avant, la jeunesse, la gaieté, la vie de famille, etc.
06:27Puis il y a l'après.
06:28Et l'après commence là, le 26 mars 1944.
06:31Du reste, je vais vous dire, j'avais un frère plus jeune que moi,
06:34et avec le temps, il s'était occupé sur place à Liboge, la tombe.
06:38Et puis un beau jour, il s'est suicidé sur la tombe de mon père,
06:42le jour anniversaire de sa mort.
06:43Vous le racontez dans le livre, ce passage ?
06:46C'est une vie.
06:47Vous racontez aussi, c'est un peu plus loin,
06:49c'est dans un chapitre intitulé L'ami Fritz.
06:53Vous racontez aussi cette fameuse poignée de main,
06:56pas poignée de main,
06:57cette main dans la main entre Helmut Kohl et François Mitterrand,
07:01cette photo que tout le monde connaît.
07:03Un geste, dites-vous, qui n'était pas prévu.
07:06C'est exactement ce que m'a dit Mitterrand,
07:09et ce que m'a dit également Kohl.
07:11Je ne vérifiais pas auprès de Kohl ce que m'avait dit Mitterrand,
07:13mais les versions coïncident.
07:15François Mitterrand m'a dit, je me suis trouvé là,
07:17devant ce mausolée, comme ça,
07:20j'ai tendu la main, j'ai mis la main,
07:22un petit peu comme un garde-à-vous,
07:23et j'ai senti d'un seul coup la main de Kohl,
07:26je l'ai attrapée et je l'ai serrée.
07:29Donc ce n'était pas prémédité, c'était improvisé.
07:33C'était un geste, vous savez, c'était...
07:35Là, voilà l'image.
07:36C'est quelque chose d'historique.
07:38Et le discours de François Mitterrand ce jour-là,
07:41vous en donnez quelques extraits,
07:43à un moment donné, quand même,
07:45vous en étiez un peu chiffonné parce que...
07:47Mais oui.
07:48Mettez-vous à ma place,
07:50quelqu'un qui a 20 ans,
07:51dans les circonstances que j'ai racontées,
07:54et que l'on connaît,
07:55père de son père dans des conditions tragiques,
07:58sans l'avoir revu,
07:59sans savoir ce qu'il avait pensé au dernier moment,
08:01est-ce qu'il a prié, est-ce qu'il a regardé les gens,
08:04est-ce que...
08:05Très souvent, on m'a interrogé,
08:06mais j'ai dit, je ne sais rien.
08:07Nous sommes restés quand même 15 jours sans savoir.
08:10Il a fallu que,
08:11ceux qui avaient été requis par les Allemands,
08:13par les nazis,
08:14qui étaient là,
08:15il en était un qui découpe sa cravate,
08:18qu'il avait à toute fin gardée,
08:20pour que les familles puissent,
08:22le moment venu, reconnaître les corps.
08:24C'est comme ça que j'ai pu reconnaître le corps de mon père.
08:26Encore que moi,
08:27les choses n'étaient pas tellement détériorées,
08:29ça aurait pu m'échapper.
08:31Mais je veux dire,
08:32il faut dramatiser un peu,
08:34il faut voir comment les choses se sont passées,
08:37comme dans un drame,
08:38un drame espagnol.
08:39Les choses sont toujours tragiques.
08:41Et c'était le cas.
08:43Alors, quand on a 20 ans,
08:45qu'on a vécu une jeunesse tranquille,
08:47un peu monotone même,
08:49on est pris de plein fouet,
08:51et on est abattu par tout ça.
08:53Et comment voulez-vous que ça ne reste pas
08:55comme une pierre fondamentale dans la vie après,
08:57qui vous reste ?
08:58Je vais donner...
08:59J'aurais plein de questions,
09:00mais on va essayer de répartir la tâche et les chapitres.
09:04Et comme on arrive très vite dans les pages
09:06qui concernent l'Algérie,
09:07le colonialisme,
09:08je vais donner la parole à Éric Zemmour pour la suite.
09:10Je voulais vous dire d'abord,
09:11moi aussi, j'ai beaucoup aimé votre livre.
09:13On se dit, en vous lisant,
09:14que la vieillesse n'est pas seulement un naufrage,
09:16mais c'est aussi une liberté extraordinaire.
09:18Ça vous a donné vraiment une distance,
09:21une liberté.
09:22Alors, en plus, c'est très drôle,
09:23parce que vous avez un style...
09:25Il n'y a pas tellement de...
09:29Un style, c'est pas...
09:30Il n'est pas époustouflant.
09:31Vous voyez, on n'est pas admiratif du style.
09:33Et donc, on se dit,
09:34c'est bien un avocat,
09:35il parle mieux qu'il écrit.
09:36Et puis, parfois,
09:37vous balancez des formules comme ça.
09:39Et là, on se dit, bon, quand même,
09:41c'est pas mal avec une cruauté,
09:43une ironie, une méchanceté
09:45que moi, j'ai beaucoup aimé.
09:46Par exemple, Eva de Viejancourt
09:49qui vit avec un Norvégien.
09:51Christine de Viejancourt.
09:52Christine de Viejancourt
09:53qui vit avec un Norvégien.
09:54Et vous ajoutez,
09:55c'est sans doute la façon
09:57qu'elle a trouvée
09:58de se rapprocher d'Eva Jolie.
09:59Moi, j'étais mort de rire
10:00pendant au moins 3 minutes.
10:01Donc, je voulais vous remercier.
10:03Je vais la combattre chez elle.
10:06Madame de Viejancourt
10:07va moins se marrer
10:08quand elle va lire le livre.
10:09Mais on y viendra.
10:10Mais on y viendra tout à l'heure.
10:11C'est autre chose.
10:12Enfin, c'est autre chose.
10:13Mais dis donc,
10:14si j'ose dire...
10:15Pour prendre votre exception,
10:16elle va moins se marrer
10:17si Eva Jolie est élue
10:18présidente de la République.
10:19Ce que je ne crois pas entre nous.
10:21Et d'ailleurs, vous dites même
10:22que pour l'instant,
10:23vous ne lui avez pas mis
10:24des bâtons dans les roues.
10:25Alors ça, c'est à la fin du livre.
10:26Mais que si elle était
10:27vraiment déclarée
10:28candidate à la présidence
10:29de la République,
10:30vous accepteriez un débat avec elle ?
10:33Sûrement, oui.
10:34Il faut réserver ses coups.
10:35Vous n'avez pas toujours
10:36vos réservés...
10:37Alors ça, c'est une autre partie
10:38du livre.
10:39Mais on y viendra.
10:40Les femmes sont très présentes,
10:41très présentes dans le livre.
10:43Vous n'avez pas toujours
10:44réservé vos coups,
10:45M. Dumas.
10:46Oh, c'est un jeu de mots.
10:48Il faut le prendre comme ça.
10:51Oui, mais je parle
10:52comme vous l'écrivez
10:53dans le livre.
10:54Je ne prends pas plus
10:55de gants que vous.
10:56Oui, oui, oui.
10:57On y viendra.
10:58Éric Zemmour.
10:59Alors, effectivement,
11:00Laurent a raison.
11:01Vous commencez sur
11:02l'anticolonialisme.
11:03C'est vraiment...
11:04Alors, on a parlé
11:05de la mort de votre père,
11:06de la résistance,
11:07et on a l'impression
11:08que la première application
11:09politique majeure,
11:11c'est l'anticolonialisme.
11:13On a l'impression
11:14que vous reportez
11:15la résistance,
11:16l'esprit de la résistance,
11:18sur l'anticolonialisme.
11:21C'est assez vrai
11:22ce que vous dites.
11:23Et ce n'était pas admis
11:24par tout le monde à l'époque.
11:25Justement, moi,
11:26je ne l'admets pas encore,
11:27donc je vous dis.
11:28C'est votre droit.
11:29Mais vous y viendrez.
11:30Non, il y a des choses...
11:31Non, mais je crois
11:32qu'il y a des choses...
11:33Non, mais je comprends.
11:34Mais il y a des choses
11:35qui me chottent, par exemple,
11:36quand vous dites
11:37que vous avez défendu
11:38les réseaux Jansson.
11:39Vous savez, c'était les réseaux,
11:40il faut expliquer aux gens,
11:41qui...
11:42Porteur de valise.
11:43Porteur de valise,
11:44porteur d'armes, etc.
11:45Vous dites ça très froidement
11:46et vous êtes encore
11:47satisfait de ça.
11:48Or, moi, mon premier réflexe
11:49était de dire, oui, quand même,
11:50ces armes, elles servaient
11:51à tuer des Français.
11:52Oui, vous avez raison.
11:53Le discours que vous tenez,
11:54je l'ai entendu
11:55un grand nombre de fois.
11:56Je sais, je sais bien.
11:57Le problème n'était pas là.
11:58Je vais vous dire,
11:59j'ai souffert beaucoup
12:00cette relation personnelle
12:01avec ma propre médiance.
12:02J'étais parlementaire
12:03quand j'ai pris la première fois
12:04la parole à l'Assemblée nationale
12:05pour dire qu'il fallait
12:06faire la paix en Algérie,
12:07que ça coûterait,
12:08que ce serait difficile, etc.
12:09J'ai croisé, dans les couloirs,
12:10Robert Lacoste,
12:11qui, comme vous le savez,
12:12était ministre du gouvernement,
12:13résident en Algérie
12:14et qui faisait cette guerre
12:15et qui m'a dit,
12:16toi, si je n'avais pas
12:17connu ton père
12:18comme syndicaliste,
12:19je te ferais fusiller.
12:20C'était quand même
12:21un moment
12:22où je me disais,
12:23si tu veux,
12:25je te ferais fusiller.
12:26C'était quand même
12:27un raisonnement extrême.
12:28Mais nous étions...
12:29Permettez-moi de vous dire
12:30que ça me rassure
12:31encore aujourd'hui
12:32quand je suis minoritaire
12:33dans un débat,
12:34je me dis,
12:35je l'ai été
12:36presque toute ma vie.
12:37Non, vous n'êtes pas minoritaire,
12:38c'est moi qui suis minoritaire
12:39aujourd'hui.
12:40Oui, peut-être.
12:41Mais à l'époque,
12:42c'était moi.
12:43Là-dessus,
12:44il y a quand même
12:45un passage incroyable.
12:46C'est ce passage
12:47où, avec quatre autres
12:48ou cinq collègues,
12:49parmi lesquels Gisèle Halimi
12:50et, je crois,
12:51Jacques Vergès,
12:52vous défendez
12:53les, je crois,
12:5417 inculpés
12:55d'attente à la sûreté
12:56de l'État
12:57et vous inventez,
12:58je trouve ça incroyable,
12:59vous inventez
13:00une lettre
13:01de Jean-Paul Sartre
13:02que vous écrivez
13:03donc vous-même
13:04et que vous lisez
13:05au tribunal
13:06alors que Sartre
13:07n'a jamais écrit
13:08cette lettre.
13:09Alors, ça mérite...
13:10Est-ce que c'est des méthodes...
13:11Est-ce que c'est des...
13:12Vous l'avez assez bien résumé.
13:13Est-ce que c'est des méthodes,
13:14ça, monsieur Dumas ?
13:15Ah, c'était un temps de guerre,
13:16ce sont des méthodes
13:17comme d'autres.
13:18À partir du moment
13:19où les choses ont été ratifiées
13:20par Jean-Paul Sartre,
13:21Jean-Paul Sartre était à Paris.
13:22Il avait promis
13:23de venir au procès-chanson
13:24expliquer pourquoi
13:25les jeunes gens désertaient.
13:26C'était quand même
13:27une position déjà
13:28un peu extraordinaire.
13:29Bon.
13:30Et là-dessus,
13:31il part pour faire
13:32une conférence
13:33en Amérique latine.
13:34Alors, correspondance,
13:35téléphone, etc.,
13:36il n'osait pas rentrer
13:37et il dit
13:38faites ce que vous voulez,
13:39je ratifierai
13:40tout ce que vous écriverez.
13:41Alors,
13:42le procès venait,
13:43il a fallu
13:44écrire une lettre,
13:45j'en suis l'auteur,
13:46vous permettez
13:47d'imaginer
13:48j'en suis l'auteur,
13:49vous permettrez
13:50de me confesser,
13:51il n'est jamais trop tard.
13:52Et vous racontez
13:53que c'est Siné,
13:54le dessinateur.
13:55Et c'est Siné
13:56qui était là dans mon bureau,
13:57qui est venu,
13:58qui avait un petit peu bu,
13:59il est venu le soir,
14:00il est arrivé,
14:01il a fait
14:02un certain nombre
14:03d'exercices,
14:04de répétitions,
14:05où il a signé le signe
14:06et puis il a dit
14:07bon, j'y vais.
14:08Et il a signé Siné.
14:09Il a imité
14:10la signature de Jean-Paul Sartre.
14:11Absolument,
14:12Jean-Paul Sartre,
14:13il a signé.
14:14Et donc,
14:15on a présenté cette lettre,
14:17vous savez ce qu'il nous a dit ?
14:18Je ratifie,
14:19je dirais que c'est moi,
14:20mais je trouve que
14:22vous avez des formules
14:24un peu fortes.
14:26Ah bon ?
14:27C'était la fameuse phrase
14:28et s'il me l'avait demandé,
14:30j'aurais porté les armes
14:31pour le FLM.
14:32Ça, c'était évidemment
14:34un peu limite.
14:36Donc,
14:37à partir du moment
14:38où on parle pour l'histoire,
14:39Monsieur Zemmour,
14:40on peut dire
14:41tout ce que l'on a
14:42sur le cœur.
14:43Et moi je dis
14:44que la vérité historique,
14:45il faut la connaître.
14:46Ah non, non,
14:47mais c'est pour ça que j'ai écrit.
14:48Mais bien sûr,
14:49c'est pour ça que votre livre
14:50est passionnant.
14:51Non, non, mais c'est évident.
14:52Éric, vous voulez poursuivre ?
14:53Oui, moi,
14:54il y a une anecdote
14:55que j'aime bien,
14:56c'est quand vous recevez
14:57le patron du Foreign Office,
14:58Geoffrey Ho,
14:59dans votre maison de campagne,
15:00il plonge dans la piscine
15:01et il dit,
15:02on parlera de ce qu'il fâche après.
15:03Alors moi,
15:04c'est comme ça
15:05que j'ai procédé
15:06avec votre livre.
15:07J'ai plongé dans votre livre,
15:08je me suis dit,
15:10Oui, ben voilà,
15:11il y avait de quoi se fâcher,
15:12on remarque.
15:13Oui, parce que,
15:14bon, les choses,
15:15là aussi,
15:16historiquement,
15:17sont comme elles sont.
15:18Nous avions fait sauter
15:19le bateau
15:20et tout le monde,
15:21les bien-pensants,
15:22et notamment
15:23le ministre
15:24de la Défense nationale,
15:25qui était mon vieux camarade
15:26Charles Hernu,
15:27qui était ruisselant de sueur
15:28dans le bureau
15:29du président de la République,
15:30m'a dit,
15:31devant le président
15:32de la République,
15:33c'est un coup des Anglais.
15:34Et Mitterrand m'avait dit,
15:35essayez de tirer ça au clair.
15:36Bon, en réalité,
15:37on a su la vérité
15:38par la suite.
15:39Mais moi,
15:40j'ai voulu,
15:41avec Jeffrey Ho,
15:42être loyal,
15:43je l'ai fait venir chez moi,
15:44il a plongé dans la piscine,
15:45comme vous dites,
15:46il a dit les choses
15:47qui fâchent,
15:48on les verra ensuite.
15:49Je lui ai posé la question,
15:50je lui ai dit,
15:51est-ce que ce sont
15:52vos services
15:53qui ont fait ça ?
15:54Il m'a dit,
15:55je vais me renseigner,
15:56je vous rappelle dans deux jours.
15:57Deux jours après,
15:58il est revenu,
15:59il m'a dit,
16:00Roland,
16:01je vous donne
16:02la parole d'honneur,
16:03aucun service britannique
16:04n'est compromis
16:05avec la vérité.
16:06Je lui ai donné lieu,
16:07cette explication.
16:08C'est que les gens
16:09qui sont devenus,
16:10aujourd'hui,
16:11ça va peut-être vous amuser,
16:12ça n'est pas dans le livre,
16:13mais les faux époux Turange.
16:14Ils se sont mariés.
16:15Ils sont mariés.
16:16Ah si, c'est dans le livre.
16:17C'est dans le livre.
16:18C'est dans le livre.
16:19C'est dans le livre.
16:20Ils sont mariés.
16:21Vous les avez rencontrés
16:22sur un marché
16:23et vous ont dit
16:24qu'ils étaient mariés aujourd'hui.
16:25Non, non,
16:26je les ai rencontrés
16:27autre chose qu'au marché.
16:28C'était les grands,
16:29laissez-moi dire,
16:30il y avait un grand concert
16:31de toutes les musiques militaires
16:32de Paris
16:33et de la région parisienne.
16:34Et je vois s'asseoir
16:35à côté de moi
16:36où j'étais
16:37un général 4 étoiles.
16:38Ça vous impressionne ?
16:39Il me dit
16:40vous ne me reconnaissez pas ?
16:41Non, général,
16:42excusez-moi.
16:43Je suis l'époux Turange.
16:44Je me suis dit
16:45oui, en effet,
16:46je vous ai reçu
16:47à telle époque.
16:48De fil en aiguille,
16:49nous discutons
16:50et je lui dis à un moment
16:51qu'est-ce que devenu
16:52votre camarade
16:53qui était avec vous
16:54dans le Pacifique
16:55et qui a fait sauter
16:56parce que c'est elle
16:57qui avait porté la bombe.
16:58Il me dit
16:59vous savez que
17:00nous sommes mariés ?
17:01Et à cette occasion
17:02elle passe sur un marché.
17:03C'est vrai, c'est vrai.
17:04Pardon, c'est moi qui ferai.
17:05Est-ce que vous êtes heureux ?
17:06Tout à fait.
17:07Nous avons un enfant
17:08et elle a pris sa retraite.
17:09Et alors, il m'a dit
17:10quelque chose d'intéressant.
17:11Il m'a dit
17:12vous savez, moi,
17:13je n'étais que l'accompagnateur
17:14et c'était elle
17:15qui était l'agent secret français
17:17qui a posé la bombe.
17:18Et alors, c'est là
17:19où il m'a révélé
17:20un peu des choses
17:21maintenant qui sont prescrites,
17:22enfin, qui sont ouvertes
17:23par le temps.
17:24Il m'a dit
17:25quand elle partait en mission,
17:26seule,
17:27elle restait un mois
17:28à l'étranger.
17:29Je ne savais ni où elle était
17:30ni ce qu'elle faisait
17:31et je n'avais pas le droit
17:32de l'appeler au téléphone.
17:33Dominique Prieur
17:34qui a donc fini
17:35par épouser Alain Maffin.
17:36Voilà.
17:37Les faux épouturanges
17:38sont devenus
17:39les vrais épouturanges.
17:40C'est quand même incroyable.
17:41Je reprends la main
17:42à Zemmour et Nolot
17:43avec évidemment
17:44ce fameux jour
17:45de Mitterrand au Panthéon.
17:46Voilà, le nouveau président
17:47de la République
17:48est attaché au symbole.
17:49Vous écrivez
17:50« Son premier acte politique
17:51est de rendre hommage
17:52à ses grands devanciers
17:53en déposant une ombre
17:54à l'étranger. »
17:55Vous écrivez
17:56« Son premier acte politique
17:57est de rendre hommage
17:58à ses grands devanciers
17:59en déposant une rose
18:00emblème du Parti socialiste
18:01sur la tombe de Jean Jaurès
18:02et Jean Moulin. »
18:03Et là, vous écrivez
18:04« On m'a souvent demandé
18:05pourquoi en ce jour exceptionnel
18:07»
18:08On le voit sur les photos
18:09ou les images de l'époque
18:10« Vous portiez, vous,
18:11Roland Dumas,
18:12un costume de lin clair
18:13qui détonnait
18:14avec les complets sombres
18:15de vos camarades. »
18:16Vous dites
18:17« Il n'y avait pourtant
18:18pas d'uniforme requis
18:19mais c'est vrai que vous étiez
18:20en costume clair
18:21alors que tous les autres
18:22étaient en costume sombre. »
18:23Et là, vous écrivez
18:25« J'étais rentré chez moi
18:26cette nuit-là.
18:27Il faisait beau.
18:28J'avais donc mis
18:29ce costume beige
18:30que je traînais
18:31depuis plusieurs jours.
18:32C'était la fête générale
18:33et j'avais donc dormi
18:34chez une femme accueillante. »
18:35Et donc, vous n'avez pas
18:36pris le temps de vous changer
18:37pour venir à la fête
18:38le lendemain ?
18:39Non, parce que le lendemain matin,
18:40Mitterrand m'avait appelé
18:41et il m'avait dit
18:42« Écoutez, je suis obligé
18:43d'aller à la mairie. »
18:44C'était solennel
18:45quand le président de la République
18:46était élu.
18:47Il rend une visite
18:48au maire de Paris,
18:49c'est la tradition.
18:50Donc, venez rejoindre
18:51le président de la République
18:52nouvellement élu.
18:53Vous le demandez,
18:54vous ne pouvez pas vous dérober.
18:55J'arrive là-bas,
18:56je n'ai pas eu le temps
18:57de passer chez moi
18:58à me changer.
18:59Donc, j'avais ce costume clair
19:00et après, il me dit
19:01« Mais maintenant,
19:02on va au Panthéon. »
19:03Alors, j'étais toujours
19:04dans la suite.
19:05On est remonté
19:06et c'est pour moi
19:07le plus beau souvenir
19:08que je garde
19:09d'une foule en liesse
19:10tout le long
19:11du boulevard Saint-Michel
19:12puis après la rue Soufflot
19:13et sur la place même
19:14où a lieu la cérémonie
19:15avec l'orchestre Placido Domingo
19:18que j'avais fait venir de Paris
19:20et de Londres plutôt
19:21pour qu'ils viennent
19:22chanter la Marseillaise
19:23dans un brouhaha général
19:25mais formidable.
19:26Une fête populaire
19:27comme on n'en reverra jamais.
19:29Je pense que peut-être
19:30en 1936,
19:31c'était un peu comme ça
19:32ou à la Libération,
19:33c'était comme ça
19:34mais c'était grandiose.
19:36Et puis, l'orage éclate,
19:38on est tous là sous la pluie,
19:40Mitterrand a été déposer ses gerbes,
19:42Mitterrand me reprend
19:43dans sa voiture,
19:44il ouvre la porte,
19:45il me fait monter
19:46puis à un moment,
19:47on aperçoit Pierre Moroy
19:48qui était là,
19:49sur le trottoir
19:50et alors il lui fait monter.
19:52Moi, c'était quand même
19:53une belle pièce.
19:54Alors Moi,
19:55il s'est taché entre nous
19:56et pendant tout le voyage,
19:58où va-t-on ?
19:59Mitterrand dit
20:00on va à l'Elysée.
20:01On est allé à l'Elysée,
20:02désert,
20:03mais désert.
20:04Je me suis amusé à appuyer,
20:05j'étais trempé,
20:06puis je me suis amusé
20:07à appuyer sur les téléphones
20:08comme ça,
20:09sur les boutons,
20:10rien, personne.
20:11Puis au bout de quelques minutes,
20:12un garçon,
20:13bien élevé,
20:14bien propre,
20:15vient et dit
20:16Monsieur le Président,
20:17qu'est-ce qui se passe ?
20:18Il dit nous voulons du thé.
20:19Très bien,
20:20oui Monsieur le Président,
20:21mais vous avez peut-être besoin,
20:22vous êtes tous mouillés.
20:23Moi, j'étais trempé,
20:24lui aussi.
20:25Apportez-nous des serviettes.
20:26Et on s'est,
20:27dans le bureau du Président
20:28de la République,
20:29on s'est déshabillé,
20:30mis torsu,
20:31et on s'est essuyé.
20:32Voilà comment on a passé
20:33la fête d'inauguration
20:34au Panthéon.
20:35Alors, les femmes sont,
20:36je l'ai dit,
20:37très, très présentes
20:38dans votre livre.
20:39On a évoqué évidemment
20:40Christine de Vieillancourt,
20:41mais vos conquêtes,
20:42ce n'est pas moi qui le dis,
20:44ont été très nombreuses.
20:45D'ailleurs,
20:46celle de la journée du Panthéon,
20:47vous dites,
20:48j'ai même oublié son nom,
20:49je ne sais plus qui c'était.
20:50Permettez-moi de ne pas le dire.
20:52Ah, c'est que vous savez
20:53qui c'est alors encore.
20:55Je crois,
20:56mais mon esprit,
20:57ma mémoire se brouille
20:58avec les ans.
20:59Oui.
21:00Vous écrivez,
21:01tout de même,
21:02c'est quand même le livre,
21:03alors je ne sais pas
21:04si Sandrine Bonner
21:05et Hélène Ségara
21:06liront ce livre,
21:07mais c'est quand même
21:08le livre d'un misogyne,
21:09votre livre,
21:10Monsieur Dumas.
21:11Non,
21:12c'est un amour aux femmes.
21:13Ah oui ?
21:14Ah oui.
21:15Il n'est pas du tout misogyne.
21:16Attends,
21:17ça ne veut pas dire
21:18ne pas aimer
21:19être en compagnie de femmes,
21:20être misogyne,
21:21cher Zemmour.
21:22Comme on aime ses seins,
21:23on les révère.
21:24Pour ce qui concerne
21:25Christine de Vijoncourt,
21:26certains n'ont pas
21:27la reconnaissance du ventre,
21:28vous,
21:29vous n'avez pas la reconnaissance
21:30du bas-ventre,
21:31Monsieur Dumas.
21:32On va y venir.
21:33C'est un bon mot.
21:34Vous dites,
21:35j'ai essayé de maintenir
21:36mes enfants et mon épouse
21:37en dehors de ma vie tumultueuse.
21:38Si j'ai besoin
21:39d'un amour,
21:41si j'ai beaucoup péché,
21:42elle m'a beaucoup pardonné
21:43car c'est une bonne chrétienne.
21:44Tout ça est exact.
21:45J'ai beaucoup péché,
21:46on m'a beaucoup pardonné
21:47et je crois que le pardon
21:48est dans la religion chrétienne.
21:49Alors,
21:50vous me permettrez,
21:51sans rire,
21:52mais peut-être pas sans sourire,
21:53de m'en accommoder.
21:54Les femmes,
21:55dites-vous,
21:56appartiennent à une autre race
21:57que les hommes,
21:58à un degré
21:59qu'on ne soupçonne pas
22:00quand on est jeune.
22:01Elles changent en vieillissant
22:02et deviennent souvent insuffisantes,
22:03voire délirantes.
22:04Là,
22:05j'ai un peu trop généralisé.
22:06C'est un peu comme
22:07pour la moitié du public.
22:08Je dirais que,
22:09vraiment,
22:10j'ai été un peu fort là.
22:11Et si je devais réécrire
22:12ce passage,
22:13je ne l'écrirais pas comme ça.
22:14Quand vous avez annoncé
22:15à François Mitterrand
22:16que vous alliez épouser
22:17Anne-Marie Lillet,
22:18dont il connaissait la famille,
22:19il vous a dit,
22:20Mitterrand,
22:21méfie-toi des femmes
22:22qu'on épouse très jeunes
22:23car personne ne peut savoir
22:24ce qu'elles deviendront
22:25à 35 ans.
22:26C'est-à-dire
22:27qu'elles deviendront
22:28très jeunes
22:29et qu'elles deviendront
22:30très jeunes
22:31et qu'elles deviendront
22:32très jeunes
22:33et qu'elles deviendront
22:34très jeunes
22:35et qu'elles deviendront
22:36très jeunes
22:37et qu'elles deviendront
22:38très jeunes
22:39et qu'elles deviendront
22:40très jeunes
22:41et qu'elles deviendront
22:42très jeunes
22:43et qu'elles deviendront
22:44très jeunes
22:45et qu'elles deviendront
22:46très jeunes
22:47et qu'elles deviendront
22:48très jeunes
22:49et qu'elles deviendront
22:50très jeunes
22:51et qu'elles deviendront
22:52très jeunes
22:53et qu'elles deviendront
22:54très jeunes
22:55et qu'elles deviendront
22:56très jeunes
22:57et qu'elles deviendront
22:58très jeunes
22:59et qu'elles deviendront
23:00très jeunes
23:01et qu'elles deviendront
23:02très jeunes
23:03et qu'elles deviendront
23:04très jeunes
23:05et qu'elles deviendront
23:06très jeunes
23:07et qu'elles deviendront
23:08très jeunes
23:09et qu'elles deviendront
23:10très jeunes
23:11et qu'elles deviendront
23:12très jeunes
23:13et qu'elles deviendront
23:14très jeunes
23:15et qu'elles deviendront
23:16très jeunes
23:17et qu'elles deviendront
23:18très jeunes
23:19et qu'elles deviendront
23:20très jeunes
23:21et qu'elles deviendront
23:22très jeunes
23:23et qu'elles deviendront
23:24très jeunes
23:25et qu'elles deviendront
23:26très jeunes
23:27et qu'elles deviendront
23:28très jeunes
23:29et qu'elles deviendront
23:30très jeunes
23:31et qu'elles deviendront
23:32très jeunes
23:33et qu'elles deviendront
23:34très jeunes
23:35et qu'elles deviendront
23:36très jeunes
23:37et qu'elles deviendront
23:38très jeunes
23:39et qu'elles deviendront
23:40très jeunes
23:41et qu'elles deviendront
23:42très jeunes
23:43et qu'elles deviendront
23:44très jeunes
23:45et qu'elles deviendront
23:46très jeunes
23:47et qu'elles deviendront
23:48très jeunes
23:49et qu'elles deviendront
23:50très jeunes
23:51et qu'elles deviendront
23:52très jeunes
23:53et qu'elles deviendront
23:54très jeunes
23:55et qu'elles deviendront
23:56très jeunes
23:57et qu'elles deviendront
23:58très jeunes
23:59et qu'elles deviendront
24:00très jeunes
24:01et qu'elles deviendront
24:02très jeunes
24:03et qu'elles deviendront
24:04très jeunes
24:05et qu'elles deviendront
24:06très jeunes
24:07et qu'elles deviendront
24:08très jeunes
24:09et qu'elles deviendront
24:10très jeunes
24:11et qu'elles deviendront
24:12très jeunes
24:13et qu'elles deviendront
24:14très jeunes
24:15et qu'elles deviendront
24:16très jeunes
24:17et qu'elles deviendront
24:18très jeunes
24:19et qu'elles deviendront
24:20très jeunes
24:21et qu'elles deviendront
24:22très jeunes
24:23et qu'elles deviendront
24:24très jeunes
24:25et qu'elles deviendront
24:26très jeunes
24:27et qu'elles deviendront
24:28très jeunes
24:29et qu'elles deviendront
24:30très jeunes
24:31et qu'elles deviendront
24:32très jeunes
24:33et qu'elles deviendront
24:34très jeunes
24:35et qu'elles deviendront
24:36très jeunes
24:37et qu'elles deviendront
24:38très jeunes
24:39et qu'elles deviendront
24:40très jeunes
24:41et qu'elles deviendront
24:42très jeunes
24:43et qu'elles deviendront
24:44très jeunes
24:45et qu'elles deviendront
24:46très jeunes
24:47et qu'elles deviendront
24:48très jeunes
24:49et qu'elles deviendront
24:50très jeunes
24:51et qu'elles deviendront
24:52très jeunes
24:53et qu'elles deviendront
24:54très jeunes
24:55et qu'elles deviendront
24:56très jeunes
24:57et qu'elles deviendront
24:58très jeunes
24:59et qu'elles deviendront
25:00très jeunes
25:01et qu'elles deviendront
25:02très jeunes
25:03et qu'elles deviendront
25:04très jeunes
25:05et qu'elles deviendront
25:06très jeunes
25:07et qu'elles deviendront
25:08très jeunes
25:09et qu'elles deviendront
25:10très jeunes
25:11et qu'elles deviendront
25:12très jeunes
25:13et qu'elles deviendront
25:14très jeunes
25:15et qu'elles deviendront
25:16très jeunes
25:17et qu'elles deviendront
25:18très jeunes
25:19et qu'elles deviendront
25:20très jeunes
25:21et qu'elles deviendront
25:22très jeunes
25:23et qu'elles deviendront
25:24très jeunes
25:25et qu'elles deviendront
25:26très jeunes
25:27et qu'elles deviendront
25:28très jeunes
25:29et qu'elles deviendront
25:30très jeunes
25:31et qu'elles deviendront
25:32très jeunes
25:33et qu'elles deviendront
25:34très jeunes
25:35et qu'elles deviendront
25:36très jeunes
25:37et qu'elles deviendront
25:38très jeunes
25:39et qu'elles deviendront
25:40très jeunes
25:41et qu'elles deviendront
25:42très jeunes
25:43et qu'elles deviendront
25:44très jeunes
25:45et qu'elles deviendront
25:46très jeunes
25:47et qu'elles deviendront
25:48très jeunes
25:49et qu'elles deviendront
25:50très jeunes
25:51et qu'elles deviendront
25:52très jeunes
25:53et qu'elles deviendront
25:54très jeunes
25:55et qu'elles deviendront
25:56très jeunes
25:57et qu'elles deviendront
25:58très jeunes
25:59et qu'elles deviendront
26:00très jeunes
26:01et qu'elles deviendront
26:02très jeunes
26:03et qu'elles deviendront
26:04très jeunes
26:05et qu'elles deviendront
26:06très jeunes
26:07et qu'elles deviendront
26:08très jeunes
26:09et qu'elles deviendront
26:10très jeunes
26:11et qu'elles deviendront
26:12très jeunes
26:13et qu'elles deviendront
26:14très jeunes
26:15et qu'elles deviendront
26:16très jeunes
26:17et qu'elles deviendront
26:18très jeunes
26:19et qu'elles deviendront
26:20très jeunes
26:21et qu'elles deviendront
26:22très jeunes
26:23et qu'elles deviendront
26:24très jeunes
26:25et qu'elles deviendront
26:26très jeunes
26:27et qu'elles deviendront
26:28très jeunes
26:29et qu'elles deviendront
26:30très jeunes
26:31et qu'elles deviendront
26:32très jeunes
26:33et qu'elles deviendront
26:34très jeunes
26:35et qu'elles deviendront
26:36très jeunes
26:37et qu'elles deviendront
26:38très jeunes
26:39et qu'elles deviendront
26:40très jeunes
26:41et qu'elles deviendront
26:42très jeunes
26:43et qu'elles deviendront
26:44très jeunes
26:45et qu'elles deviendront
26:46très jeunes
26:47et qu'elles deviendront
26:48très jeunes
26:49et qu'elles deviendront
26:50très jeunes
26:51et qu'elles deviendront
26:52très jeunes
26:53et qu'elles deviendront
26:54très jeunes
26:55et qu'elles deviendront
26:56très jeunes
26:57et qu'elles deviendront
26:58très jeunes
26:59et qu'elles deviendront
27:00très jeunes
27:01et qu'elles deviendront
27:02très jeunes
27:03et qu'elles deviendront
27:04très jeunes
27:05et qu'elles deviendront
27:06très jeunes
27:07et qu'elles deviendront
27:08très jeunes
27:09et qu'elles deviendront
27:10très jeunes
27:11et qu'elles deviendront
27:12très jeunes
27:13et qu'elles deviendront
27:14très jeunes
27:15et qu'elles deviendront
27:16très jeunes
27:17et qu'elles deviendront
27:18très jeunes
27:19et qu'elles deviendront
27:20très jeunes
27:21et qu'elles deviendront
27:22très jeunes
27:23et qu'elles deviendront
27:24très jeunes
27:25et qu'elles deviendront
27:26très jeunes
27:27et qu'elles deviendront
27:28très jeunes
27:29et qu'elles deviendront
27:30très jeunes
27:31et qu'elles deviendront
27:32très jeunes
27:33et qu'elles deviendront
27:34très jeunes
27:35et qu'elles deviendront
27:36très jeunes
27:37et qu'elles deviendront
27:38très jeunes
27:39et qu'elles deviendront
27:40très jeunes
27:41et qu'elles deviendront
27:42très jeunes
27:43et qu'elles deviendront
27:44très jeunes
27:45et qu'elles deviendront
27:46très jeunes
27:47et qu'elles deviendront
27:48très jeunes
27:49et qu'elles deviendront
27:50très jeunes
27:51et qu'elles deviendront
27:52très jeunes
27:53et qu'elles deviendront
27:54très jeunes
27:55et qu'elles deviendront
27:56très jeunes
27:57et qu'elles deviendront
27:58très jeunes
27:59et qu'elles deviendront
28:00très jeunes
28:01et qu'elles deviendront
28:02très jeunes
28:03et qu'elles deviendront
28:04très jeunes
28:05et qu'elles deviendront
28:06très jeunes
28:07et qu'elles deviendront
28:08très jeunes
28:09et qu'elles deviendront
28:10très jeunes
28:11et qu'elles deviendront
28:12très jeunes
28:13et qu'elles deviendront
28:14très jeunes
28:15et qu'elles deviendront
28:16très jeunes
28:17et qu'elles deviendront
28:18très jeunes
28:19et qu'elles deviendront
28:20très jeunes
28:21et qu'elles deviendront
28:22très jeunes
28:23et qu'elles deviendront
28:24très jeunes
28:25et qu'elles deviendront
28:26très jeunes
28:27et qu'elles deviendront
28:28très jeunes
28:29et qu'elles deviendront
28:30très jeunes
28:31et qu'elles deviendront
28:32très jeunes
28:33et qu'elles deviendront
28:34très jeunes
28:35et qu'elles deviendront
28:36très jeunes
28:37et qu'elles deviendront
28:38très jeunes
28:39et qu'elles deviendront
28:40très jeunes
28:41et qu'elles deviendront
28:42très jeunes
28:43et qu'elles deviendront
28:44très jeunes
28:45et qu'elles deviendront
28:46très jeunes
28:47et qu'elles deviendront
28:48très jeunes
28:49et qu'elles deviendront
28:50très jeunes
28:51et qu'elles deviendront
28:52très jeunes
28:53et qu'elles deviendront
28:54très jeunes
28:55et qu'elles deviendront
28:56très jeunes
28:57et qu'elles deviendront
28:58très jeunes
28:59et qu'elles deviendront
29:00très jeunes
29:01et qu'elles deviendront
29:02très jeunes
29:03et qu'elles deviendront
29:04très jeunes
29:05et qu'elles deviendront
29:06très jeunes
29:07et qu'elles deviendront
29:08très jeunes
29:09et qu'elles deviendront
29:10très jeunes
29:11et qu'elles deviendront
29:12très jeunes
29:13et qu'elles deviendront
29:14très jeunes
29:15et qu'elles deviendront
29:16très jeunes
29:17et qu'elles deviendront
29:18très jeunes
29:19et qu'elles deviendront
29:20très jeunes
29:21et qu'elles deviendront
29:22très jeunes
29:23et qu'elles deviendront
29:24très jeunes
29:25et qu'elles deviendront
29:26très jeunes
29:27et qu'elles deviendront
29:28très jeunes
29:29et qu'elles deviendront
29:30très jeunes
29:31et qu'elles deviendront
29:32très jeunes
29:33et qu'elles deviendront
29:34très jeunes
29:35et qu'elles deviendront
29:36très jeunes
29:37et qu'elles deviendront
29:38très jeunes
29:39et qu'elles deviendront
29:40très jeunes
29:41et qu'elles deviendront
29:42très jeunes
29:43et qu'elles deviendront
29:44très jeunes
29:45et qu'elles deviendront
29:46très jeunes
29:47et qu'elles deviendront
29:48très jeunes
29:49et qu'elles deviendront
29:50très jeunes
29:51et qu'elles deviendront
29:52très jeunes
29:53et qu'elles deviendront
29:54très jeunes
29:55et qu'elles deviendront
29:56très jeunes
29:57et qu'elles deviendront
29:58très jeunes
29:59et qu'elles deviendront
30:00très jeunes
30:01et qu'elles deviendront
30:02très jeunes
30:03et qu'elles deviendront
30:04très jeunes
30:05et qu'elles deviendront
30:06très jeunes
30:07et qu'elles deviendront
30:08très jeunes
30:09et qu'elles deviendront
30:10très jeunes
30:11et qu'elles deviendront
30:12très jeunes
30:13et qu'elles deviendront
30:14très jeunes
30:15et qu'elles deviendront
30:16très jeunes
30:17et qu'elles deviendront
30:18très jeunes
30:19Il n'y a eu que les chaussures.
30:22Le seul cadeau qu'elle m'ait fait, ce sont les fameuses chaussures Berluti.
30:25Souffrant de la même malformation aux pieds droits que mon père,
30:28j'avais fait confectionner cette paire de souliers qui n'étaient en rien des bottines
30:32chez un artisan réputé de la rue Marbeuf.
30:34Que d'histoire pour des souliers !
30:36Là encore, j'avais demandé à Mme de Viejoncourt de bien vouloir aller les chercher.
30:39Et là encore, elle a réglé la facture avec sa carte professionnelle, sans que j'en sois informé.
30:44Je crois me souvenir lui avoir remboursé les 1600 euros de la facture.
30:48Vous avez même dit à la présidente du tribunal, le jour où vous êtes passé devant le tribunal,
30:53Madame la présidente, c'est une histoire de corne-cul.
30:55La presse ne parlait que de vos souliers.
30:58Et vous racontez qu'un jour dans la rue, quête Bourbeau, près de chez vous,
31:01un monsieur est passé derrière vous parce que vous rentriez chez vous à pied
31:05et une de vos deux chaussures grinçait, c'est ça ?
31:07Il faisait du bruit.
31:08Oui, elle grinçait comme ça, un peu sur le trottoir.
31:12Et alors il passe à ma hauteur et puis il s'arrête et puis il me dit,
31:16ah monsieur, monsieur, vous avez des chaussures qui font du bruit.
31:23C'est très drôle.
31:24Je n'ai jamais revu qu'il a disparu dans la nuit.
31:28Je vous donne la parole, Jérôme.
31:30Moi, je voudrais revenir en politique et revenir...
31:33Ah oui, revenons sur des choses sérieuses.
31:35Voilà, exactement.
31:36Et revenir en amont, bien avant la présidentielle de 81,
31:40parce qu'il y a des tas de choses qui m'ont beaucoup, beaucoup intéressé.
31:44Alors, je commence par ce que j'ai appelé un gros mensonge,
31:47vous allez me dire si j'ai raison ou si j'ai tort.
31:49Vous dites, vous parlez de Bousquet, donc avec Mitterrand,
31:52et vous dites, je n'avais pas de détails sur le passé vichyste de Mitterrand,
31:55je ne l'ai connu qu'avec le fameux livre de Pierre Péan,
31:58donc en 94, si je vous...
31:59C'est ça, oui, la fameuse photo de Mitterrand avec...
32:03Alors, je vais vous dire, quand je vous dis que j'ai adoré votre livre, c'est un fait,
32:07et là, je ne vous ai pas cru du tout.
32:09Je vais vous dire pourquoi.
32:10Parce qu'on m'a toujours raconté que la fameuse photo
32:13était dans les mains du général de Gaulle en 65,
32:16et qu'il a refusé de l'utiliser, vous savez, avec sa fameuse formule,
32:19il pourrait devenir président de la République un jour,
32:21et on ne fait pas une campagne avec les boules puantes.
32:23Je sais aussi qu'au bureau du parti communiste,
32:26on en a parlé, à l'époque de l'Union de la gauche,
32:29et que, je crois que c'est Fitterman, mais je ne suis pas sûr,
32:31un communiste de l'époque a dit, c'est mieux, comme ça, on le tient.
32:35Alors, je ne peux pas croire que tous ces gens soient au courant, et pas vous.
32:38On ne peut pas croire, mais je vous redis, ici,
32:42que moi, je ne le savais pas,
32:44mais je vais vous dire aussi comment j'ai connu Mousquet,
32:47parce que je l'ai connu à deux périodes de ma vie,
32:49et comment les choses se sont passées.
32:52Effectivement, j'ai eu une surprise quand j'ai vu cette photo,
32:55et je demandais à Mitterrand ce qu'il en était.
32:58Il m'a dit, je savais que cette photo existait,
33:00je savais que le général, on l'avait présenté au général de Gaulle,
33:04qui avait dit, mais ça, je l'ai appris de Mitterrand à ce moment-là.
33:07Le général de Gaulle aurait dit, non, il ne faut pas s'en servir.
33:11– Il peut devenir président de la République un jour.
33:13– Il pourra un jour, il pourrait un jour être président de la République.
33:15– C'est ce que j'ai lu aussi.
33:16– Surtout que c'est très noble.
33:17– Bien sûr.
33:18– C'est très bien, même si ce n'est pas vrai, je veux dire, n'est-ce pas ?
33:21Mais bon, peu importe.
33:22Mais moi, comment j'ai connu Mousquet ?
33:24Quand j'ai été déserteur, proscrit, à la fin de 44, après l'abandon de mon père,
33:31j'étais dans une bibliothèque où je venais la journée pour me chauffer,
33:34et un jour, un copain, j'étais très triste, un copain qui était à côté de moi,
33:38qui travaillait, m'interroge, et je lui dis, comme ça, je ne suis pas bien,
33:43je ne raconte pas l'histoire de mon père.
33:45Je lui dis, je vous donne des papiers.
33:47Il me dit, veux-tu que je t'arrange un rendez-vous avec Mousquet ?
33:50Qu'est-ce que vous voulez ?
33:51À l'époque, pourchassé, interdit, clandestin.
33:56Je lui dis oui, oui.
33:58Il était secrétaire général de la préfecture de police de Paris.
34:01Il me prend un rendez-vous, il me téléphone,
34:03il me dit demain matin à 9 heures.
34:05Eh bien, croyez-moi si vous voulez, je n'y suis pas allé.
34:08Dans la nuit, j'ai été torturé, je me suis dit, mais cet idiot,
34:12tu vas aller dans l'antre, dans la préfecture de police,
34:16il suffit qu'il appuie sur un bouton et tu es arrêté à la sortie.
34:19Et je n'y suis pas allé.
34:21C'est le premier épisode où j'ai eu ce pseudo rendez-vous que je n'ai pas accueilli.
34:25Et après, quand j'ai été élu jeune député de Paris,
34:28Mitterrand, qui savait mon histoire, mais qui ne savait pas cette histoire,
34:32me dit je vais vous présenter quelqu'un qui est un homme important, etc.
34:35Rendez-vous, j'étais tout jeune député,
34:38je démarrais dans la vie sociale, comme on dit, dans la vie politique.
34:41Et donc, je viens à Paris,
34:43ils me disent on déjeune demain à la banque de l'Indochine.
34:45Je ne savais même pas que j'allais y aller.
34:47La banque de l'Indochine, vous savez, c'était les grandes banques à l'anglaise
34:51avec des bureaux particuliers, des endroits où on déjeunait,
34:54tapissées de boiseries, etc.
34:56Et ils me présentent Bousquier.
34:58Bon, Bousquier, d'un seul coup, j'ai compris, mais je ne savais pas le détail.
35:01J'ai su par la suite, grâce à mon ami Klarsfeld.
35:04Et donc, là, Bousquier.
35:06Et en sortant, Mitterrand me dit
35:08comment l'avez-vous trouvé ?
35:09Et je lui dis très désagréable,
35:11sûr de lui,
35:13dominateur,
35:14à mépris pour tout le monde,
35:16moi c'est tout juste qu'il me considérait jeune député, etc.
35:18faisant de la lèche à Mitterrand.
35:20Donc, voilà les deux rencontres que j'avais avec Bousquier.
35:22Et après, l'affaire éclate.
35:24Et là, si vous voulez, mon intuition s'est trouvée,
35:27comment dire, vérifiée.
35:29En ce sens que le personnage avait fait plus que d'être désagréable.
35:32Non, non !
35:34On a beaucoup parlé des femmes, mais les hommes...
35:36Je vais y revenir, parce qu'il y a quand même des passages qui m'intéressent encore.
35:38Les hommes en prennent pas mal pour leur grade.
35:40Dominique Strauss-Kahn, qualifiée libérale affairiste.
35:43Douce de Blasie.
35:44Kiezzman, votre collègue et collaborateur avec lequel vous êtes d'un sadisme.
35:47Jacques Attali, qu'est-ce qu'il prend ?
35:49Attali, il y a un feu d'artifice final.
35:51Moi, qui m'a mis dans un état de joie.
35:53Mais je suis heureux.
35:54Vous avez fait mon bonheur.
35:56D'être pas seul à partager ce sentiment.
35:59François Hollande est épargné.
36:01François Hollande est plutôt bourré.
36:03C'est votre candidat.
36:04C'est aussi mon candidat.
36:05Je peux vous le dire aujourd'hui.
36:06Ça ne sortira pas de Paris.
36:09Je crois que c'est le meilleur.
36:11C'est celui qui fait son chemin paisiblement.
36:13Il ne fait pas de faute.
36:15Il a rassemblé le parti.
36:16Tu vois, il a évité sa dispersion.
36:19Il n'a pas encore le clic.
36:21Ce qui lui manquait.
36:23Mais une campagne s'est faite aussi pour former un homme.
36:25Et je dis que ce garçon que je connais bien,
36:27que j'ai eu comme directeur de cabinet
36:28quand j'étais ministre de porte-parole du gouvernement,
36:31il a les qualités pour demain être candidat à la présidence de la République.
36:35Je ne dis pas qu'il sera élu.
36:36Mais il peut faire un très bon candidat à la présidence de la République.
36:38Et alors, pourquoi pas Strauss-Kahn ?
36:39Mais Strauss-Kahn, parce que...
36:41Permettez-moi de dire ça ici.
36:43Je ne le considère pas comme un socialiste.
36:45C'est quand même un socialiste qu'on veut pousser au pouvoir.
36:48C'est emmerdant, c'est vrai.
36:49Ce n'est pas parce qu'on a une carte du Parti socialiste
36:51qu'on est socialiste, je veux dire.
36:53Il est plutôt libéral.
36:55Il a une grande carrière.
36:57Il a les sondages qui le portent.
36:59Il faudrait étudier ces sondages.
37:01Et je ne suis pas sûr que lui-même ait la volonté d'être candidat.
37:04Donc c'est un débat qui n'est pas encore ouvert.
37:07Un mot sur Kadhafi, quand même.
37:09Parce qu'on comprend que, indirectement,
37:14vous avez sauvé la peau de Kadhafi quand les Américains...
37:17Écoutez, comment pouvez-vous dire que j'ai sauvé la peau de Kadhafi
37:21alors que je n'étais pas concerné directement ?
37:23Je vais vous dire tout de suite pourquoi.
37:25Et que j'ai failli...
37:27J'avais commandé le bombardement de la piste Wadidou,
37:31qui était son aérodrome, où il a failli laisser la peau.
37:33C'est lui qui vous le dit, que vous lui avez sauvé la vie.
37:36C'est lui qui le dit.
37:37C'est vous qui le racontez.
37:38Vous savez pourquoi ?
37:39Je n'étais plus au gouvernement.
37:40François Mitterrand était toujours président de la République.
37:43Il m'appelle, il me dit passez me voir.
37:45Je passe le voir, le soir.
37:47Il me dit voilà, je voudrais votre avis.
37:50Les Américains me demandent une autorisation de survol du territoire français
37:55pour aller bombarder la caserne où se trouve Kadhafi.
37:58On est en 86.
37:5986.
38:00Qu'est-ce que vous en pensez ?
38:02On commence quand même à faire attention.
38:04Monsieur le Président, il y a un Premier Ministre...
38:06Non, non.
38:07Qu'est-ce que vous en pensez ? Vous me le dites.
38:08Je lui ai dit écoutez, c'est une opération de l'OTAN.
38:11Vous n'êtes pas dans l'OTAN.
38:13C'est un pays souverain.
38:14Il n'est pas agréable.
38:16Il est même tordu.
38:17Mais ce n'est pas une raison pour aller le tuer.
38:20Il escadrille 100 avions.
38:22Il me dit bon, très bien, au revoir.
38:25Et il a refusé l'autorisation.
38:27Chirac a dit mais moi j'étais aussi contre.
38:30Je sais par Mitterrand que ce n'était pas tout à fait la position.
38:33Et donc, qu'est-ce qu'il s'est passé ?
38:35Les avions, au lieu de survoler la France et d'aller tout droit à Benghazi,
38:39à Tripoli, ils ont fait le tour par l'Espagne pour faire le plat.
38:43Ils ont perdu 5-6 heures, 7 heures.
38:45Et Kadhafi, entre-temps, qui était bien rasseigné,
38:48avait quitté l'endroit où il était.
38:50Les avions sont arrivés.
38:52Ils ont bombardé.
38:53C'est toujours du reste en ruine.
38:55On visite.
38:56Il vous fait visiter les choses.
38:58Un livre d'heures.
38:59Aujourd'hui qu'on le bombarde,
39:01vous ne regrettez pas de ne pas l'avoir laissé tuer par les Américains ?
39:04Je trouve que c'était une agression contraire aux droits publics.
39:08Non.
39:09Il peut y avoir aussi une morale en politique.
39:12Pas vous, pas ça.
39:15Nolo, encore un point.
39:17Le dernier que vous voulez aborder.
39:19Oui, Bagbo.
39:20La Côte d'Ivoire.
39:22Je vois que vous passez en vue tous les grands.
39:25Je ne vous dis pas que Ouattara et Bagbo,
39:27il y en a un qui représente le camp du bien, du mal.
39:30L'élection de Ouattara a été validée par toutes les instances internationales possibles.
39:35Il y avait une situation tragique.
39:37Il y avait des cadavres qui se ramassaient à la pelle dans les rues d'Abidjan.
39:40La population était privée de tout, quand je dis de tout,
39:42eau, électricité.
39:44Il fallait intervenir.
39:45Et vous continuez à soutenir que ce n'était ni tout à fait légal...
39:49Si vous permettez, je vais revenir un peu sur ce que vous dites,
39:52ne serait-ce que parce que vous utilisez des formules que j'ai entendues.
39:55Il a été reconnu par toute la communauté internationale.
39:58Où placez-vous la Chine, la Russie, l'Amérique du Sud, l'Afrique du Sud, l'Amérique latine ?
40:06Il faut abolir l'ONU, alors.
40:08Les Nations Unies.
40:09Abolissons les Nations Unies.
40:11Oui, tout s'évolue.
40:12Abolissons les Nations Unies, l'Union africaine...
40:15Oui, oui.
40:16Donc, ça veut dire qu'il y a quand même quelque part un abus de langage.
40:20Mais je suis de votre avis, l'un ne l'est peut-être pas l'autre,
40:23et on s'apercevra assez vite, je prends le Paris, on verra,
40:27qu'on n'a pas changé le meilleur par rapport à l'autre.
40:32Je suis allé il y a trois semaines, un mois à peu près.
40:35J'ai vu la Côte d'Ivoire, j'ai vu des Français là-bas.
40:38Je les ai tous vus, toutes les associations, tous ceux qui votent,
40:41et qui m'ont dit, mais nous ne comprenons pas le gouvernement français.
40:44Nous sommes très bien ici, le port est confié à Bolloré,
40:48les eaux sont confiées à une autre société française, je ne sais plus laquelle,
40:52le pétrole, c'est total, les gens allaient travailler,
40:56les uns à pied, les autres en voiture, les autres à vélo.
40:59Je veux dire, la vie était calme.
41:01Il ne faut pas dire que d'un seul coup, tout le monde était affamé.
41:06Mais c'est vrai qu'il y a eu une conspiration,
41:09sur laquelle la vérité reste encore à faire.
41:12On va s'y employer.
41:14– Un mot sur Jean Hédernalier.
41:16Quand je vous lis, j'ai l'impression qu'il a été tué par François Mitterrand.
41:20– Non, parce que lui avait laissé entendre que c'était moi qui allais le tuer.
41:26– Il faut rappeler qu'il a été mis sur écoute par le Président,
41:30qui d'ailleurs, alors là, c'est formidable à vous expliquer
41:33qu'il adorait jouer avec les mots.
41:34Quand on lui demandait, il y a des écoutes à l'Élysée,
41:37il disait, non, il n'y a pas d'écoute à l'Élysée.
41:39Et là, vous ajoutez, il jouait évidemment sur les mots,
41:42car le système dépendait financièrement de Matignon
41:45et se trouvait physiquement dans les locaux de la Défense Nationale.
41:48Mais effectivement, ce n'était pas à l'Élysée,
41:50c'est là que résidait la supercherie.
41:52– Oui, c'était à l'évidence, la vérité.
41:55Tous ceux qui connaissent l'organisation des pouvoirs publics en France
41:58savent qu'il n'y avait pas d'écoute au palais d'Élysée.
42:01– Mais vous ne répondez pas à la question de l'ombre, Monsieur Dumas.
42:03– Est-ce qu'il a fait assassiner, est-ce que c'est lui qui a tué…
42:05– C'est terrible, je lis les phrases, je lis.
42:08À propos de l'élimination physique d'un personnage
42:11qui peut nuire à la sûreté de l'État, le Président Mitterrand
42:15m'a confié que par deux fois, il a donné cet ordre écrit,
42:18selon une procédure très codifiée.
42:21Elle prévoit que le Président peut, au nom de la raison d'État,
42:24décider d'éliminer un traître, par exemple.
42:27Il ne m'a pas dit de qui il s'agissait,
42:30mais je connais un nom au moins.
42:32C'était un terroriste poseur de bombes.
42:34Les services secrets ne prendront jamais la responsabilité
42:37de faire disparaître tel ou tel personnage encombrant
42:39de leur propre chef.
42:41Mais Éder Nallier, c'est l'autre, non ?
42:43– Non, Éder Nallier n'était pas concerné, il jouait avec ça.
42:47Mitterrand n'a jamais eu l'idée de faire assassiner Éder Nallier,
42:51c'est de la folie, c'est de prendre ses désirs pour des réalités.
42:54Mais ce qui est vrai, ce qui est vrai, je le redis ici,
42:57quand je discutais avec François Mitterrand des raisons d'État,
43:00il me disait, il n'y a pas de raisons d'État.
43:02Bon, moi, dans mes deux septennats, peut-être deux fois,
43:05la question s'est posée.
43:07Une première fois, c'était au rendez-vous aux barrières.
43:10La deuxième fois, pour un terroriste très dangereux
43:13qui a fait dérailler des trains, je n'en dirai pas plus,
43:16parce qu'il était encore en prison,
43:18mais je crois que l'ordre avait été donné,
43:20si on le prenait, de l'abattre.
43:22Parce qu'il avait quand même tué trois fonctionnaires de la DST.
43:27Daniel Mitterrand, elle ne va pas être très contente non plus
43:30quand elle va lire votre livre.
43:32Je ne peux pas contenter tout le monde.
43:34Vous expliquez, vous expliquez, je vous lis.
43:39Daniel Mitterrand avait depuis longtemps son professeur de gymnastique
43:43qui lui faisait faire des exercices,
43:45déjà à l'époque où Mitterrand habitait à Rue Guinemère.
43:48Puis, la famille a déménagé rue de Bièvre.
43:50Là aussi, Jean, le professeur de gymnastique,
43:52était l'homme à tout faire.
43:53Il ouvrait la porte, faisait les courses, lavait la voiture,
43:55allait chercher le député de la Nièvre à la gare.
43:57Il passait aussi une partie des vacances à l'Atchée.
44:00Pour les deux garçons Mitterrand, Jean-Christophe et Gilbert,
44:02il était une sorte d'oncle copain
44:04qui leur faisait faire du sport, des balades et leur enseignait le ski.
44:07Un peu plus loin, Daniel disait
44:09« Je suis rassuré quand Jean accompagne François. »
44:12Jean était le premier admirateur de Mitterrand
44:14à qui il réservait ses commentaires sur tel adversaire politique.
44:17Il ne se posait pas en rival.
44:19Là, vous écrivez noir sur blanc,
44:21c'est quand même gonflé de votre part.
44:23Rue de Bièvre, chacun avait sa chambre.
44:25Daniel dormait au premier étage,
44:27François dans son pigeonnier sous les toits
44:29et Jean dans l'annexe.
44:30Mitterrand confessait avec le plus grand naturel
44:32« Je ne me reconnais pas le droit de refuser à ma femme
44:35ce que je m'autorise. »
44:37C'était une façon élégante de voir les choses,
44:39un régime de grande liberté
44:41qui aurait pu servir de scénario à un film de Claude Sauté.
44:44Sauf que je ne suis pas sûr qu'elle ait envie qu'on raconte ça,
44:46Madame Mitterrand.
44:47Mais c'est connu.
44:48C'est connu de beaucoup de gens.
44:50La seule nouveauté, c'est que j'ai écrit des choses comme elles sont.
44:54C'est connu dans vos milieux, par les journalistes,
44:56pas par ceux qui vont l'exprimer.
44:57Oui, mais je sais qu'il y aura des millions et des millions de lecteurs
44:59grâce à vous, de mon livre.
45:01Maintenant, tout ça se saura.
45:03Mais permettez-moi de vous dire qu'elle ne peut pas se vexer.
45:06Du reste, je ne dis pas que j'ai tenu la lanterne ou la bougie.
45:09Non.
45:10Je signale simplement que ce garçon,
45:13qui était très aimé de François Mitterrand, c'est vrai,
45:15qui était professeur de Gymnastique, était très sympathique,
45:18était l'accompagnateur et le garde du corps.
45:20À l'époque où Mitterrand n'avait pas de fonction officielle,
45:24il n'avait pas les gardes du corps de la République,
45:26il y avait quand même quelques bénévoles.
45:28Il y en avait d'autres dans le Parti Socialiste.
45:30Celui-ci avait le privilège d'être là.
45:32Je reviens à Christine de Vieilles-Jeancourt.
45:34Ah, vous êtes tenace.
45:35C'est mon côté Eva Jolie.
45:37Il y a quand même deux lignes qui sont incroyables.
45:40Parce qu'après avoir dit des tas de méchancetés,
45:42on a dit que la moitié, là, ce soir,
45:44on laisse aux téléspectateurs le soin de découvrir le reste.
45:47Mais enfin, vous la traitez de folle, de paranoïaque, de fantasque.
45:50Et alors, à la fin de ce long chapitre, vous dites
45:54« Je lui sais gré, à Christine de Vieilles-Jeancourt,
45:57de n'avoir jamais franchi le pas
45:59de dire qu'elle m'aurait donné de l'argent,
46:01surtout devant Madame Jolie. »
46:03Dites donc que vous ne la récompensez pas gentiment.
46:05Bien sûr, quand même.
46:06Il faut vous dire que cet épisode-là
46:09se situe quand elle était en prison.
46:11Que Madame Jolie l'avait mise en prison
46:13pour lui faire avouer qu'elle me donnait de l'argent.
46:15Et qu'elle a dit à un autre inculpé dans l'affaire,
46:17un jour, elle l'a reçu et lui a dit
46:19« Voilà, j'ai qu'une question à vous poser, monsieur. »
46:21Le garçon qui était là, des amis de tout le monde.
46:24« Vous me dites que M. Dumas a touché de l'argent,
46:28j'envoie deux gendarmes le chercher.
46:30Vous ne me le dites pas, vous couchez en prison. »
46:33C'était ça, le ton de Madame Jolie.
46:36Alors, je dis aujourd'hui, elle a des amis politiques,
46:39il faut bien se méfier.
46:40Il faut bien, eux, se méfier d'elle.
46:42Je ne suis pas d'accord avec vous, Laurent.
46:44Le vieux Jean-Claude, elle se retrouve dans un même livre
46:46aux côtés de Kohl, Mitterrand, Thatcher.
46:48C'est plutôt inespéré, au départ.
46:50C'est pas mal.
46:51Et les journalistes, alors ?
46:52Il y a tout un chapitre sur les journalistes.
46:54Alors, il y a une journaliste, je ne la citerai pas,
46:56puisque vous ne la citez pas,
46:57mais on la reconnaît tous, évidemment,
46:58quand on lit ce passage.
47:00Et elle nous regarde, d'ailleurs, je le sais,
47:02souvent, le samedi soir.
47:03Elle va être heureuse, aussi, de ce que vous écrivez sur elle.
47:05Vous l'écrivez toujours.
47:07Les relations incestueuses entre journalisme et politique
47:11ont toujours existé.
47:12Il faudrait donner une décoration à toutes les grandes favorites,
47:14les grandes plumes,
47:15qui ont servi nombre de causes,
47:17beaucoup servies.
47:18Je pense à celle qui a affublé ce pauvre Chirac
47:21du cocasse sobriquet,
47:22dix minutes, douche comprise.
47:24Elle avait bien connu également François Mitterrand
47:27quand elle était jeune stagiaire à combat.
47:29Elle avait obtenu de lui une interview remarquée
47:31alors qu'il était au creux de la vague
47:33après l'affaire de l'Observatoire.
47:34Et là, c'est terrible ce que vous ajoutez.
47:36Aujourd'hui, après une brillante carrière à la télévision
47:39et à la haute autorité,
47:40là, si on ne savait pas qui c'est,
47:41maintenant, on le sait,
47:42elle est rangée des voitures,
47:44peut-être même à la casse,
47:46avec la prime qui va avec cet avantage.
47:48Oui, oui.
47:49Là, c'est misogyne.
47:51C'est méchant.
47:52C'est gratuit.
47:53Non, c'est un tableau.
47:55C'est un tableau.
47:56C'est comme si vous preniez des tableaux,
47:58caricatures de Picasso de certaines femmes.
48:00Vous diriez, mais elles ne sont pas belles.
48:02Qu'est-ce qu'il en trouvait ?
48:03Alors, justement,
48:04puisqu'on a les tableaux,
48:05je vais vous lâcher avec les femmes,
48:06mais là, c'est aussi tout un chapitre.
48:08C'est tout un chapitre intéressant.
48:10Évidemment, c'est toutes les histoires
48:12sur Giacometti, sur Picasso.
48:14Vraiment, ce bouquin,
48:16on ne le lâche pas quand on le commence.
48:19Mais aussi, et je terminerai par là,
48:21parce qu'on pourrait, évidemment,
48:22faire très long et encore plus long
48:24avec vous sur ce livre,
48:25Couser blessure.
48:26Mais aussi, le fait,
48:28c'est assez intéressant,
48:29que vous ayez refusé,
48:30d'après ce qu'on comprend,
48:31ou est-ce que vous vantez,
48:32refuser d'être le premier ministre
48:34de François Mitterrand,
48:36à un moment où il hésite entre vous,
48:38Pierre Bérégovoy.
48:40Écoutez, ça peut s'interpréter comme ça,
48:43d'une façon flatteuse,
48:44comme vous le dites,
48:45c'est refuser.
48:46Je n'ai pas compris ça, moi.
48:47Mais en fait, ce n'est pas tout à fait ça.
48:48À un moment, bon,
48:50Mitterrand voulait qu'il...
48:51Mais Jack Lang,
48:52je cherchais le troisième,
48:53c'est Jack Lang.
48:54D'accord, oui.
48:55Mais il voulait, à l'époque,
48:56se débarrasser de,
48:58comment il s'appelait,
48:59le premier ministre,
49:00et il m'avait dit,
49:01préparez-vous.
49:02Madame Cresson.
49:03Oui, Madame Cresson.
49:04Et il m'a dit, préparez-vous.
49:05Et je lui ai dit,
49:06bon, très bien, président,
49:08qu'est-ce que ça veut dire,
49:09préparez-vous, préparez-vous.
49:10On dit ça comme ça.
49:11Et je lui ai dit, écoutez,
49:12je vais vous parler franchement,
49:14je ne pense pas pouvoir
49:16aller à Matignon maintenant,
49:18et puis, vous avez un peu sous-estimé
49:21Pierre Bérégovoy.
49:23Entre nous,
49:24il a mis des bâtons dans les roues,
49:26Madame...
49:27Madame Cresson.
49:28Madame Cresson.
49:30Ça lui revient.
49:31Il voulait avoir la paix dans le gouvernement.
49:33Il m'a dit, bon, très bien,
49:35et il l'a nommé Bérégovoy.
49:36Mais après, il m'a toujours dit,
49:38ah, non, quand même,
49:40ah, c'est dommage que vous ayez 20 ans...
49:42Voilà la phrase qui m'a le plus encouragé.
49:44Vous trouvez qu'il a été cruel avec Bérégovoy ?
49:46Parce qu'on dit qu'il ne l'a pas appelé,
49:48c'est pour ça qu'il s'est tué, etc.
49:49C'est l'histoire du rendez-vous.
49:51Quand Bérégovoy a quitté,
49:53ils se sont quittés, évidemment,
49:55dans un climat un peu dur.
49:58Bérégovoy avait perdu les élections,
50:00mais pouvait-il les gagner ?
50:01Non.
50:02Et Jacques Lang, il aurait été un bon Premier ministre ?
50:05Pour lui-même.
50:07Voilà.
50:08C'est le ton du livre,
50:09la réponse que vient de donner M. Bérégovoy.
50:11M.... Pardon.
50:12M. Dumas.
50:13C'est pas encore moi.
50:14Non.
50:15L'absurde révélateur, pourquoi ?
50:16Parce que j'allais venir encore à Pierre Bérégovoy.
50:18Vous dites,
50:19beaucoup d'hommes politiques éminents
50:20menaient une double vie.
50:22Peut-être encore aujourd'hui, d'ailleurs.
50:23Vous nous l'avez confirmé.
50:24J'étais loin d'être le seul dans ce cas.
50:26Il faut dire que l'exemple venait de haut.
50:28On l'a même dit de Bérégovoy,
50:30ce qui a suscité,
50:31ça c'est intéressant ce que vous dites là,
50:33ce qui a suscité la confusion
50:35et les spéculations après sa disparition.
50:37L'entourage a voulu, de M. Bérégovoy,
50:40a voulu cacher à tout prix son carnet d'adresse
50:43pour ménager, Mme Bérégovoy,
50:45ce qui a été à l'origine de toutes les bêtises
50:47qu'on a pu raconter à propos de son suicide.
50:50Vous savez, très souvent,
50:51très souvent, les histoires, comme ça,
50:53partent dans une voie,
50:54puis il est difficile de redresser
50:56la direction qu'elles ont prise.
50:58Or, pour Pierre Bérégovoy, c'était exact.
51:00Pierre Bérégovoy avait une liaison
51:02et les collaborateurs les plus proches de Bérégovoy,
51:06j'ai fait l'enquête,
51:07quand la campagne a commencé,
51:10il s'est suicidé, il s'est pas suicidé,
51:11c'est pas vrai, on l'a tué,
51:13Mitterrand l'a fait tuer,
51:14enfin, j'ai rencontré une histoire à ce sujet.
51:16Eh bien, en réalité,
51:17c'est parce qu'il avait,
51:18le jour où il devait revenir à Paris,
51:21il avait un rendez-vous avec une dame
51:23et on a épargné ça à Madame Bérégovoy.
51:26Donc, on a remis les pièces là où il fallait,
51:28mais ça a coupé court à toute la légende
51:31qui circulait à l'époque.
51:33Vous savez, les légendes sur la mort de Bérégovoy,
51:35j'en ai entendu de multiples.
51:37Un jour, François Mitterrand,
51:38peu de temps après la mort de Bérégovoy,
51:40passe par la Gironde,
51:43s'arrête chez moi le soir pour dîner
51:45et est couché, il est là.
51:46Et j'avais reçu dans la journée
51:48une de vos consoeurs,
51:49une dame de Chamban qui écrivait
51:51dans le monde diplomatique
51:53et qui me dit, vous ne pouvez pas savoir
51:55ce que je viens d'entendre.
51:57Alors, je lui dis, Madame, de quoi vous parlez-vous ?
51:59Je rentre de la région du Massif Central,
52:02dans les châteaux,
52:03j'étais faire une tournée, etc.
52:04Partout dans les châteaux,
52:06tous les châtelains me disaient,
52:08vous savez, on le sait partout maintenant,
52:10c'est Mitterrand qui a fait tuer Bérégovoy.
52:12Alors, je raconte l'histoire à Mitterrand
52:14qui était là le soir pour dormir.
52:16Je lui dis, vous savez ce qu'on raconte
52:17dans les châteaux, dans les chaumières ?
52:19Ah non, je lui dis.
52:21Alors, il me regarde et il me dit,
52:23c'est pas par lui que je commencerai.
52:28Ça, c'est pas dans le livre, ça.
52:30Ça, c'est un petit supplément pour ce soir.
52:34Je vous jure, c'est authentique.
52:39Ah, c'est pas par lui que je commencerai.
52:41Vous dites, c'est dans le même passage,
52:44la ligne d'après.
52:45Moi, en tout cas, je n'ai rien truqué.
52:47De toute façon, mes carnets,
52:48tous mes papiers ont été saisis
52:50par madame Eva Jolie qui, visiblement,
52:53les a étudiés dans le détail car elle a mis
52:55longtemps avant de me les rendre.
52:57Elle aimait faire saliver les journalistes
52:59en leur disant, il y a de ces choses.
53:01Il y a des choses, oui.
53:02Ce sera le mot de la fin concernant votre livre,
53:04il y a de ces choses, mais on ne peut
53:06qu'évidemment en conseiller la lecture.
53:08C'est aux Cherches Midi, ça s'appelle
53:10Coups et blessures, 50 ans de secret
53:12partagé avec François Mitterrand.
53:14Merci d'avoir été sincère.
53:17Sur ce plateau au lendemain.
53:20C'est moi qui vous remercie.
53:21On vous a demandé de choisir,
53:22juste avant de partir, un dessin.
53:24Et vous avez justement choisi un dessin
53:26qui nous montre Kadhafi.
53:28C'est Pétillon qui publie ce dessin
53:30dans le Canard enchaîné.
53:31Kadhafi, la chute de Bagbo.
53:33Et on voit Kadhafi qui dit,
53:34quoi qu'il arrive, je ne me laisserai jamais
53:35capturer en maillot de corps.
53:37Oui, je voulais être dans l'actualité.
53:39Pourquoi alors celui-ci ?
53:40Parce que j'étais, comme vous le savez,
53:41pendant 10 ans, l'avocat du Canard enchaîné.
53:43J'y ai toujours quelques habits.
53:45Et j'ai pensé leur faire un petit clin d'oeil
53:47au travers de tout ça.
53:48Il y a quelques passages, effectivement,
53:49sur le Canard enchaîné,
53:51qui vous a plutôt ménagé pendant l'affaire Elf.
53:53Oui.
53:54Si vous êtes un fin observateur,
53:55vous avez pu noter ça.
53:56Parce que vous avez été leur avocat
53:58pendant longtemps.
53:59Hélène Ségara a choisi Madame Bachelot.
54:02On la voit dans une boucherie,
54:04chez Roro, chez Roselyne.
54:05Prostitution, Bachelot veut punir les clients.
54:08Pourquoi ce dessin, Hélène ?
54:11Non, non.
54:12Très, très classe.
54:13Non, non.
54:14Non, parce que...
54:15Orlando, il n'a pas dit
54:16« ne prame pas » à ce dessin.
54:17Non, non.
54:18Parce que je ne l'ai pas consulté,
54:19une fois de plus.
54:20Mais je suis surprise par cette décision.
54:23C'est un métier qui est vieux comme le monde.
54:25On va punir les gens
54:26qui vont voir les prostituées.
54:27Je crois qu'elles ont d'énormes services
54:28à notre société.
54:29Elles empêchent beaucoup de frustration.
54:31Je trouve qu'il ne faut pas faire ça.
54:33C'était tout un débat
54:34qu'on avait avec Philippe Cobert,
54:35ici même, la semaine dernière.
54:37Jacques Rouvé-Relis,
54:38la une de Charlie Hebdo pour Rouvé-Relis.
54:40Après le scandale du Christ
54:41dans le pipi d'Avignon,
54:43Bible aux chiottes,
54:44Coran, Torah,
54:46toutes les religions aux chiottes.
54:48Oui, parce qu'il nous gonfle
54:49depuis des millénaires, quoi.
54:52Ce serait bien un monde sans religion,
54:54juste pour voir.
54:56C'est impossible.
54:57Oui, je n'ai pas de mal à veiller.
54:59Je sais.
55:00Parce que l'homme est un animal spéculatif
55:02et métaphysique.
55:03Et Roland Dumas vous dira
55:04de temps en temps,
55:05c'est bien d'avoir des épouses
55:06très chrétiennes.
55:07Bien sûr.
55:08Bien sûr.
55:10Merci.
55:15Chandrine Bonner a choisi,
55:18très drôle,
55:19le dessin de Cabu.
55:20On ne reconnaît plus François Hollande.
55:22Il est si maigre
55:23que le grand cordon qu'il a essayé
55:25ne tient pas.
55:26Pourquoi celui-là ?
55:29Juste, c'est presque une boutade.
55:31J'aime beaucoup le dessin.
55:32Alors, je ne rentrerai pas dans des...
55:34Considération politique ?
55:35Oui.
55:37Je n'aime pas les gros.
55:40Donc, voilà.
55:41Donc, vous trouvez qu'il a bien fait ?
55:42Contrairement à vous,
55:43je ne suis pas sûre que ce soit
55:44un des meilleurs.
55:45Et j'ai presque une question
55:46à vous poser
55:47par rapport à ce que vous disiez
55:48sur Strauss-Kahn tout à l'heure.
55:50Vous disiez, il n'est pas socialiste.
55:52Moi, la question que je me pose
55:54réellement,
55:55sur le parti socialiste
55:56et sur ceux qui sont socialistes,
55:59soit disant,
56:02qu'est-ce qu'être socialiste ?
56:06C'est une très bonne question.
56:08Il est difficile d'y répondre.
56:10Il est difficile d'y répondre,
56:11mais je vais essayer quand même
56:12pour vous faire plaisir.
56:13Pour moi, être socialiste,
56:16c'est admettre
56:17que dans la société moderne,
56:19économique notamment,
56:20mais sociale aussi,
56:21il faut admettre
56:22un secteur public fort.
56:24Je veux dire, l'État...
56:25Moi, je suis pour cette réaction.
56:27Il faut que l'État,
56:28dans certains secteurs,
56:29la défense nationale,
56:30la police, la sécurité,
56:32l'État puisse intervenir
56:33avec de grands moyens.
56:34Mais ça ne veut pas dire
56:35que l'État doit s'occuper
56:37de la pêche à la lit,
56:38il y a des lignes de soins de fer,
56:39des horaires, etc.
56:41C'est simplement
56:42dans des grands secteurs
56:43où la vie nationale
56:44est commandée par ces secteurs,
56:46il faut qu'il y ait
56:47un État fort qui réagit
56:49et qui intervienne
56:50dans l'intérêt national.
56:51Regardez même un État libéral,
56:53même libéral,
56:54comme les États-Unis d'Amérique
56:55qui ont cette réputation.
56:56Si vous croyez
56:57qu'ils n'interviennent pas
56:58dans les ventes d'avions,
57:00regardez le conflit
57:01qui existe actuellement
57:02pour les ravitailleurs.
57:03En même temps,
57:04votre définition est un peu bizarre
57:05parce que, dans ce cas-là,
57:06De Gaulle était socialiste.
57:07Mais d'aucuns l'ont dit.
57:09Oui, peut-être.
57:11Il avait quelques sentiments socialistes.
57:14Il avait dit...
57:15Socio, c'est pas pareil.
57:16Oui, oui.
57:17Il avait dit,
57:18quand il est arrivé en 1945
57:19et qu'on lui disait
57:20il faut prendre le pouvoir,
57:21il faut faire ceci, ceci,
57:22il avait dit
57:23vous ne vous rendez pas compte
57:24que la France est socialiste.
57:26Vous avez votre réponse, Sandrine ?
57:29Pas tout à fait.
57:31Je crois que je n'aurai jamais
57:32de réponse tout à fait concrète
57:34de qui que ce soit.
57:35Pardonnez-moi, M. Dumas,
57:36mais je trouve que les...
57:38Mais je suis pas un bourgeois
57:39et je donne une meilleure définition.
57:46M. Dumas !
57:48M. Dumas !
57:49M. Dumas !
57:50Je veux pas vous décevoir,
57:51mais j'ai bien peur
57:52qu'après ce livre,
57:53ce soit moins facile qu'avant.
57:55Et j'ai bien peur
57:56d'être dans le prochain.
57:57Après, si vous parlez des femmes
57:58comme ça, non, non,
57:59je m'y risquerai pas.
58:00Mais je vais changer mon point de vue.
58:03Quel séducteur !
58:04Roland Dumas !
58:06Cousins blessures,
58:07c'est vos cherches midi.
58:08Merci beaucoup.
58:09Merci.
58:16Merci.
58:18Merci à vous.

Recommandations