Frappées par les sécheresses et les épidémies, nos forêts sont malades. Au point qu'elles pourraient, un jour, ne plus parvenir à jour leur rôle de "poumon vert", c'est-à-dire capter le CO2 que nous émettons. Face au dépérissement, le gouvernement soutient massivement la replantation d'essences plus adaptées au réchauffement climatique. Au risque de créer des champs d'arbres qui nourrissent l'industrie du bois, plutôt que de véritables forêts vivantes, dénoncent les associations environnementales. Entre la forêt-sanctuaire et la forêt-usine, existe-t-il un compromis ? Année de Production : 2023
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00:00On a trouvé la placette à partir de laquelle on va faire les mesures d'inventaire forestier.
00:27Une placette d'inventaire, c'est un endroit où on va collecter différentes mesures sur les arbres,
00:31sur la flore, sur le sol, sur l'écosystème forestier au final.
00:37On a à peu près 200 données qui sont collectées, des données qui vont concerner le peuplement
00:41et les essences qu'on va pouvoir rencontrer.
00:43On va avoir des données sur les arbres, le diamètre des arbres, la hauteur des arbres, leur âge,
00:49des données sur l'état de santé des arbres également,
00:51sur à peu près 7000 placettes comme ça chaque année, sur toute la France.
00:55Je lève jusqu'à trouver l'axe terminal de l'arbre, le sommet.
01:01Là, j'arrive à une hauteur de 13,70 mètres.
01:13Qu'est-ce qu'on entend ?
01:14Le bois qui travaille.
01:16On va prendre juste les cinq derniers cernes pour voir comment a poussé l'arbre sur les cinq dernières années.
01:23Il y a des marqueurs de changement climatique assez forts sur ces données-là.
01:26La forêt française, depuis une dizaine d'années, ce qu'on observe, c'est vraiment une dégradation de son état sanitaire.
01:31On a 80% de hausse de la mortalité qui est observée dans les arbres.
01:37Donc c'est des arbres qui meurent, des arbres qui sont dépérissants.
01:43Depuis 1958, année après année, les chercheurs de l'Institut géographique national
01:49surveillent l'état de santé de la forêt française.
01:54Leur constat est alarmant.
01:57Frappé par le réchauffement climatique, nos forêts sont malades.
02:01Elles pourraient un jour ne plus être capables de jouer leur rôle de poumon vert,
02:06c'est-à-dire de capter le CO2 que nous émettons pour le transformer en oxygène que nous respirons.
02:13C'est une forêt qui est en pleine mutation et c'est une mutation qui est brutale, qui est rapide
02:17et pour laquelle nous sommes spectateurs.
02:21Face aux dépérissements de nos forêts, pouvoir public et coopérative forestière
02:26misent sur la plantation de nouvelles essences.
02:29Le forestier aujourd'hui, très humblement, plante des essences connues
02:34pour supporter ces épisodes plus complexes au niveau climatique.
02:38Au risque, selon les défenseurs de l'environnement, de planter des champs d'arbres
02:43adaptés aux besoins de l'industrie plutôt que de véritables forêts vivantes.
02:48Donc ici, ils ont replanté, c'est que du mélèze.
02:55Aux quatre coins du territoire, des initiatives émergent pour une autre sylviculture
03:00plus respectueuse de la biodiversité.
03:04Saura-t-elle répondre à nos besoins en bois ?
03:08Entre la forêt sanctuaire et la forêt usine, existe-t-il un compromis ?
03:17Je m'appelle Anne-Catherine Loisier, je suis sénatrice de Côte d'Or
03:21et par ailleurs, j'ai un métier, je gère des forêts.
03:27Mon père était amoureux aussi de forêt, donc j'ai repris un peu sa passion.
03:32Et puis moi, je suis née en Guyane, en fait.
03:34Et j'ai vécu les premières années de ma vie dans la forêt amazonienne.
03:38Jusqu'à 4-5 ans, j'étais dans un petit village de Guyane, à Maripasoula.
03:42Et j'ai vécu les premières années de ma vie dans la forêt amazonienne.
03:47Donc on dit parfois que les premières années de la vie, ça conditionne.
03:50Donc voilà, moi j'ai été immergée dans la forêt amazonienne dès toute petite.
03:55Donc oui, je pense que ça m'a...
03:57Aujourd'hui, la forêt participe à mon équilibre, j'en ai besoin.
04:02Ce qui serait intéressant, c'est de voir effectivement les peuplements
04:04qui ont été les plus vulnérables dans ces dernières années.
04:09C'est notamment les épicéas, qui ont été massivement plantés après-guerre,
04:15puisque c'était un arbre qui correspondait aux besoins de l'industrie,
04:19aux besoins de la société, dans le bâtiment.
04:22Et aujourd'hui, on se rend compte que ces arbres souffrent énormément.
04:26Le massif du Jura, en l'occurrence, a été particulièrement attaqué ces dernières années.
04:30Et je ne connais pas d'autres exemples au niveau national
04:33de dépérissements aussi rapides et aussi importants
04:36que ce qu'on a connu sur le massif du Jura.
04:40Anne-Catherine Loisier nous emmène sur les routes du Jura.
04:44Là où les dégâts causés par le changement climatique sur la forêt
04:48sont déjà irréversibles.
05:01Sur place, elle retrouve Florent Dubosclar,
05:05directeur régional de l'Office national des forêts.
05:10Vous voyez, c'est quand même très mitigé, Anne-Catherine.
05:11On a des zones où on est déjà intervenu en récolte sanitaire.
05:18Donc là, autour de nous, on a un sujet mort, un autre mort,
05:20derrière, encore un mort, derrière, un mort.
05:23Enfin, tout autour de nous, on se rend compte que le bouquet d'épicéa est mort.
05:29Florent Dubosclar ne reconnaît plus sa forêt.
05:32Depuis 2018, elle est ravagée par une épidémie de scolite,
05:36un insecte qui attaque les épicéas.
05:39Ce qui va favoriser la présence de ces insectes coléoptères,
05:43c'est la sécheresse et les températures élevées.
05:47Les insectes vont venir coloniser cet arbre,
05:49ils vont venir traverser l'écorce de l'arbre
05:52et pondre leur larve juste sous l'écorce.
05:55Ces larves, elles vont consommer la matière vivante du bois
06:00et créer toute une ramification.
06:03Et en créant ces ramifications,
06:06elles vont couper les vaisseaux qui permettent à l'arbre
06:11de s'alimenter en eau et en minéraux.
06:15L'arbre essaie de se défendre tant bien que mal en produisant de la résine
06:21pour essayer de noyer les insectes.
06:23Cet arbre-là est voué à une mort certaine.
06:30En général, on voit une ou deux coulures, mais quelques-unes.
06:35Et ce n'est pas un cas isolé, on en retrouve.
06:37Ça fait toujours de la peine de voir une forêt qu'on a conduite pendant des années.
06:42Tous ces efforts de plusieurs années réduits à néant en quelques temps.
06:50Il n'y a aucune solution curative pour juguler cette épidémie de scolite.
06:55Le forestier doit identifier l'arbre atteint,
06:58venir l'exploiter et le sortir de la forêt
07:00dans un délai de un à deux mois maximum.
07:02Ce sans quoi l'insecte a fini son cycle,
07:05s'est envolé de l'arbre et recommence ses méfaits ailleurs.
07:09C'est une course contre la montre en permanence.
07:32Cette mortalité de masse oblige les forestiers à surexploiter la forêt.
07:37On a ce sentiment d'être les faux soyeurs de ces forêts résineuses.
07:41Le forestier ne fait plus de sylviculture comme il l'a fait pendant des décennies.
07:45Ça veut dire que l'on va récolter davantage que ce que la forêt ne produit.
07:50Donc on est sur une trajectoire qui n'est pas très efficace.
07:53On a une forêt qui est très résineuse,
07:56on a une forêt qui est très résineuse,
07:58on a une forêt qui est très résineuse,
08:00donc on est sur une trajectoire qui n'est pas voulue et qui n'est pas vertueuse.
08:07Le Jura, la Bourgogne-Franche-Comté d'une manière générale,
08:10est quand même une région parmi les premières régions de production de bois,
08:14de bois d'oeuvre, de bois d'industrie.
08:16Donc les conséquences sont assez préoccupantes pour les acteurs économiques,
08:21bien sûr pour les propriétaires,
08:23mais aussi pour toute la filière à Laval qui risquerait dans les années à venir,
08:26compte tenu du trop de production qui est en train de se produire,
08:29de ne pas trouver suffisamment de matériaux pour tourner à plein.
08:36La hausse de la mortalité des arbres modifie nos paysages
08:40et fragilise à terme l'économie du bois dans les territoires impactés.
08:45Le gouvernement a décidé de réagir.
08:48Il faut planter massivement de nouveaux arbres.
08:53Ce que nous devons faire,
08:55c'est cet objectif d'un milliard d'arbres à la fin de la décennie.
08:57Ça veut dire renouveler 10% de notre forêt.
09:00Parce qu'on le voit bien, notre vulnérabilité a souvent été de délaisser,
09:04de ne pas suffisamment replanter.
09:20Cet homme est l'un des artisans de la replantation.
09:24Il travaille pour un poids lourd de la gestion forestière,
09:27la CFBL.
09:29Une coopérative qui regroupe quelques 16 000 propriétaires forestiers
09:33dans toute la France.
09:35Ici, on est dans une parcelle, quand on lève la tête,
09:37on voit le ciel bleu.
09:39Clairement, c'est un signe de mauvaise santé des arbres,
09:41en l'occurrence sur cette parcelle,
09:43parce que normalement, la masse des aiguilles,
09:45si elle était classique,
09:47elle devrait nous empêcher de voir le ciel bleu par sa densité.
09:50Dans cette forêt du puits de Dôme,
09:52les sapins sont condamnés.
09:54Les forestiers cherchent à déterminer
09:56quelles essences d'arbres planter à la place.
10:00La tarière, c'est l'outil du forestier.
10:02Tout de suite, ça donne une indication fondamentale.
10:04C'est de voir la capacité du sol
10:06à fournir les éléments
10:08dont telle essence a besoin.
10:12Là, il faut mettre des essences
10:14qui supportent des moments sans eau,
10:16qui ne sont pas très gourmandes,
10:18parce que vous voyez que l'humus forestier
10:20est vraiment très fin,
10:22et qu'on arrive tout de suite dans du sable.
10:24On a des données météo.
10:26On a le climat actuel.
10:28Quelle essence serait capable
10:30de résister au climat actuel ?
10:32Ça peut être du Douglas vert,
10:34ça peut être du cèdre,
10:36ça peut être du pin-larisseau de Corse.
10:38Et ensuite, on a les projections
10:40avec le réchauffement climatique.
10:42Plus 1, plus 2 degrés.
10:44On n'est pas apprentis sorciers
10:46à mettre des essences complètement inconnues.
10:48Le pin-larisseau de Corse,
10:50comme le cèdre de l'Atlas,
10:52c'est ce qui nous permet de penser
10:54qu'avec le changement du climat,
10:56ces essences pourront en effet
10:58être là pour nos enfants
11:00et nos petits-enfants.
11:02Anticiper le réchauffement,
11:04en faisant le pari
11:06que ces variétés plus méridionales
11:08survivront au manque d'eau
11:10dans les prochaines années.
11:12Sur cette parcelle,
11:145 essences différentes
11:16ont été replantées.
11:18Alors, ça doit être un érable.
11:20Il a quel âge ?
11:22Là, il a 1 an et demi.
11:24Il a été reboisé il y a un peu plus d'un an,
11:26au mois d'avril 2023.
11:28Là où on avait une parcelle de sapins,
11:30on se retrouve
11:32avec 5 essences objectives
11:34en plus des plants
11:36qui vont venir naturellement
11:38dans le peuplement.
11:40Le gouvernement a répondu présent
11:42auprès des propriétaires
11:44avec un budget annuel
11:46de 150 millions d'euros
11:48qui vient accompagner
11:50les reboisements,
11:52le financement des reboisements.
11:54Parce que forcément,
11:56les propriétaires,
11:58qui ont perdu beaucoup
12:00avec des arbres dépérissants
12:02et secs,
12:04n'avaient plus les moyens
12:06de réinvestir dans la forêt,
12:08de reboiser, de replanter.
12:10Parce qu'elles mettent en oeuvre
12:12le reboisement,
12:14les coopératives forestières
12:16seraient notre meilleur atout
12:18pour garantir l'avenir
12:20de nos forêts.
12:22Mais leurs pratiques
12:24sont parfois décriées.
12:26Sur le plateau de Millevaches,
12:28au coeur du Limousin,
12:30Vincent Manier tient à nous montrer
12:32l'envers du décor
12:34de l'exploitation forestière.
12:36C'est à la fois de la colère,
12:38mais c'est aussi un immense gâchis,
12:40puisqu'on voit qu'on a des arbres
12:42qui étaient sûrement très beaux,
12:44très gros, au lieu de tout couper
12:46en une fois.
12:48Si on était venu progressivement
12:50enlever des arbres,
12:52en choisissant les plus matures,
12:54ceux qu'on voulait garder encore un peu,
12:56on n'aurait pas ce paysage-là
12:58complètement dévasté,
13:00et la mise en lumière massive du sol
13:02et le passage des engins partout.
13:04Technicien forestier
13:06et citoyen engagé
13:08dans la défense de la forêt,
13:10Vincent Manier se bat contre les coupes rases.
13:12Une pratique qui consiste à abattre
13:14une parcelle de forêt en une seule fois.
13:16Il y a une trace des pneus.
13:18Sur des zones comme ça,
13:20une ornière de machine,
13:22c'est des années et des années
13:24avant que la végétation reparte
13:26sur ces zones-là.
13:28Et là, on voit l'eau qui stagne
13:30dans les ornières.
13:32Donc on voit bien que ça
13:34compacte tellement le sol
13:36que l'eau ne s'infiltre plus.
13:38Aujourd'hui,
13:40en tout cas en Limousin,
13:42nous on constate que
13:44plus de 9 coupes sur 10 sont des coupes rases.
13:46Et c'est ça qu'on énonce.
13:48C'est pas en soi l'outil de la coupe rase.
13:50On devrait l'utiliser dans de rares cas.
13:52Sur le plateau de Millevaches,
13:54les coupes rases laissent la place
13:56le plus souvent à des plantations
13:58de résineux.
14:02On n'a pas beaucoup d'argile ici,
14:04dans ces sols, c'est surtout des sols sableux,
14:06et donc ils sont très vulnérables
14:08à l'érosion par la pluie.
14:10Dès l'instant qu'on enlève une couverture
14:12forestière, végétale, qu'elle soit
14:14résineuse ou feuillue, peu importe,
14:16les sols sont très
14:18sujets à l'érosion.
14:20Ça fait 4 ans qu'il y a eu la coupe rase et on voit
14:22il y a très peu de matière organique, il n'y a pas d'aiguilles,
14:24de feuilles, il n'y a plus rien. Dès qu'il y a une pluie
14:26forte, ça part.
14:28Donc ici, ils ont replanté.
14:30On a...
14:32C'est que du mélèze, bien en ligne,
14:34ils sont tous en ligne, en monoculture.
14:36Ces parcelles, elles vont
14:38doucement produire du bois pendant
14:4030, 40 ans. À 40 ans,
14:42on coupe tout et on repart à zéro.
14:44Mais on repart à moins que zéro en fait,
14:46puisqu'on a dégradé le milieu,
14:48et donc on
14:50ne va pas pouvoir produire comme ça
14:52plusieurs cycles sans avoir
14:54des conséquences.
15:00À l'opposé de la coupe rase
15:02et des monocultures,
15:04un autre modèle de production existe.
15:06Celui que défend
15:08Nicolas Luigi, expert forestier
15:10dans les Alpes de Haute-Provence.
15:16On se situe ici
15:18dans une forêt privée.
15:20C'est une forêt qui est située dans les Alpes du Sud,
15:22pas loin de la commune de Cisteron.
15:24Une des particularités
15:26de cette forêt que j'aime bien, c'est qu'en fait,
15:28elle est constituée par un premier boisement
15:30de pin, complété
15:32par d'autres petits boisements, du tilleul,
15:34des aliziers, des érables.
15:46Je cercle ceux que je trouve les plus jolis
15:48aujourd'hui, qui sont des formes d'options,
15:50et ensuite je regarde quel arbre
15:52les gêne dans le développement de leur
15:54partie feuillée, essentiellement
15:56à l'est ou à l'ouest,
15:58et j'y fais une croix.
16:00Cet arbre-là, il avait déjà été identifié,
16:02on l'avait déjà élagué.
16:04Donc je le confirme,
16:06et je lui enlève son concurrent direct.
16:08Là, vraiment, la chose est évidente.
16:16La particularité de la sylviculture qu'on met en place,
16:18c'est que c'est une sylviculture qui est
16:20répétée, mais à des faibles
16:22intensités de prélèvement.
16:24C'est cohérent avec la logique de maintien du couvert,
16:26évidemment. Si on enlève trop d'arbres d'un coup,
16:28on peut faire plus de mal que de bien.
16:32En laissant toujours la canopée intacte,
16:34tout en pratiquant des éclaircies ponctuelles,
16:36Nicolas ne récolte
16:38que le surplus de croissance
16:40de la forêt, sans jamais faire
16:42de coupe-rase, et en variant
16:44les essences. On considère,
16:46dans notre logique, que la
16:48biodiversité, c'est le pilier de la
16:50production pérenne, du point de vue économique.
16:52Il n'est pas très compliqué de
16:54comprendre que quand on a 3, 4, 5 espèces
16:56qui produisent du bois, s'il y en a une
16:58qui subit des aléas, soit parce que
17:00les arbres meurent ou dépérissent, soit parce que
17:02le cours du bois s'effondre, on n'a pas
17:04tous nos oeufs dans le même panier. Ça, c'est déjà
17:06du bon sens. Donc, avoir du mélange
17:08et essayer de
17:10constituer du bois de la meilleure qualité possible
17:12pour toutes les essences, c'est une manière de
17:14se prémunir d'un certain nombre d'aléas, écologiques
17:16et économiques.
17:18Pour favoriser la biodiversité,
17:20la première étape, c'est de nourrir
17:22le sol. Ces petits troncs-là,
17:24ils auraient pu être
17:26commercialisés et on a effectivement
17:28décidé de les laisser au sol quand même pour
17:30qu'ils commencent à enrichir ce sol qui, lui, était
17:32assez pauvre par
17:34de la matière organique.
17:36On voit qu'il y a de l'humidité. Quand j'enlève
17:38les corses, on voit qu'il y a toute une vie organique,
17:40y compris dans les trous. Parfois, on trouve même des fourmilières
17:42à l'intérieur. Et la partie
17:44centrale de l'arbre,
17:46qui est plus dure, elle, elle va prendre plus de temps à se
17:48dégrader. Dans quelques années ou dizaines
17:50d'années, cet arbre-là, ce sera, entre guillemets,
17:52retransformé en terre
17:54et c'est comme ça que le cycle
17:56perdure.
18:00Dans notre sylviculture, c'est la production
18:02de bois qui reste l'enjeu
18:04économique principal. Mais il n'empêche
18:06que le compromis, c'est qu'on a toujours une forêt,
18:08qu'elle est fonctionnelle,
18:10qu'elle est jolie, en tout cas si on la travaille aussi
18:12comme ça, et qu'elle a à la fois en elle
18:14des éléments qui permettent aux gens de comprendre
18:16qu'on est dans une forêt vivante.
18:32Pour les défenseurs de la forêt,
18:34cette approche d'une sylviculture
18:36douce est un modèle à suivre.
18:38Un peu partout en France,
18:40des citoyens se regroupent
18:42pour acheter des parcelles afin
18:44de les gérer durablement.
18:48C'est le cas sur le plateau de Millevaches.
18:50Il y a des parcelles dans le creux
18:52et d'autres parcelles à notre droite.
18:54Où l'association de Vincent Manier,
18:56Forêt en Vie, vient de racheter
18:58une forêt de 45 hectares
19:00pour en confier la gestion
19:02à un collectif d'habitants.
19:04La parcelle, la 70
19:06qui est intéressante, elle est devant nous là.
19:08C'est là, c'est en bas.
19:10Grégory Siey,
19:12membre du collectif,
19:14explore ce bout de forêt
19:16pour la première fois.
19:18Nous sommes un groupe d'habitants
19:20et d'habitantes qui étions frappés
19:22de voir l'exploitation forestière
19:24qui faisait rage ici.
19:26On se sentait un peu impuissants
19:28par rapport à ça.
19:30On essaie de réfléchir
19:32à une gestion des forêts
19:34par les habitants,
19:36les habitants eux-mêmes,
19:38en développant aussi
19:40un peu à se sentir légitime à le faire.
19:48Et pour apprendre les bons gestes,
19:50Vincent emmène quelques apprentis
19:52forestiers sur un chantier.
19:54Avec pour objectif,
19:56un jour, de mieux valoriser
19:58leur forêt.
20:00Si on fait un peu de gestes sylvicoles
20:02tous les 5 à 7 ans,
20:04à terme, au bout de, on va dire,
20:062-3 éclaircies, on commence à avoir
20:08une meilleure qualité, quoi.
20:12Là, c'est là, stop, tu peux t'arrêter.
20:14Merci, Julien.
20:18Donc un petit point sécu,
20:20notamment pour ceux qui tronçonnent.
20:22On se met pas derrière les souches.
20:24La souche, elle peut se rabattre
20:26comme ça.
20:28Il peut y avoir encore beaucoup de tensions dans les bois.
20:30T'as entendu, Greg ?
20:32On essaie de former petit à petit
20:34les gens qui viennent
20:36à servir de tronçonneuse,
20:38à faire aussi de l'abattage à la main.
20:40Donc on fait aussi
20:42servir des outils à main,
20:44à lire la forêt.
20:46Là, il y a un bout
20:48de 4 mètres.
20:50Il faudrait couper là.
20:56On essaye comme ça, petit à petit,
20:58d'amener les gens à avoir
21:00un autre rapport à la forêt, à s'y intéresser plus.
21:02C'est aussi une manière
21:04pour localement, pour les habitants,
21:06d'être plus autonomes, d'avoir du bois de chauffage.
21:08On va scier le bois,
21:10donc ça peut être aussi une manière pour les gens
21:12d'acheter à prix bas
21:14du bois de qualité
21:16scié localement.
21:18Je viens d'un endroit
21:20dans la Creuse où
21:22il n'y a pas beaucoup de personnes
21:24qui s'intéressent à ce genre de pratiques
21:26et où on est vraiment
21:28la gestion forestière
21:30industrielle
21:32qui est en train de prendre une ampleur considérable
21:34et je voudrais essayer
21:36d'aller faire l'école forestière de Mémac l'année prochaine
21:38en civiliculture manuelle
21:40pour pouvoir proposer dans mon secteur
21:42une alternative
21:44aux grosses coopératives forestières.
21:46Sur le plateau de Millevaches,
21:48les habitants luttent contre le mode
21:50de gestion industrielle de la forêt.
21:52L'industrie du bois, pour autant,
21:54demeure notre allié
21:56dans la lutte contre le changement climatique.
21:58La société a vraiment un intérêt
22:00majeur à utiliser ce matériau renouvelable
22:02qu'est le bois et qui est vertueux
22:04à tous les stades, c'est-à-dire
22:06qu'un arbre en croissance
22:08il capte le carbone, il le séquestre
22:10quand on le coupe pour faire
22:12un usage long, c'est-à-dire la charpente
22:14le mobilier
22:16les panneaux, les parquets
22:18en fait il continue
22:20à séquestrer le carbone
22:22et derrière le forestier replante un nouvel arbre
22:24qui lui-même va restocker du carbone
22:26et en fait c'est ce cycle vertueux
22:28qu'il faut favoriser.
22:30Les forestiers,
22:32quels qu'ils soient, publics, privés
22:34ont bien compris qu'ils avaient vraiment
22:36intérêt à mieux expliquer ce qu'ils font.
22:38La forêt ayant pris
22:40une place majeure dans les enjeux
22:42d'adaptation au changement climatique
22:44on voit que nos concitoyens
22:46regardent de plus en plus
22:48ce qui se passe dans les forêts autour d'eux
22:50et moi je pense que c'est une bonne chose.
22:52Un grand merci d'être là ce soir
22:54pour la troisième Ligue des forêts.
22:56Ce soir on vous propose
22:58une balade nocturne avec Léo
23:00et vous allez être guidés
23:02par ses compagnons.
23:10Je m'appelle Mathieu Chartier
23:12je suis professeur d'histoire géo
23:14à Châtillon-sur-Seine. Ce soir
23:16on va emmener le public
23:18dans la forêt, la nuit
23:20et donc ce sont de jeunes
23:22forestiers
23:24en formation qui vont nous guider.
23:26Chaque guide aura
23:28une loupiote accrochée à sa ceinture
23:30ou sur lui toujours allumée.
23:32On ne perd pas son guide !
23:46Est-ce que vous savez reconnaître
23:48le être d'un charme ?
23:50Oui. Comment ?
23:52Il a des poils sur les feuilles.
23:54Et le charme ? Des épines.
24:00C'est un beau patrimoine, nous sur la commune
24:02on a mille hectares quand même
24:04donc on voit bien qu'il y a une respiration
24:06qui peut se faire lorsque justement
24:08il y a eu des grandes pluies.
24:10On voit les nuages ou le brouillard
24:12monter dans la vallée de Fontenay
24:14et c'est à la fois très très beau
24:16et en même temps on comprend bien
24:18le rôle de la forêt qui a un rôle
24:20de régénération
24:22de notre air finalement.
24:30Donc là aujourd'hui on redécouvre ce patrimoine forestier
24:32parce qu'en fait c'est peut-être
24:34lui qui est une des solutions
24:36au changement climatique.
24:42Il y a beaucoup de débats sur la gestion de la forêt aujourd'hui
24:44où chacun a envie
24:46de dire mais c'est moi qui ai raison
24:48alors qu'en réalité avec le changement climatique
24:50on ne sait pas très bien ce que nos forêts vont devenir.
24:56Ce qui est important c'est qu'effectivement
24:58les gens s'en emparent et que ça devienne un vrai débat citoyen.
25:18Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org