Les positions de Jean-Luc Mélenchon sur les grands enjeux agricoles

  • il y a 3 mois
Election présidentielle 2012

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00:00— Ambroise Mazal, bonjour. Et merci beaucoup d'avoir répondu aux questions des agriculteurs qui nous ont posées pendant plus d'une heure lors d'un chat, terre nette.
00:10Ambroise Mazal, vous êtes responsable des questions agricoles du candidat Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche pour l'élection présidentielle.
00:19Alors on a une série de questions pour développer un petit peu le programme de M. Mélenchon... — Le troisième homme.
00:25— ...qui est devenu le troisième homme il y a peu de temps. — Voilà. La nouvelle printanière du matin. — Voilà.
00:31La première question. M. Mélenchon défend... Le Front de gauche défend une agriculture paysanne forte.
00:41En quoi il se distingue du programme des Verts et des socialistes ? — Alors je crois que j'aimerais peut-être, avant de répondre,
00:51préciser notre position, effectivement, en faveur d'une agriculture paysanne et écologique. Je crois que notre aspect sur lequel on va pouvoir parler,
01:02c'est notre proposition de transition écologique de l'agriculture, qui part d'un constat qui n'est pas un secret.
01:11C'est qu'on est aujourd'hui dans une crise profonde de l'agriculture et de l'alimentation en France, une crise à la fois pour les agriculteurs.
01:20On a eu en décembre dernier les chiffres de l'agriculture, du recensement de l'agriculture. On a perdu encore un quart de nos exploitants agricoles
01:30sur les 10 dernières années. Et ça fait 30 ans que ça dure. Aujourd'hui, on a des exploitations qui sont de plus en plus grandes,
01:36des outils de production qui sont de plus en plus concentrés, de plus en plus spécialisés, à la fois au sein des fermes...
01:44On est de moins en moins dans de la polyculture élevage, mais de plus en plus sur des fermes spécialisées, des régions de plus en plus spécialisées,
01:51avec les aberrations agronomiques que ça peut comporter. On a des agriculteurs de plus en plus désespérés face à l'incertitude par rapport à leur revenu,
02:05ce problème du sur-endettement des agriculteurs, un taux de suicide des agriculteurs qui est quand même beaucoup plus élevé que la moyenne nationale.
02:15Voilà, je ne reviens pas là-dessus, sur la situation sociale de l'agriculture.
02:19L'évolution n'est pas positive.
02:20L'évolution n'est pas positive. Et aujourd'hui, cette dynamique qui est engagée depuis 20-30 ans se poursuit.
02:29Et on va vers un modèle agricole de 300 000 exploitations professionnelles en France.
02:36Tout ça pour le même niveau de production agricole. Donc ça, c'est une question.
02:42La deuxième chose, c'est une crise de l'alimentation et de l'agriculture qui concerne également le consommateur comme le contribuable.
02:51C'est-à-dire le consommateur parce qu'on assiste à une homogénéisation des goûts, une perte de la biodiversité, une standardisation des aliments.
03:05Et ça concerne le contribuable parce qu'on est sur un modèle productiviste qui se poursuit aujourd'hui avec les dégâts et les coûts environnementaux que cela comporte.
03:18C'est-à-dire quand les eaux de Bretagne sont contaminées, on ne le paye pas.
03:25Le coût de la réparation environnementale et du traitement des eaux, c'est le contribuable qui le paye en plus du consommateur qui est lésé sur la qualité des produits.
03:38Donc une crise qui est complète aujourd'hui dans le secteur agricole et alimentaire.
03:45On pourrait parler de déséquilibre de l'aménagement du territoire. On pourrait parler simplement de ce que sera notre agriculture, notre territoire, nos paysages demain.
03:59C'est pour ça que nous disons fortement que l'agriculture, c'est une question de société. Ce n'est pas qu'une question d'agriculteurs.
04:06Aux questions de crise, qu'est-ce que vous répondez ? Aux résultats du commerce extérieur qui arrivent de 11,6 milliards d'euros.
04:14Et là, on vous dira que le gouvernement lui-même dit qu'il n'y a plus de crise. La crise est passée.
04:19Lorsque vous avez des revenus laitiers qui ont augmenté de 3 fois en 3 ans depuis 2009, comment vous pouvez, sur ces chiffres-là, dire qu'il y a encore une crise dans l'agriculture ?
04:33Des revenus céréaliers qui restent certes rediminués, mais qui sont à nouveau parmi les plus gros en agriculture.
04:42Vous évoquez plusieurs choses là-dedans. D'une part...
04:45Ce sont des chiffres aussi qui sont utilisés pour dire qu'il n'y a plus la crise en agriculture.
04:49Parlez-en aux agriculteurs. Ils vous répondront.
04:52Mais quand l'emploi agricole ne cesse de diminuer, quand les fermes sont de plus en plus grandes et pour autant de plus en plus fragiles face justement à la...
05:04La vie avec la crise du lait, par exemple. Les plus modernes étaient les plus vulnérables.
05:08Et donc, je crois que la question de la crise agricole ne se discute pas.
05:13Quand vous évoquez l'excédent commercial européen, c'est un excédent qui est dû à l'exportation de produits essentiellement de l'agro-industrie, c'est-à-dire des produits transformés.
05:24C'est différent de parler de l'agro-industrie que de parler des agriculteurs...
05:2817 milliards d'excédents de blé.
05:30D'accord. Vous en parlerez aux paysans surendettés, aux paysans qui doivent fermer boutique et qui ne s'y retrouvent pas dans leurs revenus.
05:37Et moi, c'est de ça que je parle.
05:39On va y revenir un petit peu, si vous voulez bien, sur la question justement de la répartition de la valeur ajoutée dans les circuits, dans les comptes de l'agriculture qui sont extrêmement divers.
05:53On ne parle pas de la même chose quand on parle de la grande distribution des grandes firmes et des grandes coopératives et de l'exploitant lui-même qui, pourtant, c'est lui qui travaille.
06:04Parce que pour vous, l'excédent commercial ne profite pas aux agriculteurs.
06:07D'évidence, non. Pas assez. C'est évident.
06:11Je voudrais revenir sur cette question de notre proposition de l'agriculture paysanne, qui est de dire à partir de ce constat-là, nous, nous disons effectivement, nous posons priorité au revenu du travailleur, des exploitants.
06:28Nous posons priorité à un aménagement du territoire équilibré.
06:32Nous posons priorité à la diversité et ce capital que représentent nos terroirs et un capital culturel également.
06:42Et nous disons, il faut aujourd'hui, on ne peut plus poursuivre la dégradation de ce capital-là.

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